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fidelem ac dilectum nostrum Benedictum5 tunc temporis vaivodam

assignari facientes. Meta vero huius terre incipiens a fluvio Alt,


ubi finis est cuiusdam insule, ascendit per paludem, que vocatur
Eguerpotak usque fagos que dicuntur Nogebik et in fine dictarum
fagorum cadit in rivulum qui dicitur Arpas et exinde per eundem
rivulum ascendit usque alpes et per alpes veniens versus austra-
lem plagam descendit in rivum qui dicitur Kurchz et per eundem
rivum venit in fluvium Alt et sic terminatur.
Dátum per manus Cleti, aule nostre cancellaríí et Agriensis
preposíti, anno dominice íncarnatíonís míllesímo CCo XXo IIIo
(Suivent les noms des hauts dignitaires du pays), Regni autem
nostri anno vigesimo.

L'originál avait été selon Fejér (VII/1, 215) peut-étre á Nagydisznód—


Heltau—Cisnádie, selon Teutseh et Firnhaber (I, p. XXV) á Kisdisznód—Mí-
chelsberg—Cisnádioara, Aujourd'hui il se trouve en lieu inconnu. Son
sceau de cire blanche, attaché sur un cordon de soie rouge, est conservée
aux Archives de Nagyszeben,
Transcriptions: 1. Au nom du roi Louis I, en 1359; 2. Au nom du
chapitre de Transylvanie, en 1449; 3. Au nom du grand justicier László Pá-
lóczi, en 1469 (tous les troís sur parchemín, aux Archives de Nagyszeben),
Editions: Fejér III/l, p, 399 et VII/1, p, 212; Tudományos Gyűjtemény:
1830, III, p. 99; Eder, De initiis p, 188; Eder, Anal. dipl, I, p. 268; Teutseh—
Firnhaber I, p. 23; Transilvanía 1871, p, 42; Hurmuzaki—Densu§ianu 1/1,
p. 79; Cipariu, Archivu I, p. 364; Zimmermann—Werner I, p, 26.
Extraits: Neugeboren, p, 19; Szentpétery, 1/1, p. 130.

4.

1224

Le roi André II confirme les priviléges de tous les hőtes


allemands de Transylvanie, priviléges q u e le roi G é z a leur avait
assurés en les invitant dans leur nouvelle patrie,1 De Waras á

certain que le terme exemptus s'employait dans la latinité médiévale au sens


d',,exempt de la juridiction d'une autoríté", mais á défaut d'autres preuves
péremptoires, nous préférons nous en tenir á l'interprétation indiquée ci-dessus.
5
Benőit, íils de Korlát, fut volvode de Transylvanie en 1205/6 et
1208/9,
1
Les Allemands de Transylvanie, dénommés Saxons (d'aprés leur droit
6axon), furent établis, selon la tradition, par Géza II, roi de Hongrie (1141—
1161), dans la zone inhabítée des frontiéres de l'Est et du Sud de la Hongrie.
Les données hístoríques et linguistiques font voir que les premiers colons
étaient venus des provinces rhénanes et de Flandre, mais l'immigration,
partant de plusieurs régions de lAllemagne, dura des siécles, de sorté que les
Saxons d'aujourd'hui remontent á un conglomérat ethnique et linguistique.
Les immigrants occupérent d'abord le Sud de la Transylvanie, notam-
ment les environs de Szászváros (Broos, Orá^tie), Szászsebes (Mühlbach,
Boralt, y compris le terrítoire des Sicules de Sebus et Daraus íl
n'y aura qu'un peuple et un juge. En spécifiant les príviléges, le
roi précise qu'il donne aux Saxons la fórét des Roumains et des
Petchenégues á titre d'usufruit avec ceux-ci: preter vero supra-
dictam silvam Blacorum et Bissenorurrf cum aquis usus commu-

Sebe^ul Sásesc), Nagyszeben, ou simplement Szeben (Hermannstadt, Sibiu),


M ed gyes (Mediasch, Media?) et Segesvár (ScháBburg, Sighi?oara), C'est au dé-
but du XIIIe siécle que les Chevaliers Teutoniques colonisérent, pendant leur
bref séjour transylvain, le Barcaság, y faisant venir des agriculteurs et des ar-
tisans allemands, Quelques colonies allemandes considérables se créérent dans
ia partié Nord et Nord-Est de la Transylvanie, aux alentours de Kolozsvár
(Klausenburg, Cluj), Beszterce (Bistritz, Bistri^a) et Szászrégen (Sáchsisch-
Reen, Reghinul Sásesc). Pour s'adapter aux conditions locales, peut-étre d'al-
lure sicule, les nouveaux colons organisérent des „siéges" (districts) dirigés par
des Grebs ou Grafs (comes). Parmi les colonies du Sud la plus renommée
fut sans doute Nagyszeben qui dut sa célébrité et sa floraison probablement
au fait qu'il était le siége du grand prévőt, chef ecclésiastique des Saxons,
qui dépendaít de l'archevéque d'Esztergom. Le prestige de cette ville ne
s'effa<;a jamais, et Nagyszeben continue d'étre jusqu'á nos jours le centre
politique et ecclésiastique des Saxons transylvains. Au début du XIII e siécle
André II, roi de Hongrie, réunit sous la direction de Nagyszeben 7 districts
saxons méridionaux auxquels s'ajoutérent plus tard ceux de Segesvár et de
Medgyes. Le chef de ce territoire autonome dit ,,Königsboden" fut le comte
de Szeben, nőmmé par le roi. En 1366 Beszterce s'annexa, lui aussi, á ce
noyau d'organisation qui finit par attraire méme Brassó et le Barcaság de
sorté que l'organisme commun des Saxons, dit „Universitas Saxonum", se
trouva définitivement établi. En 1464 le roi Mathias accorda aux Saxons le
droit d'élire eux-mémes leur comte de Szeben ce qui acheva la cristallisa-
tion de leur autonomie. Les rois de Hongrie assurérent par de nombreux pri-
viléges la liberté et le progrés matériel de ce peuple laborieux, et gráce á
leur générosité, les Saxons restérent jusqu'á présent l'élément le plus ci-
vilisé de la Transylvanie.
• Silva Blacorum et Bissenorum = la fórét des Roumains et des Petche-
négues. Depuis la conquéte arpadienne, les Petchenégues étaient les voisins
de l'Est des Hongrois. Ce fut sous la pression des premiers que les Hongrois
durent quitter leurs établissements autour du Dniester pour immigrer dans
leur patrie actuelle (896). Méme plus tard, pendant 150 ans, les Petche-
négues, ce peuple turc plus nombreux que les Hongrois, et composé d'une
organisation assez libre de plusieurs tribus, allaient inquiéter le6 frontiéres
de l'Est de la Hongrie. Leur pouvoir fut brisé par les Ouzes, un autre peuple
turc, qui poussérent les premiers vers l'Ouest. Une partié des Petchenégues
fut contrainte á se soumettre aux Ouzes, les autres cherchérent refuge sur le
territoire de la Hongrie et de l'Empire romáin d'Orient. Les rois de Hongrie
les obligérent au service militaire et les établirent dans plusieurs régions du
pays. II n'y eut qu'une seule colonie considérable (dans la Hongrie occiden-
tale) mais, á l'exception des comitats du Nord-Est, leurs traces sont démon-
trable6 presque partout en Hongrie (Kniezsa, o, c. p. 437—8), II parait avoir
été une colonie petchenégue aussi au coin Sud-Est de la Transylvanie oü leur
nes exercendo cum predictis scilicet Blacis et Bissenis eisdem
contulimus.
Dátum ab incarnatíone Domini M-o CC-o XXIIII-o, regni
autem nostri anno vicesimo primo.

Originál ínconnu.
Transcriptions: 1. Charles I er en 1317; 2. d'aprés la précédente, Louis I er ,
en 1366; 3, d'aprés la précédente, la reine Marié, en 1383. 4, d'aprés la
précédente, le roi Sigismond en 1387 et en 1406. Les transcriptions du XV e
siécle sont les suivantes: d'aprés celle de Charles I er , le chapitre de Transyl-
vanie en 1423, d'aprés celle de Louis I e r le couvent de Kolozsmonostor—Má-
ná^tur (com. Kolozs) et le chapitre de Transylvanie, en 1428, d'aprés celle
de Sigismond, le chapitre de Transylvanie (1423, 1428) et le roi Mathias I e r
(1486). La derniére fut transcrite en 1493 par Vladislas II, et la transcrip-
tion de celui-ci par Ferdinánd I er , en 1552. II en dérive, par l'intermédiaire
d'une transcríption latente d'Etienne Báthory, roi de Pologne (1583), celle
de 1627, rédigée au nom de Gábriel Bethlen, prince de Transylvanie. En
1407 il y eut une transcription du chapitre de Transylvanie qui ne s'est
plus retrouvée, mais on posséde en revanche la transcription de 1428 et
celle de 1478 du palatin Michel Ország qui en dérive. Les transcriptions de

