Master 1
I. LE CADRE THEORIQUE
•Les économistes classiques ont été les premiers à étudier les échanges internationaux, entre la
fin du 18è siècle et le début du 19 è siècle. Le but des théories classiques est de montrer que le
9
Adam SMITH est le premier à affirmer que le commerce international est un jeu à
somme positive c’est-à-dire qu’il enrichit les 2 pays qui échangent:
• s’ils se spécialisent dans le bien dans lequel ils ont un avantage absolu.
• ils cessent de produire tous les autres biens qu’ils produisaient pour ne produire
que celui dans lequel ils ont un avantage absolu.
• Les marchandises dont les coûts de production sont trop élevés pour le pays
doivent être importées.
Commerce International: Cadre théorique
2) Les hypothèses du modèle
• La valeur d’un bien est la quantité de travail incorporée dans ce bien;
• La richesse d’un pays est la quantité de biens qu’un pays peut offrir à sa
population;
Les hypothèses de son modèle sont les suivantes :
Il y a 2 pays qui produisent chacun 2 biens différents avec un unique facteur de
production à savoir le facteur travail.
Selon SMITH, un pays A possède un avantage absolu sur un pays B lorsqu’il peut
produire le même bien que le pays B mais avec moins de travailleurs que lui :
• Il a donc besoin de moins de travailleurs pour produire la même quantité du bien.
• Tous les pays doivent alors se spécialiser dans le bien dans lequel ils ont un
avantage absolu pour s’enrichir dans le cadre du commerce international.
Commerce International: Cadre théorique
3) Un exemple
Supposons, conformément aux hypothèses de SMITH, que le Portugal et l’Angleterre (2 pays) produisent
chacun à la fois du drap et du vin (2 biens).
Supposons qu’il faille 100 travailleurs au Portugal pour produire une unité de drap et qu’il lui en faille 40
pour produire une unité de vin.
Supposons également qu’il faille 30 travailleurs à l’Angleterre pour produire une unité de drap et qu’il lui
en faille 60 pour produire une unité de vin.
Le tableau suivant donne alors le nombre de travailleurs nécessaire à chaque pays pour produire une unité de
chaque bien.
Portugal Angleterre
Drap 100 30
Vin 40 60
Commerce International: Cadre théorique
• On observe donc que le Portugal a un avantage absolu dans la production de vin car il faut moins de
travailleur au Portugal qu’à l’Angleterre pour produire une unité de vin.
• On observe également que l’Angleterre a un avantage absolu dans la production de drap car il lui faut moins
de travailleurs qu’au Portugal pour produire une unité de drap.
• Si aucun pays ne s’ouvre au commerce international, alors il y a aura 2 unités de drap et 2 unités de vin
dans le monde.
Cependant, si chaque pays se spécialise en fonction de ses avantages absolus, le Portugal ne produira que du
vin avec 40 travailleurs au lieu de 140 et l’Angleterre ne produira que du drap avec 90 travailleurs au lieu de 30
initialement.
• Or, il faut 40 travailleurs au Portugal pour produire une unité de vin donc avec 140 travailleurs, il en produit
3.5 et, puisqu’il faut 30 travailleurs à l’Angleterre pour produire une unité de drap alors elle en produit 3
avec 90 travailleurs.
• Dès lors, il y aura dans le monde 3.5 unités de vin au lieu de 2 en autarcie et 3 unités de drap dans le
monde au lieu de 2 en autarcie si les pays s’ouvrent au commerce international.
Commerce International: Cadre théorique
4) Bilan
La spécialisation en fonction de ces avantages absolus, induites par le commerce
international, permet donc l’enrichissement du pays.
Par hypothèse:
• la richesse est la quantité de bien que le pays peut proposer à sa population
• le commerce international permet aux 2 pays d’augmenter la quantité de biens à
leur disposition : le commerce international est donc un jeu à somme positive.
« Si un pays étranger peut nous fournir une marchandise à meilleur marché que
nous ne sommes en état de l’établir nous-mêmes, il vaut bien mieux que nous la
lui achetions avec quelques parties du produit de notre propre industrie
employée dans le genre dans lequel nous avons quelques avantages ». (Adam
SMITH)
Commerce International: Cadre théorique
L’ouverture commerciale et la spécialisation qui en découle sont une source
d’enrichissement pour chaque nation.
EXEMPLE : La France est spécialisée dans la production de vin alors que l’Inde
est spécialisée dans les services informatiques.
Commerce International: Cadre théorique
Néanmoins, une limite du modèle de SMITH est la suivante : une nation ne disposant pas
d’avantage absolu ne peut pas participer au commerce international.
Dans la théorie des avantages absolus de Smith, un pays n’ayant d’avantage absolu pour aucun
bien ne parvient pas à commercer avec l’extérieur et, un pays ayant un avantage absolu dans la
production de tous les biens n’a pas intérêt à échanger
Que se passe-t-il si un pays ne possède aucun avantage absolu alors que l’autre en possède 2 ?
