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PHONOLOGIE

1- la différence entre phonétique et phonologie

Opposition phonétique / phonologie


• Troubetzkoy (1986 : 3), chef de file du Cercle linguistique de
Prague, propose « d’instituer non pas une seule, mais deux
"sciences du langage", l’une devant avoir pour objet l’acte de
parole et l’autre la langue ».
• Il précise qu’il donnera « à la science des sons de la parole le nom
de phonétique et à la science des sons de la langue le nom de
phonologie. »
• Ces deux sciences étaient pour lui, distinctes, mais néanmoins
complémentaires.
• Cet intérêt pour la distinction entre les deux disciplines a permis,
en 1929, au cercle linguistique de Prague, de consacrer les deux
premiers tomes de ses travaux à la phonologie, en tant que
science des sons de la langue .
• L’ensemble théorique des idées de cette phonologie pragoise a
été réuni dans l’ouvrage principes de Phonologie de Troubetzkoy,
paru en 1939 et traduit par J. Cantineau en 1949.

➢ La phonétique y est présentée alors comme une discipline :


→ qui décrit la forme que reçoit l’expression linguistique dans une
langue donnée,
→ qui établit les lois qui régissent sa structure.

➢ La phonologie, quant à elle, y est définie comme une discipline :


→ qui recherche spécifiquement les oppositions phoniques utilisées,
→ qui établit la nature des rapports entretenus entre les sons,
→ qui propose un classement phonologique
Le phonéticien devra étudier le son dans tous ses aspects,
indépendamment de sa fonction linguistique. Il s’intéressera, par
exemple, à l'existence des différentes réalisations du "r" français, à
savoir, le son roulé apical, le son dorso-uvulaire et le son grasseyé dans
la prononciationdu mot "rare« [Ra:R].

Le phonologue, ne s'intéresse, lui, qu'aux unités distinctives qui


remplissent une fonction dans la langue. Il ne tiendra pas compte des
réalisations du "r" , puisque l'opposition n'entraine pas de changement
de signifié et ne permet pas d'identifier les sons comme des phonèmes
distincts.

Les deux types d’analyses sont complémentaires et indissociables dans


l’étude de la face signifiante, car le linguiste ne peut se passer de
l'analyse physiologique des faits de prononciation qui elle-même, ne
saurait être significative sans l'étude linguistique du système.

2- Le phonème
C’est une unité phonologique distinctive de prononciation dans une langue.
Deux sons sont des phonèmes si dans un mot, la substitution de l’un par l’autre
entraîne un changement de sens par exemple dans « chat » et « rat », le son «
ch » est le phonème \ʃ\ et le son « r » est le phonème \ʁ\.
Différentes caractéristiques du phonème
❑ Le phonème est la plus petite unité distinctive, identifiée au moyen de paires
minimales ou de quasi-paires minimales.
❑ Le phonème est en relation avec les autres phonèmes de la langue pour
former le système
phonologique de la langue.
❑ Le phonème est une unité minimale de sons constituée d’un faisceau de
traits phonétiques articuléssimultanément.

❑ Chaque phonème est lui-même analysable en une série de traits pertinents,


par lesquels il se distingue de tous les autres phonèmes de la langue.
❑ Chaque phonème est constitué d’un ensemble de traits distinctifs, de traits
pertinents.
❑ le phonème s’oppose sur le plan paradigmatique à d’autres phonèmes par
un ou plusieurs traits phoniques qui peuvent être soit pertinentssoit
redondants.
❑ Le phonème relève de la langue et non du discours
❑ Le phonème est une abstraction
❑ Les phonèmes, contrairement aux sons, sont en nombre limité dans chaque
langue

❑ Chaque langue possède son propre inventaire de phonèmes


❑ Les phonèmes s’organisent en système, plus précisément en système
d’oppositions

❑ La notation entre barres obliques ( /…/ ) remplace la notations entre


crochets ([…] pour caractériser les unités phonologiques

3-Une paire minimale

• On définit la paire minimale comme une paire de mots dont le sens


(signifié) est différent, et dont la forme (signifiant)ne diffère que par un
seul son.
• Ces mots peuvent ainsi faire apparaitre des oppositions de sonorité, de
mode d'articulation,de lieu d'articulation, de degré d'aperture ou de
nasalité qui fonctionneront, dès lors, comme des oppositions
pertinentes.
• Par exemple [ékaR] « écart » et [égaR] « égard »
- en analysant le couple de mots [ékaR] « écart » et [égaR] « égard », nous
constatons que la substitution des sons /k/ et /g/, dans le même contexte
syntagmatique de droite et de gauche,entraîne un changement de sens et
permet d’opposer deux signifiants.
- Le couple de mots « écart » et « égard », apparait alors comme une paire
minimale dont les sons en opposition se distinguent par le trait de sonorité,
comme il apparait dans le paradigme ci-dessous:
{#é k a R#}
G

3-Le role des paires minimales


Le rôle des paires minimales est d’identifier les traits pertinents qui
caractérisent les différents phonèmes d’une langue donnée. Elles servent à
délimiter le système phonologique d’une langue à partir du principe
d’opposition .
L’opération par laquelle on remplace un son par un autre dans une paire
minimale s’appele une commutation .

4-L'allophone

En linguistique, un allophone est l'une des réalisations sonores possibles d'un


phonème. Contrairement à deux phonèmes entre eux, deux allophones d'un
même phonème ne peuvent s'opposer en distinguant des unités de sens
distincts dans une langue : les locuteurs leur attribuent le même rôle
fonctionnel en phonologie, même quand ils perçoivent la différence
phonétique entre les deux. Dans le texte qui suit, une forme entre crochets
indique une transcription phonétique, tandis qu'une entre barres obliques
indique une transcription phonologique.Dans une approche structurale,
l'identification des phonèmes se fait typiquement par la méthode de la paire
minimale, c'est-à-dire en construisant un couple de mots de sens différents et
qui ne sont distingués phonétiquement que par un seul son. Par exemple, en
français, père /pɛʁ/ et mère /mɛʁ/ forment une paire minimale qui permet
d'identifier /p/ et /m/ comme des phonèmes distincts. Avec des allophones, il
est impossible de construire de telles paires : la substitution d'un allophone à
un autre ne modifie pas le sens du mot. Par exemple, en français, père peut
diversement se prononcer [pɛr], [pɛʀ] ou [pɛʁ] : les consonnes [r] (roulée
alvéolaire), [ʀ] (roulée uvulaire) et [ʁ] (fricative uvulaire) sont phonétiquement
des sons différents mais leur différence n'est pas fonctionnellement pertinente
: ils sont interprétés comme des variantes de prononciation d'une même unité
phonologique, le phonème /r/.
Les locuteurs peuvent être plus ou moins conscients de la situation
d'allophonie. Les francophones reconnaissent habituellement la différence
entre les différents types de /r/ du français mais bien plus rarement que le
phonème /k/ a pour maints locuteurs un allophone palatal [c] devant voyelle
antérieure et un allophone vélaire [k] dans les autres positions (comparer par
exemple qui et cou, phonologiquement /ki/ et /ku/ mais phonétiquement [ci]
et [ku] pour ces locuteurs) .

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