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MANON LESCAUT DE L’ABBÉ PRÉVOST

PARTIE 2

Plan détaillé de la lecture linéaire 1 : la rencontre

Voici que vous pouviez relever pour chaque mouvement.


Vous reconnaîtrez certaines analyses abordées dans le chapitre 2.

Bien indiquer le
titre du mouvement
1. Les circonstances de la rencontre
Ligne 1 : Des Grieux débute avec le verbe “avait marqué” qui signifie avait
Bien préciser les
lignes où se trouve retardé. Le choix du verbe est assez significatif car le mot renvoie aussi à la
l’élément à analyser. notion de signe, de croix à reporter sur un document. Or ce jour marque le
début de sa relation amoureuse avec Manon. Ainsi l’auteur joue sur le double
sens du mot, comme pour signifier l’importance de ce jour.

Ligne 1 : Avant même de débuter le récit, Des Grieux lance un « Hélas ! » qui n’augure rien de bon.
L’interjection prévient déjà le lecteur que le récit qui débute sera sous le signe du regret. Il crée aussi un
effet d’attente : le lecteur se demande alors ce qui peut bien provoquer ce regret.

Lignes 1-2 : Il exprime son regret avec solennité, emphase à travers l’exclamation « Que ne le
marquais-je un jour plus tôt ! »

Ligne 2 : On retrouve le regret avec l’emploi du conditionnel passé « j’aurais porté ». Ce regret suscite
encore davantage la curiosité du lecteur.

Ligne 2 : Le mot “innocence” qui achève la phrase indique la nature de ce regret : la perte de son
innocence.

Lignes 2-4 : Des Grieux retarde le moment d’évoquer la rencontre, comme pour créer un effet d’attente.
Il a recours à une phrase complexe qui permet d’introduire un autre personnage important, Tiberge, l’ami
qui saura le sortir de nombreuses situations.

Lignes 2-4 : Dans cette même phrase, on retrouve certains éléments qui permettent de créer un effet de
réel rendant le récit authentique. C’est le cas de la mention du « coche d’Arras ».

Lignes 3-4 : En employant la première personne du pluriel, il implique Tiberge : le « Nous » le dégage
ainsi de toute responsabilité. C’est la curiosité qui l’a guidé, et rien d’autre.

Lignes 4-5 : La brièveté des phrases permet de mettre en exergue la phrase suivante qui évoque la
rencontre visuelle.

Lignes 5 : La proximité entre « curiosité » et « femmes » laisse entrevoir les travers du jeune Des Grieux
qui, sorti du séminaire, semble vouloir découvrir les choses de la vie.

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2. La rencontre visuelle
Ligne 5 : la conjonction de coordination « Mais » marque un basculement, c’est la rencontre visuelle.
Cette conjonction permet de distinguer la jeune femme des autres. On a comme un effet de zoom : on
passe d’une vue d’ensemble (la cour où descendent les femmes) à un plan rapproché (Manon).

Lignes 5-4 : On retrouve cet aspect unique avec la redondance « resta une » / « seule ». Tout semble avoir
disparu autour de Des Grieux, seule Manon compte.

Lignes 5-7 : La longueur de cette phrase illustre l’attirance de Des Grieux pour cette femme : phrase
complexe, longue, par opposition aux deux courtes phrases qui la précèdent.

Ligne 7 : Avec la locution verbale « me parut » on a l’évocation d’un coup de foudre visuel. Tout est
raconté à travers la subjectivité, la perception de Des Grieux, le jeune homme de 17 ans.

Ligne 7 : L’hyperbole « si charmante » souligne la beauté de la jeune femme. Mais l’adjectif peut se
comprendre de deux façons : belle ou ensorceleuse, puisque « charmante » vient de charme qui peut
désigner le sort jeté par une sorcière. Ainsi le narrateur suggère que Manon lui a jeté un sort, l’a envoûté.
Ici, c’est bien Des Grieux narrateur qui parle, et qui avec le recul peut juger de ce qu’il en est.

Lignes 7-10 : La longueur de la phrase, sa complexité, permet de souligner le processus qui s’opère chez
le personnage qui se transforme sous le charme de l’héroïne. Il passe de garçon timide à un amoureux
fou d’un seul regard.

Lignes 8-9 : La répétition du pronom personnel « moi » souligne cette transformation, opposant le moi
d’avant, sage et qui agissait dans la retenue, au moi enflammé.

