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ÉLÉMENTS DE PHONÉTIQUE
FRANÇAISE
*
NOTIONS DE LEXICOLOGIE
FRANÇAISE
Avant-propos …………………………………………………………. 7
Première partie
ÉLÉMENTS DE PHONÉTIQUE FRANÇAISE
(Emilia Bondrea, Tamara Ceban, Anca Dorobanţu)
1. Introduction. L’objet de la phonétique …………………………….. 9
2. Les unités phonétiques segmentales et suprasegmentales ……….… 19
3. Le système vocalique …………………………………………….... 30
4. Le système consonantique …………………………………………. 46
Notions clés – index ………………………………………………….. 63
Exercices ……………………………………………………………... 65
Bibliographie séléctive ……………………………………………….. 68
Deuxième partie
NOTIONS DE LEXICOLOGIE FRANÇAISE
(Janeta Drăghicescu)
I. Introduction. L’objet de la lexicologie …………………………….. 69
II. La formation des mots …………………………………………….. 89
1. La dérivation …………………………………………………. 89
2. La composition ……………………………………………….. 161
Exercices ……………………………………………………………... 187
Bibliographie …………………………………………………………. 191
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AVANT-PROPOS
Les auteurs
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PREMIÈRE PARTIE
ÉLÉMENTS DE PHONÉTIQUE FRANÇAISE
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De même, les nasales:
/Α)/
/Ε)/ / )/
/↵)/ /œ/
Il s’ensuit que le français comporte 16 voyelles étant l’une des
langues les plus riches à cet égard. Le roumain n’en a que 7, donc
moins de la moitié.
Pour conclure, la phonologie est l’étude des différences de sons
correspondant à des différences de sens, alors que la phonétique étudie
les sons du point de vue de leur forme sonore; un phonème est une
unité abstraite, définie par rapport à un système linguistique, alors
qu’un son (l’objet d’étude de la phonétique) est une unité concrète,
descriptible en soi (par rapport à ses modalités d’articulation).
Code oral/code écrit. La langue naturelle comporte deux faces:
sonore et graphique. La forme sonore (code oral) coexiste avec une
forme graphique (code écrit). Le code écrit dispose d’un inventaire de
signes graphiques (graphèmes) qui se répartissent en lettres et en
signes de ponctuation. L’alphabet français compte 26 lettres, dont
6 voyelles et 20 consonnes:
Aa N èn
B bé Oo
C cé P pé
D dé Q ku
E eu R èr
F èf S ès
G gé T té
H ach Uu
Ii V vé
J ji W double vé
K ka X iks
L èl Y i grec
M èm Z zed
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À ces lettres s’ajoutent les diacritiques:
– les accents: l’accent aigu (́) é, l’accent grave (̀̀) à, è, ù,
l’accent circonflexe (ˆ), â, ê
– la cédille sur c: ç
– le tréma ¨: ë, ï, ü.
Les deux codes se réalisent différemment d’une langue à l’autre.
Il y a des langues à écriture phonétique (le roumain) où la forme
graphique est l’image fidèle de la forme sonore. Et des langues à
écriture étymologique (le français) où entre la forme graphique et la
forme sonore il y a un décalage, dû à l’évolution historique de la langue.
L’ORTHOGRAPHE peut être définie comme l’ensemble des
règles et des usages qui régissent la manière d’écrire correctement les
mots d’une langue
Voici les principes de l’orthographe :
1. Le principe phonétique, selon lequel un son est transcrit par
une seule lettre, prononcée en tant que telle: bec, or, partir,
verdir, avec etc. Ce principe, qui est largement appliqué dans
une orthographe, comme celle du roumain, est moins illustré en
français.
2. Le principe syllabique, c’est-à-dire on transcrit un son par plus
d’une lettre. Ainsi, dans car, la lettre c reproduit la consonne
occlusive, sourde et palatale. Combinée avec la lettre h, elle
forme un groupe de deux lettres, ch qui transcrit la sifflante [∫]
sourde: cheval, champion, chien, chanter, achever, touchant,
chez etc. Ce fait a à l’origine un vrai principe syllabique, car c
latin suivi par a s’est transformé en /ts/, puis en /∫/: cantare >
chanter, caballus > cheval. En roumain, les groupes ci, gi notent
les sons affriqués en question. Toute l’écriture des nasales fran-
çaises est là: an = /Α)/; bon = /bõ/; in(+ consonne) = /ε)/ dans
vin. Il en est de même pour les voyelles; ainsi ai transcrit le
pho-nème /ε/, oi le diphtongue /wa/, eu le phonème /Ο/ dans je
peux, mais /œ/ dans fleur. Un autre aspect de ce principe se
rapporte à la valeur différente d’une lettre en raison de la
combinaison où elle se trouve: ainsi, la lettre c suivi de e ou i,
reproduit le son s (comme dans sac): cercle, cerise, cire,
parcelle, certain, cité, ciseau, civil, celui-ci etc. Parallèlement,
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on a la situation de g: dans garder, gonfler, gourde il a la valeur
du /g/, alors que dans gerbe, giboulée, gibier, il reproduit un
/Ζ/. C’est le cas du s intervocalique: dans maison, plaisir il note
le phonème /z/, tandis que dans sac, soc, c’est un /s/. Pour noter
un [s] intervocalique, il faut recourir à un double s ou bien à ç:
passer, maçon.
3. Le principe morphologique est très important pour l’ortho-
graphe roumain, où l’on doit tenir compte de la reproduction du
radical. Ainsi gheaţă s’écrit avec ea, bien que prononcé ghi,
pour garder la notation du radical présente dans gheţuş, îngheţ,
îngheţa. C’est la même chose pour ci: dans cine l’écriture est
normale, mais dans ceapă on écrit avec e pour garder l’unité de
la racine se retrouvant dans cepe. En français on a les cas des
adjectifs dans la finale desquels on écrit une consonne au
masculin bien qu’elle ne se prononce pas, pour marquer l’unité
avec le féminin où elle se prononce: grand-grande, petit-
petite. C’est la même situation pour les noms rapportés aux
verbes, comme dans chant-chante, ou pour le paradigme d’un
même verbe: il part-nous partons.
4. Le principe syntactique se retrouve dans l’écriture différente
des mots, selon leur fonction dans la phrase; bien fait réunit
l’adverbe et le nom écrits séparément en tant que deux mots,
alors que bienfait est un nom composé, dont les deux éléments
sont soudés. De même, surtout est un adverbe unitaire, tandis
que dans sur tout le territoire, sur est une préposition et tout
un adjectif indéfini.
5. Le principe historique est très important pour le français. Au
cours de son histoire, la prononciation a changé, mais l’écriture
n’a pas suivi le pas; par esprit de tradition on a gardé l’orthographe
ancienne. C’est le cas des phonèmes /Ο/ et /œ/ qui sont
transcrits tous les deux par eu dans heureux, je peux et dans
fleur, il meurt. À l’origine, c’est un principe syllabique qui a
déterminé le changement des sons latins en raison de la nature
de la syllabe où ils se trouvaient. La diphtongue oi était
prononcée telle quelle en langue ancienne; sa prononciation a
évolué vers /we/, puis /wa/, mais l’écriture n’a pas changé: loi,
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moi etc. Une autre évolution a abouti à ai comme dans les
imparfaits des verbes: chantais, [aj] en ancien français, puis la
prononciation a été /∫Α)twe/ avec l’écriture chantais, qui note
aujourd’hui le /ε/. Là encore ce fut à l’origine un principe
syllabique.
6. Finalement, le principe étymologique renvoie à l’écriture qui
garde des sons latins, disparus par la suite: on écrit doigt avec g
pour marquer son étymon digitus et vingt son étymon – viginti,
temps rapporté à tempus. On a aussi des phases intermédiaires,
mais l’écriture reste à peu près la même: en latin, le c de celum
(caelum) se prononçait /k/, est devenu en ancien français /ts/
comme en roumain, ţară. Entre temps, /ts/ est passé à /s/, mais
l’écriture est restée très proche de celle latine: ciel. Mais on a pu
se tromper et on a abouti à des fausses étymologies; ainsi,
poids provient du latin pensum, de la famille de pensare (> fr.
peser); on l’a faussement rattaché à pendo, d’où le d (poids).
Les unités qui servent à noter un phonème son appelées gra-
phèmes. Ceux-ci se réalisent par une ou plusieurs lettres qui marquent
un seul phonème. Dans bec, ma, par chaque graphème reproduit un
phonème. Selon le principe syllabique, on a des graphèmes formés de
deux lettres qui notent un seul phonème: ch, eu, ou, au, ph etc.
Pour ce qui est de l’ensemble des critères, en français l’emporte
le principe historique. Voici un fragment qui illustre bien cette proportion:
Pierrot fit semblant de regarder, mais il ne voulut pas voir. Il y
avait bien une guérite devant laquelle se bousculaient des bonnes
gens: il fixa autre chose, ailleurs, au-dessus, oui là-bas, une feuille
d’arbre tout à l’extrémité d’une branche, celle-là plutôt qu’une autre…
(Raymond Queneau, Pierrot mon ami, p. 176)
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Sur un ensemble de 48 mots, on a 22,91% de mots écrits selon le
principe phonétique, 10,41% et 66,66% selon le principe historique.
Le code oral de la langue est noté dans un système de notation
phonétique: l’Alphabet Phonétique International (API). Le système
de règles de transcription phonétique repose sur un double principe:
un son ne peut être noté que par un signe/ un signe ne peut représenter
qu’un son.
Transcription des sons du français
en Alphabet Phonétique International
Voyelles
[i] – idée, abîme, maïs
[e] – été, effort, quai
[ε] – sec, mère, faible
[y] – usage, mûr, aiguë
[u] – ouvert, où, gout
[ø] peu, jeune, vœu
[œ] peur, seuil, sœur
[ə] le, venir, appartement
[o] dos, chose, vos, eau
[ ] homme, votre, Paul
[a] là, achat, moi
[Α] pas, sable, tâche
[Α)] dans, ennui, remplir
[õ] long, ombre, son
[Ε)] fin, impossible
[œ)] un, chacun, parfum
Consonnes
[p] père, pipe, stop
[b] bord, robe, snob
[t] tout, été, sept
[d] deux, aider, aide
[k] car, chaos, kilo
[g] gare, aigre, second
[f] feu, effort, chef
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[v] veuf, cave, wagon
[s] sel, assez, garçon
[z] zéro, rose, dix-huit
[∫] chef, vache, short
[Ζ] jeux, ajouter, cage
[l] lion, aller, sol
[{] riche, rare, sort
[m] moi, aimer,
[n] nous, âne
[⎠] signe, peigner
Semi-consonnes
[j] hier, oeil, liane
[⎜] huit, nuage, tuer
[w] oui, moitié, moi,
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[] crochets qui encadrent les sons et les énoncés transcrits en
alphabet phonétique.
L’appareil phonatoire. La production des sons (la phonation)
est réalisée grâce à l’appareil phonatoire, celui-ci étant formé de trois
sous-ensembles d’organes: l’appareil respiratoire (poumons, source
de la colonne d’air expulsé, nécessaire à la phonation), le larynx (organe
essentiel de la production des sons, puisqu’il contient les cordes
vocales, qui, par vibration de l’air, produisent la voix), les cavités
supraglottiques (cavités pharyngale, buccale, nasale et labiale, qui sont
des cavités d’articulation et de résonance de l’appareil phonateur). Les
principaux résonateurs de l’appareil phonatoire sont la cavité buccale
et la cavité nasale. Les sons sont produits par le passage d’une colonne
d’air venant des poumons, qui traverse les résonateurs de l’appareil
phonatoire. La présence ou l’absence d’obstacles sur le parcours de la
colonne d’air modifie la nature du son produit. La nature de ces obs-
tacles constitue en même temps un critère de classification des sons.
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Le groupe de souffle (groupe respiratoire) représente les mots
articulés entre deux inspirations. Cette unité a une longueur phonique
relative, qui dépend de plusieurs facteurs: capacité respiratoire du
sujet parlant, vitesse du débit verbal du sujet parlant, cohérence
logico-syntaxique, expressivité et conditions extra-linguistiques (bruits,
parasites, facteurs psychologiques). Ce groupe s’accompagne d’un
contour mélodique (ton montant ou descendant) en fonction du
nombre d’unités phonétiques qui composent chaque groupe. Dans la
graphie, la pause de groupe respiratoire est marquée par les signes de
ponctuation: [.] , [;] , [:].
Le groupe rythmique est le plus petit groupe de mots pourvu
de signification, délimité par une pause brève ou le plus souvent par
une rupture tonale caractérisée par une courbe mélodique spécifique
(ton montant ou descendant). Autrement dit, «toute suite de mots qui
exprime une idée simple et unique et qui n’a d’accent que sur sa dernière
syllabe» (M. Grammont, Traité de phonétique, Delagrave, Paris, 1965,
p. 105). Dans la graphie, le groupe rythmique est marqué par la
virgule. Il peut coïncider avec un groupe de souffle court, mais de
façon générale le groupe de souffle contient plusieurs groupes ryth-
miques. Dans le groupe rythmique l’accent tombe toujours sur la der-
nière syllabe du dernier mot. Le groupe rythmique peut avoir plusieurs
structures:
1. prédéterminant + nom:
un étudiant [œ)ne´tydjΑ)]
des arbres [deza´{b{]
nos amis [n za´mi]
ses succès [sesyksε]
quelque chose [kεlkəΣo: z]
plusieurs fois [plyzϕœ: {fwa]
2. préposition + prédéterminant + nom:
sans un sou [sΑ)zœ)su]
sous le ciel [suləsjεl]
dans un endroit [dΑ)zœ)nΑ)d{wa]
3. prédéterminant + déterminant + nom:
les grandes choses [leg{Α)dΣo: z]
les petits enfants [leptizΑ)fΑ)]
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4. préposition + prédéterminant + déterminant + nom:
pour nos petits soucis [pu{n pətisusi]
avec ses propres mains [avεksep{o{mε)]
5. prédéterminant + nom + préposition:
un cri d’effroi [œ)k{idεf{wa]
les jours d’antan [leΖu: {dΑ)tΑ)]
6. prédéterminant + nom + déterminant:
un rire stupide [œ){i{stypid]
une chose délicate [ynΣo: zdelikat]
une mère douce [ynmΕ: {du: s]
7. prédéterminant + déterminant + nom +déterminant:
un gros flocon blanc [↵)g{oflok )blΑ)]
un long bec aigu [œ)l )bεkεgy]
Sauf ces structures, il existe des groupes rythmiques ayant un
pronom sujet et le verbe accompagné d’un de ses déterminants:
1. pronom sujet + verbe:
tu chantes [tyΣΑ): t]
ils écoutaient [ilzekutε]
2. pronom sujet + verbe à la forme négative:
nous ne parlons pas [nunəpa{l )pΑ]
il ne voit plus [ilnəvwaply]
3. pronom sujet + auxiliaire + participe passé/infinitif:
vous avez travaillé [vuzavet{avaje]
il veut apprendre [ilvΟtap{Α)d{]
4. pronom sujet + pronom complément + verbe (forme simple ou
composée):
il nous parle [ilnupa{l]
ils leurs disent [ill↵: {di:z]
il nous a dit [ilnuzadi]
nous les avons remerciés [nulezav ){əmε{sje]
5. pronom sujet + pronom complément + verbe (+ négation):
il ne me parle pas [ilnəməpa{lpΑ]
vous ne nous écrivez pas [vunənuzek{ivepΑ]
6. pronom sujet (+ pronom complément) + adverbe + verbe:
nous l’avons mal compris [nulav )malk )p{i]
il nous parle toujours [ilnuparltuΖu: {]
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La segmentation en groupes rythmiques est très importante pour
l’articulation des énoncés français.
Cela est d’autant plus important pour les étudiants roumains qui
ont des réflexes articulatoires roumains fondés sur la dynamique de
l’accent tonique roumain, qui ne détermine pas toujours des groupements
rythmiques évidents.
La syllabe est le plus petit segment de la chaîne parlée que l’on
émet au cours d’une phonation. Au point de vue de la structure, la
syllabe peut être constituée par une voyelle ou par une voyelle accom-
pagnée d’une ou plusieurs consonnes. Le point maximum de l’effort
articulatoire syllabique se place sur le noyau (centre) de la syllabe, qui
est toujours une voyelle. Toutes les voyelles françaises peuvent remplir
la fonction de noyau syllabique. La seule voyelle qui présente un statut
particulier est le e muet. Les syllabes servent de composantes à des
unités plus grandes, tels les mots, les groupes accentuels, les syntagmes
etc. La structure syllabique est l’une des caractéristiques phonétiques
de la langue. Il existe en français des syllabes de différents types:
voyelle (V), -à, a
consonne-voyelle (CV), -tu, se.
consonne-consonne-voyelle (CCV), -cri, ski
voyelle-consonne (VC), -il, or
consonne-voyelle-consonne (CVC), -car, sec
Suivant leur structure formelle (la nature du son final), il y a deux
types de syllabes: syllabe ouverte (se termine par une voyelle prononcée)
parler [pa{-´le]
dictée [dik-´te]
et syllabe fermée (se termine par une consonne prononcée):
finir [fi-´ni: {]
toujours [tu-´Ζu: {]
En tenant compte de l’accentuation, il y a des syllabes accentuées
(toniques) et des syllabes non-accentuées (atones). La syllabe accentuée
se caractérise par son intensité articulatoire, son niveau tonal (haut ou
bas) et par la durée de son noyau vocalique (voyelle allongée).
La division en syllabes se fait d’après certaines règles ou habi-
tudes syllabiques. Voici les principales règles de la syllabation française:
1. Une consonne entre deux voyelles passe à la deuxième voyelle:
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sauter [so-te]
chapeau [Σa-po]
couteau [ku-to]
ôter [o-te]
2. Les consonnes doubles appartiennent à la voyelle qui la suit:
aller [a-le]
donner [d -ne]
annoncer [a-nõ-se]
errer [e-{e]
frapper [f{a-pe]
Remarque: Font exception à cette règle les verbes en – ir – au
futur et au conditionnel et les mots du type:
illusion [il-ly-zj )]
illuminer [il-ly-mi-ne]
imminence [im-mi-nΑ):s]
inné [in-ne]
irresistible [i{-{e-zis-tibl]
je verrai [Ζə-vε{-{e]
tu pourrais [ty-pu{-{ε]
3. Deux consonnes différentes placées entre deux voyelles se
dissocient dans des syllabes différentes:
tester [tεs-te]
parfum [pa{-fœ)]
partir [pa{-ti{]
balcon [bal-k )]
Remarques:
1. Les groupes consonantiques muta cum liquida ne se dissocient
jamais. Ils passent à la voyelle qui suit:
capable [ka-pabl]
découvrir [de-ku-v{i: {]
spectacle [spεk-takl]
2. Une consonne suivie d’une semi-voyelle ne se dissocie jamais:
traduire [t{a-d⎜i{]
avouer [a-vwe]
assiette [a-sjεt]
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3. Les groupes de trois consonnes écrites se dissocient après la
deuxième consonne:
compter [k )-te]
transporter [t{Α)s-p {-te]
ventral [vΑ)t-{Αl]
4. Les groupes de quatre consonnes écrites se dissocient après la
deuxième consonne:
instruit [ε)s-t{⎜i]
instrument [ε)s-t{y-mΑ)]
5. Deux semi-voyelles se dissocient en syllabes différentes:
nous travaillions [nu-t{a-vaj-j )]
vous croyiez [vu-k{waj-je]
Les jonctions syllabiques (enchaînement et liaison). L’enchaî-
nement est de deux types: consonantique et vocalique.
