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Le poète est ainsi celui qui déchiffre la "forêt de symboles" ("Correspondances") du monde, à sa manière il
saisit les secrets de la matière de ce monde. Il est celui qui "comprend sans efforts le langage des fleurs et
des choses muettes !" ("Elévation"). Baudelaire conçoit son recueil comme un livre pour "initiés", dans le
sens apprécié des lecteurs qui le comprennent, qui reconnaissent un "frère" en lui.
→ Elle est un élément matériel associé à l'humidité (= eau + terre), à la décomposition => répugnant,
matérialité du monde => l'âme peine à s'élever
ex : Spleen, L'Ennemi, Une charogne, Le mort joyeux...
→Elle est un élément propre à la ville et en représente les déchets (réalité crasse)
ex : Crépuscule du soir, Les sept vieillards, Le vin des chiffonniers
→ Elle est l'impureté ou la souillure morale, le vice, le malheur, la malédiction, la déchéance de la vie
humaine. => le gouffre => lien avec la "chute" biblique (Adam et Eve chassés du paradis terrestre)
ex : L'irrémédiable, Abel et Cain, Moesta et errabunda.
Pour Baudelaire le rôle du poète est d'explorer cette "boue", de l'analyser pour trouver de quelles horreurs
elle est faite : de quoi se compose la laideur morale de l'homme ? => la connaître = se connaître
(sottise, péché, orgueil, erreurs, avarice, ennui, cruauté, vénalité, luxure, mensonge...)
III) L'OR, transfiguration poétique de la réalité
L'or = la sublimation de l'immonde réalité, la beauté, l'élévation de l'âme, l'espoir, l'azur, l'Idéal
rq : tout poème de Baudelaire relève de l'or dans la mesure où sa simple existence nous offre de la beauté.
L'or est dispersé dans les poèmes et plus délicat à trouver que la boue qui suinte partout.
La transmutation ne se fait qu'à de rares moments privilégiés (ex: Parfum exotique), il entrevoit alors l'Idéal
qu'il quête sans relâche.
→ L'or se trouve dans l'ambiguïté de l'image de la femme : à la fois sorcière/démone et ange, sa beauté
procure à la fois souffrance et plaisir => référence à la figure de l'Eve biblique, tentée et tentatrice.
Elle sait préparer un philtre guérisseur et illuminer un ciel bourbeux, même si elle n'est jamais fée et même
si l'action en est éphémère. L'Idéal n'est jamais loin d'elle.
ex : le Serpent qui danse, Les Petites Vieilles, L'irréparable
Rq : chez Baudelaire, le chat est une émanation de la figure féminine. (ch Le Chat, Les Chats)
→ L'or se trouve aussi (parfois) dans le vin : élixir qui élève la vision intérieure et permet de voir la réalité
autrement, même de façon éphémère et même si le réveil est douloureux.
ex : Le Poison, Rêve parisien, Le Vin du solitaire, le Vin des chiffonniers
→L'or véritable, le seul à compter vraiment est le travail poétique. La poésie est une alchimie transmutatrice
qui réclame un travail de tous les instants et n'a jamais de fin.
Ses mots élèvent (les vers sont "d'un pur métal", les "rimes de cristal", "la voix argentine"), donnent de la
vigueur à tout, et permettent de capturer la beauté et de la sauvegarder éternellement.
Ex : Une charogne, L'Ennemi, A une madone, Moesta et errabunda
Rongé par le spleen, le poète quête la beauté du monde mais constate que c'est dans le Mal qu'elle se laisse
le mieux approcher puisqu'elle y est présente aussi. Il comprend alors que la beauté est inséparable de la
douleur, et que c'est ce qui, paradoxalement, lui confère sa grandeur.
L'ambivalence de la femme, qui est dotée d'une "fangeuse grandeur" et d'une "sublime ignominie"en même
temps (cf. Tu mettrais l'univers entier dans ta ruelle...), rejoint cette double postulation.
C'est dans les boues que peuvent s'épanouir les "fleurs nouvelles" (L'ennemi)... Trouver le beau dans la
laideur... Cet exercice d'extraction et de transmutation par le travail des mots est périlleux et sans fin.
Quand le spleen est assourdi chez le poète, les fleurs se déploient et la voie de l'Idéal s'ouvre grande et
facile. Il élève alors son âme dans les sphères les plus hautes où il fabrique son or à profusion (cf. Parfum
exotique, La chevelure, À une passante), l'alchimie poétique est fluide. Mais quand le spleen l'emporte et
que le poète est abattu par la souffrance, l'alchimie poétique peut être mise en défaut, (cf. Spleen ou
Alchimie de la douleur) puisque le spleen fait obstacle au travail des mots et à la puissance poétique.
Celui-ci ne peut alors se mener qu'avec la plus grande difficulté et de nombreuses tensions.
Mais, malgré toutes ces tensions, l'or reste toujours extractible de toute boue (cf. A une mendiante rousse,
Une Charogne) et la quête de Baudelaire fera des émules dans les générations suivantes puisque l'alchimie
poétique fera partie intégrante de la poésie moderne. (Lautréamont, Rimbaud, Corbière, Verhaeren, Breton,
Ponge, Bonnefoy, Roubaud...)
I) Commentaire
Vous ferez le commentaire de ce poème.
Le Lombric
II) Dissertation :
La poésie doit-elle selon vous décrire la réalité du monde ou la transfigurer ?
Vous répondrez en vous appuyant sur votre lecture des Fleurs du Mal de Baudelaire, et sur le
parcours associé. Vous pourrez également vous appuyer sur les autres œuvres que vous
avez étudiées en classe ou sur vos lectures personnelles.