Vous êtes sur la page 1sur 12

UNIVERSITE ASSANE SECK DE

ZIGUINCHOR

UFR DES : LETTRES, Arts et SCIENCES HUMAINES

DEPARTEMENT DE : Lettres Modernes


MATIERE : Littérature Orale
ENSEIGNANT : DR DIALLO
CYLCLE : Licence
NIVEAU : Licence 3

Exposé
Thème : La Poésie panégyrique.

LES EXPOSANTS :
Ismaïla KEBE
Mari Sanou SARR
Loum NDIAYE
Année universitaire : 2021-2022
INTRODUCTION
BONNE
La genèse du terme panégyrique seraitLECTURE !!!
de toute évidence due à la civilisation latino-
grecque. En effet, tout était parti de la « panégyrie, terme qui traduit chez les Grecs une
grande fête, assemblée de tout le peuple d’une cité, d’un pays ou d’une race autour d’un
sanctuaire commun. Cette jubilée était l’occasion des panégyristes de prononcer des discours
d’éloges publics appelées panégyriques. Du latin panegyrieus et du grec panégurikos, le
panégyrique désigne donc un éloge de quelqu’un fait en public ou par écrit, celui d’un pays ou
d’une institution. Grosso modo, le mot panégyrique pourrait se prêter à toute forme de
discours à caractère laudatif. Notre travail s’articule sous deux chapitres : la définition de la
thématique et la typologie du panégyrique.
I. LA DEFINITION DE LA THEMATIQUE
Le panégyrique conçu comme concept de la littérature générale permet d’une part
d’interroger les littératures orales et écrites en langues africaines et, d’autre part de mettre en
évidence dans la perspective d’une analyse transculturelle des « aires de famille » et de
construire des ponts entre les pratiques littéraires appartenant à des genres et cultures
différentes. On remarque ainsi aujourd’hui l’importance présence de discours panégyrique
dans les littératures orales africaines, présence qui s’explique par le fait qu’individu n’existe,
n’est reconnu que s’il est loué en public. Ces pratiques sont courantes encore aujourd’hui :
qu’on se rappelle les griots mandingues sollicites pour chanter les louanges d’une personne à
la radio ou des jeunes universitaires d’Afrique qui invitent les artistes pour qu’ils les célèbrent
lors de la remise de leur diplôme. Les références aux discours panégyriques écrits en langues
africaines sont rares ; mais l’on ne sait si c’est parce que la diffusion écrite d’une réputation
est bien moins efficace que celle qui est énoncée en public (étant donné la faiblesse du
lectorat potentiel), ou si c’est parce que les chercheurs travaillant sur les littératures écrites en
langues africaines ne se sont pas intéressés à cet aspect. On note la présence de nombreux
panégyriques religieux, qu’ils soient adressés au Prophète Mohamed, à des leaders
musulmans ou à des saints chrétiens. Pensons au poème Hamziya (1652) écrit en swahili par
Sayyid Aidarusi Bin Uthaima (une traduction du panégyrique à la gloire du Prophète écrit par
le poète égyptien du 13ème siècle Al-Busir), au Wakar Muammadu (env. 1845) écrit en hausa
par Asim Degel, un poète de Kano, au Sifofin Shehu, « Attribut du Cheikh » dédié à Ousmane
Dan Fodio, traduit en hausa à partir d’un texte peul, ou encore aux melke, sortes de « blasons
» écrits en guèze qui vénèrent un saint (mais, dans ce cas, on peut se demander si ce ne sont
pas des poèmes d’abord oraux conservés par écrit et ayant le même statut quelque part que les
transcriptions des épopées swahili que nous avons citées précédemment).
Parmi les discours panégyriques, on peut opérer différentes distinctions selon le type
d’énonciateur (s’agit-il d’un auto-panégyrique dit par l’intéressé lui-même ou d’un
panégyrique dit pour un tiers ? quel est le statut social de ces différents énonciateurs ?), l’objet
de l’éloge (est-ce un individu ou un collectif qui est loué ? le panégyrique porte-t-il
uniquement sur des êtres humains ou vise-t-il des entités non-humaines à l’instar des génies,
des animaux, voire de lieux ?), les modalités de communication (le panégyrique est-il
déclamé, chanté, accompagné ou non de musique ? un simple air musical peut-il être le
vecteur d’un panégyrique ?). On peut également se demander si le destinataire du panégyrique
est directement loué ou si l’on passe par des objets transitoires, comme quand les bergers
peuls louent leurs vaches pour se glorifier.
