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CONTRIBUTIONS A L’ETUDE DES CADR ANTIQUES ANS SOLAIRES CONST. IONESCU-CARLIGEL L’étude des cadrans solaires découverts en Roumanie pose des problémes qu'on ne saurait résoudre en faisant appel uniquement aux données fournies par les auteurs anciens ou aux recherches modernes. Les textes antérieurs & Vitruve permettent de suivre l’évolution de la pensée scien- tifique grecque et de retracer les étapes de la découverte des éléments appelés & jouer un réle dans I’évaluation du tempst. C'est grace 4 eux qu'on peut se figurer l'apparition de V'heure temporaire*, du polos primitif*, des analemmes* et du calcul des véritables cadrans solaires. Néanmoins ces textes ne conservent nulle part l'image méme d'un analemme; ils ne nous renseignent pas sur les détails de la construction d'un cadran. C'est Vitruve qui comble cette lacune. L’analemme est, on le sait, le plan d'un cadran solaire. Comprendre sa construction C'est se représenter le fonctionnement d'un cadran. L’heure temporaire étant concue comme la douziéme partie de la journée — qui a pour limites le lever et le coucher du soleil —, sa représentation mesurable imposait de tracer les trajectoires apparentes du soleil et de lés diviser en douze segments égaux. C’est tout naturel sil‘on a tracé ces lignes d’abord sur la surface intérieure d’un hémisphére, qui figure la vote céleste. Que l'on s'imagine un style avec la pointe placée au centre méme de cet hémisphére. Liombre de cette pointe décrit sur la surface sphérique des arcs de cercle semblables 4 ceux que décrit le soleil dans sa course diurne. En divisant ces arcs en douze parties égales et enreliant les points ainsi obtenus, on aura onze lignes qui séparent douze espaces horaires. Le temps nécessaire & ’ombre de la pointe pour parcourir un seul de ces espaces est égal A celui employé par le soleil pour la douziéme partie de son trajet — l'heure temporaire. Il nous faut remarquer maintenant que cette construction repose sur la prémisse selon laquelle 1° le soleil parcourt journellement sur Ia voiite céleste — considérée comme sphérique — des cercles ayant les centres sur l'axe du monde, ct 2 Ia vitesse de son trajet est constante. Ceci n’entraine pas d’erreurs remarquables si l'on se rapporte aux besoins des usagers du cadran solaire §, La projection conforme (le centre de la sphére étant centre d’homothétie) fait que l'ombre de la pointe décrive sur l’intérieur de 'hémisphére des arcs de cercle a vitesse constante. 3 Hérodote 2, 109 * Sur te gnomon et la date des solstices et des io Vitruve 9, 7, oxes, cf. Aristophano, Ecc. 652; Polybe 6, 8, 44; fine Latrce 1, 11, 6; 2, 1, 9; Pline, Nat. Hist, 2, 187; Pulybe 9, 46, Arduillon, apad Daremberg-Saglio DA Ill 257; Rehm 8. ¥. Horologiwm, RE, VIII, col. 2416. * Geminus 8, p. 22 DACIA, N.S TOME xIv, 1970, pp: 119-137. Bucret § Rappelons que Pantiquité ne connait pas de divi: sion plus petite que Ia demitthoure. Les minutes nese laissent pas percevoir sur le cadean solaire 10 ©. IONESCU-CARLIGEL 2 Il n’était nullement nécessaire de tracer les courbes de tous les jours afin d’obtenir les espaces horaires. Les courbes caractérisant les solstices et l'équinoxe (c'est-i-dire les courbes fondamentales) suffisaient. 1. ait justement la représentation de ces courbes par rapport au plan horizontal. En pratique on projetait ces courbes sur le plan méridien du site oi le cadran était censé fonctionner. Ceci demandait, outre des connaissances générales de mathématiques ct d'astronomic, des données précises concernant trois éléments : l'obliquité de I'écliptique®, la latitude du lieu consi- déré et une grandeur arbitraire, la sphére du cadran. Ces éléments une fois connus, l'ana- lemme d'un cadran solaire sphérique se laissait représenter par un dessin semblable & celui transmis par Vitruve (fig. 1), ot: —e cercle ayant pour centre A et pour’ rayon AB est la projection de la sphére dn cadran, — Ia ligne AB est la verticale du liew, —la ligne ET représente la projection du plan horizontal, —les angles LAN = NAK = IAG HAF = 24° mesurent lobliquité de I'éclip- tique (3), —Tangle BAF cst Ja latitude du lieu (9), — le segment SG est la projection de I’arc qui appartient au cercle de rayon MG, mesuré par le double de V'angle «; il figure la trajectoire du soleil au solstice d’hiver, — le segment AF, qui exprime