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SEQUENCE 1

Objet d’étude La poésie

Regards d’hommes
et corps de femmes
Quand les hommes célèbrent le corps des femmes, est-ce véritable éloge ou
prétexte de poètes ?

 Blason du beau tétin (Clément Marot)


 notion de blason ; intensions du poète.

 La Chevelure (Charles Baudelaire)


 intensions du poète ; correspondances et synesthésie.

Lectures
 Les Mains d’Elsa (Louis Aragon)
 intentions du poète ; poésie surréaliste.
analytiques
« La courbe de tes yeux… » (Paul Eluard)
 intentions du poète ; poésie surréaliste.

 Femme Noire (Léopold Sédar Senghor)


 intentions du poète ; poésie francophone et francophile ; notion de
négritude.

- Les femmes et la poésie : quels rapports ?  exposé


(quels sont les différents rôles traditionnels de la femme par rapport à la
poésie ? muse, objet de désir, objet à séduire, objet de haine, sujet, poète
elle-même, etc ? Que pensent les poètes hommes des femmes poètes ?)
Synthèses
thématiques - Quand les femmes deviennent poètes.  exposé
(présentation de quelques femmes poètes françaises et costariciennes
célèbres, de leur œuvre à travers quelques exemples commentés. Est-il
facile d’être une femme poète ? Y a-t-il une différence entre la poésie
féminine et masculine ?)

Sujet de
dissertation
/ Faut-il faire une différence entre poésie masculine et poésie féminine ?
café littéraire

- Blason du laid tétin (Clément Marot)


Lectures cursives
- « Ô beaux yeux bruns, Ô regards détournés… » (Louise Labé)
/
- Un Hémisphère dans une chevelure (Charles Baudelaire)
Documents
- L’Union libre (André Breton)
d’accompagnement - Le Blason (Georges Brassens)
Clément Marot

Outre le sonnet, qu'il a contribué à imposer, Clément Marot (1496 - 1544) est
l'inventeur d'un jeu littéraire : le blason. « Blasonner », initialement, consiste à
détailler et expliquer les armoiries d'un écu. Ici, les poètes rivalisent en chantant
à leur tour telle ou telle partie du corps féminin : le sourcil, l’œil, la cuisse...

Le blason du beau tétin


Épigrammes (1535)

Tétin refait, plus blanc qu'un œuf, (1) Car il viendrait une autre envie.
Tétin de satin blanc tout neuf, Ô tétin, ni grand ni petit,
Toi qui fait honte à la rose Tétin mûr, tétin d'appétit,
Tétin plus beau que nulle chose, Tétin qui nuit et jour criez
Tétin dur, non pas tétin voire (2) «Mariez moi tôt, mariez !»
Mais petite boule d'ivoire Tétin qui t'enfles, et repousses
Au milieu duquel est assise Ton gorgias de deux bons pouces (6)
Une fraise ou une cerise A bon droit heureux on dira
Que nul ne voit, ne touche aussi, Celui qui de lait t'emplira,
Mais je gage qu'il en est ainsi. Faisant d'un tétin de pucelle,
Tétin donc au petit bout rouge, Tétin de femme entière et belle.
Tétin qui jamais ne se bouge,
Soit pour venir, soit pour aller,
Soit pour courir, soit pour baller (3)
Tétin gauche, tétin mignon, (1) refait : nouvellement formé
Toujours loin de son compagnon,
Tétin qui portes témoignage (2) voire : qui n'est pas, à vrai dire, un tétin
Du demeurant du personnage, (4)
(3) baller : danser

(4) demeurant : de tout le reste de la personne


Quand on te voit, il vient à maints
Une envie dedans les mains (5) (5) trois syllabes
De te tâter, de te tenir :
Mais il se faut bien contenir (6) décolleté, haut de la robe, corsage
D'en approcher, bon gré ma vie,
La Chevelure (Charles Baudelaire)

Ô toison, moutonnant jusque sur l'encolure !


Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir !
Extase ! Pour peupler ce soir l'alcôve obscure
Des souvenirs dormant dans cette chevelure,
Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir !

La langoureuse Asie et la brûlante Afrique,


Tout un monde lointain, absent, presque défunt,
Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique !
Comme d'autres esprits voguent sur la musique,
Le mien, ô mon amour ! nage sur ton parfum.