Reprenons quelques-unes de ces interrogations à partir d’exemples tirés des littératures orales
et écrites en langues africaines :
• Les auto-panégyriques semblent plus rares que les panégyriques énoncés pour un tiers.
Citons pour les premier, sans vouloir être exhaustif, les ibyivugo des Tutsi du Rwanda, les
lebôkô des Tswana du Bechuanaland, les lifela des travailleurs migrants du Basotho, ou
encore les jammooje na’i des bergers peuls du Mali. Pour les seconds, on pense aux griots
généalogistes qui louent les aristocrates dans les sociétés ouest-africaines (le fasa mandingue
par exemple), mais ceux-ci ne sont pas les seuls à composer des discours panégyriques au
profit de tiers ; on citera entre autres exemples les panégyriques hagyiographiques des Peuls,
les chants kàsàlà des Luba, les izibongo des Zoulou, où un barde, habillé d’un costume mêlant
fourrure, plumes, queues d’animaux etc., récite – en dramatisant par la voix et la gestuelle –
l’éloge des chefs et des notables. On peut encore citer les taasu des femmes wolof, poésie
tantôt élogieuse, tantôt moqueuse que les femmes déclament accompagnées de tambours, de
calabasses ou de bols en étain. Quant aux lisotho des chefs du Basotho, ils peuvent être
énoncés soit par le chef lui-même soit par un poète qui souhaiterait louer ce dernier. Dans les
littératures écrites, on trouve des panégyriques de tiers (par exemple, le poème écrit en peul de
Jawo Pellel, éloge du chef du Fouta Jalo Almami Ibrahima Dara), mais à notre connaissance
on ne trouve aucun auto-panégyrique.
• Le panégyrique peut être individuel, c’est-à-dire adressé à un individu ou parfois à une
famille, mais dans la devise patrimoniale et répertoriée, cet individu n’est jamais loué pour ses
qualités personnelles mais pour son appartenance à une famille ou à un groupe prestigieux par
les hauts faits de ses ancêtres. Pensons pour la littérature orale aux jammore des Peuls ou aux
ize zamu (éloge d’enfant) des Songhay et des Zarma (dans ce cas, l’enfant est loué à travers
des homonymes célébres). Concernant la littérature écrite, on trouve des poèmes écrits dédiés
à des hommes importants comme ceux écrits en peul ( ?) par Ahijo Bello dou Kerol sur le
Président du Cameroun Ahijo ou ceux rédigés en hausa par Buba mai Jarida’s qui loue des
bouchers, des chauffeurs ou de belles femmes. Le panégyrique peut également être collectif, à
l’image du récit épique qui réfère à une communauté plus ou moins large (par exemple,
l’épopée de Soundiata Keïta). Dans la poésie comme dans les romans, on trouve également
des panégyriques écrits et adressés à la collectivité. Citons entre autres Wakar maraba da soja,
littéralement « chant d’accueil aux soldats », ou wa Watumwa (« La libération des esclaves
»). Le premier est écrit par le poète hausa Sa’adu Zungur qui loue l’héroïsme des troupes du
nord Nigeria rentrées au pays à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale. Le second est un
roman swahili de James Mbotela Uhuru – qui accumule les termes panégyriques – et
qu’Euphrase Kezilahabi qualifie pour cela de maadili (« chant de louange »).
• Selon les sociétés, les objets d’éloge ne sont pas seulement humains, mais peuvent être
aussi être des génies, des animaux – notamment des bovins dans les sociétés pastorales
(pensons aux jammooje, où les jeunes bergers peuls déclament à toute vitesse des poèmes
louant leurs vaches) – des lieux et des objets comme chez les Shona du Botswana. Les
panégyriques écrits – s’ils portent le plus souvent sur des hommes – peuvent eux aussi porter
sur des objets. C’est ainsi que Hamaseyo Gire (né vers 1905 ?) loue dans un poème écrit en
peul la bicyclette, l’avion ou le train.
• La parole n’est pas le seul vecteur possible du panégyrique, et la musique peut jouer
un rôle important, soit dans son articulation avec la parole, soit que celle-ci est utilisée seule
(les travaux de Christiane Seydou sur les devises peules, ou ceux de Junzo Kawada sur les
panégyriques tambourinés des Mossi).
• Les auteurs écrivant en langues africaines insèrent parfois, ou s’appuient dans leurs
écrits sur des panégyriques oraux. Ainsi Thomas Mofolo, dans son roman Chaka écrit en