L’enchaînement consonantique – définition: lorsqu’un mot se
termine par une consonne prononcée et que le mot suivant commence
par une voyelle, la consonne finale du premier mot devient initiale du
mot suivant. Cet enchaînement se fait essentiellement dans un groupe
rythmique:
il accepte [il´aksεpt]
avec intérêt [avε´kε)te{ε]
quel homme [kε´l m]
cette étudiante [sεte´tydiΑ)t]
Le mot qui précède se terminant par le groupe «muta cum
liquida» s’enchaîne avec la voyelle initiale du mot qui suit, formant
une seule syllabe:
notre enfant [n t{Α)´fΑ)]
un spectacle admirable [œ)spεktakla´dmi{abl]
L’enchaînement vocalique – définition: lorsqu’un mot se termine
par une voyelle prononcée et que le mot suivant commence par une
voyelle, il n’y a pas d’arrêt de la voix entre les deux voyelles: les deux
voyelles sont enchaînées:
tu as appris [tyaap´{i]
tu as allumé [tyaaly´me]
tu as eu aussi [tyayo´si]
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L’enchaînement vocalique est fait entre une voyelle ou le [h]
muet et la voyelle du mot qui suit, si ce dernier mot commence par un
h aspiré:
le hêtre [ləε´t{]
les hêtres [leε´t{]
la hardiesse [la´a{diεs]
La voyelle oralo-nasale du mot qui précède s’enchaîne avec la
voyelle initiale du mot qui suit, si le mot commence par un h aspiré:
un hêtre [↵)εt{]
un héros [œ)e´{o]
L’enchaînement se fait entre l’adverbe quand à la forme
interrogative avec le mot qui suit commençant par une voyelle:
quand est-il venu? [ka)εt´il v↔’ny]
quand a-t-elle dit cette chose? [kΑ)a´tεldisεt´∫o:z]
La liaison est un cas particulier de l’enchaînement, qui se fait
entre la consonne finale d’un mot et la voyelle prononcée du mot suivant,
lorsque celui-ci commence par une voyelle ou un h muet. Il y a des
liaisons obligatoires, des liaisons interdites et des liaisons facultatives:
fait-il? [fεtil]
vient-il? [vjε)til]
trop arrogant [t{opa{ogΑ)]
les hommes [lez m]
A. Liaisons obligatoires
a) Liaison entre les pronoms personnels sujets: on, nous, vous,
ils, elles et le verbe qui suit commençant par une voyelle ou un h muet:
on entend [ )nΑ)´tΑ)]
nous irons [nuzi´{ )]
vous aimez [vuzε´me]
ils acceptent [ilza´ksεpt]
elles estiment [εlzε´stim]
b) Liaison entre le déterminant ou l’adjectif d’une part, et le nom
ou l’adjectif d’autre part:
les hommes [lez´ m]
aux armes [oza´{m]
les autres garçon [lezo´t{ga{s )]
deux enfants [dΟzΑ)´fΑ)]
cet ami [sεta´mi]
ces événements [sεze´venmΑ)]
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tout acte [tutakt]
certains immeubles [sε{tε)zi´m(m)œbl]
tes affaires [teza´fε{]
c) Liaison après c’est et il est impersonnel:
c’est adorable [sεta´d {abl]
il est injuste [ilεt´Ε)Ζyst]
d) Liaison entre les prépositions et les adverbes monosyllabiques:
sans espoir [sãzε ´spwa{]
sous une étoile [suzyn´etwal]
dans un endroit [dãzœ)nd{wa]
pas avant [pΑza´vã]
tout entier [tutΑ)´tje]
moins important [mwε)zε)´p {tΑ)]
assez aimable [asezε´mabl]
e) Liaison avec la plupart des mots composés et des locutions:
de temps en temps [dətΑ)zΑ)tΑ)]
vis-à-vis [viza´vi]
les Champs-Élysées [le*SΑ)ze´lize]
les Etats-Unis [le*zeta´zyni]
B. Liaisons recommandées
a) Liaison entre le verbe et le nom ou l’adjectif attribut:
je suis étudiant [Ζəs⎜ize´tydjΑ)]
il est enfant [ilεtΑ)´fΑ)]
nous sommes acteurs [nus mza´ktœ{]
b) Liaison entre les verbes auxiliaires à la 3 personne et le par-
ticipe passé:
il est entré [ilεtΑ)´t{e]
elle avait affirmé [εlavεta´fi{me]
c) Liaison après quand et dont:
quand il entre [kΑ)tilΑ)t{]
dont elle parle [d )tεlpa{l]
C. Liaisons interdites
a) Liaison devant h aspiré:
les héros [lee{o]
des Hongrois [de* )g{wa]
b) Liaison après la conjonction et:
il arrive et il entre [ila{iveilΑ)t{]
c) Liaison après les prépositions: vers, envers, à travers, selon:
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vers un champ [vε{œ)∫ã]
à travers un bois [at{avε{œ)bwa]
d) Liaison après la désinence –es de la 2 personne du singulier
de l’indicatif présent et du subjonctif présent et après le verbe avoir à
la 2 personne du singulier:
tu entres en salle [tyãt{ãsΑl]
que tu chantes encore [kəty∫Α)tΑ)k {]
tu as une mère [tyaynmε: {]
e) Liaison après les numéraux: huit, onze, cent et un:
les huit amis [le⎜itami]
les onze abeilles [le )zabεj]
cent une feuilles [sΑ)ynfœj]
D. Liaisons facultatives
Les liaisons sont facultatives après les verbes auxiliaires, les
infinitifs, les participes passés, après un prédéterminant:
ils font un plan [ilf )tœ)plΑ)]
les élèves attentifs [lezelεvzΑtΑ)tif]
ils ont ouvert [ilz )tuvε{]
L’accent
L’accent consiste dans la force plus grande avec laquelle on
articule une des syllabes du mot. On distingue accent d’intensité
(accent tonique) et accent d’insistance. L’accent tonique est l’accent
normal du français et qui marque toujours la dernière voyelle
prononcée (dernière syllabe du mot). L’accent d’insistance met en
relief tel ou tel mot pour des raisons logiques et/ou affectives.
L’accent tonique est plutôt un accent de groupe que de mot, il quitte
donc le mot, en se déplaçant sur la dernière syllabe du groupe, lorsque
le mot entre dans une phrase. Les mots qui peuvent porter l’accent
tonique sont de mots dits «lexicaux ou pleins» (noms, adjectifs,
verbes, adverbes). En français l’accent a le rôle de mettre en valeur
une syllabe du mot:
tomber [t )´be]
laisser [lε´se]
chapeau [Σa´po]
français [f{Α)´sε]
calamité [kalami´te]
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La voyelle de la syllabe accentuée devient plus longue, c’est-à-dire,
elle est prononcée deux fois plus longue que le reste des voyelles du
même mot. Cette différence est marquée par l’intensité, la durée et le ton.
L’intensité de la voyelle accentuée en français est considéré
négligeable, c’est-à-dire, elle diffère un peu de celles inaccentuées.
La durée de la voyelle accentuée «est deux fois plus longue que
les autres» (P. Léon, 1968:66).
En ce qui concerne le ton, le français est caractérisé par l’emploi
presque constant des tons montants sur les voyelles finales de groupes.
(P. Léon, 1968:66).
L’accent d’insistance se place sur la première syllabe du mot
accentué dans un groupe rythmique, pour insister sur ce mot; la
consonne respective est marquée par une attaque plus forte:
C’est formidable!
C’est un misérable!
C’est impossible!
L’accent d’insistance a le rôle de remettre en évidence la voyelle,
d’allonger ou même de redoubler la première consonne du mot. Alors,
la première syllabe est prononcée sur un ton montant.
L’intonation
L’intonation ou la mélodie de la phrase est définie comme la
courbe mélodique du groupe ou des groupes rythmiques qui composent
une phrase. Selon les types de phrase, on distingue: l’intonation de la
phrase énonciative (assertive), l’intonation de la phrase interrogative,
l’intonation de la phrase impérative, l’intonation de la phrase exclamative.
Chaque phrase a son mouvement musical et on représente gra-
phiquement la courbe de la mélodie par une flèche.
La mélodie ou l’intonation diffère selon le type de phrase.
Pour la phrase énonciative on a d’habitude deux groupes ryth-
miques: la première partie se caractérise par une mélodie ou un ton
montant et la deuxième se caractérise par un ton descendant.
28
La mère appelle ses deux fils.
[lamε: {´apεlsedΟ‘fis]
Sont-elles arrivées?
[s )tεla{ive]
Quand venez-vous?
[kΑ)vəne´vu]
Pourquoi pleurez-vous?
[pu{kwaplϫ{evu]
Quelle horreur!
[kεl {œ{]
Entrez!
[Α)t{e]
Comment?
[k mΑ)]
C’est vrai?
[sεv{Ε]
Allo!
[alo]
3. LE SYSTÈME VOCALIQUE
Les voyelles françaises au nombre de 16 se caractérisent par les
traits articulatoires suivants:
– antérieures ou postérieures:
Les voyelles sont antérieures ou postérieures selon leur point
d’articulation, c’est-à-dire, la région du palais vers laquelle la langue
se soulève.
On appelle aussi les voyelles antérieures – palatales parce que
la langue se soulève vers la partie dure du palais, et les voyelles posté-
rieures – vélaires parce que la langue se soulève vers la partie molle
du palais.
– orales ou nasales:
30
Les voyelles orales sont celles pour lesquelles l’air s’échappe
seulement par la bouche.
Les voyelles nasales sont celles pour lesquelles le souffle s’échappe
à la fois par la bouche et par le nez.
– labiales (arrondies) ou non-labiales (non-arrondies):
Les voyelles sont dites labiales quand on les prononce en
arrondissant les lèvres projetées en avant.
Les voyelles sont dites non-labiales quand les lèvres ne parti-
cipent pas à leur prononciation.
– ouvertes ou fermées/ mi-ouvertes ou mi-fermées :
Pour la prononciation de ces voyelles (ouvertes ou fermées), les
mâchoires peuvent être plus ou moins écartées, et la langue plus ou
moins éloignée du palais.
Les semi-voyelles sont au nombre de trois: [j] le yod, [⎜] le ué,
[w] le oué.
ANTÉRIEURES POSTÉRIEURES
Ouvertes Ouvertes
Fermées Fermées
Orales Nasales Orales Nasales
Non [i] si [ε] mer [Ε)] pin
labiales [e] dé [a] date
Labiales [y] vu [œ] leur [œ)] un [u] ou [ ] [ )] on
[ø] feu [o] ose note [Α)] an
[Α]
[ə] gredin bas
1
Le tableau ci-dessus a été emprunté à Maurice Grevisse, Le bon
usage, Grammaire française, Ed. Duculot, Paris, 1993, p. 33.
31
ma [ma]
-à: déjà [deΖa]
là [la]
-â: dans les désinences des verbes du premier groupe
(au passé simple de l’indicatif, première et deuxième
personnes du pluriel et subjonctif imparfait, la troisième
personne du singulier).
nous dansâmes [nudΑ)sam]
vous dansâtes [vudΑ)sat]
- as : à la fin du mot:
bras [b{Α]
tu as [tya]
tu iras [tyi{a]
tu parlas [typa{la]
- dans la diphtongue – ail, - aille:
détail [detaj]
taille [taj]
- e : dans le mot femme [fam] et dans les formes adverbiales du
type: évidemment [evidamΑ)]; prudemment [p{ydamΑ)].
- dans la diphtongue – oi, - oî, - oy :
moi [mwa]
employé [Α)plwaje]
boîte [bwat], etc.
33
terre [tε{]
-è: père [pε: {]
-ê: forêt [f {ε]
- ai, aî : aigle [εgl]
maître [mε:t{]
- ai dans les terminaisons verbales de l’Imparfait: -ais; -ais; -ait;
-aient:
je donnais [Ζ↔d nε]
j’irais [Ζi{ε] – il en est de même pour le conditionnel
présent
-ei : peine [pεn]
- ai, aid, ait, ais, aix, aie dans les noms et les adjectifs:
raie [{ε]
mai [mε]
lait [lε]
paix [pε]
palais [palε]
laid [lε]
-et à la fin du mot, sauf la conjonction et:
cadet [kadε]
Du point de vue phonologique, les voyelles [e] fermée et [ε]
ouverte, en finale absolue sont en opposition phonétiques:
/e/ ~ /ε/
fée /fe/ ~ fait /fε/
les /le/ ~ lait /ε/
chanté /ΣΑ)te/ ~ je chantais / Ζ↔ΣΑ)tε/
allé /ale/ ~j’allais /Ζalε/
1.5. Voyelle [o] postérieure, labiale, fermée
Les graphies dans lesquelles on trouve cette voyelle sont les
suivantes:
- o en syllabe ouverte:
mot [mo]
gros [g{o]
34
- o en syllabe fermée devant [z] et [s]:
- au: rose [{o:z]
clause [klo:z]
fosse [fo:s]
- o devant la terminaison [sj )]:
notion [nosj )]
- au: chaud [Σo]
- eau: chapeau [Σapo]
-ô: rôle [{o: l]
- aô: Saône [*so:n]
1.6. Voyelle [ ] postérieure, labiale, ouverte
Pour cette voyelle correspondent les graphies suivantes:
- o devant consonne [{]; [g]; [Ζ]:
sort [s : {]
biologue [biol g]
besogne [b↔z ⎠]
- o en syllabe fermée: offre [ f{]
- au devant [{]: aurore [ { {]
- au en syllabe ouverte: mauvais [m vε]
dans les noms propres:
Maurice [*m {is]
Laurent [*l {Α)]
Maurois [*m {wa]
- au en sylabbe fermée:
dans les noms propres: Paul [*p l]
- um: album [alb m]
sauf parfum [pa{fœ)]
Du point de vue phonologique, l’opposition de [o] fermée / [ ]
ouvert sert à distinguer les mots ayant un sens différent:
/o/ ~ / /
Paule /*pol/ ~ Paul /*p l/
côte /kot/ ~ cote /k t/
1.7. La voyelle [ø] antérieure, labiale, fermée
35
Cette voyelle peut être prononcée dans les graphies suivantes:
- eu – en syllabe ouverte à la fin du mot:
jeu [Ζø]
-eu – dans les mots: feutre [føt{]
- eu – devant la consonne[z]:
peureuse [pΟ{ø: z]
- oeu – devant les consonnes finales qui ne sont pas prononcées:
bœufs [bø]
œufs [ø]
nœuds [nø]
Du point de vue phonologique, la voyelle [ø] fermée est en
opposition phonétique avec les voyelles [e] fermée et [o] fermée:
[ø] ~ [e] ~ [o]
nœud /n ø / ~ nez /ne/ ~ nos /no/
deux /d ø / ~ des /de/ ~ dos /do/
1.8. La voyelle [œ] antérieure, labiale, ouverte
Cette voyelle est rendue par les graphies suivantes:
- euil diphtongue: feuille [fœj]
- ueil diphtongue après les consonnes [k] et [g]:
accueil [akœj]
orgueil [ {gœj]
- oe dans le mot œil [œj] et ses dérivés:
œillet [œjε]
ils veulent [ilvœl]
- oeu: œuf [œf]
bœuf [bœf]
cœur [kœ{]
Les voyelles ouvertes [ε], [ ], [œ] sont en oppositions phonétiques:
/ε/ ~ / / ~ /œ/
sel /sεl/ ~ sol /s l/ ~ seul /sœl/
père /pε: {/ ~ port /p :{/ ~ peur /pœ: {/
1.9. La voyelle [ə] antérieure, labiale, moyenne
36
La voyelle [ə] est notée par les graphies suivantes:
– e – en syllabe ouverte:
lever [ləve]
– e dans les mots qui commencent par les préfixes de- et re-:
devoir [dəvwa: {]
recevoir [{əsvwa: {]
– e dans les mots qui sont précédés par une ou plusieurs
consonnes et suivis d’une consonne:
regard [{əga: {]
demande [dəmΑ)d]
regret [{əg{Ε]
– e dans les mots: le [lə]
me [mə]
te [tə]
se [sə]
– ai – dans certaines formes du verbe faire:
nous faisons [nufəz )]
faisant [fəzΑ)]
– on – dans le mot Monsieur [məsjø]
Du point de vue phonologique, la voyelle [ə] instable ou caduque
réalise les oppositions suivantes:
/ə/ ~ /e/
de /də/ ~ des /de/
ce /sə/ ~ ces /se/
/ə/ ~ /ε/
se /sə/ ~ il sait /ilsε/
me /mə/ ~ mais /mε/
/ə/ ~ /ø/
de /də/ ~ deux /dø/
ce /sə/ ~ ceux /sø/
/ə/ ~ /i/
de /də/ ~ dit /di/
se /sə/ ~ si /si/
/ə/ ~ /y/
le /lə/ ~ lu /ly/
37
se /sə/ ~ su /sy/
Les particularités de prononciation de la voyelle [ə] instable sont
les suivantes:
- au début d’un groupe rythmique elle se prononce:
Que sais-tu?
- à l’intérieur de groupe rythmique: la voyelle [ə] instable ne se
conserve pas dans une conversation à rythme normal (Janeta Drăghicescu,
1980: 76):
A demain! [admε)]
- à la fin du groupe rythmique: en poésie si le groupe rythmique
suivant commence par une consonne:
Il nous invite dans le jardin.
Dans le style de la conversation courante la voyelle [ə] instable
est supprimée. Mais on la garde dans deux cas:
- pour rendre facile l’articulation après les consonnes [p], [t], [k],
[b], [d], [g]:
rebord [{əb : {]
degré [dəg{e]
retour [{ətu: {]
Remarque: Pourtant, dans la langue familière on peut dire:
[{tu: {] au retour
[{ga{d] regarde!
