Les vieux, c'est l'émotivité de l'enfance joyeuse,
Tout redevient alors découverte miraculeuse Lorsque les gestes, les émois et les joies de la vie Sont par leur finitude palpable gorgés de magie. Les années lourdes et froides se lisent dans leur yeux; Ils recherchent désormais la chaleur des cieux. Leurs paupières se sont tellement de larmes gonflées et libérées Qu'elles se gorgent à nouveau à la moindre lueur d'humanité. Ils ont tant vu les choses se casser, se plier, se soumettre Qu'ils acceptent avec l'humilité d'un sourire ce qui doit être. D'abord l'homme bourgeonne, ensuite il fleurit Mais le rameau doit ployer pour que tombe le fruit. Les vieux sont souvent silencieuse immobilité, Ils sont le soir, le crépuscule et la nuit tombée, Mais ces attributs ne sont-ils pas Ceux de l'oiseau consacré à Athéna? Vers l'autre monde ils semblent s'évader souvent Comme pour en préparer le séjour dès à présent. On les voit arpenter les cimetières fleuris, Lieux d'écriture, de synthèse de toute vie; Leur fréquentation semble bien être De la sagesse le plus puissant baromètre.