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La poésie 

est un genre littéraire qui utilise le langage pour créer des images, des sonorités,
des rythmes et des émotions.
Le texte poétique ne vise pas à raconter une histoire comme le ferait le texte narratif. La
poésie cherche plutôt à éveiller la sensibilité du lecteur. On reconnaît principalement la
poésie par sa forme différente qui témoigne d'une utilisation créative du langage.
Deux formes principales sont attachées au genre poétique.
  1. La forme fixe
  2. La forme libre

La forme fixe

La forme poétique fixe est connue depuis l’Antiquité grecque. Dès


cette époque, de nombreuses règles de composition avaient été fixées.
Au cours de l’histoire littéraire, la poésie a évolué et les formes ont
changé. Toutefois, plusieurs éléments qui sont à la base d'un poème à
forme fixe ont traversé les époques.

Depuis le début de l’histoire littéraire, plusieurs formes fixes en poésie ont


été utilisées. Chacune de ces formes fixes se caractérise par des
contraintes particulières auxquelles les auteurs doivent se plier. Plusieurs
formes ont été très en vogue à une certaine époque avant de disparaître
dans l’oubli au profit de nouvelles formes.

Les règles concernent généralement le nombre et le type de vers et le


nombre et le type de strophes. Par contre, plusieurs règles peuvent
aussi préciser le genre et la valeur des rimes ainsi que leur disposition, la
présence du narrateur dans le poème, le sujet abordé, etc.

Les formes poétiques fixes les plus connues :


  L'acrostiche
  Le sonnet
  La ballade
  Le haïku

La forme libre

La poésie en vers libres est apparue à la fin du 19e et au début du


20e siècle. Les auteurs désiraient amener la poésie plus loin, ce que les
formes fixes ne permettaient pas. Ce changement permettra
à de nouvelles possibilités créatrices d'émerger puisque le poème de
forme libre ne répond à aucune règle, tant sur la longueur des vers, la
longueur des strophes, la disposition du poème sur la page, etc. Même la
rime n'est plus un élément indispensable dans cet univers poétique.

Comme il n’y a aucune règle, une même forme pourra donner lieu à des
caractéristiques variées. Certains auteurs reprennent quelques
dispositions classiques alors que d’autres utilisent des formes totalement
éclatées. Les auteurs jouent alors avec les espaces, les variations dans
la longueur des vers, la ponctuation, la disposition des mots sur la page,
etc.
 

Les formes poétiques libres les plus connues :


  La chanson
  Le calligramme
  Le poème en prose

Le sonnet est l'une des formes poétiques et classiques les plus strictes de la poésie.
Important!
Le sonnet doit respecter plusieurs règles strictes :

1. Il doit être composé de 14 vers.


2. Il doit contenir deux quatrains (strophe de quatre vers) suivis de deux tercets (strophe de
trois vers), entièrement formés d'alexandrins (vers de douze syllabes).

3. La disposition des rimes composant la finale de chacun des vers doit épouser la structure
suivante : ABBA ABBA CCD EDE.

4. Les rimes masculines et les rimes féminines doivent alterner et ne devraient pas se


répéter.

5. Toutes les rimes doivent absolument être riches.

6. Aucun mot ne doit apparaître plus d'une fois (sauf les pronoms, les prépositions, les
conjonctions et les interjections); la richesse du vocabulaire est primordiale.

7. Les vers sont habilement composés afin de conférer un rythme intéressant au texte.
L'usage judicieux des hémistiches et des césures est de mise.

8. Chaque strophe doit être cohérente et constituer une unité de sens complète; une idée ne
peut être complétée dans la strophe suivante, c'est-à-dire que les quatrains et les tercets doivent
représenter deux blocs distincts, non seulement dans la forme, mais aussi dans le contenu.

9. Le dernier vers doit être constitué d'une chute (vers final) qui clôt le poème de manière à
marquer fortement le lecteur.
10. Il faut que le sonnet soit cohérent et ait une signification.

Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal, (A)


Fatigués de porter leurs misères hautaines, (B)
De Palos, de Moguer, routiers et capitaines (B)
Partaient, ivres d'un rêve héroïque et brutal. (A)

Ils allaient conquérir le fabuleux métal (A)


Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines, (B)
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes (B)
Aux bords mystérieux du monde occidental. (A)

Chaque soir, espérant des lendemains épiques, (C)


L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques (C)
Enchantait leur sommeil d'un mirage doré; (D)

Ou, penchés à l'avant des blanches caravelles, (E)


Ils regardaient monter en un ciel ignoré (D)
Du fond de l'Océan des étoiles nouvelles. (E)
- J-M de Heredia
 
La ballade est un petit poème narratif écrit en strophes contenant un refrain et terminant
par un envoi, c'est-à-dire une strophe plus courte.
Important!
La ballade, qui peut être grande ou petite, doit respecter les règles suivantes :

1. 1. Généralement, elle est construite à partir de trois huitains (petite ballade) ou


de trois dizains (grande ballade) suivis d'un quatrain ou d'une strophe contenant plus de quatre
vers (pour la grande ballade).
2. Les vers, tous de la même longueur, sont généralement des octosyllabes.

3. La disposition des rimes constituant les finales des vers doit respecter la structure suivante
: ABABBCBC (pour les huitains) et ABABBCCDCD (pour les dizains).

4. Le premier quatrain doit contenir 4 vers différents dont les rimes alternent.

5. Le dernier vers de chaque strophe est toujours le même, c'est le refrain.

6. La dernière strophe de 4 vers reprend les dernières rimes ainsi que le refrain. On appelle
ce quatrain l'envoi. Dans la grande ballade, l'envoi peut être composé en cinq vers ou plus. 

Ballade pour prier Notre-Dame (grande ballade)

Dame du ciel, régente terrienne (A)


Emperière des infernaux palus, (B)
Recevez-moi, votre humble chrétienne, (A)
Que comprise sois entre vos élus, (B)
Ce nonobstant qu’oncques rien ne valus. (B)
Les biens de vous, ma Dame et ma Maîtresse, (C)
Sont trop plus grands que ne suis pécheresse, (C)
Sans lesquels biens âme ne peut mérir (D)
N’avoir les cieux. Je n’en suis jangleresse : (C)
En cette foi je veux vivre et mourir. (D)   

À votre fils dites que je suis sienne; (A)


De lui soient mes péchés absolus; (B)
Pardonne-moi comme à l’Égyptienne, (A)
Ou comme il fit au clerc Théophilus, (B)
Lequel par vous fut quitte et absolus, (B)
Combien qu’il eût au diable fait promesse. (C)
Préservez-moi de faire jamais ce, (C)
Vierge portant, sans rompure encourir, (D)
Le sacrement qu’on célèbre à la messe : (C)
En cette foi je veux vivre et mourir. (D)

Femme je suis pauvrette et ancienne, (A)


Qui rien ne sais; oncques lettre ne lus. (B)
Au moutier vois dont suis paroissienne (A)
Paradis peint, où sont harpes et luths, (B)
Et un enfer où damnés sont boullus (B)
L’un me fait peur, l’autre joie et liesse. (C)
La joie avoir me fais, haute Déesse, (C)
À qui pécheurs doivent tous recourir, (D)
Comblés de foi, sans feinte ni paresse : (C)
En cette foi je veux vivre et mourir. (D)

Vous portâtes, digne Vierge, princesse, (C)


Jésus régnant qui n’a ni fin ni cesse. (C)
Le Tout-Puissant, prenant notre faiblesse, (C)
Laissa les cieux et nous vint secourir, (D)
Offrit à mort sa très chère jeunesse; (C)
Notre Seigneur tel est, tel le confesse : (C)
En cette foi je veux vivre et mourir. (D)

- François Villon
L’acrostiche est un texte poétique dont les premières lettres de chaque vers forment un mot
lorsqu’on les lit à la verticale. Ce mot peut être le sujet du poème, le nom de l’auteur ou
encore de la personne à laquelle il est destiné. L’acrostiche peut aussi être utilisé si l’on
veut cacher un message dans un poème.

L'acrostiche est l'un des premiers textes poétiques avec lequel les jeunes doivent se
familiariser. 
1. Merci pour le calme apaisant 
Et pour le ryhtme des vagues
Repos de l'âme
    
2. Écrire, apprendre, lire, évoluer
Crayon à la main
Ouvrir ses horizons
Livre devant les yeux
Endroit de toutes les connaissances
 
3. Je t'aime tellement
Unique dans ma vie
Lumière de chaque moment
Identique à moi
Ensemble à jamais

La Ballade des contre vérités, texte écrit en moyen français (une variété historique du
français qui était parlée durant le Moyen Âge et la Renaissance) par François Villon, est un
acrostiche.
Voulez-vous que verté vous die ?
Il n’est jouer qu’en maladie,
Lettre vraie qu'en tragédie,
Lâche homme que chevalereux,
Orrible son que melodie,
Ne bien conseillé qu'amoureux.
Un calligramme est un poème dont la disposition graphique sur la page forme un dessin,
généralement en rapport avec le sujet du texte. Le calligramme stimule l'imaginaire autant
par son aspect visuel que par ses mots.
Important!
1. 1. Le calligramme est une forme poétique libre, c'est-à-dire que sa création n'est pas
régie par un ensemble de règles. L'auteur peut donc laisser aller son imagination.
2. Ce poème est interprété en deux temps. Tout d'abord, il faut  l'analyser visuellement et
ensuite,  faire le lien entre l'image et le texte.

