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PRINCIPES D’ELECTOMYOGRAPHIE

(DETECTION A L’AIGUILLE)
PLAN
I-Principe de l’EMG
II-Méthodes électromyographique
III-Précautions techniques
IV-Caractéristiques de PUM
V-Interprétation des résultats chez le sujet normal
VI-Signes EMG d’atteinte neurogene périphérique
VII-Signes EMG d’atteinte myogène
I-Principe :
Le principe de I‘EMG est d'implanter une aiguille coaxiale a l'interieur d'un
muscle pour enregistrer a la pointe de l'aiguille les activités électriques
élémentaires d'un territoire musculaire restreint ,au repos et lors de contractions
volontaires.
ll s'agit donc de mettre en jeu les nerfs et les muscles non plus électriquement, mais
naturellement, et de dépister des pathologies en analysent des activités qui ont
parcouru l'ensemble des voies motrices.
Si I 'examen éléctromyographique est plus sélectif que l'etude de le conduction
motrice au sens ou il explore un nombre volontairement réduit d'unites motrices,
il est moins sélectif qu’elle a deux égards :
- type d'unltés motrices : contrairement aux VCM, l'EMG n'explore pas

uniquement les unités motrices des fibres nerveuses motrices rapides et de

gros calibre, mais un échantillon d'unités motrices pris au hasard dans Ia

population entière des unités motrices. Il peut donc arriver qu‘une

pathologie touchant les fibres nerveuses motrices fines laisse normales

I' étude de la conduction motrice mais perturbe I'EMG. .

- segment exploré ; l'EMG éxplore la totalité du trajet moteur alors que la

VCM n‘étudie qu'un segment Localisé

Par conséquent l'EMG apporte des renseignements complémentaires a ceux

que fournit l‘étude des VCM. ll est nécessaire de les associer, si possible

dans les mêmes territoires.


•II-Méthodes électromyographique
Le recueil de l’activité bioélectrique musculaire

Il est effectué par des capteurs constitués par des électrodes aiguilles. On
peut distinguer :

L'aiguille mono polaire, constituée par


une aiguille isolée jusqu’à son extrémité.
enfoncée dans le muscle.
L’électrode indifférente peut être une
électrode identique en puncture sous-
cutanée, soit une électrode de surface.
L'aiguille coaxiale monofilaire où les
potentiels d'action sont détectés par un fil
de platine isolé à I 'intérieur du mandrin
d’une aiguille hypodermique qui constitue
l’électrode indifférent.
L'aiguille coaxiale bifilaire, contenant
deux fils de platine isolés, I 'aiguille elle-
même n'étant qu'une armature tandis que les
deux fils sont conducteurs des potentiels à
enregistrer .
L'emploi des aiguilles coaxiales, inventées en
1929 par Adrian et Bronck, permet d'étudier
non plus I 'activité d’une grappe d’unités
motrices, mais une seule unité motrice
presque isolée des potentiels des fibres
voisines, dans un but plus sélectif.
L’électrode à fibre unique : l'électromyogramme dérivé par
électrodes concentriques capte des potentiels formés de
plusieurs potentiels de fibres musculaires. Afin de
n'enregistrer que l'activité d'une fibre musculaire unitaire,.
L'électrode à fibre unique se compose d'une canule en
acier inoxydable dans laquelle est placé un fil de platine. La
surface de conduction en platine a un diamètre de 2,5 μm
et émerge bilatéralement, vers I 'extrémité distale de
I'aiguilIe (superficie : 0,0005 mm2.II existe aussi des
aiguilles renfermant deux fils de platine, permettant
l'enregistrement simultané de deux points d'un muscle .
Le traitement de l’information:
Il est assuré par el’électromyograph. A partir du capteur, l’activité bioélectrique est
amplifiée en tension et en puissance, visualisée, convertie en sons audibles,
mémorisée, imprimée, analysée et informatisée.
L’informatisation a permis une analyse automatique des données :
l'étude de la richesse des tracés, de l'amplitude, de la durée, de la fréquence et de la

morphologie des potentiels d‘unité Motrice.


L’analyse sur ordinateur permet de dégager plusieurs données :
-Nombre total des inversions de potentiels survenant dans une période de temps
prédéterminée.
-Histogrammes des intervalles entre les inversions individuelles.
-Amplitude cumulative de tous les potentiels, à la fois positifs et négatifs, dans une
période de temps prédéterminée.
III-Précautions Techniques:
On dit qu‘une aiguille enregistre un territoire dans lequel se côtoient `
normalement des fibres musculaires appartenant a 20-30 unités motrices.
On appelle unité motrice (UM) I 'ensemble constitue par un
motoneurone, sa fibre et toutes les fibres musculaires [FM] qu'il innerve.
Le nombre de FM/UM déterminé est inversement proportionnel a Ia
finesse des mouvements dans lequel est impliqué le muscle en question :
10 a 20 FM par UM pour les muscles extra-oculaires, les plus précis, 100 a
200 pour les muscles intrinsèques de la main, 1000 a 2000 pour les gros
muscles des membres inferieurs dont une UM développe une force de la
considérable.

Un enregistrèrent global de surface captant les activités du muscle entier ne


permettrait pas d’analyser les activités élémentaires d'une UM.
• Comparaison électro-mecanlque :`

L’analyse EMG se fait toujours en comparant I 'activité électrique musculaire et


la force mécanique développée simultanément par le muscle.

La résistance que L'on oppose au muscle en contraction est indispensable pour


apprécier les fluctuations de l'effort fourni et la richesse relative du tracé
correspondant.
Elle évite aussi qu’un raccourcissement musculaire n'entraine un déplacement
de l’aiguille et une véritable petite déchirure musculaire a sa pointe. On teste
donc Ia force maximale développée par les muscles en contraction isométrique.
Analyse à l'oeil et à l’oreilIe:
L'anaIyse de l‘activite électrique se fait a Ia foie à l'oeil et à
I`oreiIle (transformation continue du signal électrique en
signal sonore).
L'oeiI reconnait et analyse les formes, Ie nombre de formes
différentes et leur reproduction.
L'oreille reconnait elle-aussi Ia répétition des mêmes objets
sonores.
Elle analyse leur fréquence de battement, leur accélération,
et leur composition en basses fréquences (sons sourds.
graves) ou en hautes fréquences (sons brefs, secs ou aigus,
dus a la présence d’activites rapides et l’abondance des
phases,...).
Position de l’aiguille:

Des activités électriques de sonorité sourde a l’oreille, de faible amplitude et


longue durée a l'écran, traduisent une position trop éloignée de l'aiguille par
rapport aux unités motrices (enregistrées a distance et atténuées en hautes
fréquences par leur propagation tissulaire). Pour analyser correctement les
activités électriques et leur recrutement ,il est essentiel de déplacer l’aiguille
et de se rapprocher des unités motrices, ce que l'on vérifie a la modification
des potentiels enregistrés qui deviennent plus aigus à l’œil comme à I‘oreilIe.

Attention aux faux tracés neurogene causés par une aiguille piquée trop
superficiellement dans le muscle ou elle ne peut enregistrer qu’un nombre
réduit d'unités motrices, souvent a distance.
Piquer sans faire mal La

traversée de Ia peau occasionne une sensation de piqure, inévitable sauf à utiliser une

anesthésie au froid par pulvérisation de cryofluorane en spray. Mais si L’on prend les précautions

nécessaires (aiguille fine, opposition d'une résistance a la contraction musculaire pour éviter le

déplacement de I'aiguilIe par rapport au muscle), Ia présence de l'aiguilIe dans le muscle n‘est

pratiquement pas perçue par le patient. II

arrive toutefois que l'aiguiIIe irrite un point sensible et provoque une douleur vive qui empêche

Ia contraction ; il suffit de déplacer un peu l`aiguilIe et de l’eloigner du point sensible pour faire

disparaitre toute sensation et continuer l'examen confortablement.

Prophylaxies Enfin,

dans un examen ou l'on pique plusieurs muscles successivement, et ou l’on demande au sujet

d’effectuer des contractions musculaires, il faut toujours penser a se protéger soi-même d’une

piqure accidentelle, et prendre l’habitude, entre deux muscles examines, de replacer

immédiatement l’aiguilIe dans sa gaine.


IV-Caractéristiques du PUM
• Lors d’une contraction volontaire, ce potentiel d’action est la
somme dans le temps des potentiels élémentaires des fibres
musculaires de l’unité motrice, qui se contractent d’une
manière presque synchrone.
De nombreux facteurs peuvent en faire varier l’amplitude, la
durée, la forme et la fréquence.
L'amplitude

Elle se situe en général entre 100 et 500 microvolts, mais elle

dépend beaucoup de la distance entre l'aiguille et l'unité


motrice. En effet, ce que nous décrivons n'est pas le courant
d'action intra fibrillaire mais le champ électrique qui diffuse
autour de celui-ci. C'est pourquoi lorsque L'on désire étudier
une unité motrice, on tente d'en approcher le plus près possible
la pointe de I 'aiguille de Bronck. Pour cela, le haut-parleur et la
visualisation sur l’écran sont de la plus grande utilité. On
enfonce très lentement I 'aiguille dans la masse musculaire, tout
en demandant au patient de maintenir une légère contraction.
Lorsque l'on approche d'une unité motrice en activité, le bruit
devient de plus en plus sec et I 'amplitude du potentiel d'action
de plus en plus grande; lorsque L'on s'en éloigne, le bruit
devient sourd et I 'amplitude diminue.
La partie du potentiel de l’UM qui a l’amplitude la plus élevée, la pointe ou
Spike, provient d’un petit groupe de fibres proche de l’électrode (sous-unité
motrice, 20-30 fibres), alors que la majorité des fibres de l’UM contribue aux
prolongements initial et terminal du potentiel.

