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Manon Lescaut Etude Linéaire n°1 : « Le coup de foudre »

Problématique : Dans quelle mesure cette scène de rencontre amoureuse éclaire-t-elle le lecteur sur
les rouages funestes de l’intrigue à venir ?

Introduction :

Manon Lescaut est le roman le plus célèbre de L’Abbé Prevost. Cet ouvrage met en scène la relation amoureuse
de deux personnages qui se révéleront très différent, le Chevalier Des Grieux et Manon Lescaut.

L’extrait étudié est celui de la première rencontre entre Manon et le chevalier, qui va prendre la forme d’un coup
de foudre instantané. Dans ce texte, l’auteur nous éclaire sur l’avenir tragique de la relation.

Dans quelle mesure cette scène amoureuse éclaire-t-elle le lecteur sur les rouages funestes de l’intrigue à venir ?

Nous commencerons par nous pencher sur la promenade curieuse (l.1 à l.5), ensuite le coup de foudre (l.5 à l.13)
et pour finir nous verrons en quoi cet amour est tragique (l13 à l.19).

Mouvement n°1 : Une promenade curieuse. (l.1 à l.5)

- récit rétrospectif avec l’emploi de l’imparfait et du plus que parfait : « j’avais marqué » ; « marquais-je » ; etc…
(l.1; l.2; l.3).

- « Hélas » interjection élégiaque représentation de perte, de regret, désir de retour en arrière également marqué
par le conditionnel passé : « j’aurais porté toute mon innocence » (l.2).

- Périphrase de à peu de chose près avec « la veille même de celui que je devais quitter cette ville » (l.2).

- « Nous n’avons pas d’autre motif que la curiosité » négatif restrictif, une seule raison, c’est une excuse : il
cherche à minimiser sa responsabilité par la curiosité (l.5) référence au mythe de Pandore, d’Adam et Eve : le
jardin d’Eden la curiosité est un vice, péché originel caractère fatal du coup de foudre qui va suivre.

Mouvement n°2 : La rencontre et le coup de foudre. (l.5 à l.13)

- « quelques femmes » à « une » ; « seule ».

- coup de foudre avec l’isotopie de la vue 3 verbes « parut » ; « regardé » ; « admirait » : type classique de
l’amour au premier regard.

- métaphore hyperbolique pour les flammes de l’amour « enflammé » (l.10) Des Grieux victime d’une passion.

- « charmante » côté ensorcelé, l’apparence de Manon produit un effet sur Des Grieux « maîtresse de mon
cœur » périphrase de Manon à laquelle il se dévoue entièrement : adverbe de manière « excessivement »
comportement excessif (l.11).

Mouvement n°3 : L’annonce d’un destin fatal. (l.13 à l.19)

- « Quoiqu’elle fût encore moins âgée que moi » proposition concessive (l.12).

- « Elle reçut mes politesses sans paraître embarrassée » elle a déjà de l’expérience en amour (l.13).

- « ingénument » Manon est-elle entrain de porter un masque devant Des Grieux ou est-elle réellement ingénue ?

- « L’amour me rendait déjà si éclairé » participe passé paradoxale : la passion le transforme mais employé de
façon ironique, tellement d’amour qu’il est éblouit, aveuglé par cette passion ; référence à Œdipe et à Oreste
(l.15).
- « ce dessein » le plan préparé par les parents de Manon ; « coup mortel » caractère tragique, comparaison
forte, dimension fatale (l.16).

- « bien plus expérimenté » encore une fois nous pouvons voir qu’elle a déjà eu des amours et l’initie ; Des
Grieux lui fait donc porter le chapeau pour la suite des évènements.

- « c’était malgré elle » destin tragique, elle est en quête de liberté (l.18). Mais on peut se poser la question si
cette rencontre est réellement sincère ou si Manon cherche à séduire Des Grieux pour échapper au couvent.

- « son penchant au plaisir » groupe nominal qui dit que Manon a soif de plaisir et cela va nuire avec sa relation
avec Des Grieux (l18 et 19).

- « dans la suite » groupe prépositionnel ; annonce de Des Grieux le narrateur qui connait la suite et la dévoile
avec « tous ses malheurs et les miens » (l.19). Car leur route se sont croisée la « machine infernale » (Jean
Cocteau) est lancé. Des Grieux se dédouane, plaidoirie, il essaye de convaincre son auditoire en jetant la faute
sur Manon.

Conclusion :

Ainsi, nous avons vu dans cet extrait comment l’abbé Prévost, à travers le récit de Des Grieux, nous raconte une
scène de coup de foudre sous un jour fatal, qui annonce les rouages tragiques de l’intrigue à venir. Coup de
foudre il y a, puisque à la simple apparition de Manon, Des Grieux est comme métamorphosé. Mais coup de
foudre fatal, puisque dès la naissance de cet amour, le narrateur nous avoue que le vers est dans le fruit, que
Manon est trop expérimentée, trop charmeresse, et que tout cela ne se terminera qu’en pleurs.

Toutefois, nous pouvons nous demander si Des Grieux, en tant que narrateur enchâssé, ne fait pas preuve de
mauvaise foi vis-à-vis de son destinataire. En effet, cette manière tragique de narrer son histoire d’amour n’est-
elle pas une manière de se dégager de toute responsabilité en blâmant l’éternelle Eve, qui n’a pas son mot à dire
ici ?

Ouvertures possibles :

• Carmen, Mérimée -> femme fatale


• Les rêveries d’Emma, Mme de Bovary, Flaubert
• Phèdre, de Racine

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