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LA METRIQUE.

La versification.

● Allitération : Répétition de consonnes.


Exemple : «Où sont ces doux plaisirs, qu’au soir sous la nuit brune ».
(6, Les Regrets, 1558, Du Bellay.)
→ Allitération en [s].

● Assonance : Répétition de voyelles ou de phonèmes vocaliques tels que “an”.


Exemple : « De la postérité je n’ai plus de souci,
Cette divine ardeur, je ne l’ai plus aussi,
Et les Muses de moi, comme étranges, s’enfuient. ».
(6, Les Regrets, 1558, Du Bellay.)
→ Assonance en[i].

● Coupe ou césure : C’est le point fixe de partage dans un vers de plus de huit syllabes.
Dans le décasyllabe :
- 4 / 6.
- 6 / 4.
- 5 / 5 → poésie non classique.
Dans l’alexandrin :

- 6 / 6.
- 3 / 3 / 3 / 3.
- 4 / 4 / 4.
Ces deux dernières formes sont très utilisées par les poètes romantiques.

● Coupe enjambante : Elle est faite après une syllabe tonique.


Exemple : « Ils franchi/ssent, foulant… »

● Coupe lyrique : C’est une césure faite après une syllabe inaccentuée.
Exemple : « Ils franchissent / foulant … »

● Diérèse : On prononce en deux syllabes une suite de deux voyelles.


Exemple : « Et Pylade ignorait qu’Hermi / one fut belle.
(Chant I, L’Art d’aimer, 1781, Chénier.)
● Synérèse : Prononciation normale d’une suite de deux voyelles.
Exemple : « Et trottais comme un jeune rat qui cherche à se donner carrière » (« Le cochet, le chat et
le souriceau », Fables, La Fontaine.)

● Distique : Groupe de deux vers renfermant un énoncé complet.

● Enjambement externe : Un groupe syntaxique déborde sur un autre vers.


Exemple : « Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée… ».
(« Heureux qui comme Ulysse… », Les Regrets, du Bellay.)

● Le mètre : Unité de mesure poétique.

● Poème isométrique : Suite de vers égaux en syllabes.

● Poème hétérométrique : Suite de vers inégaux en syllabes, vers mêles aux vers libres.

● Ponctuation : Elle est à étudier, car elle est un élément du langage.

● Rejet : On parle de rejet, quand la partie du groupe syntaxique rejetée dans le vers suivant est
inférieur à un hémistiche.
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Exemple : « À peine tu sortais que cette porte amie
S’ouvre : un front jeune et blond se présente, et je vois ».
(Livre I, Lycoris, 1781-1783, Elégies, Chénier.)

« La rime est l’homophonie, entre au moins deux vers, de la dernière voyelle accentuée et de
tout ce qui la suit phonétiquement. »

● Rime féminine : Le dernier mot du vers est terminé par un « e » atone.


Exemple : « Las, où est maintenant ce mépris de fortune ?
Et cette honnête flamme au peuple non commune ? ».
(6, Les Regrets, 1558, Du Bellay.)

● Rime masculine : Le dernier mot du vers n’est pas terminé par un « e » atone.
Exemple : « Les Muses me donnaient, alors en liberté
Dessus le vert tapis d’un rivage écarté ».
(6, Les Regrets, 1558, Du Bellay.)

● Rime pauvre : Rime d’un unique son en fin de vers.


Exemple : « On ne vit que pour soi, l’amitié n’est qu’un nom.
Je veux que ton ami soit hors de tout soupçon ».
(Chant I, L’Art d’aimer, 1781, Chénier.)
→ Le son unique est « on ».

● Rime suffisante : Rime de deux sons en fin de vers.


Exemple : « De la postérité je n’ai plus de souci,
Cette divine ardeur, je ne l’ai plus aussi, ».
(6, Les Regrets, 1558, Du Bellay.)

→ Les deux sons sont : « s » et « i ».

● Rime riche : Rime de trois sons ou plus en fin de vers.


Exemple : « Passants, faites grâce à la plante obscure,
Plaignez la laideur, plaignez la piqûre ».
(« J’aime l’araignée et j’aime l’ortie », Les Contemplations, 1856, Hugo.)
→ Les trois sons sont « k », « u » et « r ».

● Rime plate : A A B B.
Exemple : « On ne vit que pour soi, l’amitié n’est qu’un nom. (« om » = « on » = A)
Je veux que ton ami soit hors de tout soupçon : (« on » = A)
Mais ne va point, rempli de ton enchanteresse, (« resse » = B)
Lui conter vos plaisirs, sa beauté, ton ivresse. ». (« resse » = B)
(Chant I, L’Art d’aimer, 1781,
Chénier.)

