Vous êtes sur la page 1sur 3

LA VERSIFICATION

I Formes fixes et formes libres


1 Les formes fixes

À NOTER

Le e n’est prononcé ni en fin de vers, ni devant une voyelle. Il est prononcé (et compté) quand il précède une consonne.

Les poèmes à forme fixe reposent sur une division en vers et en strophes.

• Le vers est reconnaissable graphiquement (retour à la ligne) et auditivement par le retour de la rime
qui délimite un mètre, défini par le nombre de syllabes du vers. Les plus courants sont l’octosyllabe
( 8 syllabes), le décasyllabe (10) et l’alexandrin ( 12).

• Les vers sont regroupés en strophes : les plus fréquentes sont le distique (2 vers), le tercet (3 vers)
et le quatrain (4 vers).

Les formes fixes les plus utilisées jusqu’au XIX siècle sont :
e

• la ballade, composée de trois strophes et un envoi (une demi-strophe) ;

• l’ode, poème lyrique, chanté à l’origine, et alternant trois strophes correspondant à un mouvement
de danse ;

• le sonnet, constitué de deux quatrains et deux tercets.

2 Les formes libres

À partir du milieu du XIX siècle, les poètes s’affranchissent des contraintes formelles. Se développent
e

ainsi :

• le poème en prose, qui joue sur les sonorités, les rythmes et les images sans s’astreindre aux
contraintes du vers.

• le calligramme, dont la disposition des lettres tente de représenter sur l’espace de la page l’objet
même qui en est le thème.

II Les jeux sur les sonorités


Dans les poèmes à forme fixe, les vers sont associés deux à deux par des rimes. Celles-ci peuvent
être plates ou suivies (aabb), embrassées (abba), ou croisées (abab). La rime est dite pauvre si un
seul phonème est répété, suffisante (2 phonèmes), ou riche (3 et plus).

Pour qualifier la répétition d’un son ailleurs qu’à la rime, on parle d’allitération (sons consonantiques)
ou d’assonance (sons vocaliques).

Selon le mètre, deux voyelles successives … peuvent se prononcer en une seule syllabe (synérèse -ion-
, -ier-… ex : per /so/nni/fier ) ou en deux syllabes (diérèse -i-on-, -i-er- … ex : per/so /nni/fi/er).

III Le rythme des vers


• l’enjambement : la phrase court sur deux vers :

Les vibrantes douleurs dans ton cœur plein d’effroi

Se planteront bientôt comme dans une cible. (Baudelaire)

• le rejet : une partie du groupe syntaxique est rejeté dans le vers suivant :

Trois mille six cent fois par heure, la Seconde

Chuchote : souviens-toi !-[…] (Baudelaire)

• le contre-rejet : la partie brève est en fin de vers et la suite du groupe syntaxique est dans le vers
suivant :

Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues

Qu’il ne faut pas lâcher sans en extraire l’or ! (Baudelaire)

Exercices :

EX 1 : a. Repérez les E et indiquez s’il faut ou non les prononcer. b. Au début de l’extrait, où doit-
on placer une diérèse pour obtenir un vers pair ? c. Comptez les syllabes de chaque vers.

Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence

L’état de notre conscience. Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons

J’ai dévoré force moutons.

Que m’avaient-ils fait ? Nulle offense :

Même il m’est arrivé quelquefois de manger

Le Berger.

Je me dévouerai donc, s’il le faut ; mais je pense

Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi.

Jean de La Fontaine, « Les Animaux malades de la peste », Fables,


1668

EX 2 : a. Comment obtient-on douze syllabes dans chacun de ces vers ? b. Prononcez les deux

premiers vers. Quel est l’effet produit ?

Et je ne hais rien tant, que les contorsions

De tous ces grands faiseurs de protestations,


Ces affables donneurs d’embrassades frivoles,

Ces obligeants diseurs d’inutiles paroles. Molière, Le Misanthrope

Ex 3 a. Comment nomme-t-on ce type de strophe ? b. Comment les rimes sont-elles disposées ?

Accablé de paresse et de mélancolie,

Je rêve dans un lit où je suis fagoté,

Comme un lièvre sans os qui dort dans un pâté,

Ou comme un Don Quichotte en sa morne folie

Ex 4: a. Repérez des enjambements, des rejets ou des contre-rejets dans les vers suivants.

Si frères vous clamons, pas n’en devez

Avoir dédain, quoique fûmes occis

Par justice. Toutefois vous savez

Que tous hommes n’ont pas bon sens rassis.

François Villon, « Frères humains », 1462 (orthographe modernisée).

Vous aimerez peut-être aussi