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DSLC2 : Tronc commun

PLG 1401 : ANALYSE DES PHONEMES


Dr KOSSOUHO
2022-2023

Plan de l’enseignement
Introduction
- Cibles : Tous les étudiants inscrits en 2e année au DSLC.
- PLG 1401 = 2 ECU, le second étant Linguistique historique.
- Enseignements du même champ : sem.1, 2 et 3 (Linguistique générale, Alphabet des
langues nationales, Linguistique comparative, Phonologie, linguistique historique).
- Objectifs : distinguer les phonèmes d’une langue.
- Conduite à tenir (conseils)
1. Les paliers de la description linguistique
- Qu’est-ce qu’un palier de la description linguistique
- Chaque palier avec son domaine de prédilection
2. Le système phonologique
- Définition
- Critères d’identification du système phonologique :
a- Paires minimales :
b- Paires suspectes
- Le système consonantique
- Le système vocalique
- Le système tonal
3. Les traits caractéristiques/distinctifs
- Définition
- Critères d’identification des traits distinctifs des phonèmes
- Les traits consonantiques
- Les traits vocaliques
4. Les variantes combinatoires
- L’archiphonème
- La distribution complémentaire
5. Etude de cas : choisir une langue pour en faire l’application
- Une langue gbe : le wémɛ̀gbe
- Une langue èɖè : le èɖèyoruba
- Une langue gur : le baatɔnú
Conclusion
Références bibliographiques

Baylon Ch. & Fabre P., 1975, Initiation à la linguistique,

Capo, H. B. C., 1991, A Comparative Phonology of Gbe, Berlin : Foris publications &
Garome : Labo Gbe (Int.).

1
------ 1988, Renaissance du gbe : réflexions critiques et constructives sur l’ewe, le fon, le
gen, l’aja, le gun, etc. Hambourg : Buske.
------& Kossouho, F. F., 2003, « De quelques spécificités phonologiques de l’ajlágbe : un
parler gbe », in linguistique Africaine n°23, pp 19-51,
Dubois et al, 1973, Dictionnaire de linguistique, Larousse, Paris.

Gbéto, F. 1985, "Du statut phonologique du tonème modulé bas-haut et du phénomène de


changement des consonnes en Maxigbe", IN Langage et Devenir 2 : 104-130.
------ 2006, "Encore le pronom objet de la troisième personne du singulier en gbe : ce
que nous enseigne le phla dit de l’Est", IN Etudes Gbe / Gbe Studies /
Gbegbo 3 : 31-49.
------ 2017, "Le verbe kpé en fongbe : emplois, combinatoire et propriétés syntaxiques" in
Typologie et documentation des langues en Afrique de l’Ouest, Actes du 27e
Congrès de la Société de Linguistique de l’Afrique de l’Ouest (SLAO) pp 257
266.
Kossouho, F. F., 1999, Une esquisse d’étude comparative de trois parlers gbe : l’ajlá, le
gun, le wémɛ̀, MM, DSLC/FLASH/UNB
------ 2018, « Quelques spécificités du wémɛ̀gbe”, in le pays Wémɛ̀ d’hier à demain : histoire,
culture et développement, pp 93-104.

Rassinoux, J., 2000, Dictionnaire Français-Fon, Maison Régionale SMA, Cotonou.

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Introduction
Cet enseignement porte sur l’analyse des phonèmes. L’analyse des phonèmes
se fait dans le cadre de la phonologie qui comprend la phonématique (étude
linguistique des unités de deuxième articulation : les phonèmes) et la prosodie
(examen des faits phoniques étrangers à la deuxième articulation : l’intonation,
l’accent et le ton). (Ch. Baylon et P. Fabre, 1975 : 88).
Pour mieux aborder cette étude, il est de bon ton de revisiter les paliers de la
description linguistique qui constituent les fondamentaux de la description d’une
langue. La langue ne pouvant être décrite sans ces fondamentaux. Après cela, les
étapes pour identifier les phonèmes dans une langue afin de dégager le système
phonologique de la langue mais également ce qui concerne la prosodie suivra. Ensuite,
nous aborderons les traits caractéristiques encore appelés traits distinctifs qui
constituent les caractéristiques des phonèmes afin d’explorer les variantes
combinatoires de certains phonèmes. Pour clôture l’enseignement, une étude de cas
portera sur le choix d’une langue en vue d’une application pour mieux comprendre les
notions étudiées.

