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M ÉDECINE

ILS FONT
De nombreuses espèces un aspect variable des lé-
animales marines disposant sions constatées. On peut
d’un appareil venimeux ont en distinguer grossière-
été identifiées dans tous les ment trois types : les mor-
océans. Fort heureuse- sures, les piqûres et les
ment, les accidents graves “brûlures” (réactions cuta-

MAL
causés par ces dernières nées douloureuses accom-
sont relativement rares et pagnées de rougeur). Ce
relèvent, le plus souvent, de classement arbitraire pra-
l’ignorance autant que d’un tique permet une classifi-
comportement négligeant. cation utile et débouche
La configuration des appa- sur les gestes spécifiques à
reils venimeux est très va- accomplir en urgence par
riable selon les espèces, les secouristes ou parte-
d’où une grande diversité naires de l’accidenté. Par le
de moyens d’agression avec docteur Raymond Sciarli.

Les animaux marins venimeux…


vant tout, deux faits

A
et neurotoxique. Même si elle

PHOTOS P. MARTIN-RAZI
capitaux sont à rete- n’envenime que très peu,
nir.D’une part,l’enve- comme sur le littoral méditer-
nimation sera d’au- ranéen, ses morsures sont tou-
tant plus grave que la quantité jours aggravées par la présence
de venin injectée aura été plus de souillures alimentaires inter-
importante. Une sensibilisation dentaires en putréfaction. La
individuelle antérieure aggrave morsure, lorsqu’elle est veni-
toujours le pronostic ou ag- meuse, entraîne de l’anxiété,
grave certaines séquelles (no- des frissons et une polypnée
dules sous-cutanés par qui régressent spontanément.
exemple). D’autre part, les trai- La plaie doit toujours être net-
tements ont évolué: les inter- toyée méticuleusement. Des
ventions traumatisantes immé- antalgiques peuvent parfois
diates (garrot, tourniquet, être nécessaires sur avis médi-
succion aspiration) ouverture cal : par exemple, le paracéta-
de la plaie,cautérisation,etc.ont mol (Doliprane 1000 mg), un
été abandonnées. comprimé deux fois par vingt-
quatre heures).
Envenimation • Le poulpe
par morsure aux anneaux bleus
Hôte des eaux des océans In-
Si la morsure des murènes évo- dien et Pacifique, il ne pèse
lue pratiquement toujours fa- qu’une cinquantaine de
vorablement, celles des ser- grammes. Ses tentacules aux
pents de mer ou du poulpe aux L’agressivité de la murène est très exagérée. anneaux bleus devenant phos-
anneaux bleus sont redou- s’étendent progressivement. rapie spécifique, adaptée à l'es- phorescents avant l’attaque ne
tables, le pronostic vital étant On peut observer également pèce responsable, sera effec- dépassent pas la dizaine de
souvent en jeu. des convulsions, une cyanose, tuée. D’autres pratiques (inci- centimètres. Malgré sa petite
des contractures, une colora- sions, scarifications) sont à taille, il est le seul représentant
• Les serpents de mer tion rouge acajou des urines. proscrire. Elles risquent d’accé- des mollusques céphalopodes
Communs en zone tropicale,ils Une fois sur cinq, le décès sur- lérer la diffusion du venin ou de capable de tuer. Son venin,
vivent généralement sur le vient par insuffisance rénale ai- provoquer une ischémie. du d’origine salivaire, agit en
fond, près des côtes et peuvent guë avec des troubles du membre mordu. quelques minutes et provoque
tous injecter du venin grâce à rythme cardiaque ou une para- une détresse respiratoire
des dents évidées très courtes. lysie respiratoire. D’urgence, il • La murène grave.Traitement : immobilisa-
La morsure étant pratiquement faut : immobiliser le membre Ce poisson, doté d'une bouche tion, désinfection, glaçage, éva-
indolore, il faut rechercher les mordu, désinfecter la plaie, pla- de carnassier, n’attaque jamais cuation vers un centre médical.
points d’inoculation, espacés de cer un bandage plaqué mais non l’homme spontanément. Selon La victime pouvant présenter à
60 quelques millimètres, aux ex- serré de la racine du membre son genre, la murène peut être tout moment un arrêt respira-
trémités. La morsure provoque vers la périphérie,glacer la zone plus ou moins venimeuse par sa toire terminal, les secouristes
des douleurs musculo-tendi- atteinte et évacuer d’urgence salive contenant des sécrétions doivent être capables d’effec-
neuses suivies de paralysie qui vers un hôpital où une sérothé- à action digestive, hémolytique tuer une respiration artificielle.
