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S3
M. MELIANI
Introduction générale
• Les langues ont depuis toujours bénéficié d’un
intérêt grandissant quant à leur élaboration.
Leur appréhension s’est développée de la
description (philologique et grammaticale) à
l’explication (linguistique).
• Elles ont été investies dans leurs différentes
composantes, son et discours, et sens et
forme.
• Le sens a été l’aspect le plus délicat à saisir. Il
est véhiculé par les lexies (unités du lexique,
mots, expressions…)
Langue et usages linguistiques
• Comparée à la complexité des pratiques
linguistiques, la langue est une fiction
indispensable comme point de référence.
• En dépit de sa variation, en décrire un système
toit ou référence ou encore type (standard) est
indispensable. Cela ne s’oppose pas aux
variations de registres (oral, écrit,…).
• Le choix de la variation standard et ses
régularités rappelle celui de de la grammaire
traditionnelle axée sur l’écrit.
Objectifs de l’enseignement
• Permettre aux étudiants des connaissances de base
indispensables pour tout linguiste et pour toute
appréhension grammaticale, voire philologique (étude
historique de la langue par analyse diachronique), de la
langue française.
• Découvrir les régularités lexicales du français et leurs
limites (les exceptions marginales et arbitraires).
• Permettre de distinguer les mots des choses, les signes
(signifiant et signifié) des référents.
• Distinguer entre "homonymie", "paronymie", "polysémie",
"synonymie", "antonymie", "autonymie", "hyponymie",
"hypéronymie"…
• Savoir analyser un champ sémantique.
Démarche du cours
• Il sera traité essentiellement des relations lexicales
et de la description sémantique du lexique, tout ce
qui concerne la connaissance des mots.
• Il sera alterné théorie et pratique au travers
d’exercices de mise en pratique des découvertes
théoriques.
• Les exercices seront élaborés sans tenir compte de
leur occurrence littéraire : « après tout, le
grammairien est un usager et on ne voit pas
pourquoi il s’interdirait d’avoir recours à ses propres
énoncés » (Joëlle Gardes Tamine (2010:8), La
Grammaire, Phonologie, Morphologie, Lexicologie,
4ème édition, Armand Colin, Paris).
De l’histoire et du lexique
• Depuis l’Antiquité, de l’intérêt a été porté à l’unité de base du
discours (logique et philologie…).
• Toutefois, le concept « lexicologie » n’est apparu qu’en 1757 dans
l’Encyclopédie : « l’office de la lexicologie est d’expliquer tout ce qui
concerne la connaissance des mots » p843.
• En tant que discipline, il voit le jour avec Georges Matoré en 1953
dans Méthode en lexicologie démontrant l’interdépendance de
l’histoire et la société quant à leur influence sur le lexique : la
lexicologie traite du vocabulaire, de l’usage du lexique, la
contingence (l’éventualité) des pratiques ordinaires.
• F. De Saussure avant cela, en 1916, dans son ouvrage posthume
Cours de linguistique générale, a précisé que "c’est la morphologie
et la syntaxe réunies, qu’on est convenu d’appeler grammaire,
tandis que la lexicologie ou science des mots en est exclue »
(Réédition 1969:185).
Lexicologie, essai de définition
• LEXICOLOGIE, vocable de provenance grecque se compose
de deux items : "lexico-" de "lexicon" (lexique) + "-logie" de
"logos" (étude scientifique) = étude scientifique du mot)
• C’est une branche de la linguistique (phonologie, syntaxe,
morphologie…). Comme la phonologie et la morphologie,
elle touche au mot isolé et non pas à l’enchaînement des
mots dans la phrase. C’est l’étude scientifique de la
signification des unités qui constituent le lexique d’une
langue, des lexèmes, mots et syntagmes ou locutions figées
d’un dictionnaire, à partir de leur considération signes
linguistiques.
• C’est "la science des mots [… étudiant les mots] tels
qu’ils sont enregistrés dans le dictionnaire" (F. de
Saussure, Cours de Linguistique, p185-186).
• Elle étudie la signification des lexèmes et la relation
de leur sens à l’épistémologie et à leur constitution,
et les relations (sémantique (amour/affect),
dérivationnelle (probable/improbable) ou
sociolinguistique (siège/place)) entre les mots.
• L’une des théories lexicologique est celle
componentielle (sémique) structuraliste procédant à
l’analyse quantitative du vocabulaire (lexicométrie
ou statistique lexicale).
