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Revue des études slaves

L'adaptation accentuelle des emprunts anglo-américains en


russe
Monsieur Roger Comtet

Abstract
The accentual adaptation of anglo-american loan words in russian

This article deals with an analysis of the Russian word stress in Anglo-American loan words; this analysis is based on the
new Russian Contemporary Dictionary of Foreign Words published in 1992. In about one third of the English loan words
mentioned by this dictionary we can notice a shift of the word stress from English to Russian. In most of the nouns this
shift can be explained by the Russian system of composition, affixation and stressing, rather than by a false perception of
the English word stress by a Russian ear. This adaptation appears as the main way of phonological naturalization of
English words in Russian and its efficiency leads to consider the danger of the so-called «Americanization» of the Russian
language to-day with scepticism.

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Comtet Roger. L'adaptation accentuelle des emprunts anglo-américains en russe. In: Revue des études slaves, tome 68,
fascicule 1, 1996. pp. 103-118;

doi : https://doi.org/10.3406/slave.1996.6310

https://www.persee.fr/doc/slave_0080-2557_1996_num_68_1_6310

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L'ADAPTATION ACCENTUELLE DES EMPRUNTS
ANGLO-AMÉRICAINS EN RUSSE

PAR

ROGER COMTET

Les emprunts anglo-américains sont tout à fait d'actualité dans le russe


d'aujourd'hui qui, avec un appétit insatiable, se « mondialise » en se
réappropriant par les mots un univers qui lui était jusque-là demeuré interdit ; l'afflux
de ces vocables commence même à incommoder certains et à susciter une
réaction qui n'est pas sans rappeler la croisade entreprise naguère chez nous
contre le « franglais » par Étiemble1. En fait, le russe, qui peut se permettre
d'être sans risque une grande langue emprunteuse grâce à sa vitalité et à ses
facultés d'assimilation, n'a jamais cessé depuis le début du XIXe siècle
d'emprunter à l'anglais2 et toute une série d'études a été consacrée à
l'adaptation en russe de ce type d'emprunts. Parmi ces études, nous retiendrons
celles qui envisagent l'adaptation phonologique ou phonétique, mode privilégié
de naturalisation des emprunts anglais en russe ; en effet, face à l'apparente
inadéquation phonétique de l'orthographe anglaise, de son « record
d'incohérence3 », il est difficile ici d'imaginer en russe un autre mode de transcodage
que phonétique, « par l'oreille », alors que l'adaptation des emprunts français en

1. Voir par exemple « Говорите с общественностью по-русски. И тогда вас


поймут », Финансовые известия, 27 avr. 1995, р. VIII ; un récent article du Monde rappelait
aussi que les Russes commencent à être désorientés et excédés par l'étiquetage des produits
étrangers qui inondent les étals, seuls les potages « Knorr » ayant fait l'effort de la cyrillisa-
tion {le Monde, 4-5 juin 1995). Le concept de « franglais » a d'ailleurs été calqué avec le
terme de « rasangl » (A. L. Duličenko, Русский язык конца XX столетия, Miinchen, 1994,
p. 315-336).
2. Voir M. P. Alekseev, « Английский язык в России и русский язык в
Англии », Ученые записки ЛГУ, Серия филологических наук, 1944, п° 9, р. 86-96 ;
С. L. Wrenn, « Linguistic relations between England and Russia », The Slavonic and East
European review, vol. 23, 1945, p. 118-125 ; M. Benson, « English loan words in Russian
sport terminology », American speech, vol. 33, 1958, p. 252-259 ; id., « English loan words in
Russian », Slavic and East-European journal, vol. 3, 1959, p. 248-267 ; V. M. Aristova,
Англо-русские языковые контакты : англизмы в русском языке, L., 1978 ;
О. S. Mxel'skaja et E. L Stepanova, « Новейшие англицизмы в русском языке », in
Новые слова и значения, L., 1983, р. 125-139.
3. M. Viel, Phonétique de l'anglais, Paris, 1981, p. 15 (Que sais-je ?, n° 1885).
Rev. Étud slaves, Paris, LXVIII/1, 1996. p. 103-118.
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russe témoigne souvent d'un plus grand souci de translittération et, partant, de
respect de l'écrit. Il se trouve par ailleurs que phonologie et phonétique sont un
domaine où la proximité du russe et de l'anglais a été maintes fois soulignée ; on
a relevé par exemple dans les deux langues le rôle prédominant de l'accent de
mot qui provoque l'affaiblissement et la neutralisation des syllabes
inaccentuées : « Certaines langues comme le russe possèdent des règles de réduction
assez semblables à celles de l'anglais4. » On peut s'expliquer ainsi que Daniel
Jones, instruit par Tytus Benni, ait été si réceptif aux théories de Ščerba lorsqu'il
a fondé l'école phonologique anglaise. Des analogies frappent également
l'observateur au niveau de la structure à dominante consonantique des deux langues.
Les publications qui traitent de l'adaptation phonétique et phonologique de ces
emprunts anglais font donc la part belle aux phonèmes et à leur réalisation
phonétique5, mais les éléments suprasegmentaux, c'est-à-dire essentiellement
l'accent de mot, sont généralement passés sous silence ; cette négligence est
d'ailleurs partagée par la plupart des travaux qui traitent de l'emprunt en russe6 et
même l'ouvrage consacré par A. V. Superanskaja à l'accent des emprunts en
russe le fait dans un cadre très général et ne traite pratiquement pas des emprunts
à l'anglais7. Or c'est précisément cet aspect de l'adaptation des vocables anglais
en russe que nous nous nous proposons d'étudier.
Quelle méthode avons-nous suivie ? Nous avons eu recours au
Dictionnaire contemporain des mots étrangers9 dont nous avons rendu compte ici
même il y a peu9 ; nous y avons relevé avec leur accent les emprunts anglais, ou
donnés comme tels, qui comportent plus d'une syllabe, en éliminant ceux qui
avaient été « reconstruits » avec des morphèmes russes comme компилятор
refait sur compiler ou технотронный adapté de technetronic ; nous avons
ensuite comparé cette accentuation avec celle de la langue-source en nous aidant
des dictionnaires anglais qui font autorité10 ; il n'y a pas eu lieu ici de tenir
compte de la variable de l'anglais d'Amérique, même si, comme l'a écrit Mark
Twain, l'anglophonie « est une société anonyme, où les Américains détiennent