Lorsqu’un pays a un double avantage absolu, il doit se spécialiser dans la production du bien
dans laquelle il est le plus efficace.
• C’est John Stuart Mill, dans ses Principes d’économie politique (1848) qui complétera le modèle
en introduisant la demande pour chacun des biens dans les deux pays, ce qui détermine le prix
(relatif) d’équilibre au niveau international, selon le principe de l’offre et de la demande.
Commerce International: Cadre théorique
6) Le modèle HOS :Hecksher, Ohlin et Samuelson
• Eli Hecksher (1879-1952) et Bertil Ohlin (1899-1979), deux économistes suédois, ont
développé un modèle HO sur le commerce international en 1933.
• Paul Samuelson (1915-2009), économiste américain, « prix Nobel d’économie » en 1970,
a contribué à l’amélioration de ce modèle en 1941. Ce modèle est connu sous le nom de
modèle HOS, Hecksher-Ohlin- Samuelson.
• La théorie d’Heckscher-Ohlin prend sa source dans les analyses des Classiques,
notamment celle de l’avantage comparatif de David Ricardo. Ce dernier montre que les
pays ont intérêt à ouvrir leurs frontières et à spécialiser leur production.
• Basé sur l’avantage comparatif de Ricardo, le modèle d’Heckscher-Ohlin vise à expliquer
la présence d’échanges internationaux par les différences de dotations en facteurs de
production de chaque pays.
• A travers ce modèle, les auteurs entendent prouver la supériorité du libre-échange et les
bénéfices de la spécialisation.
Commerce International: Cadre théorique
Le modèle Heckscher-Ohlin-Samuelson (HOS) est le modèle néoclassique de
base pour l’échange international
Définition:
HOS: Théorie du commerce international qui explique le
commerce international par les différences de dotations en
facteurs de production (travail, capital..) des pays qui y participent.
• Un pays se spécialise dans la production du bien qui utilise le facteur en
abondance sur le territoire.
• En effet, s’il est abondant, le coût de ce facteur de production sera plus faible
et les entreprises ont tout intérêt à préférer des productions qui l’utilisent.
• À l’inverse, les pays ont intérêt à importer les marchandises qui demandent le
facteur de production le plus rare sur le territoire.
Commerce International: Cadre théorique
Illustration du modèle HOS:
Ex.1:L’illustration la plus courante du modèle HOS compare la situation de
l’Australie et celle de l’Angleterre en fonction de l’abondance des terres et de
la main d’oeuvre.
• L’ Australie est un pays qui dispose en abondance de terres. En revanche, la
main-d’œuvre est plus rare. Ce pays doit se spécialiser dans une activité qui
peut utiliser ces terres et qui demande moins de main-d’oeuvre, comme
l’élevage ou l’agriculture.
• L’Angleterre est un pays dans lequel la main-d’œuvre est abondante alors
que l’espace cultivable est plus rare. Ce pays doit se spécialiser dans
l’industrie qui utilise beaucoup de travail mais peu de terres.
Commerce International: Cadre théorique
EX.2:
• Allemagne et Bangladesh), deux biens (des voitures et des t-shirts) et
deux facteurs de production (le capital et le travail). Il s’agit d’une
situation simplifiée qui aide à la compréhension, mais il est possible
d’avoir un nombre quelconque de biens et de facteurs.
• Les voitures requièrent une forte intensité de capital, les t-shirts une
forte intensité de main-d’œuvre.
• Les deux pays sont très différents en ce qui concerne leur facteurs de
production: l’Allemagne a beaucoup de capital, le Bangladesh
beaucoup de main-d’œuvre. En situation d’autarcie (pas d’échange),
aucun des deux pays ne se spécialise.
Commerce International: Cadre théorique
Situation sans spécialisation et sans échange : Autarcie
Commerce International: Cadre théorique
Si les pays commencent à s’échanger des produits, chacun se spécialise
dans le bien pour lequel il a un facteur de production plus grand:
l’Allemagne dans les voitures car elle a plus de capital que de main-d’œuvre,
le Bangladesh dans les t-shirts car il a plus de main-d’œuvre que de capital
• Situation après spécialisation et échange
Commerce International: Cadre théorique
Conclusion: Chacun des deux pays est gagnant. Grâce à l’échange chacun a pu exporter le bien qu’il produisait
mieux et importer l’autre produit. Chaque pays a obtenu plus de marchandises que dans la situation d’autarcie.
Liens avec Ricardo :
• Ce modèle est relativement proche de ce que proposait Ricardo: basé l’avantage comparatif,
• il arrive à la même conclusion de supériorité du libre-échange.