- pour rendre facile la compréhension, quand la chute du [ə]
instable risque d’entraîner une consonne double à l’initiale:
je juge [ΖəΖyΖ]
Du point de vue phonologique, la voyelle [ə] instable finale ne
se prononce pas devant une voyelle ou un h muet:
l’autre hiver [lot{ivε: {]
- devant un h «aspiré» la voyelle [ə] instable se prononce:
le hublot [ləyblo]
- devant consonne + yod:
nous serions [nusə{j )]
vous feriez [vufə{jΕ]
1.10. La voyelle [i] antérieure, non-labiale, fermée
La voyelle [i] apparaît dans les graphies suivantes:
- i – suivie d’une consonne: tige [ti:Ζ]
38
-i – en position médiale: fil [fil]
-i – en position finale: midi [midi]
-in – suivie d’une voyelle: ordinaire [ {dinε: {]
-in – suivie de la consonne n: innombrable [in )b{abl]
-im – suivie d’une voyelle: image [ima:Ζ]
-im – suivie de la consonne m: immonde [im )d]
-ï: maïs [mais]
-î: île [il]
nous fîmes [nufi:m]
vous prîtes [vup{it]
-y: gymnastique [Ζimnasti:k]
Du point de vue phonologique, la voyelle [i] réalise des oppositions
avec les voyelles suivantes:
/i/ ~ /e/ - lit /li/ ~ les /le/
/i/ ~ /ε/ - si /si/ ~ il sait /ilsε/
/i/ ~ /o/ - dis! /di/ ~ dos /do/
/i/ ~ / / - pire /pi: {/ ~ port /p : {/
/i/ ~ /u/ - pis /pi/ ~ poux /pu/
1.11. La voyelle [u] postérieure, labiale, très fermée
La voyelle [u] apparaît dans les graphies suivantes:
-ou: mouton [mut )]
-où: où [u]
-oû: croûte [k{ut]
-aou: saoul [sul]
-aoû: août [u(t)]
Du point de vue phonologique, la voyelle [u] réalise des oppositions
avec les voyelles:
/u/ ~ /i/ doux /du/ ~ dis!/di/
/u/ ~ /e/ sous /su/ ~ ses /se/
/u/ ~ /ε/ pour /pu: {/ ~ paire /pΕ: {/
/u/ ~ /o/ fou /fu/ ~ faux /fo/
/u/ ~ / / douter /dute/ ~ doter /d te/
39
1.12. La voyelle [y] antérieure, labiale, très fermée
La voyelle [y] apparaît dans les graphies suivantes:
-u: usine [yzin]
-û: flûte [flyt]
- eu: j’eus [Ζy]
-eû: vous eûtes [vuzyt]
Remarque: Les graphies –eu-; -eû –; représentent le son [y]
seulement dans les formes verbales du passé simple et du participe
passé du verbe avoir: eu – participe passé; j’eus – passé simple.
Les oppositions phonologiques dont la voyelle [y] fait partie sont
fort nombreuses:
/y/ ~ /i/ fut /fy/ ~ fit /fi/
lut /ly/ ~ lit /li/
dut /dy/ ~ dit /di/
/y/ ~ /u/ but /by(t)/ ~ bout /bu/
rue /{y/ ~ roue /{u/
mû /my/ ~ mou /mu/
/y/ ~ /e/ lu /ly/ ~ les /le/
nu /ny/ ~ nez /ne/
/y/ ~ /ε/ mur /my: {/ ~ mère /mε: {/
pur /py: {/ ~ père /pε: {/
/y/ ~ /ø/ dû /dy/ ~ deux /dø/
nu /ny/ ~ nœud /nø/
/y/ ~ /œ/ sur /sy: {/ ~ sœur /sœ: {/
/y/ ~ /o/ dû /dy/ ~ dos /do/
/y/ ~ / / mur /my: {/ ~ mort /m :{/
2. Voyelles nasales
Le français possède un nombre important de voyelles nasales: il
en a quatre [Ε) - ↵) - ) - Α)].
Les voyelles nasales se produisent quand le souffle s’échappe à
la fois par la bouche et par le nez.
On distingue les voyelles oralo-nasales postérieures ouvertes,
non labiale [Α)] et fermée labiale [ )], et les voyelles oralo-nasales
anté-rieures ouvertes, non labiale [Ε)] et [↵)].
42
- yen: moyen [mwajΕ)]
- en: examen [egzamΕ)]
européen [Ο{ peΕ)]
- oin: soin [swΕ)]
coin [kwΕ)]
Du point de vue phonologique, la voyelle [Ε)] se fait sentir dans
l’opposition avec la voyelle orale [Ε]:
/Ε)/ ~ /Ε/
lin /lΕ)/ ~ lait /lε/
bain /bΕ)/ ~ baie /bε/
hein /Ε)/ ~ haie /ε/
44
- um – suivie d’une consonne ou en position finale:
humble [↵):bl]
parfum [pa{f↵)]
La graphie -um – en position finale se prononce [ m] dans tous
les autres mots: rhum [{ m]
maximum [maksim m]
minimum [minim m]
Du point de vue phonologique, la voyelle [↵)] nasale se fait sentir
dans l’opposition avec les voyelles suivantes:
/↵)/ ~ /ã/
commun /k m↵)/ ~ comment /k mã/
/↵)/ ~ /õ/ un /↵)/ ~ on / )/
/↵)/ ~ /Ε)/ brun /b{↵)/ ~ brin /b{Ε)/
En français actuel, la voyelle nasale [↵)] est passée en [Ε)].
Remarque: La tendance actuelle du français est de supprimer
l’opposition /↵)/ ~ /Ε)/. On dit de plus en plus [b{Ε)] pour [b{↵)].
3. Les semi-voyelles
Les semi-voyelles sont des sons de passage, essentiellement
instables. Il s’agit des phonèmes vocaliques que l’on entend devant la
voyelle dans des mots comme souhaiter, suer, scier, rouer. Ces pho-
nèmes, différents et proches de ou, u, i, sont ce que l’on appelle les trois
semi-consonnes (ou semi-voyelles) du français. Les semi-voyelles sont
au nombre de trois: [j], [⎜], [w]. Quant à leur articulation, elles sont
plus proches des voyelles. On peut les considérer comme des variantes
combinatoires des voyelles [i], [y], [u] (voir Janeta Drăghicescu, 1980).
3.1. La semi-voyelle [j], antérieure, non labiale
La semi-voyelle [j] est rendue par les graphies suivantes:
- i – suivie de voyelle: pied [pje]
- ï – précédée d’une voyelle: faïence [fajΑ):s]
- y – après les voyelles a, e, o et u:
ayons! [εj )]
asseyez-vous! [asεjevu]
soyez [swaje]
essuyer [εsyje]
- il – précédée d’une voyelle: détail [detaj]
- ille – précédée d’une voyelle: feuille [fœj]
45
Du point de vue phonologique, la semi-voyelle [j] se fait sentir
dans les oppositions de /j/ ~ /i/:
scier /sje/ ~ scie! /si/
lier /lje/ ~ lie! /li/
3.2. La semi-voyelle [w], postérieure, labiale
La semi-voyelle [w] peut apparaître dans les graphies suivantes:
- ou – suivie d’une voyelle et précédée d’une consonne: louer [lwe]
- oi: loi [lwa]
- oî: cloître [klwat{]
- u – précédée de la consonne [k] représentée par q:
quartz [kwa{ts]
quadrupède [kwad{ypεd]
Du point de vue phonologique, l’opposition semi-voyelle [w] et
voyelle [u] se fait sentir dans les formes verbales:
louer /lwe/ ~ loue! /lu/
secouer /s↔kwe/ ~ secoue! /s↔ku/
3.3. La semi-voyelle [⎜], antérieure, labiale
La semi-voyelle [⎜] est rendue par les graphies suivantes:
- u – suivie de la voyelle [i]: nuit [n⎜i]
Après les consonnes g et q la graphie – ui – est prononcée [⎜i]
dans les mots:
aiguille [eg⎜ij]
linguiste [lε)g⎜ist]
réquiem [{ek⎜iεm]
- u – suivie d’une voyelle autre que [i] précédée d’une seule
consonne appartenant à la même syllabe:
muette [m⎜εt]
nuance [n⎜Α):s]
Du point de vue phonologique, l’opposition semi-voyelle [⎜] et
voyelle [y] se fait sentir dans les formes verbales telles que:
/⎜/ ~ /y/
continuer /k )tin⎜e/ ~ continue! /k )tiny/
diminuer /dimin⎜e/ ~ diminue! /diminy/
46
4. LE SYSTÈME CONSONANTIQUE
Le système consonantique du français compte 17 consonnes
parmi lesquelles 14 orales et 3 consonnes nasales.
Les consonnes sont dites orales quand le souffle s’échappe par la
bouche: [p], [b], [t], [d], [k], [g], [f], [v], [s], [z], [Σ], [Ζ], [{], [l].
Les consonnes sont dites nasales quand le souffle s’échappe par
le nez: [n], [m], [⎠].
Selon le mode d’articulation, on distingue parmi les consonnes
orales:
a) consonnes occlusives (ou momentanées). Ce sont [p], [b], [t],
[d], [k], [g]. Ces consonnes nécessitent une fermeture complète, puis
l’ouverture brusque.
b) consonnes fricatives (ou continues). Ce sont: [f], [v], [s], [z],
[Σ], [Ζ]. Ces consonnes résultent d’un frottement dû au rétrécissement
du canal.
c) consonnes liquides [l] et [{]. On le nomme liquides à cause
de l’impression qu’elles produisent sur l’oreille. Les consonnes liquides
sont latérales [l], à cause de l’air qui s’échappe par les côtés de la
langue et vibrantes [{], à cause des vibrations. Ce sont des consonnes
à vibration des cordes vocales, plus marquées que pour les consonnes
sonores.
Parmi les consonnes fricatives, il y a des sifflantes: [s], [z] et des
chuintantes: [Σ], [Ζ] d’après la nature du bruit qu’elles produisent.
Quand le souffle qui produit les consonnes comporte des vibrations
des cordes vocales, il s’agit alors des consonnes sonores (ou voisées):
[b], [d], [g], [v], [z], [Ζ], [m], [n], [⎠], [l], [{]. Dans le cas contraire,
elles sont sourdes (ou non voisées): [p], [t], [k], [f], [s], [Σ].
L’opposition phonologique la plus importante dans le système
consonantique est celle entre les consonnes sourdes et sonores: [p],
[t], [k], [s], [Σ] opposées aux [b], [d], [g], [z], [Ζ]. Dans les premières
les cordes vocales ne vibrent pas, alors que dans les sonores les cordes
vocales participent à l’émission. En français, cette opposition est plus
nette qu’en roumain. Les sourdes sont dites aussi tendues, puisque les
organes subissent une pression plus forte, alors que les sonores sont
appelées aussi douces; elles ont une articulation plus nette qu’en roumain.
47
4.1. Les consonnes occlusives (bilabiales, dentales, palatales)
4.1.1. Les occlusives bilabiales
4.1.1.1. La consonne [p] occlusive, bilabiale, sourde
La consonne [p] est notée par les graphies suivantes:
- p – en position initiale: plan [plΑ)]
- pp – à l’intérieur du mot: apprendre [ap{Α):d{]
- p – en position finale: beaucoup [boku]
Remarques:
1. La consonne [p] finale ne se prononce pas:
drap [d{Α]
sirop [si{o]
champ [ΣΑ)]
2. Font exception les mots:
stop [st p]
handicap [Α)dikap]
hop [ p]
hep [εp]
3. La consonne [p] suivie de la consonne [t] n’est pas prononcée:
sept [sεt]
sculpture [skylty{]
sculpter [skylte]
compte [k )t]
compter [k )te]
baptiser [batize]
baptême [batεm]
promptitude [p{ )tityd]
4. Suivie des consonnes –s ou –t finales de mot, la consonne [p]
n’est prononcée que dans les mots:
biceps [bisεps]
forceps [f {sεps]
4.1.1.2. La consonne [b] occlusive, bilabiale, sonore
La consonne [b] apparaît dans les graphies suivantes:
- b – en position initiale: bras [b{Α]
- b – en position médiale: faible [fεbl]
- b – en position finale suivie de la voyelle – e: robe [{ b]
48
- b – en position finale absolue d’habitude [b] ne se prononce
pas: aplomb [apl )]
Remarque:
La consonne [b] en position finale absolue est prononcée seulement
dans les mots d’origine étrangère:
snob [sn b]
nabab [nabab]
baobab [ba bab]
- bb – à l’intérieur du mot se prononce comme une seule consonne
[b]: abbatre [abat{]
- bh – à l’intérieur du mot se prononce [b]: abhorer [ab {e]
56
Remarque: Dans les mots d’origine anglaise la consonne [Σ]
représente l’affriquée [tΣ]:
match [matΣ]
tchèque [tΣεk]
-sch: schéma [Σema]
- sh: shampooing [ΣΑ)pwε)]
shérif [Se{if]
4.2.3.2. La consonne [Ζ] fricative, palatale, sonore
La consonne [Ζ] apparaît dans les graphies suivantes:
- j – en position initiale, médiale et finale + e:
jeter [Ζ↔te]
déjà [deΖa]
je [Ζ↔]
cage [ka:Ζ]
- g – devant voyelles -e, -i, -y:
geler [Ζ↔le]
gilet [Ζilε]
gymnaste [Ζimnast]
Remarques:
a) Dans les mots étrangers la graphie [g] suivie de voyelles –e,
-i, se prononce [g];[dΖ]: [gεstapo], gin [dΖin], etc.
b) La consonne [Ζ] précédée de consonnes [b] et [d] et suivie de
la voyelle [e] se prononce [dΖ]:
budget [bydΖΕ]
bridge [b{idΖ]
Cambodge [*kΑ)b dΖ]
Cambridge [*kΕ)b{idΖ]
4.3. Les consonnes nasales
On distingue trois consonnes nasales en français:[m], [n], [Ζ].
4.3.1. La consonne [m] nasale, occlusive, bilabiale, sonore
La consonne [m] apparaît dans les graphies suivantes:
- m – en position initiale, médiale, finale + e et finale absolue:
musique [myzik]
amère [amε: {]
57
thème [tε:m]
album [alb m]
Remarques:
a) La consonne [m] en position finale absolue se prononce
seulement dans les mots étrangers:
macadam [makadam]
minimum [minim m]
maximum [maksim m]
Amsterdam [*amstε{dam]
Jérusalem [*Ζe{usalεm]
idem [idεm]
ibidem [ibidεm]
b) En position finale absolue, la consonne [m] n’est pas prononcée:
nom [nõ]
faim [fε)]
parfum [pa{fœ)]
c) mm – en position médiale et finale + e:
immédiat [imedia]
somme [s m]
d) mn – se prononce [n]:
automne [ t n]
condamnation [k )danasj )]
condamner [k )dane]
damner [dane]
Remarque: La consonne [m] précédée d’une voyelle et suivie
de la consonne [n] se prononce [mn]:
automnal [ t mnal]
calomnie [kal mni]
semnopithèque [sεmnopitεk]
limnée [limne]
4.3.2. La consonne [n] nasale, occlusive, dentale, sonore
La consonne [n] apparaît dans les graphies suivantes:
- n – en position initiale, médiale, finale + e:
neige [nε:Ζ]
panier [panje]
lune [lyn]
58
Remarques:
a) La consonne [n] en position finale absolue n’est pas prononcée:
bon [b )]
pain [pΕ)]
b) La consonne [n] précédée de la voyelle [e] et suivie toujours
d’une voyelle est prononcée voyelle nasale [ã] et consonne nasale [n]:
enivrer [ãniv{e]
enamourer [ãnamu{e]
c) La consonne [n] en position finale absolue précédée de la
voyelle – e – se prononce [n]: amen [amεn]
abdomen [abd mεn]
spécimen [spesimεn]
pollen [p lεn]
nn – en position médiale et finale + e:
annuel [an⎜εl]
bonne [b n]
connaître [k nεt{]
Remarques:
a) Dans une série de mots, la graphie – nn – se prononce comme
consonne géminée:
inné [inne]
innombrable [inn )b{abl]
b) La graphie – nn – précédée de la voyelle – e – se prononce
[ãn] dans quelques mots:
ennui [ãn⎜i]
ennoblir [ãn bli: {]
4.3.3. La consonne [⎠] nasale, occlusive, palatale, sonore
La consonne [⎠] apparaît seulement dans la graphie – gn – en
position initiale, médiale et finale + e:
gnôle [⎠ol]
magnifique [ma⎠ifik]
signe [si⎠]
ligne [li⎠]
Remarques:
1. La graphie – gn – en position initiale et médiale se prononce
[gn] dans les mots étrangers suivants:
gnom [gn )]
59
gnosticisme [gn stisism]
gnostique [gn stik]
gnose [gno:z]
diagnostique [diagn stik]
cognitif [k gnitif]
2. Dans quelques mots la graphie – ign – se prononce [⎠]:
oignon [ ⎠ )]
encoignure [Α)k ⎠y: {]
4.4. Les consonnes liquides
Le système consonantique du français compte deux consonnes
liquides et sonores. Ce sont la consonne latéral [l] et la consonne
vibrante [{].
4.4.1. La consonne [l] liquide, latérale, sonore
La consonne [l] apparaît dans les graphies suivantes:
- l – en position initiale, médiale, finale + e et finale absolue:
lune [lyn]
délimiter [delimite]
sale [sal]
cheval [Σval]
Remarques:
a) En position médiale, la consonne [l] n’est pas prononcée dans
les mots:
aulx [o]
aulne [o:n]
fils [fis]
pouls [pu]
Arnauld [*a{no]
Chaulnes [*Σo:n]
Meaulnes [*mo:n]
Renault [*{↔no]
b) La consonne [l] suivie de – h – se prononce [l]:
malheur [malœ: {]
silhouette [silwεt]
Alhambra [*alΑ)b{a]
60
c) La consonne [l] finale n’est pas prononcée dans les mots
suivants:
outil [uti]
sourcil [su{si]
fournil [fu{ni]
fusil [fyzi]
gentil [ΖΑ)ti]
fenil [f↔ni]
d) La consonne [l] en finale absolue est toujours prononcée:
ciel [sjεl]
miel [mjεl]
col [k l]
- ll – en position médiale et finale + e:
allure [aly: {]
collègue [k lε:g]
ville [vil]
mille [mil]
- ll – en position initiale précédée de la voyelle – i – se prononce [l]:
illustre [ily:st{]
illettré [ilet{e]
4.4.2. La consonne [{] liquide, dorsale, sonore
La consonne [{] apparaît dans les graphies suivantes:
- r – en position initiale, médiale, finale + e et finale absolue:
règle [{εgl]
garçon [ga{s )]
centre [sΑ)t{]
sentir [sΑ)ti: {]
Remarques:
a) La consonne [{] ne se prononce pas dans les mots:
gars [ga]
messieurs [mesjΟ]
b) On ne prononce pas la consonne [{] en position finale absolue
dans les infinitifs des verbes du premier groupe:
danser [dΑ)se]
parler [pa{le]
61
et dans les adjectifs et les substantifs terminés par –ier, -er:
dernier [dε{nje]
plumier [plymje]
fruitier [f{⎜itje]
léger [leΖe]
étranger [et{Α)Ζe]
et dans le mot monsieur au singulier [m↔sjΟ].
Dans les mots monosyllabiques, la consonne [{] en finale absolue
est prononcée:
mer [mε{]
fer [fε{]
air [ε: {]
leur [lœ: {]
et dans quelques mots étrangers et savants:
reporter [{(↔)p {tε{]
revolver [{ev lvε{]
gangster [gΑ)gstε{]
starter [sta{tε: {]
cancer [kΑ)sε: {]
- rr – en position médiale et finale absolue + e:
irréel [i{eεl]
guerre [gε{]
Les groupes graphiques finals rs, rt et rd représentent [{] dans
la majorité des cas:
Ex.: vers tu pars
[vΕ{] [typa{]
lord il mord
[l {] [il m {]
Le groupe rs se prononce dans le mot mars [ma{s].
62
63
NOTIONS CLÉS – INDEX
1. L’Objet de la phonétique
1.1.
• Quel est l’objet de la phonétique?
• Qu’est-ce que le code oral et le code écrit du français?
• Quels sont les principaux signes graphiques?
• Quels sont les rapports entre les sons et les lettres du français?
• Quel est le principe de base de API?
• Quels sont les symboles phonétiques utilisés pour le français?
• Qu’est-ce que la phonation?
• Quels sont les parties de l’appareil phonateur?
• Expliquez comment sont articulés les sons?
1.2.
