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Texte 9 : Juste la fin du monde, extrait p.53 - 54 (l.

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Introduction :

 Jean LUC LAGARCE (1957 – 1995) est un comédien, metteur en scène, directeur de troupe
et dramaturge français et a étudié a Besanson. Il est homosexuel et meurt du SIDA.

 Cette œuvre de J.L.L. est une pièce de théâtre parût en 1990 qui n’appartient à aucun
mouvement. Il s’agit ici d’une autofiction et non d’une autobiographie car l’œuvre ne
présente pas les mêmes personnages ni la même histoire. Cette pièce de théâtre moderne,
bien qu’elle soit inclassable, respecte bien la règle de bienséance car la pièce se déroule en
un seul dimanche, qui est le symbole du repas de famille comme sacré et en un seul endroit
qui est la maison familial. Ainsi, cette œuvre rappelle principalement les thèmes de la
tragédie classique, antique du conflit et de l’incommunication.
Tout au long de la pièce Louis essayera de « dire sa mort » comme il le raconte dans le
prologue.

 L’extrait se situ après le prologue, dans la première partie à la scène 1, où Louis revient dans
sa famille et essaye de faire la connaissance de Catherine, la femme d’Antoine.
Il s’agit d’une scène d’exposition, c’est à dire la mise en place de l’intrigue de l’histoire, du
cadre spatio-temporel mais aussi la présentation des personnages (éveil de la curiosité), des
tensions et comme entre Louis, parti 12 ans au loin de sa famille et les siens qui
apparaissent peu à peu.

 Lecture du texte

 Problématique : Dans cette scène d’ouverture, comment apparaissent les tensions entre les
différents personnages ?

 Plan :
1er§ (1 - 9) : Les présentations.
2e § (10 - 35) : Deux dialogues en parallèles.
3e § (36 - 43) : Réplique de la mère.

l.1-5 C’est Catherine… Double énonciation + J.L.L. utilise Suzanne pour présenter les
Catherine. Phrase simple + personnages tout en jouant son rôle.
Retour à la ligne + Gêne, maladresse, froideur de la situation.
Parataxe
l.1 et 4 C’est / Voilà Tournure présentative Réifie Catherine à un objet avec un
langage orale, simple
l.2 Elles est Catherine Épanorthose Se corrige pour atténuer la froideur des
présentations du sûrement à sa jeunesse.
l.2-3 Catherine c’est Louis. Répétitions de la Aggravation de la réification et de la
Voilà Louis. tournure maladresse.
l.6-7 Suzanne … avancer. Impératif + répétition Introduction par Antoine, le second, de la
première tension.
l.8 Elle est contente. Paradoxe Rôle modérateur de C.
Opposition entre la joie exprimé et la
platitude de l’expression.
l.9 On dirait un épagneul. Animalisation Ironie mordante de A. qui réduit les
émotions en les ridiculisant.
En très peu de vers, on observe déjà un climat de conflit et de violence glacial.
Ne me dis pas çà / ne
me dites pas çà + ne se
l.10 - 13 connaissent pas / ne Épanorthose M. sous le choc et a besoin de reformuler
connais pas / ne vous son incrédulité .
connaissez pas +
jamaisX2
l.13 jamais rencontrés Aphérèse Oralité, simplicité du langage.
l.14 - 23 Tu lui / il lui / Tu ne Dialogue en parallèle A. qui répond à sa mère et S. qui s’étonne
vas pas / Ils ne vont Épanorthose et s’indigne en ayant plusieurs
pas destinataires.
l.15 Je suis très content. Paradoxe Pudeur et platitude de L. comme C
l.16 Oui, moi aussi, bien Répétition Comme si elle était un robot.
sûr, moi aussi.
l.23 et 35 On dirait des étrangers Suzanne installe ainsi dès le début une
/ il faut leur dire Comparaisons froideur distante dans la relation entre L.
et C. qui essaye de se saluer.
l.27 - 28 tu te trouveras, vous Futur prédictif Complicité qui s’installe entre les deux
vous trouverez / vous Épanorthose étrangers un peu à part.
aller vous trouvez
Ces croisements de dialogues renforcent l’idée de la difficulté à communiquer, à écouter, montrant
une famille qui échange dans le conflit.
La M. vient clore l’extrait de la même
l.36 et 43 ... Épanorthose façon dont elle est intervenue pour la
première fois.
jamais je n’aurai pu La M. brise la dynamique de
l.38 imaginer qu’ils ne se rapprochement de L. et C. qui
connaissent s’embrassent.
Que la femme de mon Épanorthose
l.40 - 41 autre fils ne connaisse Déterminant possessif Montre que L. est le préféré tandis que
pas mon fils, cela, je + adjectif qualificatif Antoine est le second, le mal aimé.
ne l’aurais pas imaginé Verbe p.p L. est parti depuis tellement longtemps
que sa famille ne peut que l’imaginer.
La M. déprécie le mode de vie de sa
l.43 Vous vivez d’une drôle Ironie + agressivité famille tout en s’excluant ce qui est
de manière. implicite source de division.
Reproche implicitement le mode vie de L.

Conclusion :

Cet extrait de la première scène de retrouvaille permet d’introduire les relations de tensions entre les
différents personnages. Ainsi, les dialogues entremêlés, principalement composés de reproches,
véhiculent une véritable souffrance notamment due à l’absence prolongée de Louis qui apparaît en
étranger et marque une incompréhensions entre les différents personnages d’une famille blessée. La
figure de style de l’Épanorthose est omniprésente et manifeste une gêne, un froideur dans les
relations des personnages et le ressentiment qu’ils balbutient plus qu’ils n’exposent leurs
sentiments.
Notes :
 Autre œuvre de J.L.L. :
- « J’étais dans ma maison et j’attendais quel la pluie vienne »
- « Le pays lointain »
- « Retour à la citadelle » (journal)
 Pièce adapté au cinéma en 2016 par Xavier Dolan
Double énonciation :
- 1er niveau : les personnages parlent entre eux.
- 4ème mur : les personnages s’adresse au public
 épanorthose : figure de de réthorique consistant à reprendre ou à corriger un propos
 réifier : donner le caractère d'une chose à quelqu’un.
 Aphérèse : chute d'un ou de plusieurs phonèmes à l'initiale d'un mot

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