souvenir est perpétué par les trois villages au nom de Besenyő de Három-
szék et peut-étre par le nom de Besenbach, en Fogaras. Ces Petchenégues
dont il est question dans notre charte, étaient sans doute des bergers noma-
des qui utilisaíent les páturages alpestres des montagnes de Fogaras en
commun avec les Roumains.
Les Roumains dont la fórét est mentionnée dans l',,Andreanum", sont
probablement ceux de Fogaras dont nous avons déjá lu dans les trois
chartes précédentes. Leur fórét est celle qui entoure les alpages de Fogaras,
et á laquelle s'attache la terre des Saxons de Szeben. Hunfalvy a cherché
cette fórét dans les montagnes de Kerc, c'est-á-dire á l'Est de Szeben (v.
aussi Tamás, AECO. II, p. 334), mais Bunea pense qu'elle se trouvait prés
de Szeben car autrement elle n'eűt pas appartenu aux Saxons de cette ville.
Pour juger de la valeur de cette hypothése, il faut tenir compte du fait que
les foréts situées au Sud de Szeben ne faisaient pas partié de la terre des
Saxons, mais qu'elles ressortissaient aux districts des cháteaux royaux de
Salgó et de Talmács (disparus). Elles ne seront rattachées á la province de
Szeben qu'en 1472, respectivement en 1453. II s'ensuit que l'hypothése de
Bunea ne s'avére pas solidement fondée, Bien qu'il ne sóit pas exclu que,
dés ce moment-lá, il y eüt déjá des Roumains aussi sur les alpages situés
au Sud de Szeben, la mention de la symbiose roumano-petchenégue que nous
avons relevée dans cette charte, milite plutőt en faveur de la localisation en
Fogaras. II est encore á remarquer que jusqu'á 1288 nous n'aurons aucune
donnée sűre concernant la présence d'une population roumaine dans la région de
Szeben. C'est pourquoi les historiens hongrois et saxons sont d'accord pour
placer la fórét commune des Roumains et des Petchenégues sur les versants
des montagnes de Fogaras (cf. J. K. Schuller, Umrisse und kritische Studien,
III, Hermannstadt, 1872, p, 14—39 et P. Hunfalvy, Az oláhok története, II,
Budapest, 1894, p. 335),
la derniére sont les suivantes: Mathias I e r (1480), chapitre de Transylvanie
(1485), Vladislas II (1492). D'aprés la charte de 1480 du roi Mathias il y
eut une nouvelle transcription, en 1485, de la part du chapitre de Transyl-
vanie. Toutes ces transcriptions, sauf les deux latentes, se trouvent aux archi-
ves de Nagyszeben de la nation saxonne. La transcription de Michel
Ország (1478) fut refaite, au cours de la méme année, par le couvent de
Kolozsmonostor; ce document est conservé aux archives municipales de Ko-
lozsvár. Pour la filiation de6 transcriptions cf, le tableau de Zimmermann—
Werner, I. p, 32,
Variantes: Au lieu de Blaci et Bisseni on a pu relever les Ie<?ons sui-
vantes: 1383: Blatis, 1406, 1486, 1493, 1627: platis, 1383: Bissenis corrigé de
piscinis, 1387, 1406, 1486, 1493, 1627: piscinis. La présence d'un t dans
Blatis s'explíque par la confusion paléographique de c et t; les sourdes
p au lieu de b sont dues á une particularité de prononcíation allemande.
Editions: Töppelt, Origines p. 16 (II e éd. p. 28), Haner, História eccle-
siarum p. 94, Szegedi, Andreas II. p, 2, Pray, Annales regum I. p, 227,
Schwarz, Recensío p. 28, Lennep, Codex probationis p. 857, Benkő, Transil-
vania I. p. 439, Katona, História critica V, p. 455, Seivert, Nachrichten p, 442,
Das Recht des Eigenthums p, 19, Hermann, Die Grundverfassungen p. 7 (II e
éd. p, 6), Neues Ungarische6 Magazin I, p. 324, Eder, De initiis Saxonum
p, 179, Schlözer, Kritische Sammlungen p, 535, Kósa, De publica administra-
tione p. 82, Fejér III/l, p. 441, Schuller, Umrisse I, Urkundenbuch p. 21,
Michnay—Lichner, Ofner Stadtrecht p. 236, Endlicher, Rerum Hungaricarum
M, A. p, 420, Czörnig, Ethnographie Ií, p. 347, Verfassungszustand der Sie-
benbürger Nationen p, 111, Schuler von Libloy, Siebenbürgische Rechtsge-
schichte I, p. 58, Teleki, Hunyadiak kora XII, p, 60 et 294, Teutsch—
Firnhaber I, p. Teutsch, Das Zehntrecht p. 117, Szabó, Az erdélyi szászok
p, 5, Jakab, Kolozsvár, Oklevéltár I, p. 9, Schober, Quellenbuch I, p,309,
Hurmuzaki—Densu?ianu Hí, p, 83, Schmauk, Supplementum p. 4, Zimmer-
mann—Werner I, p. 32, Marczali, Enchiridion p, 145, Schiopul, Diploma p. 10
(avec facsimilé) Cipariu, Achivu I, p. 351,
Extraits, publications partielles: Bárdossy, Supplementum p. 414, Szé-
kely oklevéltár I, p. 5, Fabritíus, Urkundenbuch p. 1, Archiv, Neue Folge
XV, 169 p., Neugeboren p, 21, Wenzel, Adalék p, 21, Szentpétery 1/1. p. 135.
Traductions: En allemand: Die Siebenbürger Sachsen p. 149, Schuler
von Libloy, Materialíen p. 3 et 33, Schuler von Libloy, Siebenbürgische
Rechtsgeschíchte I, p, 115, Schober, Quellenbuch, I, p. 139, en roumain:
$incai, Hronica, I, p. 252—4 (d'aprés la transcription de Michel Ország),
Laurian, Documente p. 14, Laurian—Bálcescu III, p. 111.

L'authenticité d e la c a r t e f u t souvent c o n t e s t é e p a r les a u t r e s


„nations" transylvaines et m é m e p a r des p e r s o n n e s privées, ja-
louses des priviléges des Saxons. Ce sont précisément ces soup-
^ons r e n a i s s a n t s qui e x p l i q u e n t le n o m b r e excessif des t r a n s c r i p -
tions p a r lesquelles les S a x o n s t á c h a i e n t de se d é f e n d r e c o n t r e leurs
a d v e r s a i r e s . L a lutte f u t p a r t i c u l i é r e m e n t á p r e p e n d a n t la s e c o n d e
moitié d u X V I I I e siécle, c ' e s t - á - d i r e a u m o m e n t oü les H a b s b o u r g
s'effor^aient de dépouiller les S a x o n s de leurs anciens droits.
D é s ce temps-lá on cherchait á relever d a n s l',,Andreanum" des
vices d e f o r m e (le n o m b r e d e s a n n é e s d u r é g n e d e A n d r é II e s t
inexact; contrairement á l'usage, les noms du chancelier et des
hauts dignitaires ne figurent pas sur la charte, etc,), mais ces
arguments, auxquels on pouvait opposer des contre-arguments, ne
paraissaient pas assez probants pour infirmer les priviléges sécu-
laires des Saxons. Néanmoins le manque de 1'origínal continua
á inspirer des doutes. Tout récemment le probléme a été réexa-
miné par l'historien roumain Joseph Schiopul dans son étude
,.Diploma Andreianá din 1224" (Cluj, 1934). A l'avis de ce cher-
cheur, les conditions juridiques que cette charte aurait dü créer,
n'existaient en réalité qu'á partir de 1317. Jusque-lá la province
de Szeben n'embrassait pas toute la région décrite dans notre do-
cument, mais uniquement les environs immédiats de la ville.
Schiopul soutient qu'un document publíé par Zimmermann—Wer-
ner (I. No. 289) est susceptible de prouver qu'en 1301 les districts
de Nagyszeben et de Szászsebes—Mühlbach—Sebesül sásesc, que
la charte de 1224 présente comme les parties d'une seule organi-
sation administrative, étaient encore parfaitement indépendants.
D'autre part, au XIII e siécle on ne connait pas de comte saxon
qui eűt exercé seul son pouvoir de Szászváros—Broos—Orá^tie á
Bárót—Baraolt, mais on sait, par contre, que chaque ,,siége"
saxon, voire chaque village avait son comte, et que celui de Nagy-
szeben, nőmmé directement par le roi, n'était pas généralement
un Saxon, mais un seigneur hongrois. Un autre argument serait
qu'en 1224 l',,Andreanum" accorda un sceau de crédit public au
comte de Nagyszeben, et que plus tard, en 1308, á l'occasion d'un
procés, ce prívilége fut contesté, sans la moindre mention de
l'ancienne autorisation. Enfin il est suspect que de 1224 á 1317
aucune charte authentique ne fasse allusion á l',,Andreanum". En
raison de ces considérations M, Schiopul conclut que l',,Andrea-
num" est un faux, rédigé par les Saxons eux-mémes au début du
XIV e siécle, et qu'íl refléte leurs aspirations de ce temps-lá et non
pas les conditions beaucoup plus primitives du siécle précédent.
Cette argumentation a provoqué une discussion trés vive, au cours
de laquelle les historiens roumains et saxons étaient d'accord pour
contester le bien-fondé de la thése de M. Schiopul, Ce fut M.
E. Georg Müller qui s'occupa des constatations de M, Schiopul
de la maniére la plus détaillée. II réussit á réfuter la majeure par-
tié des arguments de son adversaire, et les contre-arguments sur
lesquels il s'appuie, emportent généralement la conviction. P a r
rapport au comte de Szeben il établít que M. Schiopul avait com-
mis une erreur manífeste puísque l'Andreanum ne fait pas men-
tion du comte, mais de ses substituts qui, élus par le peuple,
étaient obligés d'y habiter (,,comes vero quicumque fuerit Cibi-
niensis nullum presumet statuere ín predictis comitatíbus, nisi sít
ínfra eos residens et ipsum populi eligant"), On peut démontrer
que les substituts étaient toujours des Saxons (o. c. u. 119). En
ce qui concerne les mentions de l'Andreanum, c'est un fait que de
1231 á 1315 on trouve sept allusions sínon á l'Andreanum mérne,
mais au moins aux priviléges des Saxons qui sont identiques á
ceux formulés dans l'Andreanum. Pour ce qui est du sceau
a u t h e n t i q u e et de l'autonomie d e s „siéges" de Szeben et de Szász-
város, ils p o s e n t des p r o b l é m e s que l ' a u t e u r s a x o n ne r é s o u t
p a s d ' u n e fa9on définítive. II est c e r t a i n q u e l ' a u t h e n t í c i t é du
sceau f u t contestée en 1308, et que le conseil de S z á s z v á r o s dé-
fendít en 1301 a u x m a r c h a n d s de Nagyszeben de t r a v e r s e r le
t e r r i t o i r e de leur district. E n d e r n i é r e a n a l y s e nous pouvons a d -
m e t t r e l ' a u t h e n t i c í t é de la c h a r t e sous la r é s e r v e qu'il est pos-
sible que, lors de la c o n f í r m a t i o n de 1317, on y a j o u t á t des p a s -
sages qui n ' a v a i e n t p a s figuré d a n s l'origínal de 1224. II s e r a i t
désírable que les r e c h e r c h e s f u t u r e s j e t t e n t plus de lumiére s u r
ces p r o b l é m e s qui ne cessent d ' é t r e t r é s discutables. Q u a n t a u
p a s s a g e relatif a u x Roumains, il contient c e r t a i n e m e n t des faits
réels, p u i s q u e d ' a u t r e s c h a r t e s i n c o n t e s t a b l e m e n t a u t h e n t i q u e s
a t t e s t e n t é g a l e m e n t la p r é s e n c e des R o u m a i n s d a n s le coin S u d -
E s t de la T r a n s y l v a n i e .
Autour de l'authenticité: E. G. Müller, Ist d a s A n d r e a n u m
vom J a h r e 1224 eine F á l s c h u n g ? Siebenbürgische V i e r t e l j a h r -
schrift. H e r m a n n s t a d t , 1935, p. 112, A. S a c e r d o t e a n u , A n d r e a n u m
si alte acte. Brasov, 1935.