1. Combien de lettres y a-t-il en français? a. 24; b. 26; c. 28;
d. 25; e. 25
2. Combien de voyelles y a-t-il en français? a. 16; b. 12; c. 3; d. 7
3. Combien de semi-voyelles y a-t-il en français? a. 16; b. 12; c. 4;
d. 3
4. Combien de consonnes y a-t-il en français? a. 16; b. 17; c. 3;
d. 20
5. Quel signe utilisé dans la transcription phonétique désigne le e
ouvert: a. [e]; b. [œ]; c. [ε]
Solutions:
1. b 4. b
2. a 5. c
3. d
66
2. Les unités phonétiques segmentales et suprasegmentales
2.1.
• Donnez les définitions des unités segmentales et des unités
suprasegmentales:
1. phrase phonétique
2. groupe de souffle
3. groupe rythmique
4. syllabe
5. accent
6. intonation
• Quels sont les caractéristiques de:
1. l’intonation énonciative
2. l’intonation interrogative
3. l’intonation impérative
4. l’intonation exclamative
2.2.
1. Faites correspondre à chaque groupe rythmique le nombre de
syllabes
Merci 3 syllabes
Il ne dort pas bien 2 syllabes
Le film commence 4 syllabes
Ça va 5 syllabes
Tout va bien 2 syllabes
2. Vrai ou faux:
a) Le groupe rythmique exprime une idée unique.
b) Dans le groupe rythmique l’accent tombe toujours sur la dernière
syllabe du premier mot.
c) L’accent n’est pas fixé sur un mot, mais sur un groupe de mots
composant un groupe rythmique.
Solutions:
1. 2 syllabes: merci, ça va; 3 syllabes: Tout va bien; 4 syllabes: Le
film commence; 5 syllabes: Il ne dort pas bien
2. a) vrai; b) faux; c) vrai
67
3. Le système vocalique
3.1.
• Quels sont les traits articulatoires des voyelles?
• Caractérisez la voyelle a nasal [Α)] au point de vue de ses
traits articulatoires.
• Quels sont les traits articulatoires communs et spécifiques des
voyelles E, EU, O
3.2.
A. Les 12 voyelles orales du système vocalique français sont
produites par:
a. la cavité buccale
b. la cavité nasale
c. la cavité buccale et nasale
Solutions
A.a
B.a
C.b
4. Le système consonantique
4.1.
• Qu’est-ce qu’une consonne?
• Quels sont les facteurs qui déterminent le mode d’articulation
consonantique?
68
• Définissez les consonnes:
1. occlusives
2. fricatives
3. nasales
4. liquides
4.2.
A. Les consonnes fricatives palatales apparaissent dans les graphies:
a. v, w
b. s, z, x
c. ch, sch, sh, j, ge, gi
B. Les consonnes liquides apparaissent dans les graphies:
a. ill, elle, aille
b. ll, l, rh, r, rr
c. p, pp, ph
C. Dans les mots: comme, bonne, lune, condamner, amère, il s’agit:
a. de consonnes occlusives dentales
b. de consonnes occlusives palatales
c. de consonnes nasales occlusives et sonores
Solutions
A.c
B.b
C.c
BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE
Abry, Dominique, Chalaron, Marie-Laure, 1994: Phonétique, 350 exercices
avec 6 cassettes, Hachette
Drăghicescu, Janeta, 1980: Phonétique française appliquée et exercices,
Editura Didactică şi Pedagogică, Bucureşti
Le Nouveau Bescherelle, 2004: L’orthographe pour tous, Hatier
Léon, Monique, 1976: Exercices systématiques de prononciation française,
Hachette et Larousse
Vişan, Viorel, 2002: Phonétique française et exercices, Universitatea din
Bucureşti
69
DEUXIÈME PARTIE
NOTIONS DE LEXICOLOGIE FRANÇAISE
85
Ces emprunts ont été faits au début de la formation du français
et ont été favorisés par la ressemblance entre le français et le latin et
par les traductions du latin.
En ancien français ou en moyen français, les emprunts faits par
voie écrite s’expliquent:
– par le besoin qu’on ressentait de combler les lacunes du
français, surtout dans le domaine des termes abstraits;
– par le souci de donner au français les mêmes qualités qu’on
attribuait au latin, autrement dit par le mouvement de «relatinisation»
qui a commencé au Moyen Age et a continué jusqu’au XVIème siècle11:
abdiquer admiration abject
accepter élection absurde
condamner facilité civil
éliminer justice détestable
opprimer médiocrité distinct
persuader vérité docte
Ces mots conservent le sens et la forme phonétique du mot latin
qui n’est modifié, le plus souvent, qu’au niveau de la terminaison,
parfois seulement par l’accent. Ces ressemblances sont évidentes dans
le cas des emprunts qui sont doublés par des mots hérités par voie
populaire (phénomène qui apparaît à partir du XIVe siècle):
latin français français
populaire savant
advocatum avoué avocat
captivum chetif captif
fabricam orgé fabriqué
hospitalem hôtel hôpital
auscultare écouter ausculter
implicare employer impliquer
Le même phénomène explique l’existence de suffixes et de préfixes
doubles, intégrés dans le système du français:
-el (suffixe populaire) / -al (suffixe savant):
structurel / structural
_______________
11
M.Grevisse, Le bon usage, 1988, Duculot, Gembloux, p.207; H.-D.
Béchade, Phonétique et morphologie du français, PUF, Paris, 1994, p. 159.
86
-aison (suffixe populaire) / -ation (suffixe savant):
inclinaison / inclination
• • Le grec
Les emprunts faits directement au grec sont datés à partir du
XVIe siècle. Il s’agit, en général, de mots-base, dont la plupart ap-
partiennent au vocabulaire scientifique: amnésie, anagramme, ankylose,
archéologie, athée, botanique, enthousiasme, dynamique, graphique,
hippique, météorologie, pathologie, sclérose, thérapeute.
• • L’italien
Les mots empruntés à l’italien sont attestés à partir des XIVe-XVe
siècles jusqu’à l’époque moderne. Ce sont des mots qui désignent des
réalités de tous les domaines de la vie moderne:
– la vie de tous les jours: appartement, parasol, caleçon, carna-
val, moustache;
– le commerce: trafic
– les finances: banque, million;
– l’armée: alarme, alerte, arsenal, canon, cartouche, embuscade,
fantassin, soldat;
• • L’espagnol
Les mots empruntés à l’espagnol sont relativement nombreux et
appartiennent à des domaines divers:
– le domaine militaire: adjudant, bandoulière, camarade, casque,
escouade, guérilla;
– le domaine musical: castagnettes, guitare, romance, sarabande,
sérénade;
– la vie courante et les produits exotiques: abricot, anchois,
caramel, cigare, chocolat, embarrasser, disparate, fanfaron, sièste,
tabac, tomate.
• • L’anglais
Les mots d’origine anglaise ont été empruntés à plusieurs mo-
ments de l’évolution du français et ils illustrent la nature des relations
entre les deux populations.
À l’époque très ancienne et au XVII-e ont été empruntés des
mots désignant des réalités de l’activité maritime ou autres: bateau,
mouette et respectivement: paquebot, tonnage, importer, flanelle.
87
A partir du XVIIIe siècle, les emprunts sont devenus de plus en
plus riches et couvrent la plupart des domaines:
– le domaine maritime: brick, cabine, dock, paquebot;
– le domaine politique: comité, congrès, leader, meeting, session,
vote;
– le domaine sportif: boxe, golf, jockey, match, record, sport, surf;
– le domaine industriel: express, rail, tender, tramway, tunnel,
wagon.
• • L’allemand
Vu le voisinage géographique et les nombreux contacts écono-
miques et militaires entre les deux populations, les emprunts faits à
l’allemand sont marqués par une certaine continuité et illustrent le
domaine militaire et la vie courante:
– au XIIe siècle: rosse;
– au XIIIe siècle: guide;
– au XIVème-XVe siècles: blafard, bourgmestre, butin, cible,
haillon, hallebarde;
– du XVIe siècle jusqu’au XIXe siècle les emprunts sont plus
importants:
– le domaine militaire: bivouac, blinder, halte, obus, sabre,
vaguemestre;
• Des emprunts indirects
Dans les différentes étapes de constitution du lexique français,
beaucoup de mots empruntés au latin, à l’italien ou à l’espagnol avaient
déjà, dans ces langues, le statut d’emprunts. Ils avaient été pris au grec,
à l’arabe et à l’hébreu. Ces mots ont le statut d’emprunts indirects.
• • Le grec
Les mots d’origine grecque, attestés en français avant le XVIe
siècle, sont entrés par la voie des traductions du latin et par le contact
direct avec les colons romains dans la pratique sociale. La plupart de
ces termes appartiennent à des domaines spécialisés:
– le domaine religieux: ange, apôtre, baptiser, blasphémer, diable,
église, prophète;
– le domaine scientifique: arithmétique, arthrite, géographie,
géométrie, hypnotique, logistique, symptôme;
88
– le domaine littéraire: bibliothèque, dialecte, dialogue, épithète,
grammaire, période, poème, synonyme.
• • L’arabe
Les mots d’origine arabe ont été empruntés par l’intermédiaire
de l’espagnol, de l’italien, du provençal ou même par l’intermédiaire
du latin (au moyen âge). Ces mots désignent des éléments de civili-
sation, se répartissant entre différents domaines:
– les sciences: alchimie, algèbre, camphre, chiffre, zénith, zéro;
– le commerce : ambre, café, coton, douane, sucre;
– la vie quotidienne: carafe, gaze, satin, tasse.
• • L’hébreu
Les mots d’origine hébraïque ont été empruntés, indirectement
par l’intermédiaire du grec et du latin, à l’occasion de la traduction de
la Bible. Ce sont des mots qui se rapportent au domaine religieux:
abbé, alléluia, pâque(s), chérubin, jubilé, samedi12.
_______________
12
M. Grevisse, Op. cit., p. 203-213.
89
II. LA FORMATION DES MOTS
1. LA DÉRIVATION
1.1. Définition
La dérivation est le procédé qui permet de former des mots
nouveaux par l’addition, par la suppression (dérivation regressive13)
ou par le remplacement d’un élément – morphème lexical non-auto-
nome – dans la structure d’un mot:
nation ⇒ national ⇒ nationaliser ⇒ nationalisation
⇒ dénationaliser ⇒ dénationalisation
avouer ⇒ aveu
accueillir ⇒ accueil
conserver ⇒ conserve
Les mots qui comportent dans leur structure au moins un élé-
ment qui n’a pas d’existence autonome (un préfixe ou un suffixe) et
qui peut commuter avec d’autres éléments non autonomes sont appelés
des mots affixées ou des mots dérivés14.
Dans le mécanisme de dérivation il est à distinguer:
– l’unité lexicale de départ susceptible de fonctionner comme
base (un mot plein simple, indécomposable) ou la base isolée dans une
unité lexicale15;
_______________
13
La dérivation régressive, appelée par certains linguistes, dérivation
impropre, permet de dériver des noms en supprimant le morphème désinence
de la forme verbale d’infinitif: oublier → oubli, regretter → regret, soupirer
→ soupir. Les noms ainsi obtenus sont appelés des déverbaux ou des post-
verbaux.
14
R. Galisson et D. Coste, Dictionnaire de didactique des langues,
Hachette, Paris, 1986, p. 145.
15
L’identification des éléments – unités significatives minimales à valeur
lexicale susceptibles d’entrer dans la structure d’un mot construit – repose sur
la substitution paradigmatique. La segmentation du mot portière se fait par
les substitutions suivantes:
– portière / frontière donne port et front
– portière / portillon donne -ière et -illon
ce qui permet d’identifier les lexèmes-base port- et front et les suffixes -ière
et -illon.
90
– la classe de départ à laquelle appartient l’unité de départ;
– le ou les affixes (suffixes et préfixes) susceptibles de se com-
biner avec la base;
– la classe grammaticale dans laquelle s’inscrit le mot qui résulte
de la dérivation;
– la valeur sémantique du suffixe ou du préfixe;
– le sens du mot dérivé.
Les bases et les affixes sont des morphèmes lexicaux qui se
combinent pour former d’autres mots. Les bases servent de noyau et
donnent la valeur dénominative aux mots formés sur elles.
Les affixes ajoutent des valeurs sémantiques qui modifient la
valeur de la base, les suffixes en modifiant, en règle générale, le statut
grammatical.
La dérivation est, par conséquent, l’opération par laquelle on
crée une nouvelle unité lexicale. C’est une transformation qui entraîne
la modification de la structure de l’unité lexicale (du mot) et, en règle
générale, le changement de la classe grammaticale dans laquelle s’inscrit
le morphème lexical de base:
Nom Adj. Vb.
nation + suff. -al ⇒ national + suff. -iser ⇒ nationaliser
1.2. Opérateurs de dérivation
1.2.1. La base
La base (base lexicale ou radical) est un mot préexistant, en
règle générale, un mot français.
Le mot-base peut être un mot simple autonome (a) ou la base
d’un mot plein (b):
(a) fruit → fruitier froid → froideur
plan → planifier solide → solidement
(b) dans la plupart des cas, les dérivés sont formés sur le radical
ou sur un des radicaux (et non sur le mot), s’il s’agit d’un mot à
radical variable:
jaune → jaunir sec – sèche → sécheresse
plonger → plongeur veuf – veuve → veuvage
boire – (nous) buvons→ buveur
91
Parfois, deux radicaux du même mot se constituent en base de
dérivation, les deux dérivés spécialisant leur sens:
blanchir→ blanchiment (l’action de blanchir, de décolorer
pour rendre blanc);
(blanchir) – nous blanchissons → blanchissement (le fait de
blanchir, de devenir blanc).
Dans certains cas, la base de dérivation ne correspond pas au
radical (parfois même à aucun radical) du mot simple actuel, qui a
évolué phonétiquement, mais au radical du mot ancien:
boeuf → bouvier (boverz, fin XI-e)
fête → festoyer (festeer, XII-e)
poil → pelage (peil, pail, 1080)
Il arrive aussi que la base de dérivation prenne la forme de
l’étymon latin:
nu → nudisme (v. 1925; d’apr. lat. nudus)
sel → saler (v. 1165; lat. sal)
titre → titulaire (1505; lat. titulus)
1.2.2. Le suffixe
Le suffixe est un morphème lexical qui n’a pas d’existence
autonome et qui s’ajoute à la fin du mot pour former un mot nouveau.
L’adjonction d’un suffixe détermine, le plus souvent, le changement
du statut grammatical (de partie de discours) de la base. La dérivation
est appelée dérivation paradigmatique.
Vb. → Nom Vb. → Adj.
éclater→ éclatement porter→ portable
éclairer → éclairage éclairer → éclairant
_______________
16
Cf. Alise Lehmann, Françoise Martin-Berthet, Introduction à la
lexicologie. Sémantique et morphologie, Nathan, 1998.
93
Nom → Vb. Nom → Adj.
numéro → numéroter nation → national
marchand → marchander sport → sportif
Adj. → Adv. Adj. → Nom
sensible → sensiblement bête → bêtise
fort → fortement grand→ grandeur
Il se peut aussi que le suffixe maintienne le mot nouvellement
créé dans la même classe grammaticale, la dérivation étant de type
syntagmatique.
Vb. → Vb. Nom → Nom Adj. → Adj.
criller → criailler livre → livret noir → noiraud17
tâter → tâtonner patron → patronage noir → noirâtre18
Il existe des suffixes qui sont en relation de synonymie: ils ont
la même valeur (quant au statut qu’ils appliquent au mot dérivé et / ou
quant à la valeur lexicale). Les suffixes -age, -ation et -ment (sonder
→ sondage, réparer → réparation, laver → lavage, laver → lavement)
dérivent tous les trois des noms qui évoquent soit le nom d’ action,
soit le résultat de l’action. Ils sont en concurrence et leur distribution
est marquée par certaines contraintes sémantiques. Ils ne sont substi-
tuables auprès d’une même base que de manière exceptionnelle. La
synonymie des suffixes est étiquetée aussi comme ambiguïté sémantique.
Il existe des suffixes en relation d’homonymie. Des suffixes de
même forme dérivent des mots de sens différent. C’est, par exemple,
le cas des suffixes -eur1 qui dérive des noms d’agent à partir d’une
base verbale (patiner→ patineur; courir → coureur, danser → danseur)
et -eur2 qui dérive des noms de qualité à partir d’une base adjectivale
(grand → grandeur; large → largeur; haut → hauteur).
D’autres suffixes sont interprétés comme polysémiques. C’est
le cas du suffixe -isme qui dérive des noms masculins à partir de bases
nominales ou adjectivales, distinguant plusieurs acceptions différentes:
«le fait d’être» ou «la chose qui est» (géant → gigantisme, snobe →
snobisme), «l’état résultatif» (néologisme, barbarisme, idiotisme), «un
ensemble de choses» désigné par la base nominale (mécanisme,
_______________
17
Qui est noir de teint.
18
Qui tire sur le noir.
94
organisme), «un ensemble de phénomènes ou de traits» relatifs à la
notion (alcoolisme, analphabétisme, catholicisme, romantisme19).
La description et la classification des suffixes doivent tenir compte
des mécanismes qui dictent leur fonctionnement, c’est-à-dire de la nature
des mots qu’ils dérivent et de la nature de la base avec laquelle ils se
combinent, y compris les contraintes qui marquent leur combinaison.
La description des suffixes doit porter :
• sur le statut grammatical qu’ils prêtent au dérivé – statut consi-
déré comme marque de telle ou telle classe de mots / partie du discours;
• sur les changements sémantiques qui accompagnent aussi bien
la dérivation paradigmatique (éclairer → éclairage; porter → portable)
que la dérivation syntagmatique (patron → patronage → patronat);
• sur leur productivité, c’est-à-dire sur l’aptitude des suffixes à
se combiner avec les différentes bases lexicales.
1.2.3. Le préfixe
Le préfixe est un morphème lexical non autonome qui s’ajoute
devant un mot pour former un mot nouveau. Les préfixes n’entraînent
pas le changement du statut de partie du discours de la base lexicale
avec laquelle ils se combinent. Ils y ajoutent des significations nouvelles:
Vb. → Vb. Nom → Nom Adj. → Adj.
faire → refaire charge → décharge moral → amoral
faire → défaire parité → disparité moral → immoral
Exceptionnellement le préfixe entraîne le changement de la caté-
gorie grammaticale de la base. C’est le cas du préfixe anti- qui peut
former un adjectif à partir d’un nom: tabac → antitabac (traitement
antitabac); ride→ antiride(s) (crème antiride(s)); rouille→ antirouille
(produit antirouille). Cette formation est en concurrence avec la for-
mation dérivée par le même préfixe de l’adjectif formé sur le nom:
constitutionnel,elle → anticonstitutionnel,elle; alcoolique → antialco-
olique. Le premier type d’adjectifs obtenus par la préfixation des noms
semble aussi productif que le second. Les termes antibrouillard (1950),
_______________
19
Pour des détails voir Marie-Françoise Mortureux, La lexicologie
entre langue et discours, Editions SEDES, 1997, p. 39-42.
95
antibruit (1972), antidouleur (1970), antipersonnel (1950), antivol (1948)
sont des créations relativement récentes20.
Certains préfixes se rapprochent sémantiquement et peuvent être
considérés comme synonymes: les préfixes dé(s)- et in- ont soit une valeur
privative soit une valeur négative (obéir → désobéir; agréable →
désagréable; plaisir → déplaisir; confort → inconfort; supportable →
insupportable).
