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Alexandre Fernandez
Université Michel de Montaigne
janvier 2005 - mai 2005
L’Amérique latine au XXe siècle
Introduction
Bibliographie :
- Chevalier F., L’Amérique latine de l’indépendance à nos jours, Paris, PUF, 1977
- Dabène O., La région amérique latine. Interdépendance et changement politique,
- Rouqié A., Amérique latine. Introduction à l’extrême occident, Paris, Le Seuil, 1987
L’Amérique latine est un vaste sous-continent, la notion de distance est complètement différente de
celle de de nos pays européens. Il faut bien prendre conscience de la profonde diversité des
paysages, diversité certes, mais aussi unité.
La notion d’Amérique latine renvoie a une unité linguistique. Elle s’étend à partir du sud du Rio
grande. Mais on note cependant des états non latins : les antilles françaises, la jamaïque
anglophone, la Guyana anglophone également, le Surinam hollandais, la Guyane française, le Belize
anglophone. La notion d’Amérique latine est donc une commodité de langage reflétant tout de
même la prépondérance des langues ibériques : espagnoles et portugais. L’Amérique latine renvoie
d’emblée à un passé colonial commun, elle se définit vis à vis d’un référant européen : la latinité.
Le peuplement de l’Amérique latine est lui aussi divers :
- les indiens forment le peuple originel, majoritaire en Bolivie, en Équateur, au Guatemala,
forte minorité au Pérou et en Amérique centrale, minorité notable au Mexique. Ces indiens, du moins
en Bolivie ne parle pas espagnol et conserve leur langue première. Le nombre d’indien est en forte
croissance.
- les métis composent la majeur partie de la population latino-américaine, ils sont majoritaires
au Mexique, au Pérou, au Brésil. Le métissage est le croisement des blancs avec les indiens, les
blancs avec les noirs, les noirs avec les indiens.
- les blancs. On distingue les créoles qui sont implantés depuis le début de la colonisation et
possède donc une forte attache en Amérique latine et les immigrants européens des XIXe et XXe
siècle, fait de l’exode européen, présents principalement en Uruguay, au Chili et dans le Sud du
Brésil.
- les noirs issus de l’esclavage sont principalement au Caraïbes, aux Antilles, en Haïti, au
Nord Est du Brésil, au Venezuela, en Colombie.
Les relations amérique latine-europe sont complexes :
A la fois attiré, fait des élites vis à vis de la culture européenne, renforcé par le besoin de distinction
vis à vis des autres.
Et en rejet, revendiquant l’indépendance, indépendance faite par les créoles. Le libertador Bolívar est
blanc. L’indépendance est le fait des élites blanches et non des indiens. (excepté au Mexique).
Les différences sociales sont déterminés par les différences culturelles et ethniques.
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L’Amérique latine au XXe siècle
Chapitre I
L’Amérique latine de 1898 à 1930
Oligarchies et Caudillismes
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L’Amérique latine au XXe siècle
Porfirio Diaz est entouré d’ingénieur et d’intellectuels positivistes, les cientificos). Cependant certaines
élites restent attachées au catholicisme.
Les élites latino-américaines sont donc fortement imprégnées de culture européenne. Leur objectif
est de maintenir l’ordre social. La réalité de l’indigénisme et du métissage est donc ignorée. Les
métisses n’existent pas pour eux et sont ignorés sauf dans une certaines mesures au Mexique.
Coexiste donc deux cultures : la culture officielle de référence européenne et la culture indigène.
Que l’on ait adopté une constitution plutôt présidentialiste ou parlementaire, le suffrage universel
n’est adopté en Argentine qu’en 1912, en URUGUAY en 1918 (y compris le suffrage féminin dans
ce dernier cas). Ailleurs on en est encore très loin. À la veille de la première guerre mondiale,
seulement 5% des adultes mâles votent en Colombie, 3% au Chili. Au Chili encore, dans les années
1960, il n’y a que 20% d’électeurs et 44 % seulement dans les années 70. De toute façon, le
système électoral fonctionne bien mal, parce que il y a de très fortes contraintes sur les votes et
parce que les résultats sont truqués.
Dans les pays où il existe un semblant de vie politique, celle-ci se divise en partis libéraux et
conservateurs, comme en Colombie. Il n’y a pas de différences majeurs sur les politiques
économiques et sociales et ils partagent le même mépris et la même indifférence à l’égard du peuple.
Les libéraux sont plus européens i.e. anglophiles, liés au milieu du négoce, tandis que les
conservateurs sont plus hispanophiles, catholiques et militaires. Malgré tout, les affrontements
peuvent être violents : ainsi durant la “guerre des milles jours” entre octobre 1899 et novembre 1902
qui opposa libéraux et conservateurs il y eut plus de 100 000 morts en Colombie.
À l’exception de l’Uruguay où José Battle y Ordoñez par deux fois président de la république entre
1903 et 1915 fit adopter une législation sociale très avancée : journée de travail de 8 heures, droit de
grève, législation des syndicats, divorce en plus d’une constitution réellement démocratique. Ailleurs,
les institutions de la démocratie ne sont que purement théoriques. Dans beaucoup de cas, cela s’est
estompé au profit d’une dictature pure et simple celle de Vicente Gomez (1908 - 1935) au
Venezuela ou encore celle de Porfirio Diaz au Mexique de 1876 à 1910.
Au début du siècle, seuls l’Argentine, l’Uruguay, le Chili, la Colombie et le Costa Rica ont l’apparence
de régime constitutionnels à peu près représentatifs. Dans la plupart des états, le choix politique est
entre une oligarchie de propriétaire ou encore un caudillo exerçant le pouvoir de façon dictatorial se
raccommodant ou pas avec l’oligarchie.
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L’Amérique latine au XXe siècle
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L’Amérique latine au XXe siècle
La Révolution mexicaine
1910 - 1920
La révolution mexicaine est à mettre en parallèle avec la Révolution française et la Révolution russe.
John Reed a couvert et l’une et l’autre. C’est l’autre grande révolution du XXe siècle. Mais c’est une
Révolution longue, et difficile qui débute en 1910. La date terminale reste imprécise : 1917 ? 1923 ?
1930 ?
