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La lyrique courtoise
Mme Cooper
LA POESIE MEDIEVALE
I- La lyrique courtoise
A- Les troubadours
Poésie méridionale, d’origine aristocratique, qui affirme une esthétique élitiste. Voit naître la
fin’amor, qui se développera en amour courtois.
= Genre porteur d’un idéal de l’amour, et qui associe l’amour au chant, à l’activité poétique.
Pour les troubadours, parfaite équivalence : Aimer, c’est chanter, et chanter, c’est aimer. Pas
d’amour sans chanson, ni de chanson sans amour.
= Troubadours (de « trobar » : trouver, composer, peut-être à l’origine “composer des
tropes”) inventent, « trouvent » des chansons où s’exprime une conception de l’amour comme
adoration à la fois respectueuse et brûlante de la dame. S’y donnent à lire les tourments du
désir, les souffrances vécues pour et par la dame, qui affinent le sentiment amoureux, comme
l’or fin est épuré par le feu.
- S’achèvent sur la tornada, sorte de clausule, moitié plus courte que la cobla
précédente, dont reproduit les rimes. Constitue l’envoi du troubadour, épilogue
ou adresse, avec un nom donné qui peut être celui de la dame, du protecteur ou de
la protectrice du poète, ou bien une sorte de pseudonyme, le senhal, qui ne révèle
l’identité de la personne à qui le poème est destiné qu’aux seuls initiés.
= Premier représentant connu, initiateur du genre, est le célèbre Guillaume IX, comte de
Poitiers, duc d’Aquitaine, un des plus grands seigneurs de l’Occident de son temps. Il est le
grand-père d’Aliénor d’Aquitaine.
Quelques autres noms, parmi les plus connus :
Débuts du XIIe s :
Troubadours ne font pas que chanter d’amour. Traitent aussi d’autres matières. Autres genres
pratiqués:
B- Les trouvères.
Manière lyrique des troubadours s’implante dans les cours du nord de la France.
Grâce aux jongleurs itinérants sans doute, mais aussi du fait des nombreuses communications
entre les cours. Cf influence d’Aliénor d’Aquitaine, petite fille de Guillaume IX, qui épouse
Louis VII, roi de France, puis Henri II Plantagenêt, et de ses enfants (Richard cœur de lion,
lui-même poète. Marie de Champagne, protectrice de Chrétien de Troyes)
= Grand chant courtois des trouvères se perpétue jusqu’à la fin du XIIIe siècle. Mais expression
poétique va désormais emprunter d’autres voies, qui ne sont plus celles du lyrisme. Une poésie
récitée, et non plus chantée, dont l’origine et les conventions n’ont rien à voir avec le
lyrisme courtois.
= Avènement d’un genre qui va profondément modifier la notion même de lyrisme : Le Dit
(par opposition au chant), qui croît et fructifie au XIIIe siècle, et qui va donner naissance à la
poésie subjective des XIV et XVe siècles. Marque la naissance du lyrisme personnel non
courtois.
= Inspiration première de cette poésie est morale, religieuse et satirique (Livre des Manières de
l’évêque Etienne de Fougères, Bible du seigneur de Berzé, Bible de Guiot de Provins, qui sont
en fait des textes d’inspiration morale et satiriques, sorte d’états du monde). Mais tend, au
tournant du XIIIe s, à s’enraciner dans l’expérience et le point de vue particulier du
poète. Dit parle du Moi, au présent.
- Hélinand de Froidmont et ses célèbres Vers de la Mort (1194-7). Se convertit à la vie
monastique, abbaye de Froidmont, près de Beauvais. Rupture avec séductions du siècle,
abandonne la célébration du sentiment amoureux. Douzains sur deux rimes en miroir,
aabaab/bbabba, schéma qui convient à propos réflexifs, où poète développe discours
moral, fait retour sur lui-même.
- Surtout Jean Bodel, en 1202, avec ses Congés, poème de plus de 500 vers. Poète arrageois
qui s’apprêtait à prendre la croix pour partir en croisade. Mais se découvre atteint de la
lèpre. Doit quitter la vie pour aller finir ses jours dans une léproserie. Prend congé de ses
amis d’Arras avec chagrin et amertume. Médite sur le coup qui le frappe, honte de la
maladie (MA voit dans lèpre punition divine, due faute du malade ou de ses parents), mais
espoir aussi, peut se changer en grâce s’il sait s’en montrer digne, épreuve qui peut être une
chance de salut, un chemin d’accès à vie éternelle.
- Autre arrageois, Baude Fastoul, écrit 70 ans plus tard, autres Congés dans mêmes
circonstances. Décrit son corps devenu répugnant, en plaisante même (à présent que ses
orteils vont tomber, pourra avoir souliers pointure en-dessous). Comme si riait de
lui-même avant qu’on rie de lui.
- Adam de la Halle aussi, mais cette fois prend congé non cause maladie, mais parce que,
dégoûté de sa ville natale et de ses habitants, a décidé de partir étudier à Paris.