sotho, insère un izibongo dans sa langue originale, soit le sessouto, qui diffère pourtant
fortement de la langue du roman. Dans L’homme qui marchait vers le soleil, ce même auteur
insère des morceaux écrits de poésie d’éloge de vaches des Basotho au Lesotho. Ces citations
ne font toutefois pas de ces romans des panégyriques – l’écrivain posant par exemple dans
Chaka un regard à la fois admiratif et critique sur son héros. Avec Le relève-goût des pommes
de terre, Alexis Kagame va un peu plus loin, puisqu’il prend appui sur la poésie d’éloge des
vaches au Rwanda pour écrire son éloge du cochon et propose ainsi – par le détournement –
un texte satirique.
II. LA TYPOLOGIE DU PANEGYRIQUE
 Le panégyrique royal
L’éloge royal, faisant du roi un héros dont la splendeur de l’action est tout divin, est
un véritable savoir-faire, technique et subtil. La poésie panégyrique royale consiste à chanter
les louanges et la grandeur du roi et de ses guerriers. Elle est souvent chantée par un griot
appartenant au même royaume car chaque roi à son propre griot pour conseiller, guide mais
aussi pour chanter ses louanges et le glorifier. Et le wolof l’appelle le « tagg », un chant
d’éloge accompagnée de généalogie, un chant pour égayer les veilles des combats, une
déclamation pour encourager les nobles guerriers devant aller sur le champ de bataille et un
poème déclamé pour magnifier et célébrer les hauts faits et gestes des hommes valeureux et
vertueux. Ainsi, en Afrique de l’ouest on ne peut pas parler d’éloge ou de louange sans
nommer le griot qui est au centre et garant de la tradition orale. Jadis la tradition interdisait
aux nobles de dire du bien de d’eux même ou de leur ancêtres sauf pour certains évènements
tels que les veilles de départ à la guerre.  Les actes de bravoure héroïques, de sacrifice pour
sauver l’honneur, de grande générosité sont magnifiés dans les compositions des griots qui les
rendent immortels.
Exemple : le poème que le griot Morry F. Djan a adressé aux guerriers
« Ils allaient
Front haut,
Ces conquérants infatigables,
Et leurs têtes noires effrayaient les fauves à l’affut.
Nulle entrave n’inquiétait leurs jambes trempées
Et leurs cœurs étaient de granit.
Sur le chemin de la gloire,
Ni la soif ni la faim n’arrêtais leur marche.
Le soleil qui chauffe
Et qui d’ordinaire ramollit l’ardeur au combat,
Le soleil les vivifiait,
D’où l’importance du panégyrique wolof le « tagg » et généralement dans les sociétés
traditionnelles ouest africaine où le griot, itinérant ou attaché à une famille occupait une
fonction capitale du fait qu’il était à la fois maitre de la parole, gardien de la tradition orale et
conservateur incontesté des mœurs. Exemple « kor leer » interprété par Kiné Lame, un chant
d’éloge accompagné de généalogie, une démonstration du «  tagg »
En plus, ces panégyriques de chant étaient des étendards portés en bataille, et le griot était la
porte étendard, écuyer de son « geer », le conseiller du général qui accompagnait. Le griot qui
ne prenait jamais les armes pour tuer, mais trouver souvent la mort sur le champ de bataille.
Exemple : « Naani ban naa », un panégyrique dédié au Dammel Teen Laat Joor Ngooné
Làttir Joob, plus spécifiquement l’étendard d’une alliance familliale, celle de deux lignées
nobliaires aux quelles Lat Joor appartenait : lignée matrilinéaire (xeet) des Géej et la lignée
patrilinéaire (Sant) des Ber Geet. Voyons, donc, le texte de la chanson
Naani Ban Na
Jaalo Mbabba Joob
Naani Ban Na
Saala Faatma Xuréeja !!!
Niwaala gaynaako daan jel !!!
Lat Joor Caar
Kuli Joor Ndoob
Fall Faatim Nay
Calaw Ma Samba Yaasin Nguis Jamm
Koddu Samba Ndey ber geet ak Jogomay
Saaxewar ???
Jaalo Samba Faatma Cuubée !!!
« Naani » est un grand hymne à cette valeur morale qui était fondamentale dans l’éthique
guerrière wolof. « Naani Ban Na » est l’éloge (tagg) de Lat Joor qui est fait avec le nom de
ses ancêtres, le passé glorieux des ancêtres revivait à travers les gestes de leur descendant
 Le panégyrique clanique
Dans nos sociétés traditionnelles orales, la parole joue le rôle de transmission de savoir au
sein de la communauté ; c’est à travers elle que les anciens lèguent des connaissances à la
