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Coalition sénégalaise pour le jugement équitable de Hissène Habré (Cosejehab)

La Cour de Justice de la CEDEAO réaffirme la nécessité de juger Hissène Habré, tout en citant
de manière tronquée le mandat confié au Sénégal par l’Union africaine

Le Sénégal a la responsabilité d’établir une juridiction spéciale efficace

(Dakar, le 22 novembre 2010) – La Coalition sénégalaise pour le jugement équitable de Hissène


Habré (Cosejehab) a pris connaissance de l’arrêt de la Cour de Justice de la Communauté
économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans l’affaire Hissène Habré contre la
République du Sénégal. Une copie de cette décision est disponible au lien suivant :
http://www.facebook.com/pages/Hissene-Habre-Justice-pour-les-victimes-Justice-for-the-
victims/106827982684266

Contrairement à l’idée que certains veulent distiller dans l’opinion, la Cour soutient les victimes
dans leur quête de justice mais appelle à l’organisation d’un procès selon des modalités
différentes de celles envisagées auparavant.

Le tribunal ouest africain est désormais la troisième institution, après le Comité des Nations
Unies contre la torture en 2005 et l’Union africaine en 2006, à appeler le Sénégal à traduire
Habré en justice.

Malheureusement, dans son arrêt la Cour a systématiquement tronqué la citation du mandat


de l’Union africaine confié au Sénégal. En effet, on retrouve cette erreur dans chacune des
quatre citations de ce mandat, aux paragraphes 15, 54 et 58 de l’arrêt. Par exemple, la Cour
explique au paragraphe 58 que :

« I'objet essentiel de la présente affaire découle du mandat donné par l'Union Africaine au
Sénégal pour juger « au nom de l'Afrique par une juridiction compétente avec les garanties d'un
procès juste» (nous soulignons).

Cependant, si on se réfère au mandat de l’UA, disponible sur le site officiel de cette


organisation au lien suivant :
http://www.africaunion.org/Official_documents/Assemblee%20fr/ASS06b.pdf ,

on constate à la page 25 que la décision de l’UA demande en réalité à « la République du


Sénégal de poursuivre et de faire juger, au nom de l’Afrique, Hissène Habré par une juridiction
sénégalaise compétente avec les garanties d’un procès juste » (nous soulignons). La Cour a
donc omis le mot “sénégalaise” en reprenant la citation du mandat.

Sur la base de cette citation tronquée, la Cour poursuit son raisonnement dans ce même
paragraphe en arguant que :

« la mise en œuvre du mandat de l'Union Africaine doit se faire selon la coutume internationale
qui a pris I’habitude dans de telles situations de créer des juridictions ad'hoc ou spéciales.
L'expression « .. juridiction compétente .. » contenue dans ce mandat ne signifie rien d'autre
que la mise en place d'un cadre judiciaire ad'hoc ».
La Cour omet donc une fois de plus le mot « sénégalaise », malgré son importance toute
particulière en ce qui concerne le sens réel du mandat de l’Union africaine.

Ces omissions répétées sont d’autant plus incompréhensibles que le Comité d'éminents juristes
africains qui avait été mandaté par l'Union africaine en 2006 pour étudier les options
envisageables pour le procès d’Hissène Habré, s’était justement penché sur la possibilité d'un
tribunal ad hoc et avait considéré qu' « un tribunal ad hoc quelle qu'en soit la forme, coûterait
cher et retarderait le début du procès d'Habré ». Une copie de ce rapport est disponible au lien
suivant : http://www.hrw.org/french/themes/CEJA_Report0506fr.pdf

En tout état de cause, la Cour affirme que le Sénégal « est chargé de proposer au mandant
[l’UA] les formes et modalités de mise en place » d'une juridiction pour juger Hissène Habré.
L’avancement de l’affaire dépend donc désormais entièrement de la volonté politique du
gouvernement sénégalais.

En prenant en compte le raisonnement de la Cour tout en y insérant néanmoins les termes


exacts du mandat de l’Union africaine, il semblerait que la meilleure solution serait de créer
une juridiction ad hoc au sein de l’appareil judicaire sénégalais. Cela éviterait les délais associés
aux tribunaux ad hoc existants, coûteux et surtout longs, qui auraient pour effet de prolonger
les souffrances des victimes qui attendent déjà depuis plus de 20 ans que justice leur soit
rendue.

Pour plus d’information, veuillez contacter:

- Demba Ciré Bathily, coordonnateur des avocats des victimes de Hissène Habré (+221 77 638
44 42)
- Assane Dioma Ndiaye, Coordonateur de la Ligue sénégalaise des Droits humains (+221 77 63
87 913)
- Reed Brody, avocat, porte-parole de Human Rights Watch (+221 77 336 13 95 ou +32 498 625
786)

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