5.
1228?
T ( é o d o r i c ) , l'évéque des Coumans, 1 e x h o r t e les Sicules
á ne p a s p r e n d r e en m a u v a i s e p a r t la d é n o m i n a t i o n d',,évéché
c o u m a n " qui avait été d o n n é e á leur évéché, puisque d a n s l'Eglise
de J é s u s - C h r i s t le loup et l ' a g n e a u paissent ensemble. „Quidni
etiam Siculum cum Comano Olachoque!"

1
L',,évéché couman" fut fondé en 1227 par Béla IV, prince héritier
et plus tard roi de Hongrie, et Róbert, archevéque d'Esztergom. Le premier
évéque fut le Dominicain Théodoric qui déjá auparavant avait prit part á
l'évangélisation des Coumans. L'évéque, dont la résidence était á Milkó (Milcov,
ville disparue), avait sous sa juridiction la Coumanie, c'est-á-dire une partié de
la Moldavie et de la Valachie d'aujourd'hui. L'invasion des Tatars (1241)
balaya l'évéché qui ne fut plus rétabli. Les Saxons, désireux de se débarasser
de l'autorité de l'archevéque d'Esztergom, prétendaient que le pouvoir de
l'évéque de Milkó s'étendit aussi á l'Est de la Transylvanie, et en raison
de ce fait, ils cherchaient á fairé rétablir l'évéché á Brassó en tant qu'évéché
saxon autonome, Par suite de la résistance tenace de l'archevéque d'Esztergom
cette argumentation n'eut pas de succés. En réalité les prétentions saxonnes
étaient dénuées de tout fondement de méme que l'hypothése de Joseph Benkő
suivant laquelle l'évéché de Milkó aurait été fondé, en tant qu'Église natio-
nale des Huns, par Saint Nicétas, autour de 396. Sur le territoire de l'évéché
il y avait d'ailleurs, comme nous verrons plus loin, des Roumains aussi. Pour
l'histoire et la bibliographie de la question cf. Ladislas Makkai, A milkói
(kun) püspökség és népei, Debrecen, 1936 (v. L. Gáldi, AECO. IV. p. 523—5).
Pa6 de date.
L'original est inconnu.
Une copie parait avoir existé á la íin du XVIII e siécle parmí les manu-
scrits de Joseph Teutsch, savant saxon de Brassó, Aujourd'hui mérne cette
copie n'existe plus.
Éditions: Benkő, Milkovia I, p. 118; Bárdosy, Supplementum p, 416;
Katona, História critica V, p, 529; Fejér, III/2, p, 151; Hurmuzaki—Densu-
?ianu, 1/1, p, 108; Székely Oklevéltár I, p. 6; Pfeiffer, Die ungarische Do-
minikanerordensprovinz. (Appendice),
Extráit: Neugeboren p, 26.

Le document est un faux; il est probable qu'il fűt falsífié par


Joseph Benkő, son premier éditeur, qui voulait prouver par lá
que l'évéché de Milkó ne fut pas eréé au XIII e siécle, mais qu'il
avait déjá existé auparavant comme l'évéché des Sicules de Tran-
sylvanie et de Moldavie, Selon ce document seule la dénomination
d',,évéché couman" (mais non pas l'institution mérne!) remonte-
rait au XIII e siécle, c'est-á-dire á l'époque de la conversion des
Coumans. Jean Karácsonyi (A hamis, hibáskeltezésű és keltezet-
len oklevelek — Les documents faux, mai datés ou sans date.
Budapest, 1902, p. 9 et A székelyek eredete — L'origine des Sicu-
les. Budapest, 1905, p. 21) et A, Bunea (Incercare de istoria Ro-
mánilor, Bucuresti, 1912, p. 181—4) ont cependant prouvé que
nous avons á fairé á un faux.

6.
1231
Le chapitre de Transylvanie 1 atteste que Gellus, fils de Wydh
de Bord, acheta terram Bője terre Zumbuthel conterminam et nunc
in ipsa terra Blaccorum existentem ... ab homine Buyul íilio Stuye.
Néanmoins, étant donné que le domaine en question avait été pos-
sédé par maiores, avi atavique Choru filii Thrulh a tempore hu-
manam memóriám transeunte... a temporibus iam quibus ipsa

1
L'évéché de Transylvanie fut fondé par saint Etienne, roi de Hongrie
(997—1038), á Gyulafehérvár—Alba Iulia. Les chanoines de l'évéque formaient
un chapitre qui, se détachant de l'évéché au point de vue du droit de propriété,
constituait une personne juridique distincte et possédait un sceau authentique. De
mérne que les autres chapitres et les grands couvents hongroís du moyen áge,
ce chapitre avait les attributions des notaires publics d'aujourd'huí, étant
autorisé á délivrer des documents pour des personnes privées et á authentifier
par son sceau les copies faites sur d'autres piéces officielles. Les rois char-
geaient souvent ces institutions, dites ,,loca credibilia" de toutes sortes d'af-
faires (installation dans la possession d'un domaine, bornage, enquéte). Dans
notre recueil il y a bien des actes délivrés par les „loca credibilia" (cf. Fr.
Eckhart: Die glaubwürdígen Orte Ungarns im Mittelalter. Mitteil. d. Inst. f.
österr. Geschichte, IX).
terra Blacorum terra Bulgarorum extitisse fertur, ad ipsam terram
Fugros tenta fuerit, Gallus préféra s'accorder á l'amiable avec lui
afin d'éviter tout litige ultérieur.
A n n o millesimo ducentesimo tricesimo et primo.

L'original est inconnu,


Transcription: Selon Joseph Kemény (Kurz, Magazin I, p. 176) le do-
cument fut transcrit par le couvent de Kolozsmonostor en 1601, Cette tran-
scription se trouve actuellement en lieu inconnu.
Editions: Kurz, Magazin I, 2. p. 176 et II, p. 261, Teutseh—Firnhaber
I, p. 50, Transilvania 1871, p. 43, Hurmuzaki—Densu$ianu 1/1, p. 120, Zim-
mermann—Werner I, p, 55.
Extráit: Neugeboren p. 29.

Les historiens avaient attaché á cette charte beaucoup d'impor-


tance, s'évertuant á en tirer des conclusions de vaste envergure,
mais il s'est avéré qu'il s'agissait d'un faux. ,,Ce seul document
suffit" — éerivit Xenopol — ,,á fairé écrouler l'édifice de sophis-
mes et d'arguments spécieux sur lequel est fondée la théorie de
Roesler et de Hunfalvy" (o. c. p, 104). Pour comprendre cette re-
marque, il faut savoir que Roesler et Hunfalvy avaient contesté
la continuité latino-roumaine en Transylvanie. Selon le témoi-
gnage de ce document, des Roumains auraient vécu en Fogaras mérne
antérieurement á la pénétration des Hongrois, étant soumis á
la domination des Bulgares, et au lieu d'étre des bergers nomades,
ils auraient déjá eu des domaines héréditaires. A l'avis de Xenopol,
les noms Buyul, Stuya, Choru et Thrulh seraient d'origine rou-
maíne. Du cőté hongrois, Charles Tagányi a prouvé (Századok,
1893, p. 41—57) qu'en 1231 il n'y avait pas dans ce territoire de
domaine familier héréditaire ,,a tempore humanam memóriám
transeunte", et que le seul possesseur du sol était le roi de Hon-
grie. D'autre part, on n'y peut démontrer aucune trace de la do-
mination bulgare, et mérne au point de vue de la forme, la charte ne
résiste pas á la critíque. Les constatations de Tagányi ont été
confirmées d'abord par Jean Karácsonyi (Megjegyzések, p, 847),
ensuite, de la part des Roumains, par A, Bunea (Stápánii Járni
Oltului, p. 46). II paraít que le faussaire fűt Joseph Kemény, le
premier éditeur du document, qui táchait de corroborer par lá
sa thése concernant la domination des Bulgares en Transylvanie.

7.
Pérouse, le 14 novembre 1234
Le p a p e G r é g o i r e IX éerit á B é l a IV, roi d e H o n g r i e 1 : S u r le

1
Béla IV, roi de Hongrie, régna de 1235 á 1270, mais, ayant le titre
de „jeune roi", il avait eu des 1224 une puissance autonome sur la Slavo-
nie, la Croatie et la Dalmatie, et á partir de 1226, sur la Transylvanie et
la zone frontiére de l'Est.
Documenla Valachica 2
t e r r i t o i r e d e l ' é v é c h é d e s C o u m a n s il y a quidam populi qui Walati
vocantur- e t qui, q u o i q u e nommés chrétiens, ont des coutumes et
des rites différents du vrai christíanísme. Détestant l'Eglise ro-
maine, ce n'est p a s de l'évéque des Coumans, mais a quibusdam
pseudoepiscopis Grecorum ritum tenentibus uniuersa recipiunt
ecclesiastica sacramenta et nonnulli de regno Ungarie tam Un-
gari quam Theutonici et alii orthodoxi morandi causa cum ipsis
transeunt ad eosdem et sic cum eis quia populus unus facti cum
eisdem Walathis eo contempto premissa recipiunt sacramenta
C ' e s t p o u r q u o i il e s t n é c e s s a i r e q u e l ' é v é q u e c o u m a n l e u r ordonne
u n a u t r e évéque, soumis á son autorité, et q u e le roi d e Hongrie
reste fidéle aux promesses qu'il avait faites au pape de réduire
4
á l ' o b é i s s a n c e t o u s c e u x q u i , q u o i q u e é t a b l i s in terra sua, seraient
r e b e l l e s a u p o u v o i r d e R o m e . II d e v r a d o n c i m p o s e r a u x ,,Walati"
l'évéque ordonné par l'Eglise et fairé participer cet évéque
n o u v e a u a u x r e v e n u s 5 q u e lui, e n s a q u a l i t é d e roi, d ó i t e x i g e r d e ce
peuple.
Dátum Perusii, XVIIII Kalendas Decembris, pontificatus
nostri anno octavo.

L'original est inconnu.


