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Voici les principales figures de style, classées par ordre alphabétique, que vous
allez sûrement rencontrer dans les textes littéraires que vous avez à étudier. En
face de chaque terme, vous pouvez lire une définition de la figure de style ainsi
que, la plupart du temps, un exemple littéraire ou non littéraire. Cette liste se
limite aux figures de style exclusivement (et ne s’étend pas au vocabulaire
littéraire).
C’est d’abord une manière de s’exprimer. Une figure modifie le langage ordinaire
pour le rendre plus expressif. Il existe des figures d’analogie, d’animation, de
substitution, de pensée, d’opposition, de construction, de sonorités, d’insistance
et d’atténuation.
Antanaclase (féminin) : Une antanaclase est la reprise d’un même mot avec un
sens différent. Exemple : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. »
(Blaise Pascal, Pensées, XXVIII)
Antiphrase (féminin) : Procédé qui consiste à exprimer une idée par son
contraire. L’ironie repose souvent sur l’antiphrase. Ainsi, « Tes résultats au bac
sont vraiment exceptionnels ! » dans le sens de « Tes résultats au bac sont
vraiment catastrophiques. » est une antiphrase.
1. « Marc n’avait aucun goût pour les esclaves des mots. Ce petit Diogène était
en quête d’un homme qui fût homme, qui fût soi, à tout instant de sa vie, et
non pas un écho » (R. Rolland)
2. « Un Valmy doit suivre un Valmy » (L. Aragon, La Diane française)
Aposiopèse (féminin) : Une aposiopèse (ou réticence) est une rupture dans la
suite attendue des enchaînements de la phrase. Exemple dans L’Énéide de
Virgile : « Osez-vous, sans ma permission, ô vous, bouleverser le ciel et la terre et
soulever de telles masses ? J’ai envie de vous… ! Mais il faut d’abord apaiser les
flots déchaînés… » (Chant I). L’aposiopèse ne doit pas être confondue avec la
suspension qui n’interrompt pas mais retarde « vers la fin de l’énoncé l’apparition
d’une partie essentielle de l’énoncé. » (Source : G. Mounin, Dictionnaire de la
linguistique, cité par le Dictionnaire International des Termes Littéraires)
Assonance (féminin) : C’est la répétition d’une même voyelle dans une phrase ou
un vers. Exemple dans Poèmes saturniens de Verlaine (« Mon rêve familier ») : «
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant […] ».
Chiasme (masculin) : On dit qu’il y a chiasme lorsque des termes sont disposés de
manière croisée, suivant la structure A-B-B-A. Exemple dans Les Fleurs du Mal de
Baudelaire : « Les soirs illuminés par l’ardeur du charbon […] » (« Le balcon »).
3. « La neige fait au nord ce qu’au sud fait le sable » (V. Hugo)
4. « Ces murs maudits par Dieu, par Satan profanés » (V. Hugo, Odes et ballades)
Exеmples:
1. « Les traits de son visage paraissaient avoir été coulés en bronze » (H. De
Balzac, Gobseck)
2. « Elle pleurait sur mes joues, sur mes mains. J’étais bouleversé, je me sentais
compatissant comme un buvard » (M. Aymé, La belle image)
3. « Moi, je t’aime comme une folle » (M. Pagnol, Marius)
4. « Le quartier dormait sous les flocons comme une illustration de livre et Louis
éprouva le désir pressant de retrouver la lumière des Boulevards et la joyeuse
cacophonie de la foule » (Brigitte Aubert, La danse des illusions)
5. « Il venait de se payer une moto hors de prix avec un crédit long comme son
bras » (A. Gavalda, Ensemble c’est tout )
6. « Louis hocha la tête sans pouvoir détacher son regard de l’enfant mort que la
neige recouvrait peu à peu comme un drap remonté doucement par une mère
attentive » (Brigitte Aubert, La danse des illusions)
7. « Voyons! Tu parles d'elle comme si c'était un chien! » (Anna Gavalda,
Ensemble, c’est tout)
Ellipse (féminin) : Une ellipse consiste à omettre volontairement certains
éléments logiquement nécessaires à l’intelligence du texte. En narratologie,
l’ellipse passe sous silence des événements, ce qui accélère considérablement la
narration.
Énallage (féminin) : Une énallage est une figure qui consiste à employer une
forme autre que celle qu’on attendait. Il peut s’agir d’un échange de pronom
personnel, de mode, de temps ou d’un genre à la faveur d’un autre.
Euphémisme (masculin) : L’euphémisme est une figure très connue qui consiste à
remplacer une expression littérale (idée désagréable, triste) par une forme
atténuée, adoucie. Exemple canonique : « Il a vécu. » pour « Il est mort ».
