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Le poème « La jeune Tarentine » évoque la mort de Myrto, jeune Sicilienne censée rejoindre son amant pour son
mariage. Au cours du voyage, elle meurt noyée dans les flots marins.
Texte : Saint-Amant, « Plainte sur la mort de Sylvie », Les Œuvres du sieur de Saint-Amant (1629)
Ruisseau qui cours après toy-mesme, Ruisseau qui cours après toi-même
Et qui te fuis toy-mesme aussi, Et qui te fuis toi-même aussi,
Arreste un peu ton onde ici Arrête un peu ton onde1 ici
Pour escouter mon dueil extresme ; Pour écouter mon deuil extrême.
Puis, quand tu l’auras sceu, va-t’en dire à la mer Puis, quand tu l’auras su, va-t’en dire à la mer
Qu’elle n’a rien de plus amer.
Qu’elle n’a rien de plus amer2.
Raconte-luy comme Sylvie,
Raconte-lui comme Sylvie,
Qui seule gouvernoit mon sort,
A receu le coup de la mort Qui seule gouverne mon sort,
Au plus bel age de la vie, A reçu le coup de la mort
Et que cet accident triomphe en mesme jour Au plus bel âge de la vie,
De toutes les forces d’Amour. Et que cet accident triomphe en même jour
De toutes les forces d’Amour.
Las ! je n’en puis dire autre chose,
Mes souspirs trenchent mon discours. Las3 ! je n’en puis dire autre chose,
Adieu, ruisseau, repren ton cours Mes soupirs tranchent mon discours.
Qui non plus que moy ne repose ; Adieu, ruisseau, reprends ton cours
Que si, par mes regrets j’ay bien pu t’arrester, Qui, non plus que moi, se repose4 ;
Voilà des pleurs pour te haster. Que si, par mes regrets, j’ai bien pu t’arrêter,
Voici des pleurs pour te hâter5.
Marc-Antoine Girard de Saint-Amant, « Plainte sur la
mort de Sylvie », Les Œuvres du sieur de Saint-Amant
Marc-Antoine Girard de Saint-Amant, « Plainte sur la
(1629)
mort de Sylvie », Les Œuvres du sieur de Saint-Amant
(1629)
1. Onde (ici) : eau, flot. 2. Amer (ici) : triste, voire douloureux. 3. Las : Hélas. 4. « Qui, non plus que moi, se repose » : qui, tout
comme moi, ne peut pas se reposer. 5. Hâter (ici) : faire reprendre rapidement son cours.
Séquence 1 : La poésie du Moyen Âge au XVIIIème siècle
Texte : Charles d’Orléans, « Las, mort qui t’a fait si hardie… », Ballades et rondeaux (vers 1440)
Orthographe modernisée 1. « Qui t’a fait si hardie » : qui t’a permis. 2. « Car j’aime
mieux prochainement mourir » : Car je préfère mourir
Las ! Mort, qui t’a fait si hardie1 bientôt. 3. « De tous biens était garnie » : elle était comblée
De prendre la noble princesse de tous les bienfaits. 4. Fausse (ici) : hypocrite, pernicieuse. 5.
Qui était mon confort, ma vie, Rudesse : brutalité, dureté. 6. « Si prise l’eusses en vieillesse,
Mon bien, mon plaisir, ma richesse ! ce ne fût pas si grande rigueur » : Si tu l’avais prise dans sa
Puisque tu as pris ma maîtresse, vieillesse, je ne t’en tiendrais pas tant rigueur. 7. Hâtivement :
Prends-moi aussi son serviteur, rapidement, tôt. 8. Liesse : joie, bonheur. 9. À largesse :
Car j’aime mieux prochainement généreusement, en quantité. 10. « Qu’elle ne soit pas
Mourir2 que languir en tourment, longuement » : afin qu’elle ne reste pas longtemps.
En peine, souci, et douleur !
ENVOI
Dieu, sur tout souverain Seigneur,
Ordonnez, par grâce et douceur,
De l’âme d’elle, tellement
Qu’elle ne soit pas longuement10
En peine, souci, et douleur !
La ballade en poésie
-Issue du latin ballare, qui signifie « danser », la ballade est une forme poétique fixe. Elle est particulièrement en
vogue au cours du Moyen Âge, et notamment aux XIVème et XVème siècles (Christine de Pisan, Charles d’Orléans,
François Villon…).
-L’origine lyrique et musicale de la ballade la prédispose à célébrer l’amour, mais le genre s’empare également de
Séquence 1 : La poésie du Moyen Âge au XVIIIème siècle
sujets philosophique ou moraux. Sa structure lui permet en effet d’interroger la destinée humaine.
-Il existe deux formes de ballades : la grande ballade et la petite ballade.
Texte : Ronsard, « Comme on voit sur la branche au mois de Mai la rose… », Les Amours, 2ème partie : « Sur la mort de
Marie » (1578)
« Sur la mort de Marie » est un poème commandé à Ronsard par le roi Henri III suite au décès de sa maîtresse Marie
de Clèves. En l’écrivant, Ronsard en profite pour rendre hommage à une autre Marie, dont il était lui-même
amoureux, morte elle aussi prématurément.
Comme on voit sur la branche au mois de May la rose Comme on voit sur la branche au mois de Mai la rose
En sa belle jeunesse, en sa premiere fleur En sa belle jeunesse, en sa première fleur
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur, Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l’Aube de ses pleurs au poinct du jour l’arrose : Quand l’Aube de ses pleurs au point du jour1 l’arrose :
La grace dans sa fueille, et l’amour se repose, La grâce dans sa feuille, et l’amour se repose,
Embasmant les jardins et les arbres d’odeur : Embaumant2 les jardins et les arbres d’odeur :
Mais batue ou de pluye, ou d’excessive ardeur, Mais battue ou de pluie, ou d’excessive ardeur3,
Languissante elle meurt fueille à fueille déclose : Languissante4 elle meurt feuille à feuille déclose :
1. « Au point du jour » : à l’aube, aux aurores. 2. Embaumer : parfumer, diffuser une odeur agréable. 3. Ardeur (ici) : désir
amoureux. 4. Languissante : faible, mourante. 5. Parque : déesse infernale qui coupe le fil de la vie dans la mythologie antique. 6.
Reposer signifie ici mourir.
Séquence 1 : La poésie du Moyen Âge au XVIIIème siècle