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Le long des gazons verts ricanent les voyous ; A Une pipe fabriquée à Onnaing
Et, rendus amoureux par le chant des trombones, B
Très naïfs, et fumant des roses, les pioupious A
Caressent les bébés pour enjôler les bonnes... B
Fils d'un capitaine de l'armée française qui, en 1860, abandonne femme et enfants.
Sa mère, isolée, dirige la famille de main de fer imposant des règles strictes.
Elève brillant, Rimbaud excellait dans les disciplines littéraires. C’est sa rencontre avec
son professeur de rhétorique, Georges Izambard, qui va le pousser à s’intéresser à la
poésie. En seulement quelques années, de l’adolescence à ses 21 ans, Arthur Rimbaud
va secouer la poésie.
La rigueur de sa mère amène le jeune Rimbaud à une révolte contre tous les
conformismes qu’on lui impose.
Aussi rejette-t-il fermement le conflit Franco-prussien qu’il sent naître au début de l’année
1870 ainsi que la bourgeoisie de sa ville, qu’il déteste et qu’il considère comme étant
«supérieurement idiote» comme il l’écrit dans sa correspondance à Izambard.
Pour mener cette analyse linéaire du poème nous adopterons un découpage en 2 parties :
Nous allons voir dans les 6 premières strophes comment Rimbaud, à travers une
description pittoresque de la classe bourgeoise, parvient à instiller une critique satirique.
Ensuite, des strophes 6 à 9, nous explorerons comment il intègre une forme
d'autodérision dans sa propre posture vis-à-vis de cette scène sociale.
Premier mouvement (Strophe 1 à 5) : Satire de la classe bourgeoise de province
Cependant, on constate que le vocabulaire utilisé est bel et bien appréciatif, avec
une valeur péjorative.
l’adjectif « mesquines » revient à signifier le peu de place laissé à la nature, soit
un espace urbain terne.
Aussi, le « Square » est intéressant de par son sens en anglais (carré) car rend
compte d’un lieu relativement clos.
Enfin, l’hypallage “bêtises jalouses” (la jalousie devrait qualifier les bourgeois,
pas la bêtise) montre que ces personnages sont si stupides aux yeux du poète
qu’ils se confondent avec leur idiotie, tant elle fait partie d’eux.
la comparaison à des « cornacs », c'est-à-dire des soigneurs d’éléphants, suggère que les
« grosses dames » sont comme des éléphants et ont besoin d’aide pour marcher.
2 hypallages
« Mesquines pelouses" » (vers 1)
« Portent leurs bêtises jalouses »
L’adjectif qualifie un élément du décor or c’est des bourgeois dont Rimbaud parle.
Il montre que tout ce qui entoure les bourgeois est "contaminé" par leurs défauts.
Le verbe donne l’impression qu’ils arborent la stupidité comme un emblème.
L’hypallage :
« Le notaire pend à ses breloques à chiffres»
Le verbe "pendre" est attribué au notaire au lieu d'être rapporté aux breloques.
Cela souligne la dépendance vis à vis de cet objet de luxe. C'est comme si la personne
humaine était devenue elle-même un objet, un accessoire.
Enjambement par rejet:
L'enjambement des vers 19-20 Report sur le vers suivant un
« Savoure son Onnaing d'où le tabac par brins mot nécessaire au sens du
Déborde − vous savez, c'est de la contrebande ; » vers précédent.
Le verbe « déborde » qui décrit le trop-plein de tabac est placé en rejet, c’est une façon
humoristique de Rimbaud pour évoquer l’étalage de leur autosatisfaction.
Le bourgeois est décrit par ce qu'il a ou par ce qu'il porte: par ces signes extérieurs de
richesse, autrement dit des marques d'orgueil, de vanité et matérialiste.
Si les 5 premiers quatrains, ce sont les bourgeois qui sont la cible de la critique de
Rimbaud. La construction du poème marque comme une rupture pour le regard.
Rimbaud cherche à détacher notre regard du groupe des bourgeois et le rediriger vers
un groupe à l'écart géographiquement et socialement des bourgeois.
Le pronom tonique «Moi » isolé par une virgule «,» et le « je » omniprésent dans les
trois dernières strophes, attire l’attention sur cet individu jusqu’ici resté dans
l’ombre, le poète. Il marque son opposition et son décalage avec cet univers
bourgeois.
Il se place après les voyous et les pioupious, il se trouve donc au dernier échelon de la
hiérarchie sociale. Il est même mis à l’écart du groupe de « jeunes filles » qui « se
parlent tout bas » ne l'incluant pas dans leurs confidences.
Sa comparaison avec « un étudiant » alors que les autres personnages sont tous
adultes.
On comprend par les points de suspension […] que toute cette sensualité reste
fantasmée.
La sensualité est vue comme une voie d’évasion, de libération par rapport à cette ville
étouffante. Pour le poète, la vénération de la sensualité a bien plus de valeur que le
conformisme de la bourgeoisie. C’est même une manière d’être pour échapper à la
médiocrité bourgeoise.
CONCLUSION
Dans ce poème, Rimbaud puise dans son expérience personnelle pour nourrir une satire
incisive contre la bourgeoisie rigide, engluée dans son autosatisfaction et étouffée par le
conformisme, contrairement au tempérament vif de la jeunesse.
En tant qu'étranger à cet univers, le poète préfère la sensualité des relations promises
avec les jeunes filles. Le poète rit de lui-même, mais assume aussi ses désirs qui sont
synonyme de vie et de liberté.