4. Ibid., p. 95, n. 1.
5. Voir M. Wójtowicz, « О фонетических вариантах слов, заимствованных
русским языком из английского », Studia Rossica Posnaniensia, t. VI, 1974, p. 129-134 ;
R. Filipovič et A. Menac, « Transfonemizacija u Rječniku anglicizama u ruskom jeziku :
teorija i primjena », Suvremena lingvistika, Zagreb, t. 19, 1993, n° 1-2, p. 59-75.
6. Dans son ouvrage consacré aux vocables empruntés en russe Gerta Hiittl-Worth
ignore l'accentuation comme aspect d'adaptation (Foreign words in Russian : a historical
sketch, 1550-1800, Berkeley - Los Angeles, 1963, p. 29-54) et le « dictionnaire » qui clôt
cette étude ne mentionne même pas l'accent des formes recensées (ibid., p. 55-123). Même
impasse chez L. P. Krysin, Иноязычные слова в современном русском языке, М., Nauka,
1968, р. 35-36.
7. А. V. Superanskaja, Ударение в заимствованных словах в современном
русском языке, М, Nauka, 1968. Cet auteur traite en priorité des emprunts à l'allemand, au
français, au grec et au latin et réserve la portion congrue à l'anglais, qu'elle semble d'ailleurs
bien mal connaître (voir p. 166, кольдкрем considéré comme un germanisme).
8. Современный словарь иностранных слов, M., Russkij jazyk, 1992.
9. R. Comtet, c. r. de Современный словарь иностранных слов, M., 1992, Revue
des études slaves, Paris, t. LXVI, 1994, 4, p. 889-895.
10. Voir D. Jones, English pronouncing dictionary, London, 14e éd., 1977 ; J.
Sinclair, éd., Collins cobuild English language dictionary, London - Glasgow, 1987.
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la majorité des actions ». Dans le domaine de l'accentuation, la variation est en


effet négligeable, ne se manifestant que par un accent de mot moins fort et par le
développement d'accents secondaires dans certains mots, par exemple ceux à
finale en -ary, -ery, -oryn. Une fois cette variable écartée, nous avons pu
constater des distorsions significatives. C'est ainsi que sur les 755 vocables
plurisyllabiques relevés sur un total de 900 emprunts à l'anglais, 332 s'écartent
du schéme d'accentuation de la langue originale. Par exemple, en face de
l'anglais bacon, basketball, canister, comfort, dreadnoughî, flowmaster, freeholder,
hooligan, jockey, over ail, piek up, sovereign, télétype, trolley... on trouve en
russe бекон, баскетболъ, канистра, комфорт, дредноут, фломастер,
фригольдеры, хулиган, жокей, аврал, пикап, соверен, телетайп, троллей...
Les écarts relevés incluent 32 vocables qui présentent deux accents possibles
sous leur forme empruntée (cf. форпик pour forpeak), l'un de ces accents ne
coïncidant pas avec celui du mot-souche, un flottement qui semble typique des
emprunts comme le remarquait Bulaxovskij12. Ce simple dénombrement montre
déjà que, contrairement à l'opinion qui était autrefois largement répandue,
l'accent des vocables empruntés par le russe ne se conforme pas forcément aux
schémas en usage dans la langue d'origine13. Pour en revenir à l'anglais,
comment expliquer tous les écarts relevés ? Il convient certainement dans une
première approche de s'interroger sur la nature et surtout la fonction exacte de
l'accent de mot dans chacune des deux langues.
Examinons tout d'abord ce qu'il en est en anglais. Chaque mot anglais, mis
à part les clitiques et certains préfixés14, porte un accent principal ou primaire
unique. Il s'agit, comme dans les autres langues germaniques, d'un accent
« dynamique » (ou de tension, d'intensité expiratoire) et de hauteur qui s'est
substitué au ton musical indo-européen ; la place de cet accent est fixe dans les
limites du mot, arbitraire (d'où les hésitations pour les vocables de la langue
écrite qui n'ont pas encore été intégrés par l'usage parlé15) et cet accent frappe
dans les mots simples la syllabe radicale qui se trouve être généralement
initiale16. Cette tendance très forte explique par exemple que dans les emprunts

1 1. Voir F. Mossé, Esquisse d'une histoire de la langue anglaise, 2e éd., rev. et mise à
jour, Lyon, 1957, p. 172-173 ; T. M. Beljaeva et I. A. Potapova, Английский язык за
пределами Англии, L., 1961, p. 33-34 ; on notera ici d'ailleurs que le Collins cobuild English
language dictionary qui nous a servi de référence principale réserve une large place aux
accents secondaires américains lorsqu'ils ont tendance à être repris en Grande-Bretagne,
participant ainsi à ce qu'on appelle l'anglais « mid-atlantic ».
12. Voir L. A. Bulaxovskij, Курс русского литературного языка, t. 2, Kiev,
Radjan'ska škola, 1952, p. 19-20.
13. Voir 1. 1. Ogienko, Русское литературное ударение, Kiev, 1914, p. 105 ;
L. A. Bulaxovskij, « Русское ударение заимствованных слов », Русский язык в школе,
1956, 4, р. 14.
14. Voir des mots avec deux accents principaux comme rebuild ['ri:'bild], misunder-
stand ['miSAndas'taend], disbelieve ['disba'liiv]...
15. Voir F. Mossé, Esquisse d'une histoire de la langue anglaise, op. cit., Lyon, 1957,
p. 139-142 ; ou D. Jones, An outline of English phonetics, Cambridge, 8e éd., 1956, p. 248 :
« Generally speaking there are no raies determining which syllabe or syllabes of polysyllabic
English words bear the main stress. »
16. On trouve cette tendance dominante (moins marquée cependant qu'en allemand)
exprimée de façon quasi intuitive dans un célèbre manuel d'apprentissage de l'anglais : « En
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français en -tion ou -sion l'accent soit remonté de la syllabe finale à la


pénultième, comme dans considération, impression, introduction, motion,
progression... On retrouverait le même phénomène dans virtue [*va:tju] ou gentle
['d3entl] dérivés du vieux français vertu et gentil. L'accent tonique anglais prend
donc une part essentielle à ľanglicisation des vocables étrangers. Dans les mots
composés et les groupes déterminant-déterminé, l'accent principal frappe le
premier terme ainsi mis en vedette, rendant ainsi inutile toute autre marque de
liaison et confortant la tendance à accentuer la syllabe initiale, comme par
exemple dans blackbird, heartbroken, air-condition, a doctor's degrée, a bride's
veil, afishing harbour... (quelques modèles font cependant exception comme
green-eyed, coca-cola, week-end, Windsor Castle...). Par ailleurs, il est bien
connu que la voyelle réduite [a] et les sonantes voyelles /1/, /m/ et /n/ ne peuvent
se trouver qu'en dehors de l'accent, comme dans ago [a'gau], sofa ['saufa],
bullock ['bulak], able ['eibl]... ; par contre, les autres voyelles peuvent occuper
n'importe quelle position, qu'elles soient courtes ou longues (monophtongues
ou diphtongues dans ce dernier cas) ; ainsi, dans happy ['haepi], fellow [Telau],
inarticulate [ina:'tikjulat] (to) deliberate [di'hbareit], c'est une voyelle courte
qui est frappée de l'accent principal ; mais, dans transformizm [traens'fo:mizm],
exponent [íks'paunant], c'est une voyelle longue. Les voyelles in situ s'intègrent
ainsi à une hiérarchie accentuelle qu'on peut réduire pour simplifier à trois
degrés17 : l'accent primaire (principal) 1 et l'accent secondaire 2 affectent toutes
les voyelles réalisées au degré plein ; l'accent zéro 0 ne concerne que les
réalisations réduites. On aurait donc la présentation qui suit : orthodox = 102, ortho-
doxy = 2010, combine = 01, opportunity = 20100, generate = 102... La même
présentation pourrait être d'ailleurs adoptée pour l'allemand : unsichtbar- 102,
anziehen = 120. On ne confondra pas ces degrés avec les « échos d'accent »
évoqués pour l'anglais par Paul Garde qui envisage ainsi, plutôt que leur
réalisation, leur répartition en fonction de la structure morphématique du mot18.
L'accent de mot en russe présente des traits communs mais aussi des
différences significatives avec son homologue anglais ; il s'agit bien aussi d'un
accent expiratoire, mais le trait de hauteur n'intervient qu'à un autre niveau,
celui de l'intonation de la phrase ; le trait principal qui distingue la syllabe
accentuée de toutes les autres syllabes du mot phonétique est le trait quantitatif
de longueur, comme le rappelait Troubetzkoy : « Les voyelles russes accentuées
sont non seulement plus fortes, mais aussi plus longues que les inaccentuées. On
peut dire qu'en russe toutes les syllabes accentuées sont longues et toutes les
syllabes inaccentuées brèves. Quantité et accentuation vont de pair et forment
un tout inanalysable pour les Russes19. » Troubetzkoy expliquait ainsi
l'incapacité des oreilles russes à dissocier en tchèque l'accent toujours placé sur la
syllabe initiale et la longueur contrastive qui peut frapper n'importe quelle
syllabe : «... le Russe, même s'il parle bien tchèque, allongera toujours quelque
peu la première syllabe brève des mots tchèques et confondra en général les

