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Mass Game en Corée du Nord - Eric Lafforgue

Répétitons du Mass Game sur la Place Kim Il Sung un dimanche après midi- Pyongyang
Aux environs du Stade géant May Day de Pyongyang, deux ados courent pour participer au spectacle de Arirang.
Elles sont déjà en tenue de gymnaste, tout comme quelque 100 000 autres qui participent à la représentation.
20 000 jeunes nord coréens sont assis sur les gradins, faisant face aux spectateurs.
Ils retournent des cartes colorées à une grande vitesse pour former une fresque d’images géantes
Les deux pistolets que Kim Il Sung aurait utilisés quand il a fondé l’armée de guérilla populaire anti-japonaise en 1932.
Lorsque les deux pistolets apparaissent, le public formé majoritairement de soldats applaudit bruyamment.
Cachant une réalité bien plus dure, les panneaux représentent Pyongyang éclairée la nuit
Main sur le cœur, les enfants chantent en chœur “ Nous sommes les enfants les plus heureux du monde”
Assister ou participer aux Mass Games est une suprême récompense doublée d’une grande fierté pour les nord coréens.
Tous les enfants viennent pour honorer leur « cher leader » Kim Jong Il,
après un très difficile et éprouvant entraînement, et une sélection impitoyable depuis leur plus jeune âge.
Dans toute la ville, les publicités d’Arirang (« Grande représentation gymnastique et artistique de masse », « Bienvenue à Pyongyang » etc.)
mettent le profane en garde …Entre août et octobre, a lieu l’une des plus grandes et impressionnantes représentations au monde. Le ton est
donné : pas même la cérémonie des Jeux de Pékin ne peut rivaliser avec les mass games organisés par la République Démocratique Populaire de
Corée (RDPC). Le spectacle se tient plusieurs fois par semaine et accueille des touristes du monde entier, y compris des Etats-Unis, dans l’un des
pays les plus isolés et méprisés sur terre. Les biens nommés mass games (« mouvements de masse») sont conçus pour mettre en avant les
dynamiques de groupe plutôt que les performances individuelles comme emblème suprême du communisme. Préparés par des centaines de
milliers d’artistes tout au long de l’année, après les cours pour les plus jeunes d’entre eux, les jeux sont entièrement dédiés au leader de la Corée
du Nord, Kim Jong Il, et feu son père Kim Il Sung, considéré comme l’ « Eternel président » et « soleil du 21èmesiècle »…

Aux environs du Stade géant May Day de Pyongyang, deux filles courent pour participer au spectacle de Arirang. Elles sont déjà en tenue de
gymnaste, tout comme quelque 100 000 autres qui participent à la représentation. Tous viennent pour honorer leur autoproclamé « cher leader »
Kim Jong Il, après un très difficile et éprouvant entraînement, depuis leur plus jeune âge. Pourtant, cela fait plusieurs années que Kim Jong Il ne
s’est pas montré, formellement pour des raisons professionnelles. Mais des officiels admettent les assertions des médias occidentaux sur sa
maladie. Quoi qu’il en soit, Kim Jong Il ou pas, les jeux de masse ont lieu chaque année à Pyongyang, comme moyen pour le régime de montrer
au monde entier la puissance et bonne santé du pays. Pour atteindre ce seul but, pas moins de 100 000 personnes sont engagées dans une
chorégraphie de danses et gymnastiques synchronisées. De nombreux symboles sont affichés par des milliers d’athlètes entraînés, qu’il s’agisse
d’adultes ou même d’enfants. Main sur le cœur, les jeunes élèves chantent en chœur « Nous sommes les enfants les plus heureux du monde »,
l’une des chansons de propagande les plus connues en Corée du Nord. De nombreux danseurs font des mouvements avec des rubans ou avec des
fleurs colorées appelées « kimjonglias », du nom du leader Kim Jong Il. Tout le long du spectacle, un orchestre joue une musique solennelle.

À l’arrière-plan, quelque 20 000 jeunes coréens sont assis sur les gradins, faisant face aux spectateurs. Ils retournent des cartes colorées à une
grande vitesse pour former une fresque d’images animées et détaillées, changeant de l’une à l’autre. Chaque fois qu’ils tournent la page pour
créer une nouvelle illustration, ils crient. Cela crée une atmosphère impressionnante, le cri étant mêlé avec le bruit de milliers de pages tournées
au même moment. Les chiffres sont stupéfiants : pour composer ces images, 2000 enfants sont nécessaires pour faire un seul soldat, 20 000
pour un drapeau de la Corée du Nord. Cachant une réalité bien plus dure, les panneaux représentent Pyongyang éclairée la nuit, des champs de
blé prêt à être récolté, des scientifiques au travail, des atomes comme symboles de la bombe nucléaire et d’autres pour la réunification des deux
Corées. L’un des mythes de Corée du Nord (ou histoire selon eux) est relaté au moyen d’une image gigantesque faite par des milliers d’enfants.
Elle représente les deux pistolets que Kim Il Sung aurait utilisés quand il a fondé l’armée de guérilla populaire anti-japonaise en 1932. Lorsque les
deux pistolets apparaissent, le public applaudit bruyamment. Parmi eux, de nombreux soldats assistent au spectacle comme récompense ultime
après des années de bons et loyaux services. Les milliers et milliers de garçons et de filles participant créent un mouvement de masse géant dans
le stade, qui laisse le public ébahi. Ces artistes talentueux sont coutumiers de ce type de représentation : en Corée du Nord ils doivent danser,
chanter, sauter et virevolter autant de fois qu’il y a de célébrations, toujours à la gloire de leurs chefs. Il existe principalement deux sortes de
spectacles. Le premier est le spectacle classique artistique, appelé « Arirang » d’après la célèbre chanson folklorique coréenne (dont l’histoire
quelques fois change, mais qui raconte le plus souvent la légende d’une femme déçue qui espère que son amant lui reviendra –métaphore de la
séparation avec la Corée du Sud). Le second est un spectacle plus politique, qui était intitulé en 2008 « Que prospère notre pays » et qui tentait
de montrer les plus grandes réalisations du pays et sa lutte contre les oppresseurs étrangers.

Le spectacle continue de cette façon pendant une heure. Ensuite, les milliers de personnes présentes disparaissent dans les rues sombres et
silencieuses de Pyongyang, ce qui contraste avec le déluge de lumières et de musique dans le stade. En l’espace de quelques heures, cela nous
donne un étrange sentiment, entre le réel et l’irréel, d’un autre univers à la fois terrifiant et fantastique.

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