Dans certains cas, on peut constater la présence d’unités motrices géantes. La


disparition de certaines UM d’un muscle est compensée par le
bourgeonnement des UM restantes qui vont réinnerver les fibres musculaires
orphelines, augmentant ainsi leur taux d’innervation.
 La durée:

C'est un des caractères les plus constants du potentiel de I'unité


motrice : elle varie généralement entre 3 et 6 millisecondes. Elie
n'est pas influencée comme I'amplitude par la position de I'aiguille,
mais dépend surtout de la synchronisation plus ou moins parfaite
des courants d'action des fibres dont elle est la somme.

Comme nous l’avons dit plus haut, l’architecture fonctionnelle des


gros muscles de la statique et des petits muscles volitionnels est
différente. Il faut bien avoir à l’esprit le tracé normal du muscle
exploré, pour éviter des conclusions erronées.
La durée du potentiel d’unité motrice augmente avec l’âge. Chez le
vieillard, elle est le double de la valeur trouvée chez le nouveau-né.
 La forme:

Le plus souvent le potentiel d'unité motrice est tri phasique, mais il peut être
mono-, bi- ou poly phasique. Le potentiel tri phasique présente une phase
initiale positive suivie par une grande phase négative en général pointue, et
une phase finale positive. Parfois, le potentiel débute directement par une
ascension rapide négative, indiquant que la pointe de l’électrode est dans le
voisinage immédiat de l’origine du potentiel, c'est-à-dire dans la zone
d’innervation.. Dans un muscle normal, il y a en moyenne moins de 10% de
potentiels poly phasiques.
Deux facteurs conditionnent I 'apparition de potentiels poly phasiques :
oLa synchronisation défectueuse des courants d'action de fibres à I
'intérieur de I 'unité motrice (potentiels poly phasiques à pointes
brèves, ou bien désintégrés ).
oLa position de I 'aiguille qui, au contact de deux unités voisines,
enregistre simultanément une partie des deux champs électriques
(potentiels groupés .)
La fréquence

L'unité motrice en activité émet un potentiel d'action qui se répète a la


fréquence de 4 a 12 par seconde, rythme imposé a l'unité motrice par
l'activité de la cellule de la corne ventrale de la moelle.
L'unité motrice sous l'influence des influx corticaux ou réflexes peut pulser
suivant trois fréquences différentes : 4 a 7 par seconde, 14 a 18 par seconde
et la troisième composante qui correspond a son activité maximale : 50 par
seconde.
L'influence de la température:

La température du muscle a une grande influence sur les paramètres du potentiel


d'unité motrice.
le froid augmente la durée et le nombre des potentiels polyphasiques et que la
chaleur augmente l'amplitude et le rythme.

•En conséquence, il faut se garder de poser un diagnostic sur l’étude d’une seule
unité motrice. Avant d’affirmer l’augmentation de la durée du potentiel d’action
ou sa déformation polyphasique, par exemple, il sera nécessaire de s’assurer de la
répétition de l’anomalie en d’autres points du muscle. Les méthodes
informatiques d’analyse se chargent de cette analyse statistique.
V-Interprétation des résultats chez le sujet normal
Celle-ci repose sur plusieurs éléments :
•La richesse des tracés
Gradation de la contraction volontaire Électromyogramme

Repos Aucune activité électrique

  Quelques Unités Motrices sont en activité


Tracé Simple

Gradation de la contraction
Électromyogramme
volontaire
On constate la pulsion d’un nombre plus

important d’UM. On peut toutefois


 

distinguer chacune d’elle.

Tracé Intermédiaire

Par suite du très grand nombre d’UM en activité,


 
leurs potentiels interfèrent.
•Lors d’une contraction volontaire progressivement croissante, l’organisme
met en activité un nombre progressivement croissant d’Unités Motrices
(sommation spatiale).

La gradation de la contraction d’un muscle est caractérisée d’une part par la


fréquence de décharge des unités individuelles, et d’autre part, d’une manière
prépondérante, par le nombre d’UM innervées.
A- Au repos:

Pas d'activité spontanée, car les fibres musculaires normalement


innervées n'ont pas d'autre activité que celles que leur
imposent les fibres nerveuses. Et celles-ci sont au repos.
L'insertion de l'aiguilIe provoque une activité de courte durée;
l’activité d’insertion ,faite de quelques potentiels de fibre
musculaire.
•Activité d’insertion et potentiels de nerf

Lorsque l'on enfonce une aiguille de Bronk dans


un muscle sain, bien relâché, on ne détecte
habituellement aucun potentiel, sinon parfois
une bouffée de pointes brèves qui disparaissent
des que l'aiguille s'immobilise. Ce phénomène,
du à l’irritation des fibres nerveuses et
musculaires par les mouvements de l’électrode,
est intitulé activité d’insertion. Elle est réduite
lors des atrophies musculaires lorsque les fibres
musculaires sont remplacées par la fibrose, et au
cours des inexcitabilités des fibres musculaires
(paralysie périodique familiale pas exemple).
Mais si l'aiguille blesse accidentellement une fibre nerveuse intramusculaire,
on enregistre une activité électrique caractéristique appelée potentiel de nerf.
Ce phénomène qui peut durer plusieurs millisecondes, n'est pas influence par
la contraction volontaire et donne au haut-parleur un bruit sec, caractéristique.
On rencontre principalement ces potentiels dans la région du point moteur
musculaire.

Amplitude 20 à 200 μV
Durée 1 à 3 ms
Morphologie diphasique, avec une phase initiale négative.
Fréquence 20 à 100 par seconde
 
Potentiel de nerf
• Potentiels de plaque motrice

On peut distinguer deux types de potentiels que I'on peut rencontrer dans
la zone de la plaque motrice des muscles normaux ou dénervés.
 Les potentiels constitués par une déflexion négative avec un aspect
mono ou diphasique. L 'amplitude peut s'étendre jusqu'a 250 μV avec
une durée de 2 ms. Ils se différencient des potentiels de fibrillation par
leur polarité. Ils correspondent aux potentiels miniatures de plaque
motrice sans signification pathologique.
 Les potentiels biphasiques de 2 à  5 ms, de faible amplitude, moins de
200 μV. Ils auraient pour origine des petits faisceaux de fibres
intramusculaires.
B-Contractlcn volontaire de faible force : L‘enregistrement a faible force permet
d‘analyser les caractéristiques des potentiels d'unite motrice :
L’activation d'un motoneurone par Ia commande volontaire se traduit par un
potentiel d'action qui est transmis a toutes Ies ramifications de la fibre nerveuse, et
de la a toutes les fibres musculaires de l’unite motrice. Par conséquent, chacune
des fibres musculaires génère un potentiel d'action (un potentiel de fibre
musculaire), qui se propage jusqu‘à l‘aiguille au prix d'une atténuation a travers les
tissue {résistants}.
Comme toutes les Fibres musculaires de l’unite motrice génèrent leur potentiel
d’action a peu prés en même temps, l'aiguille n’enregistre pas chacun des
potentiels de fibre musculaire isolement, mais leur somme que I 'on appelle
potentiel d'unite motrice (PUM).
C-Contraction volontaire maximale
Pour augmenter Ia force de contraction d'un
muscle, les centres nerveux envoient une
excitation supérieure sur le pool de
motoneurones de ce muscle. Il en résulte deux
événements parallèles
1. Recrutement temporel des UM :

• L’excitation accrue du motoneurone qui déchargeait déjà à faible fréquences


l‘améne à vaincre plus tôt sa période réfractaire et donc à augmenter sa fréquence
de décharges.
On observe sur Ie tracé une augmentation de Ia fréquence de battement du PUM :
le même PUM se répète a fréquence plus élevés. On parle de recrutement
temporel des UM, ou de sommation temporelle. Ce phénomène contribue a
augmenter la force de contraction pour la raison suivante ; les secousses
mécaniques que gênera chaque potentiel d'unité motrices étant assez durables (de
l’ordre da la centaine de ms). L’ augmentation de Ia fréquence de décharge de
l‘unité motrice provoque une sommation dans le temps des secousses successives,
et donc une augmentation de Ia tension développée par le muscle.
2-Recrutement spatial des UM :

Parallèlement au recrutement temporel, l’excitation accrue envoyée par les


centres supérieurs sur le pool de motoneurones amène de nouveaux
motoneurones a franchir leur seuil de décharge et a générer un potentiel
d’action. Chaque nouveau motoneurone activé transmet son potentiel
d’action a toutes les fibres musculaires qu’il innerve et fait donc apparaitre un
nouveau PUM sur le tracé. La forme , l’amplitude et la durée du nouveau PUM
sont caractéristiques de la position de cette deuxième unité motrice par
rapport a l’aiguille , ce qui permet de la distinguer des autres PUMs. On parle
de recrutement spatial de nouvelles unîtes motrices . Ce phénomène
contribue a élever la force de contraction, en augmentant le nombre de fibres
musculaires qui se contractent et tirent sur les tendons.
• Parallélisme des recrutements temporel et spatial:

