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L’évolution du genre
Le Moyen-Âge
Les chansons de geste sont des épopées qui célèbrent les exploits de héros guerriers
comme le Roland de La Chanson de Roland à la fin du XIème siècle.
Les troubadours et les trouvères créent une poésie courtoise destinée à être chantée en
musique, dans les cours seigneuriales. Conan De Béthune au XIIème siècle est l’une des
figures représentative du poète courtois.
La poésie lyrique se développe et traduit un engouement pour l’individu, comme chez
François Villon (1431-1463)
La Renaissance
Les poètes de la Pléiade (Du Bellay et Ronsard) adoptent un style d’écriture moins
recherché, plus proche du public. La poésie redevient le lieu de confidences
personnelles, elle est lyrique.
À la faveur des guerres de religion, certains poètes prennent position pour l’Eglise
catholique ou réformée. Poètes engagés, ils utilisent toutes les ressources du langage
pour valoriser leur camp. On retiendra l’affrontement, par poèmes interposés, entre
Pierre de Ronsard, catholique et Agrippa d’Aubigné, protestant, qui a écrit un chef-
d’œuvre poétique : Les Tragiques (publié en 1616).
Le XVIIème siècle
Le mouvement baroque privilégie les images en relation avec les éléments liquides. Le
thème de la mort est présenté dans des œuvres poétiques qui interrogent la vie humaine.
Malherbe rejette la violence du baroque. Il promeut une langue simple et claire qui
s’adresse plus à la raison qu’aux sentiments. Cette vision de la poésie relève du
classicisme.
Les salons mondains dans lesquels se réunissent aristocrates et penseurs privilégient la
poésie comme jeu.
Les Fables de La Fontaine s’inspirent de modèles antiques et ont une visée moralisatrice.
La diversité des registres, des rythmes et des vers montre un aboutissement dans les
recherches poétiques.
Le XVIIIème siècle
Le XVIIIème siècle est une période de transition pour l’écriture poétique. La poésie reste
un jeu pour les aristocrates et les bourgeois. Les philosophes lui attribuent une fonction
didactique : le texte poétique doit transporter les idées des Lumières. C’est surtout les
chansons, connues de toutes les couches de la société, qui sont la véritable expression
poétique de ce siècle.
Le XIXème siècle
Le poète romantique est un poète lyrique. Le « moi » s’exprime face à un monde hostile.
Le poète se révolte contre les injustices sociales, il est un guide pour les foules. Victor
Hugo est une figure du poète romantique qui écrit son « moi » (Les Contemplations,
1856) et revendique un rôle dans la société (Les Châtiments, 1853).
Le Parnasse privilégie un travail de la forme et un culte de la beauté. Le poète n’est plus
un citoyen engagé, mais un artiste dont la seule préoccupation est son art.
Baudelaire (dans Les Fleurs du mal), Rimbaud et Verlaine explorent de nouvelles voies
poétiques qui sont des révoltes contre les formes et les thèmes traditionnels de la poésie.
Ces poètes, dits « maudits », ouvrent la voie de la modernité poétique.
La poésie symboliste privilégie l’expression du rêve et des sensations. Les symboles
font les liens entre les réalités visibles et invisibles de l’univers, comme dans la poésie
de Mallarmé.
Le XXème siècle
L’écriture poétique est profondément renouvelée par les poètes de l’Avant-garde et les
Surréalistes. Le vers libre s’impose comme nouvelle forme poétique alors que des
thématiques modernes apparaissent (la ville, la guerre). Les Surréalistes, comme André
Breton, explorent de nouvelles modalités de l’écriture poétique en l’ouvrant au rêve et
au hasard.
Les poètes engagés font de leurs textes des appels au combat, à la résistance et à l’espoir.
Issus des anciennes colonies, porteurs de la culture française et de leur culture d’origine,
les poètes de la négritude explorent de nouvelles voies poétiques et revendiquent
l’indépendance (Aimé Césaire).
Dans la seconde moitié du siècle, l’écriture poétique de Jaccottet, Réda, Michaux est
une évocation précise du quotidien, mêlée de leur sensibilité.
Le vers
Les types de vers
Le vers est une unité de rythme, il se détermine en fonction de son nombre de syllabes.
1 syllabe Un monosyllabe
2 syllabes Un dissyllabe
3 syllabes Un trissyllabe
4 syllabes Un tétrasyllabe
5 syllabes Un pentasyllabe
6 syllabes Un hexasyllabe
7 syllabes Un heptasyllabe
8 syllabes Un octosyllabe
9 syllabes Un ennéasyllabe
10 syllabes Un décasyllabe
11 syllabes Un hendécasyllabe
12 syllabes Un alexandrin
Le schéma de rimes
Les trois schémas les plus fréquents sont :
Les rimes plates ou suivies : AABB
Exemple :
Moi du moins je crierai cet amour que je dis
Dans la nuit on voit mieux les fleurs de l’incendie
Je crierai je crierai dans la ville qui brûle
À faire chavirer des toits les somnambules
La strophe
La strophe est un groupe de vers liés entre eux par un système de rimes.
Chaque strophe est séparée de la suivante par un blanc typographique.
On distingue alors :
1 vers Un monostiche
2 vers Un distique
3 vers Un tercet
4 vers Un quatrain
5 vers Un quintil
6 vers Un sizain
7 vers Un septain
8 vers Un huitain
9 vers Un neuvain
10 vers Un dizain
Le rythme
Coupes et césures
La coupe [/] est une pause qui sépare des groupes rythmiques. Elle est peu importante.
La césure [//] est une pause forte qui sépare le vers en deux parties.
Ex. : Je suis/le ténébreux,//le veuf,/l’inconsolé
Dans l’alexandrin classique, la césure se trouve au milieu du vers à l’hémistiche (c’est-
à-dire après les six premières syllabes). Elle sépare les deux vers en deux groupes
rythmiques égaux.
Ex. : Un roi c’est de la guerre,//un dieu c’est de la nuit.
Toutefois, cette césure peut être déplacée par des effets de rythme, qui vont venir briser
la régularité de l’alexandrin.
Le vers et la phrase
Normalement, la grammaire de la phrase correspond au cadre du vers, mais il arrive
qu’elle déborde de ce cadre. Cela peut créer trois effets de rythme différents.
L’enjambement : La phrase commence dans un vers et déborde largement sur le vers
suivant.
Ex. :
Ma seule étoile est morte et mon luth constellé
Porte le soleil noir de la mélancolie.
Le rejet : Un mot ou un groupe de mots court est rejeté au début du vers suivant.
Ex. :
Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir
Transfigurer le réel
Contrairement au langage courant, le langage poétique n’a pas pour but de transmettre
une information, mais il a une fonction artistique. Il transfigure la réalité, c’est-à-dire
qu’il la transforme en lui donnant une beauté nouvelle. Le poème permet ainsi de porter
un regard nouveau sur le monde, et de rechercher la beauté là où elle ne semble pas
évidente. Dans Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire a par exemple voulu « extraire la
beauté du mal ». Au siècle suivant, Francis Ponge développe une poésie de l’objet, en
évoquant dans ses poèmes les choses les plus ordinaires, comme l’huître ou le pain.