• C’est une discipline au confluent de la morphologie,
de la sémantique et de la syntaxe.
• Elle se chevauche avec la morphologie dans le
traitement de la formation des mots (la dérivation)
et avec la sémantique dans l’appréhension du sens.
Mais, son autonomie relative encourage sa
considération strate indépendante.
• Son appréhension est entreprise dans le cadre d’une
grammaire descriptive du mot et de la phrase
(s’opposant à celle du texte) et non pas celle
traditionnelle prescriptive, du bon usage (dire et ne
pas dire).
Lexicologie, diachronique et synchronique
• La lexicologie diachronique étudie le développement du lexique
au fil de son histoire au travers des doublés étymologiques
qu’introduit la double voix savante et de l’usage (mots latins
"oscultare", "liberare" mots populaires "écouter", "livrer" et
mots savants "ausculter" et "libérer" respectivement). Souvent
le mot savant est le plus proche du sens étymologique.
• La lexicologie synchronique étudie le lexique dans une période
temporellement localisée de son évolution.
Cette distinction est motivée par la dichotomie
enracinement/innovation ou néologisme : le lexique peut avoir
des racines anciennes comme il peut être généré "localement".
L’évolution des cultures et leurs véhicules se situe sur les deux
axes temporels diachronique et synchronique.
Lexicologie et domaines d’étude
• Plusieurs sont les relations sémantiques entre les mots et trois
domaines d’investigation sont reconnus à la lexicologie :
- Morpho-lexicologie : l’étude de la formation du signifiant, des
lexies (flexion…);
- Lexicologie et lexicographie diachroniques : l’étude historique
des lexies.
- Lexico-sémantique ou sémantique lexicale, différente de la
sémantique de phrase ou discours, étudie le sens des lexies au
travers des relations sémantiques (synonymie, antonymie...) :
elle systématise les combinatoires syntagmatique et
paradigmatiques à partir des relations lexicologiques . Le
présent enseignement focalisera essentiellement cette dernière
dimension de la discipline.
Lexie
• Le mot recèle la pensée et l’exprime à l’aide du
vocabulaire. Sans mot, une langue ne peut exister.
La communication repose essentiellement sur le
mot : au-delà des interlocuteurs, le schéma de la
communication s’articule autour du code
commun (la langue partagée et ses mots) et du
message (que véhicule le mot).
• La richesse du vocabulaire dénonce la richesse de
la culture sous-tendant la langue la véhiculant. Sa
possession et sa manipulation ne sont pas aisées.
Lexicologie et grammaire
• Il s’agit de domaines complémentaires. La
lexicologie saisit le sémantisme des lexies et la
grammaire en détermine la valeur
grammaticale, souvent clé quant à
l’appréhension du sens des mots et de leur
mise ensemble : un même mot peut revêtir
plusieurs fonctions grammaticales et avoir
ainsi des sens différents ("le" qui peut être
déterminant ou pronom…, "marche" qui peut
être nom ou verbe).
Lexicologie/lexicographie
• Le lexique les réunit et elles se revendiquent
disciplines complémentaires et
interdépendantes.
• Leurs approches sont opposées : "-graphie"
graphème correspondant aux notions d’écriture
et de dessin) ; "-logie" par contre signifie étude
scientifique. Aussi,
- lexicologie est une étude théorique du lexique
- lexicographie est une étude appliquée du
lexique, l’élaboration des dictionnaires.
Lexique/vocabulaire
• Cette distinction est admise des linguistes
(Marie-Françoise Mortureux, Jean-Pierre
Cook…).
• Le lexique est la propriété de la langue
renvoyant à la description de la langue
comme système de forme et de signification
(lexies) référentiel ; et le vocabulaire est la
propriété du discours et peut être propre à
une sous-communauté donnée (un
sociolecte, un marqueur socioculturel).
Vocabulaire, aspects linguistiques
• Il peut être passif ou actif et fondamental ou
spécialisé :
- le vocabulaire actif : correspond aux vocables
compris, entendus ou lus, et usités
régulièrement par un sujet-parlant.
- le vocabulaire passif : correspond aux vocables
compris, entendus ou lus, par un sujet-parlant
sans jamais les usiter (les termes spécialisés
comme "joncture" (charnière), "lexème" (mot),
"oblitérer" (bouger)…).
