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Gymnase de Morges
Naissance de l’ordinateur
Exercice de mise en page rationnelle d’un long document Informatique 1ère
Naissance de l'ordinateur
L
e principe de l'ordinateur est inventé en 1945, mais l'origine de l'informatique
plonge dans la nuit des temps. La préhistoire de l'informatique commence sans
doute au moment où un berger anonyme entreprend de compter son troupeau
et de graver sur un os le nombre des bêtes qu'il possède. Elle se poursuit quand le
scribe d'une cité-État de Mésopotamie, quatre milles ans avant Jésus-Christ, se sert
de signes gravés sur des tablettes d'argile séchée pour designer la quantité des
biens stockés dans les greniers royaux.
L'ordinateur est une machine complexe, il sert à faire des calculs et plus
généralement à traiter de l'information; en outre, c'est une machine entièrement
automatique. L'ordinateur plonge donc ses racines dans trois traditions distinctes. Il
hérite d'abord de la longue tradition des machines à calcul, depuis le boulier
jusqu'aux grands calculateurs modernes. Il se rattache ensuite à l'univers très ancien
du codage et de la cryptographie. Enfin, il est l'aboutissement du désir de l'homme
de construire des automates qui soient de plus en plus à son image.
outils qui permettaient à l'homme de faire ces calculs sont encore utilisés de nos
jours.
«Compter sur ses doigts» fut pendant longtemps un mode très sophistiqué de calcul.
On se sert de ses doigts, mais aussi d'autres parties du corps, pour mémoriser des
chiffres, jusqu'à plusieurs milliers d'unités, et faire des opérations. Une tradition
orientale encore en vigueur il y a peu de temps consiste, pour les partenaires d'une
transaction commerciale, à se toucher la main à l'abri d'un vêtement pour convenir
du montant d'une vente.
L'auxiliaire de calcul le plus répandu à la fois dans l'espace et dans le temps est sans
doute le boulier. Encore largement utilisé de nos jours, le boulier a probablement été
inventé dans l'Antiquité au Moyen-Orient. Contrairement à une opinion répandue, un
boulier utilisé par une personne expérimentée est un moyen de calcul très rapide.
Lors d'un concours organisé au Japon en 1945, un militaire américain employé dans
les services financiers de l'armée d'occupation était opposé à un employé japonais.
Le premier disposait d'une machine à calculer électrique de bureau, le second d'un
simple boulier japonais (soroban). Le Japonais gagna quatre épreuves et l'Américain
seulement une !
Les Incas utilisaient un système de cordelettes nouées pour mémoriser les chiffres.
Cette méthode est encore utilisée de nos jours dans certaines régions d'Amérique
latine. De la même façon, les entailles sur des morceaux de bois, procédé remontant
sans doute à la préhistoire, étaient encore utilisées par l'administration anglaise au
XIXe siècle et demeuraient en usage il y a peu de temps dans certaines campagnes
françaises.
Tous les inventeurs de machines à calcul dont nous avons pu conserver les
témoignages évoquent le caractère fastidieux et répétitif des opérations
arithmétiques lorsqu'elles sont faites à la main. L'acte d'invention est ici motivé par la
volonté de faire réaliser par une machine ces opérations. Leibniz, l'inventeur de la
première "machine à multiplier", disait lui-même : «Il est indigne d'hommes
remarquables de perdre des heures à un travail d'esclave, le calcul, qui pourrait fort
bien être confié à n'importe qui, avec l'aide de machines.»
L'histoire des machines à calcul
L'abaque des Romains et le boulier sont les premières inventions systématiquement
utilisées dans le domaine du calcul. Il ne s'agit pas à proprement parler de
"machines" mais plutôt d'"outils", car ils prolongent la main. Sur l'abaque, des cailloux
(calculi en latin) sont disposés le long de rainures gravées sur une planche de bois
ou de marbre. Une rainure représente les unités, la suivante les dizaines, la
troisième les centaines, et ainsi de suite.
Le boulier utilise le même principe, mais les cailloux sont bien ronds et enfilés sur
des tringles, elles-mêmes fixées sur un cadre en bois. Malgré la souplesse et la
rapidité qu'autorise un tel dispositif, c'est toujours l'homme qui fait les opérations "à la
main".
Pascal invente sa machine à l'âge de dix-huit ans pour, dit-on, soulager la peine de
son père. Celui-ci est en effet "commissaire de l'impôt" (percepteur) à Rouen. Il
consacre de longues heures de travail fastidieuses aux comptes qu'exige sa charge.
Son fils met au point une machine nommée "pascaline" pour lui venir en aide.