1. Rappels

1.1. Les composantes de la phonologie


La phonologie est la science qui étudie les sons du langage humain du point de
vue de leur fonction dans le système de communication linguistique. Elle étudie les
éléments phoniques qui distinguent, dans une même langue, deux messages de sens
différent (la différence phonique à l’initiale dans les mots français pain et bain, la
différence de place de l’accent dans les mots italiens an’cora « encore », ‘ancora
« ancre », etc.) et ceux qui permettent de reconnaître un même message à travers des
réalisations individuelles différentes (voix différentes, prononciations différentes, etc.).
(Dubois, 1973 : 375).
On distingue habituellement deux grands domaines dans la phonologie : la
phonématique et la prosodie.
- La phonématique
Elle étudie les unités distinctives minimales ou phonèmes en nombre limité
dans chaque langue, les traits distinctifs ou traits pertinents qui opposent entre eux les
différents phonèmes d’une même langue, les règles qui président à l’agencement des
phonèmes dans la chaîne parlée ; les deux opérations de la phonématique sont la
segmentation et la commutation.
- La prosodie
Elle étudie, quant à elle, les traits suprasegmentaux, c’est-à-dire les éléments
phoniques qui accompagnent la réalisation de deux ou plusieurs phonèmes et qui ont
aussi une fonction distinctive : l’accent, l’intonation, le ton.
Les éléments phoniques qui ont une valeur phonologique ne sont pas les même
dans les différentes langues, c’est pourquoi on distingue à côté de la phonologie
particulière à une langue donnée, la phonologie générale, qui étudie, les principaux

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systèmes phonologiques du monde et les lois générales de leur fonctionnement ; la
phonologie contrastive, qui étudie les différences de systèmes phonologiques de deux
ou plusieurs langues. On distingue également la phonologie synchronique qui étudie le
système phonologique dans un état donné de la langue, et la phonologie diachronique
qui étudie les changements phonologiques, la transformation du système phonologique
lors du passage d'’n état de la langue à un autre (phénomènes de phonologisation,
déphonologisation, rephonologisation.
Pendant longtemps, phonologie et phonétique ont été confondues du point de
vue de leur sens étymologique (« étude des sons »). Cette confusion sera dissipée avec
l’avènement de la phonologie comme science liée au développement du structuralisme
linguistique dans la première moitié du xxe siècle.
1.2. Les paliers de la description linguistique
- Qu’est-ce qu’un palier de la description linguistique
o En mécanique, c’est l’organe utilisé en construction mécanique pour supporter
et guider, en rotation, des arbres de transmission.
o En architecture, plate-forme aménagée dans un escalier ou dans une rampe au
niveau des étages.
o Au sens figuré, étape, degré.
o En cartographie, degré intermédiaire, de valeur déterminée, dans l’échelle d’un
système de représentation ou de reproduction.
o En linguistique, il s’agit des différentes étapes voire branches de la description
linguiste.
Ces étapes ne se ressemblent pas mais se complètent pour une description
efficiente des langues.
Pour faire la description d’une langue, il est nécessaire de savoir avec clarté les
objectifs à atteindre. Le palier sera donc indiqué selon les résultats à atteindre. Chaque
palier de la description linguistique a son domaine de prédilection
a- Palier 1 : la phonétique/phonologie
La phonétique est l’étude des sons tels qu’ils sont articulés.
La phonologie est l’étude du fonctionnement des sons dans la langue. Étude
des différences utiles entre les sons et non de la différence des sons.
La phonétique étudie les sons de la parole alors que la phonologie étudie
l’utilisation des sons de la langue. La phonétique travaille dans le concret parce qu’elle
s’occupe de tous les sons et la phonologie étudie des relations abstraites parce qu’elle
est relative à une langue.
b- Palier 2 : la morphologie
La morphologie s’occupe de l’aspect forme des mots et formation des mots
dans une langue. Grâce à elle, les différentes structures que peuvent avoir les mots
dans une langue sont connues. Diverses structures peuvent se présenter selon la
langue. Ainsi, entre autres structures, on a : V, CV, VCV, CVCV, VCVCV, CcV,
VCcV, etc.
c- Palier 3 : la syntaxe
La syntaxe se penche beaucoup plus sur la structure des énoncés dans une
langue. Ainsi, la place de chaque syntagme dans l’énoncé est connue au moyen des
expressions utilisées. Selon les écoles les désignations des syntagmes ne sont pas
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toujours les mêmes. Les structures rencontrées de façon générale sont : SVO, SOV,
OVS.
d- Palier 4 : la sémantique
La sémantique est cette partie de la linguistique qui s’occupe de l’étude du
sens, de la signification des mots dans une langue. C’est grâce à cette science que les
différents sens des mots d’une langue sont connus.
e- Palier 5 : la lexicologie
C’est cette branche qui s’occupe de l’étude des différents mots qui existent
dans une langue et qui favorisent la communication voire les échanges entre locuteurs
d’une langue d’une part, puis des locuteurs de langues différentes. Le lexique d’une
langue peut être identifier grâce à elle.