JANVIER-FEVRIER 2004 - N° 192 SUBAQUA
Envenimation par piqûre(s)
De nombreuses espèces de l’eau, ces poissons demeurent
poissons et d’invertébrés sont potentiellement venimeux du-
capables d’infliger des piqûres rant plusieurs heures. Parmi
dangereuses. Parmi les inverté- les poissons dont les na-
brés, des échinodermes (our- geoires et les opercules por-
sins et étoiles de mer) porteurs tent des épines venimeuses,
d’épines multiples et, parmi les deux types sont à considérer
mollusques gastéropodes, les selon qu’ils nagent de façon
cônes. habituelle ou non.

Les poissons
Le traitement d’urgence des Poissons posés sur le fond,
envenimations par poisson est parmi les rochers ou les coraux La piqûre des rascasses
basé sur l’utilisation d’une volantes provoque faiblesse et nausées…
source de chaleur.Ainsi: • La vive
- Approcher l’extrémité allu- ou vipère de mer
mée d’une cigarette du point Se rencontre souvent sur les • La rascasse accompagnée d’angoisse, d’hy-
de piqûre. plages du littoral français. Sa Ce poisson se rencontre sur pothermie, de troubles diges-
- Effectuer des bains durant taille varie de 10 à 40 cm. En- tous les littoraux.Autour d’une tifs et ventilatoires. Dans les
trente à quatre-vingt-dix mi- fouie à faible profondeur,elle ne ou plusieurs piqûres très dou- cas très graves avec traitement
nutes dans de l’eau à 45 °C jus- laisse pratiquement dépasser loureuses, saignant légèrement, tardif, il n’est pas rare d’obser-
qu’à la sédation de la douleur. que les épines venimeuses de sa apparaît un œdème congestif ver un choc, une paralysie de la
- Appliquer de l’air très chaud nageoire dorsale, véritable persistant.Sous les tropiques,si moitié inférieure du corps pou-
piège pour un baigneur alors l’envenimation est importante, vant concerner le diaphragme,
au moyen d’un sèche-cheveux. que les épines operculaires ne un arrêt cardiaque. Traitement
L’action sédative de la chaleur un malaise général accompagné
blessent qu’au cours de mani- de nausées et de vomissements classique : déchoquage, gluco-
sur ces venins a longtemps fait pulations. Le sujet ressent une nate de calcium IV, dérivés cor-
survient avec un ralentisse-
penser que cette dernière les douleur vive (terme deux fois ment des battements car- tisoniques, tonicardiaques. Un
détruisait. Actuellement, on justifié!) tandis que l’extrémité diaques, des troubles de la sen- traitement spécifique efficace a
pense que les substances blessée enfle et prend un aspect sibilité, voire même un œdème été mis au point en Australie :
toxiques résistent à la chaleur livide ou violacé. Souvent, sur- pulmonaire et/ou un état de administration de sérum anti-
et que leur nocivité dépend di- vient un malaise plus ou moins choc.Dans ce cas,le traitement stonefish dans les dix minutes
rectement de leur concentra- important avec angoisse, est identique à celui préconisé suivant l’envenimation : 30 %
troubles respiratoires,hypoten- pour la vive. dans la plaie, le reste en sous-
tion. La vasodilatation provo- sion, frissons, ainsi que des cau- cutané (sérum préparé par
quée par la chaleur entraînerait chemars revêtant une grande Un autre poisson doté d’une Commonwealth Sérum Labo-
leur dilution minorant ainsi leur intensité en l’absence de traite- tête massive, l’uranoscope ou ratories, Poplar Road 45, Park-
activité. ment. Ce dernier comprend : rascasse blanche, est parfois ville, Melbourne,Australie).