la trajectoire équinoxiale, est la projection du demi-cercle de rayon AF, le segment VH, qui est la projection de l'are appartenant au cercle de rayon OH, mesuré par le double de I'angle 8, figure la courbe du solstice d'été, Une fois en possession de l’'analemme, celui qui se chargeait de la construction d'un cadran solaire n’avait plus qu’a noter sur la pierre les données mesurables sur le plan. La division des trois courbes fondamentales en 12 segments égaux, de méme que la notation des lignes horaires, pouvaient s‘effectuer a méme le cadran, a l'aide des calibres. C'est 4 Claude Ptolémée § que nous devons plusieurs: détails supplémentaires qui viennent compléter nos connaissances concernant l'analemme. Petit a petit la surface de réception sphé- rique a été remplacée par d'autres surfaces, caractérisées, elles aussi, par l'expression conforme ‘analemme ¢ Fig. 1. — L’analemme du cadran sphérique. * Lobtiquité de Véctiptique c'est Vangle forms entre 28'40/ Le chilfre quion en donne aujounthut et de le plan de 'écliptique (¢-A-d.leplandu mouvement annuel 23°27" a ee eo eserves cee, Selon? a tatitude est Tange formé entre la vertical da George Sarton (Introduction to the History of Science et et, Te plan équatoricl Les anciens ont conga, Sot from Homer fo Omar Khayyam, Lovdes, 1927), Vobl- NMitioe We et au solstice ihiver, ensuite somite 1 ‘quité a été calculée pour la premiére fois par Anaximandre rapport entre la longucur «l'un gnomon et celle de son de Milet et ensuite par Oenopides de Chios. Pour Vitruve Ombre au midi des jours «équinoxe (tH). ‘eet angle mesure 24”. A partir du I sitele de notre &re, Cf, Claudii Ptolemaci Liber de analemmate, éd. C0 Fobliquité de Mécliptique a été considérée comme valant_ mandinus, Kome, 1562 CONTRIBUTIONS A L-ETEDE DES CADRANS SOAIEES ANTIQUES 1a des trajectoires app rentes du soleil (les courbes cotidiennes y sont représentées par des ares de cercle parcourus & vitesse constante). De cette tagon on a constrnit des cadrans cylindriques ct coniques. On a méme imaginé des cadrans dont la surface ou emplacement du style ne res- pectait plus Ie conformisme mentionné, Citons, en guise d’exemple, les cadrans plans, les cadrans sphériques antiborea et ccux sphériques transformés. Les cadrans plans excepts, les autres ne sont pas rappelés par Vitruve ®, Les analemmes de tons ces eadrans sont aujourd'hui perdus Les découvertes de cadrans antiques posent au cherchcur moderne de multiples problemes, Il agit en premier liew de déterminer Je type du cadran ct de comprendre la maniére dont il fonctionnait ; il s’agit aussi de parcourir & rebours le chemin du constructeur, afin de retrouver — a partir de objet matériel — Vanalemme dont il est le résultat ; il s'agit surtout de décou- vrir a latitude que cet analemme implique. L’analyse des cadrans existants a permis aus savants de répondre ices questions, en leur suggéiant mainte précision de détail ®. On a méme calculé la latitude, généralement par des observations directes. Néanmoins ces études et ces calculs ont et pour objet uniquement des cadrans_non endommagés ow presque. Le fragment I. 2023 MNA, découvert & Histria" (fig. 2), souléve un probléme nouveau Du dessin originel il ne conserve que deux di ions hora ‘es chacune sur l'une des Fig. 2 11-2020 MINA agcouvert a Uistris © Vitrave cannalt 1S types de aetan eat forms seiperto dh 20 Nosema ISIS mel Eo Fe Mare M CE natamment Franciscus Woepeke, Pispuisitioncs — gmane a Lyutictas abais © \eclionsnaph tictiness, NUL archacoligico-mathemalicae circa, slarva evisvun, Uetlin, ‘iW. 309298, Il tune Teck, Weta, tee 1842 (auvrage eat interessant surtout par Tetude il QO, Kayet, Lee eadiane skate somapace, dane Anne menaeus ct par le calcul Wun eadean spherique ats de Chimie ot Satine VIS Soreum):"G. Bilfinger, Die Zeitmesser der antiken Volker," Vane aust Lanting e Hk, pps TO 208, Stuttgart, 1886 (wove 1a description des eaudeans plats): rans il EME 6, rable, Sulla courbes fondamentales. Le prix qu'on attache & la connaissance du lieu ott ce cadran a été congu ét utilisé nous a obligé de chercher une méthode nouvelle qui permette d'interpréter ces données. Quoique spectaculaire, l'analyse d'un cadran fragmentaire n'implique que V'in- terprétation mathématique de certains éléments connus de longue date. C’est ce que nous nous proposons d’entreprendre. L’analemme de