Cinquante exemplaires de sa machine sont finalement fabriqués. Après lui, Leibniz
(1646-1716) construit une machine qui non seulement additionne et soustrait, mais
également effectue des multiplications et des divisions. La voie des machines
modernes est ouverte.
Les moulins à chiffres
Parallèlement à ces machines, en usage surtout dans les entreprises, les inventeurs
s'attachèrent à construire des machines pour les besoins du calcul scientifique. Au
XIXe siècle, le gouvernement anglais finança la construction par Charles Babbage
(1792-1871) de deux grandes machines, appelées "moulins à chiffres".
Malheureusement, si la théorie était bonne, les possibilités techniques n'étaient pas
au rendez-vous et les machines de Babbage ne fonctionnèrent jamais. Cependant,
Babbage est considéré par beaucoup comme un précurseur de l'informatique, mais
l'architecture de sa "machine analytique" est plus proche des derniers grands
calculateurs que de l'ordinateur.
En 1943 débuta la construction d'une machine utilisant les tubes à vide. Il s'agit d'une
technologie électronique, beaucoup plus rapide que les composants téléphoniques.
Ce calculateur, nommé ENIAC, est destiné à calculer des trajectoires de projectiles
pour l'armée américaine qui fait alors la guerre en Europe et dans le Pacifique.
D'un poids de 30 tonnes et comportant 17'468 tubes à vide, cette machine additionne
5'000 nombres ensemble en une seconde, ce qui constitue une performance unique
pour l'époque. Bien qu'elle utilise des composants électroniques, cette machine ne
peut toutefois pas être assimilée à un ordinateur. L'ENIAC est le dernier des grands
calculateurs. Ce n'était pas un ordinateur, car il n'était pas véritablement automatique
et il n'utilisait pas de programme interne. Avec l'ENIAC une tradition aboutissait, celle
des grands calculateurs, et une autre, celle des ordinateurs, allait commencer.
Le codage binaire
L'invention du codage binaire est assez ancienne. On a trouvé des traces d'une
mathématique utilisant le principe de la paire, pour l'addition et la multiplication, à la
fois en Egypte, au Moyen-Orient et en Chine. On a retrouvé en Chine des documents
vieux de 4'500 ans qui sont la preuve de la découverte, à cette époque, sous le
règne de l'empereur Fou-Hi, des vertus du système numérique binaire.
L'Occident doit attendre le XVIe siècle pour découvrir à son tour les vertus du
langage binaire. L'une des premières utilisations systématiques connues est celle de
Francis Bacon (1561-1626). Bacon rêve à un moyen simple de transmettre la pensée
à distance, moyen qui ne présenterait que deux états possibles (cloche, tir de
mousquet, trompettes, etc.). Bacon invente finalement un système de codage des
messages qui permet d'en cacher le sens. Une lettre envoyée pouvait ainsi être
cryptée.
Gymnase de Morges / I.Steudler 5
Mise en page d’un long document / 1M10 / 08-09
Leibniz, dont nous avons vu qu'il avait construit une machine à calculer
perfectionnée, découvre lui aussi l'importance du langage binaire. Mis au courant des
anciens travaux chinois sur la question, le philosophe voit dans le binaire la base
d'un langage universel. «J'ai trouvé cette chose étonnante, disait-il, on peut
représenter par les nombres toutes sortes de vérité, (jusqu'à) l'analyse générale des
connaissances humaines.»
Plus tard le mathématicien anglais George Boole (1815-1864) construit sur une base
binaire une algèbre remarquable d'élégance et de simplicité. Avec lui la logique
moderne était née. Son algèbre permet le traitement des symboles grâce des
fonctions comme «et...», «ou...» et «non...». Cette algèbre servira beaucoup aux
premiers informaticiens pour développer leurs outils de programmation.
L'invention de la programmation
Le binaire trouve une première application dans l'industrie avec les machines utilisant
le principe du «carton perforé». Le tissage des étoffes façonnées est en partie
automatisé par le Français Joseph–Marie Jacquard (1752-1834). Celui se sert de
l'ancêtre des cartes perforées pour fixer un programme d'exécution à la machine, qui
est codée en binaire.
Le premier véritable dispositif moderne pour traiter l'information est sans doute la
machine de l'Américain Hermann Hollerith (1860-1929). Celui-ci projette de
construire — et de vendre — un dispositif qui permettrait d'effectuer rapidement et en
partie automatiquement toutes les opérations associées au recensement de la
population.
Bibliographie
Ouvrages et revues
Sites Internet
Illustrations