1.3. Types de dérivation
La dérivation lexicale se réalise sous quatre formes distinctes
appelées:
• la dérivation suffixale / la suffixation – l’opérateur de dérivation
est un suffixe;
• la dérivation régressive – le suffixe ou, rarement, le préfixe
est supprimé;
• la dérivation préfixale / la préfixation – l’opérateur de déri-
vation est un préfixe;
• la dérivation parasynthétique – les deux opérateurs le suffixe
et le préfixe interviennent simultanément dans la dérivation du nou-
veau mot.
D. CONCLUSION
La dérivation suffixale apparaît comme un mécanisme très
productif dans l’enrichissement du lexique. Elle suppose l’adjonction
d’un suffixe à la base de dérivation. En règle générale, la dérivation
_______________
30
L’adverbe gaîment présente aussi la graphie gaiement.
124
suffixale inscrit le mot dérivé dans une autre classe que celle à laquelle
appartient le mot base. C’est la dérivation paradigmatique qui se définit
dans les deux plans morphosyntaxique et sémantique.
Les paradigmes dérivationnels peuvent avoir comme base les
trois classes principales de mots: les verbes, les noms et les adjectifs.
Les verbes sont les bases les plus disponibles. Ils se constituent
en base de dérivation pour les noms et pour les adjectifs. À l’intérieur
de chaque classe les mots résultant de la dérivation se regroupent
sémantiquement.
Le nom se trouve en deuxième position, après le verbe, quant à
la disponibilité dérivationnelle. Il est suivi par l’adjectif.
Certains des mots obtenus par les mécanismes présentés ci-dessus
se constituent, à leur tour, en base de dérivation et le cycle est repris:
égal → égaliser → égalisation
→ égalisateur
La dérivation se laisse étiqueter, en fonction du statut accordé au
mot dérivé, comme une transformation de nominalisation, d’adjectivi-
sation, de verbalisation ou d’adverbialisation.
Dans les limites de la même transformation, la même base de
dérivation peut se combiner avec plusieurs suffixes et générer des
formes différentes qui coexistent. Parfois, la même forme peut exprimer
plusieurs nuances de sens. Chaque forme s’individualise sémantiquement
dans les limites mêmes de l’unité dérivée et dans le contexte:
ajuster → ajustage
Opération destinée à donner à une pièce la dimension
exacte que requiert son ajustement à une autre.
→ ajustement
Action d’ajuster; fait d’être ajusté, degré de serrage ou
de jeu entre deux pièces assemblées.
→ ajusteur (ouvrier capable de tracer et de façonner des
métaux d’après un plan, de réaliser des pièces méca-
niques).
(Petit Robert)
125
Le même suffixe peut dériver des mots qui s’inscrivent dans des
classes différentes (nom ou adjectif):
• -eur / -euse → (nom) patineur / patineuse (de patiner);
→ (nom et adj.) broyeur / broyeuse (de broyer)
• -teur /-trice → (nom et adj.) programmateur / programmatrice
de programmer.)
Le processus de dérivation entraîne, dans certains cas, la modifi-
cation de la base de dérivation. Ces modifications s’expliquent par des
raisons phonétiques ou morphologiques.
1.3.1.2. La dérivation suffixale syntagmatique
La dérivation suffixale intervient aussi à l’intérieur de la même
classe de mots (dérivation de type syntagmatique). Il s’agit des dériva-
tions du type: verbe → verbe, nom → nom, adjectif → adjectif.
Certains opérateurs suffixaux sont les mêmes que ceux qui réalisent la
dérivation paradigmatique, d’autres sont spécifiques. Le rôle du suffixe
dans la nouvelle structure dérivée est double: dans le plan de la relation
grammaticale, il maintient le dérivé dans la même classe de compor-
tement morphosyntaxique que le mot base de dérivation et, dans le
plan sémantique, il ajoute diverses valeurs et nuances de sens (de type
aspectuel ou évaluatif) et se constitue en critère de classification à
l’intérieur de la classe syntaxique.
(a) La dérivation des verbes
Principaux suffixes
Les suffixes qui opèrent dans la classe des verbes prêtent à l’unité
dérivée des valeurs principalement aspectuelles et évaluatives: le trait
[+ fréquentatif] est doublé du trait [+ péjoratif]:
• - ailler
crier → criailler v.intr. (1564).
Crier sans cesse, se plaindre fréquemment et
d’une façon désagréable.
disputer → disputailler v. intr. (1596).
Disputer longuement et inutilement.
126
tirer → tirailler v. tr. (1542).
Tirer à plusieurs reprises, en diverses directions.
(Petit Robert)
Certains de ces verbes dérivés se constituent, à leur tour, en base
de dérivation pour des noms:
criailler → criaillerie
tirailler → tiraillement.
• -asser
bavarder → bavasser v.intr. (1584).
Pejor. et fam. Parler beaucoup.
rêver → rêvasser v.intr. (1490).
Se laisser aller à la rêverie.
traîner → traînasser v.tr. (fin XVe s.).
Pejor. Traîner en longueur.
Traînasser une affaire
→ traînasser v. intr.(1845).
Fam.Agir avec trop de lenteur. Errer à l’aventure.
(Lexis)
• - iller
mordre → mordiller v. tr. et intr.(XVIe s.).
Mordre légèrement et à plusieurs reprises.
sauter → sautiller v. intr. (1564).
Faire de petits sauts successifs.
(Petit Robert)
• - oter
cligner → clignoter v.intr. (XVe s.).
Cligner coup sur coup rapidement et
involontairement.
siffler → siffloter v.intr. (1845).
Siffler négligemment en modulant un air.
tousser → toussoter (1845).
Tousser d’une petite toux peu bruyante.
(Petit Robert)
127
• -onner
chanter → chantonner v. intr.(1538).
Chanter à mi-voix.
griffer → griffoner v. tr. (1555).
Écrire (qqch.) d’une manière confuse, peu lisible.
tâter → tâtonner v. intr. (XVIe s.).
Tâter plusieurs fois le sol, les objets autour de soi,
pour se diriger ou trouver qqch. dans l’obscurité.
(Petit Robert)
(b) La dérivation des noms
Les suffixes qui dérivent des noms sont relativement nombreux
et spécifiques pour la plupart. Il y a cependant quelques suffixes qui
opèrent aussi la dérivation à partir de bases verbales. Ces suffixes sont
considérés comme polysémiques ou homonymes, la forme unique
représentant «des formes sémantiquement et fonctionnellement diffé-
renciées dans l’évolution diachronique»31.
Au point de vue du sens certains suffixes appliquent aux noms
dérivés des valeurs qui s’inscrivent dans le paradigme des dérivés à
base verbale:
• -ise; -ation – le nom d’action et du résultat de l’action:
expert → expertise
tarif → tarification
• -ier, -ière; -eau – le nom de l’agent ou de l’instrument de
l’action:
crème → crémier, ière
crêpe → crêpier, ière
plume → plumeau
prune → pruneau
• -erie – le nom du lieu où se passe l’activité à laquelle renvoie
le nom base:
charcutier → charcuterie
crêpe → crêperie
_______________
31
L. Guilbert, Op. cit., p. 168.
128
fromage → fromagerie
mutin → mutinerie
Principaux suffixes
Aux suffixes mentionnés s’ajoutent d’autres qui expriment des
valeurs supplémentaires dominées par les diminutifs et les évaluatifs.
Regroupés selon la nuance de sens qu’ils prêtent au nom-base ces suf-
fixes sont:
• - et; - ette; -on; - otte → [+diminutif]
cochon → cochonnet (fin XIII-e).
Petit cochon, cochon de lait.
moulin → moulinet (1389).
Petit moulin.
tarte → tartelette (1349 ).
Petite tarte individuelle.
voiture → voiturette (1903).
Petite voiture.
cruche → cruchon (XIIIe).
Petite cruche.
(Petit Robert)
• -ade; - erie → [+ dépréciatif]
Tartarin → tartarinade (1928, surtout au pl.).
Vantardises, fanfaronades.
canaille → canaillerie (1846).
Caractère d’une canaille ou action de canaille.
fripon → friponnerie (1530).
Caractère ou acte de fripon (malhonnête)
→ fripouille (1797).
Homme sans scrupules qui se livre à l’escroquerie
et à toutes sortes de trafics.
fripouille → fripoullerie (1897).
Caractère ou acte de fripouille.
(Petit Robert)
129
• -age; -aie; - as; - ée; -ure → [+ collectivité]
branche → branchage (1458).
Ensemble des branches d’un arbre.
compagnon → compagnonnage (1719).
Association de solidarité entre ouvriers.
fût → futaie (1354).
Forêt dont on exploite les arbres quand ils sont
parvenus à une grande dimension.
plâtre → plâtras (1371).
Débris de plâtrage;
Mauvais matériel de construction.
table → tablée (XIII-e) .
Ensemble des personnes assises à une même table,
qui prennent ensemble leur repas.
os → ossature (1801).
Ensemble des os dans le corps de l’homme et de
l’animal.
(Petit Robert)
• - age; -ie; -ise; - erie → comportent le trait [+ état]
veuf (veuve) → veuvage (1374, d’abord des femmes).
Situation, état d’une personne veuve ou non mariée.
malade → maladie (1150).
Etat des organismes malades.
bâtard→ bâtardise (1550).
Etat de bâtard.
poltron → poltronnerie (1566).
Vice du poltron.
(Petit Robert)
• - isme; -iste → [+ doctrine] et [+ adepte/partisant]
Bonaparte→ bonapartisme (1816).
Toute forme de gouvernement dont les principes
rappellent ceux du gouvernement des Bonaparte.
130
capitaliste → capitalisme (1842).
Régime économique et social dans lequel les capitaux,
source de revenu n’appartiennent pas, en règle générale,
à ceux qui les mettent en œuvre par leur propre travail.
gauche → gauchisme (déb. XXe s.).
Attitude des gauchistes.
→ gauchiste (déb. XXe s.).
Partisan extrême de solution de gauche.
(Petit Robert)
• -at → [+ institution], [+ statut (de la personne qui s’y trouve)]
auxiliaire n. et adj. → auxiliariat (1960).
Dans l’enseignement, fonction des maîtres auxiliaires.
externe n. et adj. → externat (1829).
Etablissement d’enseignement qui ne reçoit que des
externes.
interne n. et adj. → internat (1830).
Etablissement où sont reçus des élèves internes.
(Lexis)
Plusieurs suffixes, qui sont d’un emploi relativement fréquent,
dérivent des noms d’habitants à partir de noms géographiques:
• -ain, -aine
Afrique → Africain, aine
Armorique→ Armoricain, aine
• -ais, -aise
Albanie → Albanais, aise
Lyon → Lyonnais, aise
France → Français, aise
• -al, -ale
Provence → Provençal, ale
• -and, -ande
Allemangne → Allemand, ande
Normandie → Normand, ande
131
• -en, -enne
Europe → Européen, eénne
Algérie → Algérien, enne
• -ien, -ienne
Calais → Calaisien, ienne
Paris → Parisien, ienne
• -ois, -oise
Alger → Algérois, oise
Reims → Rémois, oise
• -ol, -ole
Cévennes→ Cévennol, le
Espagne → Espagnol, ole
• -on, -onne
Bretagne → Breton, onne
(c) La dérivation des adjectifs
Principaux suffixes
Les suffixes qui dérivent des adjectifs se regroupent dans des
sous-classes selon le trait sémantique qu’ils ajoutent à la base de déri-
vation, à savoir [+ diminutif] ou [+ dépréciatif]:
• -et, -ette prête à l’adjectif dérivé une valeur diminutive:
jeune → jeunet, ette pauvre → pauvret, ette
maigre → maigrelet rond → rondelet, ette
mignon → mignonet, ette seul → seulet, ette
• -ard, -arde; -asse; - aud, -aude prêtent aux adjectifs une valeur
dépréciative:
faible → faiblard, arde bêta → bêtassse
rond → rondouillard, arde blond → blondasse
lourd → lourdaud, aude mol → molasse
132
• -âtre est spécialisé dans la dérivation des adjectifs de couleur
auxquels il applique une valeur d’approximation, parfois doublée d’une
valeur dépréciative:
blanc → blanchâtre rouge → rougeâtre
bleu → bleuâtre noir → noirâtre
jaune → jaunâtre vert → verdâtre.
1.3.3. La conversion
Le changement du statut grammatical des unités lexicales par le
simple transfert d’une classe dans une autre (sans l’intervention d’aucune
modification formelle) s’appelle conversion. Cette transformation est
de nature syntaxique et affecte les classes du verbe et de l’adjectif: les
formes de l’infinitif et des participes (passé et présent) peuvent acquérir
le statut de nom; les adjectifs peuvent acquérir le statut d’adverbe ou
de nom.
La nominalisation des formes d’infinitif ou de participe s’opère,
pour certains verbes, par l’inscription dans le syntagme nominal, le
contexte de l’article défini, du démonstratif, du possessif ou d’un
indéfini prêtant à la forme verbale le statut de nom. Il en est de même
de l’adjectif qui se laisse distribuer dans le contexte spécifique du
substantif, respectivement précédé par un prédéterminant et suivi ou
même précédé par un adjectif:
dîner → le dîner, ce dîner
pouvoir → le pouvoir, leur pouvoir
pincer → pincé (part. ps.) → une pincée
désinfecter→ désinfectant (part. pr.) un désinfectant
curieux, -euse (être curieux, -euse, des gens curieux)
→ un curieux (un / des curieux, de vrais curieux, des curieux
insatiables; le curieux de la situation)
135
La conversion33 réalisée dans le plan syntaxique est confirmée
dans le plan lexical, les deux mots étant enregistrés par le dictionnaire
sous des rubriques différentes. Et dans le cas des formes verbales ou
adjectivales susceptibles de changer de statut, la conversion affecte:
(a) le comportement morpho-syntaxique des unités qui se laissent
marquer par les catégories du genre et du nombre (dans le cas de la
nominalisation des formes verbales):
le dîner / les dîners
le pouvoir / les pouvoirs
une plongée / plusieurs plongées
un prétendant / plusieurs prétendants
(b) le comportement syntaxique, les formes verbales ayant acquis
le statut de nom ou d’adjectif manifestent, dans les structures fonctio-
nelles (syntagme ou phrase), des latitudes combinatoires différentes de
leur nature verbale. À comparer:
infinitif → On veut dîner à 20 h
nom → Le dîner (officiel / de gala) est fixé à 20 h
participe → Paule a plongé les doigts dans l’eau.
nom → Paule pratique la plongée sous-marine.
participe → On l’a vu protester / protestant contre …
nom → Les protestants et les catholiques se sont reconciliés.
adjectif → Les églises protestantes sont fermées.
(c) le sens des unités linguistiques:
– en tant que verbe pouvoir signifie «avoir la possibilité, le
droit, la permission de faire quelque chose»:
Paul peut partir seul.
– en tant que nom il signifie «le fait de pouvoir, de disposer des
moyens naturels ou occasionnels qui permettent de réaliser une action;
la capacité légale de faire quelque chose, etc»:
le pouvoir de parler (= la faculté, la possibilité).
_______________
33
Selon L. Guilbert (Op. cit. p. 165), le procédé n’opère que sur la
transformation des verbes en noms et des adjectifs en adverbes (Un homme
beau et fort / Parler fort). Mais comme beaucoup d’adjectifs sont employés
comme noms, ce changement de statut sera inscrit dans la conversion.
136
le pouvoir d’un tuteur, d’un mandataire (= la capacité légale, le
droit de faire une chose).
le pouvoir des sens, de l’esprit (= la domination).
le pouvoir central. (= les organes, les hommes dans lesquels
s’incarne le pouvoir).
les pouvoirs publics (= l’ensemble des autorités pouvant imposer
des règles aux citoyens).
(Petit Robert)
A. La conversion des formes d’infinitif en noms
La conversion des verbes en noms a eu lieu assez tôt dans l’histoire
du français. Ces noms ont développé beaucoup de sens et même des
dérivés syntagmatiques (dîner → dînette):
devoir (n.m. fin XII-e; de devoir).
L’obligation morale considérée en elle-même, et
indépendamment de son application particulière.
Le sentiment du devoir. Agir par devoir.
Ce que l’on doit faire.
Accomplir, faire son devoir. Devoir pénible.
Exercice scolaire qu’un professeur fait faire à ses
élèves.
Corriger des devoirs.
dire (n.m. XV-e; de dire).
Ce qu’une personne, dit, déclare, rapporte.
Le dire des témoins. Au dire de l’expert.
Dr. Mémoire remis par une partie à des experts.
dîner (n.m. XI-e; de dîner).
Vx. Repas de midi.
Repas du soir.
Dîner de famille, de fiançailles, d’affaires.
Les plats, les mets du dîner.
Dîner fin, copieux.
aller (n.m. XII-e; de aller).
Fait d’aller, trajet fait en allant à un endroit déterminé.
L’aller a été plus facile que le retour.
Billet de chemin de fer valable pour l’aller.
Un aller, un aller simple pour Marseille.
(Petit Robert)
137
Certains de ces noms sont des éléments constitutifs des mots
composés:
un faire-part , un faire-valoir
le savoir-être, le savoir-faire, le savoir-vivre
Par le même procédé de conversion, les formes verbales de par-
ticipe passé et de participe présent acquièrent le statut d’adjectifs.
B. La conversion des formes verbales de participe en adjectifs34
(a) Le participe passé adjectivé
Par sa nature, le participe passé présente le procès complètement
détensionné et il exprime l’effet, le résultat de l’action35:
suivre → suivi, e
Raisonnement bien suivi (où il y a de la liaison).
Théâtre suivi (fréquenté). (Petit Robert)
Détaché de l’auxiliaire, le participe passé se détache de tout repère
temporel et n’exprime plus qu’une caractéristique ou une qualité se
manifestant dans le référent d’un nom concret ou abstrait. Il s’inscrit
dans la classe des adjectifs aussi bien au point de vue sémantique
_______________
34
Certaines des formes de participe (passé ou présent) assument à côté
du statut d’adjectif le statut de nom et, parfois même, uniquement ce statut:
(participe) disparu Æ (adjectif) marin disparu en mer, (nom) notre cher disparu
(mort, défunt); (participe) courant Æ (adjectif) eau courante,(nom) le courant
de l’eau; (participe) coulé Æ (nom) la coulée, (participe) venu Æ (nom) la venue.
35
Dans la structure des formes verbales composées, le participe passé
rattache l’effet de procès achevé (accompli) au moment de l’énonciation ou à
un autre moment – repère temporel du discours: il présente l’action comme
accomplie par rapport au moment de référence – présent, passé ou futur.
Vendre Æ vendu, vendue
Il a vendu toutes les cartes. Il n’en a plus. Il ira en apporter d’autres.
Æ action passée, envisagée comme accomplie par rapport au présent.
Quand je l’ai rencontré, il avait vendu toutes les cartes. Il n’en avait plus.
Æ action passée, envisagée comme accomplie par rapport à un moment
du passé, individualisé par le passé composé (Quand je l’ai rencontré).
Quand nous arriverons il aura vendu toutes les cartes.
Æ action passée envisagée comme accomplie par rapport à un moment
du futur, individualisé par la forme de futur (Quand nous arriverons).
138
qu’au point de vue du comportement syntaxique. Il ne forme plus une
unité fonctionnelle avec l’auxiliaire et le sujet (nom ou pronom) mais
avec un substantif qu’il détermine comme un véritable adjectif.