Vitruve est le plan d'un cadran A surface de réception sphérique ayant la pointe du style au centre de la sphére. Sur cct analemme, la représentation de la courbe équinoxiale est un demi-cercle dont le rayon est égal a celui de la sphére du cadran (R). Chaque division horaire sur cette courbe (d,) étant la douziéme partie du demi-cercle, il s‘ensuit que: a= 7k 12 doa 12d, R (1) Sur la surface du cadran d’Histria on a pu mesurer l'arc d'une division horaire équinoxiale, 1,2 mm, et celui d’une division horaire appartenant la courbe du solstice d’été, d, = 48,5 mm. Toujours grace & l'observation directe on a pu constater que la surface du cadran était sphérique au rayon R = 157 mm. En comparant ces données avec la relation (1) on voit qu’elles vérifient l’égalité 12-41,2 3,14 157 = 157 (I'approximation = 0,2 mm). Ce qui prouve d'une fagon rigoureuse que notre fragment appartient vraiment 4 un cadran sphérique ayant la pointe du style au centre de la sphére, tout comme celui représenté par Yanalemme de Vitruve. En généralisant, on peut affirmer que la relation (1) se laisse utiliser comme moyen de déterminer si un cadran fragmentaire est ou non de ce type. Le type du cadran une fois acquis, la nécessité de découvrir la latitude nous a conduit vers une nouvelle étude des éléments de l’analemme. Dés I’antiquité # on savait que le rapport entre la durée du jour & l’équinoxe (T,) et celle du jour au solstice d’hiver (7,) ou au solstice d’été (T,) est une fonction de la latitude du lieu : 19); 6(9) Le temps (7) nécessaire au soleil pour décrire sa trajectoire diurne et celui (é) pendant Iequel la pointe du style parcourt la courbe correspondante sur la surface de I'hémisphére étant égaux, on obtient aussi les relations : Me): At = ae) 12 Budoxe de Cnide, auteur des Phainomena, qu’Aratos 20). Ila mesuré de mémo le rapport qui s'établit entre la versifiera plus tard, a calculé le rapport entre la duréo du longueur d'un gnomon et colle de son ombre au midi des jour le plus long et cello du jour le plus court. Pour jours d'équinoxe on obtenant. tonjours pour Cnide, la Cnide, ia obtenu le rapport §/3 (cf. Hipparque 26, 16— valeur réelle de 4/9 (voir Hultsch, RE, VI, col. 930), 3 CONTRIBUTIONS A_I-RTUDE DES CADRANS SOLAIRES ANTIQUES 123 En considérant, pour le moment, le premier rapport et en multipliant ses deux termes par la constante v (la vitesse qui caractérise le déplacement de l’ombre de la pointe sur la surface de réception), on a tee f= -P* it, et I, représentent les arcs du solstice 4 4, ver et del'équinoxe, respectivement. En divisant 1, par douze et en notant = d, et 5 = d,, on obtient : 12 4 4, Bow 2 Loa Tf) @) 2 ce qui veut dire que sur un cadran a projection conforme le rapport entre la longucur de Yare d'une division horaire appartenant 4 la courbe du solstice d’hiver et la longueur de l'arc d'une division horaire de la courbe équinoxiale est une fonction de la latitude. Cette fonction se laisse calculer a l'aide de I'analemme. Liarc , appartient au cercle de rayon MG = R cos8 (voir I’analemme, fig. 1). Il cortes- pond au double de l'angle a, sa longueur étant Bn 0° R cos 8, . 180° arc J, appartient au cercle de rayon AF ; il correspond & I’angle de 180° L aR En substituant dans la relation (2) dou d, cos 8 ®@ Dans le triangle (AMS) de l'analemme, langle MAS est égal & Vangle BaF, qui représente la latitude (9). Done MS _ Roos 8 cosa ts = tg AMS =— = Beale AM Rein’ = cotg 8 cos @ 6 Ania! et, en substituant la valeur de « conformément a (3), on éerira 90° d, tee =cotgdcos[ “ a) Be = cots 9 co (2.5) Appliquors Je méme raisonnement au rapport jon a We d, = tao = coty 8 cos ( 180° — * (5) Be = colg oe ( aun) ‘ oii, introduisant les notations = 7, et “7, d, d. ty g == cotg deos( wan) a) cos 8 t ti eos “n r) 5" g@ = — coty 3 cos Be 8 cos 8 6) relations qui prouvent que“ et % sont fonctions de la latitude ct qui en méme temps permettent de calculer la latitude d’un cadran sphérique conforme si l'on pout me: arcs des divisions horaires sur au moins deux des courbes fondamentales formule (5) au fragment L 2023 MNA, qui a d, = 48,5 mm ct d, 3 = 24°) rer les n appliquant la 41,2 mm, on obtient (pour 90° - 48,5 te@ = coty 24° cos( 180° — - Bes ons oos( 412 cone) 9 = 4431" qui est a peu prés égal la latitude d’'Histria (p = 44°30’) Ce résultat révéle une fois de plus l'aide que les mathématiques sont appelées & porter & Varchéologie. La forme des lettres grecques gravées sur notre fragment a suggéré de le dater vers Li fin du IV* ow le début du III* siécle av.n.