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GRAMMAIRE COMPAREE DU GREC ET DU LATIN PHONETIQUE ETUDE DES FORMES Grecques et Latines PAR Othon RIEMANN & Henri GOELZER Maitre de conférences & !'Ecolo normale Maitre de conférences & I'Ecole normale supérieure. supérieure. PARIS LIBRAIRIE ARMAND COLIN 53, RUE DE MEZIERES, 5 1904 Tous droits résorvés. AVERTISSEMEN En donnant & cet ouvrage, qui comprend deux volumes (I. Phoné- tique et Etude des formes. — II. Syntaze), le titre de Grammaire comparée du grec et du latin, je ne me dissimule pas que je m’expose au reproche assez grave d’employer le mot « comparée » dans un sens contraire a celui que les savants lui assignent. En effet, la grammaire comparée ne se préoccupe pas seulement, comme je l’ai fait surtout dans le second volume pour le grec et pour le latin, d’étudier parallélement les divers idiomes parlés par les races indo-européennes : son objet consiste & rechercher dans ces langues tout ce qui permet de les rapporter & une origine commune el méme de reconstituer jusqu’a un certain point la langue mre dont elles sont toutes sorties. Or, il est bien évident que ce n’est pas préci- sément 1a le but que je me suis proposé. Sans doute la parenté du grec et du latin ressort tres clairement des rapprochements conti- nuels qui sont faits dans le livre entre ces deux langues, mais on n’a pas cherché partout et toujours & montrer ce qui les rattache Pune et l'autre au tronc dont elles sont les rameaux. Toutefois il me semble qu’en me servant de l’expression « gram- maire comparée », je n'ai pas excédé le droit qu’on a toujours d’employer les mots dans le sens propre. Comparer deux choses, c’est les rapprocher pour déterminer en quoi elles se ressemblent et en quoi elles different : or n’est-ce pas juslement ce que se propose le présent ouvrage pour le grec et le latin? Enfin, méme au point de vue exclusif des linguistes, il y a dans ce travail (notamment dans la premiére parlie : Phondtique et Etude des formes) assez de rapprochements avec les autres langues Ruut, comP. DU GAKC HF DU LaTIx (Phonéuique et Etude des formes). 1 2 AVERTISSEMENT. de la famille indo-curopéenne, pour que le titre soit en quelque facon justifié. Quoi qu’il en soit, cette grammaire est destinée surtout aux éludiants de nos Facultés et de nos Ecoles supérieures, ainsi qu’a tous ceux qui désirent s'inilier aux études grammaticales : on y trouvera donc avant tout ce qu’il est indispensable de connaitre pour résoudre les principales difficullés du grec et du latin, et, pour le reste, des renvois fréquents aux ouvrages spéciaux permettront aux lecteurs curieux ou déja avancés dans la science de trouver les renseignements et les indications complémentaires dont ils sauront faire leur profil. Je n’ai pas cru devoir mettre en téte de l'’ouvrage une bibliogra- phie complete : comme cette grammaire est le résumé de vingt ans d’enseignement donné par Riemann et par moi, soit & la Faculté des lettres de Université de Paris, soita I’Ecole normale supérieure, enseignement renouvelé sans cesse par la lecture des auteurs et par étude des travaux publiés sur ces matiéres en France et al’étranger, il n’échappera a personne que la liste de tous les livres, de tous les articles, etc., utilisés par nous, aurail eu une longueur démesurée'. Vai cru qu'il yalait micux (au moins dans le volume consacré & la phonétique et a I’étude des formes) me contenter d’indiquer, & la suile de l’introduction, les grands recueils consacrés & la grammaire des langues anciennes, quilte & mettre en téte de chaque chapitre la liste aussi complete que possible des principaux ouvrages & consulter sur les questions traitées. Dans le volume de Syniaze, j’ai suivi la méme méthode que Kihner et ses reviseurs dans leurs grammaires complétes du grec et du latin: au lieu de placer unc bibliographie développée au commencement des chapitres, j'ai simplement renvoyé en note, chaque fois que j’en ai eu l'occasion, aux grammaires ou aux dissertalions spéciales. 1. Coux qui voudront avuir une idée des travaux qu'on a intérdt & conuaitre pour trailer les diverses ymmaire grecque ct Ala grammaire latine trouveront les indie rundriss der vergl. Gramm. der Indo-Germ. Sprachen, t. 1 Précis de grammaire comparée du grec et du latin, nxn, Grundriss su Vorlesungen aber die griechische Syntaz (Beel (2¢ éd., Berlin, Wei +, publiées par la Revue de Philulogie, reuvoie icles ou dissertations qu'on peut avoir & consulter. 4897), p. xxvit sq (Paris, Hachette, 6 W. Hertz, 1 mann, 188 pour chaque |. De plus, les tables do la Revwe des Ren née, & tous les ouvrages, A tous les AVERTISSEMENT. 3 La raison de cette différence, c’est que, pour la phonétique et pour la morphologie notamment, les travaux vraiment importants sont nombreux et varient avec les questions traitées, tandis que pour la syntaxe il n’en est pas tout & fait de méme : sans doute il y a sur certains points de détail des travaux intéressants & signaler (comme on le verra dans les notes), mais, pour l'ensemble, ce sont toujours les mémes savants qui font autorité, et, par conséquent, on aurait toujours vu les mémes titres d’ouvrages reparaitre en téte de chaque chapitre : c’est un inconvénient que jai voulu éviter. Le fond de l’ouvrage est emprunté aux notes manuscrites laissées par mon ami 0. Riemann, mort si malheureusement et si prématu- rément il y a quelques années. Je n’ai point & m’excuser d'avoir passé tant de temps a mettre en quvre les matériaux mis & ma disposition : tous ceux qui sont au courant de pareils travaux savent combien ils exigent de patience ct de soin. Au surplus, ma tache ne s’est pas bornée & mettre des notes au net; autrement, je n’aurais pas souffert que mon nom figurat sur le titre & c6té de celui de Riemann. Dans l’avertissement placé en téte du volume de Syntaze jesplique ce que j'ai fait: j'ai eu plus a faire encore pour ce qui est de la phonétique et de la morphologie. La linguistique est une science qui, depuis dix ans surtout, a fait de grands progres : or la doctrine suivie par Riemann aurait risqué de parailre un peu vicillie, si je m’élais borné & la présenter telle quelle et c’edt été trahir un savant aussi soucicux que lui de se tenir au courant de toutes les découverles et de tous les progrés. J’ai donc modifié complétement