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La

Poésie
du

Moyen Âge
au
XVIIIe siècle
ANTHOLOGIE
Par Anis BEKKAT
SOMMAIRE

Préface…2
1. CHANTER L’AMOUR …3
Sappho, « Ode à une femme aimée », VIIe-VIe s. av. J-C.
2. MYTHOLOGIE ET POESIE ALLEGORIQUE :
LA FIGURE DE DIANE …6
Joachim Du Bellay, « Sonnet LXXXII », L’olive, 1550.
3. BLASONS ET CONTRE-BLASONS…9
Clément Marot, « Blason du beau tétin », Epigrammes, 1535.
4. JEUX POETIQUES…13
François Rabelais, « La Dive Bouteille », Cinquième Livre, 1564.
5. POESIE DU TEMPS QUI PASSE…16
Pierre de Ronsard, « Mignonne, allons voir si la rose », Odes, 1550-1552.
6. POEME SUR LA MORT…19
Christine de Pisan, « Je ne sais comment je dure », Rondeaux, 1390-1400.
7. INCONSTANCE BAROQUE…22
Marie-Catherine-Hortense de Villedieu, « Jouissance », Recueil de poésies,
1664.
8. LA MORALE CLASSIQUE…25
Jean Racine, « Pour bannir l’ennemi dont j’étais idolâtre », Phèdre, 1677.
Préface

L’amour est un sujet très vaste et très célèbre. Source d’inspiration de


nombreux poètes et poétesses quel que soit leur époque. C’est le thème
principal de l’anthologie poétique que je vais vous présenter.
La poésie permet d’exprimer les sentiments amoureux sous des formes diverses
(joie, tristesse, amour pour un homme, pour une femme, pour son pays…)
Tout d’abord qu’est-ce que la poésie :
La poésie est un genre littéraire qui s'exprime par le biais d'un langage
artistique et rythmé, mettant l'accent sur l'expression des émotions, des idées
et des images de manière créative. Elle utilise souvent des techniques
linguistiques et des structures formelles pour créer une expérience esthétique
et émotionnelle unique pour le lecteur ou l'auditeur. La poésie peut aborder
une grande variété de thèmes et de styles, et elle se distingue par son
utilisation particulière de la langue pour susciter des émotions et des réflexions
profondes.

Les Poèmes choisis sont les suivants : « ode à une femme », « Sonnet LXXXII »,
« Blason du beau tétin », « La dive bouteille », « Mignonne, allons voir si la
rose », « je ne sais comment je dure », « Jouissance » et « Pour bannir l’ennemi
dont j’étais idolâtre ».
Le choix de ces Poèmes a été fait par rapport à la beauté des textes qui
expriment tous l’amour.
Tous les poèmes sont magnifiques, ils sont d’époques, d’auteurs et de style
différents.
Des poèmes écrits par des hommes mais également par des femmes.
Ces poèmes permettent d’exposer un grand éventail des sentiments provoqués
par l’amour
1. Chanter l’amour
Sappho, « Ode à une femme aimée », VIIe-VIe s. av. J-C.

Sappho, poétesse grecque de l’Antiquité, femme de lettre très célèbre était


réputée pour sa poésie lyrique décrivant l'amour, la passion et l'amitié, souvent
dirigée vers d'autres femmes. Ses vers étaient célébrés pour leur grâce et leur
émotion, et ils étaient chantés et récités lors de célébrations et de fêtes.
Ode une femme aimée de Sappho

Heureux qui près de toi, pour toi seule soupire,


Qui jouit du plaisir de t'entendre parler,
Qui te voit quelquefois doucement lui sourire.
Les Dieux dans son bonheur peuvent-ils l'égaler ?

Je sens de veine en veine une subtile flamme


Courir par tout mon corps, sitôt que je te vois
Et dans les doux transports où s'égare mon âme
Je ne saurais trouver de langue ni de voix.

Un nuage confus se répand sur ma vue.


Je n'entends plus : je tombe en de douces langueurs ;
Et, pâle, sans haleine, interdite3, éperdue,
Un frisson me saisit, je tremble, je me meurs.
Mais quand on n'a plus rien, il faut tout hasarder.
Traduction de Nicolas Boileau,
Cité dans Longin, traité du sublime,
Chapitre 8,1700
L'ode à une femme aimée de Sappho, traduit par Nicolas Boileau en 1700 et
dont il ne reste que des fragments, est un exemple typique de la poésie lyrique
de l’Antiquité célébrant l'amour et la beauté.

