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Généralités sur les

psychotropes/classification/ LES
BARBITURIQUES

P R É PA R É PA R : D R . I . B O U L K R O U N E
Plan

I-Introduction
II- Généralités sur les psychotropes
III-Les barbituriques
1- Propriétés physicochimiques
2- Structure
3- Relation structure/activité
4-Classification des barbituriques
5-Toxicocinétique
6-Mode d’action chimique
7- Toxicité
8-Symptomatologie des intoxications
9-Traitement
10-Analyse toxicologique
I-Introduction

La psychologie classique divise les fonctions psychiques


en fonctions intellectuelles et en fonctions affectives :

- aux premières appartiennent la conscience " tout


court ", c'est à dire la vigilance, la mémoire, et
l'association des idées ;

- aux secondes appartiennent l'émotion, les sentiments,


l'humeur, la conscience morale et les jugements de
valeur .
II-Généralités sur les psychotropes

Psychotropes

Psychoanaléptique
Psycholeptiques Psychodysleptiques Psychoisoleptiques
s
Les psycholeptiques ou sédatifs psychiques

Ralentissant l'activité du système nerveux, comprennent :


 Les nooleptiques : diminuent la vigilance et entraînent le sommeil:
*inducteurs du sommeil : carbamates, BZD,
phénothiazines.
*hypnotiques vrais : barbituriques, BZD, quinazolones.
 Les Thymoleptiques : dépriment l’humeur et créent un état
d’indifférence psychomotrice tels que les neuroleptiques .
 Les psycholeptiques divers tels que les tranquillisants (
anxiolytiques), les sédatifs classiques (benzodiazépines) et les
antiépileptiques ;
Les psychoanaleptiques ou excitants psychiques

Accélérant l'activité du système nerveux,


comprennent :
 les nooanaleptiques tels que les stimulants de la vigilance (
amphétamines) ;
 Les thymoanaleptiques antidépresseurs tels que les stimulants
de l'humeur (antidépresseurs : IMAO, ADT) ;
 les stimulants divers : tels que la caféine ;
Les psychodysleptiques ou perturbateurs psychiques

Perturbant l'activité du système nerveux, le plus


souvent, ils provoquent l'assuétude.
 les hallucinogènes (mescaline, phencyclidine, LSD) ;
 les stupéfiants(morphine, héroïne, opium) ;
 L’alcool et ses dérivés.
Les psychoisoleptiques 

Sels de Li, utilisé dans le traitement des psychoses


maniaco-dépressives à titre préventif.
Carbonate de Li = Teralithe.
Gluconate de Li = Lithioderm
Les Hypnotiques

 On appelle hypnotique toute substance capable


d'induire et / ou de maintenir le sommeil. Les
hypnotiques ont en commun une action dépressive
sur le SNC qui, selon la dose utilisée, entraîne un
effet sédatif, le sommeil ou un coma.
HYPNOTIQUES

NON
BARBITURIQUE
S BARBITURIQUE
S
Hydrate de Les hypnotiques actuels sont
chloral/barbituriques: 1ères de la famille:
molécules hypnotiques sur le Benzodiazépines
marché, ont vu leur utilisation Cyclopyrrolones
progressivement abandonnée Imidazopyridines
du fait de leur risque Ils ont tous un mode d'action
toxicomanogène +gravité de sur la transmission
leur intoxication aiguë GABAergique
Les caractéristiques cinétiques et métaboliques de l’hypnotique
idéal :

 D'être absorbé rapidement :10 - 15 minutes

 D'être actif pendant au moins 5 à 7 H

 De préserver l'architecture du sommeil, sans diminution du sommeil

profond et / ou du sommeil paradoxal


 De ne pas entraîner de dépression respiratoire, de troubles de la mémoire …

 De ne pas avoir d'interaction avec d'autres traitements ni avec l'alcool

 De ne pas entraîner d'insomnie rebond ni de dépendance

 De ne pas nécessiter une augmentation progressive des doses pour garder

son efficacité
 De préserver une bonne vigilance diurne
III- Les barbituriques
Historique