Le roman publié en 19… l’a rendu célèbre.
Les romans publiés l’ont rendu célèbre.
Les idiomes parlés en Roumanie sont très divers.
Les langues parlées en Roumanie sont nombreuses.
Les participes passés à statut d’adjectifs (consacrés par l’usage
dans l’emploi adjectival) sont enregistrés par le dictionnaire en tant
qu’entrées autonomes, indépendantes de la forme verbale qui est à leur
origine. Les formes adjectivales ont évolués parfois, au point de vue
sémantique, indépendamment du verbe dont elles sont issues.
Dans le discours, les adjectifs issus des participes passés se com-
portent comme les adjectifs de nature:
– ils sont distribués en fonctions d’épithète et d’attribut, positions
exclues pour les participes passés à statut de formes verbales:
Une oeuvre réussie.
Cette oeuvre est réussie.
– ils s’accordent en nombre et en genre avec le nom qu’ils
déterminent:
Ne pas dépasser la dose prescrite.
Les siècles, les temps les plus reculés.
Montagnes, vallées reculées d’une région.
– ils se laissent modifier par des adverbes de degré (plus, moins,
très):
Des repas mal réussis.
Photo tout à fait réussie.
– ils entrent en relation de paraphrase avec une proposition
relative centrée sur le verbe être:
Une personne très connue.
→ Une personne qui est très connue.
Cette transformation permet aussi de distinguer les adjectifs issus
des formes participes du verbe des adjectifs terminés en -é et en -u
139
mais dérivés des formes nominales et qui sont paraphrasables par une
relative centrée sur les verbes avoir ou contenir.
À comparer:
Un livre vendu. ← Un livre qui est vendu.
Un homme blessé. ← Un homme qui est blessé.
Une femme trop poilue. ← Une femme qui a trop de poils.
Du sucre vanillé. ← Du sucre qui contient de la vanille.
Les adjectifs à base nominale se laissent segmenter en radical et
suffixe:
éthère → éthér + -é(e)
barbu → barb(e) + -u(e)
touffu → touff(e) + -u(e)
Dans les adjectifs à base verbale, les éléments -é, -u, -i ont le
double statut de suffixes adjectivaux et de morphèmes qui marquent
une certaine valeur grammaticale, spécifiquement verbale.
En tant que suffixes adjectivaux ils sont en variation avec d’autres
suffixes qui dérivent des adjectifs de bases verbales:
exploité, -ée
exploitant, -ante
exploitable
Le participe passé adjectif se laisse préfixer comme tout adjectif:
vendu, -ue vendable
invendu, -ue invendable
revendu, -ue
Relativement nombreux, les adjectifs résultant de la conversion
de la forme de participe passé expriment des qualités / des caractéristiques
envisagées comme acquises, représentant le résultat d’un processus
accompli:
blessé, blessée
bras blessé , jambe blessée
homme blessé , femme blessée
quitté, quittée
appartement quitté , maison quittée
village quitté , ville quittée
140
fini, finie
spectacle fini, représentation finie
programme fini, séance finie
arrondi, arrondie
compte arrondi , somme arrondie,
visage arrondi, forme arrondie
(b) Le participe présent adjectivé
Le participe présent exprime une action ou un état en déroulement.
Suivant les relations syntaxiques qu’il contracte avec les termes de la
construction dans laquelle il s’insère il est étiqueté comme forme verbale
ou comme adjectif.
Le participe présent-verbe admet des compléments d’objet direct
(lorsque le verbe et transitif) ou des compléments prépositionnels (lorsque
le verbe est intransitif):
Il refusait le dialogue fumant tranquillement sa cigarette.
Une jeune fille s’approcha tremblant de peur.
Le participe présent-verbe présente des formes doubles (simple
et composée) ce qui lui permet de réaliser l’opposition aspectuelle
[-accompli] / [+accompli]: fumant (sa cigarette) / ayant fumé (sa
cigarette).
Le participe présent-adjectif varie en genre et en nombre avec le
nom qu’il accompagne, occupe la position d’attribut dans des phrases
copulatives et se laisse modifier par des adverbes qui marquent des
degrés d’intensité:
Des bûches, des cendres encore fumantes.
Les corvées et les soins ménagers les plus rebutants.
Des bruits particulièrement allarmants.
Des conversations très rassurantes.
Employé comme adjectif, le participe présent se laisse mettre en
relation de paraphrase avec une proposition relative et même avec un
adjectif:
Sa voix discordant avec l’ensemble a créé l’effet d’un
spectacle d’amateurs
Sa voix qui discordait avec l’ensemble a créé l’effet d’un
spectacle d’amateurs.
141
Sa voix fausse / dissonnante a créé l’effet d’un spectacle
d’amateurs.
Les participes adjectifs se laissent aussi préfixer:
prévoyant, -ante
imprévoyant, -ante
Les adjectifs issus des participes présents sont enregistrés par le
dictionnaire, le participe présent étant parfois mentionné comme forme
d’origine:
bruyant, ante adj. (XII-e; anc. p. prés. de bruire).
Qui fait beaucoup de bruit.
«Le va-et-vient bruyant de la rue» (DAUD).
Où il y a beaucoup de bruit.
Une rue bruyante. La réunion a été bruyante.
enveloppant, ante adj. (1771; p. prés. de envelopper).
Qui enveloppe.
La cornée, membrane enveloppante de l’œil.
Géom. Ligne enveloppante.
marquant, ante adj. (1721; adj. part. de marquer).
Qui permet de marquer des points.
Carte marquante.
(1762) Qui marque, laisse une trace, un souvenir.
Particularités marquantes.
Evénement marquant, mémorable.
discordant, ante adj. (XII-e; a. fr. descordant, de descorder,
refait d’après le lat. discordare) .
Qui manque d’harmonie, qui ne s’accorde pas.
Caractères discordants. Couleurs discordantes.
Stratifications discordantes.
désolant, ante adj. (1718; de désoler).
Littér.Qui désole, qui cause une grande affliction.
Nouvelle désolante.
Cour. Qui contrarie.
Il fait bien mauvais temps. C’est désolant.
(Petit Robert)
142
Certaines formes d’adjectif diffèrent graphiquement des formes
correspondantes de participe présent. Ces différences se situent soit au
niveau de la désinence (-ent pour l’adjectif et -ant pour le participe
présent), soit au niveau de la consonne sur laquelle finit le radical.
Cette consonne change de graphie (-cant, dans la forme de l’adjectif
et -quant, dans la forme du verbe) ou d’environnement (-g, dans la
forme de l’adjectif et -gu, dans la forme du verbe):
participe adjectif
coïncidant coïncident, -ente
communiquant communicant, -ante
convainquant convaincant, -ante
provoquant provocant, -ante
fatiguant fatigant, -ante
intriguant intrigant, -ante
Aux formes de participes présent adjectivées en français s’ajoutent
de nombreuses formes d’adjectifs hérités du latin:
adhérant adhérent, -ente
affluant affluent, -ante
confluant confluent, -ente
convergeant convergent, -ente36
(C) La conversion des adjectifs en nom et en adverbes
Des adjectifs hérités du latin, et dont l’emploi a été marqué par
un haut degré de fréquence, ont acquis, dans certains de leurs emplois,
le statut de noms ou d’adverbes.
Dans le cas des emplois nominaux, la qualité ou la caractéristique
appliquées par l’adjectif à la réalité désignée par le nom soit s’est sub-
stituée à cette réalité, la désignant soit s’est constituée en entité concrète
ou abstraite, l’adjectif acquérant ainsi le statut de nom. Il s’agit, dans la
plupart des cas, de certains contextes qui ont favorisé la transformation.
Par exemple: aliment / boisson / temps / atmosphère chaud(e):
Ne pas supporter boire le thé chaud
→ Ne pas supporter le chaud.
_______________
36
Voir la liste complète dans M. Grevisse, Le bon usage, 1988, Duculot,
Gembloux, p. 1342.
143
Les noms résultant de la conversion sont relativement nombreux
et représentent plusieurs clases sémantiques.
doux 1. Ce qui est doux.
Préférer le doux.
Prendre du sec (du vin sec) plutôt que du doux.
2. (Personnes)
C’est un doux.
Fam. Terme d’affection.
Ma douce. Il va voir sa douce.
fort 1. (XIVe) Le côté fort, l’aspect sous lequel une personne,
une chose révèle le plus de puissance, de valeur,
d’efficacité.
Le fort et le faible d’une chose, d’une personne.
2. (1611) Partie forte, résistante d’une chose.
(Archit.) Le fort d’une voûte, d’une poutre.
La plus grande largeur d’un navire.
Largeur au fort.
3. (XIVe s.) d’un ancien sens de l’adjectif’
Le fort de la fôret (le coeur).
Fig. Au fort de l’été, de l’hiver.
(Petit Robert)
Il en est de même de certains adjectifs résultant de la conversion
des formes de participes passé ou de participe présent qui sont employés
aussi comme substantifs:
(adj.) correspondant, -ante: les éléments correspondants
de deux systèmes; des angles correspondants
(nom) un / le correspondant: correspondant diplomatique,
de guerre; avoir des correspondants fidèles.
Un prospectus touristique dépliant.
→ Un dépliant touristique.
La conversion a spécialisé la plupart des formes adjectivales pri-
maires dans des emplois adverbiaux. Ces formes sont enregistrées par
le dictionnaire comme entrées distinctes sous la catégorie d’adverbes:
fort adv. (XVe s.).
1. Adverbe de manière.
Avec de la force physique en fourissant un gros effort.
Frapper fort. Serrer très fort.
144
2. Adverbe de quantité. (avec un verbe. Rare dans la
langue parlée).
Cet homme me déplaît fort.
Vous m’obligeriez fort.
J’en doute fort.
(Petit Robert)
Beaucoup d’adjectifs ont développé les deux emplois de nom et
d’adverbe:
bon 1. (adj.) → Une bonne solution.
2. (nom)→ Cette solution a aussi du bon.
→ Les bons et les méchants.
3. (adv.)→ Sentir bon. Tenir bon.
→ Il fait bon vivre à la campagne.
mauvais 1. (adj.) → Une très mauvaise situation.
2. (nom)→ Les bons et les mauvais.
3. (adv.)→ Sentir mauvais.
→ Il fait mauvais.
D. CONCLUSION
Bien qu’opérant principalement le passage des verbes dans la
classe des noms et dans celle des adjectifs, la conversion transfère
aussi des adjectifs dans la classe des noms ou dans celle des adverbes.
C’est le cas des qualités qui désignent aussi les objets qui les mani-
festent, ce qui fait que beaucoup d’unités lexicales aient le double statut
d’adjectifs et de noms (statut mentionné par le dictionnaire de langue):
beau, belle (adj.) et le beau (n.m.), flou (adj.) et le flou (n.). Certaines
unités adjectivales primaires assument le triple statut d’adjectif, de
nom et d’adverbe: doux, douce (adj.) et doux (adv. et n.), haut, haute
(adj.) et haut (n.m. et adv.).
La conversion s’avère un procédé limité d’une part à certains
types de conversion et d’autre part à la disponibilité des lexèmes
verbaux de changer de statut. Un sondage sur le corpus offert par le
dictionnaire Le Petit Robert a permis de constater:
– que la conversion des formes d’infinitif en noms est réalisée
par une série très restreinte de verbe et représente une série fermée;
– que la plupart des formes de participe passé assument le statut
d’adjectifs;
145
– que certaines des formes qui assument le statut d’adjectif
assument en même temps le statut de nom et d’autres formes, très peu
nombreuses n’assument que le statut de nom.
148
CONCLUSION
La dérivation parasynthétique se montre particulièrement pro-
ductive pour la classe des verbes. Les verbes issus de cette double
dérivation expriment diverses valeurs dont les plus fréquentes sont les
valeurs d’inchoatif (le changement d’état dans le sujet du verbe) ou de
causatif (le changement d’état dans l’objet sur lequel est orientée
l’action exprimée par le verbe).
Les structures qui sont à la base de ce type de dérivation sont des
phrases dont l’adjectif attribut (devenir + adj.; rendre + adj.) ou le nom
circonstant (se mettre à + nom; s’engager dans + nom) se transforment
en verbes:
devenir mou, moins ferme → s’amollir
Son courage s’amollit.
– valeur d’inchoatif, le changement affecte l’état du sujet - le
courage.
rendre mou, moins ferme → amollir qqch.
L’émotion amollit les jambes.
– valeur de causatif, le changement affecte l’état de l’objet direct
du verbe – les jambes.
s’engager, s’enfoncer dans la bourbe, dans un bourbier
→ s’embourber
La voiture s’était embourbée.
mettre en prison qqn., enfermer comme dans une prison
→ emprisonner qqn.
Emprisonner un malfaiteur.
Elle se plaignait d’être emprisonnée dans ce couvent.
Les verbes dérivés peuvent avoir des sens propres (voir les exemples
ci-dessus) et des sens figurés: s’embourber dans la sottise; une cravatte
qui emprisonne le cou; se sentir emprisonné dans ses rêves.
Pour l’ensemble des dérivés parasynthétiques, il est important de
les distinguer des créations formées par la préfixation ou par la suf-
fixation d’une base modifiée antérieurement par un des deux procédés.
L’adjectif enragé, ée, par exemple, est dérivé par la suffixation (-é,ée)
du verbe enrager. Le verbe enlacer est dérivé par la préfixation (en-)
du verbe lacer et le nom enterrement est dérivé par la suffixation
149
(-ment) du verbe enterrer. Ce sont des unités qui comportent dans leur
structure un suffixe et un préfixe, qui sont entrés dans un deuxième
cycle de dérivation, mais qui ne sont pas formées par la dérivation
parasynthétique puisque les deux mécanismes ne sont pas intervenus
simultanément.
1.3.5. La derivation préfixale
1.3.5.1. Définition et origine des préfixes
La dérivation préfixale consiste en l’adjonction d’un affixe (pourvu
ou non d’existence autonome) à la gauche d’un mot susceptible d’au-
tonomie dans la phrase.
Dérivation de type syntagmatique, la dérivation préfixale se rap-
proche de la composition par les relations (des relations syntaxiques
de type phrastique) sur lesquelles reposent les transformations qui
génèrent les nouvelles unités lexicales. La différence entre les deux
types de transformations est donnée par le niveau auquel se situe la
relation réalisée par l’unité visée dans la phrase de départ:
– dans le cas de la préfixation, la relation se situe au niveau du
prédicat, étant centrée sur un modificateur réalisé par une préposition
ou par un adverbe: l’unité préfixée présalaire résulte des transfor-
mations suivantes: le salaire est avant le salaire → le salaire qui est
avant le salaire → le présalaire;
– dans le cas de la composition, les deux termes qui entrent dans
la structure du mot composé sont des éléments constitutifs de la
relation prédicative (du sujet ou du prédicat, respectivement des noms,
des adjectifs et des verbes): la chaise est longue → la chaise qui est
longue → la chaise longue37
Le préfixe peut former une seule unité graphique avec le mot -
base de dérivation ou garder une indépendance relative (antéposer,
réaction, malentendu, après-ski).
L’identification et le dénombrement des préfixes sont des aspects
délicats de la créativité lexicale. Les solutions en ont été relativement
différentes suivant le modèle linguistique adopté. La difficulté de tran-
cher quant à la nature et au statut des préfixes vient du fait que, à côté
des formes du type ad-, ac- anté-, anti-, co-, en-, qui n’ont pas
d’autonomie dans la phrase et n’apparaissent que soudées au mot base,
_______________
37
L. Guilbert, Op. cit., p. 217.
150
il y a les formes après-, arrière-, avant-, bien-, contre-, mal-, pour-,
sans-, sous- qui connaissent un emploi autonome en dehors de l’unité
lexicale préfixée. Ces formes, lorsqu’elles ont le statut de préfixes,
peuvent apparaître soudées au mot base ou rattachées à celui-ci par un
trait d’union. Elles peuvent apparaître aussi complètement libres,
séparées du mot qu’elles accompagnent, lorsqu’elles sont prépositions
ou adverbes. L. Guilbert explique le statut de préfixes de ces unités
semi-autonomes par des mécanismes transformationnels appliqués,
dans le plan synchronique, à la phrase comme base de la création lexi-
cale38. Ces unités semi-autonomes peuvent être considérées comme
des prefixes pour deux raisons:
(1) elles répondent aux critères de définition du préfixe: se placent
à gauche du mot – base de dérivation – et n’amènent pas de modifi-
cation dans le statut morphosyntaxique de celui -ci;
(2) elles entrent en relation de commutation avec d’autres préfixes:
surcharger, décharger, recharger; outrepasser, dépasser, repasser.
Ce sont des préfixes qui ont en commun l’identité de forme39 avec les
préposition et les adverbes.
La dérivation préfixale n’entraîne pas de changement dans le
statut morphosyntaxique du mot base. Le mot obtenu par la préfixation
se maintient dans la même classe:
Nom → Nom
avis → préavis
charge → décharge
ski → après-ski
Adj. → Adj.
raisonnable → déraisonnable
abondant → surabondant
dernier → avant-dernier
Verbe → Verbe
voler → survoler
prendre → reprendre
balancer→ contrebalancer
_______________
38
L. Guilbert, Op. cit., p. 205-219.
39
Hervé-D. Béchade, Phonétique et morphologie du français moderne
et contemporain, P.U.F., Paris, 1992, p. 96.
151
Seule la signification du mot base est modifiée par le prefixe.
Sauf quelques exceptions (rebord, recoin, regarder), le préfixe ajoute
au mot base une valeur prépositionnelle (l’orientation, l’origine) ou
adverbiale (le lieu, le temps, l’opposition, la négation) et, dans le cas
de certaines bases verbales, des valeurs aspectuelles:
terrestre (adj.)
Du monde où vit l’homme, d’ici bas (opposé à céleste)
→ extraterrestre / extra-terrestre
Extérieur à la terre ou à l’atmosphère terrestre.
tomber (v.)
Être entraîné à terre en perdant son équilibre.
→ retomber
Tomber de nouveau, faire une seconde chute.
voir (v.)
Percevoir par les yeux.
→ prévoir
Voir, comprendre, deviner à l’avance qqch.
(Petit Robert)
En fonction du sémantisme du mot base, le même préfixe peut
actualiser des valeurs différentes:
a- [+ privatif] → apesanteur
[+ orientation] → abaisser
ante- / anti- [+opposition] → antéchrist , antichar
[+antériorité] → antéposer, antidater
Le même préfixe peut se combiner avec des bases appartenant à
des classes grammaticales différentes:
préfixe + nom / adjectif / verbe / adverbe
avant- avant-guerre avant-dernier - avant-hier
contre- contre-mesure - contrebalancer -
extra- extra-courant extra-fin - -
inter- interconnexion interethnique interposer -
mé- mésalliance mécontent méconnaître -
rétro- rétroviseur rétroactif rétropédaler -
152
Origine des préfixes
La plupart des préfixes sont d’origine latine. Quelques uns ont
été empruntés au grec et la forme me-/ mé- semble être d’origine francique.