3. Le calligramme peut parfois se lire en plusieurs sens (horizontalement et verticalement). 

Pour déterminer la valeur des rimes dans un poème, on doit compter les


sons que les mots placés en fin de vers ont en commun.
Les rimes peuvent avoir différentes valeurs :
 
  1. Les rimes pauvres
  2. Les rimes suffisantes
  3. Les rimes riches
Attention!
Pour déterminer la qualité des rimes, il ne faut pas compter les syllabes ni
les lettres, mais les sons qu'on appelle les phonèmes. De plus, comme le e
muet ne se prononce pas, il ne compte pas pour un son dans la valeur
des rimes.

Pour bien distinguer les sons possibles contribuant à former des rimes, il
faut connaître l'alphabet phonétique.

Les rimes pauvres

Important!
On dit qu'une rime est pauvre lorsqu’elle reprend un seul et même son.
Entre autres, selon l'alphabet phonétique, les sons [y] (exemple 1), [i]
(exemple 2) et [∅] (exemple 3) peuvent contribuer à former des rimes
pauvres.
1. battu / perdu  [y]
2. ami / parti  [i] 
3. feu / peu [∅] 

Les rimes pauvres sont formées par des mots qui se trouvent en fin de


vers et qui contiennent un son en commun.
Se trouva fort dépourvue 
Quand la Bise fut venue. 
Jean de La Fontaine
 Dépourvue rime avec venue, ces mots n'ont que le son [y] (c'est ainsi
que l'on note le son produit par la lettre u) en commun.

Les rimes suffisantes

Important!
Les rimes suffisantes ont deux sons en commun.
La rime suffisante se construit à l'aide d'une consonne accompagnée
d'un son vocalique (formé d'une ou de plusieurs voyelles).
1. cheval / fatal
2. grise / mise
3. opportune / lune
 Le e muet présent dans grise, mise, opportune et lune ne peut être
considéré comme étant un son.

Les rimes suffisantes sont formées par des mots qui se trouvent en fin


de vers et qui ont deux sons en commun.
La Cigale, ayant chanté
Tout l’Été,
Jean de La Fontaine
 Dans cet exemple, chanté rime avec Été. Ces mots ont deux sons
communs, le son [t] (chanté, été) et le son [e] (c'est ainsi que l'on note le
son émis par la lettre é en alphabet phonétique : chanté, été).

On lit Virgile et Dante; on va joyeusement


En voiture publique à quelque endroit charmant
Victor Hugo
 Le son [m] (joyeusement, charmant) et le son [ɑ̃] (c'est ainsi que l'on
note le son formé par les lettres ent ou ant en alphabet
phonétique : joyeusement, charmant) sont répétés.

Les rimes riches

Important!
Si deux mots ont trois sons ou plus en commun, on dit que
la rime est riche.

La rime riche se construit à l'aide d'une consonne ou plus accompagnée


d'un son vocalique (formé d'une ou de plusieurs voyelles) ou plus.
1. cheval / rival
2. grise / brise
3. mineur / bonheur

 Le e muet présent dans grise et brise ne peut être considéré comme


étant un son.

Les rimes riches sont formées par des mots qui se trouvent en fin de vers
et qui contiennent, au minimum, trois sons en commun.
La Fourmi n’est pas prêteuse :
C’est là son moindre défaut.
Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
Jean de La Fontaine
 Dans cet exemple, prêteuse rime avec emprunteuse. Cette rime est
riche, car elle est formée à partir de mots qui ont trois sons en commun :
le son [t] (prêteuse, emprunteuse), le son [∅] (c'est ainsi que l'on note le son
formé par les lettres eu en alphabet phonétique : prêteuse, emprunteuse) et
le son [z] (prêteuse, emprunteuse).

Et le soleil dardait un rayon monotone


Sur le bois jaunissant où la bise détonne.
Paul Verlaine

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