Les barbituriques agissent comme des dépresseurs de


l’activité du système nerveux central.
Le composé parent, l'acide barbiturique, a été synthétisé pour
la première fois en 1864, mais le premier agent actif au plan
pharmacologique, le barbital, n'a été produit qu'en 1881 et
introduit en médecine en 1904.
Le composé le plus largement utilisé, le phénobarbital, a été
synthétisé en 1911 et a été utilisé pour la première fois en
médecine clinique l'année suivante.
Bien que quelques 2 500 dérivés aient été synthétisés, une
cinquantaine d'entre eux seulement a été utilisée à des fins
médicales.
Ils furent prescrits pour le traitement :
Insomnies, anxiété, stress, épilepsie.
Certains BRB étaient utilisés comme anesthésique lors
d’interventions chirurgicales de courte durée.
Ils ont perdu de leur popularité lors de l'avènement
des benzodiazépines (hypnotiques anxiolytiques
ayant une plus grande marge de sécurité).
Les barbituriques sont  souvent utilisés pour leurs
effets euphoriques. Certaines personnes en
prennent pour remplacer ou accompagner l'alcool.

 Les toxicomanes ont parfois recours à ces


substances lorsqu'ils ne peuvent pas obtenir leur
drogue habituelle ou pour combattre les effets de
fortes doses de stimulants tels que les
amphétamines ou la cocaïne
Phénobarbital (Gardénal ®)

Le phénobarbital, également connu sous le nom de


phénobarbitone , est le barbiturique le plus
largement utilisé; dans le traitement du grand mal.
Il est également désigné par acide 5-éthyl-5-
phénylbarbiturique.
Phénobarbital
Formule moléculaire: C12H12N2O3
Poids moléculaire: 232.2 g/mol
1- Propriétés physicochimiques

a- Physiques: - cristallisés


- incolores, inodores.
- saveur un peu amère.
- peu solubles dans l’eau
- leurs sels de Na sont hydrosolubles

 b-Chimiques: - acides faibles


- pka [7.2 – 7.9]
- dérivent du malonylurée.

 
2- Structure

3 4
2

5
1 6

Acide barbiturique= urée + acide malonique


3- Relation structure/activité

Les molécules utilisées en thérapeutique sont soit


 Substituéss en C5 par des radicaux R1, R2
Si R1, R2 sont des chaines ramifiées on obtient un pouvoir sédatif ou
hypnotique.
L’effet maximal est observé : quand ces radicaux comportent 6à7 atomes
de carbone, présence de=, présence d’un halogène (surtout le brome)
Si R1, R2 sont des chaines aromatiques on obtient un pouvoir
anticonvulsivant.

 Les veronalides : sont substitués en N1 ( méthyle à la place d’un H)

 Les thiobarbituriques : sont substitués en C2 par un soufre au lieu de


l’oxygène, ils possèdent un pouvoir anesthésique
Présence d’un S Chaine
Pouvoir anesthésique ramifiée=
thiobarbituriques hypnotique
3 4

5
2
1 6

Présence
d’un CH3 Chaine
véronalides aromatique=
anticonvulsivant
4- Classification des Barbituriques

Barbituriques à action lente et prolongée: 8à 12h ex


phénobarbital (Gardénal)
Barbituriques à durée d’action moyenne : 6à 8h ex:
butobarbital (Senoril)
Barbituriques à action rapide et brève: 4 à 6h ex:
sécobarbital (Imménoctal)
Les barbituriques à action ultrarapide : 15min ex:
Thiopental (Penthotal)
5- Toxicocinétique

Absorption

Voie orale: intoxication volontaire+++


Estomac: pH acide=> non ionisée (passage vers le sang)
Complète : 30min - 3h
Rq: en cas d’ingestion massive: absorption + lente car le coma ralentit
le péristaltisme intestinal.
Action dépressive centrale=stagnation dans le tractus, puis reprise de
l’absorption.(taux : 2-3j)

Voie rectale: absorption plus rapide (forme non


détoxifiée)
Distribution

Les barbituriques diffusent à partir du sang dans tout


l’organisme notamment le cerveau et les tissus adipeux en
raison de leur liposolubilité, ils peuvent traverser la
barrière placentaire et passer dans le lait maternel.
Phénomène de redistribution pour le thiopental
Biotransformation
 Hépatique (processus de détoxification)
 Le métabolisme intéresse surtout les barbituriques à action
courte.
 Les barbituriques peu liposolubles sont stables, peu métabolisés
donc ils ont une action lente à se manifester mais prolongée.
 Les barbituriques très liposolubles sont peu stables, très
métabolisés donc leur action est rapide.
 En cas d’insuffisance hépatiques les barbituriques rapides voient
leur durée d’action augmentée.
 Inducteurs enzymatiques(Cyp450) accélèrent leur propre
métabolisme et celui d’autres médicaments qui leurs sont associés
Oxydation de la chaine latérale C5 en alcools et
cétones
 P-hydroxylation des cycles C5 en phénols
 Désulfuration des thiobarbituriques
scission de la molécule → urée + acide organique
Déméthylation des dérivés N-méthylés
Elimination
 Essentiellement urinaire:
- S/f inchangée pour les Barbituriques
d’action longue t1/2>18h