Hypallage (féminin) : Une hypallage est une figure qui attribue à certains termes
d’un énoncé ce qui devrait logiquement être rattaché à d’autres termes de cet
énoncé. Exemple dans Phèdre de Racine (Acte IV, scène 1) : « Phèdre mourait,
Seigneur, et sa main meurtrière / Éteignait de ses yeux l’innocente lumière. »
(pour « la lumière de ses yeux innocents »).
Gradation (féminin) :
Hypotypose (féminin) : L’hypotypose est une figure qui se fonde sur l’animation
d’une description et qui est destinée généralement à faire voir au lecteur quelque
chose. L’hypotypose permet de se représenter une scène ou un objet.
Ironie (féminin) : L’ironie est une figure très courante qui consiste à affirmer le
contraire de ce que l’on veut faire entendre. L’ironie repose essentiellement sur
l’antiphrase, l’hyperbole ou encore l’emphase.
Litote (féminin) : Une litote consiste à dire moins pour suggérer davantage. La
litote s’oppose à l’euphémisme. Exemple : l’énoncé « Il n’est pas laid. » pour dire
« Il est beau. » est une litote.
« Juste un saut
Et l’on tombe
Du berceau
Dans la tombe »
(Jean-Luc Moreau)
1. « Voici que brusquement, ce monde calme, si uni, si simple, que l’on découvre
quand on émerge des nuages, prenait pour moi une valeur inconnue. Cette
douceur devenait un piège. J’imaginais cet immense piège blanc étalé, là, sous
mes pieds » (A. de Saint-Exupéry, Terre des hommes)
2. « En cet hiver 1895, Paris, comme la France et l’Europe, grelottait sous une
vague de froid sibérien » (Brigitte Aubert, La danse des illusions)
3. « Le 12 janvier, la température était descendue à – 12° et la moyenne du mois
de février plafonnait péniblement à – 4,2°, du jamais-vu depuis l’hiver 1740 »
(Brigitte Aubert, La danse des illusions)
4. « Une lumière maladive tombait de quelques plafonniers en papier huilé » (H.
Troyat, La tête sur les épaules)
5. « Il reprit, après réflexion, en regardant droit devant soi, sa dignité
mélancolique. Il la promenait ainsi qu’un bagage, sa mélancolie » (A. de Saint-
Exupéry, Vol de nuit)
6. « ... un nez pointu, des traits volontaires, ramassés dans un océan de graisse,
dont les dernières vagues formaient les plis du cou » (R. Martin du Gard, Les
Thibault)
7. Certes, leur amour connaissait quelques épines, mais ces deux-là se
regardaient comme des gens cliniquement heureux (A. Jardin, Mademoiselle
Liberté)
8. Mais qu’est-ce qui vous prouve, après tout, que ses intentions sont si noires?
(Fr. Mauriac, Le noeud de vipères)
9. Il y avail autour de mon moulin un grand tapis de gelée blanche. C’est parmi
les pins frangés de givre, les touffes de lavande épanouies en bouquets de
cristal, que j’ai écrit ces deux ballades (A. Daudet, Ballades en prose)
Une métaphore est filée ou continuée quand elle est développée dans un texte.
Exemple dans Le Cid de Corneille : « Cette obscure clarté qui tombe des étoiles […]
» (acte IV, scène 3).
1. « Mademoiselle Liberté était ainsi ; elle parlait sans mots, criait en silence son
goût pour le plaisir » (A. Jardin, Mademoiselle Liberté)
2. « Le chef-d’oeuvre de Mademoiselle Liberté ... Son rêve despotique était
modeste : connaître une journée parfaite avec Horace, une seule » (A. Jardin,
Mademoiselle Liberté)
Parataxe (féminin) : La parataxe est l’absence de subordination entre les
propositions.
2. « J’ai contemplé le ciel d’azur qui répand sur la baie de Naples sa sérénité
lumineuse. Mais notre ciel de Paris est plus animé, plus bienvillant, et plus
spirituel. Il sourit, menace, caresse, s’attriste et s’égaie comme un regard
humain » (A. France, Le crime de Sylvestre Bonnard)
3. « Quel est le père du privilège ? – Le hasard. – Et quel est son fils ? – L’abus »
(Victor Hugo, L’homme qui rit)
4. « La lumière des réverbères colorait d’argent les quelques flocons qui
continuaient à tomber, donnant à la rue un aspect féerique » (Guillaume
Musso, Parce que je t’aime)
Polyptote (masculin) : Un polyptote consiste à employer plusieurs formes
grammaticales (genre, nombre, personnes, modes, temps) d’un même mot, dans
une phrase. Exemple dans l’Oraison funèbre d’Henriette-Anne d’Angleterre de
Bossuet : « […] Madame se meurt ! Madame est morte ! […] ». Ou encore « Tel
est pris qui croyait prendre. »
Prétérition (féminin) : C’est lorsqu’on affirme passer sous silence une chose dont
on parle néanmoins.