é. ® Sa construction suit lanalemms de trés pre Le dessin de l'analemme impliquait la connaissance de Ia latitude du lieu oft te cadran devait fonctionner. A cette époque, la latitude était congue comme le rapport entre la longueur dun gnomon et celle de lombre qu'il projette au midi des jours d’équinoxe (gr. waiux). Le terme xAiya n’apparait pas avant la premidre moitié du IV* siécle aven.é. Avant d'etre réunis en tableaux, les climata des divers sites devaient étre mesurés sur place, co qui rendait néces- saire Yobservation de lombre du gnomon tout le long d'une année. Le clima a'Histria a dai étre établi de cette fagon vers la fin du IV® sigcle — quelques dizaines dannées, a peine, aprés la premidre détermination du clima par Eudoxe 4 Cnide", On est done obligé de penser qu’aux IV"— [IE sidcles av.n.é, Histria aussi a eu ses mathématiciens et ses astronomas, Notre cadran, ainsi qu’on le verra plus loin, était un instrament complexe. Loin d’étre limité A Vindi- 11 Quiit_nous soit permis de remercier une fois de plus notre colldgue Em, Popescu, qui nous a suggéed cotte dle SONTIGETIONS A LOTPIE DRS CADRANS SOLAIRES ANTIOURS 135 cation de Pheure ton poraite, il servait en méme temps de calendrier. On pouvait méme Fatiliser en vue de com pater la durce des différents jours & celle du jour le plus court (solstice d’hiver) ou Te plus Tong Galstice dete), Sa construction est donc la mise en ceuyre de connaissances maihématiques ct astronomiques ts poussces. Par ailleurs kt finesse de son exécution plastique suppose Texistence de taillenrs de pierre trés habiles, ce qui n'est pas fait pour nous sturprendre si mous pensons my admirables monuments architecturaux. contemporains au cadran. n taisant parler Ie cadran fragmentaire d’Histria, notre relation (5) offre un témoignage préciewx pour Thistoire de la vie scientifique de cette cite, Le cadran découvert 4 Cumpina ™ (12 km SO Constanta) (fig. 3), nous a fourni Voccasion Mavancer encore in peu dans Péinde qui nous intéresse. I résulte des observations faites que sa surfoce appartient & un cylindre circulaire droit. La bibliographic consacrée & ce genre de pauvre Aucun exemplaire n’a été analysé d'une maniére rigoureuse, cadrans antiques est bie Vig. = Le cadean solaire de Campana, 4 tas tableau des climate ant StS dresses seulement (Debrouadja), dans tebe tatiqua Phitippopstiana, Solin fu He aicle avn por Hippuric Hunt ed completes 14, phe IT ha Ccseniges par Plolenice Ce Lage Jaco We eeatran a été public par S. Cominesen, Déchif- Rome, 1a" Ment foment inerprstation it teats slain de Cima Enciclopedia Italiana, 308. wy 4 notre connaissance. La logique intérieure. propre aux cadrans solaires. nous a mené de Vana. lemme de Vitruve 3 celui qu'on doit reconstruire pour ce type particulier de cadran Lombre d'un point placé sur l'axe d'un cylindre orienté parallélement A axe du monde décrit, & vitesse constante, sur la surface intérieure de ce cylindre, des ares semblables A ceux que parcourt Ie soleil. On obtient de cette fagon le méme conformisme qui caractérisait les cadrans sphériques. Il suftit done de représenter sur Vancien analemme un eylindre tangent a la sphére le long de la courbe équinosiale (fig. 4). A la différence de ce qu'on a appris par Fig. 4. — L’analemme du cadran cylindrique. Yanalyse des cadrans sphériques, les nouvelles courbes fondamentales seront des arcs de cercle ayant le méme rayon R qui est le rayon du cylindre. En divisant ces courbes en 12 segments égaux et en reliant les points de division on obtient les 12 espaces horaires. A l'exception de la ligne horaire médiane, qui est une droite (la génératrice du cylindre), toutes les autres lignes sont des courbes. Passons maintenant a la solution des problémes posés par I’étude d’un cadran A surface de réception cylindrique. La détermination du type du cadran entraine une fois de plus des observations directes et des considérations théoriquss. Si la ligne horaire médiane est une droite, si toutes les paralléles qu'on en peut trouver sont, elles aussi, des droites et de plus, si (oi R est le rayon du cylindre et d, la longueur de l'are d'une division horaire équinoxiale), il est évident qu’on a affaire & un cadran. cylindrique