cette partie de son cours, lout en conservant scrupu- leusement |’esprit de sa méthode, qui est d’ailleurs celle de la philologie ct qui écarte les hypotheses aventureuses pour ne s’atta- cher qu’aux faits bien établis. Je revendique sur ce point toutes les responsabilités, puisque, pour écrire ces chapilres, j’ai utilisé surtout les notes que j'avais prises moi-méme en vue d’exposer & mes élaves de la Sorbonne et de I’Ecole normale les principaux faits de la phonétique, de la déclinaison et de la conjugaison grecque et latine. Bien que mes études aient été principalement 4 AVERTISSEMENT. tournées vers la philologie, j'espere cependant avoir montré que la linguistique ne m’est point étrangére. En terminant aujourd’hui cet important travail, auquel j'ai con- sacré plusieurs années de ma vie, je voudrais me persuader que mon temps et ma peine n’auront pas été inuliles. En tout cas, j’ai conscience d’avoir fait tout ce qui dépendait de moi pour que l’ceuvre fit digne de Riemann et de moi et profi- table a ceux qui doivent s’en servir; mais je n’oublie pas que, malgré tous mes efforts pour éviter l’erreur, j’ai pu, comme tout le monde, m’abuser ou me fourvyoyer parfois. Je compte, pour me corriger, sur les observations de la critigue, aux jugements de laquelle je me soumets avec déférence. Henet GoELzer. NTRODUCTION L’élude des formes grecques ou latines a été complétement renouvelée dans ce siécle-ci par la grammaire comparée et personne ne soutiendrait plus aujourd'hui qu’on peut en rendre compte sans s’appuyer sur les principes de cette science. La grammaire comparée nous a rendu le service de nous débarrasser de toutes sortes de vieilles explications purement mécaniques, empruntées pour la plu- part aux grammairiens anciens. De plus, c’est une étude fort intéressante : il est curieux de voir que, grace a elle, nous pouvons savoir aujourd’hui de quoi est composée une forme grecque ou latine infiniment mieux que les Grecs ou les Latins ne le savaient. Mais, tout en accordant a la grammaire comparée l'imporlance qu'elle mérite on a Je devoir d'avertir les jeunes gens que pour eux c'est une étude de luxe; ils ne doivent l'entreprendre que lorsqu’ils savent parfaitement le grec et le latin. On peut connaitre ces langues sans savoir un mot de grammaire comparée; et la grammaire comparée, par elle-méme, n’apprend ni le grec nile latin. Elle empécherait plutét de les apprendre : i] est fort commode, par exemple, de croire que, parce qu’on a éludié, suivant la méthode des linguistes, la théorie de la conjugaison grecque, on saitla conjugaison grecque; cette opinion dispense da travail pénible et aride qu’il faut simposer, quand on veut connaitre exactement les modes et les temps de chaque verbe, mais elle conduit aussi a remplacer par des barbarismes Jes formes récllement usitées'. Enfin (il ne faut pas le dissimuler) les théories de la grammaire comparée ne sont souvent que de brillantes hypothéses : souvent les formes primitives dont on tire Jes formes grecques ou latines n’existent plus, ct ce ne sont plus dés lors que des formes supposées; ou bien ce sont les formes intermédiaires qui font défaut. Dans les deux cas, comment vérifier les hypothéses? ? Pour ces raisons, il serait téméraire d’accorder & la linguistique dans Venseignement du grec et du Jatin une importance exclusive et de croire qu’elle est un moyen d’apprendre ces langues. La vérilé, c'est qu’il y a avantage 4 lui emprunter lesprit de sa méthode, pour éviter les explications fausses, c'est enfin qu'elle peut étre un couronnement ulile des études de grec et de latin, mais & la condition de bien marquer od finit la ecience et ob commence Thypothése. C'est Je souci constant qui nous a guidés dans I’examen des diverses théories dont les sons et les formes du grec et du latin ont été l'objet. Bibliographie *. — R. Detertcx, Einleitung in das Sprachstudium, 2 édit. Leipzig, Breitkopf et Hartel, 1884. — A. Hovetacove, La Linguistique, 2° édil. Paris, Reinwald, 1877. — Boer, Grammaire comparée (trad. BrEat, 5 vol. 1. Tl faut lire sar ce sujet les réflexions si judicicuses et si fiues de P. Buass dans son Aver- tissement au lecteur en téle de la 3° 6d. quill a donnée de la grammaire grecque de Ktuxta (p. IX ct suivantes). 2. Creat le cas, avoe F. Brass, de rappeler aux débutanis le mot de Démosthéne, et on bien ct une sanvegarde ». Cf. Dew., VI, 24: Ev 8& te xowvov H guate iv atch xluryra: guhanripiov, 6 wiciv to: ayaboy xxi owrigior. . antes! 3, Voy. ce qui cat dit dans 'Avertissement, ci-deasus, p. 2. 6 INTRODUCTION. Paris, 1865-1872). — Leo Meyer, Vergleichende Grammatik der griechischen u. lateinischen Sprache, Berlin, Weidmann, 2° édit., 1882-84. — ScHLEICHER, Com- pendium der vergleichenden Grammutik der Indogermanischen Sprachen, 4° édit. Weimar, 1876. Ces ouvrages, que l'on peut encore consuller avec fruit, conliennent cepen- dant une doctrine qui parait avoir fait son temps, depuis les travaux d'Osthotf et de Brugmann, fondateurs de ce qu'on appelle la nouvelle école linguistique. On devra donc consulter aussi : OSTHOFF et BRUGMANN, Morphologische Unter- suchungen, Leipzig, Hirzel, 1878-80. — OsrHorr, Forschungen im Gebiete der Indogermanischen nominalen Stammbildung, Iéna, Costenoble, 4875-1876. Das Verbum in der Nominalcomposition, Iéna, Costenoble, 1878. — F. vE Saussure, Mémoire sur le systéme primilif des voyelles dans les langues indo- europfennes, Leipzig, Teubner, 1879. — V. Henry, Elude sur Canalogie en général et sur les formations analogiques de la langue grecque, Paris, Maisonneuve, 1883. — V. Henry, Précis de Grammaire comparée du grec et du latin, 6° édit. Paris, Hachette. — Les doctrines de la nouvelle école ont été examinées par G. Curtius, Zur Kritik der neuesten Sprachforschung, Leipzig, Hirzel, 1883. — Enfin nous signalerons, comme source principale, l’ouvrage considérable dont BruGMAann et DeLBrick onl entrepris la publication chez Trabner (Strasbourg) : Grundriss der vergl:ichenden Grammatik der Indogermanischen Sprachen ; la pho- nétique et la morphologie des langues indo-evropéennes sont magistralement exposées par K. BruGMaNn dans les deux premiers volumes de l’ouvrage (t. I, Einleitung u. Lautlehre, 2° éd., 1897; t. Il, Wortbildungslehre, 1891-92), suivis d'un volume de tables (Indices, 