À l’hôpital, après avoir pro- d’emblée,une injection intravei- confondu avec la vive.Sa piqûre
cédé si nécessaire à l’extrac- neuse de gluconate de calcium, n’est venimeuse que pendant la • La raie
tion des épines – un contrôle suivie d’une désinfection de la saison du frai : elle entraîne une
plaie placée devant une source Plusieurs familles de raies, dites
radiographique s’impose au tuméfaction douloureuse, “armées”, possèdent un ai-
moindre doute – on effectue de chaleur durant quelques mi- complétée parfois par une im-
nutes, enfin glaçage. La douleur guillon cylindro-conique veni-
un débridement avec désin- pression de malaise avec des meux (situation variable sur la
cède dans la grande majorité vertiges. La guérison est la
fection. Antibiothérapie et ad- des cas à ces variations ther- queue). Ce dernier, à renouvel-
ministration de sérum glucosé miques. Lorsque les algies per- règle. lement annuel, peut ne pas
complètent le traitement. sistent, une radiographie vérifie tomber, et il n’est pas rare d’en
Il faut garder présent à l’esprit la présence éventuelle d’un • Le poisson pierre rencontrer deux ou trois côte
que, même morts et hors de fragment d’épine à retirer. ou stonefish (synancée) à côte. Ces raies armées vivent
habituellement sur le fond,mais
Hôte des eaux chaudes, sou- des cas d’attaque en pleine eau
Le poisson pierre est particulièrement vent présent sur le bord, sa ont été observés. La blessure,
toxique ! blessure est extrêmement dan- profonde de 2 à 3 cm,peut être
gereuse, voire mortelle, sur- punctiforme ou anfractueuse
tout sur les côtes austra- sur une dizaine de centimètres
liennes. La piqûre entraîne une selon la façon dont l’animal a
douleur précoce, violente, irra- porté son attaque. La douleur
diant à tout le membre, dispa- qui s’ensuit ne cesse de croître
raissant rapidement pendant pour atteindre un maximum
que la région atteinte prend vers la deuxième heure. Elle di-
une coloration rouge violacé et minue ensuite d’intensité sur
s’accompagne d’un œdème un fond d’engourdissement et
pouvant persister plus de deux d’élancements pour disparaître
semaines. On peut même ob- en quarante-huit heures. Loca-
server des troubles trophiques, lement, on constate un œdème
des abcès avec septicémie ou précoce variant du gris cendré
des suffusions hémorragiques. au rouge, parfois accompagné 61
Les signes généraux sont tou- d’une lymphangite, de taches
jours présents : impression de sous-cutanées ou de vésicules
faiblesse intense (lipothymie)

SUBAQUA N°192 - JANVIER-FÉVRIER 2004
séro-sanglantes avec nécrose
plus ou moins étendue. Les
sueurs profuses, l’angoisse et Invertébrés
une tendance lipothymique ne
font jamais défaut.Au cours des • L’oursin
envenimations graves, le ta- Ses piqûres provoquent, sous
bleau se complète avec de l’hy- nos latitudes, des séquelles cu-
potension, une syncope avec tanées à type de nodules, sans
détresse respiratoire, un syn- envenimation véritable. Aucun
drome digestif, des phéno- territoire cutané n’est à l’abri,
mènes neurotoxiques spasmo- même si le plongeur a revêtu
diques et parfois des une combinaison. En ce qui
convulsions. Le décès est peu concerne les espèces rencon-
fréquent. Lorsqu’il n’est pas dû trées en Europe, quelques pe-
à une détresse respiratoire ai- tits gestes permettent d’éviter
guë, il survient dans les pre- les complications :
mières heures par l’action hé- - retirer les débris d’épines ra-
molytique du venin. Plus pidement, sans charcuter la
tardivement, il relève d’une peau, en les aspirant avec une
complication : tétanos, gan- paille ou en utilisant du ruban
grène, septicémie. Les étoiles de mer
gris hyperadhésif; sont généralement sans danger.
- désinfecter.
