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Peut-on être libre sans le libre arbitre, c’est-

à-dire sans Dieu?


a) Liberté chrétienne
Tradition chrétienne: l’homme est libre en tant
que créature divine faite à l’image et
ressemblance de Dieu.
Âme : éternelle et immortelle.
Le libre arbitre : capacité d’agir spontanément et
de manière réfléchie en échappant au
déterminisme du corps.
b) Liberté démocratique 
Sociétés démocratiques : liberté et égalité:

« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits.»


(Article premier de la déclaration des droits de l'homme et du
citoyen).

Les sociétés démocratiques, au nom de la liberté, sont laïques.

Cependant, la notion de liberté démocratique présuppose de


manière non questionnée, le libre arbitre forgé par la pensée
chrétienne...
c) La notion problématique de la liberté
comme libre arbitre
Peut-on sauver, voire penser, le libre arbitre, malgré
l'exclusion de toute réalité extracorporelle, spirituelle?
Est-ce que le libre arbitre est le seul moyen de l’âme
pour échapper aux fautes du corps ou est-ce que la
négation du libre arbitre est le seul moyen pour le
corps pour se libérer de la tyrannie de l’âme et
récupérer son innocence ?
Au fond du problème posé par le libre arbitre semble
se trouver le sens même du corps : pécheur ou
innocent?
I. Qu’est-ce que le libre arbitre en tant
qu’âme, en tant qu’esprit?
A) Origines grecques du libre arbitre
a) Le corps est-il une prison, voire un
tombeau pour l’âme?
Pour Platon être libre c’est pouvoir dire non au corps, c’est se libérer des
chaînes et de la tyrannie du corps.

Corps tombeau 
« Tu sais, écrit-il, en réalité, nous sommes morts. Je l’ai déjà entendu dire par
des hommes qui s’y connaissent : ils soutiennent qu’à présent nous sommes
morts, que notre corps (sôma) est un tombeau (sêma) » (Gorgias).

Le corps en tant que maladie 


« À ce moment, il se découvrit le visage, qu’il s’était en effet couvert, et
prononça ces mots, les derniers effectivement qui soient sorties de ses lèvres
: « Criton, dit-il, à Asclépios nous sommes redevables d’un coq ! Vous autres,
acquittez ma dette ! n’y manque pas ! » Platon, Phédon, 118a.
b) Acte libre
Acte volontaire (choix: délibération rationnelle):
Spontanément (volonté: elle est sa propre
cause) : De soi-même, sans être provoqué par un
agent extérieur; sans cause apparente.
Agissant en connaissance de cause
(raison/logos/intentionnalité/but conscient) : en
sachant ce qu’on fait. Aristote, Éthique à
Nicomaque, IV siècle.
B) Origine chrétien du libre arbitre
Augustin d'Hippone (354-430)
Pour Augustin l’homme est la seule créature
libre!
Paradoxe du libre arbitre
« Dieu a conféré à sa créature, avec le libre
arbitre, la capacité de mal agir, et par-là même,
la responsabilité du péché », Augustin, Du libre
arbitre, Livre II, Chapitre 1, 388-391.
C) Origine moderne: l’homme est-il une
chose pensante?
Libre arbitre : choix raisonné: éclairé par la
raison.
Liberté d’indifférence: le plus bas degré de la liberté

Liberté éclairée par la raison: le plus haut degré de la liberté

« Il n'y a que la seule volonté, que j'expérimente en moi être si grande […] que
c'est elle principalement qui me fait connaître que je porte l'image et la
ressemblance de Dieu. […]
De façon que cette indifférence que je sens, lorsque je ne suis point emporté
vers un côté plutôt que vers un autre par le poids d'aucune raison, est le plus
bas degré de la liberté, et fait plutôt paraître un défaut dans la connaissance
qu'une perfection dans la volonté ; car si je connaissais toujours clairement ce
qui est vrai et ce qui est bon, je ne serais jamais en peine de délibérer quel
jugement et quel choix je devrais faire; et ainsi je serais entièrement libre, sans
jamais être indifférent ». René Descartes (1596-1650), Méditation quatrième.
II) L'illusion du libre arbitre: peut-on défier
les lois de la nature?
a) Baruch Spinoza (1632-1677) : l’homme est-il
plus libre qu’une pierre?
Illusion du libre arbitre = ignorance des causes
qui nous déterminent!

« Telle est cette liberté humaine que tous se


vantent de posséder et qui consiste en cela seul
que les hommes ont conscience de leurs appétits
et ignorent les causes qui les déterminent. […]
Un ivrogne croit dire par un libre décret de son
âme ce qu’ensuite, revenu à la sobriété, il aurait
voulu taire. » Baruch SPINOZA, lettre à Schuller,
Lettre LVIII, in Œuvres, 1674.
b) Friedrich Nietzsche (1844-1900)
C’est le corps qui pense: le sujet (« pouvoir » de la
conscience) est une pure fiction!

«Une pensée se présente quand « elle »


veut, et non pas quand « je » veux ; de
sorte que c’est falsifier la réalité que de
dire : le sujet « je » est la condition du
prédicat « pense ».» Nietzsche, Par-delà
bien et mal, § 17, 1886.
La liberté comme illusion de la conscience!

« Les hommes ont été considérés comme « libres


», pour pouvoir être jugés et punis, — pour
pouvoir être coupables : par conséquent toute
action devait être regardée comme voulue,
l’origine de toute action comme se trouvant dans
la conscience […]
Le christianisme est une métaphysique du
bourreau..." F. Nietzsche, Crépuscule de Idoles,
1889.
Ainsi parlait Zarathoustra
Des Contempteurs du Corps
« Âme n’est qu’un mot pour désigner quelque
chose dans le corps.[…] 
Tu dis « je » et ce mot t’enorgueillis
Mais plus grande chose est celle à quoi tu
refuses de croire, -- ton corps et ta grande
raison, qui n’est je en paroles mais je en
action. »
Conclusion
Sociétés démocratique:
Libre arbitre
Narcissisme
Oubli de l’âme
Dieu est mort
Un corps sans dieu abandonné à lui-même:
nihilisme du dernier homme ou déréliction?

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