- S/f métabolites inactifs/dégradation


hépatique:
 Barbituriques d’action interermédiaire:t1/2=6-8h
 Barbituriques d’action courte:3-4h
6- Mode d’action toxique

• Les barbituriques se lient au


récepteur GABA-A à un site
spécifique et ouvrent le
canal chlore.
• Même effet que le GABA.
• Si les barbituriques et le
GABA endogène se lient
aux récepteurs, la
stimulation est double
Rappel pharmacologique

LE GABA : principal neurotransmetteur


inhibiteur dans le système nerveux des
mammifères, le GABA est impliqué dans un grand
nombre de fonctions physiologiques. Cette
diminution de l'activité nerveuse se réalise grâce au
récepteur GABA qui, lorsqu'il est activé par le
GABA, hyperpolarise le neurone favorisant l'entrée
d'ions chlore chargés négativement.
L'action de plusieurs substances pharmacologiques
peuvent moduler l'action du GABA en se fixant sur
son récepteur. Ces substances comme les 
benzodiazépines, les barbituriques, la picrotoxine,
certains stéroïdes ou même l'alcool vont se fixer sur
le récepteur à des endroits différents du GABA.
Les Barbituriques se lient au récepteur GABAa à la
sous-unité alpha.
 Comme les benzodiazépines, les barbituriques
potentialisent l'effet du GABA à ce récepteur.
 En plus de cet effet, les barbituriques bloquent aussi
les récepteurs AMPA, un sous-type de récepteur du
glutamate.
Rq: Glutamate est le principal neurotransmetteur
excitateur dans le système nerveux central des
mammifères  
Les barbituriques produisent leurs effets
pharmacologiques en augmentant la durée
d’ouverture du canal ionique du chlore au niveau du
récepteur GABA-A(cela augmente l'efficacité du
GABA), tandis que les benzodiazépines augmentent
la fréquence d'ouverture du canal ionique du chlore
au niveau du récepteur GABA-A (cela augmente la
puissance de la GABA).
Résumé

Agonistes des récepteurs du GABA : augmentent la durée


d'ouverture du canal chlore.
Antagoniste du glutamate.
Les Barbituriques possèdent des effets dépresseurs sur
tous les tissus excitables et particulièrement sur le S.N.C.
 Effet anticonvulsivant (les barbituriques pourraient avoir un
effet pré-synaptique sur l'inhibition GABAergique)
 Effet anti-épileptique
 Dépression S.N.C.
 sédation, sommeil, anesthésie
 l'excitation parfois observée est considérée comme témoignant
de la dépression de « centres inhibiteurs ».
 à dose supra thérapeutique, dépression respiratoire
Tolérance pharmacodynamique et phénomène de
sevrage

 Lors de traitements prolongés (plusieurs mois), alors que les


concentrations plasmatiques sont stables, on voit diminuer
certains effets centraux ; cela peut s'interpréter comme une
régulation (modification de la sensibilité de certains
récepteurs).
 ce type de régulation se produisant chez tout sujet (même
volontaire sain) mis sous barbituriques, pourrait être une
explication des phénomènes de sevrage observés chez
quiconque, en cas d'arrêt brutal d'une prise de barbituriques.
Effet inducteur enzymatique
 Essentiellement d'enzymes d'oxydation
En revanche, ceci est :
 à l'origine de bon nombre d'interactions aboutissant à
l'inactivation de traitements associés.
 très probablement un facteur favorisant les toxicités liées
à la production d'un métabolite réactif.
7- Toxicité

**Mode d’action: - Fixation dans tout le SNC sauf cervelet et moelle


épinière.
- Action dépressive centrale d’ou leurs propriétés:
- sédative
- anesthésique
- anticonvulsivante.
- A dose toxique , cette action dépressive
s’exerce sur le métabolisme oxydatif mitochondrial.
Et va atteindre:
-les centres corticaux

-le bulbe

-la moelle épinière


Effets Conséquences
Centre corticaux Troubles de la conscience coma
Bulbe Troubles respiratoires hypotension
Moelle Baisse du tonus Stase veineuse et
musculaires et des diminution du débit
reflexes cardiaque

Deux populations à risque ont pu être distinguées :