● Rime croisées ou alternées : A B A B.


Exemple : « J’aime l’araignée et j’aime l’ortie, (« ie » = « i » = A)
Parce qu’on les hait ; (« ait » = « è » = B)
Et que rien n’exauce et que tout châtie (« ie » = « i » = A)
Leur morne souhait ; (« ait » = « è » = B)
(« J’aime l’araignée et j’aime l’ortie », Les Contemplations, 1856, Hugo.)

● Rime embrassée : A B B A.
Exemple : « Las, où est maintenant ce mépris de fortune ? (« une » = A)
Où est ce cœur vainqueur de toute adversité, (« ité » = B)
Cet honnête désir de l’immortalité, (« ité » = B)
Et cette honnête flamme au peuple non commune ? (« une » = A)
(6, Les Regrets, 1558, Du Bellay.)
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● Rimes annexées : La rime est reprise au début du vers suivant.
Exemple : « …allons de compagnie
Si le maître des dieux… »

● Rime interne : Deux hémistiches riment ensemble dans un même vers.


Exemple : « Au joug nous sommes nés / et n’a jamais été »
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● Rime batelées : La fin d’un vers rime avec le premier hémistiche du vers suivant.
Exemple : « Plus mon petit Liré, que le mont Palatin
Et plus que l’air marin,/ la douceur angevine.»
6 6
(Heureux qui comme Ulysse… », Les Regrets, du Bellay.)

● Rime brisée : Se sont les fins des premiers hémistiches qui riment entre elles.
Exemple : « Derrière tant de fleurs, l’azur se dissimule,
Tout le ciel vert se meurt. Le dernier arbre brûle. ».
(« La fileuse », Paul Valéry.).

● Rime léonine : Se dit de rimes très riches étendues sur deux syllabes.
Exemple : « Ainsi jamais de ta grandeur / Rien n’abaisse la gloire ;
Ainsi jamais sans bruit ni splendeur / N’entre en ta grotte noire (…) ».
(Saint-Amant qui s’adresse à la nuit.)

● Rime équivoquée : Petite pièce de poésie dans laquelle les mots (le mot), à la fin de chaque
vers, sont repris, à la rime du vers suivant, par des mots consonants qui diffèrent de sens. Elle
désigne aussi le couplage de mots homophones mais de sens différents. Elle trouve son apogée avec
les grands Rhétoriqueurs des XVème-XVIème siècles.
Exemples : « A bref parler, c’est Cahors en Quercy / Que je laissai pour venir querre ici. » (Marot).
« Tu le vaux bien, car le cœur joli as ;/ Bien y parut quand tu me délias »
(« Epitre à mon ami Lyon Jamet », L’Adolescence Clémentine, Marot.).

« J’ai tel regret de mon adversité, / Que jà mon cœur se rend à vers cité ».
(Guillaume Crétin).

« Gloire du long désir, idées / Tout en moi s’exaltait de voir


La famille des iridées / Surgir à ce nouveau devoir. ».
(Prose pour Esseintes, Mallarmé.)

● Rime en double équivoque : Lorsque la césure et la fin du vers répètent chacune deux fois la
même syllabe. Elle trouve son apogée avec les grands Rhétoriqueurs des XVème-XVIème siècles.
Exemple : « Molinet n’est sans bruit, ni sans nom, non, / Il a son son, et comme tu vois, voix
Son doux plaid plaît mieux que ne fait ton ton, / Ton vif art ard plus cher que charbon
bon, (…) brûle. ».
(G. Crétin parle dans ce texte du poète Molinet.).

● Rime couronnée : C’est une variante de la rime en double équivoque. Seule la fin du vers répète
une même syllabe. Elle trouve son apogée avec les grands Rhétoriqueurs des XVème-XVIème
siècles.
Exemple : « Moi, malheureux, qui suis de complains plains,
Confit en deuil et en ordure dure. ».
(Pierre Fabri.)

● Rime en triple équivoque : La fin du vers répète trois fois une même syllabe. Elle trouve son
apogée avec les grands Rhétoriqueurs des XVème-XVIème siècles.
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Exemple : « Il était un grand mur blanc – nu, nu, nu,
Contre le mur une échelle – haute, haute, haute,
Et, par terre, un hareng saur – sec, sec, sec ».
(« Grains de sel, dans le Coffret de santal », Charles Cros.)

● Rime senée : Cas extrême de l’allitération où tous les mots commencent par la même consonne.
Exemple : « (…) Triste, transi, tout terni, tout tremblant
Sombre, songeant, sans sûre soutenance, / Dur d’esprit, dénué d’espérance
Mélancolle, morne, marri, musant, / Pâle, perplexe, peureux, pensif, pesant ».
(Clément Marot.).