postérité. Ces connaissances sont exprimées par le biais des éléments culturels tels que : les
proverbes, les contes, les chansons, les légendes, les litanies. Ainsi, dans nos différentes
communautés linguistiques, chaque fait, chaque élément socio culturel a un statut. Comme le
statut des litanies, éléments socio culturel de la communauté Fon d’Abomey. Dans cette
communauté la litanie n’est pas une institution hasardeuse. C’est le cordon liant les vivants
aux ancêtres, les humains aux divins ; elle est le mémorial de toute une lignée, de tout un clan.
La litanie est aussi comprise comme le résumé du code de prescription et d’ordonnance du
clan, c’est pourquoi nous tombons d’accord avec CALLOIS lorsqu’il dit « les ancêtres, en
instituant, ont fondé la bonne ordonnance et le bon fonctionnement de l’univers. S’appuyant
sur CALLOIS chaque litanie a ses totems (nusisi), ses tabous (nuvenu), ses divinités
(numenen) principales et secondaires qu’il est nécessaire voire indispensable de respecter et
d’honorer pour le développement du clan et pour l’épanouissement de chaque individu. C’est
un panégyrique clanique dont les différentes phrases retracent et définissent les différents
acteurs de l’institution du clan et les différents cultes qui y sont rendus en l’honneur d’un tel
ou tel autre personnage. Chanter à quelqu’un ses litanies (celles de son père ou de sa mère),
c’est lui apprendre ou lui rappeler les bravoures, les gloires, les honneurs de ses ancêtres,
prendre conscience de la vie sociale, des institutions qui la réagissent. Elle renferme des
enseignements dont a besoin chaque membre du clan pour la conservation et la sauvegarde de
sa dignité et sa prospérité. Les litanies, panégyriques claniques ou familiaux constituent chez
les Fon d’Abomey de véritables sources historiques et comme un retour aux sources, elles
évoquent pour la plupart des origines des clans, elles retracent au besoin le passé le plus
lointain, parfois le plus récent.
Plusieurs manifestations permettent de reconnaitre les litanies à Abomey. Ce sont les
salutations et les louanges qui rappellent soit les noms forts de l’ancêtre éponyme soient ses
fait glorieux, soient son lieux d’origine. A travers ces litanies les familles qui ne se
connaissent pas parce que séparées par des causes historiques, mais appartenant à la même
communauté linguistique, arrive à s’identifier et à reconnaitre les liens qui font d’elles qu’ils
ont le même ancêtre. Les rites, les totems et les tabous sont aussi des critères de
reconnaissances de litanie. En milieu Fon certains faits culturels sont en voie de disparition,
n’est-ce pas qu’il regrette BIO BIGOU dans son livre civilisation bariba assassiné (1994 p.3)
lorsqu’il écrit « je ne vois plus ces grands griots de talent, ces chanteurs professionnels qui
transmettent aux générations l’âme de leur société ». Ils convient de connaitre la valeur de
l’oralité. En effet, les louanges non seulement possèdent une richesse stylistique, mais
permettent d’identifier un individu dans la société Fon comme le stipule DEGRAS Priska
dans la revue « Itinéraires : l’oral et l’écrit volume1, 1982 « la parole est signe et moyen de
différenciation social, elle fonde et perpétue la hiérarchie sociale, en réservant l’utilisation
d’un certain discours à une certaine catégorie de personnes.
 Le panégyrique religieux
Le panégyrique religieux peut être sous-entendu comme un discours prononcé devant le
peuple lors des grandes fêtes, comme le Maouloud exaltant la gloire nationale et vantant les
avantages religieuses. De plus, cela peut un sermon à la louange d’un saint prononcé le jour
de sa fête comme le Magal pour inciter les fidèles à suivre son exemple. Par titre
d’illustration, on peut prendre dans la plupart des «  Khassidas » de Serigne TOUBA. Ce
service que cheikh Al Khadim a rendu son maitre Mohamed PSL est guidé par un mobile très
particulière : L’amour ardent de la personne du Prophète. Ceci a été une préoccupation en lui
telle qu’il en a fait la sollicitation à Dieu dans ses prières intenses à l’instar de celle-ci.
