Vous êtes sur la page 1sur 37

YOUTUBEUR ET

YOUTUBEUSE SCIENTIFIQUE.
ANALYSE
COMMUNICATIONNELLE
D’UN NOUVEL ÉCOSYSTÈME
DE VULGARISATION DES
SCIENCES
Sciences de l’information et de la communication
Jordan Casaccio| Sous la direction de Marie-Joseph Bertini (LIRCES) et Marc Trestini (LISEC)
PROGRAMME DE LA
PRÉSENTATION
• Préambule et préventions précautionneuses
• Présentation du sujet
• Problématique
• Hypothèses
• Méthodologie et premiers résultats
• Les réflexions du jour
PRÉAMBULE ET PRÉVENTIONS
PRÉCAUTIONNEUSES
• Si la structure de la recherche semble plutôt stable, les
termes et expressions employés ne sont pas toujours les bons
et mériteraient potentiellement reformulation (mais n’est-ce
pas pour cela que nous sommes là ?)
• Pour des questions de lisibilité, le terme « youtubeur » ne
sera pas systématiquement suivi de « youtubeuse ».
Conscient du procès d’intention qui pourrait lui être fait,
c’est avec la célérité du galopède que l’auteur de ces lignes
s’empresse de préciser que la dénomination « youtubeur » se
veut ici a-genrée au possible.
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE
MA THÈSE
• Le but de ma thèse est de m’intéresser aux youtubeurs et
youtubeuses scientifiques. Le simple fait qu’ils soient qualifiés de
« youtubeurs » et « youtubeuses » dans le langage populaire (Frau-
Meigs, 2017) en fait déjà une population qu’il faut étudier en tant
que telle. L’adjectif « scientifique » renvoie aux youtubeurs et
youtubeuses dont la production de contenus audiovisuels, sur
YouTube, est focalisée sur la vulgarisation scientifique (désormais
VS).
• Si la VS renvoie à la fois au concept de transmission et à celui de
communication, je souhaite observer la VS en tant que fait
communicationnel (Raichvarg, 1991). Ainsi, il s’agit d’analyser et
comprendre la place qu’occupe le ou la youtubeur/euse scientifique
dans son « activité de diffusion, vers l’extérieur, de connaissances
scientifiques déjà produites » (Authier-Revuz, 1982).
• Précision : il a été sciemment décidé de ne pas étudier cet objet sous
les prismes pourtant actuels et pertinents de genre et d’ethnie.
PROBLÉMATIQUE
Si « avec Internet, l’idée (utopique) d’un espace public ouvert à tous et
abolissant tout intermédiaire prend corps » (Cartellier, 2010), on assiste à
l’émergence de nouvelles figures de la vulgarisation des sciences. Des
youtubeurs et youtubeuses font ainsi montre d’un bagage scientifique et
d’une maitrise audiovisuelle qu’ils et elles mettent à profit pour
communiquer en direction de publics de plus en plus nombreux. Cela étant,
comme le souligne Peraya, un acte de communication « constitue
fondamentalement un acte social » (2008, p.1) et s’inscrit dans un « plus
vaste système de rapports sociaux » (ibid.).
De fait, la vulgarisation scientifique en tant que fait communicationnel place
ses acteurs au cœur d’un ensemble de relations et de procédés
communicationnels qui doivent être interrogés. La question est ainsi posée :
dans l’opération de communication qu’est la vulgarisation des sciences, qui
est le youtubeur ou la youtubeuse et quelle place occupe-t-il/elle ?
HYPOTHÈSES DE
RECHERCHE
SYNTHÈSE
La place du
Les Une
Youtubeurs réception
Youtubeur
sci. créent des
dans
des liens connaissanc
l’écosystème
LeVS
Ytbeur
avec leurs es sous
La mise en
utilise la mise publics
Les spectateurs
en quête d’une
conditions
scène a une
en scène pour influence sur la
relation de
construire son réception des
proximité
identité connaissances
La légitimité
Le Ytbeur veut accordée au
garder une Les Ytbeurs ont Ytbeur est
image un objectif de dépendante du
d’amateur (+ fidélisation de statut social du
effets en leurs publics Ytbeur
réception) (scientifique ou
non)
HYPOTHÈSES
• Hypothèse principale : La place du Youtubeur dans l’écosystème VS
Sous-hypothèse 1) La mise en scène comme laboratoire de
l’identité
Le Youtubeur scientifique se met en scène au cœur de la mise
en scène des connaissances scientifiques qu’il propose. La mise
en place d’un décor, d’une « façon d’être » et d’une « façon de
raconter » seraient ainsi autant de moyens mis en œuvre par les
Youtubeurs-euses pour créer une identité, devenant par là même
des personnages plus que de simples pourvoyeurs de savoir. Ce
faisant, le youtubeur ou la youtubeuse scientifique propose de
« raconter » la science de façon unique et de faire du produit
scientifique un outil de lien social.
HYPOTHÈSES
• Hypothèse principale : La place du Youtubeur dans l’écosystème VS
