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Énoncé
Sujet : Dans la préface des Contemplations, Victor Hugo décrit son recueil comme un miroir tendu aux lecteurs. En quoi cette image
rend-elle compte de votre lecture des quatre premiers livres du recueil ?
Vous répondrez à cette question dans un développement organisé en vous appuyant sur les livres I à IV du recueil de Victor Hugo, sur
les textes que vous avez étudiés dans le cadre du parcours associé et sur votre culture personnelle.
Dans le premier cas, on part du principe que Les Contemplations sont indubitablement un « miroir tendu ». Les trois parties se
structurent donc autour de trois façons d'envisager un tel miroir. Par exemple : un miroir de l'expérience, un miroir des sentiments et
un miroir du regard poétique sur le monde.
Dans le deuxième cas, qui sera retenu dans ce corrigé, on commence par aller dans le sens du sujet, avant de le mettre en doute (ou
de le nuancer), pour enfin en élargir ou restreindre les termes en vue de proposer une solution valide.
Rappel : les titres et intertitres, en italiques, ne doivent pas apparaître sur la copie.
Corrigé
Introduction
« La clarté du dehors ne distrait pas mon âme. » Ce premier vers du poème 22 du livre III des Contemplations dépeint la
mélancolie du poète, hermétique au beau temps et à la gaieté extérieure. Son lyrisme passe par la première personne du
singulier, « mon ». Mais la force du vers et du poème tient à ce que le lecteur se reconnaît en une telle mélancolie qui
s'empare de son humeur entière. Qui n'a jamais vécu cette phase, ne serait-ce que brièvement ? Or, dans la préface des
Contemplations, Victor Hugo décrit son recueil comme un miroir tendu aux lecteurs. Cette métaphore compare le reflet du
miroir à l'identification du lecteur aux poèmes. Du moins, il y découvrirait une image de lui-même. Ainsi, les sentiments, les
expériences, les souvenirs ou les périodes de vie évoqués dans les poèmes seraient non pas ceux du poète, mais ceux du
lecteur. Derrière ce paradoxe apparent, Victor Hugo insiste sur le pouvoir universel de son lyrisme, qui concerne toute
l'humanité. Peut-on pour autant appliquer cette métaphore aussi simplement ? En quoi cette image suffit-elle à décrire
l'impression que produit la lecture des Contemplations ?
Nous montrerons que Les Contemplations reflètent toute vie humaine, dont celle du lecteur, pour ensuite souligner la
dimension intime et personnelle du recueil, avant de mettre en évidence les équivoques poétiques de ce jeu de miroirs.
Les sentiments
À chaque souvenir est naturellement associé un sentiment, en miroir de l'expérience qu'en a pu faire le lecteur. La tristesse de la perte
de Léopoldine, dans le livre IV, « Pauca meae », fait écho aux tragédies de la vie de chacun. Le poème « À Villequier » retrace en
centsoixante vers toute l'incompréhension de Victor Hugo, qui paraît si naturelle, et si humaine. Ses réflexions sur la vie et la mort ne
se cantonnent pas à lui, mais à tout être humain ayant vécu une expérience similaire. Son emploi du pronom « on » tend vers
l'humanité. [Autre exemple possible : n'importe quel poème du livre IV]
Conclusion
Le miroir que Victor Hugo tend à ses lecteurs ne les reflète qu'indirectement, non seulement par les expériences et sensibilités
universelles, mais aussi après un travail de réflexion. Avant de se reconnaître lui-même dans Les Contemplations, le lecteur découvre
un homme singulier, qui a vécu une vie tout aussi unique que celle de chaque être. L'univers poétique dans lequel il se plonge lui fait
s'approprier ces mémoires d'une âme avec plus de force qu'un journal ou un récit.