Normalement les recrutements temporel et spatial qui permettent


l’augmentation de force se font simultanément: de nouveaux
motoneurones déchargent pendant que chacun élève sa fréquence de
décharge; le tracé s’enrichit en nouveaux PUMs s’accélère, au fur et a
mesure que la force augmente .Il en résulte sur le tracé des coïncidences
et des sommations de plus en plus fréquentes des différents PUMs . A la
force maximale, on observe un tracé interférentiel: les activités
élémentaires deviennent trop nombreuses et trop fréquentes pour être
individualisables.
VI- Signes EMG d’atteinte Neurogene périphérique
A-Activités spontanées: On recherche:
1- Fibrillations
Ces potentiels qui apparaissent lorsque la fibre musculaire est séparée et
isolée de son apport nerveux ne sont normalement pas visibles sur des
structures neuromusculaires en activité, sauf à la surface des muscles de
la langue. Leur présence n’est détectée que dans le muscle au repos.
Ils ont une morphologie triphasique (avec un aspect souvent diphasique,
La troisième phase positive étant de très faible amplitude). Ils sont de
courte durée (0,5-3 ms) et de faible amplitude (50-200 μV), mais celle-ci
est fonction de la distance de l'électrode par rapport à la fibre musculaire
On rencontre la plupart du temps cette activité spontanée au niveau des
muscles dénervés. Ces potentiels apparaissent donc au cours des
dénervations axonales, mais ne sont pas présents immédiatement après la
lésion nerveuse. Ils suivent la dégénérescence wallérienne et leur date
d'apparition dépend donc de la distance séparant le niveau de la lésion et le
muscle. On estime en général une période de latence de 15 à 20 jours.
Toutefois, les fibrillations stimulées par des impulsions de longue durée se
produisent plus précocement, environ 7 a 10 jours.
Leur incidence diminue par application du froid ou par immobilisation, et est
accentuée par augmentation de chaleur, par injection de prostigmine et par
irritation mécanique (petits mouvements de l’aiguille électrode).
Dans les dénervations partielles, les fibrillations peuvent être détectées pendant
plusieurs années, lorsque la réinnervation ne se produit pas. Nous avons pu en
observer sur des muscles poliomyélitiques 10 à 15 ans après l'atteinte.
Tant que la fibrillation est présente, elle témoigne de la vitalité de la fibre
musculaire isolée, donc de son caractère réinnervable, soit naturellement, soit
par suture ou greffe. Elle cesse avec l'apparition de la fibrose musculaire ou de la
réinnervation.
Amplitude 50 à 200 μV
Durée 0,5 à 3 ms
Morphologie Tri- ou biphasique
Fréquence 2 à 10 Hz
Potentiels de fibrillation

En ce qui concerne l’origine des potentiels de fibrillation, qui sont les


potentiels de la fibre musculaire individuelle, le médiateur synaptique
d’une fibre musculaire est l’acétylcholine. Lorsque les fibres
musculaires de l’unité motrice sont isolées des arborisations distales, la
synapse disparaît et leur sensibilité est augmentée (leur seuil est
diminué). En conséquence elles deviennent hypersensibles à
l’acétylcholine circulant.
2-Potentiels positifs ou potentiels lents de dénervation (Positive Sharp Waves)
Ces potentiels spontanés, non propagés, sont caractérisés par une déflexion initiale
abrupte, positive, suivie par une longue phase décroissante, négative. Leur
amplitude varie entre 50 et 4000 μV, avec des durées allant jusqu’à 200 ms. Ils sont
stimulés par une mobilisation de l’aiguille.
Ces potentiels spontanés proviennent vraisemblablement d'une zone de lésion
d'une fibre musculaire au niveau de laquelle le courant d'action fuse de l'intérieur de
la fibre vers les tissus conducteurs environnants.
On ne les rencontre jamais au niveau des muscles sains. Ils sont un signe
important dans la suspicion d'une dénervation.
Les potentiels lents se rencontrent dans les lésions neurogènes périphériques,
mais sont moins fréquents que les fibrillations.

Amplitude 50 à 4000 μV
Durée 15 à 100 ms
Morphologie biphasique
Fréquence 2 à 10 Hz
Potentiels positifs ou potentiels lents de dénervation
Fasciculations
 
Ces potentiels correspondent à la décharge spontanée d’unités motrices
individuelles . En conséquence, leur morphologie est identique à celle des
potentiels d’action moteurs normaux. On enregistre cette activité spontanée dans
les atteintes chroniques des cornes ventrales de la moelle (sclérose latérale
amyotrophique, maladies de Werdnig-Hoffman et de Kugelberg-Welander), dans
les compressions médullaires et radiculaires par tumeur.

Une unité motrice normale ou polyphasique bat au repos à la fréquence variant de 1 à


50/min, irrégulièrement. Cette activité que Denny-Brown a appelée "fasciculation"
correspond à la fibrillation musculaire clinique et ne doit pas être confondue avec la
"fibrillation électrique" qui n'est jamais visible excepté, occasionnellement, dans les
muscles de la langue.
Les potentiels de fasciculations sont détectés dans les maladies
chroniques de la moelle épinière.
Tous ces potentiels peuvent être dérivés de muscles au repos, sans la
moindre contraction volontaire.
Trojaborg et Buchthal  distinguent des « fasciculations malignes » lors
des atteintes des motoneurones, au cours desquelles les intervalles
interpotentiels sont de 3,5 s, et des fasciculations « bénignes », au
cours des radiculopathies. Dans ces dernières, la relaxation
musculaire peut les inhiber.
B-Anomalies des PUMs .
La contraction volontaire de faible force permet de rechercher des anomalies
des PUMs :
- PUM altérés d’amplitude et de durée diminuées : potentiels de reinnervation
par repousse des axones Lésés.
- PUM polyphasiques, d’amplitude normale : reinnervetion des fibres musculaires
dénervées par les unités motrices survivant dans le voisinage (selon un processus
de bourgeonnement collatéral).
- Potentiels géants (amplitude > 5 mV, voire > 10 mV) : idem après
resynchronisation des diverses ramifications de I 'unité motrice qui a ainsi étendu
son territoire en incorporant de nouvelles fibres musculaires.
- PUM polyphasigues et désynchronisés si une démyélinisation touche de
manière inhomogène les ramifications terminales de la fibre nerveuse de l’unité
motrice. Dans ce cas les différents potentiels de fibre musculaire qui composent le
PUM arrivent désynchronises a I'aiguiIle
C. Anomalie du recrutement des PUMs
La contraction volontaire maximale permet de rechercher les anomalies du
recrutement temporo-spatial des unités motrices, On peut observer les aspects
suivants:
1- Trace pauvre simple accéléré .
Dit “tracé neurogene”; forme typique.
Aux efforts minimes, le trace est simple par activation d'une unité motrice
valide, comme dans un muscle normal. Pour augmenter Ia force de contraction, le
recrutement temporel de I 'unité motrice est mis en jeu normalement ; donc
accélération de la fréquence de battement du PUM. par contre, du fait de l’atteinte,
le recrutement spatial est déficient : le recrutement temporal se produit sans qu'il
y ait parallèlement activation de nouvelles unités motrices, c'est-a-dire sans qu‘il
apparaisse de nouveaux PUMs sur Ie tracé. Le tracé reste pauvre (= manque
d’unités motrices fonctionnelles) simple (= seulement 1 ou 2 unités motrices sur le
trace) accéléré (= l’augmentation de force se fait par accélération de ces unités
motrices restantes, f > 20-25 Hz, jusqu‘a 60 Hz eventuellement).
Ce qui est pathologique, c'est la dissociation entre I 'existence d'une sommation
temporelle (d'une accélération) et la déficience du recrutement spatial (la
pauvreté du tracé, qui témoigne alors du manque d'unités motrices
fonctionnelles). Il faut exiger I 'accélération, car elle prouve que le sujet fait
réellement l'effort d'augmenter sa force de contraction. Rappelons en effet
qu'un trace simple non accéléré est normal et traduit simplement la faiblesse
des efforts consentis.
La fréquence de battement d'une unité motrice étant limitée a un maximum
de 50-60 Hz environ, c'est bien le manque d'unités motrices fonctionnelles qui
empêche le sujet de développer une force normale. D’ou Ie déficit moteur des
atteintes neurogenes périphériques.
2. Tracé pauvre intermédiaire accéléré
Forme minime.
On observe un trace intermédiaire entre le trace pauvre simple accélère de
l'atteinte marquée et le tracé interférentiel normal : une unité motrice battant a
fréquence élevée se détache d'un fond de trace relativement riche, ll manque des
unités motrices fonctionnelles dont le nombre devrait normalement empêcher
L’individualisation de toute activité élémentaire. mais il en reste suffisamment
pour donner Ie fond du trace.
On peut en fait déterminer trois dégrée relativement simples dans la pauvreté
des traces : trace pauvre intermédiaire accélère, trace pauvre simple accélère, et
absence d'activité volontaire (forme grave. ou toutes les unités motrices sont
atteintes (bloquées ou dégénérées) et ou la force musculaire est nulle).
VII. signes EMG d’atteinte myogène :
A. Activités spontanées
On recherche :
1- Potentiels de fibrillation
Ils ne sont donc pas spécifiques des dénervations musculaires. On les observe
de manière profuse dans les myopathies inflammatoires. L'abondance de cette
fibrillation est en général bien corrélée a l'importance du syndrome
inflammatoire. La présence de ces potentiels de fibre musculaire dans les atteintes
myogènes serait due:
- a une altération nécrotique de Ia membrane (myopathies inflammatoires,
dystrophies musculaires, ...).
- a une irritation des fibres musculaires. L’inflammation des fibres musculaires
(ou des terminaisons nerveuses) provoquerait la décharge anarchique des fibres