français, nous avons tendance à élever la voix sur la fin des mots. Les Anglais, au contraire,
sont portés à en accentuer le début. » (A. Cherel, l'Anglais sans peine, Paris, 1957, p. VII).
17. Voir Viel, op. cit., p. 83-98.
18. Voir P. Garde, l'Accent, Paris, 1968, p. 80-92.
19. N. S. Troubetzkoy, Principes de phonologie, trad. de ľ ail., Paris, 1976, p. 55.
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longues et les brèves [...]20. » Cette démonstration de « surdité phonologique »,


pour reprendre le célèbre terme de Polivanov21, aurait pu être étendue au
hongrois qui présente une dissociation du même ordre entre accent et longueur. On
relève cette caractéristique de l'accent russe dans le français parlé par les russo-
phones qui, souvent, allongent exagérément la syllabe finale des mots. On
relèvera encore que l'accent russe peut varier dans un même paradigme de flexion,
au contraire de l'accent anglais toujours fixe. Comme en anglais, et au contraire
des langues comme le français dont l'accent est fixe par rapport aux limites du
mot, la place de l'accent russe dépend de la force accentuelle relative des
morphèmes constitutifs du mot, ce qu'a bien démontré Paul Garde22. Cependant,
on constate qu'à l'heure actuelle la tendance historique à l'accentuation prédé-
sinentielle et présuffïxale23 tend à généraliser statistiquement en russe l'accent
sur la syllabe médiane (srednij slog)u. Par ailleurs, les phénomènes d'accent
secondaire sont peu fréquents et réservés à « un petit nombre de composés
récents et surtout à caractère livresque25 » ; les voyelles soumises à cet accent de
longueur demeurent brèves mais échappent qualitativement aux réductions et
neutralisations auxquelles elles sont habituellement soumises hors de l'accent,
ce qu'on peut vérifier dans Ленинград et железобетон avec [e] court (mais qui
ne passe pas à [í] réduit), четырёхэтажный avec [o] court, лавинообразный
avec [i] court, аэрофотосъёмка avec [a] et [o] courts26. Dans ces composés, on

20. Ibid, p. 56. On trouve la même opinion exprimée dans d'autres contextes : « [...]
l'allongement non pertinent des voyelles accentuées, [...] est souvent, comme en russe ou en
italien, la marque principale de l'accent d'intensité [...]. » (Cl. Hagège et A. Haudricourt, la
Phonologie panchronique, Paris, 1978, p. 200) ; « En russe comme en anglais l'accent est
dynamique. En russe, la syllabe accentuée s'oppose à celles qui ne le sont pas par une plus
grande longueur, une plus grande tension, en anglais uniquement par la tension. » (N. A. Fo-
mina, « Основные черты русской фонетики в сопоставлении с английской », Русский
язык за рубежом, 1979, п° 2, р. 32).
21. Voir E. Polivanov, « La perception des sons d'une langue étrangère », Travaux du
Cercle linguistique de Prague, t. IV, Prague, 1931, p. 79-96.
22. Voir P. Garde, « Les propriétés accentuelles des morphèmes dans les langues
slaves », Revue des études slaves, Paris, t. LXVII, 1968, p. 29-37 ; id., « Le mot russe : forme
et fonction de ses éléments morphologiques », Cahiers de linguistique, d'orientalisme et de
slavistique, Aix-en-Provence, n° 11, 1978, p. 9-45. Baudouin de Courtenay avait déjà eu
l'intuition de cette hiérarchie : « En russe [...] il convient de parler non pas d'un accent syl-
labique mais d'un accent de morphème. » (I. A. Boduèn de Kurtenè, « Законы и правила
русского произношения В. Чернышева », in Избранные труды по общему
языкознанию, L 2, M., AN SSSR, 1963, p. 142).
23. Voir P. Garde, « L'évolution de l'accent russe : quelques tendances », Cahiers de
linguistique, d'orientalisme et de slavistique, Aix-en-Provence, n° 3-4, 1974, p. 71-91 ; id.,
Histoire de l'accentuation slave, t. 1, Paris, 1976, p. 271-274 ; R. Jakobson, « Sur la théorie
des affinités phonologiques entre les langues », in : N. S. Troubetzkoy, op. cit., p. 351-365.
24. Voir V. A. Nikonov, « Место ударения в русском слове », International journal
of slavic linguistics and poetics, 's-Gravenhage, vol. VI, 1963, p. 77-87 ; V. I. Murav'eva,
« Некоторые статистические закономерности русского ударения », Actes du Xe Congrès
international des linguistes, Bucarest, 1970, p. 185-190 ; A. Moiseev, « Место словесного
ударения в современном русском литературном языке », Studia Rossica Posnaniensia,
і. 7, 1976, p. 77-87.
25. Garde, l'Accent, op. cit., p. 92.
26. Voir L. Ossowski, « Współczesny rosyjski akcent poboczny », Rocznik slawis-
ticzny, Warszawa, L 31, 1970, p. 3-1 1.
108 ROGER COMTET