qui a la pointe du style sur son axe, ° CONTRINUTIONS A.LRTUDE DES CADRANS SOLAIRES. ANTIQUES a7 Si Yon dispose d’un exemplaire non endommagé, la mesure de angle formé par inter section du plan horizontal du cadran avec la ligne médiane indique Ia latitude du liew oi Je cadran fonctionnait, Il découle de l'analemme que la longueur du style est Le style est placé horizontalement. Il coupe la ligne horaire médiane sous l'angle (¢). L'étude des cadrans cylindriques peut aboutir 4 la découverte de certaines relations qui permettent de calculer la latitude méme en partant d'un exemplaire fragmentaire. Suivant le raisonnement qu’on a appliqué 4 Vanalyse des cadrans sphériques, on aura, si dy, 4, et d, servent a noter les ares des divisions horaires observables sur les courbes fondamentales ! 2naR A 180°" 42 4 1 12 de méme que: Roose t tg 8 008 « Bo Rigs OE Ros tee = cotg 8 cos (=) © tee = cotg B cos (180° — we) ) et avec la notation tge = cotg 8 c0s (90%) 6) tee = — cotg 8 cos (90°r,) ’) En appliquant la relation (7) aux données fournies par le cadran de Cumpina d, = 31,3 mm, d, = 40,2 mm, on obtient 40, 31,3 tee = cotg 3 cos ( 180° — @ = 44°07 (la latitude de Tomis 9 = 44°10’) La longueur du style se laisse déterminer par la relation 128 C. IONFSCU-CARLIGEL % Bien qu'on n’ait pas encore découvert de cadrans coniques en Roumanie, l'économie de notre étude nous conduit épuiser les surfaces de réception qui rendent des images con- formes, L’ombre d'un point placé sur l'axe d'un cone orienté parallélement & I'axe du monde écrit & vitesse constante sur la paroi intérieure de la surface conique des courbes semblables 4 celles que parcourt Ie soleil. En retracant l'analemme d’un cadran conique on doit partir, une fois de plus, de cclui censtruit par Vitruve. II suffit d’y représenter un céne qui embrasse la sphére et dont I'axe prolonge 'axe du monde. Ce faisant on obtient deux situations assez proches l'une de l'autre. La pointe cu cOne peut étre orientée vers le nord — c'est le cas du cadran conique commun (fig. 5), ou vers le sud —c’est le cas du cadran conique antiborewm (fig. 6). Fig. 8. — ‘analemme du eadean conique commun, Hest évident que les dimensions du cone, de méme que sa forme, sont en fonction non seulement de la latitude et de Vobliquité de l’écliptique, mais aussi de langle formé Ala pointe du céne et de la place occupée par la pointe du style sur son axe. La ligne horaire médiane est droite comme chez les cadrans cylindriques, mais ses parallé- les ne sont plus des droites. On peut utiliser ce détail afin de déterminer le type du cadran. Sur les exemplaires non endommagés la latitude se laisse découvrir en mésurant langle formé par intersection du plan horizontal du cadran avec le plan équinoxial. Ces considérations valent pour les deux types de cadrans coniques. 1 CONTAIN HONS LIETEDE DES CADRANS SOLAIRES AN Une fois de plus nous tenterons de découvrir les relations qui permettent de déterminer la latitude des cadrans fragmentaires. Nous scrons obligés d’analyser séparément chaque type. Commengons par celui orienté vers le nord. Supposons qu'on peut mesurer sur le fragment : 4, = la longueur de I'are d'une division horaire située sur la courbe du solstice d'hiver d, =la longueur de Vare d’une division équinoxiale d, =a longneur de V'are d'une division horaire située sur la courbe du solstice d’été de méme que Fig. 6. — L’analemme du cadran conique antiborewm @ = la distance qui sépare — sur la‘ ligne médiane — la courbe du solstice d’hiver de la courbe équinoxiale b= la distance qui sépare — sur la ligne médiane — la courbe du solstice d’été de la courbe équinoxiale. Ces éléments, qu'il n'est pas rare de retrouver sur les fragments, permettent de découvrir ta latitude grace & un ensemble de raisonnements qui rapelle analyse des cadrans sphériques. Soit : n= AB, le rayon du cercle auquel appartient Vare J, situé sur la courbe du solstice er; la mesure de cet arc est langle 2a 7 2 = CD, le rayon du cercle auquel appartient V'are , | "= EF, le rayon du cercle auquel appartient are J; la mesure de cet are est Vangle 2p. 130 CTONESCU-CARLIGEL. —- 2 Des triangles (CAB), (CEF) et (BGD) semblables 4 (DKF) il s’ensuit que : AC OE on _ a AC tg 8 Otek nab) CE aon DAC eo tgs; cE A OnE, ane non a. re(a + 2) a’ “nb 8 2b yoo De méme AC ack ar, te p= 2 aC = ES CB = ry tgs; AC = 29 88 ted 3 rte ret nits _ 4a Het, nan ~b' 2a nar, Ath 26 12-180 a 12 doit Dans le triangle (ACT) : tg ACT = tg: :4C tee = cotg 8 cos a 1805.4 8) tep = coty a 4, De méme ate we) ath CADRANS SOLNIRES ANTIQUES. ast on aves tes notations “erly ( at 180 Py, Legg ~ eat os * wren ( TONS) 7) lana tie — ent 8 cos . 