Sous-hypothèse 2/ Le Youtubeur scientifique veut montrer qu’il est un
amateur
Par nature, la vulgarisation scientifique porte un paradoxe : en voulant
réduire l’écart entre les savants et les ignorants, elle met en jeu des acteurs
qui, par leur présence, renforce cet écart (Jurdant, 1973).
Or, à l’heure de la professionnalisation des contenus produits par des
amateurs (Leadbeater & Miller, 2003) et de la diversification des profils de
ceux-ci (Flichy, 2010), il nous semble que le youtubeur scientifique tend à
garder une image d’amateur, de passionné, de bricoleur. L’objectif, selon
nous, serait social : il tendrait à réduire cette barrière entre le vulgarisateur
(ici, le savant) et son public (ici, l’ignorant).
HYPOTHÈSES
• Hypothèse 2 : des liens sociaux entre Youtubeur et spectateur
Sous-hypothèse 1) Les publics désireux d’une relation de proximité avec le
youtubeur
Nous émettons ici l’hypothèse que le spectateur privilégie un rapport de
proximité avec le youtubeur, selon un registre familier, ainsi que le laissent
penser la multitude de commentaires des internautes inscrits dans ce registre, à
l’image du suivant (publié à l’occasion de la publication d’une nouvelle vidéo
après un temps d’absence du youtubeur sur la plateforme) :
« YES !! T'es revenu en force! On sent que tu travailles beaucoup plus la mise en
scène, et c'est génial. Tu réussi a créer deux caractères différents pour tes
"parenthèses" c'est vraiment bien fait. Continue, moi je suis fan! »
Un tel commentaire est révélateur d’une relation particulière entre un spectateur
et le Youtubeur qu’il suit.
(1/2)
HYPOTHÈSES
• Hypothèse 2 : des liens sociaux entre Youtubeurs et spectateurs
Sous-hypothèse 1) Les publics désireux d’une relation de proximité avec le youtubeur
(2/2)
Un autre commentaire s’inscrit dans cette démarche, tout en révélant la force de
la fidélisation que suscite un Youtubeur auprès des internautes abonnés à la
chaîne :
« bon ben je like/commente pour le referencement parce que je t'aime d'amour et
que c'est toi qui m'a fait aimer la science, je lis les cours de Feynman grace a
toi, mais clairement beaucoup trop de blague/cut/digression, je ne me souviens
pas si c'etait deja autant le cas avant mais la c'est dur, impossible de finir la
video...ou je vieillis... Des bisous quand même et encore merci ! »
Cette relation de proximité avec le youtubeur semble prendre le dessus sur la
transmission de connaissances, pourtant objet principal affiché de la vidéo. C’est
le point de vue du récepteur qui nous intéresse ici : la relation « ressentie » avec
le Youtubeur joue-t-elle un rôle dans l’appropriation des connaissances
transmises et du sujet traité ?
HYPOTHÈSES
• Hypothèse 2 : des liens sociaux entre Youtubeurs et spectateurs
Sous-hypothèse 2 : La fidélisation et la communication entre Ytbeurs et
spectateurs se fait essentiellement hors de YT
La dimension communautaire « est une logique culturelle constitutive de
[YouTube] » (Burgess & Green, 2015). Cela explique l’importance de la place
qu’occupe la question des liens sociaux dans notre recherche, pourtant nous pensons
que la communication et la mise en place d’une communauté se fait en-dehors de
YouTube. Par un usage des réseaux socio-numériques propre à chacun d’entre eux,
les spectateurs et spectatrices peuvent entrer en contact avec les vidéastes qu’ils et
elles suivent.
La fidélisation et l’instauration d’un lien social entre un youtubeur et son audience se
ferait donc en deux étapes : d’abord sur YouTube via l’action « s’abonner », puis la
communication aurait des ramifications sur d’autres plateformes, chacune ayant ses
propres outils de communication (Verdina, 2013, Amancio, 2013).
HYPOTHÈSES
• Hypothèse 3 : la légitimité savante est fonction du statut social du Youtubeur
Sous-hypothèse 1) La mise en scène a une influence sur la réception des
connaissances
Chaque support de vulgarisation scientifique ayant ses spécificités (Jacobi,
1985), il nous semble naturel que sur une plateforme désormais leader de son
marché et « parangon du web collaboratif » (Bullich, 2015), la spécificité
audiovisuelle des contenus de vulgarisation joue un rôle dans la transmission
des connaissances.
(désolé, ce paragraphe est à réécrire complètement, je n’ai pas encore assez lu
sur le sujet et suis donc incapable d’utiliser les bons termes et développer avec
des formules adaptées une idée qui est pourtant claire dans ma tête et simple à