1 - Les débuts
Depuis 1876, sous prétexte d’assurer au pays “l’ordre et le progrès”, Porfirio Diaz et son parti
nommé “scientifique” exerçait une véritable dictature de type bonapartiste. Si une certaine
modernisation, fondée sur les investissements étrangers est indéniable, elle a surtout profité à
l’oligarchie traditionnelle : 800 hacenderos environ. Aussi la petite bourgeoisie commerçante et
industrielle, intellectuelle dont les rangs se sont étoffés au cours du denier quart de siècle cache mal
sa frustration qui s’amplifie avec la crise économique des années 1907-1910.
Le 20 novembre 1920, Francisco Madero, un riche propriétaire et industriel, connu pour son
opposition résolue à la dictature de Diaz publie son “Plan de San Luis de Potosi” alors qu’il
s’enfuit aux États-Unis pour échapper à une nouvelle incarcération. L’attachement au libéralisme
politique de Madero est certain, il représente les intérêts de la bourgeoisie industrielle. Aux États-Unis,
il bénéficie de la bienveillance du gouvernement pas fâché de favoriser les opposants à Diaz, trop lié
aux intérêts des grands compagnies britanniques et françaises.
Le Plan de San Luis de Potosi expose surtout des revendications politiques, notamment l’annulation
de la réélection de Diaz au mépris de la constitution. Du point de vue social, on retrouve qu’une
vague allusion aux abus commis contre les communautés indigènes à l’occasion de la mise en
œuvre de la loi sur les baldios mais rien de précis sur les conditions d’une éventuelle restitution des
terres. Cependant, cela est suffisant pour le gouverneur de l’État septentrional du Chihuahua,
conspirateur madériste puisse compter sur le soulèvement militaire de Pascual Orozco et de
Francisco “Pancho” Villa. D’autres soulèvements, plus ou moins bien coordonnés suivirent dans
les dernières semaines de 1910.
Dans le Nord, les groupes armés de la révolution (dont le noyau étant constitué de vaqueros
(gardiens des troupeaux, à peu près l’équivalent du cow-boy) travaillant dans les Haciendas et
rompus aux trajets à cheval et au maniement des armes) remportèrent de remarquables succès sur
l’armée régulière (prise de Ciudad-Juarez). Parallèlement, le 11 mars 1911, les paysans de l’État
méridional de Morelos se soulèvent sous l’étendard du madérisme et du plan de San Luis de Potosi
conduit par Emiliano Zapata. La configuration de cette guerre en fait une guerre de mouvement
rendant impossible la capture de prisonnier, multipliant les exécutions de soldats ennemis.
Rentré au Mexique, Madero négocie le départ de Porifrio, celui-ci quitte le pays le 25 mai 1911 et le
7 juin, Madero rentre victorieusement dans Mexico. Pour Madero, la Révolution est terminée.
Or, si Pancho Villa, bien qu’à contrecoeur accepta de dissoudre son armée et d’attendre que la
question de la terre fut résolue, dans les campagnes soulevées plus éloignées de la capitale,
l’impatience s’affirmait au fil des semaines. Dans l’État du Morelos, Emiliano Zapata mettait comme
condition au dépôt des armes la résolution de la question de la terre par Madero.
Madero élu président le 6 novembre 1911 entreprit de faire fonctionner la république parlementaire
cependant, il revenait sur les dispositions du Plan de San Luis de Potosi en ce qui concerne la terre.
C’était se couper des bases paysannes au moment même où il devait faire face aux revendications
croissantes des ouvriers dont le mouvement était fortement teinté d’anarchisme et surtout face au
retour de l’ancienne oligarchie pour reprendre le pouvoir.
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L’Amérique latine au XXe siècle
tiers des latifundios ; confiscation des terres des hacenderos qui luttent contre la Révolution.
La ra Madero riposte à ce qu’il considère comme une déclaration illégale en s’appuyant sur le général
Huerta. Ce dernier, soutenu par les porfiristes, les compagnies pétrolières et l’ambassadeur des ÉU,
ne tarde pas à déposer Madero le 18 février 1913. Le coup d’état contre révolutionnaire de Huerta
réenclenche le processus révolutionnaire.
À la tête de troupes “constitutionnalises”, le général Venustiano Carranza s’oppose à la dictature de
Huerta -d’ailleurs lâché par les États-Unis de Woodrow Wilson- épaulé par la division del Norte de
Pancho Villa et les troupes d’Alvaro Obregon, tandis que l’Ejercito Libertador del Sur de Zapata
contrôle les trois États au sud de Mexico. Huerta démissionne le 15 juillet 1914.
Carranza procède à la dissolution de l’armée fédérale issue de l’Ancien Régime (celle que
commandait Huerta) mais ne parvient pas à obtenir ni l’intégration des troupes de Zapata ni même
celles de Pancho Villa dans la nouvelle armée constitutionnalise. C’est que le Plan de Guadalupe
de mars 1913 fait peu de cas des revendications paysannes. Une tentative de conciliation entre les
chefs révolutionnaires échoua en octobre 1914 : d’une part Carranza et Obregon, les
constitutionnalises et de l’autre Villa et Zapata. En novembre 1914, Zapata et Villa entraient dans
Mexico mais rejoignaient rapidement leurs bases territoriales du Morelos et du Chihuahua afin de
lutter contre Carranza. Modéré, apparaissant comme une meilleur garantie de la propriété privée,
Carranza recevait l’appui des États-Unis, et aussi des mouvements ouvriers anarchistes. L’année
1915 voyait les armées de Zapata et Villa reculer.
2. La consolidation de la Révolution
Les années 1917 à 1920 sont marquées par la poursuite de l’agitation dans le sud et des opérations
vilistes dans le nord. Mais Zapata est assassiné par un officier carranziste en 1919 et Pancho Villa en
1923. A Mexico, dans un climat de violence (assassinat de Carranza par un général rival) Alvaro
Obregon est élu président. Disposant d’une large base sociale -ex Zapatiste, il rassemble la
bourgeoisie urbaine-son mandat est marqué par la mise en œuvre des réformes promises en 1917.
En 1924, une nouvelle rébellion militaire s’oppose à l’élection de Plutaro Elias Calles. Celui-ci sut
mobiliser autour de lui tant la bourgeoisie de gauche que la puissance organisation ouvrière la
Confederacion Regional Obrera Mexicana (CROM). Une loi sur la répartition des ejidos essaya de
faire naître une petite et moyenne paysannerie rurale. La fin du mandat de Calles fut en revanche
marquée par une très forte agitation religieuse avec un conflit avec l’Église qui dégénéra en rébellion
contre-révolutionnaire, c’est la guerre des Cristeros dans l’État de Jalisco (1926 - 1929). La volonté
d’achever et de continuer la Révolution par des moyens pacifiques s’affirma par la création du
Partido Nacional Revolucionario (PNR). Calles interdit de se représenter par la Constitution de 1917
établit en fait son contrôle sur son successeur et obtenait enfin la stabilité politique. D’autre part, son
mandat est caractérisé par la création d’une petite bourgeoisie propriétaire de la terre.
