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: Le romantisme
Le mot :
Le terme romantique vient de l’anglais romantic est apparu en France à la fin du XVII° siècle.
Il avait alors le sens romanesque est désignait ce qui tient du roman (aventure, personnage)
par son caractère chimérique ». A la fin du XVIII° siècle, le mot finira par se distinguer du
mot romanesque.
Comme l’écrit d’ailleurs Senancour dans son roman L' Oberman (1804) : « le romanesque
séduit les imaginations vives et fleuries, le romantique suffit seul aux âmes profondes, à la
véritable sensibilité ».
b- Un moi insatisfait :
Le romantique est avant tout insatisfait de qu’il est et de ce qu’il vit. Ce sentiment n’est pas
neuf n’a jamais été aussi envahissant. La souffrance est souvent considérée par les
romantiques comme un signe de distinction, le triste privilège des âmes élevées, étrangères à
un monde qui ne les comprend pas. On parlera donc de l’exaltation du moi : ou
l’omniprésence de l’écrivain dans son œuvre, d’où le développement des œuvres
autobiographiques.
c- Le rapport à la nature :
C’est vers la nature que les romantiques se tournent, elle est la confidente de leurs plaintes
mélancoliques, c’est elle que Lamartine invoque comme mémoire de son amour défunt dans
son poème Le Lac, in Méditations :
[….]
« Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir ! »
Les écrivains ne se sentant plus à leur aise dans la société se réfugient dans la nature parce
qu’elle est immuable, pure et fidèle. Ils recherchent dans la nature ; la purification qui donne
naissance à un homme naturel, originel, qui vit en harmonie au sein de la société et, surtout,
en accord avec lui-même.
Enfin, le mal constitue pour le romantique une forme d’exotisme supérieur, le moyen ultime
d’échapper à l’ennui. Ce courent inaugure le fantastique et l’onirisme (ce qui relève du rêve).
L’atmosphère frénétique est complètement morbide. Il y est question de prison, de guillotine,
de bourreau, de profanation et de vampire. A l’image de Mary Shelley avec son œuvre Le
Frankenstein, ou encore Edgar Allan Poe avec son recueil Les Nouvelles extraordinaires.
L’esthétique romantique privilégie volontiers l’anormal, le difforme, l’étrange, le hors-norme,
tel Quasimodo, le bossu amoureux d’Esméralda dans Notre Dame de Paris, de Victor Hugo.
De ce fait, le fantastique et le pittoresque seront mis en évidence dans le texte.
On pourrait donc affirmer que ces différents critères laissent croire que le romantisme est une
littérature destinée à faire plaisir et non la morale. Elle fait appel aussi à la réalité, à
l’exactitude historique et à l’esprit novateur.
Selon J.J. Rousseau les initiateurs du romantisme sont Chateaubriand et Mme De Staël en
France ; Novalis, Goethe et Schiller en Allemagne ; Lord Byron et Walter Scott en Grande
Bretagne ; Gogol et Pouchkine en Russie. Par ailleurs, ce courant a atteint son apogée en
France avec Lamartine, Georges Sand, Alfred de Vigny, Stendhal, Balzac et Dumas père.
En peinture, on verra un agencement différent des couleurs avec des artistes tels que :
Delacroix, Goya et Gros. La sculpture aussi a épousé les critères du romantisme chez Rude et
ses pairs.
Application 4 : Extrait du Lac, de Lamartine.
Consigne : Lisez attentivement le texte suivant puis analysez-le en mettant en exergue la
manière dont Lamartine met en scène la nature.
Le Lac
[…]
"Julien Sorel, fils de paysans, vient d'être engagé par M. de Rênal comme précepteur de ses
enfants. Il se présente à la porte de la famille des Rênal.
Avec la vivacité et la grâce qui lui étaient naturelles quand elle était loin des regards des
hommes, Mme. de Rênal sortait par la porte-fenêtre du salon qui donnait sur le jardin, quand
elle aperçut près de la porte d'entrée la figure d'un jeune paysan, presque encore enfant,
extrêmement pâle et qui venait de pleurer. Il était en chemise bien blanche, et avait sous le
bras une veste fort propre de ratine violette.
Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l'esprit un peu romanesque de
Mme. de Rênal eut d'abord l'idée que ce pourrait être une jeune fille déguisée, qui venait
demander quelque grâce à M. le maire. Elle eut pitié de cette pauvre créature, arrêtée à la
porte d'entrée, et qui évidemment n'osait lever la main jusqu'à la sonnette. Mme. de Rênal
s'approcha, distraite un instant de l'amer chagrin que lui donnait l'arrivée du précepteur.
Julien, tourné vers la porte, ne la voyait pas s'avancer. Il tressaillit quand une voix douce lui
dit tout près de l'oreille:
Julien se tourna vivement, et frappé du regard si rempli de grâce de Mme. de Rênal, il oublia
une partie de sa timidité. Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia tout, même ce qu'il venait
faire.
- Je viens pour être précepteur, madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu'il
essuyait de son mieux.
Mme. de Rênal resta interdite ; ils étaient fort près l'un de l'autre à se regarder. Julien n'avait
jamais vu un être aussi bien vêtu et surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler
d'un air doux. Mme. de Rênal regardait les grosses larmes, qui s'étaient arrêtées sur les joues
si pâles d'abord et maintenant roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire, avec toute la
gaité folle d'une jeune fille ; elle se moquait d'elle-même et ne pouvait se figurer tout son
bonheur. Quoi, c'était là ce précepteur qu'elle s'était figuré comme un prêtre sale et mal vêtu,
qui viendrait gronder et fouetter ses enfants !