comprendre, et qui est la suivante : si un spectateur n’est pas emballé par
l’aspect visuel de ce qu’il regarde, il va moins s’y intéresser et moins retenir son
contenu.)
HYPOTHÈSES
• Hypothèse 3 : la légitimité savante est fonction du statut social du
Youtubeur
Sous-hypothèse 2) La légitimité accordée au Youtubeur scientifique est
dépendante de son statut social
Bourdieu (1976) explique que tout jugement sur la production d’un discours
scientifique est « contaminé » par la connaissance de la position de son auteur. Ce
constat, selon nous, s’applique également ici. Le spectateur n’accorderait pas la
même légitimité aux informations transmises selon la position du youtubeur ou de la
youtubeuse qui les énonce.
RÉCAPITULATIF La réception est
Les Youtubeurs dépendante de
La place du
sci. créent des facteurs autres
Youtubeur dans
liens avec leurs que la qualité
l’écosystème VS
publics des informations
Le Ytbeur
Les spectateurs
transmises
La mise en
utilise la mise scène a une
en quête d’une
en scène pour influence sur la
relation de
construire son réception des
proximité
identité connaissances
La légitimité
Le Ytbeur veut accordée au
garder une Les Ytbeurs ont Ytbeur est
image un objectif de dépendante du
d’amateur (+ fidélisation de statut social du
effets en leurs publics Ytbeur
réception) (scientifique ou
non)
MÉTHODOLOGIE
MÉTHODOLOGIE : ENQUÊTE #1
• Analyse de contenu (hypothèse 1) : choix de la méthode
Si le montage et la scénographie peuvent avoir une fonction rhétorique
et argumentative (Barthes, 1964; Soulez, 2013), une analyse
sémiotique de l’image permet d’analyser l’image, de « lire
l’audiovisuel » (Leconte, 2001) et ainsi trouver du sens dans l’image.
L’approche socio-sémiotique (Davallon, 1984) met en lumière les
fonctions sociales des données fournies par l’analyse de contenu.
Concernant notre objet d’étude, l’approche socio-sémiotique permettra
donc d’interroger les fonctions sociales assurées par de multiples
éléments des vidéos de vulgarisation scientifique, que nous
développerons ci-après.
L’analyse de contenu a également une visée exploratoire, permettant de
mettre en avant des éléments à interroger dans les prochaines enquêtes.
MÉTHODOLOGIE : ENQUÊTE #1
• Analyse de contenu : le corpus
100 vidéos YouTube de VS ont été analysées. Afin de construire un
corpus conséquent et représentatif, ces vidéos n’ont pas été
sélectionnées aléatoirement : il s’agit de 10 vidéos de 10 chaines
YouTube différentes.
Le choix de ces youtubeurs et youtubeuses fut délicat étant donné qu’il
n’y a aucune métrique qualitative sur YouTube (la seule métrique étant
celle des abonné.e.s) et que je voulais éviter à tout prix une sélection
aléatoire. J’ai donc décidé de sélectionner les chaines qui avaient déjà
été approchées par Arte et le Musée du Louvre pour collaborer sur
YouTube, deux institutions majeures de la médiation scientifique et
culturelle, ici des institutions légitimantes qui m’ont donc permis de
sélectionner des chaines dont le travail de vulgarisation avait déjà été
jugé pertinent par ces acteurs.
MÉTHODOLOGIE : ENQUÊTE #1
• Analyse de contenu (hypothèse 1) : le corpus
Les dix chaines rassemblées dans le corpus sont donc DirtyBiology, Scilabus, Passé
sauvage, Pause process, Hygiène mentale, Zeste de science, C’est une autre histoire,
Les revues du monde, Cyrus North, Nota Bene.
Le travail d’élaboration du corpus ne s’arrête pas là puisqu’il a ensuite fallu choisir les
dix vidéos de chaque chaine. Là encore, une sélection aléatoire me semble peu
représentative. Plutôt que 10 vidéos, j’ai donc choisi 2x5 vidéos :
- les cinq premières vidéos (d’un pdv chronologique) de chaque chaine : très utile,
d’un point de vue exploratoire, pour relever les premières intentions et choix de
mise en scène et de traitement du sujet.
- Les cinq vidéos les plus populaires de chaque chaine : permet de voir quels
contenus attire le plus les publics et de formuler (pour des recherches futures) des
hypothèses concernant le succès de ces contenus populaires.
En somme, 5x2x10 = 100 vidéos. Voici comment fut élaboré le corpus à analyser.
Cette sélection nous semble méthodologiquement pertinente pour répondre à notre
hypothèse principale : en étant séparé en deux parties (popularité et chronologie), le
corpus permet de multiplier les éléments d’analyse à l’appui d’une grille d’observation
minutieuse et catégorisée.
MÉTHODOLOGIE : ENQUÊTE #1 Critères à observer Observations