musculaires de I' unité motrice, indépendamment les unes des autres et


independamment de I 'activité du motoneurone.
- a une hyperexcitabilité des fibres musculaires, par modification des
perméabilités ioniques membranaires (paralysie périodique hyperkaliémique ……).
2-salves myotoniques:
Dans les syndromes myotoniques. Ces salves correspondant a Ia myotonie clinique, c‘est-
a-dire au retard a la relaxation du muscle après contraction ou percussion.
On enregistre un train de potentiels durant quelques secondes, avec un crescendo
puis decrescendo en amplitude et en fréquence (accélération pouvant atteindre 150 Hz
puis décélération jusqu’a 15-20 Hz], donnant lieu au son caractéristique de bombardier en
piqué. Les potentiels peuvent ressembler a des potentiels de fibrillation, a des potentiels
Lents de dénervation, ou apparaitre plus Larges et plus complexes.
Ces décharges myotoniques proviendraient de l’activité répétitive de fibres
musculaires ou de groupes de fibres musculaires, la synchronisation n'etant pas
nécessairement déterminée par la liaison neuronale.
Elles peuvent survenir spontanément, mais il existe de nombreux facteurs déclenchant
dont ll ne faut pas se priver: le déplacement de l’aiguille, Ia percussion du muscle autour
de I'aiguiIle, la contraction musculaire ou même Ia stimulation électrique du nerf.
3-Salves pseudo-myotoniques:
On peut les observer dans les myotonie. mais aussi dans d’autres myopathies et
même dans des neuropathie. plusieurs critères distinguent ces décharges
rapides des vraies salves myotoniques :

- durée plus Longue, parfois plusieurs minutes.


- amplitude et fréquence constantes (en moyenne de 70 Hz).
B- Altérations des PUMs:
• Schématiquement, l’atteinte est hétérogène a l'interieur d'une même unité
motrice. Certaines fibres musculaires sont indemnes et répondent a I 'activation
volontaire de leur motoneurone par un potentiel de fibre musculaire normal,
transmis a I'aiguiIle. D'autres fibres
musculaires, atteintes par le processus, ne génèrent qu'une activité batarde de
faible amplitude. D’autres enfin ne peuvent
plus générer d’activité électrique en réponse a I 'activation de leur motoneurone.
Par conséquent, les PUMs (qui sont la somme de ces activités) apparaissent
altères, polyphasiques (plusieurs phases de part et d'autre de Ia ligne de base),
déchiquètes (indentations sur la montée ou Ia descente des phases), d'ampIitude
et surtout de durée diminuées
• C. Anomalie du recrutement des UMs
On peut observer les aspects suivants du recrutement temporo-spatial des unités motrices ;
1- Trace trop riche pour l’effort fourni: Dit "trace myogène": forme typique.
La mise en jeu d’un motoneurone, c'est-a-dire d‘une unité motrice, n’entraine qu‘une faible augmentation de
force, plus faible qu'une unité motrice normale, puisque le processus pathologique réduit le nombre de
fibres musculaires de I 'unité motrice mécaniquement efficaces. Pour pouvoir développer ne serait-ce
qu'une faible force, le sujet doit donc exercer une excitation accrue du pool de motoneurones, un
recrutement temporo-spatial anormalement élevé compte tenu de la force développée. Le manque de
fibres musculaires fonctionnelles d‘une unité motrice est ainsi partiellement compensé par le recrutement
des autres unités motrices. Les traces sont trop riches, interférentiels des les faibles forces.
Et le sujet ne peut pas élever sa force au delà : le recrutement
temporo·spatiaI des unités
motrices même maximal ne met en jeu qu'un nombre réduit de fibres musculaires
mécaniquement efficaces. D‘ou le déficit moteur des atteintes myogènes.
C'est Ia discordance entre la richesse du trace en activités électriques et Ia faiblesse de la force
mécanique développée qui est significative et qui attire l’attentlon.
• Les traces sont souvent micro voltés du fait des altérations des PUM.
2- Trace dit “neuro-myogene" .
Dans les muscles Is plus touches.

Si l’atteinte myogène est assez évoluée pour avoir détruit ces unités
motrices entières du muscle, on peut observer un recrutement temporo-
spatial de type neurogene : les tracés sont pauvres en PUMs (défaut de
recrutement spatial par destruction totale de certaines unités motrices
entières), avec accélération des unités motrices restantes (compensation
par recrutement temporel) .
Le caractère myogè de l’atteinte se reconnait aux altérations des PUM
restants.
• Toutefois, ces traces “neuro-myogènes sont sauvent difficiles a interpréter, car
une atteinte neurogene touchant de manière inhomogène les terminaisons
nerveuses peut donner des aspects comparables, avec altération des PUM de
type myogène (par atteinte hétérogène des terminaisons nerveuses au sein de
certaines unités motrices restantes) et recrutement de type neurogene (par
destruction totale de certaines unités motrices).

Dans ces cas particuliers d'atteinte myogène et d'atteinte neurogene ,


l'activatian d’une unité motrice partiellement touchée ne met en jeu qu'un petit
nombre de fibres musculaires mécaniquement efficaces (potentiels d'unité
motrice altérés, d’amplitude et de durée diminuées). Pour développer une force
même minime, il faut un recrutement temporel accru des unités motrices
restantes (recrutement de type neurogene).
Ces traces “neuro-myogenes” sont dans donc d‘authentiques cas frontières
entre neurogene et myogène du point de vue de Ia sémiologie
electrophysiologique.
La distinction repose en fait sur l’analyse des traces enregistrés dans les autres
muscles, ainsi que sur le reste de l’examen clinique et electrophysiologique.
Potentiels polyphasiques à pointes brèves
Au sein de l’Unité Motrice, l’axone innerve un certain nombre de fibres
musculaires dont chacune est caractérisée par un potentiel dit «de fibre»
dont l’ensemble constitue le potentiel d’unité motrice.
Après avoir pénétré dans le muscle, le nerf se divise en troncs nerveux de
dimensions inférieures qui, à leur tour, se subdivisent en rameaux plus fins. A
l’approche des plaques motrices, ces ramifications se groupent en grappes
comportant chacune une dizaine d’axones. L’influx nerveux aborde en phase
l’ensemble des fibres musculaires, ce qui se concrétise sous la forme d’un
potentiel résultant d’aspect triphasique. Toute modification du nombre ou de
la densité des fibres musculaires, ou bien de la conduction dans les
ramifications nerveuses terminales, aura des conséquences sur la
morphologie du potentiel d'unité motrice.
De plus, nous avons exposé plus haut qu’au sein d’un même muscle, les
territoires des différentes UM se chevauchaient. En conséquence
l’électrode coaxiale qui capte normalement quelques UM pulsant en phase,
à partir d’un territoire mixte, donnera naissance à un potentiel déstructuré
si les vitesses de conduction des différentes fibres nerveuses sont inégales
(névrites pr. ex).
Lorsque au niveau de la sous-unité motrice, un processus de dégénérescence a
provoqué la disparition de quelques arborisations axonales, la morphologie du potentiel
d'unité motrice se trouve altérée. La distribution temporelle des potentiels de fibre par
rapport à l'électrode, dépend de la répartition des plaques motrices, de la distance
respective des fibres musculaires, de la vitesse de conduction nerveuse au niveau de
la sous-unité motrice (50 m/s) et de la vitesse de conduction de la fibre musculaire (4 a
7 m/s). Le potentiel d'unité motrice ainsi élaboré dure de 4 a 6 ms, et peut même
dépasser 10 ms. La perte de quelques ramifications axonales, ou bien un
ralentissement inégal de la conduction nerveuse à ce niveau, provoque une altération
de la courbe triphasique qui parait se hacher ou se fragmenter. Le groupe de fibre
localisé près de l'électrode se traduit par une pointe brève, de courte durée, qui se
greffe sur la morphologie bizarre de ce potentiel d'unité motrice. Cet aspect correspond
à celui des «potentiels polyphasiques à pointes brèves». La durée d’une pointe est
plus brève que celle d’un potentiel d’unité motrice normal, ce qui les différencie des
«potentiels groupés».
Ces potentiels se rencontrent principalement dans les polynévrites. Les
gaines de myéline sont atteintes d'une manière diffuse, irrégulière et
inégale, alors que les cylindraxes sont conservés. Les fibres musculaires
restent donc longtemps innervées, avant que l'axone soit lésé, mais la
vitesse de conduction nerveuse est diminuée, particulièrement au niveau
des arborisations distales de l'unité motrice. Il en est de même pour la
vitesse de conduction des fibres musculaires.
On comprend ainsi que la perte de quelques arborisations axonales, le
ralentissement de la vitesse de conduction, tant nerveuse que de la fibre
musculaire, provoquent une dispersion temporelle des éléments
constitutionnels du potentiel et l'isolement de pointes au sein de ce
potentiel. Toutefois, si la durée totale de ces potentiels peut être allongée
par rapport à celle d'une unité motrice normale, pour les raisons que nous
venons d'énoncer, la durée de chaque pointe du potentiel polyphasique
est plus courte que celle de la pointe de l'unité motrice.
Ils se distinguent des potentiels polyphasiques à pointes brèves par le
fait que les courants d’action constitutifs ont la même durée que celle
des potentiels normaux d’unité motrice.
On les rencontre surtout dans des lésions neurogènes périphériques,
quel qu'en soit le niveau: médullaire, radiculaire, tronculaire.
Ces potentiels seraient l'expression d'une synchronisation imparfaite des
courants d'action, due à des perturbations de la conduction dans le
trajet axonal ou les arborisations terminales au sein de faisceaux de
nerfs.
Un étirement du nerf ou bien sa compression engendrent une stase veineuse
et un œdème intraneural aboutissant à une myélinopathie périphérique
locale qui ralentit les vitesses de conduction des fibres nerveuses. Il en est de
même pour les processus névritiques entraînant une démyélinisation
segmentaire. Or ces ralentissements ne sont pas identiques pour chaque
fibre nerveuse, ce qui aboutit à une désynchronisation des influx nerveux à
l’arrivée musculaire, qui se traduit cliniquement par une amyotonie et un
déficit en force, sans état de dénervation. Les tracés électromyographiques
sont caractérisés par un nombre important de potentiels polyphasiques :
Un étirement du nerf ou bien sa compression engendrent une stase veineuse
et un œdème intraneural aboutissant à une myélinopathie périphérique
locale qui ralentit les vitesses de conduction des fibres nerveuses. Il en est de
même pour les processus névritiques entraînant une démyélinisation
segmentaire. Or ces ralentissements ne sont pas identiques pour chaque
fibre nerveuse, ce qui aboutit à une désynchronisation des influx nerveux à
l’arrivée musculaire, qui se traduit cliniquement par une amyotonie et un
déficit en force, sans état de dénervation. Les tracés électromyographiques
sont caractérisés par un nombre important de potentiels polyphasiques :
§         Si la désynchronisation intéresse les fibres élémentaires d’un même

