Vous êtes sur la page 1sur 2

22/05/2023 18:25 Arthur Rimbaud, À la musique - Plan détaillé pour un commentaire composé

Arthur Rimbaud, le poète / Accueil > Anthologie commentée / Sommaire > À la Musique > Commentaire

À la Musique (1870)
      

Plan de commentaire
    Ce poème essentiellement satirique oppose deux groupes humains : les jeunes (fin du texte) et
les bourgeois de Charleville (début). Le commentaire tentera de dégager les principales caractéristiques
mises en avant par le narrateur, et les procédés stylistiques qu'il mobilise pour donner à la caricature
originalité et mordant. On pourra suivre le plan suivant:

I - Le groupe des bourgeois :

a) L'embonpoint

- adjectifs exprimant la grosseur : "gros", "grosses", "bouffis".

- détails anatomiques correspondant à la même idée : "bedaines" (ventres rebondis) "flamandes" (les
flamands ont la réputation d'être particulièrement forts) ; "rondeurs des reins".

- difficultés de respiration : "qu'étranglent les chaleurs" (congestionnés par leur tempérament sanguin,
ils supportent mal la chaleur); l'adjectif "poussif "contient la même idée de démarche haletante et
pénible.

- comparaison des jeunes filles avec des "cornacs" : "celles dont les volants ont des airs de réclames"
sont probablement les jeunes filles (certains commentateurs disent les dames de compagnie). Il est donc
suggéré que leurs mères sont des éléphants.

- allitérations en /b/ /p/ (consonnes labiales) ou en /r/: gros bureaux bouffis (g-r-b-r-b); bourgeois
poussifs (b-r-p); rondeurs de ses reins (r-r-r). Ces consonnes sonores ou roulées provoquent une idée de
lourdeur.

- choix d' un verbe rare, à connotations expressives : "épater" = étaler mais avec l'association d'idées :
pâte, pâté.

b) L'ostentation

- champ lexical de l'élégance : expressions suggérant un élégance destinée à attirer le regard : verbe
"parader" signifie marcher dans la rue comme pour une parade, un défilé militaire; il est appliqué aux
"gandins" (un gandin est un élégant); "celles dont les volants ont des airs de réclame" : les jeunes filles
portent des robes sophistiquées (à "volants") destinées à attirer le regard des garçons (à se faire de la
"réclame" ).

- champ lexical de l'objet : la description des bourgeois insiste sur les objets de luxe, ou tout simplement
voyants, qu'ils portent sur eux : les "breloques à chiffres" (c'est à dire les bijoux sur lesquels sont
gravées leurs initiales), les "lorgnons", les "cannes à pomme" (plus élégantes que les cannes à crosse),
les tabatières en "argent" qui servent à priser; les "boutons clairs" (plus raffinés que les noirs);
l'"onnaing" qui est une pipe recherchée (fabriquée dans la ville d'Onnaing).

- un procédé de style : la figure de style surprenante du vers 8 consistant à inverser le sujet et l'objet du
verbe pendre : "le notaire pend à ses breloques à chiffres" a pour fonction d'amplifier cette présence
symbolique des objets. C'est comme si la personne humaine (le notaire) était devenue elle-même un
objet, un accessoire. On ne peut plus explicitement exprimer la dépendance de l'individu à l'égard des
accessoires qui lui servent de façade sociale. En termes savants, il s'agit d'une hypallage : une hypallage
est une figure par laquelle on attribue à un mot ce qui appartient à un autre mot de la même phrase. Le

abardel.free.fr/petite_anthologie/a_la_musique_commentaire.htm 1/2
22/05/2023 18:25 Arthur Rimbaud, À la musique - Plan détaillé pour un commentaire composé

Littré donne comme exemple : "enfoncer son chapeau dans sa tête, au lieu d'enfoncer sa tête dans son
chapeau". Larousse, ce vers de Hugo : "Ce marchand accoudé sur son comptoir avide"

- un procédé de versification : L'enjambement des vers 19-20 est encore une façon humoristique trouvée
par Rimbaud pour évoquer l'étalage de leur aisance par les bourgeois de Charleville : le verbe "déborde"
qui décrit le trop-plein de tabac est placé en rejet par le "débordement" du vers 19 sur le vers 20.

c) Bêtes, méchants et prétentieux

- L'idée de bêtise et de méchanceté est annoncée par l'expression "bêtises jalouses" : les habitants de
Charleville profitent du concert du jeudi pour cancaner sur leurs voisins, laissant ressortir leur nature
envieuse. On se moque aussi des musiciens : "soulignent tous les couacs". Car la musique, semble dire
Rimbaud, est elle-même assez médiocre.

- Utilisation ironique de l'adverbe "sérieusement" dans "fort sérieusement discutent les traités". Cet
adverbe doit être entendu par antiphrase. On discute politique (les traités sont les accords
internationaux) et on se prend un peu trop au sérieux. Le bourgeois de Charleville est prétentieux.. 

- Fragments de dialogues en style direct pour évoquer le contenu des conversations : Rimbaud ébauche
une scène de comédie en ouvrant les guillemets et en rapportant un terme conclusif ("En somme...")
emprunté à la rhétorique la plus conventionnelle. C'est une autre façon de se moquer de ces discussions
"de café du commerce". Dans un autre passage dialogué, l'un des bourgeois fait remarquer que son
tabac est un tabac de contrebande, donc sans doute plus précieux parce que plus rare. C'est toujours
une idée de la vantardise, vanité, prétention..

- évocation indirecte de la mentalité étriquée, conformiste, des habitants de Charleville à travers la


description du décor de la scène : Les deux adjectifs utilisés sont porteurs de connotations morales :
"square où tout est correct" contient le reproche implicite de conformisme social, de mentalité étriquée;
"mesquines pelouses" est plus péjoratif encore en suggérant la méchanceté.

II - Les jeunes gens :

a) l'opposition aux bourgeois : mise négligée, mobilité, gaieté, humeur galante.

b) sensualité.

c) complicité malicieuse.

abardel.free.fr/petite_anthologie/a_la_musique_commentaire.htm 2/2

Vous aimerez peut-être aussi