1893). A célé de ces ouvrages généraux, il convient de ciler les études spéciales relatives & chacune des langues grecque et latine. Pour le grec : G. MEYER, Griechische Grammatik, 3° édit. Leipzig, Breitkopf et Hartel, 1897. — G. Currius (trad. P. Crairin), Grammaire grecque, Paris, Vieweg, 1884. —G. Curtius, Erlzuterungen zur meinen griechischen Schulgramma- tik, Prague, Tempsky, 1870. —G. Curtius, Das Verbum der griechischen Sprache seinem Baue nach dargestellt. Leipzig, Hirzel, 4877-80. — KCHNER-BLass, Aus- fithrliche Grammatik der griechischen Sprache, 3° édit, Hanovre, Hahn (Elementar- und Formenlehre en deux volumes ; le premier a paru en 1890, le second en 1892). — R. Devsrics, Die Grundlagen der griechischen Sprache, Halle, 1879 (utile surtout pour la syntaxe: ne s‘occupe des formes que par occasion). — K. Bruc- MANN, Griechische Grammatik (dans le Handbuch de I. von Miller), 2° édit., Munich, Beck, 1890. Pour le latin, nous citerons : W. Corssen, Ueber Aussprache, Vocalismus u. Belonung der lut. Spr., 2° édit., 1868-70; Krit. Beilrage zur lat. Formenlehre, 1863; Krit. Nachtrege zur lat. Formenlehre, 1866. H. Mercuet, Die Entwicklung der lateinischen Formenhildung unter bestendiger Beriicksichtigung der vergleichenden Sprachforschung, Berlin, 1870. — Fr. BécuELER (trad. L. Haver), Précis de la déclinaison latine, Paris, Vieweg, 1873. — R. KCuner, Ausfithrliche Grammutik der lat. Sprache, Hanovre, Hahn, 1877-80. — Fr. Stouz, Lateinische Grammatik (Laut- und Formenlehre, dans le Handbuch de 1. von Miller). — H. Biase, G. Lanperar, J.-H. Scumauz, Fr. Stouz, Jos. Tissinc, C. WAGENER, A. WEINHOLD, Historische Grammalik der lateinischen Sprache, Leipzig, Teubner (t. I, 4" partie: Einleitung u. Laullehre, 189%; 2° partie : Stammbildungslehre, 41893, par F. Stouz). — W.-M. Linpsay, The latin Language, an historical account of latin sounds, stems and flexions, Oxford, Clarendon Press, 1894. GRAMMAIRE COMPAREE DU GREC ET DU LATIN NOTIONS PRELIMINAIRES CHAPITRE PREMIER PLACE DU GREC ET DU LATIN DANS LES DIVERS SYSTEMES DE LANGUES 4. — Divers systémes de langues. — Pour bien comprendre ce qu’a de particulier le groupe de langues auquel appartiennent Ie grec et le latin, il faut examiner, briévement au moins, quels sont les différents systemes de langues '. On distingue trois formes de langues : les langues monosyllabiques ou isolantes, les langues agglutinatives et les langues 4 flexion. 2. — Langues monosyllabiques ou isolantes. — Les prin- cipales langues monosyllabiques sont le chinois, l'annamnite, le siamois, le birman et le thibétain. Tous les mots y sont des racines monosylla- biques invariables, dont le sens change suivant la place qu’ils occupent dans la phrase : la grammaire de ces langues consiste donc uniquement dans la syntaxe. Prenons le chinois pour exemple : on n'y distingue aucune partie du discours; 4 proprement parler il n’y a ni noms, ni verbes, ni adverbes. II n'y a que des racines. Ainsi : ngan \ ¥. ° repos, procurer le repos, jouir du repos, pos¢ment. ta Be) grand, grandeur, agrandir, grandement. tao fF ravir, atleindre, couvrir, drapeau, froment, mener, chemin. lu £2. détourner, véhicule, pierre précieuse, rosée, forger, chemin. Fu signifie « pére », mu, « mére »; fu mu signifiera « parents », Yuan signifie « loin », Ain, « prés »; yuan kin, signifiera « distance », Za jin, « grand homme »; jin fa, « l'homme est grand », Les rapports grammaticaux que le grec et le latin indiquent a l'aide des diverses formes de la déclinaison ou de la conjugaison sont done marqués ici par la place des mots dans la phrase; ils peuvent l'étre aussi par l’accession de certains mots dont le sens primitif s'est effacé et que les Chinois appellent des mots vides?. Ainsi le mot tse signitfie 1, Voy. A. Horstacour, La linguistique, 2* édit., 1877. 2. Ta dd y avoir dans Ia langue chinoise une période de monosyllabisme plus ancienne, od tous les mots étaient pleing; le ehinois représente done déja une époque de transition. 8 GRAMMAIRE COMPAREE DU GREC ET DU LATIN. « fils » Ou « fille ». Mais nan tse signifiera « fils » et nin {se « fille ». Nan et nin sont des mots vides. Le sujet commence toujours la phrase; dans les phrases simples, le complément direct se met aprés le mot qui contient l'idée de l’action. Les rapports marqués par le génitif dans les langues a flexion s‘expriment par la place invariable donnée a la racine exprimant l'idée du génitif. Ex. : thien tse, fils du ciel (Irtt., ciel fils). Le déterminant précéde toujours le déterminé. 3. — Langues agglutinatives. — Sous le nom de langues agglutinatives, on comprend les langues de I’Afrique, de !'Ocdanie, de l’Amérique, le japonais, le groupe ouralo-altaique (samoyéde, finnois, ture, mongol, tongouse), le basque, etc. C’est le systeme qui comprend le plus grand nombre de langues. En réunissant en mots uniques les mots pletns et les mots vides, on a la forme de l'agglutination : les langues agglutinatives sont donc formées de mots composés dont les éléments constitutifs ou racines restent invariables. Prenons le ture pour exemple : Soit le mot oda, chambre. En unissant ce mot a différentes syllabes, on aura les formes et les sens suivants : odada, dans la chambre; odalar, les chambres, odalarda, dans les chambres. De méme soit le mot fefter, cahier, tefterim signifiera « mon cahier », teflerlerime, mes cahiers, tefterlerimde, dans mes cahiers'. Sevmek, aimer ; sevmemek, ne pas aimer; sevdirmek, faire aimer; sevinmek, s‘aimer; sevinmemek, ne pas s'aimer; sevdirmemek, ne pas faire aimer, etc. 4. — Langues & flexion. — Les langues 4 flexion comprennent deux groupes : langues é flexion extérieure, langues a flexion intérieure. 