Sans doute, le coût humain de la révolution mexicaine avait été considérable. Sans doute,
également, la démocratie demeurait inachevée compte tenu de la mainmise du PNR sur la vie
révolutionnaire et surtout la persistance d’inégalités sociales fortes. Mais les ambitions des militaires
étaient définitivement contenues. Mais les aspirations des différentes classes de la société mexicaine
ont été imparfaitement remplis : que ce soit la classe moyenne urbaine, le prolétariat urbain, et
l’immense masse paysanne. Par ses artistes, le Mexique pouvait donner sa révolution en exemple.
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L’Amérique latine au XXe siècle
1 - Les débuts
L’essor économique de l’Amérique latine est palpable, mais celui-ci ne touche pas de façon
uniforme tous les pays ni avec la même intensité. Mais il est sensible et est un mouvement général
de hausse. Pour l’essentiel, cet essor économique a pris la forme d’une croissance spectaculaire,
essor fondé sur l’exploitation des ressources naturelles:
- les mines (Chili le nitrate, le cuivre)
- agricoles : l’élevage argentin.
En Europe, la croissance n’a pas été fondé essentiellement sur l’agriculture et la mine, cette
caractéristique est typique de l’Amérique latine.
1. Un modèle agro-minier
L’essor économique dans le premier tiers du XXe est fondé sur l’exploitation des ressources
naturelles.
Ressources agricoles en premier lieu : l’Argentine en 1913 est les 3e producteur mondial de blé et le
1e exportateur de viande bovine. Cet essor a été rendu possible par la baisse des coûts de
transports et par la mis au point de la conservation par le froid.
Ressources minières également : le nitrate et le cuivre chilien ou anglo-chilien, l’étain bolivie, le
pétrole mexicain (concession accordée par Porfirio Diaz à la Standart Oil de Rockfeller) et plus tard le
pétrole Vénézuélien (Cédé par Vicente Gomez à la Shell) qui devient le 1er exportateur mondial et le
3eme producteur mondial de pétrole.
Une économie prospère mais débouchant sur un système mono-productif tourné vers l’exploitation
des ressources agrominières. C’est une économie très ouverte qui possède comme avantage de
permettre un développement très rapide du pays mais c’est un économie déséquilibré qui engendre
l’économie des cycles :par exemple au Brésil, au cycle du café qui fit la fortune de Sao Paulo suivit le
cycle du caoutchouc. Ces cycles sont vites achevés après que les sols eurent été littéralement
épuisés par une exploitation effrénée. Lorsque le retournement cyclique se fait sentir, il laisse des
villes minières (Antofagasta au Chili par exemple après la fin du cycle du nitrate) ou des régions
entières à l’abandon. De plus cet économie des cycles favorise une accumulation de capitaux
destinés à la spéculation et non à l’investissement.
Sauf l’ARgentine est capable de développer une industrie de transformation notable : celle de la
viande en conserve. Aussi bien que l’Argentine qui ne représente en 1913 que 9% de la population
du continent concentre 30% des revenus tirés de l’exploitation alors même que c’est elle qui
présente le degré le moins élevé de concentration puisque les deux produits principaux ne
représentent que 43% des exportations.
A son niveau et à sa taille, l’Uruguay peut également afficher une belle réussite économique sur des
secteurs à peu près identiques à ceux de l’Argentine. Au Chili plus timidement encore, en Colombie,
au Mexique ou au Pérou, une timide industrialisation articulée sur les ressources primaires apparaît.
En revanche les cas de l’Équateur ou de la Bolivie sont exemplaires de ces économies prédatrices de
richesses naturelles sans aucunes incidences sur l’industrialisation.
Le défaut principal étant le non-investissement de ses capitaux accumulés grâce à l’exploitation
agro-minière dans l’économie nationale. En plus de l’impossible mise en place sur le territoire
national d’une nation sur des fondements politiques et idéologiques, se rajoute l’impossibilité de
créer une nation économique avec un marché national. L’économie des cycles est l’exploitation
d’une richesse et le développement d’un lieu localisé. L’économie nationale n’est pas homogène. Il
n’y a pas non plus d’homogénéité sociale et économique d’exploitation des ressources nationales,
les capitaux ne sont pas réinvestis dans la nation.
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L’Amérique latine au XXe siècle
Export (M$) ÉU (%) PiB All (%) Fra (%) Total des 4
Argentine 510 4,7 24,9 12 7,8 49,4
Bolivie 36 0,6 80,8 8,5 4,9 94,8
Brésil 315 32,3 13,1 14 13 72
Chili 142 21,3 38,9 21,5 6,2 87,2
Colombie 33 44,5 13,5 7,1 2 67
Cuba 164 79,7 11,2 2,8 1 94,7
Guatemala 15 27,1 11,1 53 0,1 91,3
Haïti 11 8,8 7,3 37,2 44,2 97,2
Honduras 4 88,9 1,8 4,3 0,1 94,2
Mexique 148 75,2 13,5 3,5 2,8 95
Panama 5 94,1 1,3 4,3 0,3 99,9
Puerto Rico 46 84,6
Rép. Dominicaine 11 53,5 2,5 20 8,5 85
Uruguay 120 4 11,2 19,5 17,4 52,1
Venezuela 28 29,4 7,6 19,3 34,7 91
Amérique latine 1588 29,7 20,7 12,3 8 71
Ces traits se renforcent en certains cas après la guerre. En 1928, les exportations comptent pour
30% dans la formation du PIB argentin, pour 35% au Chili ou au Pérou, mais pour plus de 50% au
Costa Rica, au Honduras. Même dans le cas de l’économie argentine, l’économie la plus avancée et
diversifiée du continent avec un PIB par habitant équivalent à celui de la France n’avait pu rompre
avec une trop forte dépendance (le total import = export entre pour 59% dans la formation du PIB
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L’Amérique latine au XXe siècle
en 1929).