Une copie de l'époque se trouve dans les registres papaux, dans le
recueil des copies des actes délivrés par Grégoire IX, an. VIII, p. 313 (au
Vatican).
Editions: Bullarium Ordinis Predicatorum I, p. 73, Theiner, Vetera mo-
numenta I, p, 131, Fejér III/2, p. 399, Transilvania 1871, p, 44, Katona,

2
Sur le territoire de l'évéché couman il y avait, comme nous voyons,
non seulement des Coumans, mais aussi des Roumains ainsi que des émigrés
hongrois et saxons. La zone dont il s'agit dans cet acte, est sans doute une
partié de la Moldavie et de la Valachie d'aujourd'hui, notamment celle qui
est limitrophe du Barcaság. C'est la seule région oü l'on puisse imaginer,
á cette époque, une population composée de Coumans, de Roumains, de
Hongrois et d'Allemands.
3
Dans les ouvrages des historiens roumains on retrouve jusqu'á nos
jours une opinion fonciérement erronée suivant laquelle le territoire en
question eüt été situé en Transylvanie et pas á l'Est, au-delá des írontiéres
de cette province (cf. E. Hurmuzaki, Fragmente zur Geschichte der Rumá-
nen I, p. 178, J. Lupa?, La Transylvanie, p. 229). Certains savants roumains
ne tiennent pas compte du fait que l'évéché couman n'avait aucune autorité
en Transylvanie et que, par conséquent, la charte ne peut se référer qu'aux
Roumains établis au-delá des montagnes, dans les régions 6ubcarpathiques.
4
La Coumanie devint, en 1227, une province féodale du roi de Hongrie,
et c'est pourquoi le Pape le considére comme la terre („terra sua") du roi.
5
Ce passage fait allusion probablement á la „quinquagesima", taxe
payée par les bergers roumains (v. Introduction),
História critica V, p. 706, Pray, Annales regum, I, p. 240, Benkő, Milcovia
I, p. 113, Raynaldus, Annales XIII, p, 419, Rypel, Bullarium I, p. 73, Knauz,
Monumenta I, p, 303, Hurmuzaki—Densusianu 1/1, p. 132, Zimmermann—
Werner I, p. 60, Pfeiffer. Die ungarische Dominikanerordensprovinz (appen-
dice), Batthyány, Leges II, p. 365.
Extraits: Potthast, Regesta Pontificum I, p. 831, Neugeboren p. 32.
Traductions roumaines: $incai, Hronica I, p. 258—9, Laurian, Docu-
mente p. 19, Laurian—Bálcescu III, p. 119.

8.

27 janvier 1243
Le roi Béla IV confirme le comte allemand Lentenk et son
írére Hermann dans la possession de Fatateleke,1 Bachunateleke
et Chegeteleke, villages appartenant au cháteau de Doboka, qu'il
leur avait donnés lors de l'arrangement des domaines aprés
l'invasion mongolé, par l'intermédíaire du voívode Laurent, et en
méme temps il confirme aussi Christian, un parent des premiers,
dans la possession des 20 charrues de terre qu'il avait re^ues á
Nogfalu (c'est-á-dire á Nagyfalu).
Dátum anno Domini Mmo ducentesimo quadragesimo tertio,
sexto Kalendas Februaríi, regni autem nostri anno decimo.
L'original de la charte n'est pas connu.
Transcription de 1344, due á Ladislas, vice-voivode de Transylvanie,
{Archives Nationales Hongr. Dl. 29095).
Éditions: Pray, Annales I, p. 274; Katona, História critica VI, p. 10;
Fejér IV/1, p. 275; Eder, Observationes criticae in Felmerium p. 18; Die
•Grundverfas6ungen p. 68 (II e éd. p, 59), Teutsch—Firnhaber p. 69.
Extraits: Neugeboren p. 35; Wenzel, Adalék p, 23; Szentpétery I, p. 220.
Traduction roumaine: $incai, Hronica I, p. 267, avec renvoi á Katona,
Hist. crit. V, p. 10 et „Diplomatum C. Francisci Szétseny Tom. 2.".

La charte est un faux. Pour sa critique cf. Jean Karácsonyi,


1
Le nom de lieu Fatateleke dont le second terme est d'origine incon-
testablement hongroise (telek „terre, parcelle") a été rattaché par Nicolas
Dráganu, linguiste de Kolozsvár.Cluj, au roumain fatá „fille" (du latin foeta)
ce qui permettrait d'y voir la premiére colonie roumaine de la Transyl-
vanie du Nord (cf. Románii in veacurile IX—XIV. pe baza toponimiei §i a
onomasticei. Bucure?ti, 1933, p. 449). Pour réduire cette hypothése á sa juste
valeur, il faut tenir compte du fait que le toponyme en question s'explique
beaucoup mieux par le nom de personne germanique Fato d'autant plus que
les personnes qui sont mentionnées dans cette charte, étaient des Allemands.
Quoiqu'il en sóit, une chose est certaine: il s'agit d'un faux qui ne
pourrait guére servir de base á aucune hypothése sérieuse (cf. Tamás,
Rómaiak p. 182 et 190; AECO. II, p. 322; Kniezsa, ibid. II, p. 145).
A hamis, hibáskeltezésű és keltezetlen oklevelek. Budapest, 1902,
p. 14. Les années du régne du roi sont indiquées d'une fa<;on er-
ronée. Selon le texte de la charte, le roi aurait cédé á d'autres
le droit de donation immobiliére ce qui serait un cas sans précé-
dent á l'époque arpadienne.

9.
2 juillet 1247
Le roi B é l a IV a c c o r d e á R e m b a l d u s , p r i e u r d e s F r é r e s
H o s p i t a l i e r s d e J é r u s a l e m , et á ses c o m p a g n o n s 1 „ t e r r a m de
Zeurinor cum alpibus ad ipsam pertinentibus et aliis attinentiis

1
L'Ordre des Hospitaliers ou de saint Jean fut fondé aprés 1118 par
Raymond Dupuys, en relation avec l'Hőpital Saint-Jean de Jérusalem, qui avaít
été eréé, en 1048, par des marchands italiens d'Amalfi. En 1271 les chevaliers de
saint Jean quittérent la Terre Sainte pour se rendre d'abord á Chypre, ensuite
á Rhode, mais en mérne temps ils firent des tentatives pour s'établir ailleurs.
C'est ainsi que, probablement sur la demande du roi de Hongrie, ils se dé-
cidérent á venir en Hongrie, pour peupler le Szörénység ( T a r a Severinului),
province entiérement dévastée par l'invasíon mongolé de 1241—2. Nous ne
savons pas s'ils sont réellement entrés en possession de cette donation.
Edouard Reiszig, qui s'est occupé de l'histoire de l'immigration des Hospita-
liers en Hongrie, soutíent, d'aprés le témoignage de certaines données ín-
dírectes, que la possession était réelle jusqu'á 1260, date de l'invasion des
Bulgares (cf. E. Reiszig, IV, Béla király és a János-lovagrend. — Le roi
Béla IV et l'Ordre de Saint-Jean. Századok, 1901, p. 537).
2
Au début du XIII e siécle, par suite de leur expansion vers les Bal-
kans, les rois de Hongrie eurent des conflits avec l'empire bulgaro-valaque
eud-danubien récemment eréé. Les deux puissances se disputaient surtout le
cháteau de Vidine (en hongrois Bodony). C'est contre les Bulgares et leurs
alliés, les Coumans, qu'André II ou, pour mieux dire, Béla IV, le „jeune roi",
dut fonder, vers 1230, le banat de Szörény (Sevrin, Séverin) qui comprenait
la Petite-Valachie d'aujourd'hui (diífe „Olténie" par les Roumains), Le nom
du premier ban, qui s'appellait Lucas, est attesté dés 1233. Cinq ans plus
tard, en 1238, une charte papaié (cf, Theiner, Vetera monumenta, I, p. 171)
fait mention du Szörénység comme d'un pays désert et ínhabité qu'on vient
de peupler. C'est sous la protection des rois de Hongrie qu'on commenpa la
colonisation de cette province oü les ímmigrés hongrois étaient particuliére-
inent nombreux, comme en témoignent jusqu'á nos jours les noms de lieux
d'origine hongroise (cf, G, Lükő, Havaselve és Moldva népei a X—XII, szá-
zadban — La population de la Valachie et de la Moldavie aux X e —XII e
siécles. Ethnographie—Népélet, 1936, p, 97), Les Tatars ayant complétement
dévasté cette région, il fallut la repeupler et la réorganiser. La population
de la Hongrie, terriblement décimée par l'invasion mongolé, ne put plus
íournir de nouveaux colons et le roi se vit obligé á interdire l'émigration.
C'est pourquoi on y fit venir des Roumains dont le déplacement se dirigea du
Sud au Nord, A partir du milieu du XIV e siécle, la partié subcarpathique
du banat de Szörény est déjá un annexe du vo'fvodat de Valachie, C'est lá
omnibus, pariter cum kenazatibus Joannis et Farcasii usque ad
fluvium Olth, excepta terra kenazatus Lytuoy woiauode quam
Olatis relinquimus". II r é s e r v e la moitíé d e s r e v e n u s d e c e t t e t e r r e
p o u r soi et ses s u c c e s s e u r s , et a s s u r e á l ' O r d r e l ' a u t r e moítié ,,que
ab Olatis terram Lytua habitantibus excepta terra Harszoc curn
pertinentibus suis regi colligentur". II donne encore aux Hospita-
liers t o u t e la C o u m a n i e 3 s i t u é e a u - d e l á d e l ' O l t et des m o n t a g n e s
t r a n s y l v a i n e s sous d e s c o n d i t i o n s p a r e i l l e s á celles d u S z ö r é n y s é g
(„terram de Zeurino"), excepta terra Szeneslai woiauode Olatorum,
quam eisdem relinquimus, sous des c o n d i t i o n s a n a l o g u e s á celles
d e la „ t e r r a L y t u a " . Les R o u m a i n s établis á l ' O u e s t d e l ' O l t doi-
v e n t se m e t t r e cum apparato suo bellico a u service des chevaliers,