• Le vocabulaire fondamental, dit également
vocabulaire courant ou fonctionnel : celui
ordinaire du fil des jours à l’écrit comme à
l’oral
• Le vocabulaire spécialisé, dit aussi technolecte
ou jargon : il est propre aux domaines
spécialisés (professionnels, scientifiques,
techniques… littéraire, juridique, médical,
agricole…).
Lexique, aspects linguistiques
• Le lexique est un aspect de la grammaire des langues
- qui est très influencé par les autres domaines linguistiques,
- qui ne cesse d’évoluer (des mots apparaissent et d’autres
disparaissent ou revêtent des sens nouveaux
interminablement), et
- qui est parfois utilisé de manière particulière en y prélevant
l’essentiel d’un vocabulaire propre, vocabulaire aux termes
revêtant des sens différents de ceux du dictionnaire.
Cela en rend la description systématique difficile. Il est situé au
carrefour de
- la phonologie et la morphologie pour la forme des mots,
- la sémantique pour leur signification et
- la syntaxe pour leurs propriétés combinatoires.
Lexique, système linguistique
• Il ne peut constituer un système au sens strict, un
ensemble fini de signes liés par une loi de composition. Il
s’agit d’un ensemble ouvert et non autonome.
• Au niveau paradigmatique,
- les mots reliés morphologiquement constituent une
même famille de mots : grand/grandeur/grandir…
- les mots sont également reliés lexicalement parce que
antonymes, synonymes ou autres (grand/petit…).
• Au niveau syntagmatique des contraintes sémantiques
lient les constituants du discours : le verbe au complément
(manger/aliment nécessairement comestible comme pain,
fruit…),le verbe de parole entrainant une complétive
(dire/assurer/proclamer que…).
Lexique et signe
• Le lexique est un ensemble de signes
renvoyant au monde extralinguistique, dotés
d’un référent (objet, être ou notion…) et
renvoyant les uns aux autres dans le cadre
d’un ensemble formel et/ou sémantique.
Signe
• Le signe désigne le référent (arbre renvoie aux arbres) et
le référent entretient une relation d’appellation avec le
signe.
- signes iconiques : liés à ce à quoi ils renvoient par une
relation de ressemblance (les silhouettes d’enfants
traversant un passage pour piétons dans les panneaux du
code de la route);
- signes indices : liés par un lien nécessaire à ce qu’ils
évoquent (la fumée est l’indice du feu, ils entretiennent
un lien naturel de causalité);
- Signes linguistiques n’entretenant pas de relation avec le
signifié d’où l’arbitraire du signe linguistique : en français
"mouton" désigne aussi bien l’animal que la viande
Signe linguistique
• Il s’agit d’une unité complexe composée d’un
"signifiant" (face formelle qu’incarne la voix et
les graphèmes) et d’un "signifié" (le contenu,
la représentation de la réalité : le signifié de
"arbre" est le commun à tous les arbres,
"racines", "tronc", "branchage" et "feuillage")
Signifié
• Il suppose dénotation et connotation vu à la fois la
complexité de son abstraction et la simplicité de sa
taxinomie. Les divergences de sa perception induisent sa
valorisation : la valeur d’un signe est perçue
individuellement.
• Son noyau stable, le commun récurrent, est dit
"dénotation" et sa particularité, acceptions secondaires
ou individuelles, est dite "connotation". L’expérience de
chacun décide de la perception de sa connotation :
contrairement à un adulte l’expérience d’un enfant ne lui
permet de saisir que la dénotation de "dire" et "parler"
par rapport à "exposer", "raconter" ou "s’exprimer".
Connotation/dénotation
Illustrations
• Précise si les mots soulignés ont une connotation positive ou
négative
Positive Négatif
Il répond sans réfléchir : il est très naturel. X
Averse +
Bruine - + -
Crachin - - +
Giboulée + + +
Grain + + + -
Orage + + + +
• Le terme "pluie" indifférent aux sèmes distinguant le
reste de la liste parce que générique (ne les
contredisant pas sans les supposer) n’a pas été
retenu dans la visualisation tabulée ci-dessu
• Toutes les lexies se distinguent par leurs sèmes que
définissent les signes (-, + et vide).
• Les traits majeurs de sous-regroupement sont
"abondance« (giboulée, averse, grain et orage)/"non
abondance« (bruine et crachin) dans le
rassemblement paradigmatique.