9° ta 8 cos (1 ia (1 En usant des mémes symboles on obtient, grace au_méme raisonnement, les relations snivantes, qui valent pour le cadran conique «aitihorewm + tee = cotg 3 cos, (er) (19) ath 180 07, tae = — cote 8 cos (INP) (uy Les formules (8), (9), (10), (11) permettent done de calculer Ia latitude dun eadran conique, méme a partir de données fragmentaires Le cadran L 990 MNA nous a suggéré d’autres remarques concernant notre sujet. I sagit dun cadran a surface de réception sphérique (fig. 7) qui ne reproduit cependant pas le Fig, 7. = Le eadran 1. 99 MYA. (Doron) type du © hemicyelium excavatuin ¢ quadrato, ad enctimaque suceisums déerit par Vitrnve (voir Fanalemme, fig, 1). La difference entre ces deux types a trait a plan des courbes fonsla- le Vitruve est caracté rmentales : le cada sé par des courbes orientées selon le plan equi noxial, celui qui retient notre attention maintenant, par des courbes orientées yerticalement Crest Co qui fait que les trois courbes fondamentalles y dey différents, Naturcllement, les espaces horaires sont obtenus par ki division de ees courbes en ‘anent des des Jes de ravens be 6 TONESCU-CARLIGEL n Silistra 7, celui de Bettwitler et pent-étre dlouze segments éganx, Ce type réunit le cadran de autres encore, que nous ne connaissons pas En mesurant les arcs qui séparent — sur la ligne horaire méridienne — les courbes fond mentales, on peut constater qu'ils sont égaux et qu'ils représentent approximativement 1/15 dun grand cercle de la sphére du cadran (Vobliquité de Vécliptique). La ligne médiane est done conforme 4 Vanalemme de Vitruve. Sur cette ligne Pombre de la pointe d'un style, située au centre de la sphére, indiquait & midi I'heure et le jour de année, Pendant le reste de la journée lombre du style marquait lheure temporaire en se déplacant d'une division horaire a autre. De tels cadrans ne semblent avoir été construits qu’aprés le I" siécle de notre ére. Sans étre trop précis, ils présentaient toutefois l'avantage de pouvoir étre produits en série sans I'in- tervention d'un spécialiste. A cette époque qui voit la construction des cadrans se transformer en industrie, artisan qui travaillait dans un atelier spécialisé pouvait confectionner des quarts de concavités qu'il incorporait & divers groupes de sculpture selon le gotit du client. Ces pie étaient utilisées dans n'importe quel endroit autour du centre de fabrication. A condition de connaitre la latitude, on les marquait sur place a I’aide d’un calibre construit selon l'analemme, On obtenait ainsi les points of les courbes fondamentales coupaient la ligne médiane. Dés lors il suffisait de tracer par ces points des demi-cercles verticaux et de les diviser en douze segments égaux. Les espaces horaires étaient le résultat de cette opération Nons avons refait l'analemme d’un cadran de ce type (fig. 8) — qu'on pourrait appeler_sphérique transformé — en nous servant de celui de Vitruve. Il serait malaisé de déterminer la latitude de son fonctionnement en se fondant uniquement sur des observations directes. Mais on peut calculer sur Yanalemme les rayons des trois cercles fondamen- taux par rapport au rayon de la sphére (R) n= Ros (@+8) r=Reos @ ry=Reos p=) En determinant la longucur des demi-cercles 1=nR cos (9+8); |= xR cos 9; l=rK cos (9-8) on pent écrire leur rapport 1, _ wR cos (@ + 8) _ cos (gi 8) 1 xR cose cos Fig. 8 Lanalemme di RK cos (p — 8) _ cos (@ — 8) transformé: =f = aR cose cose. Si d,, det d, servent & noter Ia longueur des arcs des divisions horaires, cos (p+ 8) dy cos (@ — 8) cop" d, cos@ advan solaive omain de Bett 1 Ce cadran a 6Lé découvert en 1988 et publi par is dharchéologie, Wart et dhistoie J. Mladenova dans SA, 1961, p. 274, 1s CONTRIBUTIONS A ICRTEDE DES CADHANS SOLATIES AN THCHES ia oi Hy cos gees BSN SIME a a sind a cos He cos pO]! SIMESINE ty g sin 8 d cos @ cons 4, twee ig cotKR sind (12) “ cond ; ter = “ — Oe coty 8 13, 6 sin dsing “ ou, ‘avec les notations (12") (3) Ces relations permettent de calculer Ia latitude des cadrans sphériques transformés méme fragmentaires, a