Certaines formes qui viennent du latin ont été empruntées par les
deux voies: populaire et savante, ce qui explique l’existence de deux
ou trois variantes:
Latin Forme populaire Forme savante
ante, pop. *abante avant - anté-, anti-
avant-guerre antéposer, antidater
bis bé- bis-, bi-
- biscuit, bilatéral
dis dé-, dés- dis-
délocaliser, désamorcer disharmonie
in en- , em- in-
encadrer, embrigader indiscipliné
pro pour- pro-
pourchasser proconsulaire
sub, bas-lat.subtus sous-, sou- sub-
sous-préfet, soutitre sublingual
super sur- super
surdévelopper superchampion
Dans le cas des emprunts faits par voie populaire les variantes
s’expliquent par l’altération de la consonne finale en contact avec la
consonne initiale du mot base (sous l’effet de l’assimilation régressive
partielle ou totale):
• dé - devant consonne:
déconsidérer, démonter, découler, détourner.
• dés - devant voyelle:
désaccorder, désadapter, désaltérer, désarmer.
• en - devant voyelle ou consonne autre que b, m et p:
enivrer, encercler, engueuler, enlacer.
• em- devant les consonnes b, m et p:
embarquer, emmener, emporter.
153
• ad -préfixe emprunté uniquement par voie populaire. Ce préfixe
connaît plusieurs formes graphiques et plusieurs prononciations:
ab - (abattre); al- (allonger); ar- (arranger);
ac- (accoupler); ap- (apposer); at- (attendrir).
1.3.5.2. Classification des préfixes
Les préfixes se laissent classer:
• suivant la nature du mot base avec lequel ils se combinent,
donc en fonction des latitudes combinatoires avec les différentes classes
de mots (parties de discours). On distingue des préfixes nominaux,
des préfixes adjectivaux et des préfixes verbaux:
– préf. + nom → préfixe nominal:
préavis, sous-préfet.
– préf. + adjectif → préfixe adjectival:
préélectoral, sous-préfectoral.
– préf. + verbe → préfixes verbal:
copartager, sous-traiter.
• suivant le sens qu’ils ajoutent au mot dérivé, les préfixes se
regroupent dans trois grandes zones sémantiques: les relations d’ordre
dans l’espace et dans le temps, la quantité et la négation:
– préf. + nom / adj./ verbe
[+ relation d’ordre dans le temps: antériorité]
→ préhistoire, préhistorique, préexister.
– préf. + nom / adj. / verbe
[+ idée de quantité]
→ hyperacidité, hypercorrect, hypertrophier.
– préf. + nom / adj. / verbe
[+ idée de négation]
→ mécontentement, mécontent, mécontenter.
Aucun des deux critères ne permet un classement rigoureux et
cohérent parce que, d’une part, beaucoup de préfixes ne se combinent
que rarement avec une seule classe de mots, et d’autre part, il y a de
nombreux glissements entre les zones de signification mentionnées.
En plus, beaucoup d’autres nuances sont le résultat de l’influence du
contexte.
154
1.3.5.3. Principaux préfixes
• anté- / anti-, avant-
Hérités du latin (ante, *abante), ces préfixes expriment l’anté-
riorité dans le temps et dans l’espace. Ils sont peu productifs et ont
donné quelques dérivés à base nominale, adjectivale et verbale. Le
préfixe avant- se combine aussi avec une base adverbiale:
nom adjectif
antépénultième antépénultième
antidate antédiluvien, -ienne
avant-guerre avant-dernier
verbe adverbe
antéposer -
antidater -
- avant-hier
• pré-
Préfixe d’origine latine (de prae), pré- se combine avec des noms,
des adjectifs et des verbes. Il exprime l’antériorité dans le temps. Il est
relativement productif et manifeste une certaine disponibilité pour les
bases nominales et adjectivales:
nom adjectif verbe
préavis préclassique prédisposer
préhistoire préhistorique préétablir
pré-orientation préélectoral, ale prédominer
préfloraison prémilitaire préformer
préfabrication préfabriqué, -ée
préformation préglaciaire
préexistance prénuptial, ale
Beaucoup des formes nominales et adjectivales comportant le
préfixe pré- sont des formes dérivées de bases verbale ou adjectivale
préfixées antérieurement:
– prédominant, ante v. 1370; de prédominer.
– prédominance XVIe s.; de prédominant.
– préexistant, ante XVe s.; de préexister (1482; lat. scolast.
præxistere); préhistorien 1874.
– de préhistoire; préromantisme 1923; de préromantique).
155
• arrière- , après- , post-
D’origine latine (de *adretro, adpressum et post), ces préfixes
expriment la postériorité dans l’espace ou dans le temps et se com-
binent de manière préférentielle avec les différentes classes de mots:
nom adjectif verbe adverbe
arrière-plan - - -
arrière-salle - - -
après-ski - - après-demain
postcombustion postclassique postdater -
postcommunisme postscolaire postposer -
postcommunion postnatal postsynchroniser -
• anti- / ant-
D’origine grecque (anti), ce préfixe exprime l’opposition. Il est
productif surtout parce qu’il manifeste une grande disponibilité à se
combiner avec des noms et des adjectifs dérivés par des suffixes qui
marquent la doctrine:
nom adjectif
antéchrist antialcoolique
anticléricalisme anticlérical
anticolonialisme antiatomique
anticommunisme anticommuniste
• inter- / entre-
D’origine latine (inter), ce préfixe à double forme (savante et
populaire) exprime plusieurs valeurs relativement différentes: l’intervalle
entre deux choses (interclasse, entracte), la répartition sur un espace
(entreposer), la relation de réciprocité (s’entrechoquer) ou une action
qui ne se fait qu’à demi (entrebâiller). Les deux formes se combinent
de manière préférentielle avec les trois classes de mots.
La forme savante inter - ne présente pas de restrictions et semble
favoriser les adjectifs:
nom adjectif verbe
interaction interallié, ée interclasser
intercommunication interastral, ale interjeter
interconnexion intercellulaire interpénétrer
interdépendance intercostal, ale interposer
156
interligne interchangeable
intercommunal, ale
intercontinental, ale
interdépendant, ante
La forme populaire entre- semble refuser la combinaison avec
les bases adjectivales:
nom verbe
entracte (s’)entraider
entraide (s’)entrechoquer
entrecôte (s’)entre-déchirer
entre-ligne (s’)entre-frapper
entremets (s’)entremettre
entrepont (s’)entremêler
entre-rail (s’)entreposer
• hyper- , super- , sur- , supra-, sus-
Ces préfixes forment un micro-système de formes synonymes
qui génèrent des unités lexicales préfixées de manière différente, mais
qui renferment les mêmes valeurs: l’idée de supériorité (en sens local
et temporel), de haut degré, d’excès ou de renforcement. Ces préfixes
présentent des disponibilités combinatoires différentes.
L’élément hyper- d’origine grecque se combine avec des noms
et des adjectifs et forme des termes spécialisés pour certains domaines
scientifiques:
nom adjectif
hyperacidité hypercorrect, ecte
hyperchlorhydrie hyperfocal, ale
hypercritique hypernerveux, euse
hyperémotivité hypersensible
hyperespace hypersonique
Les préfixes super- variante savante et sur- variante populaire
du latin super expriment, dans la langue commune, les mêmes valeurs.
Ils se combinent avec les trois classes de mots:
nom adjectif verbe
supercarburant superfin superposer
superciment superfluide -
superfinition supersonique -
157
superréaction - -
superstructure - -
surabondance surabondant, ante surabonder
suralimentation - suralimenter
Le préfixe sus- ne dérive que quelques formes d’un emploi rare
qui sont réservées à des domaines spécialisés:
susdit, dite (dr. Dit, mentionné ci-dessus)
sus-dominante (mus. Sixième degré de la gamme diatonique)
sus-hépatique (anat. Qui est au-dessus du foie)
sus-maxilaire (anat. De la mâchoire supérieure)
susmentionné , ée (adm. Mentionné plus haut)
susnommé, ée (adm. Nommé plus haut)
sus-tonique (mus. Deuxième degré de la gamme diatonique)
• hypo-, sub- , sous-
D’origine grecque (hypo) et latine (sub, subtus), ces préfixes se
partagent plusieurs zones de signification rapprochées: l’insuffisance,
le degré d’infériorité, la position en dessous et l’approximation. Ils sont
relativement productifs et dérivent des mots qui appartiennent aussi
bien à la langue commune qu’au langage scientifique:
nom adjectif verbe
hypocentre hypochloreux -
hypoderme hypophosphoreux, euse -
hypoglycémie hyposulphureux, euse -
hypotension hypotendu, ue -
subconscient subconscient, -ente subdéléguer
subdélégation subalpin subdiviser
- subaigu, -uë submerger
- sublingual, -ale subodorer
sous-aide sous-admissible sous-évaluer
sous-alimentation sous-alimenté, ée sous-exposer
sous-ingénieur sous-prolétaire sous-louer
• mé- / més-
Ce préfixe, qui présente des variantes positionnelles, exprime
l’idée de négation (le contraire) et ajoute, dans certains cas, une valeur
péjorative. Il se combine avec les trois classes de mots et semble assez
158
productif. À l’origine, ce suffixe s’est combiné avec le verbe (rarement
avec l’adjectif) qui se constitue en base dérivationnelle pour les autres
classes de mots (qui sont des suffixés à partir d’une base préfixée):
nom adjectif verbe
méconnaissable ← méconnaître
méconnu, ue ←
mécontentement ← mécontent, ante → mécontenter
médisance ← médisant, -ante ← médire
méfiance ← méfiant, -ante ← se méfier
méprise ← méprisant,-ante ← mépriser
← méprisable
• dé(s)- , dis-
Ce préfixe, qui présente deux variantes pour la forme populaire
et une seule pour la forme savante, indique l’éloignement, la séparation
ou la privation. Il apparaît comme relativement productif parce qu’il
dérive des adjectifs et des verbes. Ces derniers se constituent, dans
certains cas, en base de dérivation suffixale pour les noms:
nom verbe adjectif
déballage ← déballer déloyal, -e
débarbouillage ← débarbouiller déraisonnable
déblocage ← débloquer désagréable
déboisement ← déboiser démontable
débarquement ← débarquer
disparité dissimuler
dissymétrie disparaître
disjoindre
• en- , em-
Ce préfixe, à variante positionnelle, dérive principalement des
verbes et il a différents sens qui se rattachent à l’idée d’intériorité:
nom verbe
enjeu enchausser (couvrir de paille, de fumier)
endurcir (rendre plus dur au mal, plus résistant)
enfermer (mettre en un lieu d’où il est impossible de
sortir)
enfumer (remplir ou environner de fumée)
159
enlacer (entourer plusieurs fois en serrant;
serrer dans ses bras)
enlever (porter vers le haut; ravir, transporter)
entraîner (emmener de force avec soi; conduire,
mener avec soi)
(s’)envoler (prendre son vol, partir en volant)
emmener (mener (qqn.)avec soi, d’un lieu dans un
autre)
emporter (prendre avec soin (qqch.) et porter hors
d’un lieu)
• re- , ré- , r-
La forme de ce préfixe se modifie en fonction de la nature con-
sonantique ou vocalique de l’initiale du mot avec lequel il se combine:
re - devant un mot à initiale consonantique:
refermer, regrouper, replonger.
res - devant les mots à initiale s -:
ressaissir, ressaisissement, ressauter, ressembler.
ré - devant un mot à initiale vocalique:
rééducation, réintégrer.
r -ou ré devant les mots à initiale a-:
ramener, rassurer,rattraper, réabonner, réagir, réarmer.
Certaines bases se combinent avec les deux formes du préfixe:
rajuster / réajuster ranimation / réanimation
ranimer / réanimer rapprovisionner / réapprovisionner
Ce préfixe, qui à l’origine exprime l’idée de ramener en arrière,
a acquis en français d’autres valeurs plus ou moins apparentées à
celle-ci. Il ajoute à la base les nuances de sens suivantes:
– ramener en arrière: rabattre (ramener par force dans une cer-
taine direction); recourber (courber à une extrémité, rendre courbe);
– revenir à un état antérieur: refermer (fermer ce qu’on avait
ouvert ou ce qui s’était ouvert); retracer (tracer, dessiner à nouveau ce
qui était effacé);
– l’idée de répétition: redire (dire de nouveau), réadmettre
(admettre de nouveau);
– l’idée de renforcement: réunir (mettre ensemble pour former
un tout); redoubler (renouveler en augmentant considérablement);
160
– valeur zéro: rebord (bordure, pièce en sailli qui forme le bord).
recoin (coin caché, retiré); réchapper (échapper à un péril pressant;
guérir, s’en sortir vivant); regarder (faire en sorte de voir, s’appliquer
à voir).
La valeur dominante du préfixe re- est l’itération (l’idée de répé-
tition, de reprise d’une action), ce qui en fait un moyen de base du
système des marques aspectives du verbe:
verbe verbe verbe verbe
abonner → réabonner apparaître → éapparître
absorber → réabsorber armer → réarmer
adapter → réadapter assigner → réassigner
admettre → réadmettre agir → réagir
applatir → raplatir appliquer → rappliquer
Le statut de marque aspective du préfixe est confirmé aussi par
la valeur du nom dérivé ultérieurement de verbe préfixé:
nom verbe
réabonnement ← réabonner
réabsorbtion ← réabsorber
réadaptation ← réadapter
réadmission ← réadmettre
réanimation/ ranimation ← réanimer / ranimer
réapparition ← réapparaître
CONCLUSION
La préfixation est un procédé productif qui intervient dans la
dérivation de trois classes de mots: les noms, les adjectifs et les verbes.
Les opérateurs de préfixation sont soit des affixes non auto-
nomes en dehors de la base préfixée, soit des unités autonomes (des
préposition ou des adverbes). Les préfixes sont relativement nombreux
et certains d’entre eux se combinent avec des bases appartenant aux
trois classes de mots.
Dans certains cas, où la dérivation préfixale se surajoute à la
dérivation suffixale, la préfixation se rapproche de la dérivation para-
synthétique.
Les préfixes, tout comme les suffixes, ont le double statut d’élé-
ment constitutif de la forme nouvellement créée et de modificateur de
sens (lexical).
161
2. LA COMPOSITION
2.1. Définition et procédés
La composition est le procédé par lequel on forme une nouvelle
unité lexicale en unissant deux ou plusieurs mots qui existent déja
dans la langue et qui fonctionnent comme unités autonomes: arc-en-
ciel, timbre-poste, passe-partout, portemanteau.
La tradition reconnaît deux types de composition, distiguées par
l’origine des mots base: la composition savante (les mots agencés
sont d’origine grecque ou latine) et la compostion française ou popu-
laire (les mots agencés sont d’origine française).
La langue contemporaine a développé de nouveaux modes de
composition:
– à partir de bases françaises ont été crées des unités syntag-
matiques, appelées synapsies;
– à partir des procédés spécifiques de la composition savante
ont été développés des formations marquées par l’abréviation et par
la troncation;
– beaucoup d’unités syntagmatiques ont été réduites aux lettres
initiales des termes constitutifs, formant ainsi des sigles, un autre type
de mots composés.
Le mot composé s’inscrit dans le lexique de la langue comme
unité lexicale à valeur dénominative. Il designe une réalité unique.
Les mots-base qui forment le mot composé entretiennent des
relations syntaxiques de type déterminé – déterminant, relations
explicitées par la proposition – base de la transformation. Les mots-base
apparaissent dans la phrase avec le statut de syntagme nominal, syn-
tagme verbal ou élément de syntagme. Ils sont distribués dans les
différentes fonctions syntaxiques de sujet, attribut ou complément. La
transformation suppose la réduction de la proposition de base à une
relative qui comporte l’élément auquel sera assigné le statut de déter-
minant dans le mot composé.
Cette lampe ne s’éteint pas par grand vent (tempête).
→ Cette lampe est une lampe qui ne s’éteint pas par grand vent
(tempête)
→ C’est une lampe-tempête. → (une) lampe-tempête
162
Cette boule est faite de neige.
→ Cette boule est une boule qui est faite de neige.
→ C’est une boule de neige. → (une) boule de neige
Dans cette boule on peut mettre du riz / du thé.
→ Cette boule est une boule dans laquelle on peut mettre du riz /
du thé.
→ C’est une boule à riz / à thé. → (une) boule à riz / à thé
Ce dispositif (accessoire d’un véhicule) est destiné à recevoir
(porter) des bagages.
→ Ce dispositif est un dispositif qui est destiné à porter des
bagages.
→ C’est un porte-bagages. → (un) porte-bagages
La cohésion de la nouvelle formation est assurée, au niveau
formel, par la suppression de certains éléments spécifiques de la
syntaxe de la proposition: prédéterminants, pronom relatif et verbe. La
préposition qui marque la relation syntaxique entre le nominal et le
terme régissant se maintient dans le nom composé: arme à feu, ligne
d’horizon, arc-en-ciel.
Reposant sur la relativisation, la seule transformation de nomi-
nalisation, la composition produit des substantifs et des adjectifs. La
formation des verbes est exclue parce qu’il est impossible d’avoir
deux verbes dans la même phrase noyau – la base de la transfor-
mation. Les verbes qui semblent être le résultat de la composition
(maintenir, saupoudrer, colporter, culbuter, bouleverser) sont des for-
mations anciennes et «ont la valeur d’un moyen aggloméré au verbe
dans un ordre emprunté au latin et maintenu dans la syntaxe primitive
du français sans qu’intervienne une transformation par verbalisation à
partir d’une phrase de base»40. En français contemporain il existe des
locutions verbales qui comportent un seul noyau verbal, la cohésion de
l’ensemble n’étant pas le résultat d’une véritable transformation mais
d’un agencement syntagmatique confirmé par l’usage41. Cependant,
certains linguistes classent parmi les mots composés aussi bien des
verbes que des adverbes, des préposition et des conjonctions42.
_______________
40
L. Guilbert, Op. cit., p. 222.
41
L. Guilbert, Op. cit., p. 261.
42
M. Riegel, J.-C. Pellat, R. Rioul, Op. cit., p. 548-549; Hervé -D. Béchade,
Op. cit., p. 143-147.
163
L’ordre des termes qui constituent le mot composé peut être soit
progressif déterminé – déterminant (qui correspond à l’ordre normal
de la syntaxe du français): député-maire, bateau-pilote, sang-froid,
pare-choc, porte-drapeau, laissez-passer, soit régressif déterminant
– déterminé (qui correspond au modèle latin ou qui est calqué sur le
modèle anglais): bas-fond, haut-fond, rond point, sauf-conduit, haut-
parleur, libre-service.
Les éléments réunis dans le mot composé se présentent :
– soudés, lorsqu’il s’agit de formations de date ancienne: bon-
homme, gentilhomme, lieutenant,maintenir, portemanteau;
– réunis par un trait d’union: abat-jour, porte-clés, rouge-gorge,
sauf-conduit;
– en groupement libre, séparés par des blancs typographiques:
billet doux, salle à manger, dents de laits, poids lourd.
La tendance de la langue est à l’agglutination, tendance confirmée
par les mots créés de longue date et d’usage général. Le dictionnaire
enregistre des mots composés agglutinés graphiquement, attestés de
date ancienne: passeport (1520), plafond (1559), vinaigre (1200),
marchepied (1330).
Dans les rectifications de l’orthographe française approuvées par
l’Académie Française et publiées le 6 décembre 1990, il est proposé,
entre autres, de supprimer le trait d’union dans certains noms composés
qui connaissent un emploi généralisé et qui sont relativement fréquents.
