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Le terrorisme

Un monde
multipolaire

HEIP
Saison 2020-21 1
Définitions 1

  Le terrorisme n’est qu’un mode d’action. Il consiste à


créer de la terreur par une action violente, afin
d’exercer une pression psychologique sur une autorité
politique ou une opinion publique. Ce n’est jamais un but
en soi : il s’agit de provoquer une réaction politique,
un changement de comportement politique. Il est
employé au service d’une cause ou d’un intérêt, qui eux-
mêmes ne sont pas « terroristes » mais politiques. Il est
souvent aussi un acte de rétorsion en réponse à ce qui
est considéré comme une agression. La prise d’otages à
des fins politiques, accompagnée de la menace
d’exécution, est également du terrorisme.

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Définitions 2

Tactique d’emploi de la violence (sabotages,


attentats, assassinats, enlèvements, prise
d’otages...) à des fins politiques, pour déstabiliser et
frapper massivement l’opinion publique et les États
concernés. Le terrorisme peut être le fait d’individus ou
de groupes non-étatiques en lutte contre un régime
politique, mais également constituer un mode de
gouvernement par la terreur ; il s’agit alors de terrorisme
d’État.

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Définitions 3

Un acte terroriste est un acte politique dont le but est de


déstabiliser un gouvernement ou un appareil politique,
où les effets psychologiques recherchés sont
inversement proportionnels aux moyens physiques
employés et dont la cible principale, mais non exclusive,
est la population civile.

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Définitions 4

 Aucun consensus international n’existe pour une


définition officielle du terrorisme.
On aurait répertorié plus d’une centaine de définitions.
L’ONU a opté en 2004 pour une définition mettant
l’accent sur les civils comme cible privilégiée de groupes
ayant pour but de « d’intimider une population, ou
d’obliger un gouvernement ou une organisation
internationale à agir, ou à ne pas agir. »

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Une question de point de vue

 Du point de vue de l’État ou des organisations


internationales, le terroriste se livre à une attaque
criminelle :
Ses cibles peuvent être le gouvernement, les
autorités, les forces de l’ordre et les fonctionnaires,
les élites, les représentants de la classe, de l’ethnie,
de la religion au pouvoir, les partisans de l’ordre
établi, voire par extension n’importe quel citoyen.
Il agit de sa propre initiative, sans être mandaté par
une autorité élue ou sans représenter un peuple
souverain, il veut créer la panique et contraindre.

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Une question de point de vue

 Du point de vue du terroriste, c’est la violence de


l’autre qui est première :
Il ne fait que riposter à une domination, à une
occupation, à une persécution.
L’action terroriste se pense comme châtiment : elle
s’adresse toujours à un État, ou à un groupe
dénoncé comme agresseur, si bien que c’est celui
qui réprime qui serait le « vrai terroriste ».
À la légalité formelle – la loi qui interdit de poser des
bombes –, le terroriste oppose une légitimité
supérieure : il se réclame de la Nation occupée, de la
classe dominée ou de la religion pure, il est
l’instrument d’une justice plus haute.

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Autrement dit…
Toute tentative de définition du terrorisme soulève
invariablement des débats car elle pose la question de la
violence légitime et du droit à la résistance d’une part, et de
l’illégitimité de la violence étatique de l’autre.
C’est le contexte, la nature de la cible et l’effet de terreur
recherché qui déterminent le caractère terroriste d’un mode
d’action, et non la technique employée.
Un phénomène multiforme difficile à cerner.
Il n’existe pas de profil-type de terroriste.

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Pour autant…
 Le terrorisme s’appuie sur un levier déterminant : un
effet psychologique fort en s’attaquant à des populations
civiles neutres.
Le terrorisme est souvent considéré comme le combat du
très faible contre le fort.
Dans les années 80, il est devenu l’arme de certains Etats.
Dans tous les cas, contrairement à la guerre où l’ennemi
est clairement défini, celui qui porte l’uniforme de la
puissance adverse, dans le terrorisme l’ennemi est celui
que le terroriste se désigne. Il peut être d’ordre
économique, social, politique, religieux…
En ce sens, un acte terroriste est une arme au service
d’un dessein plus vaste qu’un simple assassinat.

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Une violence spécifique
 Le terrorisme n’est pas la guerre : la partie dite terroriste n’a
ni État, ni armée, ni possibilité de signer une paix qui s’inscrirait
dans l’Histoire.
Le terrorisme n’est pas la guérilla ou la guerre de partisan.
Le guérillero, dans son maquis et harassant des soldats ou des
autorités locales, ne ressemble pas – stratégiquement parlant –
au terroriste qui passe de la clandestinité à l’action brusque,
commet des attentats dans les villes, et vise davantage à
produire un effet psychologique que militaire.
Le terrorisme n’est pas une guerre civile, celle qui suppose
l’affrontement armé entre deux blocs ou parfois l’hostilité de tous
contre tous au sein de la Cité ; c’est une méthode d’avant-
gardes se prétendant plus conscientes que le peuple (ou que les
minorités opprimées ou encore que la masse des musulmans).
Le terrorisme n’est pas l’émeute. Dresser des barricades
n’est pas la même chose que poser une bombe.
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Une action avant tout médiatique
 L’action terroriste vise avant tout à faire comprendre
quelque, donc à symboliser un rapport de force. Il s’agit
de convaincre pour vaincre. D’où un message
terroriste à décrypter.

