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Recherches sur la rhétorique ‘Les deux premitres années de notre direction @études, nous nous sommes employé @ donner des éléments rudimentaires de sémiolo- gie eta esquisser Vinventaire des systémes sémiotiques, classés selon leur substance (image, son mélodique, geste). Nous sommes passé cette année a ce que l’on pourrait appeler la sémiologie de la parol i s’agit d'un code de substance liguistique mais dont la linguistique wa pas fait son objet, parce que ses unités sont en général supérieures 4 la phrase. Ce code second coincide avec le plan des connotations, notamment avec celui de la connotation littéraire, Punité dernizre de ce code étant Je discours ou Veeuvre. Nous appelons ce systéme translinguistique : rhétorique. Bien que nous visions surtout & explorer la rhétorique des ceuvres Contemporaines, dans la mesure ot elle est mal connue, il nous a aru nécessaire de commencer cette série de séminaires (qui durera sans doute plusieurs années) par un retour vers la rhétorique clas Sique, que nous avons tenté d'interroger d'un point de vue sémio- logique. Cette rhétorique peut se définir par un double paradoxe : un para- Goxe historique dabord, dans la mesure od le code rhétorique a dominé pendant prés de deux millénaires et demi, coexistant avec des idiomes divers, traversant sans s’affaiblir des régimes, des civ. lisations, des religions moins durables que Ini; un paradoxe struc tural ensuite, puisque le systéme rhétorique apparait bien comme un véritable code de la parole, c’est-a-dire comme un effort de Phuma- nité occidentale (si Yon s’en tient a notre culture) pour codifier ce qui est par nature incodifiable et fixer dans un systéme de termes réversibles Virréversibilité constitutive des messages. Par ce double Paradoxe, la rhétorique nous apparait dés maintenant comme la pen. sée que la civilisation classique s’est donnée de son propre langage Iittéraire ji s‘agit done d'un veritable méta-langage, et c'est cet aspect qui nous a retenu: nous nous sommes occupés, non de la rhétorique- objet, c’est-a-dire de la rhétorique en acte dans les asuvres, mais du discours des rhétoriciens, c'est-a-dire de la méta-rhétorique. Nous avons voulu préparer I’élueldation de V’énigme suivante: pourquoi Ja méta-rhétorique a-t-elle disparu au xx° siecle (alors que la rhéto- Tique-objet continue - et pour cause — A informer les discours et les 747 COURS BT ENTRETIENS 1965 ceuvres)? Par quoi cette méta-rhétorique est-elle aujourd’hul rem- placée? Notre étude de Vancienne rhétorique (antique, médiévale et classique) s'est menée en deux temps. Nous avons d'abord esquissé, non une histoire, mals une diachromie de la rhétorique. Nous avons proposé de discerner dans notre passé occidental sept états rhéto- Tiques (ou, si Yon préfére, sept synchronies suecessives) : 4° Naissance de la rhétorique, en Sicile, au v* sigcle av. J 2° Gorgias et la «rhétorification » de la prose. 5° La rhétorique platonicienne (nous avons été aldé, sur ce point par un exposé d’André Glucksmann, agrégé de "Université, chargé de recherches au CNRS). 4° La rhétorique aristotélicienne, fondée en théorie par Aristote, en pratique par Cicéron, en pédagogie par Quintilien, défaite par exces de synerétisme, d’Ovide et Horace a Tacite, Plutarque, Denys @'alicarnasse et a Panonyme du Traité du sublime, 5° La néo-rhétorique ou seconde sophistique (u*-1 siecle ap. JC) 6° Le Trivium médiéval, a Pintérieur duquel nous avons essayé de suivre le jeu diachronique (et fonctionnel) de Rhétorica, Gram- matica et Dialectica. 7° Lathétorique classique, enseignée surtout par les Jésuites, rui- née peu a peu par la pensée moderne, depuis Descartes et Pascal. Pour conclure cette revue, et toujours selon une perspective sys- \ématique, nous avons tenté de replacer la rhétorique par rapport & ses voisins suecessifs 1a Sophistique, la Philosophie, la Poésie, la Lit- térature. Dans la seconde partie du séminaire, nous avons franchement quitté le point de vue diachronique pour essayer de décrire le sys- e unique de la rhétorique, tel quill a prévalu dans ses grandes lignes pendant 25 siécles (et prévaut encore partiellement dans nos idées, notre enseignement). Ce systéme est essentiellement un sys teme distributif de notions, c'est un classement de «termes ». Nous avons donc reconstitué le réseau des termes rhétoriques; puis nous avons descendu pas a pas les rameaux de cet arbre d'un savoir dévoué 2a parole, en expliquant @une part, le sens historique des notions rencontrées, en essayant autre part, de définir ces mémes notions en termes modernes, de fagon a en éprouver l'actualité. Nous avons ainsi parcouru les 5 réseaux de la «techné» rhétorique: 1° celui de Vaventio, en insistant sur Penthymeme et sur la Topique; 2° celui de la Dispositio, ow ordre des grandes parties du diseours; 5° celui de ’Elocutio, qui nous a permis Waborder le probleme tout moderne de la phrase (compositio) et celui des figures de rhétorique (elect). Nous avons conclu cette analyse en évoquant les autres mythes du langage (mythes de Porigine, de la faute, de la fonction) et en défi- 748 couRS ET ENT ETIENS 1965 | nissant une derive fois la théorique comme le mythe du langage voulve az proposons cote année comme élvestiaaires: Mr Pieta | Benedetti et Matle-Anne’Collenots MAL ‘horas vom Hugeee dutexier, Richard Baum, Prangots Braunsehwele Nc Bsebat Leola Fabbri, Victor Fuenmayor, Jean-Claude Lebensttejn, Jacques Lede. | fer, Georges Pere, Severo Sordu, Ridges Sibi, sioven Schwan, Michel Thevoe | Ecoue pnaviqur pes HAuTES £rupEs 1964-1985

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