notera au passage que, si la séquence déterminant-déterminé est la même que


dans les langues germaniques, la place de l'accent principal y est exactement
inverse, c'est-à-dire que celui-ci se trouve sur le dernier élément déterminé ainsi
mis en vedette ; les exceptions sont rares et renvoient d'habitude à un modèle
slavon de composition comme dans живопись, летопись, водоросль. . .
Éclairés par cette analyse contrastive, nous pouvons revenir aux cas de
discordance dans la place de l'accent entre un vocable anglais et sa forme
empruntée russe. On pourrait imaginer qu'une mauvaise perception de cet accent
permette de rendre compte de la majorité des écarts relevés. Dans ce cas, l'oreille
russe serait abusée par la longueur des syllabes non accentuées en anglais,
puisque en russe longueur et accent sont, comme nous l'avons rappelé,
intimement liés. Mais ce facteur est loin d'être le seul à entrer en ligne de compte
comme nous allons le vérifier à partir des exemples suivants.
Le mot поп-музыка est présenté comme repris de l'anglais pop-music ; on
a ici en fait un calque de l'anglais : music a été traduit par музыка, cependant
que l'élément pop était transcrit tel quel pour devenir une sorte de préfîxoïde
russe non accentué (voir la série поп-искусство, поп-культура, поп-
ансамбль, поп-группа...) ; le néologisme est donc accentué sur sa racine,
conformément à la tendance générale, mais la réinterprétation du mot à la faveur
du calque fait sortir ce vocable du champ de notre étude qui n'envisage que les
véritables emprunts.
Le mot регион est rattaché à l'anglais region ['гЫзэп] ; ici, à la non-
concordance de l'accent s'ajoute celle du transcodage phonologique qui s'écarte
de tous les usages d'adaptation des vocables anglais en russe27 ; on peut donc
penser, à partir de tous ces indices, que le vocable a plutôt été emprunté à
l'allemand Region [regi'om], lui-même adapté du français région. On a donc ici le
cas d'une attribution fautive.
Une fois que l'on s'est ainsi assuré que les vocables retenus ne sont ni des
calques ni des emprunts à des langues autres que l'anglais, on peut rechercher
les raisons des écarts d'accentuation.
Dans une première étape, on s'interrogera sur un relais possible entre le
mot anglais et l'emprunt russe, surtout lorsque l'encodage phonologique en
russe semble aberrant au vu des règles habituelles ; la logique géographique de
ces migrations et les données historiques peuvent nous aider : le cheminement
est toujours allé dans le sens Angleterre — » France — > Allemagne —> Pologne — »
Russie, mais avec toutes les combinaisons et les raccourcis possibles ; ici, la
fréquentation des dictionnaires de ces différentes langues et des ouvrages lexico-
graphiques s'impose. Par exemple, dreadnought ['drednoit] devenu дредноут ne
respecte pas les règles d'encodage phonologique de l'anglais en russe ; le
dictionnaire étymologique de Šanskij28 nous viendra ici en aide en signalant que le
terme a été adopté en polonais sous la forme dreadnought ou drednout avec,
bien sûr, l'accent fixe polonais sur la pénultième loi ; la forme russe reproduit
donc cette forme intermédiaire ! place de l'accent et phonétisme [ou]. Le polo-

27. Voir R. S. Giljarevskij et B. A. Starostin, Иностранные имена и названия в


русском тексте : справочник, М., « Meždunarodnye otnošenija », 1978, p. 34-74.
28. N. M. Šanskij, éd., Этимологический словарь русского языка, t. 1/5, M., Izd.
Moskovskogo Universiteta, 1973, p. 188.
L'ADAPTATION ACCENTUELLE DES EMPRUNTS 109

nais peut donc avoir joué ici un rôle de relais. Le mot bacon ['Ьеікэп] qui passe
au russe бекон est un autre exemple de ces relais ; certes, la finale /-он/ est
toujours accentuée en russe... mais sous l'influence de tous les mots français
terminés par -on qui ont été empruntés au XDCe siècle ; on peut donc envisager ici un
relais français, le mot anglais ayant été réintroduit en français vers 1895 ; la
forme russe emprunterait donc le travestissement de la forme « franglaise » avec
son accent final [bekón]. On a un autre exemple de ces relais avec le mot
репортёр < reporter [ri'po:tar] : le type d'accentuation retenu sur une voyelle finale
qui est réduite en anglais suggère un relais par le français où le mot est attesté
dès 1829 plutôt qu'un emprunt direct à l'anglais ou une influence analogique
secondaire du bloc paronymique des substantifs en -ëp29 ; c'est d'ailleurs ce que
suppose Vasmer30. Rappelons ici que les noms d'agent français en -eur ont été
adaptés en -ëp, [o] après consonne molle paraissant le plus conforme au
phonème français /ce/ ; ensuite, par analogie, les noms d'agent en -aire ont suivi
la même adaptation, y compris donc reporter à finale homonymique. Les
empreintes accentuelles jouent donc ici le rôle de visas que l'on apposerait sur le
passeport de ces mots voyageurs et qui permettraient, associés à d'autres
indices, de reconstituer leur itinéraire.
Dans une seconde étape, on doit rechercher si, dans le mot emprunté, on ne
retrouve pas des morphèmes, racines ou affixes, déjà présents en russe, et même
s'ils sont eux-mêmes d'origine étrangère31. Dans ice review qui correspond à
айс-ревю la préexistence en russe du moi ревю, emprunté auparavant au français
revue a permis de sentir dans l'emprunt anglais une structure de composé (ou de
préfixé) ; cette structure a donc imposé l'accent dominant sur le deuxième
élément, à la mode russe, sur la même syllabe que dans le lexème indépendant ; on
doit donc alors reconnaître ce lexème à la fin du vocable. Avec abolitionism et
abolitionist adaptés en аболиционизм et аболиционист on peut imaginer qu'a
joué l'attraction des suffixes russes auto-accentués <izm> et <ist> à la faveur
d'une sorte de remotivation de l'emprunt.
Par contre, dans le russe футбол qui correspond à l'anglais football
[*futbo:l], on retrouve bien un lexème préexistant фут, mais celui-ci n'occupe
pas la position seconde qu'il aurait dans un composé ou un préfixé ; par ailleurs,
on pourrait aussi penser que, dans la langue d'origine, la longueur de la
deuxième syllabe par rapport à l'initiale courte aurait pu y fixer l'accent russe ;
mais l'analyse de tous les écarts accentuels montre que l'emporte
statistiquement une cause plus efficiente qui a été mise en évidence diachroniquement par
A. V. Superanskaja, prenant ainsi la suite des analyses beaucoup plus anciennes
d'Ogienko32; les substantifs russes à radical morphologiquement insécable
tendent en effet à s'organiser en grands blocs paronymiques selon la forme
finale de ce radical, et cette finale tend à imposer par attraction analogique un
schéme accentuel unique pour chacun de ces ensembles ; l'influence du français
sur les emprunts européens au XIXe siècle fait que l'accent de ces substantifs