Le registre lyrique privilégie l'expression d'émotions et de sentiments person-


nels, comme l'amour.
Dans ce poème, la poétesse exprime son amour et son admiration pour une
femme qu'elle chérit profondément. Elle utilise des images poétiques pour
décrire sa beauté et son charme, et il fait l'éloge de la femme aimée en utilisant
une langue raffinée et des métaphores élégantes.

En choisissant ce poème, j’ai voulu mettre en avant les poèmes écrits par une
femme.
Ce qui m’a plus en premier lieu est le style poétique employé ainsi que les
rimes. Nous sommes en présence d’un poème lyrique composé de quatrains
avec des rimes croisées ce qui donne un aspect musical au poème et le
rendant facile à lire. Les mots utilisés expriment des sentiments assez forts.
D’autre part, Sappho évoque son amour pour une femme. Ce qui n’était pas
courant à son époque. Son œuvre a mis en lumière la passion amoureuse au
féminin. Elle est devenue l’emblème de l’amour entre femmes.
2. Mythologie et poésie allégorique : la figure de Diane
Joachim Du Bellay, « Sonnet LXXXII », L’olive, 1550.
Joachim du Bellay est un poète français du XVIème siècle. Il est à l'origine de la
formation de la Pléiade, en compagnie de son ami Pierre de Ronsard. Il est
connu pour ses poèmes élégants et sa contribution à la rénovation de la poésie
française en s'inspirant des modèles antiques.
Ces poèmes font de lui un des maîtres de lyrisme sous la renaissance
Sonnet LXXXII
Vous qui aux bois, aux fleuves, aux campagnes,
À cri, à cor, et à course hâtive
Suivez des cerfs la trace fugitive
Avec Diane, et les Nymphes compagnes :

Et toi ô Dieu ! qui mon rivage baignes,


As-tu point vu une Nymphe craintive,
Qui va menant ma liberté captive
Par les sommets des plus hautes montagnes ?

Hélas enfants ! si le sort malheureux


Vous montre à nu sa cruelle beauté,
Que telle ardeur longuement ne vous tienne.

Trop fut celui chasseur aventureux,


Qui de ses chiens sentit la cruauté,
Pour avoir vu la chaste Cynthienne.
L’olive, 1550
Le poème ci-dessus fait partie du recueil « L’olive » publié en 1550.
Il évoqué Diane une chasseresse tant séduisante que maléfique. Elle incarne
une vision de la femme admirée et redoutée. La scène se passe dans la nature
et évoque la beauté de Diane mais également le danger de s’y approcher.
En matière de structure, nous sommes en présence d’un sonnet de 14 vers : Un
poème de 14 vers composé de 2 quatrains et de 3 tercets avec dans notre cas
des rimes embrassées. Un style importé d’Italie par Clément Marot

A travers le choix de ce poème, j’ai voulu mettre en lumière l’époque des


pléiades avec un style poétique différent du premier.
Au-delà du style et de l’époque, le poème est agréable à lire avec des vers
assez courts. Il me permet de me projeter dans la peau du poète face à son
admiration pour Diane mais également face à ses craintes. Il exprime des
sentiments profonds. C’est ce qui m’a le plus plu.
3. Blasons et contre-blasons

Clément Marot (1496-1544) est un poète français de la Renaissance, connu


pour son habileté en tant que poète de cour, traducteur, et pour sa contribution
à la poésie lyrique française du XVIe siècle.
A la fois héritier des auteurs de la fin du XVème siècle et précurseur de la
pléiade et est le poète le plus important de la cour de François premier. Il met à
la mode les genres du sonnet du blason
 Blason du beau tétin