5. — Langues 4a flexion extérieure. — Les langues 4 flexion exlévieure sont des langues primitivement agglutinalives, mais dans lesquelles la racine pleine n'a pas toujours la méme forme, et dans lesquelles les racines vides s’alttrent également, si bien que lorigine en devient méconnaissable. Par suite, on n‘a plus conscience de Vagglutination; les racines pleines et les racines vides sont fondues en mots qui n'ont plus l'air composés : sans chercher bien loin un exemple, le mot frangais (j")aimerai parail une forme simple, quoiqu’il soit pour (7°) atmer ai. De plus, dans les langues a flexion extérieure, cités, Cela 4. On remarquera la forme différente des syllabes da ou de, lar ou ler, dans lee m tient & ce que Ie turc distingue des voyelles fortes ot des voyellcs faibles. Sclon que la syllabe principale eat lc, les voyelles des syllabes suivantes sont fortes ou faibles. Dans te/ler ¢ aut une voyelle faible, on aura te/terler, « eahiers », cte. NOTIONS PRELIMINAIRES, 9 une méme racine apparait sous une forme différente dans différents mots ou méme dans différentes flexions d'un méme mot; les suffixes varient aussi de forme, soit d'un mot a l'autre, soit méme dans le méme mot. Ex. : AaOsiv, Afon— pebyav, puyety — X5-0-pev, Xi-e-Te. Ainsi, ce qui caractérise les langues a flexion extérieure, c'est qu'un mot s'y compose d'une racine pleine (nominale, verbale, dénomi- native) et d'une ou plusieurs racines vides (pronominales, attributives, démonstratives) marquant les rapports grammaticaux. Ex. : éo-ti, — am-a-b-a-m, ete. On a donné 4 cette famille de langues le nom de langues aryaques ou aryennes; mais il est fort douteux que le peuple qui parlait la langue primitive, source de toutes les autres, se soit appelé du nom d'Aryens, Les linguistes désignent plutét ces langues sous le nom de langues indo-européennes ou langues indo-germaniques. Les partisans du terme langues indo-européennes divisent ces langues en deux groupes : 1° langues orientales ; 2° langues européennes. Ceux qui préferent le terme langues indo-germaniques adoptent la division suivante : 1° langues du Nord (germaniques, letto-slaves) ; 2° langues du Sud (gréco-italo-celtiques, aryennes ou orientales). II parait plus scientifique de dire que du tronc primitif sont sorties deux grandes branches, la branche asiatique et Ja branche euro- péenne.Ce qui distingue en effet ces deux grandes branches, c'est que la premiére confond avec I’a, long ou bref, le et I’o primitifs, tandis que la seconde les a conservés sans corruption’. La branche asiatique s'est partagée en deux rameaux: 1° /e rameau indien, comprenant le sanscrit (langue sacrée dont les origines remon- tent au dela du dixigme siécle avant notre ére) et les langues pracri- tiques ou vulgaires auxquelles se rattachent plus ou moins les idiomes parlés aujourd'hui dans I'Hindoustan, comme hindi, l’hindoustani, le bengali, etc.; 2° le rameau iranien comprenant le zend ou Baktrien? ou avestique (langue conservée dans l’Avesta et dans les livres sacrés attribués & Zoroastre); l'ancien perse connu par quelques inscriptions cunéiformes des rois Achéménides*; enfin l’ancien arménien (que d’autres, il est vrai, font sortir de la branche européenne). 4. Voy. V. Hamar, Précis, ete. 2. Voy. Recue critique, ann. 4832, pp. 61-62. Ces inscriptions sont trilingues : elles sont écrites en perse, ea assyrien et cn une langue qu'on n'a pas encore réassi i déchiffrer. 10 GRAMMAIRE COMPAREE DU GREC ET DU LATIN. Cette branche européenne s'est divisée en six grands rameaux : 1° le grec ou groupe hellénique; 2° le groupe des langues italiques dont la principale est le latin; 3° le celtique; 4° le groupe germanique (gothique, norrois ou scandinave, bas-allemand, haut-allemand) ; Beles langues slaves; 6° le groupe lettique (lithuanien, lette, vieux prussien). 6. — Langues 4 flexion intérleure. — [es langues d flexion inlérieure comprennent les langues sémitigues' et les langues khami- tiques*. Dans les langues sémitiques, on range : 1° l'assyrien, le chaldéen et le syriaque ; 2° I'hébreu et le phénicien ; 3° l'arabe. Les langues khamitiques comprennent : 1° le groupe égyptien; 2° le groupe libyen; 3° le groupe éthiopien. Voici les principales différences qui distinguent ce systeme de langues du systome indo-européen. Dans le systéme indo-européen, une racine est une syllabe trés simple contenant une voyelle qui lui est propre, qui peut se modifier, mais sans que ces variations de son entrainent une variation du sens. Dans le systéme sémitique, au contraire, la racine est constituée par trois consonnes et les voyelles intercalées servent 4 marquer les rapports grammaticaux. Prenons l’arabe pour exemple : la racine qtl y exprime I’ « idée de tuer »; onen tire, 4 l'aide de différentes voyelles intercalées, les mots suivants : gatala, il tua. gitl, ennemi. qatalat, elle tua. magtilun, tué. qutila, il fut tus. qatalta, toi, homme, tu as tué, qatl, meurtrier. ete. En outre les langues sémitiques emploient des suffixes, des préfixes, des infixes méme parfois; mais l'agrégation d’affixes sur affixes (procédé qui permet anx langues indo-européennes de tirer un dérivé d'un mot déja dérivé) lui est inconnue. En revanche, la racine peut étre entre deux éléments dérivatifs ou précédéc de I'élément dérivatif; etc., etc. Ces notions étaient nécessaires pour bien montrer la place qu’occu- pent nos langues classiques dans le systeme général des langues. Nous allons étudier maintenant avec tous les développements qu'elles méritent les langues du groupe hellénique et du groupe italique et particuligrement le grec et le latin. 4, Terme regu, 2. Terme faux aussi, NOTIONS PRELIMINAIRES. ML CHAPITRE II DIALECTES GRECS Bibliographie. — AunzNs, De Grece lingue dialectis, 2 vol. Gottingen, 1839 ‘ouvrage remanié par R. Metster, Die Griechischen Dialekte auf Grundlage des Werkes von Ahrens nex bearbeitet, 1 Bd. Asiatisch-dolisch, Béotisch, Thessalisch, Gottingen, Vandenheeck u. Ruprecht’s Verlag, 1882; 2 Bu. Kleisch, Arkadisch, Kyprisch, 1889;. — Gustav Meyer, Griechische Grammatik, 8° édit. Leipzig, Breitkopf u. Hartel, 1897. — On consultera utilement les articles de von Wit\mow!tz-MOLLENDoRF dans la Zeitschrift f. Gymnasialwesen de 1877 et la premiére partie de la Grammaire grecque de KtuNgR, revue par BLass, oi se trouve aussi l'indication des monographies les pins importantes sur chaque question particuliére. 7. — Classification des dialectes grecs. — La langue grecque comprenait un certain nombre de dialectes dont on a proposé diverses classifications. 8. — Division traditionnelle. — On divisait naguére' les dialectes gtecs de la maniére suivante : 4°L'/onien avec son dérivé l'Altique; 20 L'Eolien (dialectes de Thessalie, de Béotie, d’Arcadie, d'Elide, des colonies éoliennes d’Asie Mineure, de Lesbos, de Chypre) et le Macédonien, selon Bergk. 