29. Bulaxovskij, op. cit., p. 20.


30. M. Fasmer, Этимологический словарь русского языка, t. 3, M., Progress,
1987, p. 472.
31. Voir A. Pstyga, « Иноязычные суффиксальные элементы в
словообразовательной системе русского языка », Russistik, 1, 1991, р. 19-29.
32. Ogienko, op. cit.
110 ROGER COMTET

frappe généralement cette finale. C'est ainsi, par exemple, que les substantifs
insécables à radical terminé par /-0I-/ sont accentués sur cette dernière syllabe.
Effectivement, le dictionnaire a tergo le plus complet dont on dispose pour le
russe contemporain signale 115 substantifs en /-ОІ/ accentué contre seulement 18
qui ne présentent pas le même schéme accentuel et qui sont : диавол, буйвол,
символ, дьявол, угол, идол, вызол, колокол, сокол, вымол, обапол, подпол,
шомпол, купол, прасол, высол, апостол33.
C'est donc essentiellement par attraction que s'explique l'accent sur la
dernière syllabe du radical de футбол, selon l'une des grandes tendances
linguistiques : « II arrive fréquemment que la force d'un modèle — l'existence
d'une série — crée une sorte d'appel de mouvement imitatif, comme on dit
"appel d'air"34. »
C'est seulement quand les tests précédents se sont révélés infructueux que
l'on peut revenir à la phonétique de l'anglais, langue-source, et à sa perception
par une oreille russe. Ainsi, avec concourse ['kogko:s] adapté en конкорс, c'est
de toute évidence la longueur de la deuxième syllabe en l'anglais qui y a fixé
l'accent en russe par perception fautive. Dans télétype ['telitaip] devenu
телетайп, bulldozer ['buldauzar] passé à булдозер, inbreeding [inbrkdin] devenu
инбридинг, la même explication paraît s'imposer. Que penser par contre de
canister ['kaemstar], lui aussi réfractaire aux tests précédents, et qui a été adapté
en канистра ? Dans le mot-souche anglais, les deux premières syllabes sont
également courtes ; la tendance du russe contemporain à accentuer la syllabe
médiane a pu donc là se manifester sans entrave ; on a le même cas de figure
avec freeholder ['friihauldar] adapté en фригольдеры où ce sont les deux
premières syllabes (soulignées) qui sont longues en anglais.
Les analyses que nous avons faites suggèrent donc, pour rendre compte des
écarts accentuels entre mot-souche anglais et forme empruntée russe, une sorte
de parcours, d'algorithme, où l'emprunt va être soumis à des cribles successifs :
1. S'il s'agit d'un calque, on rejette le vocable du champ de l'analyse ;
2. Si la composition phonologique s'écarte des usages de transcription, on
doit se demander si l'origine anglaise est exacte ;
3. Il faut ensuite se poser la question d'un relais éventuel où la langue filtre
aurait légué un changement d'accentuation au russe ;
4. Si on peut déceler dans l'emprunt en position autre qu'initiale des
éléments signifiants correspondant à des lexèmes, ces éléments imposent leur
schéme accentuel comme dans les composés ou les préfixés russes ;
5. Ces éléments peuvent être des affixes qui imposent eux aussi leur
schéme accentuel en fonction de leur « force accentuelle » ;
6. Si la finale du vocable coïncide avec celle de grands groupes parony-
miques, le vocable suit le schéme accentuel de ces unités ;
7. Arrivé à ce stade, on peut revenir à la forme anglaise en se demandant si
l'écart accentuel peut s'expliquer par une confusion de perception entre
longueur et accent ;

33. Обратный словарь русскою языка : около 125 000 слов, М., Sovetskaja
enciklopedija, 1974.
n° 1652).
34. P. Bacquet, l'Êtymologie anglaise, Paris, P.U.F., 1976, p. 54 (Que sais-je?,
L'ADAPTATION ACCENTUELLE DES EMPRUNTS 111

8. Si le trait de longueur ne distingue pas les syllabes du mot anglais, cela


laisse le champ libre au jeu de la tendance russe à l'accent de mot médian.
Ce parcours complexe mêle donc aussi bien lexicologie (1,5), sémantique
(4), formation des mots (3) et phonologie (2, 4, 6) que synchronie (1, 3, 4, 5, 6)
et diachronie (2, 3), axes paradigmatique (1, 2, 3, 4) et syntagmatique (5, 6).
Aussi bien que l'étymologie, l'étude de l'adaptation des formes empruntées se
révèle donc être une bonne école epistemologique. Dans ce parcours on note par
ailleurs une hiérarchisation des facteurs retenus ; par exemple, dans кильблок
adapté de l'anglais keelblock ['ki:lblsk], il est évident que c'est l'existence en
deuxième position d'un lexème indépendant блок qui entraîne l'accentuation sur
cet élément, selon le modèle de la composition russe ; ce critère l'emporte donc
sur le critère prosodique de longueur de la première syllabe du mot anglais qui
entraînerait l'accent sur l'élément киль-.
On notera cependant que l'exemple de бекон et d'autres vocables ayant été
filtrés par une langue relais montre que cette grille doit être maniée avec
prudence et souplesse ; et cette part de « flou » ne fait que refléter l'incertitude de
l'étymologie, science en devenir, qui ne conquiert son objet que pas à pas. Pour
conclure, nous avons soumis tous les 332 emprunts plurisyllabiques à l'anglais
dont l'accent russe s'écartait de celui de la langue-souche à cette grille d'analyse
et nous livrons le résultat de cette démarche dans les tableaux qui suivent.
On remarquera que jouent essentiellement les critères qui font intervenir le
système propre au russe ; c'est en fonction du russe, de ses tendances, que sont
réaccentués les vocables anglais et cette adaptation ne fait que peu appel à notre
hypothèse de départ sur l'association pour une oreille russe de la longueur voca-
lique et de l'accent en anglais et donc de la réinterprétation de celui-ci en russe.
Peut-être pourra-t-on voir ici la marque d'un manque de familiarité durable dans
le passé avec l'anglais, comparé avec la fortune de l'allemand et du français en
terre russe ; est-il possible que la domination de ľ anglo-américain à l'époque
actuelle change cette situation ? Les emprunts tout récents sont en effet
beaucoup plus fidèles à l'accent dans les mots souches, comme dans менеджер <
manager, мѕдисон < madison, мюзикл < musical, оттертрал < otter-trawl...
mais il est vrai que la règle générale veut que plus l'emprunt est récent et plus sa
forme phonique est respectée. Et les tendances que nous avons essayé de mettre
en valeur permettent de prévoir qu'à plus ou moins brève échéance le russe
connaîtra менеджер, voir менеджер ; ne connaissait-on pas naguère dans le
monde de la boxe le terme менажёр ? Les noms propres gardent eux aussi en
général leur accentuation anglaise, peut-être parce qu'ils sont le fait d'une
insémination savante qui échappe aux tendances de la langue spontanée ; les
rares exceptions ne font que confirmer les tendances qui jouent dans les noms
communs ; ainsi en est-il de Шекспир < Shakespeare (avec l'attraction de la
finale auto-accentuée /-ir/), de Хемингуэй < Hemingway (après un stade
intermédiaire Хемингуэи) sous l'effet de l'attraction de la finale auto-accentuée
/-éj/), de Нью-Йорк < New York où l'on sent un préfixoïde non accentué
<n'ju>... Dans tous les cas, on voit bien à partir de ces exemples que, si l'on
raisonne sur le long terme, le russe assimile tôt ou tard mécaniquement,
naturellement, les influences étrangères en les ramenant à son système et n'a pas grand
chose à en craindre, sa phonologie, sa morphologie et sa syntaxe prenant
toujours le dessus, au contraire de ces micro-langues que mettent en péril les
112 ROGER COMTET

langues dominantes35 : «... la tolérance à l'égard des emprunts étrangers a été


plus ou moins grande. Les Russes, conscients de leur propre force
d'assimilation, l'ont poussée jusqu'à l'extrême limite36. »Et dans ce processus de
naturalisation, l'accent russe joue un rôle essentiel puisque c'est de lui que dépend la
réalisation des phonèmes vocaliques du mot entier, sa physionomie phonétique,
ce qui fait que « pour un Occidental, le vocabulaire russe [...] est presque tout
entier étranger là même où, comme il arrive souvent, il est une transposition du
vocabulaire occidental37 ».

