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Emmanuel Breen

Septembre 2022

Droit du commerce
international
(2)
Licence 3 LEA
Thèmes d’approfondissement :

Contrats commerciaux internationaux


Arbitrage international
Droit du commerce international (2)
Emmanuel Breen
Avocat au barreau de Paris, maître de conférences à Sorbonne Université

emmanuel.breen@sorbonne-universite.fr
Plan du cours

Thème 1 : Les contrats commerciaux internationaux (contrats spéciaux)

Thème 2 : L’arbitrage international


Bibliographie
J.M. Jacquet, Ph. Delebecque, L. Usunier, Droit du commerce
international, Dalloz, coll. Précis, 4ème éd. , 2021 (1167 p.)

L’achat de ce livre est conseillé pour les étudiants qui souhaitent


approfondir. Il n’est pas obligatoire pour tous.

Acheter uniquement la 4ème édition (2021)


Première partie
Les contrats commerciaux
internationaux (contrats spéciaux)
Les principaux contrats en matière de
commerce international
1. Vente internationale de marchandise
2. Transport international de marchandise
3. Contrats de distribution / franchise / agent commercial
4. Contrats de co-entreprise (joint venture)
5. Contrats de financement international
6. Contrats de travail à l’étranger

Ces contrats ne seront pas étudiés dans un droit (lex contractus) particulier, mais
seulement au regard des règles internationales existantes (hard law ou soft law).
1. Contrat de vente internationale de
marchandises
Il s’agit du domaine du commerce international où la construction d’un
droit international uniforme est la plus avancée, grâce à la Convention
de Vienne de 1980 sur la Vente internationale de marchandises (CVIM).

Voir le site officiel de la CNUDCI :


https://uncitral.un.org/fr/texts/salegoods/conventions/sale_of_goods/cisg

Dans le cadre de ce cours, et pour l’examen, il est attendu que vous


soyez capables de bien vous repérer dans cette convention
internationale et d’en comprendre les articles essentiels.
La CVIM et les Incoterms sont entièrement
indépendants l’un de l’autre. Un contrat peut être
soumis à la CVIM et aux Incoterms, ou à l’un des deux
seulement, ou à aucun des deux, au choix des parties

Sur les Incoterms, voir les deux


documents postés sur Blackboard
Idées importantes à retenir à propos des
Incoterms
• Les incoterms traitent des rôles et responsabilités du vendeur et de l’acheteur (1°
répartition du coût du transport, 2°répartition des risques, 3° répartition des
formalités et coûts d’import-export, y compris les droits de douane)
• Les incoterms ne remplacent pas le contrat de vente. Ce sont des clauses-type qui
s’insèrent dans un contrat de vente.
• Les incoterms ne concernent pas le transfert de propriété. Les incoterms concernent
par contre le transfert des risques (« point de livraison »)
• La clause d’incoterms dans le contrat doit impérativement suivre le modèle indiqué
dans le document de la CCI : « “[the chosen Incoterms® rule] [named port, place or point] Incoterms® 2020”. «  Il
est très important de ne pas oublier d’écrire dans cette clause du contrat quel est le
lieu où s’applique l’incoterm choisi.
• Il y a des incoterms spécifiques au transport maritime qu’il ne faut pas utiliser pour
un transport multimodal
Plan de la section
A. Champ d’application de la CVIM
B. Formation du contrat de VIM
C. Exécution du contrat de VIM
A. Champ d’application de la CVIM
Voir les articles 1 à 6 de la CVIM

• Notion d’ « établissement » : pour savoir si la CVIM s’applique, il faut savoir quels sont
les établissements concernés par le contrat. C’est le pays où sont situés les
établissements qui détermine l’application de la CVIM (et non pas le pays où est situé
le siège social). (Voir article 10 CVIM)
• Notion de « droit international privé » : le droit international privé est le droit qui
permet de rattacher un contrat à un droit national (lex contractus). Si un contrat est
soumis au droit d’un pays qui a adhéré à la CVIM, alors ce contrat est soumis à la CVIM
(art. 1 b/)

• Principe / Exclusions
Rappel : l’objet des règles du droit du
commerce international
Règles de conflits de
Lex societatis Lex contractus Règles d’ordre public
lois et de juridictions
• Création et • Validité des • Règles de • Règles d’ 
disparition des contrats et de leurs comportement « aiguillage » entre
sociétés clauses obligatoires sur un droits nationaux
commerciales • Force obligatoire territoire national • « droit international
• Organisation du des contrats • Sanctions civiles et privé »
pouvoir au sein des • Interprétation des pénales • Règles nationales
sociétés contrats de conflit de lois
• Règles de choix de
juridiction
• Règles
internationales ou
régionales