2. Le système phonologique
- Définition
D’après Dubois (1973 :481), « La langue est considérée comme un système en
ce sens qu’à un niveau donné (phonème, morphème, syntagme) ou dans une classe
donnée, il existe entre les termes un ensemble de relations qui les lient les uns par
rapport aux autres, si bien que, si l’un des termes est modifié, l’équilibre du système
est affecté ».
Nous pouvons alors dire que le système phonologique est l’ensemble des unités
segmentales et des traits suprasegmentaux de même que les règles qui président à leur
combinaison.
- Inventaire et analyse des phonèmes
Pour dégager les phonèmes d’une langue, on procède à l’opération appelée
commutation qui consiste à remplacer dans un monème une tranche phonique attestée
dans la même langue de façon à obtenir un autre mot de la langue. On dira
simplement : deux sons réalisent deux phonèmes distincts quand ils commutent.
Exemple : [po] / [so] : la distinction entre [po] / [so] correspond à la distinction
entre deux monèmes de signifiés différents ; on doit rapporter à des phonèmes
différents des réalisations phonétiques dont la différence permet de distinguer le
signifié de deux monèmes.
La commutation permet alors d’opposer les paires minimales afin d’identifier
les phonèmes de la langue étudiée pour finir par dégager le système phonologique de
cette dernière.
- Critères d’identification du système phonologique :
a- Paire minimale :
C’est une paire parce qu’il y a deux monèmes ;
Elle est minimale parce qu’il y a une seule différence au niveau des phonèmes.
Ensemble de deux monèmes qui ne diffèrent que par un seul phonème.
La paire minimale est un outil d’analyse.
Opposition phonologique de deux monèmes qui ne se distinguent que par un
seul phonème. C’est une opposition de deux phonèmes en contexte identique.
Une paire minimale me prouve l’existence de deux phonèmes différents.
Exemples : peau [po]/ beau [bo] : [p] et [b] sont deux phonèmes différents.
Le trait pertinent : une différence utile qui permet de définir un phonème. C’est
aussi la différence minimale entre deux phonèmes.

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La différence entre les deux termes d’une paire minimale prouve l’existence de
deux phonèmes ou de deux tons différents.
Exemple : en français, s et z s’opposent par la sonorité (le premier est sourd alors que
le second est sonore.
Dans les langues nationales, le ton peut être un trait pertinent.
Exemple : sà ‘vendre’ / sá ‘marcher à quatre pattes’
Le fait de remplacer un son par un autre dans une paire minimale s’appelle
commutation.
La différence entre les deux termes d’une paire minimale prouve l’existence de
deux phonèmes ou deux tons différents. Elle permet de dégager l’opposition de deux
phonèmes ou tonèmes.

b- Paire suspecte
Une paire suspecte est constituée de deux monèmes semblables mais qui ne se
distinguent pas par un et un seul élément (phonème ou tonème).
À défaut de trouver des paires minimales pour identifier les phonèmes d’une
langue afin d’en établir le système phonologique, l’on peut se servir des paires
suspectes qui ne sont pas de véritables paires minimales mais qui s’y rapprochent.