condition qu’on puisse y mesurer la longueur de deux arcs des divisions horaires, Sur le cadran L 970 MNA nous avons pu mesurer d= 29mm d, = 15 mm En appliquant la tormule (10) on obtient ty = cotg8 — "(on a pris 8 ~ 24) 29 sind 9 = 4415" La longueur du style se laisse calculer par la relation : 12d Bos @ Le ; L= 1748 mm * ‘Avant de conclure cette étude il ne serait peut-étre pas inutile d’y ajonter quelques remarques au sujet des autres éléments qui se laissent observer sur un cadran antique. En plus des courbes fondamentales on peut tracer sur un cadran la courbe de n'importe quel autre jour de l'année. En théorie on pouvait noter les courbes de tous Tes jours sans ex- ception. En fait on retrouve d’habitude les courbes qui servent A marquer Venteée du soleil dans les constellations zodiacales, le commencement des mois, utres dates également importantes. Parfois ces courbes étaient tracées d'un bout & autre du cadran, ce qui lui donnait l'aspect d'une toile d'araignée ®. Souvent on marquail seulement les points oit ces courbes coupaient 1a ligne horaire médiane (c'est le cas du fragment 1. 2032 MNA). Cetype de cadran indiquait le jour seulement & midi. La construction de ces courbes est expliquée par Vitruve dans la présentation de son analemme (fig. 9). Par les deux points H ct G, qui marquaient Tintersection de la ligne horaire médiane avec les plans solstitiaux on tragait un cercle ayant HG comme diamétre ™. Sur I'analemme, ce cercle, que Vitruve appelle menacus % — le cercle des mois — représente Vécliptique, limitée par les deux plans tropicaux. Pendant que le soleil décrit son mouvement apparent allant du solstice d‘hiver vers le solstice d’été, le point qui lui correspond sur le cercle du menaeus décrit are GH. Pour obtenir la courbe d’un jour quelconque il suffit de diviser le menaeus en un nombre de segments égal A celui des jours de l'année. De cette fagon chaque division du menaeus correspond A un jour précis. Si I’on tire par l'une de ces divisions unc paralléle & la ligne équatoriale de I'analemme, le segment compris entre la ligne horaire médiane et Ia ligne hori- zontale sera — conformément au principe de l’analemme — la projection, sur le plan méridien, de la trajectoire décrite par le soleil pendant le jour qui correspond A cette division, L'arc quiest l'image de cette trajectoire appartient au cercle de rayon UZ, et il correspond au double de l’angle a,. Une fois inscrit sur l'ana- lemme, il peut @tre reproduit sans difficulté surle cadran, grace aux calibres. Il importe au chercheur moderne de dé- terminer les jours qui correspondent aux courbes auxiliaires figurant sur un cadran antique. Ceci l'oblige de parcourir & rebours le chemin du constructeur. On dessine l’ana- lemme grandeur nature et on y trace le ‘menaeus. On marque les points d’intersection avec la ligne médiane. On tire par ces points des paralléles & la ligne équatoriale. Chaque paralléle coupera le cercle du menacus en deux points. En reliant ces points au centre du Fig. 8. —Llanalemme du cadran sphérique & menacus, cercle on obtient des rayons symétriques, des deux cétés du Jocothomus. Si l'on convient que 365 1/4 jours =360°, la distance, calculée en degrés, qui sépare le point H (ser- vant a noter le solstice d’été) de l'extrémité d'un de ces rayons, recouvrira la distance, calculée en jours, qui sépare le jour marqué par notre courbe du solstice d’été. De cette fagon on ob- tient pour chaque courbe deux dates placées & une distance égale avant et aprés le sol en question. 3 Vitrave (9, 8, 9) attribue la construction de Warai- 4 La forme menaeus a été restituée par Turndbe dans née & Endoxe ou'A Apollonius. Vitrave (, 7, 16), cf. gr. unvaog. Les manuscrits conser % Le nom donné par Vitruve & ce diamétre est /oco- vent la graphie erronée man(a)eus, qui a été adoptéc par thomus (8,7, 18). Jes plus anciens éditeurs ef. ‘Thesaurus Linguae Latina Le oh Fig 10, — Ly caleul des dates marquées sur le fragment WN entre ces dates dépend de nos connaissances au sujet du calendrier de Vépoque, ‘du cadran-calendrier 'Histria, nynces a Fétude dur fragment L 2023 MNA (fig. 10), les opérations que nous venons de décrire nous ont fourni les renseignements reproduits schématiquement dans le tableau Distance caleulée | position du jour te Sea ea ere i T T : : | Saf grt Gmmeceneat a aarp t 108 105 jours avant | stiiew de