Texte bac 6 : Lecture linéaire acte I, scène 14

Intro :

- exemple d’entrée en matière : Le théâtre au XVIIIème siècle > théâtre à la mode, en part. apprécié des
bourgeois et des nobles. Parmi les théâtres fixes : la Comédie française, salle prestigieuse, plus
conservatrice et la Comédie-Italienne, installée à l’Hôtel de Bourgogne : c’est aux comédiens italiens qui
descendent de la commedia dell’arte que Marivaux confie sa pièce Les Fausses Confidences.
- Présenter rapidement Marivaux
- Présenter rapidement les caractéristiques de son théâtre et la notion de « marivaudage »
- Présenter rapidement les FC
- Situation du passage : acte I, 14 : Araminte vient d’aborder avec Dorante la question du procès et du
mariage avec le Comte Dorimont, qu’elle ne semble pas approuver. Dubois les interrompt pour avoir un
tête à tête avec Araminte. Dorante fait semblant de se détourner lorsqu’il le voit. Dubois le fait
remarquer à Araminte. Il s’agit alors de la première scène de fausses confidences, orchestrée par Dubois.
Il vient annoncer qu’il la quitte pour ne pas fréquenter Dorante et confie à sa maîtresse les soi-disant
raisons de sa décision.

Pb : Comment Dubois recourt-il aux fausses confidences pour faire réagir Araminte ?

Lignes 1 à 9 : Dubois jette le doute sur Dorante, qui ne serait pas fréquentable

Lignes 10 à 20 : Dubois apprend à Araminte que Dorante est « fou d’amour »

Lignes 21 à 27 : Dubois dévoile l’objet de la passion de Dorante

I/ Lignes 1 à 9 : Dubois jette le doute sur Dorante, qui ne serait pas fréquentable

1 DUBOIS - Eh ! par quel tour d'adresse est-il connu de Madame ? comment a-t-il fait pour arriver jusqu'ici ?
- Surprise de Dubois :
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- le spectateur sait qu’il s’agit d’un stratagème (plan dévoilé à la scène 2)
- insinue que Dorante a rusé pour entrer chez Araminte. Il s’agit presque de « magie » :
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2 ARAMINTE - C'est Monsieur Remy qui me l'a envoyé pour intendant.
- réponse qui explicite le rôle joué par M. Rémy :
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3 DUBOIS - Lui, votre intendant ! Et c'est Monsieur Remy qui vous l'envoie : hélas ! le bon homme, il ne sait pas qui
il vous donne ; c'est un démon que ce garçon-là.
- surprise indignée de Dubois :
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- portrait négatif (blâme) de Dorante :
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- surprise possible du spectateur : Dubois est censé aider Dorante, et pour l’instant il le dessert… Cela fait-il
partie du stratagème ou Dubois trompe-t-il son maître ?
- réaction d’Araminte recherchée par Dubois :
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ARAMINTE - Mais que signifient tes exclamations ? Explique-toi : est-ce que tu le connais ?
- la stratégie fonctionne ! :
> curiosité d’Araminte : ce que dit Dubois ne la laisse pas indifférente :
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- lien maîtresse / valet :
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6 DUBOIS - Si je le connais, Madame ! si je le connais ! Ah vraiment oui ; et il me connaît bien aussi. N'avez-vous
7 pas vu comme il se détournait de peur que je ne le visse.
- Dubois connaît bien Dorante :
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- Dubois apporte une preuve de ses accusations :
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- en réalité cela fait partie du stratagème (cf. didascalie scène 13 « Dorante feint de détourner la tête ») :
Dorante doit faire semblant de faire semblant de ne pas le connaître : sorte de mise en abyme, de jeu dans le
jeu.
- réaction d’Araminte recherchée par Dubois :
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8 ARAMINTE - Il est vrai ; et tu me surprends à mon tour. Serait-il capable de quelque mauvaise action, que tu
9 saches ? Est-ce que ce n'est pas un honnête homme ?
- la stratégie de Dubois fonctionne ! :
> réaction d’Araminte : surprise et inquiétude
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II/ Lignes 10 à 20 : Dubois apprend à Araminte que Dorante est « fou d’amour »