- Le système consonantique
Le système consonantique d’une langue est constitué de l’ensemble des
consonnes dont fait usage cette langue. Chaque langue est constituée d’un nombre
limité de phonèmes consonantiques. Ces phonèmes sont reconnus au moyen des
caractéristiques suivantes : le point/lieu d’articulation et le mode d’articulation.
Le point/lieu d’articulation : lèvres, dents, pointe de la langue, palais dur, palais mou,
larynx, pharynx, glotte…

- Le système vocalique
L’ensemble des voyelles que possède une langue constitue son système
vocalique. Dans chaque langue, ces phonèmes vocaliques sont en nombre limité. Ces
phonèmes sont décrits à travers des caractéristiques appelées paramètres. Ce sont :
l’aperture (fermées, mi-fermées, mi-ouvertes, ouvertes), la localisation (d’avant ou
antérieures, d’arrière ou postérieures, centrales), la résonance (orale et nasale) et
l’arrondissement (étirées ou non arrondies, non étirées ou arrondies).

- Le système tonal
Il concerne les langues africaines. C’est la mélodie qui permet de distinguer les
voyelles dans les monèmes. Lorsqu’il fait partie du système tonologique d’une langue,
il est appelé tonème. Le tonème tout comme le phonème constitue une unité distinctive
dans les langues africaines. On distingue : les ton simples (le haut, le bas, le moyen) et
les tons modulés (le bas-haut, le haut-bas, le haut-moyen, le bas-moyen, le moyen-bas,
le moyen-haut).

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3. Les traits caractéristiques/distinctifs/pertinents

- Définition
À l’opposé du phonème qui est une unité minimale successive, le trait distinctif
est une unité minimale simultanée, c’est lui qui assure au phonème sa fonction
distinctive.
Il suffit de quelques traits pour que le phonème se manifeste, et la langue elle-
même se contente d’un nombre restreint, une dizaine, pour former, à partir de
combinaisons variées, la trentaine qui forment son système phonématique.
Un même trait peut donc se retrouver dans la définition de plusieurs phonèmes.
Ainsi, en français, le trait de labialité (participation des lèvres à l’articulation) peut se
combiner avec une occlusion (fermeture du canal buccal) et donner les phonèmes
consonantiques : /p/, /b/, /m/.
Les traits distinctifs sont en nombre fini pour chaque phonème, selon le
nombre d’oppositions que celui-ci réalise avec les autres phonèmes de la langue, ce
qui veut dire que leur nombre n’est pas nécessairement identique d’un phonème à
l’autre.
Exemple : en français, /t/ a le trait de non sonorité (absence de vibration des
cordes vocales) qui l’oppose à /d/, l’oralité (ou la non nasalité) qui le distingue à la
nasale /n/, la dentalité (articulation dans la région des dents supérieures) qui le
différencie de /p/ et de /k/.
Par trois traits distinctifs uniquement, le phonème /t/ a pu se distinguer des
phonèmes les plus proches phonétiquement : trois occlusives (/d/, /p/ et /k/) et une
nasale (/n/). Quant aux autres phonèmes restants du français, il s’en détache en bloc
par les traits d’occlusion et de non-nasalité. Quatre traits lui suffisent donc pour
s’opposer aux dix-sept phonèmes consonantiques du français.
D’autres phonèmes se contentent d’un seul trait pour s’opposer à tous les
autres : c’est le cas, en français, du phonème /l/ qui s’opposent à tous les autres
phonèmes par un seul trait distinctif : la latéralité (sortie de l’air par les côtés latéraux
du canal buccal).
De même, le phonème /R/ qui s’oppose à tous les autres par la vibration de la
luette. Les traits distinctifs permettent au phonème de garder son identité à travers
toutes les variantes phoniques, contextuelles ou libres.
N.B. : identité et opposition sont donc les deux manifestations de la fonction
distinctive que le phonème est appelé à jouer, par l’entremise des traits distinctifs ou
pertinents.
- Critères d’identification des traits distinctifs des phonèmes
On distingue les traits consonantiques, les traits vocaliques de même que ceux
liés aux semi-voyelles.

 Les traits consonantiques


D’abord, les consonnes sont des bruits provoqués par la fermeture ou le
rétrécissement du chenal vocal. Les traits consonantiques quant à eux sont des
éléments constitutifs de la consonne qui permettent de la définir. Ainsi, comme traits
consonantiques, nous avons ceux relatifs au lieu (point) d’articulation (lèvres, dents,
alvéolaires, palais, voile du palais, pharynx, larynx, …) et ceux relatifs au mode
d’articulation (occlusives, fricatives).

