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L’éducation de Gargantua

Introduction :
François Rabelais est un écrivain français humaniste de la Renaissance (XVIe siècle). Il a fait
des études de médecine, de droit, de théologie. Il est écrivain, traducteur de grec et latin... Il
appartient au mouvement littéraire de l’Humanisme (mettre l’homme au cœur de tout :
sciences, la géographie, philosophie...) cela favorise le progrès pour la recherche du bonheur.
L’homme humaniste est un intellectuel ayant un savoir très large. Gargantua a été publié en
1534. C’est un roman merveilleux, de chevalerie du Moyen Âge. C’est une argumentation
indirecte, il y a une histoire avec une morale explicite ou implicite.
Contexte : Gargantua est mal éduqué. Il a reçu une éducation, scolastique, elle est donnée par
des théologiens. Ils essaient d’allier la foi religieuse et la raison dans leur éducation.
L’éducation scolastique par Thubal est en opposition avec celle enseigné par Ponocrates qui
une éducation humaniste. Ponocrates veut comprendre les causes de l’ignorance de
Gargantua. Il ne délivre pas tout de suite son enseignement, d’abord il observe. La journée
type de Gargantua suit encore les conseils de son ancien précepteur.
Problématique
Comment Rabelais se ridiculise-t-il l’éducation scolastique ?
Mouvements
1er mouvement  : la matinée de Gargantua (de « cela fait » jusqu’à « force tartines »).
2e mouvement  : échange entre Gargantua et son maître Ponocrates (de « Ponocrates » jusqu’à
« boire matin est le meilleur »).
3e mouvement  : la pratique religieuse de Gargantua (de « après avoir bien déjeuné » jusqu’à
« son âme était à la cuisine »).
1er mouvement : la matinée de Gargantua.
Enthousiasme de Gargantua lors de la découverte de l’éducation de Ponocrates : « tout son
zèle ».
Hyperbole « au bout de tant d’années »  injuste sur l’ignorance de Gargantua et
l’inefficacité de l’éducation scolastique.
Champ lexical de l’ignorance « sot, niais et ignorant ». Rythme ternaire.
Opposition entre deux modèles éducatifs : « ses anciens précepteurs » + adjectif « anciens »
montre une éducation qui appartient à un autre temps.
« S’éveillait habituellement »  Imparfait d’habitude, manque d’intelligence de Gargantua
et ses précepteurs qui ne lui ont pas appris à s’adapter en fonction des saisons. Gargantua suit
les règles sans réfléchir  « qu’il fit jour ou non ».
« alléguant »  emploi préservatif, les précepteurs s’appuient sur les mots de David mais en
font mauvais usage car ils sortent la phrase de son contexte pour justifier leur idéal.
« S’étirait, s’ébattait et se vautrait »  Imparfait d’habitude + rythme ternaire +
énumération + gradation  fainéantise de Gargantua, même si il met tout son zèle, il est
rattrapé par ses mauvaises habitudes mises en avant par « esprits d’animaux »  théorie
reprise par Saint Thomas d’Aquin au Moyen Âge.
« il portait volontiers une grande et longue robe de grosse laine fourrée de renard »  pique
contre les Sorbonnards réputés très frileux et peu élégants. Parodie de la robe des professeurs
d’université. Renard = rusé.
« Peigne d’Almain »  jeu de mots + périphrase  se moque encore des universitaires dont
Jacques Almain docteur de l’université de Paris. Nom permet de faire un jeu de mot avec la
main.
« laver et nettoyer était une perte de temps » = l’hygiène est négligée, ce qui est le contraire à
la philosophie humaniste qui recherche un équilibre entre le corps et l’esprit.
Énumération de verbes à l’imparfait d’habitude : « il chiait, il pissait, crachait, rotait,
éternuait et se mouchait abondamment » = effet comique, fonctions primaires du corps.
Humour scatologique.
« abondamment » = gigantisme, hyperbole.
Allusion à la météorologie « pour abattre la rosée et le mauvais air », complément
circonstanciel de but, mais de lien logique, entre ces conditions météorologiques et le
déjeuner de Gargantua, absurdité du raisonnement.
Énumération, champ lexical de l’alimentation : « belles tripes frites, belles carbonades,
beaux jambons, belles grillades et force tartines ». Gourmandise, ce qui est contraire aux
principes du christianisme.
« Beaux »/« Belles »  adjectif, polyptote  effet comique.
2e mouvement : l’échange entre Gargantua et son maître Ponocrates.  