Poissons évoluant En zone tropicale, deux es- même entraîner la mort. Le sibilité. Dans les cas les plus
en pleine eau pèces munies de glandes à ve- traitement, purement symp- graves, la mort survient par
nin sont à considérer : l’une à tomatique, associe sous œdème de la glotte ou paraly-
• La rascasse volante ou Pterois piquants très longs (oursin dia- contrôle médical : antibio- sie cardio-respiratoire. Le
De couleurs vives, ce poisson dème), dont les extrémités tiques, dérivés cortisoniques traitement local comporte,
tropical paraît voler lentement provoquent œdème, rougeur et sérum glucosé. comme pour les serpents, im-
sous la surface. La région pi- et impotence du membre. mobilisation, désinfection et
quée, livide, devient le siège L’autre, à piquants courts (fa- • Les cônes mise en place d’un bandage pla-
d’une douleur intolérable et mille des toxopneustes), vit Certaines espèces de ce mol- qué mais non serré, allant de la
s’œdématie progressivement. dans l’Indo-Pacifique. Chaque lusque sont dangereuses pour racine du membre atteint vers
Au plan général on observe : pédicellaire possède un véri- l’homme. Leur appareil veni- la périphérie,glaçage et évacua-
une impression de faiblesse ai- table appareil inoculateur. Le meux,sorte de “dent” projetée tion vers un établissement hos-
guë avec vertiges, nausées ou venin entraîne une douleur par l’animal, provoque une pi- pitalier. La thérapeutique réali-
vomissements, des sueurs, de centrifuge intense à type de qûre punctiforme entourée par sée alors par corticoïdes et
l’hypothermie, la paralysie par- brûlure, suivie d’un érythème une zone livide qui s’œdématie. antihistaminiques sera complé-
tielle de certains muscles, une avec œdème persistant alors À la douleur et à l’engourdisse- tée le plus souvent par une ré-
défaillance cardio-respiratoire, que la douleur a disparu. Des ment progressif s’ajoutent fré- animation lorsque l’envenima-
avec,plus rarement,des convul- nausées avec paresthésies et quemment des troubles de la tion concerne un cône textile
sions accompagnant ou non un paralysies de la région buccale vue, de l’élocution et de la sen- ou géographe.
état délirant. Malgré la gravité apparaissent dans les cas
apparente, le pronostic est le graves.La mort survient excep-
plus souvent excellent, la guéri-
son étant la règle après un trai-
tionnellement par paralysie
respiratoire. Le traitement Envenimation
tement symptomatique com-
parable à celui qui est réalisé
comprend classiquement l’ex-
traction des épines et la désin- par contact de type urticarien
pour la vive. fection locale. Dans les cas
graves, celui-ci sera complété
• Le poisson-chat par une ventilation assistée
Le traitement de base com- • L’anémone de mer
prend : ou ortie de mer (actinie)
ou silure avec antibiothérapie générale - L’utilisation d’acide acétique
en milieu hospitalier. en solution à 5 %. L’emploi Fixée aux rochers littoraux,son
Il en existe plusieurs familles,
peu dangereuses, vivant en eau d’eau douce en bain ou irriga- contact (elle est cueillie sur nos
douce dans les régions tempé- • L’étoile de mer tion et les frictions étant for- côtes provençales pour en faire
rées. À l’opposé, quelques- Les animaux de ce groupe pro- mellement contre-indiqués de succulents beignets) ne pro-
unes, particulièrement veni- voquent souvent un érythème pour éviter la dissémination voque qu’une légère brûlure
meuses, se retrouvent dans les prurigineux de contact. Une et/ou l’augmentation de la transitoire. Dans d’autres ré-
eaux saumâtres ou côtières in- seule espèce de l’lndo-Paci- quantité de venin libérée par gions, comme en Méditerranée
tertropicales. Leurs épines ve- fique est réellement dange- l’éclatement des cellules urti- orientale, le contact cutané
nimeuses possèdent en érec- reuse :la taraméa,grande étoile cantes demeurées collées à la provoque une rougeur (éry-
tion un verrouillage solide friande de corail qui peut por- peau,cellules que l’on peut ten- thème) à l’origine d’une né-
entraînant une véritable dilacé- ter jusqu’à seize bras bardés de ter d’enlever aussitôt en agitant crose cutanée aboutissant à
ration de la plaie,qui devient ra- grandes épines dorsales. Leur l’eau de mer au-dessus de la une escarre noirâtre,tandis que
pidement le siège d’une dou- piqûre entraîne douleur, rou- zone agressée, sans frotter ou d’autres variétés tropicales en-
leur intolérable avant d’évoluer geur, œdème et engourdisse- ôtés avant éclatement, par sa- traînent d’importantes inflam-
vers un œdème, voire une gan- ment avec, parfois, quelques blage ou application de mousse mations provoquant des der-
grène locale accompagnée de suffusions hémorragiques à raser. matites chroniques, toutes les
lymphangite. L’accidenté a éga- et/ou une lymphangite. Le ma- - Une désinfection locale soi- fois qu’elles ne sont pas rapide-
lement une réaction fébrile laise général,lorsqu’il existe,re- gneuse suivie de l’application ment mortelles à l’instar de
avec des nausées et parfois du groupe sueurs froides, nausées d’une pommade à base de cor- deux variétés présentes dans
délire. Le traitement est iden- et vomissements, tachycardie ticoïdes. les océans Indien et Pacifique.