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Article 1 CVIM – Exercice d’application
• Hypothèse : Une société irlandaise ayant un établissement à Hong Kong achète du matériel
informatique fabriqué en Chine par une entreprise des Etats-Unis. Le matériel informatique doit
être livré à Hong Kong pour faire fonctionner les bureaux de la société irlandaise dans ce pays.
Le contrat est soumis au droit des Etats-Unis. Est-ce que ce contrat est soumis à la CVIM ?
• A noter : pour l’application de la CVIM, Hong Kong n’est pas aujourd’hui considérée comme
faisant partie de la Chine. La Chine est donc soumise à la CVIM, mais pas Hong Kong.
• Réponse : Il s’agit d’un contrat de VIM (matériel information) concernant deux établissements
dans des Etats différents (Chine et Hong Kong). Le 1 a/ de la CVIM n’est pas rempli (car les Etats
concernés ne sont pas tous les deux soumis à la CVIM). Mais le 1 b/ de la CVIM est rempli, car
le contrat est soumis au droit des Etats-Unis (un pays qui a adhéré à la CVIM). Donc le contrat
est bien soumis à la CVIM.
• Erreur à ne pas commettre : il fallait prendre en compte les Etats des établissements concernés
(Chine et Hong Kong) et non pas les Etats des sièges sociaux (Irlande et Etats-Unis).
Champ d’application de la CVIM : principe
et exclusions
Principe Exclusions
• Art 2 : certains types de ventes très
• Art. 1 : spécifiques
• VIM
• Art. 4 : la CVIM ne concerne ni la validité
• Etablissements concernés dans du contrat ni le transfert de propriété
des Etats différents
• Art. 5 : la CVIM ne concerne pas la
• Condition alternative : responsabilité du fait des produits
• Soit les deux Etats où se trouvent les défecteux (décès ou lésions corporelles)
établissements concernés ont
adhéré à la CVIM • Art. 6 : les parties ont toujours le droit
• Soit le contrat est soumis au droit d’exclure l’application de la CVIM par une
d’un Etat qui a adhéré à la CVIM clause contractuelle expresse
B. Formation du contrat de VIM
Règles posées par la CVIM :
• Principe du consensualisme : le contrat n’a pas obligatoirement à être écrit (art. 11
CVIM)
• Règles sur l’offre et l’acceptation. Solution du droit anglais retenue par la CVIM :
l’offre, pour être valable, doit nécessairement être faite à une ou plusieurs personnes
déterminées. (art. 14 et suivants CVIM)

A noter : la CVIM ne résout pas le problème des conditions générales de vente


incompatibles (vendeur/acheteur). La tendance des juges et des arbitres consister à
tenter dans ce cas de « sauver » le contrat, en excluant simplement les termes
incompatibles. Les « vides » ainsi créés dans le contrat sont alors remplis par la lex
contractus (droit du contrat).
Exemple
La société A offre par courriel à la société B d’acheter 10 camions
« Modèle U7 » au prix de 150 KEUR HT, offre valable 3 mois. Les CGV de
la société A indiquent qu’en cas de retard de paiement un taux d’intérêt
de 10% annuel est appliqué.
La société B répond un mois plus tard par courriel qu’elle accepte
l’offre. Les CGV de la société B prévoient un taux d’intérêt en cas de
retard de paiement de 3% annuel seulement.
Les conditions d’application de la CVIM sont remplies.
Le contrat est-il formé ? Quels articles de la CVIM doivent être pris en
compte pour répondre à cette question ?
C. Exécution du contrat de VIM
Livrer les marchandises
dans le délai convenu

Obligation de conformité Art. 39 CVIM : 2 ans max


à compter de la livraison
(quantités, défauts
Obligations du vendeur
apparents et cachés, et
garantie d’éviction)
pour invoquer un défaut
(La vente réalise le
transfert de propriété,
souvent sans action
de conformité
particulière du vendeur)

Payer le prix convenu,


CVIM dans le délai convenu
3ème partie
Obligations de l’acheteur

Obligation de prendre
livraison

Obligation de
conservation de la
marchandise

Obligations communes

Sanctions en cas
d'inexécution
2. Contrat de transport international de
marchandise
• Un contrat accessoire (« ancillaire ») au contrat de vente
Rappels : Méthodes de transport international des
marchandises

Route Rail Air Maritime

19
Rappel : Transport par route
Droit applicable Transport Parties’ obligations

• Geneva « CMR » • Voitures et • Transporteur


Convention, 1956 camions
• Dans au moins • Expéditeur
deux pays
• Biens
accompagnés de
« CMR waybill »
(or « CMR
consignment »,
synonyme : lettre
de transport)

20
Convention • Convention de Berne (COTIF 1999),
international entrée en vigueur 2010
e

• Dans au moins deux pays


• Biens accompagnés d’une “letter of
Transport carriage” (or “waybill”, or
“consignment note” = synonymous)

Rappel : Transport par rail


21
Conventions • Warsaw Convention, 1929
internationales • Montreal Convention, 1999

• Dans au moins deux pays


• Goods accompanied by an « air
Transport waybill » (AWB) or « air consignment
note » (synonymous)

Rappel : Transport aérien


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• Convention de Bruxelles 1924 (connu sous le nom
de “Règles de la Haye” (“Hague Rules”) puis après
1968 de “Règles de la Haye-Visby” ( “Hague-Visby
Conventions Rules”))
• Convention de Hambourg, 1978 (“Règles de
internationales Hambourg”) – Pas encore en vigueur
• Convention de Rotterdam, 2008 (“Règles de
Rotterdam” - Pas encore en vigueur)

• Par mer
Transport • Biens accompagnés d’un « bill of
lading » (connaissement)

Rappel : Transport maritime


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Approfondissement : les règles internationales
applicables au transport maritime international
• Règles internationales impératives (et non supplétives comme c’était
le cas pour la CVIM)
• Contrat de transport maritime = « connaissement » (bill of lading)
- = le contrat lui-même
- Sur le même document : preuve du chargement et du déchargement de la
marchandise
- Le connaissement représente symboliquement la marchandise - > la
présentation du connaissement à la banque permet de débloquer le crédit
documentaire
Deuxième partie
L’arbitrage commercial
international

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