J'irai là-bas où l'arbre et l'homme, pleins de sève,


Se pâment longuement sous l'ardeur des climats ;
Fortes tresses, soyez la houle qui m'enlève !
Tu contiens, mer d'ébène, un éblouissant rêve
De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts :

Un port retentissant où mon âme peut boire


A grands flots le parfum, le son et la couleur ;
Où les vaisseaux, glissant dans l'or et dans la moire,
Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire
D'un ciel pur où frémit l'éternelle chaleur.

Je plongerai ma tête amoureuse d'ivresse


Dans ce noir océan où l'autre est enfermé ;
Et mon esprit subtil que le roulis caresse
Saura vous retrouver, ô féconde paresse,
Infinis bercements du loisir embaumé !

Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues,


Vous me rendez l'azur du ciel immense et rond ;
Sur les bords duvetés de vos mèches tordues
Je m'enivre ardemment des senteurs confondues
De l'huile de coco, du musc et du goudron.

Longtemps ! toujours ! ma main dans ta crinière lourde


Sèmera le rubis, la perle et le saphir,
Afin qu'à mon désir tu ne sois jamais sourde !
N'es-tu pas l'oasis où je rêve, et la gourde
Où je hume à longs traits le vin du souvenir ?

Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal


Louis Aragon
Louis Aragon (1897 – 1982) est, avec André Breton et Philippe Soupault, l’un des
fondateurs du surréalisme. Ils créent en 1919 la revue Littérature. Il écrit ses
premiers textes "automatiques" qui seront réunis dans Feu de joie et
Mouvement perpétuel. Il s'opposera bientôt à Breton.

En 1928, il se lie avec Elsa Triolet. Il adhère ensuite au communisme (au parti
en 1936), et ses romans se construiront autour d'idées militantes, mêlant
personnages historiques et imaginaires.

Pendant la guerre, il est mobilisé et participe à la campagne du Nord et sera,


avec Eluard, un des poètes de la Résistance, célébrant sur le mode du lyrisme
traditionnel l'amour absolu comme l'action politique.

Après la guerre, il va à Nice et fonde avec Jean Paulhan le comité national des
écrivains. Sa vie sera alors combats politiques (membre du comité central du
parti communiste en 1954) et publications d'œuvres. Il revient ensuite à la poésie lyrique, célébrant son
inspiratrice de toujours : Elsa (1959) et la culture arabe médiévale, le fou d'Elsa 1963.

Après la mort d'Elsa en 1970, Il publie Henri Matisse, roman qui témoigne de son inspiration pour la peinture de
son siècle.

Les mains d'Elsa

Donne-moi tes mains pour Sauras-tu jamais ce qui me


l'inquiétude traverse
Donne-moi tes mains dont j'ai Ce qui me bouleverse et qui
tant rêvé m'envahit
Dont j'ai tant rêvé dans ma Sauras-tu jamais ce qui me
solitude transperce
Donne-moi tes mains que je Ce que j'ai trahi quand j'ai
sois sauvé tressailli
Lorsque je les prends à mon Ce que dit ainsi le profond
pauvre piège langage
De paume et de peur de hâte Ce parler muet de sens
et d'émoi animaux
Lorsque je les prends comme Sans bouche et sans yeux
une eau de neige miroir sans image
Qui fond de partout dans mes Ce frémir d'aimer qui n'a pas
main à moi de mots
Sauras-tu jamais ce que les Donne-moi tes mains que
doigts pensent mon coeur s'y forme
D'une proie entre eux un S'y taise le monde au moins
instant tenue un moment
Sauras-tu jamais ce que leur Donne-moi tes mains que
silence mon âme y dorme
Un éclair aura connu Que mon âme y dorme
d'inconnu éternellement.
Louis Aragon, Le Fou
d’Elsa, 1963
Paul Eluard
Paul Eluard (1895-1952, pseudonyme d'Eugène Grindel), poète français qui joua un rôle
important au sein du mouvement surréaliste.

Il fut mobilisé en 1914, puis publia ses premiers poèmes, marqués par son adhésion aux
idées pacifistes. Au lendemain de la Grande Guerre, il fit la connaissance de Breton,
d'Aragon, de Soupault, de Tzara, de Magritte, de Man Ray, ou encore de Miró, et participa
au mouvement Dada, avant de s'engager dans l'aventure surréaliste ( Mourir, de ne pas
mourir, 1924).