3°Le Dorien (Etats doriens du Péloponnése et de la Gréce du Nord, colonies doriennes de la mer Egée, de l'Asie Mineure, de I'Italie méridionale et de la Sicile, de la Créte, de Rhodes, de Cyréne). 9. — Division rationnelle. — Mais depuis que, grace aux inscriptions, les dialectes ont été mieux connus, cette division a été jugée arbitraire et on I’'a renversée. Cependant, malgré les découvertes et les investigations récentes, il reste bien des points encore obscurs; car, pour connaitre tel ou tel dialecte local, il faut le trouver repré- senté par des inscriptions de date ancienne et souvent il n'y en a pas*. Néanmoins on peut donner comme certains les résultats suivants : 4°Les dialectes grecs forment deux groupes : ceux qui ont conservé I’a long primitif (p¢ux) ou dialectes de l'Ouest, ceux qui ont remplacé 4 par y (gay-n) ou dialectes de l'Est. 2° Le dialecte attique est dérivé de l'ionien. 3° Parmi les dialectes en a, on peut distinguer un groupe dorien® et un groupe des dialectes de la Gréce du Nord. 1. Voy. Fascao, Trienn. phil., My 2 sqq.— Buaax, rgeschichte, ly 5% sqq. 2, Le plas récent recueil des inscriptions intéressant I'histoire des dialectes grees est celui que publient Coutsra et Bacara., Sammlung der Dial.-Inschriften (Gottingen, depuis 1884). ialectes quo les aaciens rattachaient au dorien ne sont point en réalité des dialectes 12 GRAMMAIRE COMPAREE DU GREC ET DU LATIN. 4°On peut, si l'on veut, comprendre les autres dialectes en a sous le nom de dialectes éoliens, mais rien ne prouve jusquici que tous ces dialectes aient une origine commune’. 5° Liarcadien et le cypriote sont parents?. A. DIALECTES EN @, 40. — Caractéres généraux. —IIs ont en général la particule xa, au lieu de &y, ils ont conservé le F, enfin ils ne changent pas tt en ot. 44. — Classification de G. Meyer. — Cela posé, G. Meyer les classe comme il suit (Griech. Grammatik, 2° éd., p. XIX sqq.) : | a) Laconien. ; 6) Dialecte d’Héraclée (Italie méridionale). ¢) Messénien. d) Argien®, ? Corinthien (coreyréen, syracusain}*. 4° Groupe dorien : a ) Crétois. ) Hes doriennes de l'Archipel (Rhodes, Carpathos, Cos, Astypalée, Mélos et Théra avec sa colonic Cyréne). \- i) Villes doriennes de !'Italie méridionale. 2°Groupe de la Gréce du Nord (Phocide, Locride®, Etolie, Acarnanie, Thessalie du Sud ou Phthiotide, Epire). 3° Dialecte de la Thessalie du Nord (dont le principal monument est une inscription de Larissa, publiée par les Mittheilungen d. arch. Inst. in Athen, vit, 61 et sui 4 Dialecte béotien (trés important pour la question dela prononciation greeque’. 5° Dialecte éléen. 6° Dialectes arcadien® et cypriote’ (une tradition rapportée par Pausanias, vu, 5, 2, faisait de Paphos une colonie de Tégée). T° Le dialecte lesbien (éolien d’Asie). 8 Le dialecte pamphylien. 4, Quand les anciens parlent du dialecte dolicn, ils entendent généralement le dialecte parlé & Lesbos et sur la cdte dulienna d'Asic Mincure, 2. Voy. Suusren, II, 126 4g. Do plus, sur les rapports de ces deux dialectes avec I’éolin, te thessalien et le béotien, voy. H. Cotuirz, die Verwandtechaftererhelinisse der gr, Dialekte, Gottingen, 18 3, Le dialecte argiou conservo le F a des places ot celte lettre a disparu. L'argien ct erétois ont le son vc. 4. Le dialecte corinthien est le seul dialecte en a qui soit devenu un dialecle Littéraire: c'est celui d'Epicharme, de Sophron, d'Archiméde. On n'en peut dire autant du dialcete laconien, quoiqu'il furme le fond deta langue d Aleman: ce pot I's meld 'éléwents empruntés a Iéolien et surtout Jangue épique. Ce dialecte fut de bonne heure mélangé de formes étoliennes. ‘arcadien est un dialecle intermédiaire entre les dialectes de I'Tst ct ccux de l'Ouest; en effet, il a l'a, mais il emploie dy Tet non xa) et il change t; en ot. aleete Gerit en caracteres d'origine cunéiforme; c'est le seul dialecte gree qui grelé le j NOTIONS PRELIMINAIRES. B REMARQUES. —I. Les anciens, qui rattachaient au dorien les dialectes de la Gréce du Nord, distinguaient l'ancien dorien ou dorien sévire (Iaconien, crétois, dialecte de Cyréne, dialecte de Titalie méridionale) et le nouveau dorien ou dorien mitigé comprenant tous les autres dialectes rangés par eux sous le nom de doriens. Le dorien sévére avait 7 et @, 1a ot le dorien mitigé avait et et ov (I'ancienne orthographe 0 et EB pouvant représenter l'un et l'autre). ‘EX.: — vontaw stvias ponies MiTiot Burt Bova vEvev Unvoiv via vio’ Tey elev (p. elvat) Kinativng Kierabévng, ete. Dans les pays oi I'on parlait le dorien sévére, celui-ci fut remplacé plus tard par le dorien mitigé. On considérait jusqu’ici le locrien comme I'intermédiaire entre le dorien sévére et le dorien mitigé. Il. Les dialectes en & ont conservé plus fidélement que les dialectes en 1) les formes primitives : c'est ainsi qu'ils gardent trés longtemps le digamma. L’éolien en particulier a un véritable caractére archaique, aussi est-ce le dialecte grec qui se rapproche le plus du latin. Toutefois il faut bien prendre garde que le dialecte homérique, dont le fond est jonien, et qui date d’une époque pour laquelle nous n‘avons aucun monument des dialectes en a, a aussi en certains cas conservé plus fidélement que les dialectes en a certaines formes primitives (gén. en -@0, -0t0, -Gwv, etc.). B. DIALECTES EN 9. 42. — Caractéres généraux. — Ils perdent de bonne heure le F, emploient &, et changent te en at. 43. — Classification de G. Meyer. — Les dialectes en 7 sont Yionien et l'attique. 44. — Dialecte lonien. — L'ionien comprend : a. Le dialecte de la dodécapole ionienne; 6. Le dialecte des Cyclades (Paros, Thasos, Siphnos, Naxos et Céos) ; c. Les dialectes de l'ile d'Eubée (c.-a-d. celui de Chalcis et de ses colonies, Amphipolis et villes de I'ltalie méridionale, enfin celui d'Erétrie} ; Remarques. — I. L'ionien a pour caractéres généraux une trés grande extension donnée & 7 pour &, l'extréme rareté des aspirations et enfin une prédilection marquée pour les rencontres de voyelles. Il. Hérodote (I, 142) distingue quatre sous-dialectes dans la dodécapole ionienne : @) celui des villes ionieanes de Carie (Milet); b) celui des villes de Lydic (Ephése); c) celui de Chios et d'Erythree; qd) celui de Samos, L'étude des inscriptions confirme cette division. L'ionien de Milet passa & Cos, Cnide et Halicarnasse '. III. Selon von Wilamowitz-Mellendorf, l'ionien de Milet est l'ionien littéraire. Toutefois il faut remarquer qu’Hipponax écrivait dans le dialecte d‘Ephése. 