tique à celui réalisé pour les avec ou sans réaction fébrile. Ne jamais manipuler des mé- C’est une anémone - Sagartia
62 vives. Tout particulièrement il Une paralysie peut même être duses échouées car, répétons- elegans – fixée à la base des
faudra veiller à prévenir les in- observée dans quelques cas. le, le venin de ces animaux éponges qui est responsable de
fections sans omettre la séro- L’affection persiste longtemps ; reste actif plusieurs heures la “maladie des pêcheurs
thérapie antitétanique. très rarement elle pourrait après un séjour à l’air libre. d’éponges”, affection objecti-
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vée par des lésions cutanées di- • La méduse L’éponge cratère
verses très lentes à guérir. Sous provoque parfois
Elle se présente comme une des démangeaisons
nos latitudes, une sensibilisa- ombrelle bordée de filaments,
tion rapide se produit parfois transparente et gélatineuse, désagréables…
pour les sujets ayant déjà reçu évoluant lentement sous la
antérieurement du venin. Il est surface. Elle provoque les
possible, dans ces cas-là, d’ob- mêmes ennuis que la physalie,
server classiquement un choc mais avec beaucoup moins d’in-
anaphylactique aussi imprévu tensité, à l’exception de cer-
que très grave. taines méduses tropicales,
comme la cubo-méduse ou
• La physalie guêpe de mer, dont le petit
ou vaisseau portugais corps supporte des filaments
Son corps ovoïde, surmonté atteignant parfois 10 m de long,
d’une crête, flotte (contraire- difficiles à voir, générateurs de
ment aux méduses) à la surface lésions avec nécrose tissulaire.
de la mer et laisse échapper Une espèce entraîne même
sous l’eau, à la manière d’une une paralysie des muscles res-
chevelure, de nombreux pro- piratoires avec arrêt cardiaque.
longements très longs suppor- La mort survient en quelques
tant une multitude de vésicules minutes en l’absence du traite-
remplies de liquide urticant ment. Ce dernier consiste à
dans lesquelles baigne un fila- traiter le choc et à retirer les fi-
ment que l’animal projette à laments avec cellules urticantes
l’extérieur lorsqu’on l’ap- (voir plus haut). Pour les es-
proche de trop près, avant pèces européennes, moins ve-
même le contact. L’agression nimeuses, on pourra, toujours
provoque une douleur très après élimination des filaments
vive, semblable à une brûlure. urticants, effectuer un rinçage
Sur un fond rouge violacé, des au vinaigre, puis appliquer une • L’éponge départ ou à l’arrivée autour des
papules apparaissent rapide- pommade calmante (ex. Biafine Certaines espèces des mers embarcations, mettre des
ment et laissent persister se- ou Flamazine). En l’absence chaudes sont responsables bottes à semelles en plastique
condairement une zone pig- d’acide acétique, on peut égale- d’accidents bénins se tradui- épaisses ou, au minimum, por-
mentée. Parfois, l’évolution ment tamponner à l’alcool les sant par des démangeaisons, ter des espadrilles avec un pan-
locale est défavorable. Après lésions préalablement séchées une sensation de brûlure, un talon de toile.