Ligne 9 : On retrouve à nouveau la notion de coup de foudre avec la métaphore “enflammé” qui renvoie à
la passion amoureuse.

Ligne 10 : L’adverbe « tout d’un coup » couplé au passé simple « je me trouvai » inscrit cette rencontre
dans le domaine de l’instantané, du coup de foudre.

Ligne 10 : Le narrateur exprime son amour de manière démesurée avec le complément de manière
hyperbolique “jusqu’au transport”.

Lignes 10-11 : On a à nouveau l’opposition entre le moi « timide » (ligne 10) d’avant et celui qui est
entreprenant face à l’objet de son amour (ligne 11).

Ligne 11 : Cette opposition est marquée par le connecteur « mais » qui départage la phrase entre ce que
le personnage était et ce qu’il fait.

Lignes 11 : La périphrase “maîtresse de mon cœur” renforce l’idée de passion.

→ Dans l’évocation de la rencontre, on ne note aucun véritable portrait de Manon qui puisse expliquer
le coup foudre, comme si ce qui comptait c’était la forte impression qu’elle a faite sur Des Grieux,
comme le suggère l’hyperbole « si charmante ». Seules les impressions de Des Grieux sont données,
nous ne connaissons rien de ce que ressent Manon. Est-ce un coup foudre aussi pour elle ?

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3. Le dialogue
Ligne 12 : On devine une jeune femme expérimentée avec la litote « elle reçut mes politesses sans
paraître embarrassée ».

Ligne 12 : La proposition subordonnée circonstancielle de concession « Quoiqu’elle fût encore moins


âgée que moi » renforce cette idée de femme expérimentée, tout en soulignant son jeune âge.

Lignes 13-fin : le dialogue n’est pas retranscrit directement. Le style direct est délaissé pour les autres
types de paroles. Ainsi Des Grieux a recours au style indirect pour évoquer leur échange (lignes 13-14),
au style narrativisé pour retranscrire ses propres paroles (lignes 12 et 16), au style indirect libre pour les
dernières paroles de Manon (lignes 17-18). C’est un procédé étrange : compte tenu de l’importance de
la scène (scène de rencontre), un dialogue au style direct aurait été des plus judicieux, rendant la scène
vivante. En faisant autrement, Des Grieux ne laisse entrevoir que ses impressions et pas celles de Manon.

Lignes 13-14 : L’échange au style indirect est empli de sobriété, il n’y a aucune emphase, aucune
exagération. On note toutefois de la subjectivité avec l’adverbe « ingénument » (ligne 14) qui nous donne
une indication sur Manon : elle apparaît être une personne franche (parle franchement) aux yeux du jeune
Des Grieux.

Ligne 12 : avec le terme « religieuse » en fin de phrase, qui apparaît comme une révélation, cette
rencontre amoureuse est placée sous le signe de l’amour impossible, avec l’obstacle du couvent.

Lignes 14-16 : On retrouve à nouveau l’emphase du début, avec le recours aux hyperboles « si éclairé »
(ligne 15) et « coup mortel » (ligne 16). Des Grieux exprime ainsi son désespoir face à ce coup du sort :
rencontrer l’amour de sa vie, et ne pas pouvoir l’avoir auprès de lui.

Ligne 16 : La métaphore hyperbolique « coup mortel » inscrit la rencontre sous le signe de la fatalité, du
tragique, annonçant les malheurs à venir.

Ligne 17 : On a une confirmation du caractère de Manon avec le comparatif « plus expérimentée que
moi » : loin d’être une ingénue, Manon connaît les choses de la vie. On note alors le recul que prend le
narrateur : ce n’est pas le jeune Des Grieux qui trouve Manon expérimentée, mais le narrateur Des Grieux
après coup.

Ligne 18 : Le lecteur découvre une nouvelle indication sur Manon : elle a un « penchant au plaisir »,
euphémisme qui suggère une dépravation des mœurs qu’on peut deviner par la litote « elle reçut mes
politesses sans paraître embarrassée » (ligne 12).

Lignes 18-19 : On retrouve une prolepse qui anticipe la suite des événements, et inscrit cette rencontre
sous le signe du malheur. Ainsi avec la proposition subordonnée relative « qui a causé par la suite tous
ses malheurs et les miens », Des Grieux, tout en suscitant la curiosité du lecteur, donne à cette rencontre
un aspect tragique.

CNED PREMIÈRE FRANÇAIS 3

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