10 DUBOIS - Lui ! il n'y a point de plus brave homme dans toute la terre ; il a, peut-être, plus d'honneur à lui tout
11 seul que cinquante honnêtes gens ensemble. Oh ! c'est une probité merveilleuse ; il n'a peut-être pas son pareil.
- rupture : passage du blâme à l’éloge
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- réaction d’Araminte recherchée par Dubois :
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-ARAMINTE - Eh ! de quoi peut-il donc être question ? D'où vient que tu m'alarmes ? En vérité, j'en suis toute
émue.
- la stratégie de Dubois fonctionne ! :
> Araminte touchée > manifestation des émotions :
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13 DUBOIS - Son défaut, c'est là. (Il se touche le front.) C'est à la tête que le mal le tient.
- stratégie de Dubois : révèle progressivement le « mal » de Dorante, en dramatisant (dramatisation * = mise en
valeur d’une action) :
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- accélération du rythme :
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14 ARAMINTE - A la tête ?
- incompréhension d’Araminte :
 -
15 DUBOIS - Oui, il est timbré, mais timbré comme cent.
- précision de Dubois : il s’agit de folie !
- comique :
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16 ARAMINTE - Dorante ! il m'a paru de très bon sens. Quelle preuve as-tu de sa folie ?
- doutes d’Araminte :
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- apparaît comme une femme sensée, raisonnable :
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17 DUBOIS - Quelle preuve ? Il y a six mois qu'il est tombé fou ; il y a six mois qu'il extravague d'amour, qu'il en a la
18 cervelle brûlée, qu'il en est comme un perdu je dois bien le savoir, car j'étais à lui, je le servais ; et c'est ce qui
19 m'a obligé de le quitter, et c'est ce qui me force de m'en aller encore. Ôtez cela, c'est un homme incomparable.
- Q de Dubois : répète les termes d’Araminte > stratégie qu’il emploie à plusieurs reprises depuis le début du
passage
- explication : Dorante est fou d’amour.
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- Dubois en a connaissance : il était son valet > le dit 2 x
- folie cause du départ de Dubois
- Dubois obligé de fuir :
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- termine par un éloge de Dorante :
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- éloge comique :
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> habileté de Dubois : suggère que le seul défaut de Dorante est d’être éperdument amoureux, ce qui en soit
n’est pas un défaut !

III/ Lignes 21 à 27 : Dubois dévoile l’objet de la passion de Dorante

20 ARAMINTE, un peu boudant - Oh bien ! il fera ce qu'il voudra ; mais je ne le garderai pas : on a bien affaire d'un
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esprit renversé ; et peut-être encore, je gage, pour quelque objet qui n'en vaut pas la peine ; car les hommes ont
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des fantaisies...
- Araminte n’est pas insensible :
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- décision de le renvoyer en apparence raisonnable :
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- cherche à connaître « discrètement » l’identité de la personne aimée :
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-pointe de jalousie : la déprécie :
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Déprécie aussi le goût des hommes :
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23 DUBOIS - Ah ! vous m'excuserez ; pour ce qui est de l'objet, il n'y a rien à dire. Malepeste ! sa folie est de bon
goût.
- éloge de la femme aimée par Dorante :
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- émet une objection comique :
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- effet d’attente : révélation progressive. Ne donne pas directement l’identité.
- réaction d’Araminte recherchée :
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24 ARAMINTE - N'importe, je veux le congédier. Est-ce que tu la connais, cette personne ?
- même jeu : intention de ne pas garder Dorante (raisonnable)
- puis cherche à connaître l’identité, cette fois-ci plus directement :
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25 DUBOIS - J'ai l'honneur de la voir tous les jours ; c'est vous, Madame.
26 ARAMINTE - Moi, dis-tu ?
- révélation finale : effet de surprise. Volonté de produire un choc :
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- Formulation respectueuse :
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- surprise d’Araminte : la stratégie fonctionne :
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CCL > fausse confidence = stratagème efficace de Dubois qui parvient à éveiller le trouble de sa maîtresse en
retardant la révélation : il feint de faire le blâme de Dorante pour mieux insister sur sa « folie amoureuse » et en
faire un véritable éloge. Il s’agit d’une stratégie classique de manipulation : « souffler le chaud et le froid » pour
déstabiliser l’autre.

Ouverture : autres étapes du stratagème : les portraits d’Araminte qui révèlent à la jeune veuve l’amour de
Dorante / la lettre écrite par Dorante où il démissionne à cause de son amour > recours au mensonge, à la ruse, au
stratagème tout au long de la pièce pour révéler la vérité, pour qu’Araminte découvre son amour.