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 Les traits vocaliques
Parlant de traits vocaliques, on fait allusion aux timbres qui sont les couleurs
des voyelles. En effet, pour articuler les voyelles, on joue sur les résonateurs. On
distingue quatre résonateurs qui constituent les paramètres d’articulation des voyelles :
l’aperture (voyelles fermées, mi-fermées, mi-ouvertes et ouvertes), la localisation
(voyelles d’avant ou antérieures, d’arrière ou postérieures et centrales), la résonance
(voyelles orales et nasales) et l’arrondissement (voyelles étirées et arrondies).

 Utilité des traits distinctifs


Ils permettent d’écrire des règles de façon générale. On a des règles
explicatives c’est-à-dire qu’on peut savoir si c’est une assimilation, une dissimilation,
une palatalisation, un arrondissement, une nasalisation.
Exemple : la nasalisation en langue gbe
Les traits distinctifs sont :
- Syllabique / non syllabique +syll

- Consonantique / non consonantique +cons

- Résonante / non résonante + res

- Coronales (couronnées) / non coronales (non couronnées) +cor

- Antérieur / postérieur + ant

- Labiale / non labiale + lab

- Etendue / non étendue + étend

- Haut / non haut +haut ou +ho

- Arrière / non arrière + arr

- Bas / non bas + bas

- Ronde / non ronde + rond

- Continu / occlusive + cont

- Latérale / centrale + lat

- Nasale / orale + nas

- Racine de la langue Rétractée /Racine de la langue Avancée + ATR

- Tendue / lâche + tend

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- Stridente / non stridente + strid

- Pharynx élargi / non élargi +élarg

- Glotte à contrition / sans contrition + cont

- Sonore / non sonore +son

 Matrice des traits distinctifs

p t k b d g m n ŋ
Voisé - - + + + + + +
Labial +- - - + - - + - -
Nasal - - - - - - + + +
Coronal - + - - + - - + -

4. Les variantes combinatoires

- L’archiphonème
C’est un phonème qui a plusieurs réalisations. Chacune des réalisations se fait
dans des contextes distincts. Chaque réalisation est appelée "allophone". L’ensemble
de ces réalisations est appelé variantes contextuelles ou combinatoires.
Exemples : en langue gbe par exemple :
Le phonème /ɖ/ se réalise [ɖ] devant voyelle orale et [n] devant voyelle nasale.
Ainsi, [ɖ] est un archiphonème qui a deux réalisations contextuelles [ɖ] et [n].
[ɖ] et [n] sont des variantes contextuelles ou combinatoires du phonème /ɖ/. Ce
sont donc les allophones de /ɖ/.
- La distribution complémentaire
On appelle distribution d’un son, l’ensemble des contextes dans lequel ce son
peut apparaître. Quant au contexte, c’est tout ce qui est autour d’une chose.
Alors le contexte d’un son, c’est l’ensemble des sons qui sont situés avant et
après lui. C’est aussi la position qu’il occupe dans le mot. Comme position, nous
avons : l’initiale, l’intervocalique et la finale.
Exemple : [b] peut apparaître dans tout contexte en français.
En gaingbe [r] apparaît en position intervocalique : c [r] v
Conclusion : en gaingbe, la distribution de [r] c’est qu’il est toujours précédé
d’une consonne et suivi d’une voyelle. Il n’est jamais à l’initial d’un mot. Il apparaît
après une consonne et avant une voyelle.
Quand deux sons sont en variation conditionnée, cela veut dire :
- Qu’ils représentent le même phonème ;
- Qu’ils n’apparaissent pas dans les mêmes contextes ;
- Que leurs distributions n’ont aucun contexte en commun.

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On dit alors qu’ils sont en distribution complémentaire.
Exemple : en gaingbe, [r] et [l] n’apparaissent pas dans les mêmes contextes.
Ils n’apparaissent pas après les mêmes consonnes.
c [r] v
(C) l (C) r
p t
b d
v s
f z
k c
g j
kp y
gb
ŋ
m

[r] apparaît après les consonnes dentales, alvéolaires et palatales.


[l] apparaît partout ailleurs.
En gaingbe, [r] et [l] sont en distribution complémentaire. Ces deux sons sont
des variantes combinatoires d’un même phonème.
[r] / après cons dentales, alvéolaires, vélaires.
Le phonème /l/
[l] / ailleurs
En gaingbe, le [r] est une façon de prononcer le [l] après certaines consonnes.