• Analyse de contenu : grille Date de l'observation

Nombre de vues au moment de l'observation

d’observation
Nombre de commentaires au moment de
l'observation

Nombre d'évaluations au moment de l'observation


(positives / négatives)

Titre

Une grille d’observation a été Métadonnées


Adresse URL

Auteur de la vidéo (nom de la chaîne)

mise en place, permettant la


Durée

Publicité (nombre, fréquence, thème)

systématisation de l’analyse
Vidéo "À suivre" (proposée par l'algorithme de
YouTube)

Contenu de la description de la vidéo

des contenus du corpus en


Présence du vidéaste

Lieu de tournage

Noyau diégétique Décor (si lieu de tournage habituel)

s’appuyant sur le tableau Découpage séquentiel

Thème de la vidéo

proposé par Gimenez (2017).


Procédé rhéthorique d'accroche

Interpellation du spectateur

Procédé pour garder l'attention du spectateur

Contenu Personnes

Le tableau ci-contre étant peu Références culturelles

Le Youtubeur s’affiche hors de son « rôle » de


médiateur scientifique (références à ses goûts

lisible, détaillons-le partie


personnels, par ex.)

Acteurs externes (autres Youtubeurs, médiateurs,


partenaires...)

par partie.
Annonces (prochains épisodes, rencontres,
Suivi du vidéaste
apparitions publiques…)
MÉTHODOLOGIE : ENQUÊTE #1
• Analyse de contenu : Critères à observer Observations

grilles d’observation Date de l'observation

Nombre de vues au moment de l'observation

Nombre de commentaires au moment de


l'observation
Partie 1 : Nombre d'évaluations au moment de l'observation
(positives / négatives)
Les métadonnées Titre

Certaines informations, Métadonnées


Adresse URL

telles que le nombre de Auteur de la vidéo (nom de la chaîne)

publicités et le contenu de Durée

la description, permettent Publicité (nombre, fréquence, thème)

d’identifier différentes Vidéo "À suivre" (proposée par l'algorithme de


YouTube)

stratégies éditoriales. Contenu de la description de la vidéo


MÉTHODOLOGIE : ENQUÊTE #1
• Analyse de contenu :
grilles d’observation
Présence du vidéaste

Lieu de tournage
Partie 2 : le noyau Noyau diégétique Décor (si lieu de tournage habituel)
diégétique Découpage séquentiel