un épisode fébrile, la lésion se au soleil et passer ensuite une œdème et parfois un enraidis- - S’immerger à partir d’un ba-
transforme alors rapidement pommade antihistaminique. Il sement articulaire de voisinage teau revêtu d’une combinaison
en escarre profonde nécessi- faut savoir que la cicatrice des doigts. Le traitement, après de plongée et des gants.
tant une greffe de peau. Dans d’une lésion cutanée pourra désinfection, comprend corti- Cette revue des principales es-
d’autres cas, des symptômes être réactivée paradoxalement coïdes et antihistaminiques. pèces venimeuses ne doit pas
généraux soulignent la gravité par l’ingestion ultérieure de empêcher le plongeur de profi-
de l’atteinte : malaise général produits de la mer. ter des bienfaits de la mer et des
accompagné de sueurs, lar- Conclusion sports nautiques. Là comme
ailleurs, il est souhaitable que le
moiements, vertiges, spasmes, • Le corail de feu plus grand nombre d’interve-
nausées, vomissements, dou- nants, secouristes ou praticiens,
leurs articulaires ou muscu- Il est responsable de blessures Nous venons de voir, qu’une
laires, dyspnée avec état de n’entraînant jamais de douleur soient sensibilisés et informés
fois les pieds sous la surface, il des dangers potentiels.(surtout
choc terminal. Le décès peut immédiate. Celle-ci apparaît va falloir se méfier des animaux
aussi survenir rapidement par secondairement avec une in- avec des potes en mer…).■
marins venimeux présents dès
choc anaphylactique. Le traite- flammation très importante quelques centimètres d’eau,
ment est essentiellement basé provoquée par la présence de Références :
potentiellement dangereux par
sur la réanimation avec ventila- débris dans la plaie, que l’on leurs piqûres ou leurs mor- • L.de Haro,G.Sanfaçon,J.Jouglard
tion assistée et le maintien des doit éliminer par un nettoyage et M. Thomas : Pathologies hu-
sures venimeuses représentant maines entraînées par les raies :
fonctions cardio-respiratoires minutieux. Le reste du traite- pour ces derniers un moyen de
ment est identique à celui dé- bilan des différents problèmes
(adrénaline : 1 ml d’une solu- défense. Les exemples, non ex- posés par ces poissons dans un
tion à 1/1 000 en injection in- crit pour les méduses, les soins haustifs, que nous venons de centre antipoisons. Ictyophysiolo-
tramusculaire, à renouveler locaux s’avérant suffisants dans considérer soulignent l’impor- gica Acta 1994, 17: 189 - 201.
éventuellement). la majorité des cas. tance de la prévention. • Animaux aquatiques dangereux.
Attention aux cônes glissés - Toujours se renseigner au Encycl. Méd. Chir. Toxicologie -
préalable sur la faune locale et Pathologie professionnelle,
dans les maillots 16078C10, 1991, 14p.
de bain !
ses dangers potentiels avant
d’aller à l’eau. • BW Hastead. Poisonous and ve-
- Ne jamais se fier à l’appella- nomous marine animals. Darwin
tion : un même poisson peut Press inc. (2nd ed.) ; Princetown
porter des noms différents, NJ, USA 1988.
alors que le même nom • R.J. Sciarli. Animaux marins veni-
concerne des espèces très meux. Méd et Hyg Genève, 1994;
éloignées. Attention aux tra- 52: 1234-8
ductions approximatives ! Le • R.J. Sciarli et L.de Haro. Princi-
poisson-lune devenant le sun- pales intoxications et envenima-
tions par animaux marins - Le
fish par exemple… Concours Médical - 26/06 et 03/07
- Un même animal, non dange- 99 p 2003 à 2010.
reux dans une zone, le devient • R.J. Sciarli. Réaction à l’ingestion 63
dans une autre région. de poisson après contact avec une
- Éviter les dangers d’une mise méduse - Le Concours Médical -
à l’eau littorale. Pour l’aide au 18/ 06/ 2003 p 1302.

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