Tetin refect, plus blanc qu’un œuf,


Tetin de satin blanc tout neuf,
Tetin qui fait honte à la rose,
Tetin plus beau que nulle chose ;
Tetin dur, non pas Tetin, voyre,
Mais petite boule d’Ivoire,
Au milieu duquel est assise
Une fraize ou une cerise,
Que nul ne voit, ne touche aussi,
Mais je gaige qu’il est ainsi.
Tetin donc au petit bout rouge
Tetin qui jamais ne se bouge,
Soit pour venir, soit pour aller,
Soit pour courir, soit pour baller.
Tetin gauche, tetin mignon,
Tousjours loing de son compaignon,
Tetin qui porte temoignaige
Du demourant du personnage.
Quand on te voit il vient à mainctz
Une envie dedans les mains
De te taster, de te tenir ;
Mais il se faut bien contenir
D’en approcher, bon gré ma vie,
Car il viendroit une aultre envie.
O tetin ni grand ni petit,
Tetin meur, tetin d’appetit,
Tetin qui nuict et jour criez
Mariez moy tost, mariez !
Tetin qui t’enfles, et repoulses
Ton gorgerin de deux bons poulses,
A bon droict heureux on dira
Celluy qui de laict t’emplira,
Faisant d’un tetin de pucelle
Tetin de femme entiere et belle.
Epigrammes,1535
Le beau tétin est un poème datant de 1535 et publié dans Epigrammes
Dans ce poème érotique, clément Marot célèbre la beauté des seins d'une
dame en utilisant une forme poétique appelée le "blason." Le blason consiste à
décrire en détail et de manière élogieuse une partie du corps, en l'occurrence,
les seins de la dame.
Le poème est à la fois une célébration de la beauté féminine et une œuvre
poétique qui s'amuse avec les conventions littéraires de l'époque.

Ce qui m’a plu dans ce poème c’est le genre utilisé (le blason) et l’écriture en
vieux français qui est surprenant.
Un poème drôle et subtil écrit dans une langue raffinée pour évoquer la grâce
et la séduction à travers une partie du corps.
L’utilisation de la description et de l’exagération est omni présente dans le
poème ce qui rajoute un côté amusant au poème.
4. Jeux poétiques
François Rabelais- La Dive Bouteille. Cinquième Livre, 1564
François Rabelais (1494-1553) est un auteur français humaniste de la
Renaissance, célèbre pour sa série de romans satiriques mettant en scène les
aventures de Gargantua et Pantagruel, qui mêlent l'humour, la sagesse, et la
satire sociale, tout en contribuant à l'évolution de la littérature française.
La Dive Bouteille
Ô Bouteille
Pleine toute
De mystères,
D’une oreille
Je t’écoute :
Ne diffère,
Et le mot profère
Auquel pend mon cœur.
En la tant divine liqueur,
Qui est dedans tes flancs reclose,
Bacchus, qui fut d’Inde vainqueur,
Tient toute vérité enclose.
Vin tant divin, loin de toi est forclose
Toute mensonge et toute tromperie.
En joie soit l’âme de Noach close,
Lequel de toi nous fit la tremperie.
Sonne le beau mot, je t’en prie,
Qui me doit ôter de misère.
Ainsi ne se perde une goutte
De toi, soit blanche, ou soit vermeille.
Ô Bouteille
Pleine toute
De mystères,
D’une oreille
Je t’écoute :
Ne diffère.
Cinquième livre,1564
La Dive Bouteille, appartient au Cinquième Livre publié en 1564 dans lequel le
chaque poème est écrit sous forme graphique qui suggère l’objet dont il est
question dans le poème (le calligramme)
La Dive Bouteille représente la célébration, la convivialité et le plaisir de vivre.
Rabelais l'utilise pour illustrer son amour de la bonne chère, du vin et de la fête.
La Dive Bouteille incarne l'esprit joyeux et satirique de ses œuvres, ainsi que sa
philosophie humaniste qui prône la recherche du plaisir dans la vie, tout en
offrant une critique subtile de la société de son époque...

Ce qui m’a plu dans ce poème c’est son côté graphique en utilisant le
calligramme.
Ce dernier apporte un côté original au texte et attrayant au poème. Des vers
de longueurs différentes en lien avec la forme de la bouteille. La présence de
rimes apporte de l’harmonie au poème. Ce qui le rend facile à lire et à réciter.
A travers ce choix, j’ai voulu montrer également que le poème peut avoir des
formes graphiques diverses.
5.Poésie du temps qui passe
Pierre de Ronsard – Mignone, allons voir si la rose Odes, 1550-1552.
Pierre de Ronsard (1524-1585) était un poète de la Renaissance française,
membre de la Pléiade, célèbre pour sa poésie lyrique raffinée et élégante, ainsi
que pour ses sonnets d'amour et ses odes qui ont influencé la littérature
poétique de son époque.
Présentation du poème :
Mignone, allons voir si la rose

A Cassandre

Mignonne, allons voir si la rose


Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au votre pareil.