qu'on trouve, sous l'autorité des rois de Hongrie, les premieres cristallisations
d'état des Roumains. Dans notre charte on rencontre la mention de trois
kénézats dont les chefs sont Jean, Farcasius (du hongrois farkas ,loup' cf. le
nom roumain Lupu) et Lytuoy (au génitif; forme restituée par nous d'aprés
l'original au lieu du traditionnel Lynioy. On a proposé aussi la lepon
de Lytvo'i, cf. „terram Lytua", N. Iorga, Histoire des Roumains, 1937,
III, p. 151). Ces trois kénézats se trouvent sur le territoire du banat de
Szörény. Frédéric Pesty (A szörényi bánság, I, p. 17) a pris pour point de
départ une le<?on fautive (Lytira au lieu de Lytua) d'aprés laquelle il a
essayé de localiser le troisiéme kénézat dans la région de la riviére Lotru,
c'est-á-dire á l'Est de l'Olt et au Sud du défilé de la Tour Rouge (Vörös-
torony, Turnu-Ro§u). C'est la qu'il a cherché aussi la „terra Harszoc". L'his-
toriographie roumaine a identifié cette dénomination avec celle de Haczak—
Hátszeg, village et région en Transylvanie (M. Iorga y voit une variante dé-
formée du type de Harszoc — Hatszoc, o, c. p. 151, note 5), et il faut avouer
que cette hypothése a des chances de probabilité (cf. C. C. Giurescu, Istoria
Románilor, Bucure^ti, 1935, I, p. 338). Au milieu du XIV e siécle Haczak était
déjá le centre d'un district roumain considérable oü il y avait des
kénézes roumains dés le début du siécle. II est possible que le voivode
Lytvol dont le kénézat se trouvait au Sud des Karpathes, exercpát son droit
de kénéze aussi dans le district de Haczak, La raison pour laquelle le roi
interdit aux chevaliers de jouir des revenus de Hátszeg, était peut-étre le
simple fait que ce district faisait partié de la Hongrie proprement dite. Dans
ce cas le kénézat de Lytvoí dóit étre piacé au Sud des Karpathes, dans la
vallée du Zsil-Jiu. La localisation des deux autres kénézats n'est plus possible,
II est encore á remarquer que l'ancien comitat de Szörény, qui formera plus tard
' la partié Sud-Est du comitat Krassó-Szörény—Cara^-Severin, appartenait
également au banat de Szörény, mais on ne peut prouver que la donation
accordée aux Hospitaliers ait compris cette région aussi.
3
La Coumanie s'était formée á l'Est de l'Olt, et, comme nous avons
vu, elle était soumise, á partir de 1227, á l'autorité du roi de Hongrie. Pen-
dant les années qui précédaient l'invasion mongolé, les Coumans avaient
évacué cette province qui fut ensuite dévastée par les Tatars. Par suite de
ces événements l'ancienne population disparut, et sa terre fut occupée par
un kénézat roumain piacé sous la protection du roi de Hongrie.
et ceux-ci, á leur tour, auront l'obligation de coloniser cette ré-
gion, mais ne pourront y fairé venir de la Hongrie des Hongrois ou
des Allemands qu'en vertu d'une permission spéciale du roi.
Dátum per manus reverendi Patris Benedicti archiepiscopi
Colocensis et aule nostre cancellarii (Suivent les noms des digni-
tés du pays). Anno ab incarnatione Domini MCC XL VII, IIII
Nonas Junii, regni autem nostri duodecimo,

L'origínal est inconnu.


Transcription et confírmation par le pape Innocent III, en 1250, Une
copie de la transcription se trouve parmi les registres papaux, notamment dans
le recueil des copies des actes d'Innocent III, an. VIII, fol. 533 (Vatican).
Éditions: Pray, Dissertationes p. 134, Katona, História critica VI, p, 45,
Batthyány, Leges II, p, 306, Fejér VI/1, p. 447, Theiner, Vetera monumenta I,
p, 208, Hurmuzaki—Densu§ianu 1/1, p. 249, Schlözer, Kritische Sammlungen
p. 334; Zimmermann—Werner I, p, 73,
Extraits: Teutsch—Firnhaber I, No, 38; Magyar Sión I, p. 259; Pesty,
A 6ZÖrényi bánság III, p. 4; Gyárfás, A jászkunok II, p, 405; Szentpétery
1/2, p. 257.
Traductions roumaines: $incai, Hronica I, p. 270—3 (d'aprés une piéce
conservée parmi les documents du comte Fran<?ois Széchenyi: ,,Comes Fran-
ciscus Szétsenyi Diplomát, t. 2."), Laurian—Bálcescu II, p. 247 (reproduite
dans N- Bálcescu, Opere, éd. G. Zane, Buc. 1940. I, 2, p, 306), Kogálniceanu,
Archiva I, p. 6.

10.
Győr, le 23 juin 1250
Le roi Béla IV, ayant repris, au cours de la révision des
donations de cháteaux d'André II, 1 le domaine de Szolovna" que
son pere avait donné á Iwachin, fils de Geche, comte de Szeben, 3
qui, associatis sibi Saxonibus, Olacis,4 Siculis et Bissenis, était
1
Le roi André II avait partagé parmi ses confidents la plupart des
domaines royaux d'oü résulta une diminution dangereuse des revenus du
tré6or. Pour remédier á ces maux, son fils, Béla IV fut contraint á annuler
ces donations immédiatement aprés son avénement (1235).
2
Szolovna, auj, Szlanye, en Croatie (com. Varasd).
3
Iwachin, c'est-á-dire Joachim, fils de Gecse, était un descendant de l'an-
cienne souche hongroise des Tűrje, originaire de la Transdanubie (Pannonié).
Cette famille donna au pays bien de hauts fonctionnaires ecclésiastiques et
civils. Denis, le frére ainé de la personne mentionnée dans cette charte, fut
palatin de Hongrie. Joachim lui-méme sur qui nous avons des données de
1211 á 1228, était comte de Szeben, c'est-á-dire un magistrat royal envoyé
dans le pays des Saxons (cf. No. 4; voir aussi Jean Karácsonyi, A magyar
nemzetségek — Les familles hongroises, III, p. 120).
4
Impossible de décider si les Roumains qui participaient á l'entreprise
de Joachim, étaient venuö de la Transylvanie ou précisément de la région
allé a u s e c o u r s d ' A s c e n B u r u l , le t z a r d e s B u l g a r e s , 5 et qui s'étaít
distingué aussi dans la campagne menée contre Román, prince
des Ruthénes,6 restitue le domaine en question, á titre de nou-
velle donation, aux fils d ' I w a c h i n , c'est-á-dire á Thomas, comte
de Karakó, héros des batailles d e la S a j ó et de Zara,7 et á Phi-
lippe, évéque de Zágráb, attaché á la chancellerie de la reine et
souvent chargé de missions diplomatiques aussi bien en Hongrie
qu'á l'étranger.8 A cette occasion, le roi confirme l'acte de do-
nation d'André II.

de Nagyszeben, car dans le cas oü Joachim n'eüt conduít que les soldats de
son propre comté, il n'eüt pu avoir dans son armée aussi des Sicules et des
Petchenégues. II est probable que ses troupes fussent recrutées dans une zone
assez étendue, notamment dans la région frontiére du Sud de la Transylvanie
oü, des ce temps-lá, il y avait déjá des Saxons, des Roumains, des Sicules et
des Petchenégues, II n'est pourtant pas exclu que les Roumains eussent
rejoint l'expédition ailleurs, par exemple sur le territoire du futur banat de
Szörény. Quoi qu'il en sóit, il est certain que ce6 troupes roumaines, si
elles étaient réellement venues de la Transylvanie, ne pouvaient étre que de la
région de Fogaras, comme Georg Müller (Die ursprüngliche Rechtslage der Rumá-
nen im siebenbürger Sachsenlande, Hermannstadt, 1912, p. 232) l'a établi avec
justesse. Les historiens roumains, désireux d'élargir les limites du territoire
parsemé de colonies roumaines, persistent á affirmer que ces „Olaci" étaient
originaires de la région de Nagyszeben, mais ils ne peuvent invoquer aucun
argument sérieux en faveur de leur théorie (cf, J. Pu^cariu—I, Préda, etc,,
Contributiuni istorice privitoare la trecutul Románilor depe pámántul cráesc.
Sibiu, 1913, p. XV). Aussi Jean Karácsonyi (Az erdélyi székelyek első had-
járata 1210-ben — La premiére campagne des Sicules en 1210. Századok,
1912, p. 292) est-il d'avis que les Roumains en question étaient de Fogaras,
mais il ajoute que leur territoire appartenait, au point de vue admínistratif,
á la ville de Szeben. II faut s'inscrire en faux contre la derníére assertion
puisque les Saxons de Szeben ne recevront la région de Kerc qu'au XV e
siécle (cf, les notes de la charte 3 et L. Tamás, AECO. II, p. 332).
5
Asan Borii, tzar des Bulgares, régna de 1207 á 1218. C'est en 1213
que le roi André II envoya le comte Joachim á son secours contre ses
sujets rebelles qui voulaient occuper le cháteau de Vidine.
0
Román et Vladimír, fils d'Igor, prince de Sévéríe, chassérent Dániel,
prince mineur de Galície et de Lodomérie, dont André II était l'oncle du
troisiéme degré. De 1208 á 1211 le roi de Hongrie, pour porter secours á son
parent, fit plusieurs expéditions qui furent couronnées de succés.
7
Thomas, comte de Karakó, fils de Joachim est l'ancétre de la famille
Szentgróti de Pannonié. II est mentionné entre 1241 et 1267 (J, Karácsonyi,
A magyar nemzetségek III, p, 120). La bataílle de la Sajó eut lieu en 1241.
Quelques années plus tard ce fut Venise qui attaqua Zara, Thomas y lutta
aux cötés de son oncle, le palatin Denis.
8
Phílíppe, fils de Joachim, était d'abord évéque de Zágráb, ensuíte
archevéque d'Esztergom. II est mentionné entre 1241 et 1272 (J, Karácsonyi,
1. c.}.
Dátum Geurini per manus magistri Achillís preposíti Alben-
sis, aule vícecancellarii, anno dominice íncarnatíonis míllesimo
ducentesimo quínquagesimo et nono Kalendas Julii, regni autem
nostri anno quintodecimo.

L'original n'est pas connu.


Une copie simple du XVIII e siécle se trouve dans la collection Kukul-
jevics (Archives Nationales DL 36224). Une transcription sommaire fut faite
au nom du roi Mathias, en 1486 (Ibid. Dl. 335).
Edition: Szentpétery 1/2, p. 277.
Extraits: Fejér IV/2, p. 521; Wenzel, ÁUO. VII, p. 310; Smiciklas,
Codex IV, p, 421 et V, 132; Kukuljevic, Regesta, p. 586, No. 774; Barabás,
Székely Oki, p, 3; Századok, 1912, p. 292.