Le cas le plus extrême est celui de la United Fruit Compagny qui en amérique centrale et dans la
région caraïbe/colombienne possède les plantations, les chemins de fer, les embarcadères, contrôle
les douanes et exerce une domination totale sur la vie sociale et politique de la région et la politique
économique menée par le gouvernement.
Le fait que ces économies soient tournées vers l’exportation n’empêche par que les balances
commerciales des États latino-américains ont tendance à être plus nettement défavorable par rapport
aux ÉU que par rapport à la PiB, car certaines des productions latino-américaines entrent en
concurrence avec certaines productions nord-américaines.
Surtout, la dépendance financière s’accentua durant les années. En un seul emprunt sur la place de
Londres, le Brésil gonfle sa dette de 10 millions de £. L’Argentine consacre 39% de son budget à
payer le service de la dette extérieur (22 emprunts cumulés). Beaucoup d’État d’Amérique centrale
furent contraint de céder aux ÉU le contrôle et l’administration de leurs douanes voient de leur
chemin de fer.
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L’Amérique latine au XXe siècle
Chapitre II
L’Amérique latine de 1930 à 1960
L’époque “nationale-populaire”
Les décennies du milieu du siècle sont marquées en Amérique latine par une réaction contre la
dépendance économique, politique et même culturelle à l’égard de l’Europe et des États-Unis. Au
Mexique, cette réaction artistique prend la forme du muralisme, art issu de la révolution, à la fois
mexicain et universel. En Argentine, des écrivains tel Ricardo Guïraldes qui met en scène le gaucho
Don Segundo Sombra, faisant d’un personnage typiquement argentin un héros. Cette production
artistique, intellectuelle se réclame et se revendique latino-américaine et non pas comme seule
transposition européenne en amérique. Cette nouvelle sensibilité, cette nouvelle option qui débute
dans les années 30 est caractéristique de la période “nationale-populaire”.
Mais il faut relativiser le phénomène est bien comprendre les divergences nationales, certains pays
échappant à la tendance pour la voir aboutir dans les années 80 (Panama), bref tous les pays latino-
américains eurent des développements différent.
Durant les années 20, la forte agitation sociale en Argentine illustrait déjà les premiers signes de
faiblesses du modèle libéral-exportateur. Mais c’est la crise mondiale de 1929 qui en rélève
l’ampleur, cette crise révèle l’échec du modèle libéral.
- selon que les principales activités d’exportation sont aux mains d’une bourgeoisie nationale
(plantations de café de Sao Paulo, viande argentine)
- ou au main d’entreprises étrangères (plantation d’Amérique centrale, mines du Pérou), nommé
économies d’enclaves
Paradoxalement ces dernières qui relèvent d’un taux de dépendance largement supérieur et donc
plus vulnérable sur le long terme ont été moins touché, car les entreprises étrangères ont pu
supporter une partie des pertes par des compensations alors que les économies au main d’une
bourgeoisie nationale n’ont pu compenser la crise à l’étranger (c’est le cas du café au Brésil).
Cette crise monnétaire renforce les institutions étrangères et particulièrement les Banques ÉU car les
États ont été obligé de contracter des prêts par lesquels les banques ont pu prendre contrôle des
douanes et de la fiscalité afin d’assurer le remboursement de la dette. La GB qui était libre-
échangiste depuis 1846 a du mettre fin à son système en 1932 (Accords d’Ottawa). La crise de 29
voit le renforcement des protectionnismes.
Du fait de leur grande dépendance à l’égard des exportations, les économies latino-américaines
furent particulièrement éprouvées par la crise. Le prix des exportations latino-américaines
s’éffondrèrent du tiers pour la laine et le caoutchouc, de moitié pour le café, le blé et l’étain et
des deux tiers pour le cuivre et l’étain. On dut procéder à la destruction pure et simple de millions
de sacs de café au Brésil et en Colombie, à l’abbatage de centaines de milliers de brebis et de vaches
au Chili et en Argentine.
La valeur des exportations chuta de 64,3 % entre 1929 et 1933. Cuba perdit plus de 70% de la
valeur de ses exportations, la Bolivie et le Chili, plus de 80%. À l’exception de l’Argentine, tous les
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L’Amérique latine au XXe siècle
2. L’Estado Novo
En 1937, Getulio Vargas lançait son programme d’Estado Novo ur le plan économique, il s’agit de
réduire la monoculture caféièez d’une part et de renforcer le capital nationalet de stimuler l’industrie
d’autre part.
Sur le plan politique et social, il s’agissait clairement d’établir une sorte de corporatisme. A cette
époque, le régiome entretient des relations aves les États fascistes. Vargas dissout les partis
politiques et les syndicats. La population est intégré dans les corporations organisées par l’État, il
s’agit bien de remplacer les syndicats existant d’orientation communiste, anarchiste ou socialiste par
un mouvement ouvrier apolitique dans un modèle d’harmonie et de collaboration des classes
sociales substituées à l’affrontement des classes. Les syndicats deviennent “des organes
consultatifs techniques dans l’étude et la solution par le gouvernement fédéral des problèmes
économques et sociaux liés aux intérêts de la classe”.
En 1943, le Brésil change de politique extérieur fin 1943 - il fournit désormais en matières premières
stratégiques aux EU, gêne les manoeuvres de Vichy aux Antilles sans pour autant autoriser à
nouveau syndicats et partis.
EN 1944, cependant, Vargas autorise à nouveau les partis (y compris le parti communiste clandestin
depuis 1922 : son dirigeant Luis Carlos Prestes “les prisonnier politique le plus connu d’Amérique
latine” est libéré) et les syndicats et crée par ailleurs son propre parti : le Parti travailliste brésilien. Mais
l’oligarchie brésilienne et l’ambassadeur des États-Unis, Adolf Berle, qui feignent de croire au
rapprochement entre Vargas et les communistes soutiennet le coup d’État militaires qui le renverse
en octobre 1945 au profit du général Dutra. Celui-ci organise bien des élections mais interdit le parti
communiste et la Confédération des travailleurs brésiliens, centrale syndicale commune aux
communistes et aux socialistes.
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L’Amérique latine au XXe siècle
président Castillo, représentant de la droit ultra et des intérêts de l’armée. Castillo augment le budget
de l’armée (22,8% en 1942 et 27% en 1943) et crée la Direction Générale des Fabrications militaires,
appelée à jouer un rôle moteur non seulement dans le développement de l’industrie de guerre, mais
aussi dans le développement de l’industrie nationale. Le pouvoir militaire acquiert une dimension
économique.