Vhiver NSS far apr! Ente du tl dns sno de Serie Ss te tle ju Srumt_| nee au an ane ecm ein (6 IONESCU-CARLIGEI. bs D’antres éléments encore se laissent découvrir sur les cadrans solaires antiques. [1 s'agit notamment du systéme qui permettait de suivre la croissance des jours par rapport au jour le plus court — celui du solstice dhiver — et leur décroissance par rapport au jour le plus long — celui du solstice d’été, Le principe de ce systéme peut étre saisi sans difficulté, Partons des extrémités horizontales du cadran sphérique. En msnrant sur les courbes fondamentales des ares égaux a la moitié de la courbe du solstice d'hiver et en reliant les points extrémes, on obtient deux lignes (A, ct Ky) symétriques par rapport & la ligne horaire médiane. Ces lignes forment un angle sphérique qui a Ja pointe sur la ligne médiane au milieu de Ja courbe du solstice d’hiver (fig. 11). En mesurant sur la courbe d’un jour quelconque l'are compris ’ Fig. 11. — Le systéme servant & comparer la durée des jours sur un cadran sphérique. entre ces deux lignes symétriques, nous obtenons la différence positive qui sépare ce jour du jour le plus court (sa croissance). En comparant cet arc avec I'are qui lui correspond sur la courbe du solstice 4’été, nous avons la différence négative qui le sépare du jour le plus long (6a décroissance). A notre avis, ce systéme n’offrait que la représentation graphique de la réalité, Si l'on mesurait effectivement ces différences, l'unité dont on se servait ne pouvait étre que l’heure temporaire du jour comparé avec les solstices. Tracées sur un autre type de cadran, les deux lignes symétriques dont il est question prenaient une forme différente Le systéme que nous venons de décrire pouvait servir d'abaque aidant a Ja transformation des heures temporaires en heures éjuinoxiales. Les arcs compris entre les lignes symétriques ct Vextrémité du cadran étant égaux, le temps nécessaire pour les parcourir devait étre toujours Te méme. La transformation s‘exprime done ainsi : n heures temporaires du jour considéré sont Equivalentes m heures équinoxiales (on lisait m et m sur le cadran). En fait, rien ne prowve qu’on opérait réellement cette transformation. Le fragment L 2023 MNA conserve encore une partie du systéme symétrique qui permet- tait de comparer la durée des jours. Les cing caractéres grecs qu’on pent lire au-dessus de la igne gauche sont les restes d'une inscription dont on devine le sens grace au texte inserit sur le cadran plan découvert a Délos #2, A ce qu’il parait ce fragment est le plus ancien témol- gnage de l'existence des cadrans sphériques & systéme de comparaison ** % Notre fragment conserve seulement un segment dz Délos (découvert par M. Couve en 1894, cf. HL Diels Ja ligne oblique gauche, Au- dessus de cette ligne on peut op. cif, pp. 180-181) porte les inscriptions suivantes reconnattre 5 caractéres grecs tracés de druite A gauche, Rob xpdvos done Hukpas rapheet, aut dessus de Ia hgh ‘comme dans un mirvir:--OE XPO--, Lecadran plan de oblique gauche («Wohin die Zeitdawer jede= Licht " CONTRIBUTIONS \ L-ETUDE DES CADRANS SOLAIRES ANTIQUES 7 Jus qua ce jour le probléme des cadrans solaires antiques n'a pas regu une solution & la fois définitive et complite. Notre étude s'est proposé uniquement de découvrir de nouvelles voies d'approche et d’éclairer quelques points obscurs. Les exemplaires qu'elle a analysées en détail ont été tous découverts en Roumanie. On ne saurait oublier, cependant, les centaincs de cadrans antiques non endomagés ou fragmentaires qui, dispersés un peu partout dans. le monde, attendent encore d’étre sérieusement étudiés, groupés et classés dans un travail d'ensemble, qui offrirait I'archéologue, au sociologue et a I’historien maint renseignement nouveau sur une époque disparue. feicht ), et 05 ypding mans fudens Aommig (+ Wo dic % Jusqu’a ta découverte du fragment a Histria, te Zeitdauer jedes Lichttages authort ,), aucdessus de a plus ancien cad cmiricr et ayeteme ligne oblique opposée. II n'est peut-ttro pas intendit, de était — a notre connaissance — celui Ort penser que len inscriptions du eadran «(Histria avaient quilin (CG, XIV, 1307) qui semble Ie mime sang [Réal06, pdlves. hans judpac rage] dater de Yépoque imperiate (cl He Diok, op. ele p. 169) Inbone phic mda hukeas domhsh peer)

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