11.
20 aoűt 1252
B é l a I V fait d o n a u c o m t e Víncent, fils d ' , , A k a d a s Siculus de
Sebus",1 de la terre de Zek2 qui avait appartenue á un Saxon
d e n o m F u l k u n et qui, p a r suíte des r a v a g e s des Mongols, vacua
et habitatoribus carens remanserat. Ce domaine se trouve inter
terras Olachorum de Kyrch,3 Saxonum de Barasu et terras Sicu-
lorum de Sebus.4 D a n s l a d e s c r i p t i o n d e s e s l í m i t e s il e s t question
d e la m o n t a g n e Vecul,5 d e l ' O l t et d e la colline d i t e Berch,

1
Le comte Vincent, fils dAkadás, Sicule de Sebes (auj. c'est le „siége"
de Sepsi, en Háromszék), est l'ancétre des familles des comtes Nemes de Hid-
vég, des comtes Mikó de Hidvég et des comtes Kálnoky de Kőrispatak (Cf.
B. Kempelen, Magyar nemes családok, Budapest, 1911, t, VIII, p. 438).
2
Le territoire de Szék se trouve á la limité orientale du com. Három-
szék, sur la rive droite de l'Olt oü il y a actuellement trois villages hon-
grois: Hidvég—Haghig, Árapatak—Arpatac, Erősd—Ariu§d). C'est dans cette
région que le comte Vincent fonda des villages aprés que l'invasion mongolé
eut balayé les colonies saxonnes antérieures. Les trois villages apparte-
naíent jusqu'aux temps modernes aux trois familles nommées dans la notes
précédente.
3
Kyrch, Kerc (com, de Fogaras). Comme une des communes les plus im-
portantes de cette zone, elle paraít avoir emprunté son nom á toute la région
oü naitra plus tard le comitat de Fogaras qui méme aujourd'hui confine vers
l'Est á la terre de Szék. Le terme de „Roumains de Kerc" se rapporte donc
aux Roumains de Fogaras. On a proposé (Korrespondenzblatt, 1914, p. 127)
d'y voír non pas Kerc, mais la commune de Krizba—Crizbav (au Nord-Ouest
de Brassó, en allemand Krissbach), mais, étant donné que la population actuelle
de ce village est hongroise, et que son nom est d'origíne allemande, rien ne
nous obiige á souscrire á cette hypothése.
4
Dans ce passage il y a deux noms géographíques: Barasu qui est iden-
tique á Brassó (probablement d'origine turque: bor suy ,,eau grise ou blanche
L. Rásonyi-Nagy, MNy, XXV, p. 17) et Sebus (—Sebüs) qui correspond á
Anno Domini Mo (ducentesímo quinquagesimo) secundo, tre-
decimo Kalendas Septembris, regni autem nostri septimodecimo.

L'original, qui avait été dans les archives des comtes Nemes de Hid-
vég, se trouve actuellement en lieu inconnu. Pour son sceau de cire,
attaché sur un cordon, cf. Reschner, o. c. III, p. 457.
Une transcription fut faite, le 14 janvier 1758, par la Cour d'Appel
royale de Marosvásárhely; sa copie se trouve dans un cahier de papier de
l'époque, inséré dans le tome XII de la Collection Soterius du Musée Brucken-
thal de Nagyszeben. Selon Reschner l'acte fut confirmé par Joseph II á
Szeben, le 19 mai 1784. La charte est mentionnée dans un document daté du
23 janvier 1479 de Pierre Geréb de Vingart, voívode de Transylvanie, qui
fut publié d'aprés l'original conservé aux Archives du Musée Transylvain de
Kolozsvár dans Székely Oklevéltár I, p. 225.
Éditions: Benkő, Transilvania I, p. 446; Katona, História critica VI, p.
182, Das Recht des Eigenthums p. 27; Fejér IV/2, p. 147; Bethlen, Geschicht-
liche Darstellung p. 107; Teutsch—Firnhaber, I, p. 70; Székely Oklevéltár
I, p. 9; Hurmuzaki—Densusianu 1/1, p. 254; Zimmermann—Werner I, p, 78.
Extráit: Wenzel, Adalék p. 23.
Traduction roumaine: $incai, Hronica I, p. 274 (d'aprés ,,Dániel Korni-
des diplomatum Mss. Tom. 2, p. 82"; cette copie fut faite sur l'original con-
servé par les comtes Nemes de Hidvég).

12.
16 décembre 1256
Béla IV confirme l'archevéque d'Esztergom 1 dans ses dívers
priviléges, et entre autres aussi dans son droit de percevoir la
dime des Saxons et des Roumains: similiter in percipiendis de-
cimis regalium proventuum ex parte Siculorum et Olacorumr in
pecudibus, pecoribus et animalibus quibuslibet, exceptis terragiis

Sepsi, conservé aussi dans le nom de Sepsiszentgyörgy (cf. J. Melich, MNy.


XXV, p. 36). La terre des Saxons de Brassó se trouve au Sud de la terre de
Szék, le pays des Sicules de Sepsi dit „Sepsiszék" forme la partié Ouest
du comitat de Háromszék; il est limitrophe de la terre de Szék.
5
Vecul (lisez Vecül) est un terme d'origine allemande dérivé du nom
de personne Wezel, v. E. Jakubovich, MNy. XXXIII, p. 236.
1
L'archevéque d'Esztergom est le prince-primat, c'est-á-dire le premier
prélat de la Hongrie.
2
Les Sicules qui, au point de vue du droit public, étaient considérés
comme les nobles du pays, ne payaient pas d'impót, et leur seule prestation
consistait á offrir, á titre de don, un certain nombre de boeufs á l'occasion
du couronnement du roi. La taxe normálé des Roumains était la „quinquage-
sima" des moutons (cf. Introduction). Aprés la conversion au christianisme, le
payement de la dime fut générale en Hongrie, et méme le roi fut obligé á
s'en acquitter. C'est á ce titre que Béla IV accorda á l'archevéque d'Esz-
tergom la dime des revenus royaux.
Saxonum, sed ex parte Olacorum etiam ubique et a quocumque
provenientium, in regno Hungarie persolvi consuetorum.
Dátum per manus dilectí nostri et fidelis magistri Smaragdi
Albensis ecclesie prepositi, aule nostre vicecancellarii, anno Do-
mini M - o CC-o L-o VI-o, X V I I - m o K a l e n d a s Januarii, regní autem
nostri anno XX-ma II.
L'original n'est pas connu.
Transcription du 15 mars 1332 au nom de Charles I, sur papier, aux
archives laiques du Primat d'Esztergom (A. 4),
Editions: Pray, Specimen hierarchiae I, p. 137; Katona, História critica
VI, p. 245; Knauz, Monumenta I, p. 436; Fejér IV/2, p. 384; Török, Magyar-
ország prímása II, p, 31; Hurmuzaki—Densu?ianu I, p, 276; Zimmermann—
Werner I, p. 80.
Extraits: Székely Oklevéltár I, p. 13; Teutsch—Firnhaber I, p. 41; Ma-
gyar Sión I, p. 613; Codex Strigoniensis I, p. 43; Szentpétery I, p. 346.

13.
1260
O t t o k á r II, roi d e B o h é m é , 1 f a i t r a p p o r t a u p a p e d e sa v i c t o i r e
remportée sur Béla IV d a n s la p l a i n e d e M o r a v i e , et á ce propos
il r é f é r e q u ' i l a v a i t á l u t t e r c o n t r e l e r o i d e H o n g r i e et son fíls,
Etienne, le R u s s e Dániel et ses fils, d ' a u t r e s Russes et Tatars,
Boleslave, prince de Cracovie et Leszko le jeune, prince de
Lausitz, ainsi que contre innumeram multitudinem inhumanorum
hominum, Cumanorum, Ungarorum et diversorum Sclauorum, Si-
culorum quoque et Valachorum, Bezzenninorum et Ismaelitarum,
Schismaticorum etiam, utpote Grecorum, Bulgarorum, Rasiensium
et Bosnensium hereticorumr
Pas de date.
Éditions: Engel I, p. 146; Fejér IV/3, p. 15; Hurmuzaki—Densu?ianu I,
p. 287; Iorga, Acte Fragmente III, p, 76,
Traduction roumaine: $incai, Hronica, I, p, 277,
1
Ottokár II régna de 1253 á 1278,
2
La Styrie avait appartenu au roi de Hongrie, mais Ottokár, roi de
Bohémé fit révolter la noblesse et rattacha ce pays á son royaume. Pour
s'en venger, Béla IV entreprit contre lui, en juin 1260, une expédition puni-
tive, Dans l'armée de Béla IV on trouve non seulement les troupes hongroises
du roi et de son fils, le prince Etienne, mais aussi les parents et les vassaux
du roi, avec leurs troupes, les Coumans, avec leur prince Alpra, Dániel,
roi de Galicie, ainsi que Boleslave, prince de Cracovie, Lesko, prince de
Mazovie, Ratislave, prince de Bosnie et de Macsó, le tzar des Bulgares,
le beau-fils de Béla IV, Ernye, voívode de Transylvanie et ses troupes sicules,
etc. Les Roumains semblent étre venus avec le voi'vode, mais il est possible
qu'ils fussent originaires du Szörénység ou de la Coumanie (cf. L. Tamás,
AECO. II, p. 337).
14.
28 octöbre 1262
Béla IV confirme les droits de l'archevéque d'Esztergom. Item
similiter de pecudibus et pecoribus exigendis ab Olachis et Siculis
archiepiscopus idem percipiet decimam partém.1
Dátum per manus magistri Farkasii electi Zagrabiensis, aule
nostre vicecancellarii dilecti et fidelis nostri, anno Domini M-o
CC-o LXX-o, quinto Kalendas Novembris, regni autem nostri anno
vigesimo octavo.

L'original se trouve aux archives laiques de l'archevéché d'Esztergom


(Lad. A, fasc. 1. no 2). L'année de r,,incarnation" est fautive parce que le
28 octobre 1270 Béla IV n'était plus en vie. Autour de la date exacte il y
eut une longue discussion. Méme aujourd'hui les historiens hésitent entre 1262
et 1263. Étant donné que Farkas fut élu évéque de Zágráb á la fin de 1262
ou au début de 1263, la date de 1262 a plus de chance de probabilité. Pour
les détails de l'argumentation cf. Szentpétery I, p. 398.
Transcriptions: le 14 juin 1332, au nom du roi Charles I, en 1368 par
le chapitre de Bude, en 1368 au nom de Louis, roi de Hongrie, en 1418 par
le roi Sigismond et en 1464 par le roi Mathias.
Éditions: Pray, Specimen hierarchiae I, p. 131; Katona, História crítica
VI, p. 391; Batthyány, Leges II, p. 399; Knauz, Monumenta I, p. 473; Fejér
IV/3, p. 133, VII/5. p. 331; Endlicher p. 500, Török, Magyarország prímása
II, p. 33; Hurmuzaki—Densu§íanu 1/1, p. 307; Teleki, A Hunyadiak kora
XI, p. 109.
Extraits: Teutsch—Firnhaber I, p. XLIV; Magyar Sión I, p. 698; Codex
Strigoniensis I, p. 49 et II, p. 86; Zimmermann—Werner I, p. 87; Székely
Oklevéltár I, p. 14; Szentpétery I, p. 397, Tamás, AECO. II, p. 336.