Il va s’emparer du pouvoir politique direct pour s’opposer à la contestation sociale dont rendent
compte les immenses manifestations du 1er mai 1943, il se crée un groupe d’Officiers Unis. Le
putsch militaire du 4 juin 1943 instaure une dictature militaire dont le chef en titre est le général
Rawson. Le Parlement est dissous, les syndicalistes et les militants de gauche - et particulièrement
les communistes - sont pourchassés. Le budget de l’Armée est porté à 34,4%. Toutefois, le
secrétaire d’État au Travail et à la Prévision sociale est Juan Domingo Peron, il fait augmenter les
salaires, instaure la journée de 8 heures, crée des assurances pour les accidents du travail. Il obtient
également la promulgation d’un statu pour les ouvriers agricoles, les peones, établit des conventions
collectives et agit comme médiateur lors des conflits.
Au moment même où le syndicalisme est proscrit (la CGT clandestine ou CGT2), il s’appuie sur une
CGT officielle (CGT 1) de structure verticale, à l’immitation des corporations italiennes, il acquiert
une grande popularité tant auprès de larges couches populaires, tandis que son nationalisme
intransigeant et anti-anglo-saxon le fait apprécier de nombreux d’officiers. À la faveur du
remaniement de janvier-février 1944, Peron devenu ministre de la Guerre occupe le poste le plus
important du gouvernement.
En 1945, le vent paraît tourner : l’ambassadeur des États-Unis, Spruille Braden, ne cache pas son
hostilité à Peron qui refuse d’engager l’Argentine aux côtés des alliés, tandis que d’autre part, la
Junte militaire inquiète de son évolution vers le centre gauche et de sa popularité le relève de ses
fonctions et l’incarcère le 9 octobre 1945. Mais les protestations populaires - l’immense
manifestation desdescamisados des faubourgs organisé par Evita Peron - firent libérer Peron le 17
octobre. La popularité de celui-ci ne fit que s’accroître.
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L’Amérique latine au XXe siècle
voir répressifs du régime. Le décès d’Evita en juillet 1952 lui ôta une bonne part du soutien
populaire dont il avait joui jusque-là. Ayant durci le ton face à l’oligarchie et à l’Eglise (abandon de
l’instruction religieuse obligatoire dans les écoles, légalisation du divorce et de la prostitution) afin de
compenser l’abandon de sa politique sociale, Peron se heurte à l’armée qui en 1955 le contraint à
l’exil.
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L’Amérique latine au XXe siècle
Cette croissance a provoqué celle des villes et des agglomérations et accru les tensions entre
mondes urbains et ruraux. Avant la guerre, seuls l’Argentine et l’Uruguay pouvaient être considérés
comme des pays urbanisés. Les décennies d’après-guerre ont vu les villes littéralement grossir sous
l’effet de leur propre croissance et surtout d’un fantastique et ininterrompu exode rural. En outre, le
phénomène a touché bien davantage que les centres intermédiaires, les capitales et parfois deux ou
trois autres agglomérations : au Mexique (Guadalajara, Puebla ), au Brésil (Sao Paulo, Belo
Horizonte, Porto Alegre) et en Colombie (Medellin). Le gigantisme de ces mégalopoles (Mexico dès
les années 80 est la plus grande agglomération du monde, Sao Paulo la troisième) pose des
problèmes d’implantation et de gestion des infrastructures. D’immenses bidonvilles (dont les
célèbres favelas de Rio de Janeiro) peuplés parfois de quatre à cinq millions d’habitants, en marge
du tissu urbain et bien souvent des lois, marquent le paysage latino-américain.
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L’Amérique latine au XXe siècle
s’opposer frontalement au capitalisme étranger, mais réussie tout de même en 1959 à réformer le
système des concessions mis en place au début du siècle par Gomez et qui donnait puissance sans
limite aux compagnies : une “corporation venezuelienne des pétroles” put dans une certaines
mesure, contrôler les sociétés.
2) Nationalisation des chemins de fer : au Mexique en 1940, en Argentine en 1946, au Brésil de 46
à 50, au Chili en 51 et au Pérou ensuite.
3) Les États se heurtèrentà de plus en plsu sérieuses résistances dans les télécommunications, celle
de l’ITT en particulier. Malgré tout, nationalisations totales ou partielles au Mexique, en Argentine, au
Brésil, au Chili.
5) Luttes plus féroces pour l’électricité : le Brésil et l’Argentine se heurtèrent aux monopoles
canadiens et états-uniens, dont celui de la Light.
6) C’est encore plus difficile aves les trust miniers : au Chili, le gouvernement démocrate-chrétien de
Frei eut toutes les peines du monde à imposer une participation de 25% dans le capital du trust du
cuivre de l’Anaconda Cooper Cy.
7) En 1947, l’Argentine nationalisait le Banco Centrale, dont les capitaux étaient détenus par intérêts
anglais et états-unienes. Au Mexique, au Brésil, dans les États andins on s’efforça également de
développer les banques d’États, et avec peu de succès, les banques privées à capitaux nationaux.
En complément de ces transferts de propriété, les États s’efforcèrent également de réglementer les
investissements étrangers :
- une législation anti-trust étaient institutée par l’Argentine en 46-48 : elle visait en particulier le
groupe Bamberg dont 16 sociétés étaient interdites. En 1952, le Brésil exigeait des sociétés
anonymes que 51% au moins de leurs capitaux soient souscrits soit par l’État soit par des
particuliers brésiliens ; en même temps, il limitait à 20% par an le rapatriement des capitaux et à 8%
le transfer des intérêts et dividendes. En 1962, on interdit à des entreprises contrôlées par des
résidents “extérieurs” de recourir au crédit des institutions publiques.
L’éviction deds compagnies étrangères favorisa la création et le développement d’entreprises
nationales, publiques (dont la Pemex, cie de Pétrole mexicaine fut longtemps le modèle) ou semi-
publique comme Petrobras ou Electrobras, cies du pétrole et de l’électricité du Brésil. Comme ces
dernières, les sociétés nationales peuvent être en situtation de monopole ou de quasi-monopole.
Elles peuvent également représenter l’acteur majeur d’une branche ou d’un secteur, telle la
Companhia Siderurgica Nacional au Brésil ou Enami dans le secteur minier au Chili.
Un des objectifs assigné aux compagnies nationales était de stimuler et de porter la croissance
économique globale. Que peut-on en dire ?