Analyser les éléments Thème de la vidéo

propices à une mise en série


selon les éléments rappelés
par Leiduan (2016) :
acteurs récurrents, décors
fixes, thématiques
connexes.
MÉTHODOLOGIE : ENQUÊTE #1
• Analyse de contenu :
grilles d’observation

Procédé rhéthorique d'accroche

Partie 3 : le contenu Interpellation du spectateur

Procédé pour garder l'attention du spectateur

Divers éléments de la vidéo Contenu Personnes

impliquant le youtubeur ou Références culturelles

la youtubeuse et son lien


Le Youtubeur s’affiche hors de son « rôle » de
médiateur scientifique (références à ses goûts
personnels, par ex.)

avec le spectateur ou la Acteurs externes (autres Youtubeurs, médiateurs,


partenaires...)
spectatrice et avec son
environnement culturel et
professionnel.
MÉTHODOLOGIE : ENQUÊTE #1
• Analyse de contenu :
grilles d’observation

Annonces (prochains épisodes, rencontres,

Partie 4 : interaction et Suivi du vidéaste


apparitions publiques…)

structuration du contenu Renvoi à d’autres contenus de la chaine

Interactions sur les RSN


Soutien et
Cette partie est basée sur interaction
Invitation au crowdfunding

les outils d’interactivité Observations

utilisés par le youtubeur supplémentaires /

ainsi que sur la manière


dont il ou elle met à jour
son contenu.
MÉTHODOLOGIE : ENQUÊTE #1 Critères à observer Observations

• Analyse de contenu : Date de l'observation

Nombre de vues au moment de l'observation

grilles d’observation
Nombre de commentaires au moment de
l'observation

Nombre d'évaluations au moment de l'observation


(positives / négatives)

Titre
Métadonnées
Adresse URL

Auteur de la vidéo (nom de la chaîne)

Durée

Voici, donc, l’ensemble


Publicité (nombre, fréquence, thème)

Vidéo "À suivre" (proposée par l'algorithme de


YouTube)

des items interrogés par


Contenu de la description de la vidéo

Présence du vidéaste

Lieu de tournage

la grille sur chacune des Noyau diégétique Décor (si lieu de tournage habituel)

Découpage séquentiel

vidéos du corpus.
Thème de la vidéo

Procédé rhéthorique d'accroche

Interpellation du spectateur

Procédé pour garder l'attention du spectateur

Contenu Personnes

Références culturelles

Le Youtubeur s’affiche hors de son « rôle » de


médiateur scientifique (références à ses goûts
personnels, par ex.)

Acteurs externes (autres Youtubeurs, médiateurs,


partenaires...)