1. Cette dernidre ville avait &t6 obligée (fHérod., 1, 144) do sortir de Ia ligue de I'hexapulo dorienne ; comme élément ionien prédominait en Car que, du temps d'Hérodote, 'ionien deviat la langue officielle d'Balicarnasse : davs une ion du milieu du v* sidcle trouvée & Halicarnasse par Newton, on remarque un grand nombre d'ionismes et trés peu de dorismes. Cf. Newrox, Transactions of the Noyal Society of literature, 1867, p. 183; Couranerrr, Mélanges Grauz, p. 173; Ta. Remacu, L'in- scription de Lygdamis, Revue des Etudes grecques, 1888. 14 GRAMMAIRE COMPAREE DU GREC ET DU LATIN. IV. On distingue V'ancien dialecte ionien et le nouveau dialecte ionien : Y'un est la langue des élégiaques et des tambographes ; l'autre, celle des logographes et des philosophes de I'Ecole d'lonie. Von Wilamowitz remarque que l'ionien d’Anacréon et d’Archiloque est conforme & celui des inscriptions ; il pense au contraire que l'ionien des prosateurs a été altéré par les copistes ou les grammairiens postérieurs. 45.— Dialecte attique.— Au dialecte ionien se rattache le dialecte attique. Selon von Wilamowitz, il serait parent de l’ionien de Chalcis. On distingue : a) Lrancien dialecte attique (celui dans lequel Solon écrivait ses lois); 6) Le dialecte attique moyen (qu'on faisait commencer au sophiste Gorgias' c) Le nouveau dialecte allique (que quelques-uns font commencer a l'auteur du Traité de la République des Athéniens). Les anciens avaient conscience que le dialecte attique primitif était parent de I'ancien dialecte ionien. Aristarque* remarquait certains points de ressemblance entre le dialecte attique et le dialecte homé- rique, par ou I'un et l'autre différaient de Tionien postérieur : par exemple, I'usage du duel, l'emploi de ov (nouvel ionien dy), etc. Toutefois les documents qui nous sont parvenus de cet ancien dialecte attique ne sont ni assez nombreux ni assez probants pour permettre de déterminer, d'une manitre satisfaisante, la nature des rapports qui existaient entre ces deux dialectes*. Ce qui est certain, c'est que d'assez bonne heure, par suite des relations d’Ath2nes avec divers peuples grecs, notamment les Béotiens et les Mégariens, I'attique s‘éloigna de plus en plus de Tionien : il reprit Ia aprés p, t, ¢, adopta l'aspiration, I'usage de contracter les vyoyelles qui se rencontraient, etc. De 1a une espéce de dialecte mixte, comme le remarque l’auteur de la République des Athéniens*. 46.— Ancien et nouveau dialecte attique. — Vers I'époque de la guerre du Péloponnése, il se produisit peu & peu un changement notable et dans I'orthographe attique et aussi dans les formes : Talphabet ionien fut adopté officiellement en 403 (= Olymp. 94, 2). De 1 la distinction entre Il’ancien (moyen) dialecte attique et le nouveau, l'ancien (moyen) étant représenté par les tragiques et Thucy- dide, le nouveau par les orateurs®. Quant 4 Aristophane, & Platon et & 4. Si on laisse de esté Tancien dialecte attique proprement dit, dont on a peu de chose, on peut appeler ce dialecte atlique moyen « ‘ancien dialecte attiquo », ct c'est méme i le sens ordinaire de cette denomination, 3. Voy. Banos, Griechische te Biter argeshihte, 1, pp. $49, 450. On connait aussi Ie texte de ‘Arbidr thy aitiy papey. de Dialecto attiea retistiore (Curtius Studien, t. Vill, p. 427 sqq.)- imerta quvny néoay dnodovees tedéaveo (ot 'AQrvato:) toto wiv éx ri, r0Ut0 Bb Ex ric" eal of bv < Boy “Eaves Wig paddov xal gwvd xal Galery nal oyjuart zpmvear, "Adnvaior St xexpapévy é& anivrwy tav “EXdivwv xal Bap6épov. 5. Tout cela est du resto incertain ct les grammairiens ne sont pas d'arcord : pour KOuran-Buass, (ou. cif. p. 21) Thucydide, les tragiques, Atistophanc, Antipbon et Andocide appartiennent & I'ancien attique, Platon, Xénophon, Isocrate appartiennent au moyen, Démosthéne et les autres oratcurs, enfin les auteurs de la NOTIONS PRELIMINAIRES. b Xénophon, ils semblent étre sur la limite entre l'ancien et le nouveau'. 47. — Différences entre ancien et le nouveau dialecte attique. — Quelles différences y avait-i] entre l'ancien (moyen) et le nouveau dialecte attique? C'est une question encore mal connue, bien qu'elle ait fait l'objet de sérieux travaux?. Toutefois voici les principaux points a signaler : tandis que l'attique reprend tt vers le commencement de la guerre du Péloponnése, Thucydide et les tragiques préférent encore le oa ionien; de méme le nouveau dialecte attique change po en pp (cf. &penv, Xeppéwnanc), la Préposition bv fait place 4 obv, sauf dans certaines locutions consacrées’, etg est substitué a &¢ gj avant Euclide, 1 ou y est remplacé par et (det- sovsyia au lieu de Antovpyia, Bactdets au lieu de Bactrts*, dheduxew au lieu de é\cduxn, Aver, 2° pers. sing. pass. au lieu de A%y, etc.), un grand nombre de mots changent de forme, par exemple disparait devant éxyzedoBuat, dés l'an 369 av. J.-C., AGovdduny devient plus fréquent que @8ovd6uxv, Frwy et Hdwxx remplacent éddrwv et éddwxx vers l'an 376 av. J.-C., etc., etc. En étudiant le dialecte attique, il ne faut donc pas oublier qu'il n'a pas toujours été identique a lui-méme; de plus, il faut se le rappeler, la langue parlée 4 Athénes n'était pas la méme que celle qu’employaient les paysans’, et enfin, méme a Athénes, il y avait une langue vulgaire, pleine de formes incorrectes, 4 cause du mélange de la population avec les esclaves et les étrangers®. nouvelle comédie sont les représeutants da nouvel attique. Braox au contraire rattache les podtes de Vancienne comédie au nouve cle atlique, ct Denys d'Halicaraasse (p. 454) dit & propos de Lysi xatapés iow: yy épunvelay mive xa tis "Arrints yuirrns Xpratos xavibv, ob wie dpyaiac, § xdyenveat Midtwy xal Bouxu8lne, G08 tig nas’ ExsTvov tov {pdvov Entyupuatodonc, ds tout texpypactar rots ce ’Avboxléav D6yors xai soig Kpetlov xai dddorg ovyvors. Selon Phrrnichos (Paorios, Bibtioth.. p. 40t B), les auteurs qu'on pouvait considérer comme les représentants du langage altique étaient Platon, Démosthéne ct les neuf autres orateurs, Thucydide, Xénophon, Fschine le Soeratique, Critias, Antisthéne, Aristophane ct les trois tragiques. Parmi tous ces autcurs, les meilleurs, selon Phrynichos, étaient Platon, Démosthéne et Rachine Io Socratique. 