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Fiche de révision (lecture linéaire N°1)

Objet d’étude : Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle Parcours : Théâtre et Stratagème

Titre de l’œuvre : Nom de l’auteur Genre littéraire Mouvement littéraire


Les Fausses Confidences, Marivaux 1688-1763 comédie le siècle des lumières
1737
Introduction : Les dramaturges du XVIII Siècle se confrontent à la difficulté de renouveler le genre
théâtral, et en particulier la comédie, à partir de l’héritage de Molière, maître de la comédie classique.
Marivaux s’illustre comme un des principaux acteurs de ce renouvellement. Si ses pièces comiques
reprennent les thèmes de l’amour, de l’argent et du mariage, elles mettent davantage l’accent sur la
psychologie des personnages et les ambiguïtés des sentiments. Dans Les Fausses Confidences,
l’intrigue tourne autour d’un jeune homme désargenté, Dorante, que son ancien valet ,Dubois, veut
aider à épouser Araminte, une jeune et riche veuve. La scène 2 de l’acte 1 correspond à l’exposition de
la pièce. Dans l’extrait, le dialogue entre Dorante et Dubois permet de présenter l’intrigue, mais aussi
d’esquisser un portrait des personnages principaux.

Problématique : Nous montrerons comment l’exposition joue son rôle tout en dévoilant en partie le
stratagème de Dubois
Mouvement 1 : Dorante expose ses doutes face à son serviteur Dubois (l.1 à l.12)

L1 à 3 : Exposition qui joue son rôle : elle présente les personnages, l’obstacle et ce qui constituera le
nœud de l’intrigue. Dès la première réplique, Dorante fait le portrait de la femme qu’il aime et oppose
sa situation à la sienne, exposant ainsi ses doutes sur un potentiel mariage entre eux. L’opposition des
ressources financières des personnages représente un obstacle à leur union, car le rang social dans la
société d’ancien régime est important, comme le montre l’hyperbole «  tout ce qu’il y a de mieux », « 
une grande charge dans les finances ». Le vocabulaire mélioratif est opposé à « rien » « point de
bien ». Cette femme parait inaccessible et l’opposition de leur finance semble un obstacle
insurmontable. Le Doute de Dorante sur la réussite du stratagème se manifeste par la répétition du
pronom tonique « Moi » 3 fois, qui montre son incrédulité, et qu’il lui est impossible d’épouser une
femme de ce rang. Ne pas la nommer crée un effet d’attente et pique la curiosité du lecteur, mais, le
démonstratif, souligne également la distance sociale qui le sépare d’elle.

L4 à 7 : Au manque d’assurance de son valet s’oppose la grande certitude de Dubois qui rebondit sur
les mots de son maitre «  point de bien ! ». Il mise sur la beauté de ce dernier et montre qu’il est sûr de
lui avec le modalisateur de certitude « absolument » et la répétition de l’adjectif « infaillible ». Le
valet a de l’ascendant sur son maitre : on le voit avec la phrase injonctive « Tournez-vous un peu » qui
nous laisse imaginer la gestuelle, pouvant être source de comique. Il s’associe dans la deuxième
personne du pluriel au sort de son maitre « notre affaire », on comprend que c’est lui qui va mener le
jeu. La flatterie est comique, l’exposition joue donc son rôle d’indiquer la tonalité. Les hyperboles
comiques « il n’y a point de plus grand seigneur que vous » « toutes les dignités possibles » mettent la
beauté au même rang que la richesse et critiquent les inégalités sociales : il n’y a pas que les biens
matériels qui font la valeur d’un homme. Dubois imagine son maitre établi avec une connotation
grivoise et comique «  en déshabillé dans l’appartement de Madame »

L8 à 11 : « Oui, je le soutiens » adverbe affirmatif qui montre encore l’assurance de Dubois. Il
poursuit ses rêveries en évoquant les symboles de la richesse future de son maitre : « salle »
« équipages », « sous la remise ». On remarque des Stichomythies dans lesquelles Dorante oppose les
obstacles au projet de Dubois, qui ne se démonte pas, bien au contraire. Dorante est inquiet sur la

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différence de richesse et évoque de manière très concrète la rente des deux personnages. Dubois utilise
un ton détaché comme si la différence était insignifiante ce qui montre encore son audace.

Mouvement 2: Nous devinons le stratagème de Dubois et découvrons sa personnalité (l.13 à la fin)

L 13 à 16 : Dans ce second passage, on comprend plus explicitement l’objectif de Dubois : faire
épouser les deux jeunes gens et rendre leur mariage possible. Ce passage nous permet de découvrir le
personnage du valet qui jouera un rôle décisif dans l’œuvre. Face à l’inquiétude de Dorante sur le
caractère d’Araminte et sa phrase interrogative « Et tu me dis qu’elle est extrêmement raisonnable ? »
Dubois le rassure avec le parallélisme de construction et l’antithèse «  Tant mieux pour vous et tant pis
pour elle ». Il utilise le vocabulaire de la défaite renforcé parfois pas l’intensif « si » « se
débattra », « si honteuse »,  « si faible », « ne pourra se soutenir ». Ce vocabulaire annonce une sorte
de combat en contradiction avec le sentiment amoureux. L’utilisation du futur prédictif «   Vous m’en
direz des nouvelles » montre encore sa grande assurance. Le lecteur est informé des véritables
sentiments de Dorante : son amour est sincère « passion » « tremble », ce qui participe à l’exposition

L17 à 26 : Dans cette dernière réplique, on constate une inversion des rôles : Dubois se comporte en
Maître de Dorante. L’ancienne hiérarchie sociale se trouve renversée. On remarque une opposition
entre la grande assurance de Dubois et la « terreur » de Dorante. Les interjections « oh » « eh que
diantre » montrent l’impatience de Dubois. Il a une immense confiance en lui et apparait comme le
maitre du jeu : « Vous réussirez, vous dis-je. Je m’en charge, je le veux, je l’ai mis là ».  Le pronom
« je » est répété 8 fois. La jeune femme est désignée par un pronom indéfini « on », et donc réduite à
un objet de conquête. Dubois est présenté comme un metteur en scène hors pair distribuant les rôles en
fonction du caractère de chacun « je connais l’humeur de ma maitresse, je sais votre mérite, je sais
mes talents, je vous conduis ». Il prévoit l’issue d’une intrigue dans un parallélisme de construction
« on vous aimera, toute raisonnable qu’on est, on vous épousera, toute fière qu’on est, et on vous
enrichira, tout ruiné que vous êtes ». L’emploi du futur de certitude tend à confirmer à l’auditoire que
son stratagème est infaillible. Reprise de la métaphore du combat « Fierté, raison et richesse, il faudra
que tout que tout se rende ». « Quand l’amour parle, il est le maitre » se présente comme un proverbe,
avec le présent de vérité générale et la personnification. Le départ précipité de Dubois donne du
dynamisme à la scène, propre à la comédie + « nous voilà embarqué » lançant le jeu et en même temps
la pièce dans une double énonciation. La dernière recommandation de Dubois est inattendue et monte
que le jeu va être complexe. Le triomphe de l’amour est annoncé en conclusion « L’amour et moi nous
ferons le reste ».
Conclusion : Cette scène est bien une scène d’exposition, elle fixe l’enjeu de l’intrigue. Dorante
épousera-t-il Araminte ? Cette scène présente les personnages, leur situation sociale et les relations
qu’ils entretiennent. Elle lance l’action. Si Dubois dit avoir un plan, il n’a pas précisé lequel ; et,
surtout, qui est vraiment cette « femme-ci » ce qui pique la curiosité du lecteur

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