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Introduction : La scène 14 de l’acte I constitue un passage clé de la pièce.

Il s’agit de la première “fausse confidence” de


Dubois. Les Fausses Confidences est une comédie écrite par Marivaux, grand écrivain français du 18 e. Elle est jouée
pour la première fois à l’hôtel de Bourgogne en 1737 par les comédiens de la commedia dell’arte. Dans cette œuvre,
Marivaux traite avec humour le thème des manigances et des querelles amoureuses tout en explorant les sentiments du
cœur humain. Dorante, un jeune bourgeois tombe fou amoureux d’une femme fort riche, Araminte. Il va mettre en place
un stratagème avec son valet Dubois pour s’introduire dans la maison de sa bien-aimée et conquérir son cœur. Nous
allons étudier la scène 14 de l’acte 1, un passage clé de la pièce. Il s’agit de la première fausse confidence de Dubois.
Dans cet extrait Dubois révèle à Araminte l’amour fou que Dorante lui porte depuis six mois. Il va alors s’employer à un
discours émouvant de la passion que Dorante éprouve puis à une description élogieuse de son maître le présentant
comme un véritable Don Juan, aimable des femmes de la classe sociale d’Araminte, tout en la rendant jalouse. Puis
s’emploie à la flatter avec habilité, en louant ses grâces.

Comment le talent de stratège de Dubois est-il mis en exergue à travers sa maîtrise du langage ?
- Mise en place de la stratégie
- Dubois éveille la jalousie d’Araminte
- Le récit d’un coup de foudre

Mise en place de la stratégie


Araminte instruite par Dubois de l’amour fou que porte Dorante à une femme identité inconnue
1ère partie de sa réplique - phrase décla brève et v de volonté « je veux qui » - détermination pas garder D chez elle
Opposition volonté et actions d’Araminte - « veut » mais ne fait pas
Question - curiosité d’Araminte pointe jalousie - refus d’évoquer f « cette personne » - adj démonstratif pej - rivale
Manipulation Araminte par Dubois - construction en 2 temps - effet d’attente - identité femme aimée révélée dans 2 e
prop - mise en relief par tournure emphatique - « c’est vous madame »
Phr excla - surprise Araminte
Dubois cherche émouvoir et flatter A - amour éperdu Dorante, amoureux transi - mots forts et flatteurs - hyperbole
« adore »/ « donnerait sa vie » - négation totale « ne .. point » - lexique mort - CL ravissement « adore », « plaisir »,
« enchanté »
Précis tempo + position dans la prop - situe passion Dorante dans temps - + réel
« vous avez dû voir » - appel témoignage A
Araminte, désormais informée sur la passion de Dorante, et manipulée par Dubois, est amenée à interpréter des signes
de cet amour dont elle peine trouver des preuves, ce qu’exprime l’usage de l’expression indéfinie au singulier “quelque
petite chose”.
« le pauvre garçon » - distance + interr - Condescendance envers D (pas même classe s) - A encore soumise aux conv
sociales - q révèle aussi curiosité, volonté d’en savoir plus sur cet amour, flattée par la révélation de Dubois

Dubois éveille la jalousie d’Araminte


Position obj pronoms « le » / « lui » - Dubois place Dorante comme victime de son amour - but compassion A
Utilise le topos romanesque du héros fou d’amour qui arrache Araminte à sa réalité et la plonge dans l’imaginaire
Accu + repet adv intensité « bien » - portrait élogieux Dorante prétendant parfait pour A
Adj « passable » - ironique - Dubois et spectateur sait la beauté du personnage et l’effet que sa figure a produit sur A
« mais » - mise en relief seul défaut D manque de richesse qui pourrait être un argument d’A pour refuser cet amour
Strat Dubois - éveiller jalousie A - insiste sur admiratrices de D - art indéf plur “des” - nombreuses + “il n’a tenu qu’à
lui” - désintéressement total de Dorante, tel un héros de roman
Pres laudative - femmes riches et de qualité - “auraient mérité” - conditionnel passé - renoncement glorieux de ces
femmes à leur richesse en faveur de D
“qu’on la leur fît à elles-mêmes” - retournement de situation - place symboliq rivales sommet hiérarchie s et de la valeur
perso - A peut donc aimer aussi Dorante sans déroger à son rang
Fin réplique - focalisation femme particulière - passage présent - pas présentée - « une »
Insistance Dubois persévérance femme auprès de D - “qui n’en saurait revenir”, “poursuit”, “tous les jours”
“car je l’ai rencontrée” - précision, dont le spectateur ignore s’il s’agit d’un mensonge ou d’une vérité, a pour objectif
de rendre son propos plus persuasif, en donnant une réalité à la jeune femme par son faux (?) témoignage
réaction d’A ne se fait pas attendre - strat Dubois fonctionne - excla - étonnement et surtout jalousie née decouv rivale -
dissimulation fausse indiff - cc manière didascalie
“grande brune très piquante” - Dubois donne vie à rivale - belle apparence physique
Puis décrit l’attitude de D - “il fuit” - apparait comme une attitude incompréhensible après la description donnée de la
jeune femme = D fou
Discours direct - Dubois rapporte paroles imaginaires de D - forme de pseudo aveu amoureux - Dubois, metteur en
scène et comédien devant A
Première p - paroles comme sortant directement de la bouche de D - Mise en abyme - troublantes pour A
C’est avec une protestation de fausse probité que D touche Araminte, par l’intermédiaire de Dubois
A se trouve ainsi piégée dans une situation de responsabilité vis-à-vis d’un Dorante amoureux et soucieux d’avoir un
comportement honnête : comment pourrait-elle avoir la cruauté de le renvoyer ?
“la larme à l’oeil”, “il sent bien qu’il a tort” - sensibilité et grande honnêteté morale de D - détail réaliste + attire la
compassion