1. La langue dAristophane renferme beaucoup do formes qu'on ne troure pas en prose : xplago, xarbaveiv, Gren, Ach. 870; Baddow, Guépes, 232; neryaopat, Pair, 17; Mavoy, Thesm.. 96: 1477, ete. De méme, il y a cher lui des mots rares, comme ahist, Guéper, 11%; dri pie, Plut., 693 Boxes, Ois., 26; ivi, Thesm., 598: Epbwr, Gucpes, 1431; ive, Ach., $64. — Quant & Xénophon, le grammaicien Melladion fe Byzant sitele) déclarait déja qu'il ne fallait pas le considérer comme un moddle du genre attique (Voy. Puotios, id., p. 523 B, 23; ef. Galien, éd, KOhm, XVIII, 1, pp. 414 5q.). Il est vrai que lattique de Xénophon n‘est pas toujours absolument pur; il s'y méle des formes ionieunes, rares ou poétiques, l'accus, plur. en -cig y remplace Ia forme régulitre en -éac, cuv y est employé pour wer, ete. Voy. N. Wecarem, Curz epigraphicz ad grammaticam Grzcam et poelas scenicos pertinenter, + Teubner, 1869: A. vox Bawaxza, Thatsachen der attischen Formenlehre (comptes rendus publiés as les Jahresberichte des philol. Vereina su Berlin, t. WI ett. VIM); van Hunwenoen, Lapidum de dialecto Attica testimonia, Uteecbt, 1880; Mrtstennans, Grammatik der attischen Inschriften, 2° 6d., Berlin, 1888 ; 0. Niewanx, Le dialecte attique d'aprés les inscriptions (Rev. de Philol.,t. V, pp. 145-180; t. TX, pp. 49-09; ef., 169-188). 3. La location Eup6adiea8ar yuuprv, « réflichir », se conserve jucqu'aprés archontat d’Euclide. 4 Toutefois tes formes en -ii¢ se rencontrent encore chez Platon et méme chez Démosthine, 5 Nor. ua iatéressant fragment d'Aristophane eué ct eommenté par Saxres Exriaices, Ade, 4, 10. 6. Voy. C. 1. A., 1, 324, une iuseription gravée sans doute p r un lapicide étranger ct pleine d'aspi- rations iucorrectes. Gramm., 16 GRAMMAIRE COMPAREE DU GREC ET DU LATIN. C. DISPARITION DES DIALECTES. — LANGUE COMMUNE. 48. — Causes de ia disparition des dialectes. — Les dia- lectes grecs s'étaient développés d'une fagon indépendante, parce que les divers Etats grecs étaient indépendants les uns des autres. Quand cette autonomie eut disparu, les dialectes disparurent aussi peu & peu. Liionien, le plus exposé a l’influence de I’attique, succomba le premier. Bergk croit méme pouvoir affirmer qu'il est en voie de disparition dés I'époque qui suit la fin de la guerre du Péloponnése'. Les autres dialectes résistérent plus longtemps. Le béotien existait encore aprés Alexandre : Thespies l'abandonne vers Ol. 135; Orchoméne le garde jusque vers OI. 145?. Le dialecte éléen eut la méme fortune que le béotien. L’éolien de Lesbos et d’Asie Mineure existait encore sous Auguste®. Mais ce fut le dorien qui résista le plus longtemps : du temps de Strabon, c’étail encore la langue dominante dans le Péloponnése; du temps de Pausanias, les Messéniens parlaient encore le dialecte dorien avec une remarquable pureté*. A Rhodes aussi le dorien demeura longtemps trés pur®. En certains endroits méme le dorien déposséda d’anciens dialectes locaux : ainsi 4 Tégée, l'arcadien, qui avait subsisté jusqu’a l’époque des Diadoques, céda peu a peu la place au dorien qui finit par y prédominer depuis la destruction de Corinthe environ. 49. — Persistance du dialecte attique. — Quant au dialecte attique, grace aux grands écrivains qui I'illustrérent, grace 4 la prépondérance politique et commerciale d’Athénes, grace aussi 4 son caractére de dialecte intermédiaire entre l'ionien et les dialectes en a°, il se répandit de bonne heure hors de son domaine primitif, continua a s’étendre méme apres la chute de l'empire politique d'Athénes et finit par embrasser tout le monde grec sous le nom de langue commune (xown Sicdexz0g7). Mais, en s’étendant ainsi, il avait beaucoup perdu de sa pureté primitive et s’était mélangé de diverses 4. Voy. pourtant dans lo Bull. de corvesp. hell., V, p. 89, une inscription de Maronée, du u* sidcle 4.-C., qui contient une forme ionienne, dans un nom propre, il est vrai. Bull. de corresp. hell., IV, 23-24, oi sont citées des inscriptions qui se placent entre 220 ot 192 ; Ia pide rédigée & Thespics est écrite en langue commune ; les pitees rédigées A Orchoméne sont cn l'emploi du dialecte béotie idique une date antéricure a la fin jique une date postérieure a la fin du me siecle. ‘Yoy. Eaosn, Aen. dist anc., p. 9% et suiv. . Pacsanuas, TV, 27, 11. sesee Les anciens aan cint., Inst. or., XI, 2, 50; et dans Vat.-Max., inqueur d ristonicus, qui connaissait Tes cing dialcctes grecs, quingue genera, et readait 1a justice dans les cing, selon les cas. Selon ron Wilamowitz-Matllendorf, la langue commune ne serait pas une corruption du dialecte attique ce serait un gine ioniennc, mais le témoignage d’Aristide (n6 en 117 ap. J.-C.) contredit formel- u’on parle partout I'attique (Cest-i-dire Iallique corrompu ou xowvy) ct que les autres dialects sont diserédités, NOTIONS PRELIMINAIRES. — DIALECTES GRECS. pus formes empruntées aux dialectes locaux, notamment au dialecte macédonien et au dialecte alexandrin'. 20.— Influence des dialectes macédonien et alexandrin. —Linfluence des dialectes macédonien et alexandrin s‘explique assez par le fait que les armées macédoniennes avaient, depuis Philippe, propagé la langue grecque et que la fondation d’Alexandrie avait déplacé le centre intellectuel de la Gréce. Ces deux dialectes conte- naient des formes tres particulitres. On a trés peu de renseignements sur le dialecte macédonien*; mais le dialecte alexandrin forme le fond de la langue dans laquelle est écrite la version des Septante ainsi que le Nouveau Testament. Ce qui le caractérise, c'est unc grande altération des formes et de la syntaxe*. Cette langue parti- culitre était parlée non seulement a Alexandrie et en Egypte, mais en Judée, en Syrie et dans les pays voisins, 4 I'époque de Jésus-Christ, et lon appelait éxnvo77¢ le Juif ou le Syrien qui parlait grec, d'ou le nom de dialecte hellénistique donné par Scaliger au dialecte alexandrin. Ce dialecte a joué un grand role dans la formation du grec byzantin, grace surtout 4 l'influence de la littérature grecque chrétienne, qui exerca son action sur la langue commune dés le temps des apdtres. 