Règles
 Quand deux consonnes s’opposent dans une paire minimale, ils manifestent deux
phonèmes différents.
 Quand deux sons phonétiquement proches sont en distribution complémentaire, ils
manifestent un même phonème. Ce sont deux réalisations d’un même phonème.
Allophones : variantes d’un même phonème.
Deux allophones sont deux façons différentes de prononcer le même phonème
suivant des contextes distincts.
La variation libre
Deux sons sont en variation libre quand on peut les remplacer l’un par l’autre
sans que le sens du monème soit entamé. C’est le cas des différentes prononciations de
la consonne [r] en français. Deux sons en variations libre représentent en fait le même
phonème.
N.B. : Dans les langues gbe par exemple, il n’existe pas la variation libre.
La variation conditionnée
Dans le cas de la variation conditionnée, les deux sons représentant le même
phonème apparaissent suivant des règles précises et non librement.

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C’est le cas de [m̥] dévoisé qui n’apparaît qu’en position finale (c’est-à-dire
[m̥]) et à condition qu’il soit précédé d’une consonne sourde. Donc en français, [m] et
[m̥] sont en distribution conditionnée. Il s’agit alors d’une distribution
complémentaire.
Exemples : maman [mamã], abime [abim], mine [min]
Socialisme [sosialism̥], capitalisme [kapitalism̥]
C’est aussi le cas de [b] et [m] dans les langues gbe qui apparaissent dans des
contextes différents. [b] apparaît dans un contexte oral (suivi) d’une voyelle orale et
[m] apparaît en contexte nasal (suivi d’une voyelle nasale).
Exemples : bá 'chicotte' má 'légume'

5. Etude de cas : le wémɛ̀gbe

5.1. Les voyelles du wémɛgbe


Le wémɛgbe est un parler gbe qui dispose de douze (12) voyelles comme la
plupart des parlers gbe dont sept (07) orales et cinq (05) nasales. Nous essayons de les
illustrer au moyen d’exemples à travers les tableaux suivants.
5.1.1. Les voyelles orales du wémɛgbe

Comme annoncé plus haut au 5.1dans les rappels phonologiques, ces voyelles
sont au nombre de sept (07) à savoir /i, u, o, ɔ, e, ɛ, a/ qui seront illustrées ci-dessous.

- /i/ : lì 'écraser' òjī 'pluie' zíngīdī 'bruit'


- /u/ : sú 'fermer' òxú 'os' xúxú 'séché'
- /o/ : dó 'semer' ògò 'bouteille' gògó 'fesse'
- /ɔ/ : sɔ̀ 'frire' òkɔ̀ 'cou' kpɔ̀kpɔ̄ 'mouillé'
- /e/ : sè 'entendre' òglé 'champ' àsé 'chat’
- /ɛ/ : zɛ̀ 'fendre' àlɛ̀ ‘folie' wɛ̀kɛ́ 'monde'
- /a/ : ɖà 'préparer' òtà 'tête' àsá 'cuisse'

5.1.2- Les voyelles nasales du wémɛgbe

Comme annoncé plus haut au 5.1dans les rappels phonologiques, ces voyelles
sont au nombre de cinq (05) à savoir /in, un, ɔn, ɛn, an/ qui seront illustrées ci-
dessous.

- /in/ : sìn 'attacher' òsìn 'eau' zíngīdī 'bruit'


- /un/ : hún 'ouvrir' òhún 'tam tam' tɔ̀jíhún 'pirogue'
- /ɔn/ : hɔ̀n 'fuir' òhɔ̀n 'porte' òkpɔ̀n 'hamac'
- /ɛn/ : sɛ́n 'couper' òhɛ́n 'pauvreté' kpìnkpɛ̄n 'monde'
- /an/ : dán 'remuer' òtàn 'histoire' hànvúlán 'viande de porc'
Àxɔ́lū 'roi'
Àgahoun ' avion'

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5.2. Les consonnes du wémɛgbe