• La relation d’hypéronymie est enregistrée entre
"grain", "giboulée" ou "orage" aussi sur la base du
seul trait "abondance".
Exercice 2
• Distinguez les niveaux de langue dans le corpus suivant :
1. Je suis triste 14. J’ai atteint le fond
2. Je suis au bout du rouleau 15. Je suis abattu
3. Je n’ai plus le moral 16. Je ne suis pas en forme
4. Ce n’est pas la joie 17. J’ai le cafard,
5. j’ai des idées noires 18. Je n’ai pas la pêche
6. J’ai le bourdon 19. J’ai de la peine
7. Je n’ai pas le punch 20. Je n’ai pas la frite
8. Ce n’est pas la grande forme 21. Ce n’est pas le pied
9. J’ai le spleen 22. Je suis déprimé
10. J’ai le noir 23. J’ai le blues
11. J’ai du chagrin 24. désespéré
12. Je broie du noir
13. Je flippe
Réponse 2
• Ce champ lexical présente des lexies qui sont de trois niveaux de
langue :
1- Le niveau soutenu qui n’est pas très productif:
Je suis triste (générique)/abattu/désespéré/déprimé, j’ai de la
peine, j’ai du chagrin.
2- Le niveau courant très productive :
J’ai atteint le fond, je ne suis pas en forme, j’ai des idées noires, j’ai
le cafard, j’ai le spleen, je suis au bout du rouleau.
3- Le niveau relâché très productive
- Je flippe, je déprime, j’ai le bourdon, j’ai le blues/noir, je n’ai pas
le moral/pêche/le punch/la frite/la forme/joie, ce n’est pas le
pied.
Les deux derniers sont les plus productifs et sont difficiles à
distinguer. Leurs syntaxes et leurs choix lexicaux permettent de
les distinguer cependant.
Exercice 3
• Classez les lexies du corpus ci-dessous en binômes liés
étymologiquement et binômes qui ne forment pas de la même
famille étymologique.
• Précisez la relation sémantique les liant
infâme impatient tranquille
Coupable déshériter honorable
Inquiet innocent infirme
Intègre offensif nuisible
Défensif inoffensif relâché
Résolu décidé obéissant
Désobéissant patient ferme
Hériter déplumer offensif
plumer
Lexies Relation sémantique Etymologie
Infâme/honorable antonymie Non
Infirme/intègre antonymie Non
Inquiet/tranquille antonymie Non
Innocent/coupable antonymie Non
Offensif/défensif antonymie Non
Inoffensif/nuisible antonymie Non
Obéissant/désobéissant antonymie Oui
Impatient/patient antonymie Oui
déshérité/hériter Oui
Inoffensif/offensif Oui
Plumer/déplumer Oui
Résolu/décidé synonymie Non
Relâché/ferme antonymie Non
Il n’y a pas de correspondance absolue entre la morphologie et la sémantique
et encore moins entre l’étymologie et la sémantique dans le système du
français actuel.
Exercice 4
• Soit le poème de Bobby Lapointe "Mon père et ses verres"
Mon père est marinier
Dans cette péniche
Ma mère dit la paix niche
Dans ce mari niais
Ma mère est habile
Mais ma bile est amère
Car mon père et ses verres
Ont les pieds fragiles
1- Relevez les jeu de mots dans ce poème,
2- Analysez leurs mécanismes (formels/linguistiques)
3- Déterminez les relations sémantiques qui les relient.
1- Découpage lexical Découpage phonologique
mari niais/marinier es.t habile/ma bile
péniche/paix niche mère/e.st a.mère
père/mère/verres es.t ha.bile/ma bile
2- Les jeux de mots relevés dans le poème reposent sur
deux types de découpages, l’un lexical et l’autre
phonologique
3- Les relations reliant ces lexies sont la paronymie,
homonymie ou homophonie approximative, et
l’homophonie.
Exercice 5
- Déterminez les relations qui relient les lexies suivantes :
Air bête/herbette
Mot laids/mollets
Tube (de musique)/tube (de plomberie)/(tube de
dentifrice)
Que ponds-je/éponge
Pondre des œufs/pondre des couplets
Réponse 5
Trois champs lexicaux ressortent de ce corpus :
Homonymie (différence de sens)
Air bête/herbette
Mot laids/mollets
Tube de musique/tube de plomberie/tube de dentifrice
Paronymie
Que ponds-je/éponge
Polysémie (nuance de sens)
Pondre des œufs/pondre des couplets
Exercice 6
• Soit le corpus suivant:
Caméra, canne à pêche, objectif, moulinet, vélo,
valise, poignée, parapluie, pied, fil, cheville,
main, baleines, manche, roue, pouce.