Brian Jenkins, spécialiste américain du terrorisme : « le


terroriste ne veut pas que beaucoup de gens meurent,
il veut beaucoup que beaucoup de gens regardent ».

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Une action avant tout médiatique
 Tout acte terroriste est publicitaire : il cherche à attirer une
attention maximale, et symbolique parce que, quand il frappe un
homme (ou, éventuellement, un bâtiment, un monument, etc.), la
cible touchée est censée représenter beaucoup plus qu’elle-
même. La victime est là comme signifiant d’un signifié détesté :
un fonctionnaire pour l’État, un policier pour la Répression, un
banquier pour le Capitalisme, un juif pour les crimes sionistes,
les Twin Towers pour l’orgueil idolâtre de l’Amérique, un jeune
qui assiste à un concert pour Paris capitale de l’iniquité, un
contribuable pour le gouvernement qui bombarde le califat, un
passant devant une mosquée pour les chiites hypocrites
complices de l’Iran…
Le spectacle terroriste gagne encore plus d’audience et
d’impact par la réaction même de la cible. Les médias, qu’il
juge vendus au système ennemi, servent objectivement le
terrorisme en amplifiant l’écho de ses actes et, partant, le
sentiment qu’a chacun de pouvoir être menacé demain.
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Tentative de typologie

Vers une typologie des terrorismes, Isabelle Sommier,


Dans Le Terrorisme (2000)
4 groupes principaux :
Terrorisme communautaire
Terrorisme révolutionnaire
Terrorisme religieux
Terrorisme d’Etat

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Terrorisme communautaire
 La violence est exercée au nom d’un groupe qui se
considère comme homogène contre un autre qu’il perçoit
comme étranger.
Cette catégorie renvoie aux minorités indépendantistes en
lutte contre un État, et ce sous diverses déclinaisons :
Les mouvements nationalistes proprement dits ou
sécessionnistes qui cherchent à chasser ceux qu’ils
considèrent être des colonisateurs ;
Les mouvements irrédentistes qui visent à regrouper
au sein d’une même entité politique une population
partagée entre plusieurs États et, par conséquent, à
l’annexion par la « mère-patrie » d’un territoire voisin
où cette population est importante, voire majoritaire.

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Terrorisme révolutionnaire
 Le terrorisme d’inspiration révolutionnaire est très
précisément circonscrit dans l’Europe des années 70.
Le contexte international, marqué par la guerre du Viêtnam
et les luttes du tiers-monde, ainsi que le. climat d’agitation
estudiantine et parfois ouvrière, ont contribué à réactiver
l’idéologie marxiste dans, sa variante léniniste.
L’idée selon laquelle « la violence est l’accoucheuse de
l’Histoire » amena alors certains à chercher à en forcer le
cours par la propagande armée.

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Terrorisme religieux
 En rupture avec le processus de sécularisation, de plus en
plus de groupes en marge des Églises officielles prônent
un retour à la lettre du texte sacré et contestent
bruyamment, mais aussi parfois violemment, la laïcité et
les gouvernements profanes.
Il y a une instrumentalisation du religieux à des fins de
transformations politiques qui fait de ces mouvements
l’expression d’une protestation sociale impuissante à
prendre forme en dehors du discours mystique. Le
développement du radicalisme religieux s’inscrit aussi sur
fond de crise de l’État lorsque, dans les pays arabes par
exemple, s’épuisent les discours de construction nationale.
Il se nourrit de la crise économique et de ses
conséquences sociales. Peut-être témoigne-t-il aussi d’un
besoin de transcendance que n’arrivent pas à satisfaire les
sociétés modernes.
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Terrorisme d’Etat
 La violence d’État est réputée protectrice du plus grand
nombre et fait l’objet, du moins dans les Etats de droit,
d’une codification rigoureuse qui l’enserre dans les limites
de la légalité.
L’utilisation illégale, mais surtout illégitime, de la violence
est toutefois pratiquée par tous les États, à un moment ou
à un autre, sous couvert de « raison d’État », pour liquider
un opposant, pour maintenir son pouvoir, pour riposter à
une contestation violente. 

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Terrorisme d’Etat
 Lorsqu’elle devient systématique et qu’elle est perpétrée à
grande échelle, cette violence débouche sur la notion
d’État terroriste qui recouvre deux cas :
Un État qui poursuit une politique de terreur contre
l’ensemble de la population nationale ou contre un
« ennemi intérieur ».
Des États qui utilisent des groupes terroristes à
des fins de politique extérieure, c’est-à-dire aux
États sponsors ou parrains. Trois conditions possibles
à l’émergence de ces pratiques : l’isolement
diplomatique sur la scène internationale, une idéologie
conquérante et la nécessité de recourir à des relais
organisationnels formellement indépendants de l’État.

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