« Pérennise mon amour en vers Toi et envers le Meilleur des Créateurs ». Le serviteur
trouvera ainsi une abondante matière à travailler mais une tache des plus difficiles face à la
noblesse au rang et statut du plus louangé (Al Mahmoud). Il trouva aussi un terrain déjà
occupé par d’éminents chantres qui avaient laissé une réputation d’excellence. Le serviteur du
Prophète CHEIKH Ahmadou Bamba Khadim Rassoul prendra même le soin de rendre
hommage à ses illustres précurseurs qui ont tenté de magnifier son Ami et Bien aimé. Car à
l’endroit de kacb, Hassan, Busaysr pour ne citer que les célèbres. Il dira les poètes de chacun
d’eux sont imbus de lumières de secret. Ainsi, il s’attèlera à faire les panégyriques et les
louanges de celui à qui Dieu l’avait gratifié de sa connaissance, de son Essence, de son secret.
C’est comme si Son SEIGNEUR l’avait privilégié en lui inspirant les paroles qui se
conformaient au rang de la meilleure créature. Il dit en s’adressant au Prophète : « A toi ma
langue ainsi mon cœur je ne compose pas en devinette à l’instar des poètes » cf les Dons du
Profitables V43. Cependant, partant de ces propos de khadim Rassoul, on voit bien le
panégyrique dans l’œuvre de Serigne Mbaye DIAKHATE. Nous soulignons la primauté du
panégyrique de son maitre à l’endroit du choisi le meilleur (Al Mukhtar) sur les multiples
services qu’il a rendu) ce dernier. De même quel que soit son lieu d’internement, ses louanges
à l’endroit du prophète n’avait connu d’interruption seul face à l’océan sur la berge du
Mayumba il déclamait dans une fois agissante et une fermeté sans commune mesures des
poèmes comme celle-ci : la glorification du prophète et l’exaltation de sa religion qui est au-
dessus de toutes les confessions. L’exemple le plus illustre se trouve dans les «  khassidas »
de notre vénère Cheikh Ahmadou Bamba
D’abord, que signifie «  khassida » ? khassida est un mot arabe qui signifie chanson ou poème
accompagné d’une rhétorique. On ne peut qualifier un « khassida » en français de
panégyrique que quand il y a au total 7à 10 vers et qui, sur la balance rhétorique, répond à une
certaine norme dont bahrou ou la métrique poétique qui est nombre de 16. La personne qui
écrit un « khassida »ou des « khassaides » (plusieurs khassidas) doit respecter les bahrous.
Quand il y a moins 7 vers, on parle de khitah c’est la définition générale mais il y a une autre
plus particulière chez les mourides. Ainsi, chez eux, quand on parle de «  khassida » on pense
à autre chose. Il s’agit de tous les écrits de Serigne Touba. Qu’agisse d’un poème ou d’une
prose. Alors que dans la définition générale, on parle de poème mais chez les mourides il peut
être poème comme prose, mais ces tous les écrits de Serigne Touba en l’honneur de son
SEIGNEUR et du Prophète (PSL). Soit pour rendre grâce à ALLAH, soit pour chanter ses
biens faits. Soit pour prier et chanter les louanges de Mouhamed (PSL). C’est cela nous
appelons « khassaides ». Ils peuvent être une prose comme « Moukhadamatoul khidma  » ou
un poème comme « Jazboul khoulob ». En se référant de toutes ses explications on peut
prendre l’exemple de l’un des khassida de Serigne Touba extrait de « Mawahibou- Nafih »
ou il fait les louanges du Prophète :
Lakam Tidaahi Yaa zas salaahi
Je te dédié mes louanges, O détenteur de la bonté !
Yaa zal falaahi Yaa zal ghinaa-i
Et de la félicité ! O Toi le riche !
Fikaa unaadu Kullal bilaadi
A travers ta personne, je convie tous les peuples vers Dieu.
Lizil hibaad ; baanil ghunaa !
A qui appartiennent tous les serviteurs et qui génère tous essor. (Dieu)
 Le panégyrique rituel
Qui dit musique léboue pense au tam-tam, cet instrument fait d’un tronc d’arbre creusé,
recouvert d’une peau de chèvre et qui, mieux que n’importe quel autre, symbolise l’Afrique.
L’orchestre idéal est constitué de six instruments : un ndeer, deux cool ou làmb, deux mbëŋ-
mbëŋ, un tungune. Il peut être complété par le fameux tama ou tambour d’aisselle. Mais,
souvent, à l’occasion des cérémonies familiales, il arrive que le tam-tam soit remplacé par la
calebasse renversée sur une bassine d’eau ou à même le sol ou par n’importe quelle autre
vaisselle soutenue par des battements de mains.