Las ! voyez comme en peu d'espace,


Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beauté laissé choir !
Ô vraiment marâtre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,


Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
Odes,1550-1552
Le poème « Mignonne, allons voir si la rose » fait partie du recueil Les Odes, pa-
ru en 1550.
L’auteur livre ainsi un poème sous une forme construite selon des codes
rigoureux tout en utilisant le lyrisme pour faire l’éloge de la femme aimée.
Cassandre, fille d’un banquier italien dont il était amoureux mais qu’il n’a pu
épouser.
L’ensemble est construit sur des bases de philosophie épicurienne et
humaniste.
Ce poème exprime la jeunesse éphémère et la beauté, encourageant la
personne aimée à profiter de l'instant présent.
L'auteur veut montrer à la jeune fille qu'on ne peut échapper à son destin,
c'est-à-dire à la vieillesse et à la mort.

Au-delà du style utilisé, l’ode, le poème est simple lire. Il est vivant avec des
personnages vivants. Ronsard raconte une promenade dans un jardin.
Ce qui m’a le plus plu c’est l’émotion forte et sincère dégagée par le poème de
Ronsard, l’utilisation de la personnification et des consonnances et des
rimes 3 à 3.
Ronsard utilise des images poétiques, notamment celle de la rose, pour
illustrer la fragilité de la jeunesse et l'importance de l'amour et de la passion.
6. Poème sur la mort
Christine de Pisan, « Je ne sais comment je dure », Rondeaux, 1390-1400.
Christine de Pisan (V. 1365-1430) est une écrivaine médiévale d'origine
italienne,
Elle a été mariée a seulement 15 ans et fut veuve a 25 ans, avec trois enfant en
charge elle ne se remarie pourtant pas et assume ses besoin ainsi que ceux de
ses enfant, de sa mère et de ses frères et sœurs.
Elle est célèbre pour ses poèmes, essais et ouvrages littéraires qui ont contribué
à promouvoir la place des femmes dans la littérature et à aborder des questions
de genre au Moyen Âge.
Je ne sais comment je dure
Je ne sais comment je dure,
Car mon dolent cœur fond d'ire
Et plaindre n'ose, ni dire
Ma douloureuse aventure,

Ma dolente vie obscure.


Rien, or la mort ne désire ;
Je ne sais comment je dure.

Et me faut, par couverture


Chanter que mon cœur soupire
Et faire semblant de rire ;
Mais Dieu sait ce que j'endure.
Je ne sais comment je dure.
Rondeaux, entre 1390 et 1400
In Œuvres poétiques de Christine de Pisan
Ce poème rédigé entre 1390 et 1400 évoque la douleur de la séparation
amoureuse et exprime le tourment et la tristesse ressentis par le lecteur, qui se
languit de la personne aimée. Il reflète la poésie lyrique de Christine de Pisan, qui
explorait les thèmes de l'amour, de la passion et de l'émotion dans un contexte
médiéval.
D’un point de vue plus méthodologique, la première personne du singulier que
Christine de Pisan utilise, ainsi que les champs lexicaux de la douleur et les
emploie de figures de style comme la comparaison ou la métaphore ne laisse
aucun doute quant au registre de ce poème. Il est écrit sous forme de rondeaux

J’ai choisi ce poème car je voulais mettre à l’honneur une grande poétesse qui
a été l’une des premières à vivre de sa plume et également l’utilisation d’un
style différent dans la poésie qui est le rondeau.
Ce qui m’a plu dans ce poème est l’intensité des émotions : la douleur et la
tristesse de la perte de l’être cher. Une autre forme de l’amour exprimée par le
biais de la tristesse.
J’ai bien aimé la structure du poème avec des vers courts composés de rimes
croisées. L’utilisation de la métaphore apporte de la force à ce poème.
7. Inconstance baroque
Marie-Catherine-Hortense de Villedieu, « Jouissance », Recueil de poésies,
1664.
Marie-Catherine-Hortense de Villedieu est une auteure française du XVIIe
siècle, reconnue pour ses romans et ses écrits de fiction qui ont contribué à
l'évolution de la littérature française de l'époque baroque.
Cette poétesse dramaturge et romancière connait une liberté et une
indépendance assez rare pour son époque. Elle tombe amoureuse à 18 ans
d’Antoine de Boesset avec qui elle vivra une liaison passionnée.
Jouissance

Aujourd'hui dans tes bras j'ai demeuré pâmée,


Aujourd'hui, cher Tirsis, ton amoureuse ardeur
Triomphe impunément de toute ma pudeur
Et je cède aux transports dont mon âme est charmée.

