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esthétique de la réception
(École de Constance)
Préambule
Horizon d’attente
Quel lecteur parle-t-on?
Ce que donne le texte
Préambule
• Centrée autour de Hans Robert Jauss théoricien de la réception, elle
appréhende le rapport œuvre/public.
• Une œuvre n’est pas un texte, c’est un texte plus sa réception. Et cela,
l’écrivain le sait déjà.
• . Le sens de l’œuvre n’est pas intemporel, il se construit dans
l’histoire, dans la postérité.
• Le sens de l’œuvre est le fruit d’un dialogue, il n’y a pas de sens
déposé une fois pour toute dans l’œuvre.
• L’effet produit par le texte est ce qui s’y trouve, la réaction du public
est la réception
L’horizon d’attente
• Cette dimension de la réception est souvent oubliée. Elle prend en
compte l’idée de l’horizon d’attente.
• On ne peut comprendre le texte (et surtout son originalité) que si l’on
détermine l’horizon d’attente qui lui est associé.
• Cet horizon d’attente, on le détermine par la soustraction de l’œuvre
au temps auquel elle appartient, ce qui permet de savoir à quels
genres d’œuvre on peut s’attendre.
• L’œuvre qui parait est tributaire du contexte où elle est créée,
l’écrivain prenant le profil de son époque qu’il le veuille ou non.
• Il y a un horizon d’attente littéraire, produit par les œuvres qui
paraissent et qui créent un contexte littéraire, mais aussi un horizon
d’attente social, déterminé par le code esthétique des lecteurs.
• La lecture est une confrontation de ce que propose le texte avec le
mode de compréhension que le lecteur a du monde. Ou bien le
lecteur s’identifie de plain-pied, ou bien il conserve une distance
critique s’il distingue d’emblée l’écart entre l’œuvre produite et
l’horizon d’attente.
Ce système résulte de trois facteurs :
• 1. « l'expérience préalable que le public a du genre dont [l'œuvre]
relève ». Par exemple, les lecteurs de Don Quichotte ou Jaques Le
Fataliste avaient dans leur horizon d'attente les romans de chevalerie.
• 2. « la forme et la thématique d'œuvres antérieures dont [l'œuvre]
présuppose la connaissance »
• 3. « l’opposition entre langage poétique et langage pratique, monde
imaginaire et réalité quotidienne».
L'œuvre est « reçue et jugée par rapport à l'arrière-plan de l'expérience de
la vie quotidienne du lecteur ».
D’où la fonction sociale de la littérature : lorsque l’œuvre change notre
vision du monde, il s’établit un rapport (une remise en question) entre
littérature et société.
Pour Hans Robert Jauss
• il est nécessaire pour bien comprendre l’œuvre de retrouver à quelle
question de l’époque l’œuvre répond. Si on retrouve cette question, on
peut déterminer comment l’œuvre a été lue.
• Par exemple, la poésie moderne dans sa complexité a préparé et fait
redécouvrir la littérature baroque, quand les œuvres simples sont souvent
jugées faibles. La poésie moderne à eu pour conséquence un changement
de la vision de l’œuvre littéraire qui pour être bonne doit être difficile
d’accès.
• Mais les grands auteurs sont aussi originaux, et l’on peut donc observer un
écart entre l’horizon d’attente et l’œuvre effectivement publiée. L’œuvre
originale, c’est celle à laquelle personne ne s’attendait.
De quel lecteur parle-t-on ?
• Longtemps, le lecteur fut oublié des théories littéraires car d’autres
priorités l’emportaient.
• Tout d’abord l’étude de l’auteur avec Sainte-Beuve et Lançon puis
l’étude de l’œuvre avec Barthes ou encore Genette. Pourtant, dès
1948, Sartre met le doigt sur le problème de la réception en y
consacrant la troisième partie de Qu’est-ce que la littérature ? en 1948
(I Qu’est-ce qu’écrire ? II Pourquoi écrire ? III Pour qui écrit-on ?)
C’est surtout dans les années 1970 que s’éveille l’intérêt pour la
réception.
• C’est grâce à l’essor de la pragmatique (étude des rapports des signes avec
leurs utilisateurs) que l’on peut commencer à comprendre les enjeux liés à
la lecture et dès lors la critique se partage en quatre écoles :
• L’école de Constance (qui elle-même se subdivise en deux branches bien
distinctes, l’esthétique de la réception de Jauss (replacer le lecteur dans son
contexte historique et social) et la théorie du lecteur implicite de Iser (le
lecteur est le présupposé du texte)
• l’approche sémiotique d’Umberto Eco (études des signes que doit
actualiser le Lecteur Modèle pour avoir accès à une compréhension
optimum)
• l’analyse sémiologique de Ph. Hamon et M.Otten (analyses de
détails),
• la théorie du lecteur réel de Michel Picard.