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L’Amérique latine au XXe siècle
terre et le facteur travail sont quasi-abondants, mais sous-utilisés du point de vue de la rentabilité
capitaliste.
Au milieu des années 60, les grands domaines couvrent encore 37% de la surface agricole en
Argentine, 45% en Équateur, 50% en Colombie, 60% au Brésil, 80% au Pérou, 82% au Chili. Ces
domaines immenses sont contrôlés par 700 familles en Argentine, à peu près 2000 personnes en
Equateur, une douzaine de milliers en Colombie et au Chili, deux dizaines de milliers au Brésil.
Inversement les très petits producteurs et les paysans sans terre représentent 60% de la population
rurale de l’Argentine ou du Chili, 70% au Brésil ou en Colombie, 86% en Equateur. Pour ces 5
États, on compte plus de 20 millions de petits producteurs et de paysans sans terre, dont plus de la
moitié forme la main d’oeuvre temporaire des grands domaines.
Les réformes agraires menées à la fin des années 40 et au début des années 50, incomplètes et vite
interrompues n’ont eu que des résultats limités : au Guatemala, ce furent 6000 familles seulement
qui reçurent des terres, en Argentine, Peron ne redistribua des terres qu’a moins de 6000 famille.
Seules les réformes boliviennes et surtout cubaine présentent quelque ampleur. Durant les années
60, à l’initiative de l’alliance pour le progrès lancé par Kennedy, et afin de calmer certain
mécontentement et éviter la propagation des exemples précédents, onze pays d’Amérique latine
(Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, Rép. Dominicaine, Equateur, Guatemala, Nicaragua, Panama,
Pérou et Venezuela) approuvent dans l’urgence des projets de réformes agraires, une des conditions
posées pour bénéficier des subventions de l’Alliance. Mais là encore, les résultats furent médiocres
(seulement 44 000 ha sur les 350 000 prévus en Colombie par exemple). A l’exception ancienne du
Mexique et nouvelle de Cuba, la réforme agraire est encore à faire à la fin des années 60. Les
gouvernements qui tenteront de s’y atteler sérieusement au Pérou, au Chili en paieront le prix fort.
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L’Amérique latine au XXe siècle
À la fin de la guerre et avec l’arrivée de Truman à la Maison Blanche, les États-Unis reprennent une
poltiiqeu active en Amérique latine. Celle-ci est à la fois réservoir de matières premières et un
débouché pour les industries états-uniennes. Sur le plan politique, si entre 44 et 46, il s’agit pour les
États-Unis de promouvoir une certaine démocratisation, à partir de 47, il s’agit surtout dans le cadre
de la guerre froide de lutter contre le communisme : c’est l’idée de la “défense continentale” (sur ce
phénomène de flux et reflux de la démocratie, voir O. Dabène). Avec le soutien des oligarchies
locales, bon nombre de mouvement démocratiques ou sociaux sont assez vite accusés de faire le lit
du communisme. La Conférence interaméricaine de Rio de Janeiro de septembre 1947 et la création
de l’OEA (organisation des États Américains) à Bogota en avril 48 sont les signes de cette volonté.
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intérêts des différentes classes sociales. Les problèmes devaient être résolus dans le cadre de
conférences locales, régionales et nationales. Une première conférence nationale n’eut pas de suite.
Les conflits de classe ne pouvaient être ainsi estompés.
Les élections de 51 furent gagnés par Arbenz qui avec le soutien des partis réformistes, des
syndicats et des communistes entama enfin la réforme agraire. Une réforme agraire au demeurant
modérée, qui ne touchait que les domaines de plus de 300 hectares et qui permit à plus de 100 000
familles d’accéder à l’exploitation. Les élections de 1933 furent un vrai succès pour le gouvenement.
Mais en juin 54, avec l’appui de l’OEA et des états dictatoriaux voisins, inquiets de l’exemple
guatémaltèque et prétexant la dérive marxiste, le colonel guatémaltèque Armas envahissait le pays
depuis le Honduras et obtenait de l’armée qu’elle dépose le président Arbenz. Une terrible répression
contre les forces démocrates s’ensuivit.
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II - La révolution cubaine
1. Une révolution nationaliste progressite
Depuis 1934, à la suite d’un soulèvement, Fulgencion Batista est l’homme fort de Cuba, sous son
propre nom ou derrière ceux des hommes qu’’il porte à la présidence. À partir du coup d’État de 52,
il renforce son pouvoir personnel et celui d’une mince oligarchie. La traditionnelle relation de
dépendance à l’égard des ÉU est renforcée.
C’est dasn ce contexte qu’a lieu en 53, la première tentative révolutionnaire de Fidel Castro, jeune
avocat nationaliste qui se réclame de José Marti, le héros de la guerre d’indépendance. Son objectif
est de libérer le pays de la corruption et du pouvoir des “secteurs aisés et conservateurs”, c’est-à-dire
la haute bourgeoisie et le remettre au peuple qui regroupe dans sa conception tant la petite
bourgeoisie (artistes, commerçants, enseignents, ingénieurs,...) que le prolétariat rural et urbain.
Arrêté et jugé (“l’histoire m’acquittera”), condamné à 19 ans de prison, il est ensuite amnistié et se
réfugie au Mexique. Il y prépare avec un groupe de 24 hommes dont l’argentin Ernesto “Che”
Guevara le débarquement du 2 décembre 1956 dans la Sierra Maestra.
En deux ans, le noyau originel va se transformer en véritable armée rebelle et prendre La Havane,
d’où Batista s’est enfui le 1er janvier 1959. Cette rapide victoire s’explique par la conjonction de
plusieurs facteurs :
- La capacité de Castro à rassemble les paysans pauvres en distribuant immédiatement les terres des
grands domaines dans les régions qu’il contrôle.
- La petite bourgeoisie des villes et les étudiants soutiennent le mouvement qui lutte contre une
dictature vénale, corrompue et inféodée aux ÉU.
- La situation très difficile du peuple cubain : 600 000 chômeurs sur une population de X millions
d’habitants, le rend très réceptif.
Cette victoire revêt une importance tout à fait exceptionnelle. Pour la première fois en Amérique latine,
une guérilla parvient à mettre en déroute une armée professionnelle. Ce triomphe a un immense
retentissement dans tout le continent. Son importance est d’autant plus grande que le castrisme va
être à l’origine d’une expérience révolutionnaire en Amérique latine par l’instauraition dès 61 d’un
régime socialiste.