Récit d’un coup de foudre


Dubois se livre à un récit - événements déroulés en dehors scène avant début intrigue - caractéristiques du récit :
Temps du passé (passé simple et imparfait)
Indices spatio-temporels pour définir le cadre de l’action
Usage de la 3ème pers (D)
Respecte les étapes du schéma narratif
Cf début de l’extrait : présentation du héros
Ici : élément perturbateur - coup de foudre
Rencontre a lieu à “l’opéra” - lieu réaliste + “un vendredi” : jour où la bonne société se rendait à l’opéra - Dubois ne
prend pas de risque
- crédibilité de la situation + rappel pour le spectateur : décor réaliste (Paris)
Topos du coup de foudre au premier regard souligné par le PS et la succession des actions par juxtaposition + voc de
l’amoureux transi - comparaison “comme extasié”, “il ne remuait plus” - paralysie provoquée par l’amour
Dubois assure la crédibilité de son récit par des allusions récurrentes au fait qu’il a assisté aux événements
Phr nominale excla - réaction A - montre son entrée dans le récit de Dubois - elle est tot piégée
Conséquences du coup de foudre :
- Perte de la raison de Dorante. On peut remarquer les images plaisantes de Dubois. Langue familière qui
rappelle qu’il est un valet de comédie
Perte de raison s’accompagne d’une perte d’autonomie
=> devient totalement dépendant de Dubois (objet de verbes dont Dubois est le sujet). Je = Dubois : son récit constitue
un témoignage de ce coup de foudre. Il n’y a donc pas d’intermédiaire, il est mené par l’un des témoins de la scène.
=> Assure la crédibilité du récit.
Au récit s’ajoute la suite du portrait laudatif de Dorante. Dubois n’a de cesse de mettre en avant les qualités du jeune
homme. Dans cette réplique, il insiste sur son caractère raisonnable, charmant et heureux.
Dubois termine sa réplique en insistant sur le fait qu’Araminte est devenue l’univers de Dorante. Le chiasme “rêver à
vous, que vous aimer” place Araminte au centre des pensées de Dorante +négations restrictives.
Nous pouvons aussi remarquer l’utilisation de la 1ère personne du pluriel. Dubois s’associe à Dorante => serviteur loyal
et fidèle.
Phr brève excla - Traduit la surprise, le plaisir, l’émotion d’Araminte, séduite par ce début de récit. Elle en reste sans
voix !

Conclusion : Dubois montre dans cet extrait qu’il maîtrise parfaitement l’art de l’éloquence et qu’il possède le caractère
stratège du valet. Dans un récit vivant et persuasif, il livre un portrait touchant de Dorante, qui ne peut qu’émouvoir
Araminte. En laissant apparaître des rivales potentielles, il aiguise le sentiment de jalousie de la jeune femme mais il lui
donne aussi le bon rôle, puisque Dorante a repoussé toutes ces femmes. Araminte devrait, grâce à Dubois, garder
Dorante, et succomber à son amour.
Dubois est donc le personnage qui manipule par ses paroles, répond avec justesse aux rêves inconscients de la jeune
femme : celui d’un prétendant éperdument amoureux qui aurait perdu la raison et dont le seul but est de s’approcher de
sa belle. C'est donc la parole, le récit imaginaire de Dubois qui fait naître l’amour d’Araminte.
Dans cette scène 14, la stratégie de Dubois, annoncée dans la scène 3, se met en place. Toute la scène fonctionne sur le
thème de la folie supposée de Dorante : il est “timbré”, il “extravague d’amour”, a “la cervelle brûlée”, “sa démence lui
coupe la gorge”... Pour preuve, il refuse un mariage avantageux, au profit d’Araminte.
Cette scène plus longue que les autres, développe un petit roman : Dorante épiant tout un hiver Araminte dans tous les
lieux publics de la capitale. Naturellement, au lieu de mécontenter Araminte, ces confidences de Dubois ne font que la
confirmer dans son intention de garder le jeune homme. De plus, le valet a réussi à faire naître chez elle un sentiment de
compassion. Or, plaindre Dorante est une étape importante sur le chemin qui la mène à lui.

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