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Juste la fin du monde

Auteur dramatique et metteur en scène de théâtre français (1957-1995). Fils


d'ouvriers Jean-Luc Lagarce interrompit ses études de philosophie et d'élève du
conservatoire de Besançon pour créer, en 1978, sa propre compagnie théâtrale, la
Roulotte.
En 1988, il apprend qu'il est atteint du sida et se sait condamné ainsi Il publie
en 1990 juste la fin du monde, une pièce qui met en scène le retour du personnage
de Louis dans sa famille pour tenter de leur annoncer l’imminence de sa mort.
Le prologue qui ouvre la pièce s’inspire des prologues des tragédies grecques qui
annonçaient de manière prophétique le sort qui attendait les personnages. Ici Louis
annonce lui-même sa propre mort et sa décision de rendre visite à sa famille.

AINSI NOUS VERRONS DE QUELLE MANIERE LOUIS EVOQUE-T-IL SA FAMILLE ET EN QUOI CE


PROLOGUE ANNONCE-T-IL LA TRAGEDIE A VENIR ?

1 – 15 : une exposition narrative et introspective


Des le début de l’extrait on perçoit une ambiguïté quand au temps de la narration.
Quelle version de Louis raconte l’histoire : celui déjà mort ou celui vivant.

- Indication temporelle « Plus tard » impression que Louis a raconte des choses
avant, que le lecteur devra deviner ou reconstituer : mystère
- Ambiguïté omniprésente :
o Imparfait, puis passé simple « allais » « décidai » prologue pose les enjeux
et annonce suite de l’histoire. Mais utilise passe = histoire était déjà arrivé.
o Présent d’énonciation « j’ai » : parler moment ou il parle et futur « je
mourrai » parler action future. Mais « année d’après » : envoie à cadre temporelle
passé ≠ présent
o Explication possible : ce qui suit ≠ suite chronologique du prologue mais une
représentation imaginaire. Louis ≠ le courage de revenir et pallie ce manque par
l’écriture. Il écrit donc une pièce dans une pièce celle de Lagarce
- Le registre tragique mis en avant :
o Le poids de la fatalité avec mort programme : futur de certitude « cet âge
que je mourrai » : possibilité autobiographique : Lagarce sur le point de mourir
pdt écriture
o Écriture syntaxique libre : met en valeur « à peine » isoler par retour à la
ligne : souligné incapacité de bouger du probablement au choc
o Répétition « l’année d’après » et « de…j’attendais » : obsession pour la mort
+ amplifier calvaire endurer par Louis : angoissé
- Comparaison « comme… Aussitôt » + personnification de la mort « ennemi »
mortel « détruirait » souligne état de Louis : faible face a cette force qui le
depasse

16 – 32 : l’annonce d’un projet personnel et d’une intrigue théâtrale


Ici Louis manifeste son désir d’annoncer cette terrible nouvelle à sa famille
révélant les rapports compliqués qu’il entretient avec elle

- Rapport compliqué :
o Pronom pluriel « les » : membres de la famille de Louis ≠ nomme juste évoque
o Répétition du « malgré tout » souligne coût de la démarche pour L + absence
d’affection et anonymat : indifférence par rapport à elle
- Omniprésence préfixe « -re » : Louis nouveau itinéraire dans le sens
inverse : retour au foyer familial
- Louis : centré sur lui-même comme le montre répétition déterminant possessif
« mes » : retour aux sources ≠ démarche altruiste mais pour lui
- Enumération CCM « lentement…précision » « lentement…posée » Louis planifie
déroulement de son annonce : traduis un certain stress, une appréhension
- Veux donner une image conforme à ce qu’on pense de lui : q rhétorique « n’ai-
je…posee ». Préoccupation de l’apparence face à un événement si important que
mort : renforcé tragique de l’œuvre
- Adverbe « Seulement » ≠ de contacts avec famille = vient pas pour profiter
d’eux mais uniquement leur annoncer cette nouvelle : revient ainsi sur annonce de
la mort avec soin
- Adverbe « seulement » et répétition « annoncer » et « dire » : importance
parole dans la pièce. Nœud de l’intrigue : l’annonce et non la mort.
- Louis : messager, porteur d’une funeste nouvelle, comme dans tragédie
grecque. Louis : tout les rôles : prologue messager, héros, tragique.

33 – 41 : Louis endosse son rôle et reste maître


- Champ lexical volonté « voulu » « pouvoir » « décider » « propre maître «
donner » : ? tragique du libre arbitre omniprésent : Louis ≠ prise sur son destin :
veut donner l’illusion d’en avoir
- Énumération « aux autres… tant pis » ≈ adresse de lagarce : à travers Louis,
fait un adieu a ses proche et à son public.

Pour conclure, dans ce prologue, Louis révèle son rapport compliqué à sa famille
qui n’est même pas nommé de manière claire, comme si elle lui était étrangère. Les
raisons de cette désaffection radicale, demeurent obscure, et le restent en partie
dans la suite de la pièce. Louis paraît mépriser les siens, mais est pourtant animé
par un besoin, ressemblant étrangement à une forme de fatalité, il souhaite tout de
même revenir vers eux pour les avertir en personne de sa future mort. Deux par sa
mort soudaine peut être perçu comme un double de la garce, qui a l’époque de la
rédaction de cet œuvre souffrait également d’une maladie qui lui a été fatal.
Ici, le personnage de Louis, de par son statut de héros tragique n’est pas sans
laisser penser à de nombreux personnages, issus de la tragédie grecque, tels que
Antigone de Sophocle qui lutte en vain contre son destin.

Pour Conclure, ce prologue hésitant et fragile, annonce la tragédie à venir et donc


la tonalité du reste de la pièce . Louis peine à s’exprimer, ce qui l’empêchera de
partager sa mort avec sa famille. Il repartira sans avoir pu annoncer qu’il est
condamné, pour finir comme il a commencé : seul
Cette pièce, par son thème du retour dans la famille, peut évoquer sous plusieurs
aspects Le Voyageur sans bagage de Jean Anouilh où un blessé de guerre amnésique
cherche à retrouver sa famille.

Le Prologue dans Juste la fin du monde joue le rôle du prologue


tragique dans la tragédie grecque : il présente la force du destin,
pose le nœud de l'action qu'est la révélation de la maladie.

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