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La Cour de Justice de la CEDEAO réaffirme la nécessité de juger Hissène Habré, tout en citant
de manière tronquée le mandat confié au Sénégal par l’Union africaine
Contrairement à l’idée que certains veulent distiller dans l’opinion, la Cour soutient les victimes
dans leur quête de justice mais appelle à l’organisation d’un procès selon des modalités
différentes de celles envisagées auparavant.
Le tribunal ouest africain est désormais la troisième institution, après le Comité des Nations
Unies contre la torture en 2005 et l’Union africaine en 2006, à appeler le Sénégal à traduire
Habré en justice.
« I'objet essentiel de la présente affaire découle du mandat donné par l'Union Africaine au
Sénégal pour juger « au nom de l'Afrique par une juridiction compétente avec les garanties d'un
procès juste» (nous soulignons).
Sur la base de cette citation tronquée, la Cour poursuit son raisonnement dans ce même
paragraphe en arguant que :
« la mise en œuvre du mandat de l'Union Africaine doit se faire selon la coutume internationale
qui a pris I’habitude dans de telles situations de créer des juridictions ad'hoc ou spéciales.
L'expression « .. juridiction compétente .. » contenue dans ce mandat ne signifie rien d'autre
que la mise en place d'un cadre judiciaire ad'hoc ».
La Cour omet donc une fois de plus le mot « sénégalaise », malgré son importance toute
particulière en ce qui concerne le sens réel du mandat de l’Union africaine.
Ces omissions répétées sont d’autant plus incompréhensibles que le Comité d'éminents juristes
africains qui avait été mandaté par l'Union africaine en 2006 pour étudier les options
envisageables pour le procès d’Hissène Habré, s’était justement penché sur la possibilité d'un
tribunal ad hoc et avait considéré qu' « un tribunal ad hoc quelle qu'en soit la forme, coûterait
cher et retarderait le début du procès d'Habré ». Une copie de ce rapport est disponible au lien
suivant : http://www.hrw.org/french/themes/CEJA_Report0506fr.pdf
En tout état de cause, la Cour affirme que le Sénégal « est chargé de proposer au mandant
[l’UA] les formes et modalités de mise en place » d'une juridiction pour juger Hissène Habré.
L’avancement de l’affaire dépend donc désormais entièrement de la volonté politique du
gouvernement sénégalais.
- Demba Ciré Bathily, coordonnateur des avocats des victimes de Hissène Habré (+221 77 638
44 42)
- Assane Dioma Ndiaye, Coordonateur de la Ligue sénégalaise des Droits humains (+221 77 63
87 913)
- Reed Brody, avocat, porte-parole de Human Rights Watch (+221 77 336 13 95 ou +32 498 625
786)