Le wémɛgbe est un parler gbe qui dispose de douze (12) voyelles comme la plupart
des parlers gbe /b, t, d, ɖ, c, j, s, z, f, v, k, g, kp, gb, l, x, h/ . Nous essayons de les
illustrer au moyen d’exemples à travers les tableaux suivants.
- /b/ : bɛ̀ 'se cacher' bɔ́jí 'épaule' bàbā
- /t/
- /d/ : dɔ̀lí 'ragoût de…'
- /c/ : có 'clou'
- /j / : jàyǐ 'panier'
- /s/
- /z/ : zinzɛn 'fourmi'
- /f/
- /v/ : táfò 'table'
- /k/ :klué 'fenêtre'
- /g/
- /kp/ : kpánù kpɛ̀n 'papaye'
- /gb/ àgbó 'orange'
- /l/
- /x/ : xɔ̀ihɛńnù 'entrée d’une chambre'
- /h/ : hɔngān 'serrure' hayahyaa 'genre d’aliment à base de farine de mais sans haricot'
- /w/ ;: awa 'bras'
- /ɖ/ : ɖɛbé 'mensonge'
 Processus phonologiques
- Nasalité et nasalisation
- Labialité et labialisation
- Assimilation d’aperture
 Spécificités lexicales
- Numération
1. oɖe
2. àwe
3. àton
4. ɛnɛ
5. àton
6. yizen
7. tenwe
8. tanton
9. tenen
10. awo
11. tayi ‘oncle’
12. blo ‘faire’

 Processus phonologiques 1

 Nasalisation consonantique

xCinq (05) voyelles nasales : in, un, ɛn, ,on et an

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Pas de consonnes nasales.

Tableau n°1 : nasalisation consonantique

Base réalisation glose


/bīn/ [mī] 'avale !‘
/ò ɖͻ̀n/ [ò nͻ̀] mère'

 Processus phonologiques 1

• Nasalisation de la voyelle du réduplicatif

Tableau n°4 : Nasalisation de la voyelle du réduplicatif

Base réalisation glose

/hὲ n/ [hinhὲ n] 'action de tenir'

/mὲ / [mimὲ ] 'action de griller'

Ě hɛn kpanu lɔ́ gò


Hweví hihi 'poisson grillé au grillage'
Hweví mimɛ 'poisson grillé au charbon'

 Processus phonologiques 2

• Labialité et labialisation

• Tableau n°5 : acquisition de la labialité par les consonnes

Base réalisation glose

/ɖù+i/ [ɖwì] 'mange-le !'

/kpͻ́n+i/ [kpwε̂ n ] 'regarde-le !' /xú+àɖú/ [xwâɖú ]


'mordre '

/nù+i/ [nwìn] 'bois-le

 Processus phonologiques 3

• Assimilation d’aperture

ableau n° : assimilation de degré d’aperture (2e degré d’aperture)

Base réalisation glose

/dó+ i/ [dóè] 'sème-le !, plante-le !‘

/xó+ i/ [xóè] 'frappe-le !'

/zé+i/ [zéè ] prends-le !'

/kpé+i/ [kpéè ] 'rencontre-le !'

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Spécificités lexicales 1

• Numération

1 'ò ɖě ‘ 6 ‘(à)yizɛ́n' 1er nukɔn

2 'àwè ‘ 7 'cíɛ̀nwe' 2e mɛawe dò 2e enfant awetɔ́

3 'àtɔ̀n‘ 8 'cíanton' 2e mɛaton dò

4 'ɛ̀nɛ̀' 9 'cíɛ́nɛ̀'

5 'àtɔ́n' 10 'wo'

 Spécificités lexicales

• Pronominalisation

wémɛ̀gbè

moi ɖyɔ̄/ɖi (ɖi wɛ ɖɔ é ni ylɔ́ we wa) 'c’est moi qui ai demandé qu’on t’appelle'

‘toi' hɔ̄ (hɔ̄ wɛ ɖɔ é ni ylɔ́ mi wa) 'c’est toi qui as demandé qu’on m’appelle'

'lui' wíɔ (wíɔ̄ wɛ ɖɔ é ni ylɔ́ we wa) 'c’est lui qui a demandé qu’on t’appelle'

nyà 'homme, gens' nyɛnī 'femme'

sìē wɛ̀ 'c’est ma femme'

(à)súè 'ton mari'

nɔ̀ è ví wɛ̀ 'c’est mon frère' nɔ̀ è ví kpɛví 'mon jeune frère/ma jeune sœur'

nɔ̀ é ví ɖ́àxó 'mon frère aîné/ma sœur aînée'

tanyi 'tante paternel' tayi /nylɛ 'oncle'

tɔ̀ 'père'

bàbā 'grand-père paternel ou maternel'

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