- adolescents ou hommes jeunes, avec un comportement antisocial
marqué.
- adultes âgés de 40 – 50, anxieux ou souffrant de troubles du sommeil,
devenant dépendants suite à une prescription médicale
8- Symptomatologie des intoxications

La dose toxique correspond grossièrement à 10 à 15


fois la dose thérapeutique
Gardénal/ dose toxique : 0,6 à 1g
Dose mortelle : 4 à 10g
Barbital/ dose toxique : 3 à 5g
Dose mortelle : 6 à 10g
a- L’intoxication aigue :
Premiers symptômes apparaissent une demi-heure à deux heures
après l’ingestion selon le barbiturique et la dose
- Nausées, vomissements
- Vertiges
- Titubation
-Céphalées
-Incohérence de la parole
-Sommeil invincible
- Coma profond ( coma calme) avec hypotonie, insensibilité totale,
cœur et respiration normaux, abolition des reflexes cornéens, parfois
ce coma est accompagné de troubles respiratoires encombrement
trachéobronchique, hypotension artérielle et oligurie
L’évolution :
Dans les cas graves=> mort après 2ou 3 jour par une
synapse brutale, collapsus cardiovasculaire, ou
syndrome infectieux pulmonaire
Dans le cas favorable=>sujet sort du coma
progressivement et la guérison est totale
B- Intoxication chronique:
Dans le cas d'un abus chronique se développe très
rapidement une tolérance aux barbituriques, une
dépendance physique (pharmacodépendance) et
psychologique.
 Ils ne sont plus guère utilisés de nos jours car ils présentent
trois inconvénients principaux:
- fortement toxicomanogènes : dépendance physique et
psychique avec syndrome de sevrage à l‘arrêt du traitement.
- responsables d’interactions médicamenteuses parfois
graves. Stimulent la dégradation d’autres médicaments tels
que les contraceptifs oraux, les anticoagulants oraux, des
antiépileptiques.
- Enfin, en cas de surdosage, les barbituriques peuvent
provoquer un coma avec insuffisance respiratoire et
hypothermie qu’il est difficile de soigner à temps.
Risques

 Immédiats
Ataxie, nystagmus.
Dépression respiratoire, collapsus cardiovasculaire
 
 Liés à une utilisation chronique
Anémie mégaloblastique par déficit en folates.
Ostéomalacie, rhumatisme gardénalique.
Augmentation des transaminases, hépatite.
 Grossesse
Risque tératogène
Malformations mineures, malformations du tube neural liées
à un déficit en acide folique non confirmées.
9- Traitement

A- T. évacuateur:
- lavage gastrique
- aspiration du contenu gastrique
- administration du charbon activé:
50 g en fin de lavage puis 25 g/6h
- si coma, intuber et ventiler.
B- T. symptomatique:
 réanimation respiratoire (ventilation assistée)
 surveillance cardiorespiratoire
 prévention des infections respi/urin: ATB
C- T. épurateur: - pour les barbituriques lents
- alcalinisation/perfusion (sérum glucosé,
bicarbonates, mannitol) afin d’alcaliniser le plasma
et former des barbiturates alcalins à élimination
rénale facile
- pour les autres barbituriques
- diurèse forcée, hémodialyse: inutiles
D- surveillance: - ionogramme/2h
- réserve alcaline
- pH sanguin
10- Analyse toxicologique

L’analyse toxicologique comporte les cinq étapes


suivantes :
- Prétraitement de l’échantillon si c’est nécessaire.
- Extraction du toxique.
- Purification de l’extractum
- Identification du toxique (analyse qualitative)
- Dosage du toxique( analyse quantitative)
Identification spécifique:
 La réaction de Parri :
Caractéristique du groupement CO-NH-CO, elle est
réalisée sur le résidu d’extraction obtenu après
évaporation des solvants, elle est fondée sur la
formation de complexe métalliques avec les sels de
cobalt
Cette réaction n’est pas spécifique aux barbituriques
elle est aussi positive avec les hydantoines et elle est
perturbée par les salicylés
 Réaction au SO4Hg:
Insolubilisation avec des ions de métaux lourds donnant lieu à un
précipité blanc

 Par chromatographie sur couche mince


Révélation :
Lemaire(oxyde jaune de mercure) : taches blanchâtres
FeCl3 : spot clair (après séchage)
KMnO4: spot clair
 Tests immunologiques :
Tests stick (compétition)
COBAS
Dosage du toxique:
 Immunofluorescence

 CPG, HPLC.

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