Ce que donne le texte
• Afin de permettre sa réception, le texte nous oriente sur des pistes de
lecture. C’est d’abord le « pacte de lecture » qui crée l’horizon d’attente
« Le pacte de lecture se noue à deux emplacement privilégiés : l’incipit,
et ce que Genette appelle le « péritexte » » Jouve.
• L’auteur peut jouer avec le pacte de lecture.
• Le péritexte est constitué des différentes mises en garde et conseils de
lectures que l’auteur adresse à son lecteur. (exemple, Rabelais, Laclos…)
Il indique ce qu’il faut faire pour « bien » lire le texte (et c’est là qu’est
la différence entre le lecteur présupposé qui suivra à la lettre ces
indications et le lecteur réel qui s’en écarte selon sa propre fantaisie).
• L’incipit met en place l’univers du texte,
• A cela ajoutons la connaissance qu’on a du genre du texte, de l’auteur,
des conditions historiques et sociales d’écriture et on aura cerné
l’horizon d’attente.
• L’écriture programme aussi sa réception par le développement de
réseaux isotopiques qui permettent l’émergence de sens globaux de
l’œuvre (notamment jeu des oppositions, exemple Germinal isotopies
de l’aube et de la nuit pour l’oppression et la révolte, le renouveau) et
les points d’ancrage sur lesquels le lecteur construit sa réception.
• Mais, le texte ne nous donne pas toutes les clefs de l’interprétation,
c’est au lecteur qu’il appartient de reconstituer le sens lorsque celui-ci
n’est pas immédiatement perceptible.
Le rôle du lecteur
• Jauss qui préconise d’analyser l’œuvre à partir de l’horizon d’attente du premier
public auquel elle est après tout destinée.
• De plus, Jouve montre que la lecture « naïve » qui est de loin la plus répandue,
est la seule qui peut tout à fait jouer le jeu du « lecteur modèle » qui doit se
laisser guider par le texte et chercher sincèrement à anticiper une suite qu’il ne
connaît pas.
• Néanmoins Michel Picard ne néglige pas l’intérêt de la relecture puisque « La
succession n’est pas l’unique dimension du récit : le texte n’est pas seulement
une « surface » mais aussi un « volume » dont certaines connexion ne sont
perceptibles qu’à la seconde lecture » La relecture permet de savourer les signes
annonciateurs de la suite qui échappent au lecteur naïf et de dégager les
différentes signification du texte
Le lecteur et le texte
• Nous avons vu que le lecteur doit reconstituer le sens laissé parfois
volontairement opaque par le texte.
• Mais même le texte le plus explicatif ne peut se passer du lecteur pour
reconstituer le sens car tout texte est nécessairement incomplet, il ne peut
reproduire totalement le monde réel, il ne peut décrire un monde tout à fait
différent. (exemples ; romans historiques, romans de science-fiction)
• Jouve dégage quatre domaines dans lesquels le lecteur est amener à
compléter le texte : le vraisemblable, la suite des actions, la logique
symbolique, la signification générale de l’œuvre (qui pose le plus de
problèmes). Pour cela, le lecteur se livre en permanence à deux activités
simultanées : l’anticipation et la simplification afin de saisir le sens, ce qui fait
appel à deux fonctions de la lecture selon la terminologie de Iser,
la protention et la rétention.
• D’autre part la “connivence culturelle” est le fait de faire appel à la
connaissance que le lecteur doit avoir de certains faits auquel le texte fait
allusion. Notamment il y’a une perpétuelle interaction entre ce que nous
lisons et ce que nous avons lu (Heather).
• Mais pour comprendre le sens d’un texte, cela ne suffit plus, le lecteur
doit disposer d’une compétence afin de réaliser une performance (selon
les mots d’Eco). Cette compétence, Eco déclare qu’elle doit idéalement
comprendre : la connaissance du dictionnaire, des règles de co-référence
(déictiques) , de l’hypercodage rhétorique et stylistique qui signale les
genres (exemples caractéristiques ; conte, tragédie, poème), des
scénarios communs et intertextuels et une capacité à repérer les
sélections contextuelles et circonstancielles (polysémie et connotation
d’un mot suivant le contexte ou la circonstance). On peut ajouter que le
lecteur doit également être capable de combiner plusieurs perspective,
celle du narrateur, celle du personnage, la nôtre.
• Pour jouer le jeu du lecteur modèle, le lecteur doit également
occulter une partie de la conscience qu’il a du monde extérieur. Freud
dit d’ailleurs que la lecture est un « rêve éveillé ».
• « La lecture permet de s’assimiler la conscience de l’autre » déclarait
Georges Poulet. N’est-ce pas plutôt une perte de la nôtre ?
• Jauss parle de jouissance esthétique en ces termes : « dans l’attitude
de jouissance esthétique, le sujet est libéré par l’imaginaire de tout ce
qui fait la réalité contraignante de sa vie quotidienne » Il s’agit selon
Sartre d’un double processus de néantisation et de création.