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Les Fausses Confidences

Etude de la scène 2 de l’acte I L56 à 86

Cette 2ème scène constitue une scène d’exposition : Dorante est un jeune homme déclassé, il
se présente chez Araminte pour être engagé en tant qu’intendant. Il est accueilli par son
ancien valet, qu’il n’a pu garder, Dubois, aujourd’hui au service d’Araminte. On apprend dans
cette scène qu’il s’agit d’un projet, échafaudé par Dubois pour unir son ancien maître et sa
maîtresse actuelle. Après un premier temps où Dubois rassure Dorante, il évoque ensuite le
stratagème mis en place
Nous étudierons dans cet extrait, l’opposition de caractères entre le valet et l’ancien maître.

ETUDE LINEAIRE

La faiblesse de Dorante face à l’énergie et la détermination de Dubois est notable dans la prise
de parole : les répliques de Dorante sont plus brèves, marquées par l’émotion, par la modalité
interrogative et exclamative, tandis que celles de Dubois sont longues et construites.

- Dorante vient de rappeler qu’il n’a ni position sociale, ni fortune : Dubois lui répond par une
exclamative qui reprend littéralement les derniers mots de Dorante : « point de bien ».
Dorante avait exprimé son inquiétude face à la fortune d’Araminte alors que lui est ruiné,
Dubois va le rassurer sur ce point. Le ton exclamatif traduit son assurance, son optimisme.
En effet, pour lui l’argent n’est pas un obstacle. Il réplique par un jeu de mots sur la polysémie
du mot « mine » : le manque d’argent est compensé par le physique avantageux de Dorante.
Dubois utilise cette expression hyperbolique pour donner confiance à Dorante, il se justifie
ensuite en lui demandant de se tourner pour qu’il vérifie ses atouts physiques (« tournez-vous
un peu »).
Il balaie ainsi les doutes de Dorante de manière définitive : « vs vs moquez » et réaffirme la
supériorité de Dorante par les hyperboles : « il n’y a point de plus grand seigneur que vs à
Paris », « Votre taille vaut toutes les dignités possibles ». Le ton est donc enthousiaste, les
qualités physiques de Dorante lui donnent la valeur du statut social le plus élevé.
Dubois conclut sur ce point de manière péremptoire par l’anaphore de l’adjectif « infaillible »,
accentué par l’adverbe « absolument », aucun doute n’est possible sur la réussite de leur
projet. L’adjectif possessif « notre » souligne la complicité et l’implication de Dubois, l’emploi
du mot « affaire » pour qualifier le projet de mariage est ambigu : il souligne la part de calculs,
de stratagèmes liés à ce mariage mais peut aussi évoquer ce mariage comme un mariage
d’intérêt. Dubois utilise ensuite une image assez osée, avec l’adverbe « déjà » pour souligner
la rapidité avec laquelle le projet aboutira.

-La réponse de Dorante présente une exclamative témoignant de son pessimisme et de son
manque de confiance.

- Dubois réaffirme avec sa force sa certitude, « oui je le soutiens », qu’il conforte par une 2ème
image représentant la future réussite sociale de Dorante.

- Mais Dorante révèle à nouveau un complexe d’infériorité reposant sur la différence sociale
qui l’oppose à Araminte, il rappelle son revenu. Dubois réplique en donnant celui bien
inférieur de Dorante, il confirme l’écart pour signifier qu’il n’est pas important.

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- Dorante renchérit en évoquant un autre obstacle, le caractère raisonnable d’Araminte.

- L48 Dubois répond par un parallélisme le présentant comme impitoyable (« Tant


mieux pour vs… »). Il montre ensuite ses qualités de psychologue et retourne la crainte
de Dorante en avantage pour le projet. Il part d’une hypothèse (exprimée ds une
subordonnée circonstancielle de condition), reposant sur le physique de Dorante qui
devrait séduire Araminte et présente ensuite les conséquences avec une gradation :
« si honteuse », « si faible », « se débattra tant » qui ne peut aboutir qu’à la résolution
du mariage. L’expression familière « vs m’en direz des nouvelles » révèle son
assurance. Il termine par une question qui semble nécessaire à la réussite de son
projet, l’amour sincère de Dorante. Celui-ci y répond en se présentant comme un
amoureux passionné et transi, figure traditionnelle au théâtre.