15,
1283
1
Le roi Ladislas IV arrange un différend de propriété des
divers membres du lignage de Rátót 2 en ce sens qu'il adjuge, con-
1
Cf. les notes de la charte 12.
1
Ladislas IV, roi de Hongrie, régna de 1272 á 1290.
2
La famille des Rátót descend des chevaliers normands Rátold et
Olivier qui étaient venus en Hongrie de Caserta (prés de Naples) avec
Bousille, la femme normande du roi Kalman (1095—1116), et qui re<?urent
des domaines en Pannonié, autour de Veszprém. La famille ne tarda pas
á se magyariser, et un de ses membres, Dominique, fut trésorier royal entre
1238 et 1240. Ce sont ses petits-fils qui procédent au partage des domaines
en question; Mathias est l'ancétre de la famille Paksy, le palatin Dominique
II fait tige de la famille Pásztohy, du ban Ladislas descendent les Tary, le
palatin Roland est l'ancétre de la famille Jolsvay, Désiré, comte de Borsod
et de Gömör, fond les familles Kaplai, Feledi et Lórántffy, enfin Renaud et
t r a i r e m e n t a u x p r é t e n t i o n s d e M a i t r e M a t h i a s , fíls d u b a n R o l a n d ,
p l u s í e u r s d o m a i n e s , e n t r e a u t r e s possessiones Wylak, Kuesd et
Olahteluk vocatas in comitatu Byhoriense3 existentes á Maitres
R o l a n d e t D é s i r é , fils d ' E u s t a c h e , á D o m í n í q u e e t á L a d í s l a s , fils
d ' E t í e n n e et á R e i n a u d et á Nícolas, fíls d'Olívíer,
D á t u m p e r m a n u s díscreti víri m a g í s t r i B a r t h o l o m e i aule
n o s t r e v i c e c a n c e l l a r í i dilectí et fídelís nostri, a n n o Domíní M-o
C C - o L X X X - o tertio, r e g n i a u t e m n o s t r i a n n o u n d e c í m o .

L'original se trouve en un lieu non indiqué par les éditeurs, probable-


ment aux archives de la famille Putnoky ,,de genere Rátót",
Editions: Fejér V/3, p. 174 et VII/2. p. 99; Hurmuzaki—Densu^ianu I/'l,
p. 446; Wenzel ÁUO. XII, p. 382.

Nicolas sont les ancétres des Putnoky, Les domaines passent plus tard dans la
possession de la derniére famille, Au cours du XIII e siécle la famille de
Rátót donna trois palatins á la Hongrie.
3
Les trois propriétés en question paraíssent avoir été acquises par le
trésorier Domínique, grand-pere des parties litigantes, autour de 1240, c'est-
á-díre á l'époque oü il était comte de Bihar—Bíbor. Wylak équivaut á
Újlak, aujourd'hui Pusztaújlak (de új „nouveau, récent" et lak ,,habítation,
demeure", en roumain Uilacul de§ert), Küesd, sous une forme plus moderne
Kövesd—Cue§d a gardé son nom (dérivé du hongrois kő „pierre") jusqu'á
nos jours. Tous les deux se trouvent á proximité de Mezőtelegd—Tileagd (com,
de Bihar). Le troísiéme village, Oláhtelek (dans la charte: Oláhtelük) n'est plus
identifiable; ou 11 a changé de nom ou la commune mérne a disparu. C'est
d'ailleurs le premier nom de lieu de Hongrie qui permette d'en conclure sur
une population roumaine. Aprés l'invasion mongolé (1241), la population du
pays étant devenue trés rare, il fallaít chercher de nouveaux colons. La région
dont il est question dans notre cas, avait été dévastée par Kadan, chef d'armée
tatar, qui avait fait tuer ou emmener en captivité les habítants de villages
entiers. Pour combler les vides qui s'étaient créés dans la population, les
seigneurs hongrois firent des tentatives pour coloniser des bergers roumains
restés á l'état de nomadisme. Les nouveaux colons vinrent s'établir dans les
villages hongrois dévastés et dépeuplés, mais au début, ils n'y formérent que
quelques ilöts épars. Un de ces derniers fut précisément Oláhtelek, dont le
nom, de caractére incontestablement hongrois, prouve jusqu'á l'évidence que
le village en question fut dénommé par la population hongroise voisine. Au
commencement les Roumains ne pouvaíent étre trés nombreux ce qui ressort
du mot telek „terre, parcelle, tenure" qui figure dans ce toponyme. Oláhtelek
est d'ailleurs situé sur la lisiére de la zone des hétraíes oú cesse la région
des colonies hongroises, Au-delá de la zone forestiére il y avait les alpages
bien gras des montagnes de Bihar oü les bergers roumains faísaient paitre
leurs bétes dés le début du XIII e siécle. C'est parmi ces bergers alpestres
qu'il faut chercher les colons á'Oláhtelek. Au cours de XIV e siécle il y
eut de nouvelles immigrations roumaines. Actuellement plus que la moitié de
la population de cette région est composée de Roumains, mais mérne les villa-
ges entiérement roumains ont un nom d'origine hongroise (Kövesd, Lugas—
LE COMITAT D' ALSOFEHER
8 janvíer 1285
Le roi Ladislas IV fait donation á Maitre Georges, fils de
Simon, 1 pour ses nombreux mérítes, des villages royaux Sowar,
Sowpatak, Delna, Zarbouth et Chedezdeth, situés au com. de Sáros. 2
Rappellant les mérites du donataire, il fait les précísions suivan-
tes: demum etiam cum nos in etate puerili post obitum karissimi
patris nostri regnare cepissemus, Lython woyuoda una cum fra-
tribus suis per suam infidelitatem aliquam partém de regno nostro
ultra alpes existentem pro se occuparat et proventus illius partis
nobis pertinentes nullis admonitionibus reddere curabat, sepedic-
tum magistrum Georgium contra ipsum misimus, qui cum summo
opere fidelitatis pugnando cum eodem ipsum interfecit et fratrem
suum nomine Barbath captivavit et nobis adduxit, super quo nos
non modicam quantitatem pecunie fecimus extorquere et sic per
eiusdem magistri Georgii servitium tributum nostrum in eisdem
partibus nobis fuerit restauratum.3
Dátum per manus venerabilís patris Thome episcopi Waciensis
aule nostre cancellarii, dilectí et fidelis nostri, anno Domini iM.-o
CC-o octuagesimo quinto, regni autem nostri anno quartodecimo,
sexto Idus Januarii,

Luga§, de lugas „tonnelle", Szabolcs—Sábolciu, d'un ancien nom de personne


hongrois, Telkesd—Telecu§, dérivé de telek, etc.). Dans les villages des val-
lées les Hongrois sont en majorité méme de nos jours; les villages roumains,
par contre, se trouvent dans la zone forestiére des montagnes.
1
Maitre Georges, fils de Simon, ancétre de la famille Sós de Sóvár,
était originaire de la famille hongroise des Baksa. Souvent mentionné de
1271 á 1303, il prit part comme chef d'armée á toutes les célébres campagnes
de l'époque, lutta contre les Tchéques, les Coumans et les Tatars, et con-
duisit personnellement deux expéditions milítaires, l'une contre le vo'ívode
Lython, aprés 1272, l'autre contre la Pologne, en 1285 (cf. Jean Karácsonyi,
A magyar nemzetségek, I, p, 160).
2
Le domaine de Sóvár (dérivé de só ,,sel" et vár cháteau, fortesse")
•existe jusqu'á nos jours en Sáros, mais les villages dont il est question icí,
paraissent avoir changé de nom et ne sont plus identifiables,
3
Le vo'ívode Lython est peut-étre identique á ce Lytuoi (selon les hís-
toriens roumains Lythvoi, Lytovoi) dont il était question dans la charte 9.
Une autre hypothése, également possible, serait que Lython fút le successeur
de Lytuoi. Ce quí est certain, c'est que son pays porté la dénomination de
„terra Litua" (1247 : No, 9, 1288 : No, 18). Cette charte fait voir que méme
aprés 1247 le roi de Hongrie avait des droits souverains sur le Szörénység.
Le frére de Lython, „nomine Barbath", a un nom roumain: c'est bárbat
„homme", du latin barbatus „barbu".
L'origínal sur parchemin se trouve aux Archives Nationales de Buda-
pest (archives de la famille Sós de Sóvár).
Transcription abrégée par le chapitre de Szepes, de 1346, ibid.
Editions: Fejér V/3, p. 274; Hurmuzaki—Densu$ianu 1/1, p. 454; Wen-
zel, ÁOU, XII, p. 434. Wagner: Analecta comitatus Sáros p. 293.

17.
Été 1288
Ladomer, archevéque d'Esztergom, fait connaítre prepositis,
decanis, plebanis, universisque nobilibus Ungarorum, Saxonibus,
Syculis et Volachis de Cybiniensi et de Burcia comitatibus Tran-
silvanis que le roi, bien qu'il eüt promis de s'amender et d'aban-
donner ses actions illégales, n'était pas resté fidéle á ses promes-
ses. 1 C'est pourquoi l'archevéque engage les destínataires du pré-

1
La mére du roi Ladislas IV ayant été d'origine coumane, le jeune
souverain fut entouré de Coumans payens qui s'étaient établis en Hon-
grie aprés l'invasion mongolé. Sous l'impulsion re<?ue de ses confidents cou-
mans, il répudia sa femme, se tourna contre l'Eglise et chercha á s'allier
aux Tatars. II révait á fairé ressusciter l'empire payen d'Attila, mais ses
projets se heurtérent á la résístance tenace de son peuple converti depuis
des siécles au christianisme. Les grands seigneurs du pays jetérent en prison
le roi et lui extorquérent, en avril 1288, la promesse de reprendre sa femme,
de rompre avec ses amis coumans, de se soumettre á l'Eglise et de dénoncer
l'alliance tataro-hongroise. Peu aprés, le roi manqua á sa parole, retourna
á ses confidents payens, envoya des délégués chez les Tatars et recruta une
armée pour s'opposer au parti chrétien dirigé par Ladomer. Pendant l'été
Ladomer et ses partisans repoussérent le roi jusqu'au coin Sud-Est de la
Transylvanie, dans la province dite Barcaság (cf. No, 1.) C'est alors que
Ladomer émit le présent circulaire. La lutte finit par un événement fu-
neste: le parti chrétien fit tuer le roi par ses amis coumans. 1290. C'est ici
qu'on fait mention pour la premiere fois des Roumains des environs de
Szeben et du Barcaság. II est probablement question des serfs appartenant
aux domaines royaux de Salgó, Talmács et Törcsvár (Törzburg—Bran),
comme le suppose aussi M. G. E. Müller (Die ursprüngliche Rechtslage der
Rumánen im siebenbürger Sachsenlande, p. 313.). M. Fr, Müller (Habén
1288 im Hermannstádter Gau und im Burzenland neben den Sachsen auch
ungarische Adlige, Szekler und Rumánen gewohnt? Siebenbürger Viertel-
jahrschrift, 1935. p. 281. et suiv.) est d'avis que les nobles, les Sicules et les
Roumains, qui sont nommés dans cette charte, n'habitaient pas dans les comi-
tats de Szeben et au Barcaság (Cybinium et Burcia), quoique l'archevéque
adressát sa lettre aux habitants de ces deux comitats, et que les cháteaux
de Salgó, Talmács et Törcsvár n'appartenaient pas á eux, mais au com. d'Alsó-
fehér. II s'ensuit qu'il faut chercher une autre solution. Selon le mérne
auteur, les nobles, les Sicules et les Roumains résidant dans les divers co-
mitats du pays s'y réunirent á l'appel du roi Ladislas qui recrutait son armée
dans cette partié de la Transylvanie.
sent circulaire á éviter la compagnie du roi, á ne pas prendre les
armes sur son ordre contre des chrétiens et á n'oser seconder
le roi excommunié dans l'accomplissement d'aucun acte cri-
minel. Avec le consentement de toute l'Eglise hongroise, Ladomer
excommunie les envoyés royaux qui vont chez les Tatars aínsi
que ceux qui les hébergent et va jusqu'á ordonner aux destina-
taires d'empécher par tous les moyens le voyage des envoyés en
question.
Sans date.