nerf ou les arborisations terminales, le potentiel d’unité motrice (UM) est


poly phasique (potentiels polyphasiques à pointes brèves), c’est-à-dire
comportant plus de quatre phases, dont chaque pointe est brève. La durée
est augmentée. La pulsion des sous-unités motrice est désynchronisée.
§         Si la désynchronisation s’étend à plusieurs nerfs, on assiste à la
présence de potentiels groupés, constitués de groupements de potentiels
d’unités motrices, donc dont la durée de chaque phase correspond à celle
d’une UM. La durée totale est nettement allongée.
§          Au cours des démyélinisations intéressant plusieurs nerfs adjacents,
principalement au niveau proximal, on peut assister à une excitation de fibres
nerveuses à partir de fibres adjacentes (liaisons éphaptiques). La résultante
musculaire est un potentiel groupé. Le même processus peut apparaître lors
des hypocalcémies ou des hypomagnésémies.

Potentiels naissants
Lorsque après un processus de dénervation, des phénomènes de réinnervation se
produisent au niveau des terminaisons de l'unité motrice, on constate que les
potentiels de fibre qui formaient I 'unique activité de la structure musculaire tendent
à se fusionner, à se synchroniser, jusqu'à reformer une unité motrice. Ce processus
de réinnervation axonale, correspondant à une fusion incomplète des potentiels de
fibre, donne naissance à de petits potentiels polyphasiques, de faible amplitude,
intitulés potentiels naissants ou nascent motor units ou bien potentiels
polyphasiques de réinnervation.
La réinnervation axonale nécessite une intégrité du corps neuronal, qui va
synthétiser les protéines nécessaires à la repousse de l’axone. A l’extrémité
distale du segment proximal des fibres lésées, apparaissent de nombreux
bourgeons de régénération, les cônes de croissance. Ceux-ci émettent de fins
filaments qui, d’une manière amœboïde, vont former une synapse avec une
cellule cible. Mais cette évolution favorable est limitée par l’importance d’une
cicatrice ou l’existence d’une fibrose. Ce type de réinnervation nécessite
l’intégrité du tube endoneural. De toutes manières, la réinnervation est lente, à
raison d’un millimètre par jour environ.
Les fibres musculaires dénervées pulsent au repos d’une manière spontanée,
extériorisée par les potentiels de fibrillation, qui caractérisent l’activité de la fibre
musculaire individuelle. L’extrémité terminale du nerf dégénéré émet de fins
prolongements, immatures, de conduction très lente, qui vont rechercher au niveau
de la fibre musculaire des sites récepteurs d’acétylcholine (RACh). Le contact
s’établit alors, et la programmation de réinnervation musculaire commence. Au début
du processus, un effort de contraction volontaire peut faire apparaître des potentiels
de fibrillation (donc qui ne sont plus spontanés), puis ceux-ci tendent à s’associer
pour former un potentiel polyphasique de faible voltage, donnant classiquement au
haut-parleur un bruit de gazouillis d’oiseau. Cette image précède nettement les
signes cliniques. Enfin, la structure du potentiel s’enrichit, jusqu’à constituer un
potentiel d’UM.
Potentiels de réadaptions collatérale

Réinnervation collatérale.
Une unité motrice indemne réinnerve les fibres musculaires
dénervées appartenant à une autre unité motrice

Lorsqu'il existe une destruction partielle d'un certain nombre d'unités


motrices, comme dans la compression localisée d'une racine ou d'un
tronc nerveux, ou bien la destruction partielle traumatique d'un tronc
nerveux, les axones qui ont été respectés par le phénomène destructeur
vont, au niveau de leurs arborisations axonales, envoyer de nouveaux
rameaux ou collatérales qui vont aller réinnerver les fibres musculaires
dont I'axone a été détruit, en réalisant ainsi une réinnervation par
«réadoption».
Le territoire d'une unité motrice augmente donc considérablement, ainsi que, bien souvent, la
dispersion temporelle. On obtient ainsi des potentiels géants. souvent polyphasiques, et dont la
durée peut être augmentée. On les intitule «potentiels polyphasiques de réadoption». Ils
caractérisent un stade pathologique que nous avons appelé «compensé».

Les collatérales peuvent avoir comme point de départ le niveau tronculaire, un axone
isolé, ou terminal présynaptique de I'axone. Elles prennent naissance à partir d’un
noeud de Ranvier.

1 : Collatérale tronculaire


2 : Collatérale d’axone
3 : Collatérale terminale
D’après E Godaux
Ces potentiels de réinnervation collatérale ont été étudiés par Desmedt et
Borenstein par balayages successifs et ligne à retard. lIs ont identifié et décrit
des composantes tardives avec des latences allant jusqu'à 50 ms. Ces
«potentiels liés», que nous avions constatés jadis et que nous appelions
«satellites» correspondent à des fibres musculaires adoptées situées à distance
de l’unité motrice.

Unités motrices ayant adopté


quelques fibres musculaires à
distance
(Présence de potentiels liés)

Potentiel de grand voltage (ayant déjà


adopté un contingent de fibres
musculaires),
avec de plus un grand potentiel lié dû à
l’adoption des fibres d’une sous-unité
motrice.
Enregistrement avec ligne à retard
•Lors d’une contraction volontaire progressivement croissante, l’organisme met en activité un
nombre progressivement croissant d’Unités Motrices (sommation spatiale). Les tracés
électromyographiques reflètent fidèlement ce mécanisme physiologique (voir tableau et
schéma ci-contre).

La gradation de la contraction d’un muscle est caractérisée d’une part par la fréquence de
décharge des unités individuelles, et d’autre part, d’une manière prépondérante, par le
nombre d’UM innervées.
•Le potentiel d’action de l’Unité Motrice normale

Lors d’une contraction volontaire, ce potentiel d’action est la somme dans


le temps des potentiels élémentaires des fibres musculaires de l’unité
motrice, qui se contractent d’une manière presque synchrone.
De nombreux facteurs peuvent en faire varier l’amplitude, la durée, la
forme et la fréquence.
L'amplitude

Elle se situe en général entre 100 et 500 microvolts, mais elle

dépend beaucoup de la distance entre l'aiguille et l'unité


motrice. En effet, ce que nous décrivons n'est pas le courant
d'action intra fibrillaire mais le champ électrique qui diffl1se
autour de celui-ci. C'est pourquoi lorsque L'on désire étudier
une unité motrice, on tente d'en approcher le plus près possible
la pointe de I 'aiguille de Bronck. Pour cela, le haut-parleur et la
visualisation sur l’écran sont de la plus grande utilité. On
enfonce très lentement I 'aiguille dans la masse musculaire, tout
en demandant au patient de maintenir une légère contraction.
Lorsque l'on approche d'une unité motrice en activité, le bruit
devient de plus en plus sec et I 'amplitude du potentiel d'action
de plus en plus grande; lorsque L'on s'en éloigne, le bruit
devient sourd et I 'amplitude diminue.
La partie du potentiel de l’UM qui a l’amplitude la plus élevée, la pointe ou
Spike, provient d’un petit groupe de fibres proche de l’électrode (sous-unité
motrice, 20-30 fibres), alors que la majorité des fibres de l’UM contribue aux
prolongements initial et terminal du potentiel.

Dans certains cas, on peut constater la présence d’unités motrices géantes. La


disparition de certaines UM d’un muscle est compensée par le
bourgeonnement des UM restantes qui vont réinnerver les fibres musculaires
orphelines, augmentant ainsi leur taux d’innervation.
 La durée

C'est un des caractères les plus constants du potentiel de


I'unité motrice : elle varie généralement entre 3 et 6
millisecondes. Elie n'est pas influencée comme I'amplitude
par la position de I'aiguille, mais dépend surtout de la
synchronisation plus ou moins parfaite des courants d'action
des fibres dont elle est la somme.