1- Groupez en champs sémantiques ces lexies
2- Décrivez les relations reliant les entités de
chacun des groupement.
Réponse 6
1- Sept champs sémantiques se dégagent de ce
corpus :
• caméra – objectif
• Valise – poignée
• Pied – cheville
• Main – pouce
• Vélo – roue
• Parapluie – manche – baleines
• Canne à pêche – moulinet – fil
• La relation sémantique de "méronymie" (partie-
tout) lie les lexies des champs lexicaux ci-
dessus. Il s’agit d’une relation où un terme (ou
plusieurs) désigne une partie de l’objet ou l’être
désigné par l’autre terme. Le premier (la partie)
est dit "méronyme" et le second (le tout)
"holonyme".
• Dans deux groupements, les derniers, une
méronymie imbriquée est attestée :
Holonymes Méronymes
moulinet fil
manche baleines
Exercice 7
• Relevez les lexies du champ sémantique de
"bruit" dans le texte ci-dessous
• Classez-les en groupements
• Quelles relations sémantiques existe-il à
l’intérieur dudit champs sémantiques, de type
essentiellement associatif ?
• Par quels autres moyens est suggéré l’idée de
"bruit" ?
J’y trouve d’abord toutes sortes de choses intérieures, secrètes : le
bruit de mon cœur, de mes artères. La profondeur musique
animale. Ce concert, la nuit, suffit à combler l’espace noir de
l’univers.
Ils s’imposent tous les bruits de la maison. Les voix d’abord : celle de
l’aïeule, celle des enfants, et des femmes. Elles suffisent à faire
bouger les deux oreilles vigilantes. Les voix, les rires, les appels:
musique humaine. Un chœur champêtre y répond: aboiements et
miaulement, plaintes des chèvres laitières et des poules couveuses,
romance des ramiers, querelle des passereaux. Ajoutez à cela les
rumeurs du travail et des machines familières: la scie qui grince
dans la bûche, le moteur électrique enterré dans le tréfonds et qui
ronronne à tout instant, le long chuintement dans les conduites
vibrantes. Le piano sur lequel flageolent des doigts puérils, le faisant
qui, dans sa volière, semble frapper deux fois sur une casserole de
tôle avant de prendre son essor, le vent qui tourne autour de nous,
monstre inquiet, la pluie qui trépigne à pas aigus sur les gouttières
métalliques.
Réponse 7
Il peut être relevé un champ associatif du "bruit"
comprenant des substantifs, des verbes et des adjectifs,
les uns expriment directement la notion de "bruit" et les
autres l’expriment indirectement. La relation sémantique
les reliant est l’hypéronymie dont l’hypéronyme est
"bruit" qui a trait aux productions humaines, musicales,
animales et de machines :
- Notion directement exprimée
Humain Musique Animal Machine
voix musique aboiements grincer
appels concert miaulement ronronner
plaintes chœur chuintement
rire romance
querelle
D’autres lexies sortent de leur sens habituel (hors
contexte) pour retrouver en contexte le sens
"bruit" :
- "romance" relevant du champ lexical de la
"musique".
- "plaintes" s’applique normalement à l’humain.
- "Chuintement" désigne ordinairement une
façon de prononcer les consonnes ou le cri de la
chouette.
Certes, le trait définitoire des lexies "rire" et "querelle" est
"sonore", plus dans "rire" que dans "querelle", mais le
contexte les a revêtit du sémantisme du bruit, d’où
l’importante incidence du contexte dans la signification.
Les verbes sont moins nombreux. "Grincer" et "ronronner" sont
utilisés métaphoriquement pour une machine.
Les adjectifs, on n’en relève qu’un seul "aigu".
- Notion indirectement exprimée
• Verbes de mouvement suggérant des bruits : vibrer,
flageoler, frapper, tourner, trépigner.
• Substantifs et adjectifs renvoyant à des objets produisant des
bruits : tôle, piano, métallique.
De proche en proche le champ associatif s’élargie pour intégrer
des termes qui n’ont qu’un rapport métonymique avec le
champ sémantique "bruit".
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