Fiche d’oral n°3:

Acte II - scène 13 : Les fausses confidences

Objet d’étude: Le théâtre du XVIIe au XXIe siècle - Parcours: Théâtre et stratagème

Auteur: Marivaux (1688-1763) Genre littéraire: Drame bourgeois Mouvement: Lumières

Introduction: Imprégnés par les idéologies des Lumières, maints auteurs ont mis leur talent
au service de ce mouvement révolté contre les valeurs et les inégalités sociales du XVIIIème
siècle. C’est le cas de Marivaux, qui excelle dans sa manière de dénoncer avec légèreté les
travers de la société dans des pièces aux intrigues orientées sur le thème de l’amour. Parmi
celles-ci, se distingue Les Fausses confidences, jouée pour la première fois en 1737. Ce
drame bourgeois met en scène l’infaillible stratagème mené par un valet, Dubois, qui tente
avec succès de manipuler sa maîtresse, Araminte, afin qu’elle tombe amoureuse de son
nouvel intendant, Dorante. Pour ce faire, Dubois multiplie les fausses confidences, semant
ainsi le doute, propice à la naissance du sentiment amoureux. Dans l’extrait de la scène 13
de l’acte II que nous allons étudier, Araminte s’empare de cette stratégie de fausse
confidence afin de manipuler à son tour Dorante et lui faire avouer son amour. Pour le
bouleverser, elle lui fait écrire une lettre destinée au Comte Dorimont où elle lui fait part de
sa décision de se marier.

Problématique: Comment Araminte se révèle-t-elle en fin stratège en déployant à son tour

une fausse confidence ?

Mouvements: Ligne 1 à 17: La mise en place du stratagème

Ligne 18 à 34: L’écriture de la lettre

1er mouvement:
Le stratagème mis en œuvre par A. semble déjà faire de l’effet à Do.
- “d’un ton ému” l.1 : didascalie → est révélatrice de l’émotion et du trouble de l’intendant.
- “Déterminée, Madame!”: exclamative → il ne laisse rien transparaître et soutient les propos
d’A.
- “Il change de couleur” l.3: aparté → révélateur de la chute progressive de Do. dans le piège
tendu par A.
- “Quelle différence pour moi, Madame!” l.4: exclamation à tonalité interrogative → bien qu’il
tente de revêtir le masque de l’indifférence, son désarroi ressort petit à petit.
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- “d’un air délibéré” l.5: didascalie + “Il n’y en aura aucune, ne vous embarrassez pas” l.5:
négations → A. est consciente de l’efficacité de sa ruse, elle continue à jouer la comédie en
mêlant expression visuelle et expression de la pensée, où elle semble renier l’angoisse de Do.
- “rêveur”, “distraction” l.9/10 “toujours distrait” l.11, “rêvez-vous” l.10: champ lexical de la
distraction → Do. se trouve dans un état de transe indéniable, il semble sonné par les
affirmations successives d’A.
- “vous n’allez pas à table? À quoi rêvez-vous?” l.10 : interrogations directes → la maîtresse
l'exhorte à sortir de son immobilité, soulignant, de surcroît, son bouleversement.
- “il ne sait ce qu’il fait” l.12: négation absolue + “voyons si cela continuera”: futur proche →
dans son aparté adressé au spectateur, A. accentue le malaise de Do., elle est fière de son effet
mais semble tout de même peu confiante en la réussite de tout son stratagème.
- “Ah! Dubois m’a trompé!” l.13 : interjection + exclamation → l’émoi de Do. est tel qu’il se
retourne contre son valet, il se sent trahi et manipulé.
- “poursuivant” l.14 : didascalie + “je ne trouve point de papier” l.15: négation absolue → alors
qu’A. continue sur sa lancée, elle malmène sans répit Do., dont la souffrance et l’état d’âme
transparaît dans ses réponses.
- “Vous n’en trouvez point! En voilà devant vous.” l.16 : exclamation + forme emphatique →
A. se fait virulente dans ses propos, elle s’indigne et agresse Do., cherchant à le pousser vers
l’aveu

→ La maîtresse a su créer un stratagème aussi fourbe que celui de D., elle arrive sans peine
à bouleverser Do., qui ébranlé, dévoile ses émotions. A. enchaîne, en dictant la lettre
dévastatrice.

2ème mouvement:
- "Écrivez. Hâtez-vous”, “votre mariage est sûr” l.18 : impératif + assertive → A. se lance dans
la dictée de la fausse lettre, elle s’adresse tant au Comte mais aussi indirectement à Do. qu’elle
encourage à se déclarer, de plus, elle renforce l'inflexibilité de sa décision prise.
- “Comment, Madame?” l.20: modalité interrogative → la réaction d’un Do. perdu ne se fait pas
attendre, il semble sur le point de céder à l’appel vers l’aveu de son amour.
- “Votre mariage est sûr ; Madame veut que je vous l’écrive” l.21 : verbe de volonté → A.
reprend la dictée de sa lettre, son ton est assuré et elle semble déterminée à épouser le Comte.
- “Il souffre”, “est-ce qu’il ne parlera pas?” l.21 : affirmation + question rhétorique → l’aparté
trahit les pensées d’une A. craintive à l’idée de ne pas obtenir les aveux qui lui tiennent tant à
cœur.
- “assuré” : verbe de certitude + “Douteux! il ne l’est point.” l.23 : exclamation / négation
absolue → Do. sort de sa torpeur, piqué à vif, il contredit avec assurance les propos de sa
maîtresse.
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- “Ciel! je suis perdu” l.26 : interjection → face à l’imperturbabilité d’A., Do. est désorienté.
- “Mais, Madame, vous n’aviez aucune inclination pour lui.” l.26 : conjonction de coordination
à valeur d’opposition + négation partielle → Do. entame une timide opposition à ce mariage
pour dissuader A.
- “Qu’est ce que cela signifie? Vous trouvez vous mal” l.28: suite d’interrogations → remarquant
le mal-être de Do., A. s’amuse à le déstabiliser davantage, pour le pousser à dévoiler sa flamme.
- “Je ne me trouve pas bien” l.29 : négation totale → Malgré que les sentiments de Do. sont
visibles dans son comportement, il s’abstient de les formuler, et tente d’échapper aux questions
d’A.
- “Quoi! si subitement! cela est singulier.” l.30 : exclamations → la scène prend une dimension
comique avec la fausse surprise d’A.
- “Le cœur me bat!” “Il n’y a pas encore là de quoi le convaincre” l.31/32: aparté → elle rit de
Do. mais son rire est amer, A. est troublée par l’échec palpable de son stratagème.
- “Ne serait-ce point aussi pour m’éprouver ?” l.34 : interro-négative → clos la ruse de la
maîtresse par un retournement de situation. Do. démasque les intentions d’A., il reprend le
contrôle.

Conclusion: Pour conclure, cet extrait dévoile une Araminte qui tente en vain, de reprendre
le stratagème de la fausse confidence. Elle inverse les rôles, passant de la manipulée à la
manipulatrice. En revêtant ce masque, elle excelle dans l’art de la cruauté et du tourment.
Cet extrait riche en émotions pour les deux personnages est révélateur des péripéties à venir
puisque la tension, désormais installée entre Araminte et Dorante, est d’une ardeur palpable.