ANNEXE I
Mots calqués et non empruntés
поп-музыка <pop-music
пресс-конференция < press conférence
пресс-секретарь < press secretary

ANNEXE 2
Fausses attributions
аврал < {over ail ['auvar o:l] ) < néerl. overal.
балласт < {ballast [baelast]) < néerl. ballast avec un relais bas-ail, ou fr. ballast au
sens de « sorte de lest dans les bateaux » ; par contre le sens associé aux voies
ferrées renvoie bien à l'anglais ballast mais l'accentuation impose un relais fr.
вариабельный < (variable) < fr. variable,
дистрикт < (district) < fr. district.
каучук < (caoutchouc) < ail. Kautschuk, avec attraction du bloc paronymique en /-úk/.
кливаж < {cleavage [kli:vid3) < fr. clivage,
курсор < (cursor ['ka:sa] ) < fr. curseur,
нейтрон < {neutron ['nju:tran]) < ail. Neutron et attraction du bloc paronymique en
/-ón/ auto-accentué.
нонконформизм < (nonconformism) < fr. non-conformisme (1877).
операнд < (operand) < fr. opérande,
пикник < (pienie) < fr. pique-nique (1640).
пинг-понг < (ping-pong) < fr. ping-pong (1904).
реверс < {reverse [riva: s]) < polonais rewers < latin reversus.
регион < {region ['rirdžan]) < ail. Region [regi'oin] < fr. région,
рекордсмен < (faux anglicisme) < ail. Rekordman (?) et attraction de l'affîxoïde russe
<-mén->.
сейвал < {seiwhale ['seiweil]) < norv. seihval.
терьеры < {terrier [Чегіэг]) < fr. terrier (Moyen Âge).
томагавк < {tomahawk ['tomaho:k]) < fr. tomahawk [tomaok/tomawak] (1707)
трансепт < (transept ['traensept]) < fr. transept (1823).
финвал < (finwhale ['finweil]) < norv. finhval.
экю < (ecu = europ ean currency unit) < fr. écu.
эрдельтерьер < (Aredaleterrier) < fr. terrier.

35. Voir par exemple certaines langues amérindiennes à la syntaxe actuellement


gangrenée par celle du castillan.
36. A. Mazon, « Le patrimoine commun des études slaves », Revue des études slaves,
t. IV, 1924, fasc. 1-2, p. 123.
37. A. Meillet, les Langues dans l'Europe nouvelle, 2e éd., Paris, 1928, p. 271.
L'ADAPTATION ACCENTUELLE DES EMPRUNTS 113

ANNEXE Ш
Recherche d'un relais
On indique ici, quand c'est possible, la date supposée de l'emprunt dans la
langue filtre (première mention écrite).
балласт (ferroviaire) < fr. ballast (1842) < ballast ['baelast].
бекон < fr. bacon [bekon] (1895) < bacon [beikan].
бифштекс < ail. beefsteack ['bifšteks] (à côté de ['bifsteks]) + accentuation du
français bifteck < beefsteacks ['bi:fs'teks].
блек-рот/блек-рот < fr. black-rot < black-rot.
бойкот < fr. boycott < boycott.
боксор < fr. boxeur < boxer ['boksa].
бостон (jeu de cartes) < fr. boston (1800) < boston.
бумеранг < fr. boomerang (1863) < boomerang [*bu:maraen].
вагон < fr. wagon (1780) < wagon ['waegan].
варрант < fr. warrant (1671) < warrant ['worant].
вельвет < fr. velvet [velvet] (1847) < velvet [Velvit].
вердикт < fr. verdict (1669) < verdict [vaidikt].
вигвам < fr. wigwam [wigwam] (1688) < wigwam ['wigwam].
галлон < fr. gallon (1687) < gallon ['gaelan].
гандикап < fr. handicap (1827) < handicap.
гинея < fr. guinée (1669) <guinea ['gmi].
джерси/джерси <fr. jersey < jersey [*d3a:zi].
доминион < fr. dominion (1871) < dominion [da'minjan].
дредноут < polonais dreadnought/drednout < dreadnought ['dredno:t].
жокей < îv. jockey (1776) < jockey ['dsoke].
интервью < fr. interview (1883) < interview.
интервьюер < fr. interviewer (1883) < interviewer.
интертйп < fr. intertype (1889) < intertype ['mtataip].
клаксон < fr. klaxon (1914) < klaxon ['klaeksan].
комфорт < hybridation avec l'accent du fr. confort (1815) < comfort.
комфортабельный < hybridation avec l'accent du fr. confortable (XIXe siècle) <
comfortable.
конгрев < fr. Congrève, cf. « fusées à la Congrève » < Congreve (1772-1828)
['kongrkv].
коттедж < fr. cottage [kotedž] (1754) < cottage ['kotidž].
леггорн < fr. leghorn (1888) < leghorn.
ловелас < fr. lovelace (1798) < lovelace ['Lvvlas].
лоллард < fr. lollard (XIIIe siècle) < lollard.
луддиты < fr. luddite (1816) < hiddite ('Udait].
макинтош < fr. mackintosh (1842) < Mackintosh
методисты < fr. méthodiste (1760) < Methodist [fme9adist].
мокасины < fr. mocassin (1707) < moccasin ['mokasín].
молескин < fr. moleskine (1838) < moleskine ['maulskin].
монитор < fr. monitor (1864) < monitor ['monita].
мормоны < fr. mormon (1864) < mormon [fmo:man].
офсет < fr. offset (1920) < offset.
памфлет < fr. pamphlet (1653) < pamphlet.
плимут-рок < fr. plymouth rock < plymouth rock.
револьвер < fr. revolver (1848) < revolver.
репортёр < fr. reporter (1829) < reporter.
114 ROGER COMTET

ромштекс < fr. romsteck/rumsteek (1890,) + analogie avec бифштекс < rump-steaks.
соверен < fr. souverain (1834) < sovereign ['sovnn].
стандарт < fr. standard (1857) et hybridation avec ail. Standart (cf. russe
штандарт) < standard.
стипль-чез < fr. steeple-chase [stipal-tšez] (1828) < steeple-chase ['stirpltšeiz].
тандем/тандем < ir. tandem (1816) < tandem,
тотем < fr. totem (1833) < totem ['tautam].
трамвай < ail. Tramway [tranïvaj] < tramway f'traemwei].
троллей < fr. trolley (1896) < trolley ['troh].
туннель/тоннель < fr. tunnel (1825) < tunnel ['Lvnal].
турнепс < fr. turneps [tyrneps] (1764) < turnips ['tarnips].
уик-ѕнд < fr. week-end (1906) < week-end,
шериф < fr. chérif (1601) < sheriff.
фокс-meppúep < fr. joxterrier (1836) < fox-terrier.