La vie du Lébou, de la naissance à la mort, est accompagnée par le chant et le rythme du tam-
tam qui, mieux que la voix humaine, dit le bàkk ou hymne qui identifie et/ou galvanise en
réveillant le courage (fit), la dignité (ngor), le sens de l’honneur (jom), etc.

Un des bàkk du génie protecteur de Dakar, Ndëk Daawur Mbay, est le suivant : Ndëk daawur
mbay, suubël mba nga yumé, sas ! (Ndeuk Daour Mbaye, fait ou bien défait selon ton bon
vouloir, sas !) Voici celui du pénc de Mbot à Dakar Plateau : mbot mbotaan mi ci guy gi, loo
koy doyee ? lekk ! Lii ñorul baaxul, loo koy doyee ? Lekk ! (Qu’as-tu à faire de ce bourgeon
de baobab ? Le manger ! Il n’est ni mûr, encore moins comestible, qu’as-tu à en faire ? Le
manger !) Puis celui du lutteur Amadou Katy Diop : Sunkaañ ! Sunkaañ ! Golo wàccal, sa
moróom yéeg ! Suŋkaañ ! Suŋkaañ… ! Comme pour dire : «Faites place nette, un grand
champion vient s’installer sur le trône.»

Les tam-tams lancent au sëriñ Ndakaaru et, à travers lui, à tous les élus du peuple lébou, voire
à tous les Lébous, cet appel à l’humilité et à la dignité, comme pour leur rappeler leur
condition de simples mortels : dund dee ! dund, dund, dee ! dund ngor ! ndénkaane ngor ! Ku
mos dund di nga dee ! (Qui vit meurt ! Aussi longue que soit la vie, l’on mourra ! Quant à la
confiance, elle suppose de la dignité ! Qui goûte à la vie goûtera à la mort !)