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sucre.
C’était sans compter avec la détermination de Castro. Cuba signe avec l’URSS un accord
commercial portant sur 20% de la production de sucre, puis un second accord qui prévoit l’échange
sucre-pétrole. En mars 1960, un bateau explose dans le port de la Havane. En octobre, la
socialisation de l’économie s’accentue avec la nationalisation des banques, puis l’expropriation des
grandes entreprises industrielles ; par ailleurs, la loi de Réforme urbaine interdit à une personne privée
de percevoir mensuellement plus de 600 dollars de loyer et institue un système qui vise à rendre
tous les locataires prorpiétaires de leurs logements. À la fin de 1960, l’URSS offre de défendre
militairement Cuba.
Le 16 avril 1961, la tentative de débarquement sur la Baie des Cochons est un fiasco pour les ÉU.
Le même jour, Castro proclame le caractère socialiste du régile. Les tâches prioritaires sont désignées
à l’ardeur des militants sont la lutte pour l’éducation et la santé.
En 1962, sous la pression des ÉU, Cuba est exclu de l’OEA. En octobre, la “crise des fusées” place
Cuba au coeur des tensions internationales.
En 1965, la création du nouveau parti communiste a pour objectif de réunir les membres de l’ancien
parti communiste et les révolutionnaires castristes issus du mouvement de la Sierra Maestra.
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Chapitre III
L’Amérique latine de 1960 à nos jours
La fin des modèles nationaux :
L’Amérique latine et la mondialisation
La lutte contre la Révolution : la décennie des dictatures
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l’entoure dissolvent tous les partis politiques et donnent comme objectif au pouvoir la défense par
tous les moyens des valeurs de l’occident chrétien et menèrent une politique économique ultra-
libérale.
Le projet échoue ntant économiquement que socialement (manifestation de Cordoba en 69) et
politiquement (subversion armée des péronistes de gauche : les Montoneros, manifestations
populaires et élection de Peron à la présidence en 73 avec 62% des voix).
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plébiscite afin de pérenniser son pouvoir jusqu’en décembre 1996, mais c’est le non qui l’emporte.
Pinochet refuse de partir. Mais en décembre 1989, sous la pression populaire, il est contraint
d’organiser des élections présidentielles. C’est le candidat démocrate-chrétien Patricio Aylwin
qui l’emporte au nom de l’union de l’opposition contre le candidat de Pinochet et des chefs
d’entreprises enrichis durant la période ultra-libérale du pouvoir militaire. Mais, Pinochet refuse de
quitter son poste de commandant en chef de l’armée. Il est en position ainsi de surveiller cette
démocratie contrôlée par l’armée.
Pinochet fait venir au Chili des disciples de Milton Friedman, professeur d’économie à Chicago, et
chantre de l’ultralibéralisme. On assiste au démantèlement de la politique économique menée par
l’Unité populaire mais aussi de bon nombres d’éléments structurant de l’économie chilienne.
Les entreprises publiques sont privatisées. L’ouverture du marché chilient est assurée par
l’abolition des douanes et l’offre de conditions très avantageuses aux investissements étrangers.
Malgré ce qui a pu être dit à une époque sur le “miracle chilien”, les résultats, y compris du strict
point de vue économique sont très contrastés. L’économie est touchée par une très sévère crise en
1975 puis en 1982. À partir de 1984, certains indicateurs économiques paraissent donner de bons
résultats :
- + 20% d’augmentations des exportations grâce à la hausse du prix du cuivre
Le pays bénéficient de larges crédits extérieurs. Les classes moyennes profitent de la libéralisation
des importations sur bon nombres de produits étrangers. Mais en même temps, le PIB par habitant
et la consommation par habitant dans les milieux populaires diminuent.
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L’Amérique latine au XXe siècle
Ainsi en Argentine ce fut très directement la Guerre des Malouines du 2 avril au 14 juin 1982
qui précipita la fin du régime de la Junte militaire. Les succès argentins des premières semaines
purent faire croire que les généraux allaient recréer les illusions des la victoire argentine lors de la
coupe du monde de football de 1978. Mais l’ampleur de l’échec militaire et diplomatique face à la
GB contraint le général Galtieri à la démission. En juillet, la Junte était dissoute mais les militaires
conservaient encore le pouvoir.
Cependant le mouvement populaire qui avait tenté de se maintenir sous les conditions extrêmement
dangereuses de la dictature (syndicats clandestins, mouvement des mères de la place de Mai)
s’enhardit et organisa à la fin de l’année d’importantes manifestations. Les partis politiques
renaissaient. Les militaires durent concéder l’organisation d’élection pour octobre 1983.
Celles-ci furent gagnées par le radical Raul Alfonsin. La question des disparus et des
responsabilités de la répression allait néanmoins peser sur le mandat d’Alfonsin qui dut en outre faire
face à de nouvelles tentatives de putsch.
Au Brésil, à partir de la fin des années 1970, une certaine opposition modérée (Mouvement
démocratique brésilien) fut tolérée. Les luttes d’opposition à la dictature s’intensifient. En 1978,
l’amnistie est proclamée, l’habeas corpus rétabli et la censure supprimée. Une certaine vie
politique est rétablie mais elle reste limitée aux partis strictement contrôlés. Sous la présidence de
Joao Figueiredo (1979-1985) le régime dictatorial s’affaiblit tandis que se consolide le mouvement
anti-autoritaire.
EN 1985, la campagne populaire pour l’élection au suffrage direct du président se heurte au refus du
congrès et des militaires mais l’élection, au suffrage indirect, de José Sarney, pourtant issu de
l’appareil politique durégime militiare, marque le début d’une véritable transition démocratique.
Cependant la mandature de Sarney (1985-1988) est marquée par des hésitations politiques et la
gabegie étatique. Sarney lance avec un certain succès le “plan cruzado” qui doit éliminer l’inflation
galopante en gelant les prix et les salaires. Mais la situation se déteriore et les partis d’opposition
dont le Parti des Travailleurs, en parti héritier du Vargime et du socialisme, accroît son influence en
remportant la mairire de Sao Paulo aux élections municipales en 1988.