Comme nous l’avons dit plus haut, l’architecture fonctionnelle


des gros muscles de la statique et des petits muscles
volitionnels est différente : ceux-là sont formés de grosses
unités motrices peu nombreuses, ceux-ci de nombreuses
petites unités motrices. Il faut bien avoir à l’esprit le tracé
normal du muscle exploré, pour éviter des conclusions
erronées.
F. Buchthal a fait une étude précise de la durée du potentiel
en fonction de l’âge. La durée du potentiel d’unité motrice
augmente avec l’âge. Chez le vieillard, elle est le double de la
valeur trouvée chez le nouveau-né.
La durée d’une UM est liée au territoire occupé par les fibres musculaires,
lui-même en rapport avec le taux d’innervation. Les petites UM, au faible
taux d’innervation (larynx par ex.), occupent des territoires de peu
d’étendue, par rapport aux grosses UM (gastrocnémien par ex.). Mais, en
dehors des très petites UM, les territoires se chevauchent., et ce
chevauchement intéresse les fibres musculaires d’UM adjacentes. Comme
les différentes UM pulsent à des fréquences différentes, non synchrones,
cet enchevêtrement permet une contraction synchronisée des UM.
 La forme

Le plus souvent le potentiel d'unité motrice est tri phasique, mais il peut être
mono-, bi- ou poly phasique. Le potentiel tri phasique présente une phase
initiale positive suivie par une grande phase négative en général pointue, et
une phase finale positive. Parfois, le potentiel débute directement par une
ascension raide négative, indiquant que la pointe de l’électrode est dans le
voisinage immédiat de l’origine du potentiel, c'est-à-dire dans la zone
d’innervation.. Dans un muscle normal, i1 y a en moyenne moins de 10% de
potentiels poly phasiques.
Deux facteurs conditionnent I 'apparition de potentiels poly phasiques :
oLa synchronisation défectueuse des courants d'action de fibres à I
'intérieur de I 'unité motrice (potentiels poly phasiques à pointes
brèves, ou bien désintégrés par ex.).
oLa position de I 'aiguille qui, au contact de deux unités voisines,
enregistre simultanément une partie des deux champs électriques
(potentiels groupés par ex.)..
La fréquence

L'unité motrice en activité émet un potentiel d'action qui se répète a la


fréquence de 4 a 12 par seconde, rythme imposé a l'unité motrice par
l'activité de la cellule de la corne ventrale de la moelle.
L'unité motrice sous l'influence des influx corticaux ou réflexes peut pulser
suivant trois fréquences différentes : 4 a 7 par seconde, 14 a 18 par seconde
et la troisième composante qui correspond a son activité maximale : 50 par
seconde. C'est la composante prépondérante qui détermine le rythme de
battement de l'unité motrice.
L'influence de la température

La température du muscle a une grande influence sur les paramètres du potentiel


d'unité motrice.
Nous avons étudié les variations de l’électromyogramme par refroidissement et
réchauffement du muscle lui-même, et avons obtenu des résultats voisins de ceux
de Buchthal et Pinelli, à savoir que le froid augmente la durée et le nombre des
potentiels polyphasiques et que la chaleur augmente l'amplitude et le rythme.
•En conséquence, il faut se garder de poser un diagnostic sur l’étude d’une seule
unité motrice. Avant d’affirmer l’augmentation de la durée du potentiel d’action
ou sa déformation polyphasique, par exemple, il sera nécessaire de s’assurer de la
répétition de l’anomalie en d’autres points du muscle. Les méthodes
informatiques d’analyse se chargent de cette analyse statistique.
•Activité d’insertion et potentiels de nerf

Lorsque l'on enfonce une aiguille de Bronk dans


un muscle sain, bien relâché, on ne détecte
habituellement aucun potentiel, sinon parfois
une bouffée de pointes brèves qui disparaissent
des que l'aiguille s'immobilise. Ce phénomène,
du à l’irritation des fibres nerveuses et
musculaires par les mouvements de l’électrode,
est intitulé activité d’insertion. Elle est réduite
lors des atrophies musculaires lorsque les fibres
musculaires sont remplacées par la fibrose, et au
cours des inexcitabilités des fibres musculaires
(paralysie périodique familiale pas exemple).
Mais si l'aiguille blesse accidentellement une fibre nerveuse intramusculaire, on enregistre
une activité électrique caractéristique appelée potentiel de nerf. Ce phénomène qui peut
durer plusieurs millisecondes, n'est pas influence par la contraction volontaire et donne au
haut-parleur un bruit sec, caractéristique. On rencontre principalement ces potentiels dans
la région du point moteur musculaire.
Amplitude 20 à 200 μV
Durée 1 à 3 ms
Morphologie diphasique, avec une phase initiale
négative.
Fréquence 20 à 100 par seconde
 
Potentiel de nerf

Potentiels de plaque motrice

On peut distinguer deux types de potentiels que I'on peut rencontrer dans la zone de la plaque
motrice des muscles normaux ou dénervés.
 Les potentiels constitués par une déflexion négative avec un aspect mono ou diphasique. L
'amplitude peut s'étendre jusqu'a 250 μV avec une durée de 2 ms. Ils se différencient des
potentiels de fibrillation par leur polarité. Ils correspondent aux potentiels miniatures de
plaque motrice sans signification pathologique.
 Les potentiels biphasiques de 2 à  5 ms, de faible amplitude, moins de 200 μV. Ils auraient
pour origine des petits faisceaux de fibres intramusculaires.
 
Les potentiels pathologiques au repos musculaire

Fibrillations

Ces potentiels qui apparaissent lorsque la fibre musculaire est séparée et isolée de son
apport nerveux ne sont normalement pas visibles sur des structures neuromusculaires
en activité, sauf à la surface des muscles de la langue. Leur présence n’est détectée
que dans le muscle au repos.
Ils ont une morphologie triphasique (avec un aspect souvent diphasique, la

troisième phase positive étant de très faible amplitude). Ils sont de courte durée (0,5-
3 ms) et de faible amplitude (50-200 μV), mais celle-ci est fonction de la distance de
l'électrode par rapport à la fibre musculaire

La fréquence est lente (2-10 Hz), occasionnellement régulière.


On rencontre la plupart du temps cette activité spontanée au niveau des
muscles dénervés. Ces potentiels apparaissent donc au cours des
dénervations axonales, mais ne sont pas présents immédiatement après la
lésion nerveuse. Ils suivent la dégénérescence wallérienne et leur date
d'apparition dépend donc de la distance séparant le niveau de la lésion et le
muscle. On estime en général une période de latence de 15 à 20 jours.
Toutefois, les fibrillations stimulées par des impulsions de longue durée se
produisent plus précocement, environ 7 a 10 jours.
Leur incidence diminue par application du froid ou par immobilisation, et est
accentuée par augmentation de chaleur, par injection de prostigmine et par
irritation mécanique (petits mouvements de l’aiguille électrode).
Dans les dénervations partielles, les fibrillations peuvent être détectées pendant plusieurs
années, lorsque la réinnervation ne se produit pas. Nous avons pu en observer sur des
muscles poliomyélitiques 10 à 15 ans après l'atteinte. II est possible que les fibres
musculaires normalement innervées maintiennent une vascularisation musculaire
suffisante pour placer en une sorte d'hibernation les fibres dénervées.
Tant que la fibrillation est présente, elle témoigne de la vitalité de la fibre musculaire
isolée, donc de son caractère réinnervable, soit naturellement, soit par suture ou greffe.
Elle cesse avec l'apparition de la fibrose musculaire ou de la réinnervation.
Les potentiels de fibrillation peuvent aussi être observés au cours des myopathies. On
peut évoquer pour leur origine une prolifération du tissu conjonctif comprimant les nerfs
intramusculaires ou bien l’isolement de parties de fibres musculaires brisées par le
processus pathologique.
Amplitude 50 à 200 μV
Durée 0,5 à 3 ms
Morphologie Tri- ou biphasique
Fréquence 2 à 10 Hz
Potentiels de fibrillation

En ce qui concerne l’origine des potentiels de fibrillation, qui sont les


potentiels de la fibre musculaire individuelle, le médiateur synaptique
d’une fibre musculaire est l’acétylcholine. Lorsque les fibres
musculaires de l’unité motrice sont isolées des arborisations distales, la
synapse disparaît et leur sensibilité est augmentée (leur seuil est
diminué). En conséquence elles deviennent hypersensibles à
l’acétylcholine circulant.
Potentiels positifs ou potentiels lents de dénervation (Positive Sharp Waves)
Ces potentiels spontanés, non propagés, sont caractérisés par une déflexion initiale
abrupte, positive, suivie par une longue phase décroissante, négative. Leur
amplitude varie entre 50 et 4000 μV, avec des durées allant jusqu’à 200 ms. Ils sont
stimulés par une mobilisation de l’aiguille.
Ces potentiels spontanés proviennent vraisemblablement d'une zone de lésion
d'une fibre musculaire au niveau de laquelle le courant d'action fuse de l'intérieur de
la fibre vers les tissus conducteurs environnants.
On ne les rencontre jamais au niveau des muscles sains. Ils sont un signe
important dans la suspicion d'une dénervation.
Les potentiels lents se rencontrent dans les lésions neurogènes périphériques,
mais sont moins fréquents que les fibrillations.