Annonces (prochains épisodes, rencontres,


Suivi du vidéaste
apparitions publiques…)
MÉTHODOLOGIE : ENQUÊTE #2
• Entretiens semi-directifs (Ytbeurs/euses) : choix de la
méthode
L’entretien semi-directif nous permet d’interroger des
youtubeurs et youtubeuses afin de comprendre certains choix
et procédés. Les guides d’entretien ont été élaborés en
suivant ces trois thèmes :
1/ Intentionnalité et objectifs du vidéaste
2/ « Devenir youtubeur/euse » : évolution des choix de mise
en scène/écriture
3/ Le rapport à l’amatorat, à l’expertise et leur influence dans
le processus de production
MÉTHODOLOGIE : ENQUÊTE #2
• Entretiens semi-directifs (Ytbeurs/euses) : le corpus
Le corpus est constitué de 30 youtubeurs et youtubeuses,
sélectionnés suivant la technique dite de « tirage aléatoire
simple » (Ganassali, 2014) à partir de la liste de 403 vidéastes
élaborée par Stéphane Debove (biologiste; sur son blog). La
liste est disponible ici (https://bit.ly/2xU5HdQ), sa méthode de
construction l’est ici : https://bit.ly/35WbEU7.
La technique de l’échantillonnage stratifié proposée par
Ganassali (ibid.) a été envisagée un temps mais, faute de
métrique permettant d’établir des strates pertinentes, la
technique de l’échantillonnage aléatoire –via une formule
Excel- fut préférée.
MÉTHODOLOGIE : ENQUÊTE #2
• Entretiens semi-directifs (Ytbeurs/euses) : exemple
d’entretien
Pourquoi une chaine YouTube, alors ? Pourquoi pas un autre support qui
t’aurait apporté un public peut-être différent, comme un blog, ou un autre
site de VOD…
Tu connais l’expression « Une image vaut mille mots » ? Bah imagine une vidéo
où t’as 25 images par seconde. Pour moi, avec la vidéo tu peux faire passer
beaucoup plus d’informations que tu ne pourrais pas faire passer avec une photo
ou du texte. Et moi je suis quelqu’un de très visuel aussi, j’ai toujours été attiré
par ça, le côté un peu cinéma, d’ailleurs j’ai hésité entre médecine et école de
cinéma. Donc là j’ai réussi à concilier un peu les deux, parce que je fais un peu
de création audiovisuelle et en même temps je fais des sciences.
(1/2)
MÉTHODOLOGIE : ENQUÊTE #2
• Entretiens semi-directifs (Ytbeurs/euses) : exemple d’entretien
Je vois. Là tu parles de cinéma, tout à l’heure d’acteurs, du coup quand tu créées
sur YouTube, est-ce que ta mission première c’est de divertir en informant ou
d’informer en divertissant ?
C’est une question que je me pose depuis la création de la chaine. En fait dans mes
premières vidéos j’ai été assez…comment dire…très propre scientifiquement, tu vois. A
chaque fois j’expliquais la méthode, comment ça marchait…euh…j’étais très carré,
voilà, très carré, comment ça marche la méthode scientifique etc, et puis si j’arrive à
trouver des vannes ou des images sympa je les mets. Et puis au fur et à mesure du temps
je me suis dit « mais attends, à qui je m’adresse, en fait ? A qui je veux plaire sur
YouTube ? ». Au début c’était principalement des étudiants en sciences, qui connaissent
un petit peu déjà comment fonctionne le cerveau et qui veulent en savoir plus. Et moi ce
que je me suis dit c’est que je veux plutôt convaincre des gens qui n’y connaissent rien,
en fait. Je trouve plus de sens à essayer d’expliquer des choses complexes d’un point de
vue sciences à des gens qui n’y connaissent absolument rien. Et donc petit-à-petit, au fur
et à mesure de mes vidéos, je pense que je suis plus passé du côté inverse, je mets le
divertissement en grand dès le début pour séduire la personne, et ensuite je mets
quelques gouttes de sciences pour les convaincre.
(avec Drop of Curiosity, via Google Meet le 04/06/20)
MÉTHODOLOGIE : ENQUÊTE #3
• Entretiens semi-directifs : followers
Notre deuxième enquête consiste en une deuxième série d’entretiens
semi-directifs, cette fois avec des followers. Notre première intention
était d’interroger « les publics » de ces youtubeurs scientifiques. Mais
celle-ci s’est avérée difficilement réalisable, d’une part car « les
publics » sont une entité aux représentations sociologiquement multiples
(Esquenazi, 2003), et d’autre part car les traces d’activités en ligne sur
lesquelles nous pourrions nous appuyer pour proposer une typologie des
publics ne sont le fait, finalement, que d’une minorité d’entre eux
(Barats, 2017).
A défaut de pouvoir saisir toute la réalité sociologique de ces
« publics », nous nous intéresserons donc ici aux les followers, ces
individus ayant signalé, par au moins une action en ligne, leur soutien et
leur fidélité aux youtubeurs et youtubeuses scientifiques.
MÉTHODOLOGIE : ENQUÊTE #3
• Entretiens semi-directifs : sélection du corpus
Puisqu’il n’existe à l’heure actuelle ni base de
sondage ni statistiques précises sur la population des
followers des youtubeurs scientifiques nous permettant
de faire appel à un échantillon représentatif, il fut
décidé de recourir à un « échantillon de convenance »
(Ganassali, op.cit.). Le seul critère de sélection fut
donc le fait d’être un follower d’au moins un
youtubeur scientifique. Suite à un appel à participation
sur Twitter, 30 individus ont donc été retenus.
MÉTHODOLOGIE : ENQUÊTE #3
• Entretiens semi-directifs : guide d’entretien
Ces entretiens s’appuient sur trois thèmes :