ANNEXE IV
Reconnaissance d'un lexème dans l'emprunt
айс-ревїо < ice-review = ревю, сольвент-нафта/сольвент-нафта <
бассетгорн < basset-horn = горн, solvent-naphta = нафта.
беккросс < backcross = кросс, спардек < spardeck = дек.
бойскаут < boyscout = скаут, тайм-аут < time out = тайм + аут.
бульдог < bulldog = дог. твиндек < tween-deck = дек.
ватерполо < waterpolo = поло, тойтерьер < toy terrier = терьер.
вельбот < whale-boat = бот. топ-тймберс < top timbers = тимберс.
ватержакетная (печь) < water-jacket тустеп < two-step = степс.
= жакет. файф-о-клок < five-o'clock = клок.
вокзал < Vauxhall = зал. фальстарт < falše start = старт
гельмпорт < helmport = порт, фифти-фйфти/фйфти-фифти < fïfty
гомруль < Home rule = руль, fifty = type de composition
диптанк < deep tank = танк, allitérative à redoublement
диск-жокей < disk jockey = диск + expressif.
жокей. фликкер-эффект < flicker effect =
квартердек < quarterdeck = дек. эффект.
квикстепе < quick steps = степс, фломастер < flowmaster = мастер.
кильблок < keel błock = киль + блок, флортймберс < floortimber =
ковбой < cowboy = бой. тимберс.
компакт-диск/компакт диск < фокстрот < foxtrot = трот.
compact-disk = диск, форпйк/форпик < forepeak = пик.
мюзик-холл/мюзик-холл < music hall хавбек/хавбек < half-back = бек.
= холл, хавтайм < half-time = тайм.
пакетбот < packet-boat = пакет + хачбот < hatch-boat = бот.
бот. хит-парад < hit(-)parade = парад.
пинч-эффект < pinch-effect = шельтердек < shelter-deck = дек.
эффект. шоп-стюарды < shop-steward =
пресс-бюро < press-bureau = бюро, стюард.
принц-консорт < prince consort = шортгорн < shorthorn = горн.
принц + консорт, шорт-трек < short track = трек.
рагтайм < rag-time = тайм, шоу-бйзнес/шоу-бизнес < show-
ринк-хоккей < rink-hockey = хоккей, business = бизнес.
слоуфокс < slowfox = фокс. эрлифт/эрлифт < air lift = лифт.
L'ADAPTATION ACCENTUELLE DES EMPRUNTS 115

яхт-клуб < yacht-club |jo:t-klAb] = ľall. Yacht/Jacht [jaxt], ЮиЬ


клуб (avec un relais probable par [klup]).

ANNEXE V
Reconnaissance d'un affîxe dans l'emprunt
аболиционизм < abolitionism = suffixe auto-accentué <-izm->.
аболиционист < abolitionist = suffixe auto-accentué <-ist->.
антифризы < antifreeze = préfixe inaccentué <anti->.
бизнесмен < businessman = бизнес + suffixe auto-accentué <-mén->.
брудергауз < brooder house = брудер + suffixe auto-accentué <-gáuz->.
бруталйзм < bnitalism = suffixe auto-accentué <-izm->.
варикап < varicap = préfixoïde inaccentué <var'i->.
вариконд < varicond = préfixoïde inaccentué <var'i->.
ватервейс < water-ways = préfixoïde inaccentué <vater->.
видеоклип < videoclip = préfixoïde inaccentué <v'ideo->.
видеоплейер < videoplayer = préfixoïde inaccentué <v'ideo->.
виндзейль/виндзейль < wind-sail = préfixoïde inaccentué <v'ind->.
виндроуэр < windrower = préfixoïde inaccentué <v'ind->.
виндсорфинг < windsurfing = préfixoïde inaccentué <v'ind->.
дайхардовцы < die-hart = suffixe préaccentué <-ovec->.
дескриптивный < descriptive = suffixe adjectival auto-accentué <-ivn->.
джимкроуйзм < jimcrowism = suffixe auto-accentué <-izm->.
дисконт < discount = préfixe inaccentué <d'is->.
имажинизм < imaginism = suffixe auto-accentué <-izm->.
Интерпол < Interpol = préfixe inaccentué <inter->.
интерфейс < interface = préfixe inaccentué <inter->.
компаунд < compound = préfixe inaccentué <k'om->.
консоли < consols = préfixe inaccentué <kon->.
консорт < consort = préfixe inaccentué <kon->.
констебль < constable = préfixe inaccentué <kon->.
конгрессмен < congressman = конгресс + suffixe auto-accentué <-mén->.
конформисты < conformist = suffixe auto-accentué <-ist->.
кроссмен < crossman = кросс + suffixe auto-accentué <-mén->.
лейборист < labourite = suffixe auto-accentué <-ist->.
пуритане < puritán = suffixe auto-accentué <-án->.
сексапильный < sex appeal = suffixe adjectival préaccentué <-n->.
стартор/стартер < starter = suffixe auto-accentué <-ór->.
суперкарго < supercargo = suffixe post-accentué <super->.
супермаркет < supermarket = suffixe post-accentué <super->.
суфражизм < suffragisme = suffixe auto-accentué <-izm->.
телетайп < télétype = préfixoïde post-accentué <tele->.
телефакс < telefax = préfixoïde post-accentué <tele->.
трайбализм < tribalism = suffixe auto-accentué <-izm->.
тред-юнонйзм < trade-unionism = suffixe auto-accentué <-izm->.
трюизм < truism = suffixe auto-accentué <-izm->.
холизм < holism = suffixe auto-accentué <-izm->.
чартизм < chartism = suffixe auto-accentué <-izm->.
эвфуизм < euphuism = suffixe auto-accentué <-izm->.
экстраверт < extravert = préfixe post-accentué <ekstra->.
эскапизм < escapism = suffixe auto-accentué <-izm->.
юморист < humorist = suffixe auto-accentué <-ist->.
116 ROGER COMTET