On désigne du vocable bàkku, l’action d’un lutteur qui décline son palmarès et justifie ses
défaites à travers chant d’autoglorification aussi appelé kañu.
Voici en exemple un des bàkku les plus anciens et les plus connus : Yegg naa ! Yegg naa !
Yegg naa ! Yegg naa daaw, ren sooga ñëw. Fi ma jaar, ku fa jaar daanu nga. Fi ma xuus, ku fa
xuus di nga tooy. Daaw laa ñame wul woon ku ma jam, waaye ren ku ma tër rendi ma du ma
saf. (J’ai atteint le sommet de mon art ! J’ai atteint le sommet de mon art ! J’ai atteint le
sommet de mon art ! J’ai atteint le sommet de mon art l’année dernière avant que n’arrive la
présente. Qui emprunte ma trajectoire tombera. Qui traverse les eaux que j’ai traversées se
mouillera. C’est l’année dernière que je craignais d’être piqué, aujourd’hui je ne crains pas
d’être égorgé.)

Précisons que les làmb ou compétitions de lutte diurnes et les mbàppat ou compétitions
nocturnes post-hivernales, sont ouvertes par le bàkk (hymne) et le jat qui lui ressemble fort.
Mais le jat est une formule chantée pour conjurer le mauvais sort ou pour dompter un animal
ou un adversaire redouté. L’animation du làmb ou du mbàppat continue avec le yaande ngaan.
Qui ne se souvient de la cantatrice chantant la gloire du défunt champion : Aatu réer na ! Aatu
réer na ! Kuy donna masàmba Jéen ? Guy ga liis naa… (Atou a disparu ! Atou a disparu !
Atou a disparu ! Qui donc héritera de Massamba Diène ? Le baobab est tombé…) Et de la
diva Khar Mbaye Madiaga : Kaaróo Yàlla ! Ni léen kaaróo ! Kaaróo Yàlla ! Aayée ! Bu ma
xéyee laaxal la, balaa rab a naaw. (Protège ! Ô Dieu ! Dites : «Protège !» Protège ! Ô Dieu !
Aayée ! Dès mon réveil, je te préparerai de la pâte de mil au lait caillé, avant qu’aucun animal
ailé ne prenne l’envol).

Signalons que les tàggaate, longs chants panégyriques déclamés à voix nue, à toutes les étapes
importantes de la vie, du baptême à l’enterrement, vont plus loin que le bàkk et racontent
l’histoire de la famille à travers la généalogie et les hauts faits des ancêtres. Celui des Guèye
habitant les 12 pénc commence ainsi : Sele Géy Birama, Demba Géy Birama, Birama Samba
alkaty Kaay… (Sele Guèye Birama, ton grand-père, Demba Guèye Birama, ton grand-père, de
même Birama Samba, le justicier de Kaye…)

Voici du tàggate de Adja Fatou Ndoye Diagne de Ouakam, intitulé Li ci maam bóoy
sët a kay jël, c’est-à-dire : A la descendance, revient l’héritage de l’ancêtre :
A la descendance revient l’héritage de l’ancêtre
Diangar Diagne qui est resté à Ndayane
A la descendance revient l’héritage de l’ancêtre
Mame Olo Diagne qui est à la maison de Ndayane
A la descendance revient l’héritage de l’ancêtre
Tu es l’héritière de Mame Kass Diagne
Dioma, tu es l’héritière de ton ancêtre Yabèye Diagne
Tu es l’héritière de ton ancêtre Kass Diagne
Tu es l’héritière de ton ancêtre Narou Diagne…
Ceux-là sont les dix enfants de Ndiémé Guèye
Ndiémé qui est la mère Gniguine Guèye
Ndiémé, la mère de Mame Mbass Diagne qui a défriché Ouakam
Dioma, ton ancêtre a défriché Ouakam
Il a défriché Ronkh
Il a défriché Wamander
Il est le propriétaire de plusieurs hectares en titre foncier
Ton ancêtre a défriché Diakhaye
Il a défriché Ronkh
Il a défriché Wamander
A la descendance revient l’héritage dl’ancêtre
Ndieuke Diagne est ton ancêtre…

CONCLUSION

En conclusion, nous tenons à souligner l’importance de la poésie panégyrique en


tant qu’éloge qui y est omniprésent visant à exalter aussi à valoriser, louer, glorifier un
héros, un saint, une grande personnalité. La poésie panégyrique est essentielle et très
importante pour les sociétés africaines car elle serve d’éloge de leurs rois, des
guerriers, de la hiérarchie des clans, les génies ainsi que les animaux, et dont les griots
est le mieux place pour chanter les louanges. Mais la société africaine d’aujourd’hui, le
panégyrique oral est pratique par tout.

Vous aimerez peut-être aussi