Ponocrates n’est plus observateur, il intervient une première fois pour corriger Gargantua 
« il ne devait », ordre, obligation.
« Goinfrer » verbe familier et péjoratif  animalisation de Gargantua. Abondance, il ne
savoure pas son repas, mauvaise alimentation.
« Sans avoir d’abord pris de l’exercice »  ne travaille pas son corps, absence d’équilibre
entre l’âme et le corps.
Question rhétorique  « N’ai-je pas pris de l’exercice ? »  tournure négative, il se
contredit lui-même. Les compléments circonstanciels montrent qu’il reste statique « dans
mon lit », « avant de me lever ».
Allusion au Pape Alexandre VI reconnu pour ses mœurs dissolues. Allusion à son médecin
juif qui a écrit un traité d’astrologie que Rabelais considère comme une fausse science.
« Il a vécu jusqu’à sa mort » = pléonasme, tous les hommes vivent jusqu’à leur mort. Propos
ridicule, discours répétitif.
« bon déjeuner donne bonne mémoire »  proverbe, raisonnement dont la logique est
trompeuse, répétition de l’adjectif « bon », raisonnement qui tourne en boucle.
Vocabulaire de la logique « c’est pourquoi » utilisé pour dire des bêtises, dimension
satirique.
« qui fut le premier de sa licence à Paris » = orgueil du maître qui insiste sur ses diplômes et
disqualifie le titre à cause de la bêtise, de l’incompétence de Thubal.
« me disait » = Gargantua répète les paroles de son maître sans esprit critique.
« Rien ne sert de courir, il faut partir à point »  proverbe  peut justifier la fainéantise de
Gargantua.
Champ lexical de l’ivresse  répétition du mot « boire » paradoxal pour un théologien
Comparaison avec les canards, caractère absurde du raisonnement.
Nouveau proverbe avec terme « matin » répété plusieurs fois, un raisonnement tout fait sans
logique.
3e mouvement : la pratique religieuse de Gargantua.
« après avoir bien déjeuné » = marqueur temporel, passage aux pratiques religieuses de
Gargantua. N’arrive qu’après le repas.
« un gros bréviaire bien emmitouflé », quelque chose de fermé, sans ouverture d’esprit,
champ lexical du poids, poids des péchés.
Note : Bréviaire livre de prières.
« en graisse » = traces des doigts sur le bréviaire. Habitude de manger avant d’aller à l’Église.
Lourdeur de l’esprit au moment d’entrer en contact avec Dieu.
Hyperbole « vingt-six ou trente messes »  exagération, lourdeur de l’enseignement
médiéval qui s’appuie sur la répétition.
« son diseur d’heures » = ecclésiastique, lit les prières à la place du fidèle. Les évangélistes
critique ce genre de pratiques, car empêchent le fidèle d’avoir un lien direct avec Dieu, il
passe toujours par un intermédiaire.
« Encapuchonné comme une huppe »  comparaison, moines repérables à leur apparence,
quelque chose d’assez superficiel, assez fermé.
Ivresse des moines, hyperbole = « haleine désinfectée à force de sirops de vignoble »
annonce intervention de Frère Jean qui défend les vignes de son abbaye. Les moines sont en
train de prier au lieu de se battre. Inefficacité de leurs prières.
« Kyrielles de chapelets »  image des longs colliers de dévotion, en perles comparés à des
grains de raisins. Désacralisation des colliers comparés à un aliment. Actions, travail très
méticuleux du vigneron.
Comparaison et hyperbole : « aussi grosses que le moule d’un bonnet », comique gigantal,
montre l’importance des séries de prière.
Place peu importante du savoir : « il étudiait une malheureuse demi-heure ». Disproportion
par rapport à la quantité des messes.
Référence au poète Térence, inefficacité de l’éducation reçue par Gargantua, trivialité et
grossièreté.
« Son âme était à la cuisine » = l’éducation de Gargantua est très brève, coincée entre deux
repas. La nourriture spirituelle est négligée.
Conclusion
 Mauvaise éducation des précepteurs médiévaux qui inculquent à Gargantua une
éducation où ‘homme se comporte comme un animal qui a des préoccupations
triviales : manger, boire et d’autres plus grossières que spirituelles.
 Éducation scolastique ridicule grossière.
 Ouverture : opposer l’éducation scolastique à l’éducation humaniste de Gargantua
dans le chapitre 23. Éducation fondée sur le travail, l’exercice du corps, la lecture des
évangiles, l’hygiène et une nourriture mesurée en fonction de l’appétit de la personne.

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