Amplitude 50 à 4000 μV
Durée 15 à 100 ms
Morphologie biphasique
Fréquence 2 à 10 Hz
Potentiels positifs ou potentiels lents de dénervation
Fasciculations
 
Ces potentiels correspondent à la décharge spontanée d’unités motrices
individuelles (Fig. 25). En conséquence, leur morphologie est identique à celle des
potentiels d’action moteurs normaux. On enregistre cette activité spontanée dans
les atteintes chroniques des cornes ventrales de la moelle (sclérose latérale
amyotrophique, maladies de Werdnig-Hoffman et de Kugelberg-Welander), dans
les compressions médullaires et radiculaires par tumeur.

Une unité motrice normale ou polyphasique bat au repos à la fréquence variant de 1 à


50/min, irrégulièrement. Cette activité que Denny-Brown a appelée "fasciculation"
correspond à la fibrillation musculaire clinique et ne doit pas être confondue avec la
"fibrillation électrique" qui n'est jamais visible excepté, occasionnellement, dans les
muscles de la langue.
Les potentiels de fasciculations sont détectés dans les maladies
chroniques de la moelle épinière.
Tous ces potentiels peuvent être dérivés de muscles au repos, sans la
moindre contraction volontaire.
Trojaborg et Buchthal  distinguent des « fasciculations malignes » lors
des atteintes des motoneurones, au cours desquelles les intervalles
interpotentiels sont de 3,5 s (SD 2,5), et des fasciculations
« bénignes », au cours des radiculopathies. Dans ces dernières, la
relaxation musculaire peut les inhiber.
Pseudomyotonie
 

Intitulée Bizarre High-Frequency Potentials


dans les pays anglo saxons, elle consiste en
potentiels souvent polyphasiques ou en
salves de potentiels d’apparition spontanée,
d’une amplitude allant jusqu’à 300 μV,
déclenchés par l’insertion ou la mobilisation
de l’aiguille ou bien par un effort de
contraction volontaire.
Le début et la fin de l’activité répétitive sont
brusques, contrairement aux tracés de
myasthénie. La fréquence de pulsion est de
20 Hz ou plus.
On les rencontre en général dans les atteintes
neurogènes périphériques, mais parfois dans
les processus myogènes, et
occasionnellement dans des désordres
métaboliques comme la paralysie périodique
hyperkaliémique, l’hypothyroïdisme ou
certains états diabétiques.
Décharges myotoniques

Ces décharges consistent en trains de potentiels de haute fréquence qui


sont évoqués par un mouvement de l’électrode, par percussion ou bien p
ar une ébauche de contraction du muscle (Fig. 29). Cette activité est aug
mentée par le froid. Les potentiels sont analogues aux potentiels de fibres
musculaires. Les décharges, qui durent de 2 à 4 secondes, d’une fréque
nce de 50-150 Hz, sont caractérisées par une augmentation progressive
de l’amplitude et de la fréquence suivie de leur diminution (
waxing and waning),
donnant au haut-parleur le bruit particulier d’un avion en piqué (
dive bomber
). Cette activité n’est pas inhibée par curarisation neuromusculaire. On re
ncontre ces décharges myotoniques principalement dans les myopathies,
Les potentiels pathologiques durant l'activité musculaire volontaire
Potentiels polyphasiques à pointes brèves
Au sein de l’Unité Motrice, l’axone innerve un certain nombre de fibres
musculaires dont chacune est caractérisée par un potentiel dit «de fibre»
dont l’ensemble constitue le potentiel d’unité motrice.
Après avoir pénétré dans le muscle, le nerf se divise en troncs nerveux de
dimensions inférieures qui, à leur tour, se subdivisent en rameaux plus fins. A
l’approche des plaques motrices, ces ramifications se groupent en grappes
comportant chacune une dizaine d’axones. L’influx nerveux aborde en phase
l’ensemble des fibres musculaires, ce qui se concrétise sous la forme d’un
potentiel résultant d’aspect triphasique. Toute modification du nombre ou de
la densité des fibres musculaires, ou bien de la conduction dans les
ramifications nerveuses terminales, aura des conséquences sur la
morphologie du potentiel d'unité motrice.
De plus, nous avons exposé plus haut qu’au sein d’un même muscle, les
territoires des différentes UM se chevauchaient. En conséquence
l’électrode coaxiale qui capte normalement quelques UM pulsant en phase,
à partir d’un territoire mixte, donnera naissance à un potentiel déstructuré
si les vitesses de conduction des différentes fibres nerveuses sont inégales
(névrites pr. ex).
Lorsque au niveau de la sous-unité motrice, un processus de dégénérescence a
provoqué la disparition de quelques arborisations axonales, la morphologie du potentiel
d'unité motrice se trouve altérée. La distribution temporelle des potentiels de fibre par
rapport à l'électrode, dépend de la répartition des plaques motrices, de la distance
respective des fibres musculaires, de la vitesse de conduction nerveuse au niveau de
la sous-unité motrice (50 m/s) et de la vitesse de conduction de la fibre musculaire (4 a
7 m/s). Le potentiel d'unité motrice ainsi élaboré dure de 4 a 6 ms, et peut même
dépasser 10 ms. La perte de quelques ramifications axonales, ou bien un
ralentissement inégal de la conduction nerveuse à ce niveau, provoque une altération
de la courbe triphasique qui parait se hacher ou se fragmenter. Le groupe de fibre
localisé près de l'électrode se traduit par une pointe brève, de courte durée, qui se
greffe sur la morphologie bizarre de ce potentiel d'unité motrice. Cet aspect correspond
à celui des «potentiels polyphasiques à pointes brèves». La durée d’une pointe est
plus brève que celle d’un potentiel d’unité motrice normal, ce qui les différencie des
«potentiels groupés».
Ces potentiels se rencontrent principalement dans les polynévrites. Les
gaines de myéline sont atteintes d'une manière diffuse, irrégulière et
inégale, alors que les cylindraxes sont conservés. Les fibres musculaires
restent donc longtemps innervées, avant que l'axone soit lésé, mais la
vitesse de conduction nerveuse est diminuée, particulièrement au niveau
des arborisations distales de l'unité motrice. Il en est de même pour la
vitesse de conduction des fibres musculaires.
On comprend ainsi que la perte de quelques arborisations axonales, le
ralentissement de la vitesse de conduction, tant nerveuse que de la fibre
musculaire, provoquent une dispersion temporelle des éléments
constitutionnels du potentiel et l'isolement de pointes au sein de ce
potentiel. Toutefois, si la durée totale de ces potentiels peut être allongée
par rapport à celle d'une unité motrice normale, pour les raisons que nous
venons d'énoncer, la durée de chaque pointe du potentiel polyphasique
est plus courte que celle de la pointe de l'unité motrice.
Potentiels polyphasiques groupés

Dans les parésies périphériques neurogènes, on peut rencontrer des


potentiels d'un type particulier dits «potentiels groupés» ou «courants
d’action groupés» (Buchthal). lis se présentent comme constitués de
plusieurs potentiels de durée allongée, groupés, donnant au haut-parleur un
son grave, rude, râpeux. Contrairement aux potentiels polyphasiques à
pointes brèves qui peuvent se répéter identiques à eux-mêmes sur les
tracés, ils varient dans leur forme.
Ils se distinguent des potentiels polyphasiques à pointes brèves par le
fait que les courants d’action constitutifs ont la même durée que celle
des potentiels normaux d’unité motrice.
On les rencontre surtout dans des lésions neurogènes périphériques,
quel qu'en soit le niveau: médullaire, radiculaire, tronculaire.
Ces potentiels seraient l'expression d'une synchronisation imparfaite des
courants d'action, due à des perturbations de la conduction dans le
trajet axonal ou les arborisations terminales au sein de faisceaux de
nerfs.
Un étirement du nerf ou bien sa compression engendrent une stase veineuse
et un œdème intraneural aboutissant à une myélinopathie périphérique
locale qui ralentit les vitesses de conduction des fibres nerveuses. Il en est de
même pour les processus névritiques entraînant une démyélinisation
segmentaire. Or ces ralentissements ne sont pas identiques pour chaque
fibre nerveuse, ce qui aboutit à une désynchronisation des influx nerveux à
l’arrivée musculaire, qui se traduit cliniquement par une amyotonie et un
déficit en force, sans état de dénervation. Les tracés électromyographiques
sont caractérisés par un nombre important de potentiels polyphasiques :
§         Si la désynchronisation intéresse les fibres élémentaires d’un même

nerf ou les arborisations terminales, le potentiel d’unité motrice (UM) est


poly phasique (potentiels polyphasiques à pointes brèves), c’est-à-dire
comportant plus de quatre phases, dont chaque pointe est brève. La durée
est augmentée. La pulsion des sous-unités motrice est désynchronisée.
§         Si la désynchronisation s’étend à plusieurs nerfs, on assiste à la
présence de potentiels groupés, constitués de groupements de potentiels
d’unités motrices, donc dont la durée de chaque phase correspond à celle
d’une UM. La durée totale est nettement allongée.
§          Au cours des démyélinisations intéressant plusieurs nerfs adjacents,
principalement au niveau proximal, on peut assister à une excitation de fibres
nerveuses à partir de fibres adjacentes (liaisons éphaptiques). La résultante
musculaire est un potentiel groupé. Le même processus peut apparaître lors
des hypocalcémies ou des hypomagnésémies.