1/ La construction de la légitimité des youtubeurs et


youtubeuses scientifiques
2/ La proximité ressentie avec ces vidéastes
3/ La réception du « youtubeur en tant que personnage »
MÉTHODOLOGIE : ENQUÊTE #3
• Entretiens semi-directifs : exemple d’entretien
Certains Youtubeurs populaires ne sont pas des scientifiques ; cela te fait-il te
sentir plus proche d’eux ?
Alors en ce moment il y en a un que je regarde beaucoup, qui s’appelle Sur le
champ. C’est un informaticien, au départ, qui parle de stratégie militaire. Il se sert
de batailles connues pour illustrer des concepts de tactiques, de formations
militaires etc. Le fait que c’est pas un scientifique me rend pas forcément plus
proche de lui, non. Moi en général je suis vraiment très attaché aux propos. A
partir du moment où le propos est vraiment structuré, ça peut être un scientifique
ou pas, ça ne me dérangera pas. Pour le coup la communication est très importante,
par exemple un scientifique qui va être très gentil, très humble, qui va répondre
aux questions, pour moi ça sera quelqu’un d’accessible. Au contraire, un mec que
j’ai vu là, Linguisticae, il parle de langues, c’est pas un scientifique mais il a une
gueule tellement hautaine quand il parle que j’ai pas envie de regarder. Alors que
c’est très intéressant ! Mais je trouve qu’avec son attitude il met une distance.
(suite en diapo suivante)
MÉTHODOLOGIE : ENQUÊTE #3
• Entretiens semi-directifs : exemple d’entretien
Certains Youtubeurs populaires ne sont pas des scientifiques ; cela te fait-il te
sentir plus proche d’eux ?
(suite) Par contre tu vois, pour reprendre l’exemple de Sur le champ, je me suis
beaucoup intéressé à ce qu’il disait et j’ai voulu creuser le sujet. Donc comme tout
le monde je suis d’abord allé sur Wikipedia et j’ai vu qu’en fait il prenait tout de
Wikipedia. Donc j’ai été vachement déçu parce que bah c’est limite du copier-coller,
quoi. Ca c’est vraiment une question de créativité, quelque part. Ca m’a pas fait
complètement lâcher mais j’ai été déçu. Mais ce qui a redoré son blason c’est qu’il
est allé dans un musée dédié à de grandes batailles, il a fait la démarche d’aller à
Versailles dans un musée qui regroupe des cartes-plan, c’est des cartes en 3D faites
en liège et qui ont pour but de modéliser des murailles etc. Le fait qu’il ait fait cette
démarche m’a rendu beaucoup plus intéressé. Donc moi si tu veux c’est pas du tout
l’idée de proximité qui m’intéresse. Je sais que c’est très à la mode, rendre
transparent, proche etc, mais moi son statut social ne change rien. Moi ce qui
m’intéresse c’est son propos, et savoir être accessible, pédagogue, etc.
RÉCAPITULATIF (HYPOTHÈSES +
MÉTHODOLOGIE) La réception est
Les Youtubeurs dépendante de
Le Youtubeur
sci. créent des facteurs autres
scientifique est
liens avec leurs que la qualité
un personnage
Le Ytbeur utilise la publics des informations
mise en scène pour Les spectateurs en Latransmises
mise en scène a
construire son quête d’une une influence sur la
identité relation de réception des
[ Analyse de proximité connaissances
contenu + [ Entretien [ Entretien
Le entretien
Ytbeur veut followers ] La légitimité
followers ]
youtubeurs ]
garder une image Les Ytbeurs ont un accordée au Ytbeur
d’amateur objectif de est dépendante du
fidélisation de leurs statut social du
[ Analyse de publics Ytbeur
contenu + (scientifique ou
Entretien [ Entretiens
followers + non)
youtubeurs ]
youtubeurs ] [ Entretien
followers ]
LES RÉFLEXIONS DU JOUR
• Pour profiter un maximum : trouver un sujet dans lequel on va
s’épanouir et qu’on va prendre du plaisir à creuser (et flex un
maximum).
• Ne jamais forcer sur votre envie.
• La thèse est un sport de combat (s’approprier sa thèse pour passer les
moments difficiles).
• Gare au syndrome de l’imposteur : vous n’êtes pas plus bête qu’un-e
autre, et tout retard pris peut être rattrapé 
CONCLUSION
• Si vous avez encore des questions, j’y réponds avec
plaisir, dans le cas contraire merci de m’avoir
écouté !

Vous aimerez peut-être aussi