Originál inconnu.
Une copie simple de l'époque se trouve aux Archives Nationales
de Paris.
Edition: Karácsonyi, Századok, 1910, p. 8, Revista Istoricá, 1923, p. 28.

18.
6 octobre 1288
Maitre Georges, fils de Simon, en considération des mérites
du comte Pierre Pirus qui était dans sa suite pendant ses cam-
pagnes, quando Litua vaivodam infidelem ex precepto eiusdem
(scilicet regisj, nomine Barbath, captum adduxissemus ad pre-
sentiam domini nostri regis, lui fait don de la terre dite Enyeczke. 1
Dátum in octavis beati Michaelis Archangeli, anno Domini
MCCLXXXVIIL

Les éditeurs n'ont pas donné de renseignement sur l'original.


Editions: Fejér V/3, p. 397, Hurmuzaki-Densu§ianu 1/1, p. 483, Revista
Istoricá 1923, p. 23, Wagner: Analecta comitatus Sáros p. 301.

19.
Prés de Gyulafehérvár, le 11 mars 1291
Le roi André III 1 fait savoir que, cum nos universis nobilibas,
Saxonibus, Syculis et Olachis in partibus Transsilvanis apud
Albam lule pro reformatione status eorundem congregationerrr

1
Cf. les notes de la charte 16. Le nom de Pierre Pirus est d'origine
hongroise: il dérive du nom de couleur piros (vieux-hongrois pirus) „rouge"
(v, Szamota-Zolnai: Oklevélszótár, s. v.). Enyecke dont il s'agit dans ce docu-
ment, est Enyicke, village du com. Sáros.
1
André III, roi de Hongrie, régna de 1290 á 1301.
2
La réunion en question était une „congregatio generális", c'e6t-á-dire
non pas „une diéte de Transylvanie, , , une Assemblée constitutionnelle, en
vue de réformes" (N. Iorga, Histoire des Roumains, Buc. 1937, III, p. 177),
mais une audience judiciaire oü le roi, en vertu de son pouvoir de juge
cum iisdem fecissemus de consilio omnium prelatorum, et baronum

supréme, décidait des affaires qu'on soumettait á son jugement. Selon une
coutume ancestrale, une audience pareille avait lieu tous les ans á Székes-
fehérvár, le jour de saint Etienne, mais outre ces jours fixes de justice, le
roi prononipait des jugements aussi pendant ses voyages, assemblant autour
de son siége de juge aussi bien les nobles que les roturiers d'une région.
Dans ce cas, étant question de la Transylvanie, et tout particuliérement du
comitat de Fogaras, c'étaient les nobles, les Saxons, les Sicules et les Rou-
mains qui comparaissaient devant le roi en qualité de parties plaidantes ou
de témoins, Bien que l'interprétation de la charte ne laisse subsister la
moindre ombre de doute, certains historiens du siécle passé se sont évertués
á en tirer des conclusions fantaisistes. En 1846 un historien hongrois,
Ladislas Gál de Hilib (Vizsgálódás az erdélyi kenézségekről — Considéra-
tions sur les kénézats transylvains. Nagyenyed, 1846, p. 26) affirma qu'au
XIII e siécle les Roumains de Transylvanie avaient les mémes droit6 que
les nobles, les Saxons et les Sicules, et qu'ils formaient la quatriéme „nation"
transylvaine. Le méme auteur considéraít l'audience judiciaire de Gyula-
fehérvár comme une assemblée législative oü les Roumains étaíent, eux
aussi, des membres admis au vote. Ces erreurs furent rééditées par Ladislas
Kővári (Erdély történelme — Histoire de Transylvanie, Pest, 1859, I, p. 147)
et aprés lui par plusieurs historiens roumains (Xenopol, Magyars et Rou-
mains devant l'histoire, Paris, 1900, p. 12—3; Onciul, o. c. p. 55, etc.). Cer-
tains savants roumains et étrangers, considérant les noms de peuples comme
autant d'adjectifs qualificatifs, parlent méme de nobles roumains (C. C.
Giurescu, Istoria Románilor I, p, 274; R. W. Seton-Watson, Histoire des
Roumains, Paris, 1937, p. 113). Selon la derniére synthése de M. N, Iorga,
„les Roumains, placés á cóté des corps privilégiés, ont le méme rang poli-
tique, et ceci suppose, non pas une assemblée de pátres et d'agriculteurs
ruraux, mais uniquement celle d'un certain nombre de chefs" (o, c, III, p.
178). Le méme historien finit par déclarer que „c'est une vraie révolu-
tion" (ibid,).
Si l'on examine de prés cette prétendue „révolution", on voit
aussitót que les auteurs roumains ne 6e sont pas rendű compte du fait que,
si le rédacteur de la charte eüt voulu signaler la présence de gentilshommes
roumains, il eüt écrit „nobilibus Olachalibus", puisque Olachus ne fonctionnait
qu'en qualité de substantif. Néanmoins M. Giurescu a fait entrevoir aussi
une autre possibilité: á son avis, le terme „nobilibus" pourrait étre le quali-
ficatif des noms de peuples suivants. Peu convaincu de la justesse de cette
opinion, il a d'ailleurs ajouté que méme si l'on considérait „nobilibus" non
pas comme adjectif, mais comme substantif (c'est, en effet, la seule inter-
prétation admissible de ce passage si discuté!), cette maniére d'analyse
grammaticale ne modifierait en rien la thése de l'égalité de droit des Rou-
mains (1. c.).
Ces minuties grammaticales mises á part, il convient d'attacher plus
d'importance au fait qu'á la fin du XIII e siécle la société transylvaine n'était
pas encore arrivée á une distinction précise des „trois nations". L',,unio
trium nationum" ne se constituera qu'aprés 1437 en tant que réaction á la
révolte de la paysannerie, et ce n'est qu'aprés cette date qu'on tiendra en
Documenta Valachica 3
regni nostri, Magister Vgrinus,3 se levant dans cette assemblée,

Transylvanie des assemblées législatives. Toutes les réunions antérieures de-


vaient avoir un caractére purement juridique comme partout ailleurs en
Hongrie jusqu'á la fin du XIV e siécle. Méme en Hongrie il n'y avait pas
de diéte, de „parlement" au sens moderne du terme, et il est absolument
impossible qu'il en fűt autrement en Transylvanie. Rappelons, d'autre part,
que jusqu'á 1541 cette province ne pouvait fairé de lois, mais uniquement
des statuts, et méme ce droit ne lui fut accordé qu'á la suite des événe-
ments de 1437, Au moyen áge la Transylvanie n'était pas une province
autonome, mais certaines régíons, comme les comitats, les „siéges" des
Saxons et des Sicules ainsi que les districts roumains, jouissaient d'une au-
tonomie locale dont le caractére et l'étendue variaient d'un lieu á l'autre.
Tout cela exclut la possibilité méme d'une Assemblée Législative oü toutes
les „nations" auraient envoyé leurs représentants. Pareílles tentatives d'indé-
pendance ne se feront remarquer qu'á partir 1437, mais á cette époque-lá les
Roumains n'y auront aucune part, puisque leurs nobles agiront de concert
avec la noblesse du pays, et leurs serfs subiront le méme sort que ceux des
autres éléments ethniques. Ces faits ont déjá été démontré á plusieurs re-
prises par les historiens hongrois (J. Kemény, Erdélynek a mohácsi ütközet
előtt való befolyása a magyarországi törvényhozásba — L'influence de la
Transylvanie avant Mohács sur la législation hongroise. Árpádia, III, p. 27;
P. Hunfalvy, Az oláhok története, I, p, 380; B. Jancsó, Erdély története,
Kolozsvár, 1931, p, 47; N. Asztalos, A történeti Erdély, Bp., 1936, p. 196;
A. Domanovszky, La méthode historique de M. Nicolas Iorga, Bp., 1938,
p. 262), mais les auteurs roumains persistent, jusqu'aux livres scolaires les
plus récents, dans leur opinion manifestement erronée.
3
Maitre Ugrin, propriétaire d'un domaine en Fogaras, est probable-
ment identique á Ugrin, fils de Barc, de la souche de Csák, un des con-
quérants de la Hongrie actuelle. II avait des domaines aussi en Bihar, comitat
voisin de la Transylvanie, et il est mentionné dans les chartes autour de
1281 (J, Karácsonyi, A magyar nemzetségek — Les familles hongroises, I,
p. 293). Dans la famille de Csák c'était d'ailleurs un nom trés fréquent; son
plus ancien porteur connu est mentionné dés 1146; plus tard un autre Ugrin,
de la méme lignée, fut archevéque de Kalocsa et chef de l'armée hongroise
dans la bataille de la Sajó (1241) oü il fut tué par les Tatars; á la fin du
XIIIe siécle quatre autres membres de la méme souche eurent ce nom (o. c.
p. 293—7). L'identité du propriétaire de Fogaras avec Ugrin, fils de Barc,
a été admise par Xenopol aussi (Istoria Románilor, III, p. 24). D'autres his-
toriens roumains, en revanche, le considérent comme leur compatriote, et
affirment qu'au comitat de Fogaras les possesseurs de la terre étaient des Rou-
mains et que méme son nom est d'origine roumaine. Déjá dans la Chronique
de Georges $incai, un des fondateurs de l'hístoriographie roumaine transyl-
vaine, on trouve, d'aprés J. Chr. Engel (Antiqu. História Valachiae, I. p.
147), l'assertion que Maitre Ugrin füt de naissance roumaine (Hronica, I.
p. 289). Bunea (Stápánii T^rii Oltului, p. 51—2) a inventé autour de lui
toute une histoire d'aprés laquelle un aieul de Maitre Ugrin pouvait étre
un de ces soldats roumains qui s'étaient distingués, en 1260, dans la bataille
de Moravie (No. 13). Dans ce cas il aurait re<;u le domaine en question en
reconnaissance de ses mérites. Bunea est d'avis que l'unanimité des témoins

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