Potentiels naissants
Lorsque après un processus de dénervation, des phénomènes de réinnervation se
produisent au niveau des terminaisons de l'unité motrice, on constate que les
potentiels de fibre qui formaient I 'unique activité de la structure musculaire tendent
à se fusionner, à se synchroniser, jusqu'à reformer une unité motrice. Ce processus
de réinnervation axonale, correspondant à une fusion incomplète des potentiels de
fibre, donne naissance à de petits potentiels polyphasiques, de faible amplitude,
intitulés potentiels naissants ou nascent motor units ou bien potentiels
polyphasiques de réinnervation.
La réinnervation axonale nécessite une intégrité du corps neuronal, qui va
synthétiser les protéines nécessaires à la repousse de l’axone. A l’extrémité
distale du segment proximal des fibres lésées, apparaissent de nombreux
bourgeons de régénération, les cônes de croissance. Ceux-ci émettent de fins
filaments qui, d’une manière amœboïde, vont former une synapse avec une
cellule cible. Mais cette évolution favorable est limitée par l’importance d’une
cicatrice ou l’existence d’une fibrose. Ce type de réinnervation nécessite
l’intégrité du tube endoneural. De toutes manières, la réinnervation est lente, à
raison d’un millimètre par jour environ.
Les fibres musculaires dénervées pulsent au repos d’une manière spontanée,
extériorisée par les potentiels de fibrillation, qui caractérisent l’activité de la fibre
musculaire individuelle. L’extrémité terminale du nerf dégénéré émet de fins
prolongements, immatures, de conduction très lente, qui vont rechercher au niveau
de la fibre musculaire des sites récepteurs d’acétylcholine (RACh). Le contact
s’établit alors, et la programmation de réinnervation musculaire commence. Au début
du processus, un effort de contraction volontaire peut faire apparaître des potentiels
de fibrillation (donc qui ne sont plus spontanés), puis ceux-ci tendent à s’associer
pour former un potentiel polyphasique de faible voltage, donnant classiquement au
haut-parleur un bruit de gazouillis d’oiseau. Cette image précède nettement les
signes cliniques. Enfin, la structure du potentiel s’enrichit, jusqu’à constituer un
potentiel d’UM.
Potentiels de réadaptions collatérale

Réinnervation collatérale.
Une unité motrice indemne réinnerve les fibres musculaires
dénervées appartenant à une autre unité motrice

Lorsqu'il existe une destruction partielle d'un certain nombre d'unités


motrices, comme dans la compression localisée d'une racine ou d'un
tronc nerveux, ou bien la destruction partielle traumatique d'un tronc
nerveux, les axones qui ont été respectés par le phénomène destructeur
vont, au niveau de leurs arborisations axonales, envoyer de nouveaux
rameaux ou collatérales qui vont aller réinnerver les fibres musculaires
dont I'axone a été détruit, en réalisant ainsi une réinnervation par
«réadoption».
Le territoire d'une unité motrice augmente donc considérablement, ainsi que, bien souvent, la
dispersion temporelle. On obtient ainsi des potentiels géants. souvent polyphasiques, et dont la
durée peut être augmentée. On les intitule «potentiels polyphasiques de réadoption». Ils
caractérisent un stade pathologique que nous avons appelé «compensé».

Les collatérales peuvent avoir comme point de départ le niveau tronculaire, un axone
isolé, ou terminal présynaptique de I'axone. Elles prennent naissance à partir d’un
noeud de Ranvier.

1 : Collatérale tronculaire


2 : Collatérale d’axone
3 : Collatérale terminale
D’après E Godaux
Ces potentiels de réinnervation collatérale ont été étudiés par Desmedt et
Borenstein par balayages successifs et ligne à retard. lIs ont identifié et décrit
des composantes tardives avec des latences allant jusqu'à 50 ms. Ces
«potentiels liés», que nous avions constatés jadis et que nous appelions
«satellites» correspondent à des fibres musculaires adoptées situées à distance
de l’unité motrice.

Unités motrices ayant adopté


quelques fibres musculaires à
distance
(Présence de potentiels liés)

Potentiel de grand voltage (ayant déjà


adopté un contingent de fibres
musculaires),
avec de plus un grand potentiel lié dû à
l’adoption des fibres d’une sous-unité
motrice.
Enregistrement avec ligne à retard
Oscillations Uniques

Les atrophies neurogènes spinales intéressant la


corne ventrale sont classiquement caractérisées par
un tracé simple, constitué de potentiels de grand
voltage pouvant atteindre plusieurs millivolts et de
durée augmentée, appelés par Buchthal «Single
Oscillations». On les appelle aussi «Potentiels de
Corne Antérieure», que nous préférons remplacer
Oscillations Uniques
par le terme de «Potentiels de Corne Ventrale» en
anatomie actuelle.
Ces Oscillations Uniques correspondent à un mécanisme physiologique particulier :

Rotation des Unités Motrices


Dans un muscle normal, les motoneurones de la
corne ventrale n’entrent pas
en activité d’une manière synchrone. Ils se
succèdent par relais.
Dans un muscle normal, les motoneurones de la corne ventrale de la
moelle n'entrent pas en activité d’une manière synchrone. Les unités
motrices se succèdent par relais, évitant ainsi la fatigue de chacune
d'elles (rotation des unités motrices). Lorsqu'il existe la destruction
d'une partie des neurones moteurs au niveau de la corne ventrale,
I'organisme réalise le mouvement volontaire au détriment de cette
rotation, c'est-à-dire qu'au lieu de pulser par relais, ils vont pulser
ensemble, d'une manière synchrone, additionnant chacun leur
efficacité.
Dans les dénervations partielles de la corne ventrale, au début,
deux punctures dans des territoires différents montrent une synchronisation

Sur un muscle normal, deux punctures simultanées, à faible distance I'une de l'autre,
montrent I'absence de synchronisme entre les deux traces. Dans une atteinte de la
corne ventrale, les unités motrices vont pulser d'une manière synchrone. Nous
pensons que le syndrome de la corne ventrale évolue, au début par une phase
synchronisation, suivie de processus de régénération collatérale. Il se termine par un
aspect de dénervation chronique qui va se décompenser progressivement en
fonction de l’importance de la destruction des unités motrices. Tant que l'atteinte
n'intéresse que la corne ventrale ou la racine adjacente, les vitesses de conduction
nerveuse, tronculaires et distales, sont normales.
Potentiels polyphasiques myogènes

Au cours des affections myogènes, alors que la


vitesse de conduction nerveuse reste normale,
certaines fibres musculaires disparaissent. La
densité des fibres diminue et l’on constate donc
un raccourcissement de la durée moyenne du
potentiel. La diminution du nombre de potentiels
de fibre aboutit à une diminution de I'amplitude et
Potentiel myogène
à un aspect polyphasique du potentiel d'unité Enregistrement à grande vitesse.
Isolement par ligne à retard
motrice. Ces potentiels de faible amplitude
(500 μV), de courte durée (1 à 3 ms),
polyphasiques, désintégrés, portent le nom de
«potentiels myogènes ou myopathiques».
Par suite de la diminution de la puissance de chaque
unité motrice, il est nécessaire pour I'organisme de
mettre en activité un grand nombre d'unités motrices
pour réaliser une contraction musculaire
fonctionnellement valable. Les tracés sont donc riches,
au stade Interférentiel pour un effort de contraction
relativement faible.
On peut admettre le fait que le raccourcissement de la
durée des potentiels dans les affections myogènes est
du à la disparition des composants initiaux et terminaux Tracé interférentiel pour une
contraction volontaire faible.
du potentiel. Ceux-ci disparaissent, car par suite de la
diminution relativement importante de I'amplitude (due à
la réduction des fibres musculaires de la sous-unité
motrice), ils sont noyés dans le bruit de fond de
l'enregistrement.
L’augmentation du nombre des pointes au sein des unités motrices dans ces 
atteintes, est due aussi à cette absence des composants lents du potentiel
d'unité motrice, faisant ainsi apparaître les potentiels des fibres situées à 0,5 –
1 mm comme des pointes séparées.
Au cours des myopathies, on peut constater une augmentation du diamètre
des fibres musculaires. La diminution du territoire de l'unité motrice, comme
de son amplitude, est due principalement à la perte de nombreuses fibres
musculaires qui sont partiellement remplacées par des tissus graisseux ou
conjonctifs. Même au niveau des muscles dont les fibres restantes ont un
diamètre de 65 % plus grand que la normale, la perte des fibres musculaires
est si importante que le territoire de I'unité motrice se traduit par une
diminution considérable de l’amplitude.
Dans les formes pseudo hypertrophiques des dystrophies
musculaires, on constate I'aspect typique des myopathies avec
diminution de l'amplitude et de la durée des potentiels,
engendrée par une réduction du territoire de l'unité motrice et
de la densité des fibres musculaires.

Dans les dystrophies myotoniques et dans les


polymyosites, le territoire, et par conséquent la durée du
potentiel d'unité motrice, est réduit, alors que l'amplitude
est normale, mettant en évidence des zones où la densité
des fibres musculaires est normale. Fragmentation en deux d’une
A = fibre musculaire pathologique fibre musculaire.
B = partie isolée qui émet des potentiels de fibrillation

Il faut ajouter de plus qu’il est possible de constater de la fibrillation électrique au


cours des atteintes myogènes. Celle-ci est due vraisemblablement à la
fragmentation de fibres musculaires par le processus pathologique. Le bout isolé,
ne recevant plus d’influx nerveux, émet des signaux de fibrillation au repos.

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