Un peu avant la première guerre mondiale, il rencontre Helena Dimitrievna Deluvina


Diakonova, surnommée Gala, qui deviendra sa femme, et lui inspirera de nombreux poèmes ( Capitale de la
douleur, 1926; l'Amour, la poésie, 1929). Elle le quitte en 1929, pour Salvador Dali, mais ils restent en bons
termes. Au cours d’un voyage, il fit ensuite la rencontre de Maria Benz (Nusch), qui devint sa muse
incontestable à partir de ce moment (la Vie immédiate, 1932).

Entré au Parti communiste en 1926, il en fut exclu en 1933, mais n'en milita pas moins pour une poésie sociale et
accessible à tous, prit position en faveur de l'Espagne républicaine, puis s'engagea dans la Résistance et publia
plusieurs ouvrages dans la clandestinité (parmi lesquels Poésie et Vérité 42, en 1942, qui comprend le célèbre
poème « Liberté » que les avions anglais parachutent dans les maquis ; les Sept Poèmes d'amour et de guerre,
1943; les Armes de la douleur, 1944).

A la libération, il est fêté par tous. L'année suivante, la mort de Nush provoque son désespoir, et le fait songer
au suicide.

Il meurt en 1952, suite à une crise cardiaque.

« La courbe de tes yeux… »

La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,


Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu,
C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu.

Feuilles de jour et mousses de rosée,


Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

Parfums éclos d’une couvée d’aurores


Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l’innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.

Paul ELUARD, Capitale de la douleur (1926).


Léopold-Sédar Senghor
Léopold-Sédar Senghor est né le 9 octobre 1906 à Joal, petite ville
côtière du Sénégal. Issu d'une famille riche, il a une enfance sans
problème. Bachelier en 1928, il poursuit ses études à Paris. C'est l'époque
où il rencontre Damas et Césaire avec lesquels il établit les fondements
de la négritude. Premier agrégé africain de l'université, Senghor est,
avant la guerre de 39-45, professeur de Lettres. Il prend part à la
campagne de France, puis est fait prisonnier en 1940 ; réformé pour
maladie, il participe au Front National Universitaire. La même année, en
1945, il est élu député du Sénégal et publie son premier recueil Chants
d'ombre. Il est élu, en 1960, le premier Président de la République du
Sénégal ; il le restera jusqu'en 1980. Docteur honoris causa de trente-
sept universités, membre de l'Institut de France, le 2 juin 1983 il est élu
à l'Académie française. Il passe les dernières années de son existence auprès de son épouse, à
Verson, en Normandie, où il décède le 20 décembre 2001.

Femme Noire
Femme nue, femme noire
Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté
J'ai grandi à ton ombre ; la douceur de tes mains bandait mes yeux
Et voilà qu'au coeur de l'Eté et de Midi,
Je te découvre, Terre promise, du haut d'un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein coeur, comme l'éclair d'un aigle
Femme nue, femme obscure
Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fait lyrique
ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d'Est
Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l'Aimée

Femme noire, femme obscure


Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l'athlète, aux flancs des
princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau.

Délices des jeux de l'Esprit, les reflets de l'or ronge ta peau qui se moire

A l'ombre de ta chevelure, s'éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes


yeux.

Femme nue, femme noire


Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l'Eternel
Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la
vie.

Léopold-Sédar Senghor, Chant d’Ombre, 1945


SEQUENCE 2

Le roman et ses personnages :


Objet d’étude
visions de l’homme et du monde

Le Parfum (Patrick Suskind)


Quelle vision originale ce roman donne-t-il du personnage romanesque ?

 Incipit du roman (p. 5-6)


 notion d’incipit et originalité de celui-ci.

 p. 49-50 : « Elle était rousse (…) il souffla la bougie. »


 le premier meurtre de grenouille ; ce que cela révèle de sa personnalité…
Lectures et de celle du narrateur.

analytiques
 p. 141-142 : « Oui ! C’était là son royaume ! (…) lui était
agréable. »
 la parodie mythologique ; la personnalité de Grenouille.

 p. 261-262 : « Les notables (…) ainsi châtiés par Dieu ! »


 la satire de la religion ; le rapport aux Lumières.

- La structure de l’œuvre.
Synthèses - Le personnage de Grenouille.  exposé
thématiques - Le Parfum : un roman initiatique ?  exposé
- L’esthétique du paradoxe dans le Parfum.

Sujet de
dissertation - Un héros de roman doit-il forcément être exceptionnel ?
/ - Quel est votre héros de roman préféré et pourquoi ?
café littéraire

Lectures cursives
- La Métamorphose (Franz Kafka)
/
- Un autre roman au choix
Documents
- Un extrait de La Jalousie, (A. Robbe-Grillet)
d’accompagnement

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