ANNEXE VI
Appartenance a un ensemble paronymique
актуарий < actuary = /-ár'ij/ ку-клукс-клан < ku-klux-klan = /-án-/.
алгол < algol (acronyme de мальтоза < maltose = l-óz-l + <-a>.
algorythmic language) = /-Ó1-/. минитмен < minute-man = /-mén-/.
аллигатор < alligator = /-átor-/ мониторинг < monitoring = /-ing-/
армрестлинг < arm-wrestling = /-ing-/ préaccentué,
préaccentué. ныо-гемпширы/нью-гймпширы <
аррорут < arrow-root = /-ut-/, New-Hampshire = /-ír-/.
атолл < atoll = /-Ó1-/. оппозйтный < opposite = Ait-/ + <n-
аутбрйдинг < outbreeding = /-ing-/ qj>.
préaccentué, орпингтон < Orpington = /-ón-/.
аутригер < outrigger = /-ger-/ паэрлифтинг < powerlifting = /-ing-/
préaccentué. préaccentué.
бадминтон < badminton = /-on-/, пермаллой < permalloy = Aój-A
баронет < baronet = /-et-/, персептрон < perceptron = /-ón-/.
бейсбол < baseball = 1-61-1. пиджак < pea-jacket = /-ák-/,
блювал < blue whale [blu: weil] = Aál- пикап < pick-up = Aáp-A
/ (hybridation avec le norv. hval). поташ < potash = Aáš-A
бодибилдинг < body-building = /-ing-/ пульсары < pulsars = Aár-/.
préaccentué, пушбол < pushball = Aól-/.
булйт < bullet = Ait-/, радар < radar = Aár-/.
бутлегер < bootlegger = /-ger-/ райграс < rye grass = Aás-A
préaccentué, реглан < reglan = Aán-A
винчестер < Winchester = /-ter-/ рекорд < record = Aórd-A
préaccentué. релевантный < relevant = Aánt-/ +
волейболл < volleyball = /-Ó1-/. <-n-oj>.
гайдроп < guide-горе = /-óp-/. рок-н-ролл < rock an roll = Aó-A
гандбол < handball = /-Ó1-/. рэкетир < racketeer = Aír-A
гемшйры < Hampshire = Aír-A рэлей < Rayleigh = Aéj-/.
грейп-фрўт/грейп-фрут < grape-fruit сельсин < selsyn = Aín-A
= /-út-/. сериал < serial = Aál-A
детектив < détective = /-iv-/, сильфон < sylphon = Aón-/.
джаз-банд <jazz-band = /-ánd-/. синглеты < singlet = Aét-A
диксикрат < dixiecrat = /-rát-/, синерама < cinerama = Aám-/ + <-a>.
импеданс < impedance = /-áns-/. скейтборд < skateboard = Aórd-A
имплицитный < implicit = /-ítn-/<oj>. смокед-шйт/смокед-шит < smoked-
индепенденты < independent = /-ént-/. sheet = Ait-/.
йоркширы < Yorkshire = Aír-A спаниели < spaniel = Aéľ-A
квазары < quasar = /-ár-/, спидвей < speed-way = Aéj-A
кетгўт < catgut = l-út-l. спортсмен < sportsman = Amén-A
киднап < kidnap = /-áp-/. стюардесса < stewardess = Aés-/ + <-
кингстон < kingston = /-ón-/. a>.
кобол < cobol = /-Ó1-/. супермен < superman = Amén-A
колледж < college = Aédž-A терминал < terminal = Aál-A
комендор < commander = /-от-/. титестер < teatester = Aster-/
коммодор < commodore = Aór-A préaccentué.
комфорт < comfort = /-ort-/, тобогган < toboggan = Aán-A
коффердам < cofferdam = /-ám-/. торпидный < torpidus = consonne + /-
крокет < croquet = /-et-/, j
кроссворд < cross-word = /-órd-/. тред-юнионы < trade unions = Aón-A
L'ADAPTATION ACCENTUELLE DES EMPRUNTS 117

троллейбус < trolley bus = /-bus-/ хулиган < hooligan = Aán-A


préaccentué. чайнворд < chain-word = attraction
фактория < factory = Aóťij-/ + <-a>. paronymique de кроссворд.
фарад < farad = /-ád-A чарльстон < charleston = Aón-A
фарадей < Faraday = Aéj-A чемпион < champion = Aón-A
фелония/фелония < felony = /-ón'ij/ + шропшйры < Shropshire = Aír-A
<-a> ou /-on'ij/ + <-a>. экскаватор/акскаватор < excavator =
фешенебельный < fashionable = /- Aátor-A
ébeľ-/ + <-n-> + <-oj>. эксплицитный < explicite = Ait-/ + <-
фольклор < folk-lore = I-ÓT-I. j
фортран < fortran = /-án-A элевоны < elevon = Aon-/,
фурлбнг < furlong = Aóng-/. эпсомйт < epsomit = Ait-/,
футбол < football = Aól-A эскалатор < escalator = Aátor-A
хайвей < highway = Aéj-A яхтсмен < yachtsmen = Amén-A
хоккей < hockej = Aéj-A

ANNEXE VII
Rôle de la longueur vocalique de l'anglais
1. Écarts s'expliquantpar la longueur de syllabes inaccentuée en anglais (ces
syllabes sont soulignées, la voyelle accentuée figurant en caractères gras)
банкноты < banknp_te ['baenknaut] (le ленд-лйз < land-le_ase
lexème indépendant « банк » ne лендлорд < landlord
peut influer ici sur l'accent car il миксббрдер < mixborder
est placé en première position). напалм < napalm
букмекер < book-ігщкег оп-арт < op art
булдозер <bulldoser оп-тайп <optype
газгольдер <gashp.lder офсайд < off side
герефорды < Herefojd офф-шор < off shoje
Гольфстрим < Gulf Strgam планкшйр <plank-sheer
гуттаперча <guttape_rcha поп-арт < pop-art
интроверт < introvert пресс-релиз < press-relfiâse
кенгуру < kangaroo пуловер <pull-over
керосин < kereosejie рефери < réfères
коверкот <covercûât скотленд-ярд < Scotland
коктейль < cocktail стриптиз <striptgase
конкорс < concojirse ширстрек < sheer-strake
кроссбридинг < crossbre_e_ding экономайзер < economizer

2. Écarts s'expliquant par la tendance du russe contemporain à accentuer la syl:


labe médiane du mot.
бестселлер < bestseller нью-гемпшир/нью-гемпшир < New
голкипер < goąl-keeper Hampshire
джерримендеринг < genymandering патерностер <paternoster
канистра «ccanister пенальти < penalty
клейдесдали < Cly.desdale род-айланд/род-айленд < Rhp.de-
лизгольдеры < lęaseholder Island
мимикрия <mimicry спирйчуэл/спйричуэл < spiritual
нокаут < knock-out тайм-чартер < time charter
нокдаун < knock-down тинайджер < tgen-ager
ноу-хау/ноу-хау < know-how турнодозер < tum(o)do.zer
118 ROGER COMTET

фригольдеры < fr£e_ho_lder экзйна < exine


хали-гали/хали-гали < hulli-guUi

ANNEXE Vni
Vocables résiduels
ньюфаундленд/ньюфаундленд < Newfoundland, фристайл < freestyje et хеппи-
анд < happy-end
= hypercorrection ou snobisme passager, c'est-à-dire renforcement du caractère
étranger du vocable par accentuation fautive de la dernière syllabe, indépendamment de
tout autre facteur ?

RÉSUMÉ
THE ACCENTUAL ADAPTATION OF ANGLO-AMERICAN
LOAN WORDS IN RUSSIAN
This article deals with an analysis of the Russian word stress in Anglo- American loan
words ; this analysis is based on the new Russian Contemporary Dictionary ofForeign Words
published in 1992. In about one third of the English loan words mentioned by this dictionary
we can notice a shift of the word stress from English to Russian. In most of the nouns this
shift can be explained by the Russian system of composition, affixation and stressing, rather
than by a false perception of the English word stress by a Russian ear. This adaptation
appears as the main way of phonological naturalization of English words in Russian and its
efficiency leads to consider the danger of the so-called « Americanization » of the Russian
language to-day with scepticism.

(Université de Toulouse-Le Mirail)

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