Ta flamme et ton respect m'ont enfin désarmée ;


Dans nos embrassements, je mets tout mon bonheur
Et je ne connais plus de vertu ni d'honneur
Puisque j'aime Tirsis et que j'en suis aimée.

O vous, faibles esprits, qui ne connaissez pas


Les plaisirs les plus doux que l'on goûte ici-bas,
Apprenez les transports dont mon âme est ravie !

Une douce langueur m'ôte le sentiment,


Je meurs entre les bras de mon fidèle Amant,
Et c'est dans cette mort que je trouve la vie.
Recueil de poésies,1664
"Jouissance" est une œuvre de Marie-Catherine-Hortense de Villedieu. Ce poème
est l'un des premiers exemples de la littérature érotique en français et explore des
thèmes de désir et de sensualité.
Ce poème est un sonnet avec rimes embrassées, qui est fait écho à sa liaison
passionnée avec Antoine de Boesset.
L'histoire met en scène une femme qui revendique son droit au plaisir charnel
dans une société marquée par des normes strictes de bienséance. "Jouissance" a
été controversé en son temps pour son contenu provocateur et demeure un
exemple important de la littérature libertaire du XVIIe siècle.

A travers le choix de ce poème, je voulais évoquer le libertinage de pensée


incarnée par une poétesse où le sens est valorisé, la crainte de la damnation
rejetée hors des croyances.
Ce qui m’a plu dans le poème est la franchise de la poétesse et l’expression de
sa liaison avec son amant sans aucune peur des représailles. Une liberté rare
à son époque.
De plus, le poème par sa structure en sonnet reste facile à lire et à
comprendre.
8. La morale classique
Jean Racine, « Pour bannir l’ennemi dont j’étais idolâtre », Phèdre, 1677.

Jean Racine (1639-1699) est un dramaturge et poète classique français du XVIIe


siècle, sous le régime de louis XIV. Il est célèbre pour ses tragédies, telles que
"Phèdre" et "Andromaque," qui sont des chefs-d'œuvre du théâtre classique
français.
Il appartient à la période du classicisme.
Pour bannir l'ennemi dont j'étais idolâtre,
Pour bannir l'ennemi dont j'étais idolâtre,
J'affectai les chagrins d'une injuste marâtre,
Je pressai son exil, et mes cris éternels
L'arrachèrent du sein, et des bras paternels.
Je respirais, Oenone ; et depuis son absence,
Mes jours moins agités coulaient dans l'innocence.
Soumise à mon époux, et cachant mes ennuis,
De son fatal hymen je cultivais les fruits.
Vaines précautions ! Cruelle destinée !
Par mon époux lui-même à Trézène amenée
J'ai revu l'ennemi que j'avais éloigné.
Ma blessure trop vive aussitôt a saigné.
Ce n'est plus une ardeur dans mes veines cachée :
C'est Vénus tout entière à sa proie attachée.
J'ai conçu pour mon crime une juste terreur.
J'ai pris la vie en haine, et ma flamme en horreur.
Je voulais en mourant prendre soin de ma gloire,
Et dérober au jour une flamme si noire.
Je n'ai pu soutenir tes larmes, tes combats.
Je t'ai tout avoué, je ne m'en repens pas,
Pourvu que de ma mort respectant les approches
Tu ne m'affliges plus par d'injustes reproches,
Et que tes vains secours cessent de rappeler
Un reste de chaleur, tout prêt à s'exhaler.

Phèdre, acte1, scène3,1677


Cette réplique est prononcée par le personnage éponyme, Phèdre, et elle
révèle son conflit intérieur et sa lutte contre son amour interdit pour son beau-
fils Hippolyte.
La pièce explore les thèmes de la passion, de la culpabilité et de la tragédie
dans un cadre classique et est l'une des œuvres les plus emblématiques du
dramaturge français.

Ce poème a été choisi car il est très intéressant, il traite du thème de la


rupture ou de la fin d'une idéalisation amoureuse basée sur un amour interdit
C'est un sujet qui peut susciter de l'intérêt et de la réflexion, car il explore les
émotions complexes liées à la déception amoureuse.
J’ai beaucoup aimé la construction du poème et son utilisation dans le cadre
d’une pièce de théâtre.

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