- Devant la peur de Dorante, Dubois se lance ds une tirade au ton paternel, il fait la
remontrance par des exclamations, par le juron « diantre ». Il s’emploie ensuite à
donner confiance à son ancien maître avec le vb réussir employé au futur simple,
évoquant une certitude, s’exprime avec autorité : « vous dis-je ». Sa tirade est ensuite
dominée par un « je », en début de proposition, sujet des verbes : Dubois dirige
l’action, apparaît comme maître du jeu. Ainsi le rythme ternaire et la suite de
propositions « je m’en charge… » révèle le caractère volontaire et déterminé, ce qui
est confirmé par le geste final. Le passage à la 1ère pers du pluriel révèle une nécessaire
complicité pour la réussite du plan, les mots « actions », « mesures », le pluriel
renforcé par la reprise de l’adj « toutes » évoque une stratégie élaborée avec détail et
précision, le chiasme un plan inattaquable, infaillible.

- La suite de propositions mise en valeur par le rythme ternaire commençant par « je »


sujet de verbes exprimant la connaissance fait de Dubois le maître absolu de l’action.
Elle résume aussi les conditions nécessaires à la réussite du plan : la connaissance qu’a
Dubois de la psychologie de sa maîtresse, la valeur morale de Dorante, enfin sa ruse,
son efficacité (« mes talents »).

- La formule « je vs conduis » et sa construction grammaticale est significative : c’est


Dubois qui agit (sujet), dirige et Dorante obéit (COD, subit l’action). Elle révèle une
inversion des rôles.
La dernière partie de la phrase introduit le pronom indéfini « on » désignant Araminte. Elle a
perdu son individualité, elle apparaît comme l’objet à conquérir. Tous les obstacles (raison,
fierté, différence sociale) se voient levés dans une série de propositions subordonnées
concessives. L’emploi du futur simple souligne encore une fois la certitude de la réussite de
l’entreprise : Dubois tient comme sûr qu’Araminte aimera puis épousera, puis fera la fortune
de Dorante. Le rythme ternaire et la progression des actions évoque encore une fois une
mécanique parfaitement huilée. La phrase se termine par une question à valeur persuasive.
Enfin, Araminte toujours dépersonnalisée, désignée par 3 noms communs est présentée
comme un enjeu social et financier qu’il faut vaincre. Le pronom « tout » évoque une victoire
totale, le verbe se rendre appartient au lexique de la guerre. Dubois apparaît donc au final
comme un personnage prêt à tout pour arriver à ses fins.

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Conclusion

L’intérêt de ce passage est donc de présenter l’intrigue : l’enjeu pour Dubois qui est de réussir
le mariage de son ancien maître. Il suscite l’intérêt du public, curieux de savoir comment
Dubois va s’y prendre pour arriver à ses fins, comment il peut être aussi sûr de lui. Ce passage
nous présente également deux protagonistes et met en évidence leur relation originale. Le
couple maître-valet est ici renouvelé avec un valet qui domine, par son caractère, son énergie,
son éloquence face à un maître qui semble timide et fragile. Le personnage de Dubois suscite
l’intérêt par son ambiguïté : entièrement dévoué à son ancien maître dont il veut faire le
bonheur, il laisse aussi entrevoir des côtés matérialistes et machiavéliques.

Grammaire

L70 à 74
- « si vs lui plaisez » = prop sub circonstancielle de condition introduite par la conj de
subordination « si », dépendant de la prop principale : « elle en sera si honteuse… »
- « Qu’elle ne pourra se soutenir qu’en épousant » = prop sub cir de conséquence
introduite par conjonction de subordination « que » et les 3 corrélatifs « si » et
« tant »

L82 à 84
- « On vs aimera » = prop principale
- « Toute raisonnable qu’on est » « toute fière qu’on est », « tout ruiné que vous êtes »
3 prop sub circonstancielles de concession introduites par la conjonction de
subordination « que » et le corrélatif « toute »

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