● Les vers holorimes : Vers semblables phonétiquement.


Exemple : « Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l’Inconsolé,
Gall, amant de la reine, à la Tour Magne à Nîmes :
Ma seule étoile est morte, - et mon luth constellé
Galamment, de l’arène, alla – tour magnanime
Dans la nuit du Tombeau. ».
(Marc Monnier, quoique le poème ait parfois été attribué à Victor Hugo.)

● Le vers léonin (A ne pas confondre avec la rime léonine !) : La rime se répète à l’hémistiche
du vers lui-même, en sorte que les deux hémistiches riment ensemble.
Exemple : « Tout clairement dis-moi comment / Tant et pourquoi tu te tiens coi. ».
(« Epître à Lyon Jamet », L’Adolescence Clémentine, Marot.).

● Rime enchaînée et fratrisée : La rime est répétée au début du vers suivant.


Exemple : « Plaisir n’ai plus, mais vis en déconfort.
Fortune m’a remis en grand douleur :
L’heur que j’avais est tourné en malheur,
Malheureux est, qui n’a aucun confort. ».
(Chanson).

Si la reprise de la rime en début de vers suivant s’accomplit sur tout un mot, on parle alors de rime
fratrisée.
Exemple : « En désespoir mon cœur se mire ; /Mire je n’ay si non la mort ».
(Traité de l’art de rhétorique, De Croy).

● Rime normande ou rime pour l’œil : On a appelé rimes normandes certaines rimes qui
témoignent d’une prononciation aujourd’hui disparue, qui se maintint en Normandie jusqu’au milieu du
XVII° siècle. Exemple : Ainsi le Rouennais Marbeuf, et bien d’autres dont Corneille, font rimer : « Amer
/ Aimer » dans la mesure où le [r] terminal des verbes du premier groupe s’est longtemps prononcé.

● Strophe : tout groupe de vers isolé par deux blancs.

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LES SONS ET LA MUSICALITE DU TEXTE.

Les consonnes. Les occlusives. Les constrictives ou


fricatives.
Sourdes (Sans p, t, k f, s, ch
vibration des cordes
vocales.)
Sonores (Avec b, d, g v, z, j
vibration.) l, r

Autres appellations dues aux effets auditifs :


- Les soufflantes : f, v.
- Les sifflantes : s, z.
- Les chuintantes : ch, j.
- Les vibrantes ou liquides : l, r.
- Les dentales : t, d.
- Les Nasales : consonnes : m, n , gn, -ing et voyelles : un, on, in, an.

Les vers syllabiques français.

● Les plus courants :


- Six syllabes : l’hexasyllabe.
Exemple : « De l’escalier profond »
« De / l’es / ca /lier / pro / fond ».
1 2 3 4 5 6
(« Les djinns », Les Orientales, Hugo)

- Huit syllabes : octosyllabe.


Exemple : « Il a la voix perçante et rude »
« I /l a / la / voix/ per / çan / te et / rude »,
1 2 3 4 5 6 7 8
(« Le cochet, le chat et le souriceau », Fables, La Fontaine.).

- Dix syllabes : décasyllabe.


Exemple : «Horrible essaim, poussé par l’Aquilon »
«Ho / rri / ble e / ssaim, / pou / ssé / par / l’A / qui / lon »
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
(« Les djinns », Les Orientales, Hugo)

- Douze syllabes : alexandrin.


Exemple : « La raison du plus fort et toujours la meilleure »
« La / rai / son / du / plus / fort / est / tou / jours / la / me /illeure »,
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
(« Le loup et l’agneau », Fables, La Fontaine.).

● Les plus rares :


- Quatre syllabes : tétrasyllabe.
Exemple : « Dans le courant »
« Dans / le / cou / rant ».
1 2 3 4
(« Le loup et l’agneau », Fables, La Fontaine.).

- Cinq syllabes : pentasyllabe.


Exemple : « L’écho la redit »
« L’é / cho / la / re / dit »
1 2 3 4 5
(« Les djinns », Les Orientales, Hugo)
5
- Sept syllabes : heptasyllabe.
Exemple : « Et tourbillonne en sifflant »
« Et / tour / bi / llo / nne en / si / fflant »
1 2 3 4 5 6 7
(« Les djinns », Les Orientales, Hugo).
- Neuf syllabes : ennéasyllabe.
Exemple : « Que ton vers soit la bonne aventure. / Éparse au vent crispé du matin. » (Verlaine.)

- Onze syllabes : hendécasyllabe.


Exemple : « Loin/ des/ oi/seaux, /des/ trou/peaux,/ des /vil/la/geoises. ». (Rimbaud.)

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