• le modèle justifie l’ouverture commerciale sur l’extérieur, efficacité économique (spécialisation)
La différence avec le modèle de Ricardo :
• Il s’en différencie toutefois par le fait que deux facteurs de production sont considérés alors que Ricardo n’en
voyait qu’un,
• ainsi que par son objectif d’expliquer l’origine de l’avantage comparatif (là où Ricardo ne faisait que le
constater).
• Une autre différence tient à la spécialisation des pays, qui est souvent incomplète: les pays ne cessent pas
totalement la production des biens qu’ils importent, mais ils les produisent en quantité moindre
Commerce International: Cadre théorique
Bilan:
• Heckscher et Ohlin intègrent les facteurs de production à l’analyse.
Ils montrent (expliquent) que ce sont les différences de dotations initiales en facteurs
de production qui sont à l’origine des avantages spécifiques de chaque pays.
Les facteurs de production:
Le modèle HO suppose que les biens sont produits grâce à deux facteurs de
production, par exemple le capital et le travail.
• Certains produits peuvent nécessiter beaucoup de capital (des machines, de la
technologie), par exemple les ordinateurs ou les voitures. Ce sont des produits « à
forte intensité de capital ».
• D’autres biens nécessitent moins d’équipements, mais beaucoup de main-d’œuvre,
par exemple les vêtements. Ces produits sont dits « à forte intensité de main-
d’œuvre ».
Commerce International: Cadre théorique
L’autarcie dans le modèle HOS:
Remarque:
• Le modèle HOS n’a en effet pas pour vocation d’expliquer ni l’accumulation du capital
(c’est le rôle des modèles de croissance) ni la croissance démographique (souvent
considérée comme exogène dans les modèles économiques).
Commerce International: Cadre théorique
• Dans ses Principes, Ricardo poursuivait l’exemple du drap et du vin ainsi :
« Supposons maintenant que l’on découvre en Angleterre, pour faire du vin, un
procédé tellement avantageux qu’il fût plus profitable à ce pays de le faire avec
son propre raisin que de l’importer ; dans ce cas, une partie du capital de
l’Angleterre serait détournée du commerce étranger pour être appliquée au
commerce intérieur. (...)
• Si le nouveau procédé pour faire du vin offrait de très grands avantages, il pourrait
convenir aux deux pays de changer d’industrie : à l’Angleterre de faire tout le vin,
et au Portugal de fabriquer tout le drap pour la consommation de ces deux pays ».
• Dans le cas du modèle de Ricardo, c’est donc l’évolution de la technologie
(supposée différente selon les pays) qui explique l’évolution de la spécialisation
des pays
Commerce International: Cadre théorique
7) Les tests empiriques de la théorie des avantages comparatifs : le
paradoxe de Leontief et ses suites
Pour tester de façon pertinente la loi d’Heckscher-Ohlin, il faudrait disposer
de données sur les dotations factorielles des pays et de données sur les
intensités par branche ou sur les contenus factoriels des échanges.
Faute d’éléments permettant de connaître les dotations et les intensités, la
plupart des études se contentent de formuler des hypothèses qui paraissent
vraisemblables sur les dotations, de procéder à des calculs concernant les
contenus factoriels, puis de confronter les résultats.
Commerce International: Cadre théorique
• Si le modèle de Ricardo s’est révélé difficile à tester empiriquement, en
revanche le modèle HOS a été l’objet de plusieurs travaux sur le contenu en
services de facteurs des exportations et importations de différents pays.
• L’étude de Wassily Leontief menée dans les années 1950 porte sur 200
industries en 1947 aux Etats-Unis. Il s’agit incontestablement de l’économie
la plus industrialisée du monde à cette époque, autrement dit d’un pays
(relativement) abondant en capital : on s’attendait donc à ce que les Etats-
Unis importent des biens (relativement) intensifs en travail et exportent
des biens (relativement) intensifs en capital.
• Or, le travail de Leontief révèle que les industries des produits importés aux
E-U utilisent 30% de + de capital par travailleur que celles des produits
exportés. Ce résultat a alors été appelé « paradoxe de Leontief ».
Commerce International: Cadre théorique
Le paradoxe de Leontief a initié de nombreux travaux empiriques à partir du Modèle
HOS:
• Par exemple, certains montrent que la pertinence empirique du modèle HOS peut se
rétablir en décomposant géographiquement les exportations selon qu’elles
concernent des pays développés ou des pays en développement ou en prenant en
compte l’abondance relative en capital humain, à côté de celles en capital physique
et en travail non qualifié
• D’autres encore montrent que la prise en compte à la fois des différences de
dotations factorielles (modèle HOS) et les différences de productivité selon les pays
(modèle ricardien) permet assez bien d’expliquer la structure des exportations.
• De manière assez générale, les différences de dotations factorielles expliquent
relativement bien les échanges internationaux dans le cas où les dotations
factorielles des pays sont très éloignées (échanges Nord-Sud) et où les différences
techniques interviennent peu (produits banalisés).
Commerce International: Cadre théorique