Vous êtes sur la page 1sur 3

J.-L.

Lagarce, Juste la fin du monde,1990

La pièce de Lagarce met en scène les retrouvailles impossibles d’un


personnage avec sa famille ; elle cherche à explorer l’intimité familiale à
travers les méandres du langage.

- L’Auteur et le contexte littéraire :


Jean-Luc Lagarce (1957 - 1995)
→ Repères biographiques :
• Il étudie d’abord la philosophie.
• En 1977 il fonde le théâtre de la Roulotte.
• Met en scène des pièces contemporaines déjà connues, puis, ses
propres créations.
→ Œuvres clés :
• Derniers Remords avant l’oubli (1987)
• Juste la fin du monde (1990)
• Le Pays lointain (1995)
→ Contexte littéraire :
• Dans les années 1970 le théâtre se renouvelle dans le sillage du
théâtre de l’absurde de l’après-guerre.
• La tendance est à l’hybridation des formes : l’écriture théâtrale se
poétise et exprime une réflexion philosophique sur le sens de
l’existence.

- La composition de la pièce et le résumé :


1. La composition :
• La pièce commence par un prologue et se termine par un épilogue,
qui encadrent 2 parties. Ces 2 parties sont séparées par un
intermède qui comporte 9 scènes brèves.
2. Le résumé :
• Ténue, l’intrigue se résume au retour de Louis auprès de sa famille
après des années d’absence, il essaye d’annoncer sa mort prochaine
sans jamais y parvenir.
• Chacun des membres de la famille s’exprime tour à tour par des
monologues, voire des soliloques. La tension atteint son paroxysme
quand il y a le face-à-face entre le personnage principal et son frère
cadet Antoine.
• L’écriture en versets, quasiment poétique, renforce la
fragmentation du langage et la difficulté à traduire les
sentiments. En écho au prologue, l’épilogue clôt la pièce ; comme
surgie d’outre-tombe, la voix de Louis regrette son éternel mutisme.

- Le parcours : « Crise personnelle, crise familiale » :


1. Soi-même face aux autres :
• Les dramaturges se servent des histoires familiales pour interroger
la complexité des rapports humains. Juste la fin du monde montre la
solitude de personnages qui n’échangent pas avec leur famille.
• La famille enferme l’individu dans un rôle dont il est difficile de
s’en libérer. Louis est un avatar dégradé du « fils prodigue » de la
Bible : il croit à tort pouvoir renouer avec les siens et se faire
pardonner son absence.
• Chacun reste largement insondable pour les autres comme pour lui-
même. Louis repart sans avoir dit qu’il allait bientôt mourir. Gaston,
héros du Voyageur sans bagage (Anouilh, 1937), devenu amnésique à
18 ans, cherche à reconstituer son passé et à retrouver sa famille, il
découvre peu à peu l’être méprisable qu’il était. Dans sa Poétique,
Aristote recommandait déjà de représenter des familles « dans
lesquelles il s’était passé des choses terribles ».
2. Une communication difficile :
• « Rien ne se dit facilement » dit Antoine. Chacun peine à trouver
les mots justes et scrute les failles de sa parole. Dans Assoiffés de
Mouawad (2007), Murdoch, un ado tourmenté, se heurte au silence
de ses parents qui sont incapables de lui accorder leur attention.
• Louis subit les reproches de sa sœur et l’ironie de son frère, tout
est confus. Dans Le Retour au désert (1988), Koltès donne
également à voir la confrontation d’un frère et d’une sœur en proie
au poids de leur passé.
• Les mots se heurtent à l’hostilité qui les recueille : Antoine pense
que Louis l’inonde « d’histoires ». Dans Papa doit manger (2003),
Marie NDiaye met en scène les mensonges d’un père qui, après 10
ans d’absence, cherche à reprendre sa place dans une famille qui
s’est reconstruite sans lui.

Vous aimerez peut-être aussi