Cette décision se justifie par le besoin de simplifier la graphie de la
langue française et s’appuie sur le fait que le procédé de la composition
avec trait d’union coexiste et est en concurrence avec la composition
par agglutination ou par soudure (portemanteau, betterave) mais aussi
avec la composition par le figement d’expressions dont les termes sont
autonomes dans la graphie (pomme de terre, compte rendu). Les éditions
récentes du dictionnaire le Petit Robert enregistrent les modifications
approuvées par l’Académie. Pour le moment, pour certains mots, les
deux graphies coéxistent:
porte-feuille / portefeuille
porte-crayon / portecrayon
porte-clé(s) / porteclé(s)
basse-cour / bassecour
mille-feuille / millefeuille
sage-femme / sagefemme
164
Dans certains composés (formés par téléscopage), appelés aussi
mots-valises ou mots-portemanteaux, les mots qui entrent dans leur
structure sont tronqués et on retrouve, comme termes constitutifs, la
tête d’un mot et la queue d’un autre:
français + anglais → franglais
automobile + omnibus → autobus
transfer + resistor → transistor
biologie + électronique → bionique
Dans tous les types de composition, l’ensemble se comporte
comme un mot simple et forme une unité de sens nouvelle dont la
signification est différente de celle de chaque élément constitutif pris
séparément. La signification du mot composé est donnée par le statut
morphosyntaxique de celui-ci et par la nature sémantique des termes
constitutifs, étant marquée aussi par l’ordre des termes.
Les mots composés sont identifiés et distingués des combinai-
sons libres (groupes de mots réunis selon les règles du discours),
dans plusieurs plans.
Dans le plan référentiel, le mot composé, tout comme le mot
simple, renvoie à une réalité unique (objet matériel ou abstraction).
Les images évoqueés par les éléments constitutifs, pris séparément,
s’effacent en faveur d’une seule réalité. Les mots chou-fleur, frein à
air comprimé, relation d’équivalence, par exemple, évoquent un seul
élément de la réalité, respectivement un certain légume, un certain
dispositif et un certain type de relation.
Dans le plan sémantique, le mot composé présente plusieurs
particularités données par le rapport qui s’établit entre le sens des
composants et le sens du mot qu’ils forment.
Dans certains cas, on retrouve le sens des éléments constitutifs
mais modifié par des éléments particuliers qui s’ajoutent de manière
arbitraire. Par exemple, un grand magasin n’est pas uniquement «un
magasin de grandes dimensions» mais aussi et surtout «un magasin où
est vendue une riche variété de produits».
Dans d’autres cas, il n’y a aucun rapport avec le sens habituel
des mots pris séparément. Le chou-fleur, n’est ni chou ni fleur, mais
«une variété de chou dont les inflorescences forment une masse blanche,
charnue et comestible».
165
En règle générale, le sémantisme du mot composé est donné par
les relations qui s’établissent entre ses termes, le déterminé dictant la
structuration du sens:
• dans un mot formé de deux substantifs (N1 + N2 ) ou d’un
substantif et d’un adjectif (N + Adj.), le plus souvent, le déterminé –
premier terme dans la structure à ordre progressif et second terme
dans la structure à ordre inversif, inscrit la réalité désignée dans une
classe plus générale qui est spécifiée par le deuxième terme – le déter-
minant, attribut ou complément:
– papier-calque (papier transparent permettant de décalquer)
– papier filtre (papier filtre destiné à la filtration des liquides)
– papier-linge (papier cellulosique servant à fabriquer des
mouchoirs, des couches)
– salle de séjour (pièce où l’on se tient habituellement)
– salle à manger (pièce disposée pour y prendre les repas)
– aide-comptable (personne qui aide un comptable et travaille
sous ses ordres)
– expert-comptable (personne qui est chargée d’organiser,
vérifier, apprécier ou redresser les comptabilités).
• dans les mots formés d’un verbe et d’un nom, le sémantisme
du nom et la nature de la relation qu’il entretient avec le verbe oriente
le sens de l’ensemble vers l’agent ou vers l’instrument de l’action,
rarement vers l’action elle-même:
– porte-croix (personne qui porte la croix – devant le pape,
devant une procession)
– porte-drapeau (officier qui porte le drapeau d’un régiment)
– porte-parole (personne qui prend la parole au nom de
quelqu’un d’autre)
– chauffe-eau (appareil producteur d’eau chaude)
– coupe-papier (instrument servant à couper le papier)
– portemanteau (dispositif pour suspendre les vêtements)
– casse-tête (travail qui demande un effort soutenu, qui
fatigue)
– lèche-vitrines (action de «lécher les vitrines», de flâner en
regardant les étalages).
166
Dans le plan syntaxique, les mots composés s’individualisent
par leur comportement face à certaines manipulations, dont on doit
mentionner:
– la résistance de l’ensemble à l’insertion de déterminants incidents
seulement à l’un des éléments constitutifs; seules les déterminations
globales sont acceptées:
bonhomme → *un très bonhomme /
un bonhomme sympathique, un petit bonhomme.
pomme de terre → *des pommes précoces de terre /
des pommes de terre précoces.
boîte de nuit → une boîte fréquentée de nuit /
*
173
demi-circulaire semi-précieuse
semi-circulair semi-public
•• Formes composées d’un adjectif et d’un participe:
Adj. + Participe
clairsemé, ée clairvoyant, ante
nouveau-né, nouveau-née
premier-né, première-née
dernier-né, dernière-née
demi-mort, demi-morte
Certains des adjectifs de cette classe ont aussi le statut de subs-
tantifs. Il revient au contexte syntaxique de les distinguer:
Adjectifs Noms
Enfant dernier-né. / Le dernier-né.
Une gloire nouveau-née. / Les cris du nouveau-né.
Enfant premier-né. / Les premiers-nés.
Verbes semi-auxiliaires. / Les semi-auxiliaires modaux.
Propriétés semi-conductrices. / Utilisation des semi-
conducteurs dans les transistors.
Populations semi-nomades./ Les semi-nomades et les
sédentaires.
(Petit Robert)
•• Formes composées d’un adjectif et d’un nom:
Adj. + N.
La plupart des formations de cette classe se situent dans la zone
sémantique des couleurs. Les adjectifs de couleur se combinent avec
des substantifs pour désigner des couleurs intermédiaires.
gris ardoise noir anthracite rouge rubis
gris anthracite noir ébène rouge framboise
gris fer noir jais rouge lie-de-vin
gris souris rouge cerise rouge bordeaux
gris perle rouge coquelicot rouge brique
En conclusion, la composition savante ou populaire est un
procédé qui s’individualise principalement par le fait qu’il génère des
noms et des adjectifs.
174
Les composés formés d’un verbe et d’un nom sont les plus
nombreux et sont enregistrés dans toutes les étapes de l’évolution du
français. En règle générale, le verbe à statut de noyau de la forme
composée est à la forme la plus simple (3-e personne du présent de
l’indicatif). Les verbes faire et savoir se maintiennent à la forme de
l’infinitif dans les composés qu’ils génèrent: un faire-part, un faire-
valoir, le savoir-être, le savoir-faire, le savoir-vivre.
Cohésifs au niveau du contenu, les termes qui entrent dans la
structure du mot composé gardent, au niveau de la forme, une indé-
pendance relative, marquée parfois par la variation en nombre du mot
composé: dans les noms qui sont formés sur un adjectif et un nom les
deux termes varient en nombre: un petit-fils / des petits-fils; un gentil-
homme / des gentilshommes.
Répondant au besoin de désignation, la composition, qu’il s’agisse
de formation à éléments français ou à éléments savants, est très pro-
ductive dans les domaines spécialisés43.
2.5.2. La troncation
La troncation est le procédé d’abréviation qui produit des formes
tronquées qui ne sont pas lexicalisées sous la forme réduite, mais se
combinent avec des mots savants ou des mots français pour former
d’autres mots composés.
Des mots comme: antibiogramme, photocopillage, sont formés
des bases tronquées antibio- et photoco- (des mots antibiotique et
photocopie) agencés avec les mots gramme et copillage.
La troncation permet de former un type spécial de mots, appelées
mots-valises, caractéristiques pour certains vocabulaires spécialisés.
Le procédé de formation repose sur le télescopage de deux bases
tronquées (la première ayant la partie finale retranchée et la deuxième
182
la partie initiale) et le maintien dans le mot nouvellement créé d’un
élément commun aux deux bases:
informa(tion) + (auto)matique → informatique
ima(gination) + machination → imachination
fiction + (dicti)onnaire→ fictionnaire53
Au point de vue sémantique, ces formations se caractérisent par
le fait qu’elles expriment deux relations de prédications en une seule
unité lexicale: «X est à la fois A et B»54, autrement dit l’imachination
est en même temps imagination et machination.
À côté des formations qui respectent les règles de réduction de
syllabes et de télescopage, il y a des formations étiquetées comme
mots-valises qui ne respectent pas intégralement ces règles, mais qui
satisfont à la condition d’exprimer deux prédications:
éléphant + fantôme → éléphantôme
connect(ion) + (automa)tique → connectique
document(ation) + (automa)tique→ documentique
Le procédé s’avère productif aussi bien pour la langue commune
que pour certains domaines spécialisés et se constitue en source de
création de néologismes.
2.6. La siglaison
La siglaison est le procédé par lequel une unité syntagmatique
(synapsie) – est réduite aux lettres initiales des mots qui la composent.
Ces lettres sont, en principe, séparées par des points mais il se peut
qu’elles ne le soient pas:
O.N.U. (Organisation des Nations Unies).
P.S. (Parti Socialiste).
C.G.T./ CGT (Confédération Générale du Travail).
OMS (Organisation Mondiale de la Santé).
_______________
53
Mot créé par Alain Finkielkraut pour désigner son dictionnaire de
mots-valises, Le Petit Fictionnaire illustré, Editions du Seuil, collection «Points»,
1981.
54
Cf. Marie-Françoise Mortureux, La lexicologie entre langue et discours,
Editions SEDES, 1997, p. 52-53.
183
La formation qui en résulte est appelée sigle55.
Les sigles ont le statut d’un nom et empruntent le genre au nom
principal sur lequel est formée l’unité synaptique :
T.G.V. (Train à Grande Vitesse): le train → le T.G.V.
C.G.T. (Confédération Générale du Travail):
la confédération → la C.G.T.
A l’époque contemporaine, le procédé est très productif. Il répond
au principe général d’économie qui agit aussi bien dans l’expression
orale que dans l’expression écrite.
La siglaison s’applique aux synapsies qui désignent des structures,
des organismes et tout autre institution ou même objet ou notion nommés
par un groupe de mots:
– pour les partis et les organismes politiques les initiales les plus
fréquentes sont:
P. (Parti), M. (Mouvement), O. (Organisation), F. (Front),
U. (Union), A. (Alliance), R. (Rassemblement),
initiales auxquelles s’ajoutent d’autres qui représentent les noms ou
les adjectifs déterminant le nom centre:
S. (Socialiste), C. (Communiste), (Démocrate), E. (Ecologiste),
N. (National), L. (Libéral), R. (Républicain):
P.S.F. – (le) Parti Socialiste Français
P.C.F. – (le) Parti Communiste Français
– pour les organismes internationaux:
O. (Organisation), C. (Convention):
O.N.U. – (l’) Organisation des Nations Unies
O.M.C. – (l’) Organisation Mondiale du Commerce
_______________
55
Le Dictionnaire Petit Robert (P.R.) définit le sigle comme «initiale
ou suite d’initiales servant d’abréviation» et le Nouveau Petit Larousse Illustré
(N.P.L.I.) comme le «groupe de lettres initiales constituant l’abréviation de
mots fréquemment employés» et logotype ou logo le «groupe de lettres, abré-
viations, etc. fondues en un seul bloc pour accélérer la composition typo-
graphique».
184
O.I.T. – (l’) Organisation Internationale du Travail
C.I.D.E. – (la) Convention Internationale des Droits de l’Enfant
– pour les organismes financiers et économiques:
B. (Banque), F. (Fond), C. (Compagnie), S. (Société), R. (Régie):
B.N.P. – (la) Banque Nationale Populaire
F.M.I. – (le) Fond Monétaire International
S.N.C.F. – (la) Société Nationale des Chemins de Fer
C.F.P. – (la) Compagnie Française du Pétrole
R.A.T.P. – (la) Régie Autonome des Transports Parisiens
– pour les structures et organismes administratifs:
M. (Ministère), D. (Direction), DG (Direction Générale),
S. (Service), O. (Office):
M.E.N. – (le) Ministère de l’Education Nationale
D.G.S.E. – (la)Direction Générale de Sécurité Extérieure
D.G.T. – (la) Direction Générale de Télécommunications
O.R.T.F. – (l’) Office de Radio-télévision Française
– pour les structures universitaires et les maisons d’édition:
E. (Ecole;Enseignement), I. (Institut), D. (Diplôme), C. (Centre),
R. (Recherche), U. (Unité), S. (Section):
U.E.R. – (l’) Unité d’Enseignement et de Recherche
H.E.C. – (les) Hautes Etudes Commerciales
I.U.T. – (l’) Institut Universitaire de Technologie
I.U.F.M. – (l’) Institut Universitaire de Formation des Maîtres
D.U. – (le)Diplôme universitaire
D.E.U.G. – (le) Diplôme d’Études Universitaires Générales
S.T.S. – (la) Section de Techniciens Supérieurs
La prononciation des sigles se fait, dans la plupart des cas, par
l’épellation successive des lettres qui les composent:
H.L.M. (hachélemme) [aΣεlΕ]
C.G.T. (cégété) [seΖete]
S.N.C.F. (essencéeffe) [εsεnseεf]
O.R.T.F. (oertéeffe) [oε{teεf]
I.U.F.M. (iueffemme) [iyεfεm]
185
Lorsque l’agencement des lettres le permet, les sigles sont pro-
noncés comme les mots ordinaires:
E.N.A [ena], O.V.N.I. [ovni]
Certains sigles sont formés sur la première syllabe des mots qu’ils
réduisent56:
DIREP – [di{εp] Direction du Personnel
DIREN – [di{εn] Direction Regionale de l’Environnement
USINOR – [yzin {] Union Sidérurgique du Nord
SOFRES – [s f{Εs] Société Française d’Etudes et de Sondages
LIBER – [libΕ{] Ligue des Bibliothèques Européennes de
Recherche
Les sigles intégrés complètement au système de la langue peuvent,
au point de vue lexical, se constituer en base de dérivation suffixale
(ils permettent de dériver des adjectifs) et, au point de vue syntaxique,
se constituer en déterminant à valeur adjectivale:
CGT → cégétiste (membre du syndicat «la Confédération
Générale du Travail»)
CAPES → capétien, enne (titulaire du Certificat d’Aptitudes
à l’Enseignement Second degré)
ENA→ énarque (étudiant/ étudiante à l’Ecole Nationale
d’Administration)
un député cégétiste
un maire cégétiste (membre de la Confédération Française
Démocratique du Travail)
La siglaison apparaît actuellement comme un procédé très
productif. Elle s’applique à toutes sortes de structures dénominatives
en vertu du seul principe de l’économie. On dit couramment: la RTT
_______________
56
Les mots formés des syllabes initiales de plusieurs mots sont appelés
des acronymes (>gr. acros «extrême»). C’est le terme dont on désigne aussi
certains mots composés de l’élément initial d’un mot et de l’élément final
d’un autre ou d’un autre mot utilisé dans sa totalité: camescope Å (caméra
+ magnétoscope), restoroute Å (restaurant + route), alcootest Å (alcool +
test). Les mots formés sur ce dernier modèle sont appelés aussi des mots-
valise.
186
(la Réduction du temps de travail), les CPGE (les Cours préparatoires
pour les grandes écoles). Diffusés par les médias et surtout par la presse,
les sigles connaissent une très large diffusion. Ils sont entrés dans le
vocabulaire de tous les jours, de toutes les catégories de locuteurs .
Les deux types de formation de mots nouveaux par l’abré-
viation, sous forme de sigles ou par la réduction des syllabes finales,
représentent une des caractéristiques du français de longue date et de
grande ampleur et l’individualise par rapport aux autres langues.
187
EXERCICES
1. Introduction
A.
• Donnez la définition du mot.
• Dites en quoi consiste la différence entre le lexique et le voca-
bulaire.
• Quels sont les plans sur lesquels les mots peuvent être identifiés ?
• Quelles sont les classes de mots qu’on peut distinguer du point de
vue de la structure ?
• Quelles sont les perspectives dont on peut décrire le lexique ?
• Quelles sont les classes de mots du point de vue du contenu ?
B.
1. Précisez la nature des mots ci-dessous:
maison (a) mot dénotatif, (b) mot métalinguistique, (c) mot-outil.
mais (a) mot dénotatif, (b) mot métalinguistique, (c) mot-outil.
syntagme (a) mot dénotatif, (b) mot métalinguistique, (c) mot-outil.
pourquoi (a) mot dénotatif, (b) mot métalinguistique, (c) mot-
outil.
fête(a) mot dénotatif, (b) mot métalinguistique, (c) mot-outil.
188
Solutions
(a) ; 1.2. (c) ; 1.3. (b) ; 1.4 (c) ; 1.5. (a)
2.1.(a) ; 2.2. (b) ; 2.3. (a) ; 2.4. (b) ; 2.5. (c) ; 2.6. (a) ; 2.7. (c)
2. Dérivation
A.
• Quels sont les opérateurs de dérivation ?
• Quels sont les éléments qu’on doit prendre en compte dans le
mécanisme de dérivation ?
• Quels sont les types de dérivation ?
B.
1. Les mots dérivés ci-dessous résultent de la dérivation para-
digmatique. Dites si c’est Vrai ou Faux
livre → livresque
calme → calmement
maison → maisonnette
porte → portière
rouge → rougir
parfait → imparfait
Solutions
1.1. Vrai 2.1. (a)
1.2. Vrai 2.2. (c)
1.3. Faux 2.3. (c)
1.4. Faux 2.4. (b)
1.5. Vrai 2.5. (a)
1.6. Faux
3.1 (a); 3.2. (b); 3.3. (c); 3.4. (b); 3.5. (a); 3.6. (c) : 3.7. (a); 3.8. (c).
4.1. (b); 4.2. (a); 4.3. (c); 4.4. (a) ; 4.5. (b)
5.1. (a); 5.2. (b); 5.3. (c) (b); 5.4. (c); 5.5. (a); 5.6. (c)
190
1. La composition
A.
• Donnez la définition de la composition en tant que mécanisme
de formation de nouveaux mots.
• Combien de types de composition y a-t-il en français suivant
l’origine des éléments constitutifs ?
• Quelles sont les classes de mots dans lesquelles il y a des mots
composés ?
B.
1. Précisez la nature des termes qui entrent dans la structure des
mots composés suivants:
1.1. porte-drapeau (a) N+N ; (b) N+Adj.; (c) V+N
1.2. pont-route (a) N+N ; (b) N+Adj.; (c) V+N
1.3. coffre-fort (a) N+N ; (b) N+Adj.; (c) V+N
1.4. mainmorte (a) N+N ; (b) N+Adj.; (c) V+N
1.5. chef-d’œuvre (a) N+N ; (b) N+Adj.; (c) V+N
1.6. garde-malade (a) N+N ; (b) N+Adj.; (c) V+N
Solutions
1.1. (c); 1.2. (a); 1.3. (b); 1.4. (b); 1.5. (a); 1.6. (c)
1.2. (b); 2.2. (a); 2.3.(a); 2.4. (b); 2.5. (a); 2.6. (c)
191
BIBLIOGRAPHIE
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