Une Assemblée constituante est élue en octobre 1988. La nouvelle constitution modifie le mode
délection du président (au SU à 2 tours) tout en renforçant le rôle du Congrès face à l’exécutif
fédéral. De même est mise en vigueur une réforme fiscale renforçant les finances des États et des
municipalités qui renouent dans une certaine mesure avec le fédéralisme
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L’Amérique latine au XXe siècle
a) La question financière
En contrepoint de l’obtention en 84 d’un rééchelonnement des remboursements de la dette, Miguel
de la Madrid prend des mesures d’austérité budgétaire sévères. Les conditions de vie des travailleurs
mais également d’une bonne part des classes moyennes se détériorent. Le mécontentement social
s’exprime au travers de la candidature de Cuaunhtémoc Cardenas aux élections de 1988 et qui
recueille 31% des suffrages.
Pour le candidat de PRI, Carlos Salinas de Gortari (88 - 94) élu avec seulement 50,35% des
suffrages va engager décidément le Mexique dans la voie du néolibéralisme que son prédecesseur
avait ouverte et rompre avec plus d’un demi-siècle de tradition national-populaire et interventionniste.
La dette (105 milliards de $) dont le service représente en 89 60% du budget national est la
principale préoccupation de Salinas qui engage à cet effet des négociations avec ces créanciers qui
aboutissent à la réduction du nominal de la dette commerciale et à un nouvelrééchelonnement
plus supportable pour l’économie mexicaine : 14 milliards de $ affectés au service de la dette en 90-
91. Cependant certains experts nord-américains ont calculé qu’en 10 ans, le Mexique avait déboursé
118 milliards de $ sans que la dette ait diminué.
Salinas engage une très vaste campagne de privatisation (on passe de 11 000 entreprises
publiques à seulement 200) qui a pour objectif immédiat de fournir au Trésor des liquidités destinées
à satisfaire ses engagements vis à vis de ses créanciers, et pour objectif structurel le retrait de
l’État et l’adoption du libéralisme.
Au sud du continent, le Mercosur créé lors du traité d’Asuncion en 1991 regroupe le Brésil, le
Paraguay, l’Uruguay et l’Argentine. Le Chili et la Bolivie sont membres associés. L’ensemble
représente plus de 65% de la richesse latino-américaine a non seulement intensifié les échanges
entre les pays mais surtout intégré les pays aux marchés mondiaux (en vertu des avantages
comparatifs).
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effet soumettent leur prêts éventuels à l’adoption de politiques dites d’ajustement. Elles ont pour
principal support et objectif la réduction drastique des dépenses publiques et comme instrument la
privatisation la plus complète possible des entreprises et des services.
L’Argentine est à bien des égards un cas d’école. De 1989 à 2001, elle a suivi à la lettre toutes les
recommandaitions du FMI.
Si au Chili, le modèle libéral des Chicago Boys n’avait donné les résultats escomptés, en Argentine,
le libéralisme des militaires et de Martinez de la Hoz avait donné des résultats catastrophiques :
- 300% d’inflation en 1983, 700% en 1982, 1000% en 1986. Et un déficit budgétaire égal à 14%
du PIB, la dette extérieur est multpilié par six.
En l’absence de nouveaux crédits, les autorités argentines démocratiques vont devoir mettre en
place les politiques d’ajustement préconisées par le FMI : le plan Austral du nom de la nouvelle
monnaie. L’Argentine rembourse ses dettes - le transfer financiers est négatif, estimé à 3 milliards de
$ en 83, 6 en 86, 4 en 89- Mais les salaires s’effondrent, le chômage explose, l’inflation un temps
stoppée repart. En 1988 un nouveau plan, plus sévère comprenant la réduction drastique du déficit
et des privatisations entre en vigueur. Profitant du mécontantement social, les péronistes emportent
les élections en mai 1989.
Mais le président carlos Menem va conformément aux injonctions du FMI engager le pays dans la
voie de la déreglementation, des privatisations (pétrole, télépphone, mines, électriques, eau,
autoroute, chemins de fer, métro, poste, santé, enseignement° etdu champ libre aux effets de
marché : en mons de 2 ans, la conversion de l’Argentine péroniste, entamée sous la dictature
militaire et poursuivi par le radical Alfonsin a été achevé par ... un péroniste, entouré, il est vrai de
technocrates venus des banques états-uniennes et de représentants de l’oligarchie. Toutes
entreprises, les infrastructures, les services sont remis au secteur privé (en l’occurence au Cies nord-
américaines et espagnoles). Le commerce extérieur est entièrement libéralisé, le contrôle des changes
supprimé. Licenciements de dizaines de milliers de fonctionnaires, retraites diminuées.
En mars 1991, le ministre des Finances Cavallo établit la libre convertibilité de l’austral et du $.
L’orthodoxie libérale est récompensé par le retour des crédits des istitutions financières
internationales. Le taux d’inflation chute de 4521% en 89 à 3,0% en 94. Buenos Aires devient une
place financière imporante. On parle alors de la remarquable réussite de l’Argenine libérale, citée
comme exemple par les experts des institutions internationales.
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L’Amérique latine au XXe siècle
Au Mexique, la crise du peso de décembre 1994 est stoppée au prxi de la soumission aux
injonctions du FMI. Mais la crise du asiatique de 97 porte un nouveau coup à la monnaie et à
l’économie mexicaine. Les équilibres macro-économiques sont atteints. Le nouveau cours de
l’économie et l’intégration dans l’ALENA a permis l’enrichissement de secteurs non négligeables des
classes moyennes et la mise à leur disposition de quantités de buens de consommation durables ou
semi-durables importés. Mais parallèlement la chute du pouvoir d’achat des masses populaires et de
certains secteurs de la petite classe moyenne est indéniable. Aux élections municipales de 97
Cuauhtémoc Cardenas devient maire de Mexico. mais il ne parvient pas à remporter les élections
présidentielles de 2000.
Pour la première fois de puis la Révolution, le Parti Révolutionnaire à la fois contesté pour sa
politique économqie et sociale nouvelle et désavoué moralement à cause de la corruption généralisée
perd le pouvoir. Mais c’est le candidat de la droite,membre du PAN (Parti d’action nationale) Vicente
Fox, ancien président de Coca Cola Mexique, ,qui l’emporte. Fox est non seulement un chantre du
libéralisme, mais aussi un fervent partisan de la rechristianisation du pays. Sa condamnation de tout
le XXe siècle mexicain est totale. Ultra-conservatrisme social et néo-libéralisme sont clairement les
deux piliers du gouvernement en place jusqu’en 2006.
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Conclusion
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