24. — Langue commune. — Cette langue commune (zewi, commune a tous les pays grecs) était appelée aussi &0:ry:x% par oppo- sition & BdpGapog. Plus tard, ces deux mots eurent un sens péjoratif et signifitrent la langue vulgaire, opposée & la langue attique. Il est certain que la langue commune est une langue de décadence; les formes et la syntaxe y ont subi des altérations parfois profondes. Aussi n’est-il pas admissible qu'on Ia prenne aujourd’hui pour base de l'enseignement du grec’. 4. Voy, KCuxen-Beass, aus/. Gr. d. gr. Spr., p. 23 et 2. Voy. Sronz, de dial. Maced. et Alezandrina, Leipz., 1808. Cf. A. Fick, Zeitschr. de Kubn, XX1, 193; G. Fleck. Jahrbach., CX, 185. 3. On trouve dans le dialecte alexandrin des formes comme a)ii)ulav, imovoteay, #180027, sixovaay, te.; dans Ia langue da Nouveau Testament on relave dhaytatérepos (Eph., 3, 8). _AOare (Math. 25, 36), Exegay (Joan., 6, 10), Hrw p- ggrw (I. Cor, 16, 22, ete, etc.) dpéwvrat, p. dpetvrat (Matth., 9, 2, 5), 8: éxv p. Os Zv, wy Pour ox, iva dans tous les cas oit Ie latin mel ut, etc. Voy. le détail dans Wien, Grammatikt des neulestamentlichen Sprachidioms (1 revue par P. Schmiedel, Leipzig, Vogel, 1897) et dans Fa, Buass, Grammatik des neutestamentlicken Griechisch, Gottingen, 1896. Cf. J. Viena, Etude sur le gree du Nouveau Testament (le verbe : syntaro des propositions!, Paris, Bouillon. 1893. 4. IL serait trop long d’énumércr ici toutes les défurmations qu'a subics le dialecte atlique en devenant langue commune. Vuici seulement les principales : Mors : La langue commune revient i ga, au lieu de rr; a pa. au lieu de gp; elle renonce i dans ua grand nombre de mots (c: psoas, dvdrw, adaiv, ete. au lieu de &bpboc, avite0, ad clle moditie 1a forme des mots (ylvouat p. yiyvonar, ywvdoxw P. Tryvdoxw, v¥0C, avibeua p. dvd8qua, cad aalmixtyg, xaraméleng P. xara madtys, tide p. Gade, mevedmoug p. meveimoug, Eevotoys p. Eevoboxe, oixteigw p. olxeiow, Reda Pp. nawpa, dnobvijcxw, Uinvioxw, culw p. droivicxw, wtnvioxw, aHw, 2elopat P. kot, ee., ete. Fours ve 14 vicitxatsox. — La langue commune emploie Zazeos au lieu de dorews, yXpita an lieu dle ypw, vais au lieu de vijec, tyOdac au liew d'ty05s, ypiceos au lieu de yeuaove, etc., ete. Foams pe c1 coxcaatsox. — Dana Ia langue commune disparaissent les impératifs uévemv, 2véo- GAOL. ComP, DE GREE ET pu Lams /Phonétique ot Eile des farmes:. 2 18 GRAMMAIRE COMPAREE DU GREC ET DU LATIN. Aristote est sur la limite de I'attique et de la langue commune ; Polybe, Diodore, Plutarque, Appien, Pausanias et tous les auteurs posté- rieurs, excepté les Atticistes, appartiennent & la langue commune’. 22. — Les Atticistes. — Déja sous Auguste, Denys d'Halicar- nasse avait jugé qu'il fallait que la langue littéraire revint & l'imitation des modeles attiques; mais ce fut & l’époque d’Hadrien et des Anto- nins que se fonda une école littéraire et grammaticale qui prétendait ramener le grec a l'ancienne pureté du dialecte attique; les maitres de cette école et leurs disciples (Arrien, Elien, Lucien, etc.) sont les Alticistes. Quelques-uns poussant a l'excés l'amour de I'atticisme vou- laient imiter les Attiques jusque dans leurs défauts, jusque dans leurs incorrections : Lucien, bien qu'atticiste lui-méme, se moque de ceux qui font des solécismes a I'attique*. Ce mouvement produisit aussi un grand nombre de travaux de gram- maire sur le dialecte attique : c'étaient en général des lexiques, ot l'on mettait en regard les formes et les expressions attiques d'une part et de l'autre celles de la langue commune. Malheureusement pour nous, ces travaux sont presque tous perdus. 23.— Le grec byzantin. — Malgré les efforts des Atticistes, la langue commune continua a s'altérer et finit par donner naissance au grec byzantin®. Bien que la formation du byzantin remonte jusqu’a l’époque ou Constantin transféra & Byzance le siége de l’Empire romain, cest-a-dire 4 l'année 330, il faut reconnaitre que jusqu’au sixidme siécle Guy, ote.; la 2° pees du duol Evéryy est remplacée par EXverov, \i7, ancienne forme attique, détrdne due (2 pers. 2), kdeoatg remplace ddoetag, ete. Taugment disparait dans elyduny, slxazov, aunxdey, ded: a oldnxuc, éotrxewv, dvahwxa (p. Huydury, Yratov, Fayxbn, Dadian, by xws, lors mn avi woxa). les infinitifs contractés s‘altarent (ex. : tidy p- aay, Bndoiv p. Brody, Gryody p. Arydv « dtre glacé »), on trouve des barbarismes comme motpyy, au licu de ovolny, les futurs Eoopat, dxovcouat, etc., disparaissent devant Xow, dxovow, ele.; les futurs moyens i sens passif, tiurcouar, gidyouat, SEouat, Cypidqopar, ete., sont remplacés par souat, etc. (Pour le détail, comparez les ancienucs grammaires grecques employées dans les issements’ francais d'enseignement aux grammaires élémentaires de MAM. Croisct et Potitjean, Riemann et Goelzer, qui prennent pour base le dialeete attique.) Suwraxe, — La décadence de la syntaxe n'est pas moins profonde ; ainsi la langue commune et ie os Gr avec le superlatif, Enwe dv ou dg div avec M'optatif (cf. van Hanwenven, Lapidum testimonia, ch. IV, § 4), dg avee optatif apres un temps pri + eh. LY, §25 Le 4, 26), le moyen au lieu de l'actif (cf. Luc., 2, 1; Bentasoanis, Symbola critic in Strabonem, p. 35) wh au Tieu de 05 (cf, Guoxnnutses, American Journal of Philology, t. 1, 1" liv., ef. Recwe dev Revues, t, V, p. 186), els pour dy (Lucien, Eutex, etc.), ércrty or raibc, Pe tnepenet aida, émboviedw teva, au lieu de tei (2. ste Y, pe 380, of pe 8 (Phit. Woek., t. 1, 330) a une langue pleine de mots poéliques ou vulgaires, il recherche les verbes composs, méme do deux ct trois prépasitions, il confond les différents temps, il omet dy au mode +t TI, 1096) renferme beaucoup de mots poéliques et “ogiat, p. adroic-imeite, p. émerdy, ete., ete. 2. Lecten, Pseudos., 6: codo:xifovtes 'Attixcic. Sur l'Alticisme et les principaux Alticisles, voy. les travaux de W. Scmin, der Atticismus in seinen Haupteertretern, Stuttgart, Koblhammer, 1887-9 2. Nous n’avons pas encore de grammuaire du gree byzantin; a défaut d'un ouvrage spécial, on pourra consulter (outre Winer, cilé plus haut, pour les rapports du gree « chrétien » avec le grec byzantiv). Mettacu, Grammatik der gr. Vulgzrsprache in historischer Entwicklung, Berlin, 1856 ; Mavaorunrots, Aoxipiov iotoplac rhs ‘EdAmvixks ywooys, Smyrne, 1874, ct l'introduction mise par Sorsocxrs cn tate de son Greek Lericon of the Roman and byzantine periods; etc. New-York et Leipzig, 1890.

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