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Le temps a laissé son manteau -

Charles d'Orléans
Le temps a laissé son manteau est le poème le plus célèbre de
Charles d'Orléans et le rondeau le plus célèbre de l'histoire. Un
rondeau est un poème médiéval lyrique à deux rimes, composé
de 13 vers et dont le premier vers se répète à la fin. Celui-ci
évoque la fin de l'hiver et l'arrivée du printemps.

Le temps a laissé son manteau


De vent, de froidure et de pluie,
Et s’est vêtu de broderie,
De soleil luisant, clair et beau.
Il n’y a bête ni oiseau
Qu’en son jargon ne chante ou crie :
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie.
Rivière, fontaine et ruisseau
Portent en livrée jolie,
Gouttes d’argent d’orfèvrerie ;
Chacun s’habille de nouveau :
Le temps a laissé son manteau.

Mignonne, allons voir si la rose -


Pierre de Ronsard
Mignonne, allons voir si la rose, écrit en 1545 est l'un des poèmes
les plus beaux et célèbres de Pierre de Ronsard. Il compose cette
ode à 20 ans après sa rencontre avec Cassandre Salviati. Ce
poème d'amour parle du temps qui passe et compare le
vieillissement humain à celui d'une rose.

Mignonne, allons voir si la rose


Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu cette vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las ! las ! ses beautés laissé choir !
Ô vraiment marâtre Nature,
Puisqu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté.

La Cigale et la fourmi - Jean de la


Fontaine
La fable de La Fontaine la plus connue est probablement La
Cigale et la Fourmi (1re fable des Fables de La Fontaine - 1668).
C'est une adaptation d'une fable antique d'Ésope. Ce texte en
heptasyllabes oppose le matérialisme et individualisme de la
fourmi à l'âme artiste et bohème de la cigale.

La Cigale, ayant chanté tout l'été,


Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue :
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu'à la saison nouvelle.
« Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l'Oût, foi d'animal,
Intérêt et principal. »
La Fourmi n'est pas prêteuse :
C'est là son moindre défaut.
Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
- Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
- Vous chantiez ? j'en suis fort aise.
Eh bien! dansez maintenant.
Plaisir d'amour - Jean-Pierre Claris
de Florian 
Bien qu'étant célèbre pour ses fables, l'œuvre la plus connue de
Jean-Pierre Claris de Florian est probablement Plaisir d'amour. Ce
poème romantique composé de deux couplets et deux quatrains
est extrait de la nouvelle Célestine, de son recueil Les Nouvelles
de M. de Florian (1784).

Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,


Chagrin d'amour dure toute la vie.
J'ai tout quitté pour l'ingrate Sylvie,
Elle me quitte et prend un autre amant.
Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie.
Tant que cette eau coulera doucement
Vers ce ruisseau qui borde la prairie,
Je t'aimerai, me répétait Sylvie ;
L'eau coule encore, elle a changé pourtant !
Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,
Chagrin d'amour dure toute la vie.

Demain, dès l'aube - Victor Hugo 


Demain, dès l’aube est probablement le plus beau poème de
Victor Hugo. Publié dans le recueil Les Contemplations (1856), il
se compose de trois quatrains d’alexandrins en rimes croisées.
Ce poème autobiographique s’adresse à sa fille décédée à
laquelle il rend visite annuellement.

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,


Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Tristesse - Alfred de Musset 
Tristesse (1840) est un des plus beaux poèmes d'Alfred de
Musset et un des plus célèbres. Ce sonnet romantique et lyrique
en octosyllabes fait référence à la perte d'un passé idéalisé, ayant
laissé place à la tristesse et à la solitude, mais qu'il voudrait
reconquérir par la pensée et la foi.

J'ai perdu ma force et ma vie,


Et mes amis et ma gaieté ;
J'ai perdu jusqu'à la fierté
Qui faisait croire à mon génie.
Quand j'ai connu la Vérité,
J'ai cru que c'était une amie ;
Quand je l'ai comprise et sentie,
J'en étais déjà dégoûté.
Et pourtant elle est éternelle,
Et ceux qui se sont passés d'elle
Ici-bas ont tout ignoré.
Dieu parle, il faut qu'on lui réponde.
Le seul bien qui me reste au monde
Est d'avoir quelquefois pleuré.

Le dormeur du Val - Arthur


Rimbaud
Le Dormeur du Val (1870) est un des plus beaux poèmes d'Arthur
Rimbaud. Ce sonnet en Alexandrins issu du second Cahier de
Douai est inspiré par la bataille de Sedan. Il décrit un jeune soldat
tranquille au milieu de la nature accueillante. La fin dramatique
nous apprend que l'homme est mort.

C'est un trou de verdure où chante une rivière,


Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

L'homme et la mer - Charles


Baudelaire
L'homme et la mer est probablement le plus beau poème de
Charles Baudelaire. Publié dans la section Spleen et idéal du
recueil Les Fleurs du Mal (1857), il se compose de quatre
quatrains avec des rimes embrassées. Dans ce poème il compare
la mer et l'homme, à la fois semblables et ennemis.

Homme libre, toujours tu chériras la mer !


La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes,
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !
Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !

Le Pont Mirabeau - Guillaume


Apollinaire
Le Pont Mirabeau est un des plus beaux poèmes de Guillaume
Apollinaire. Cette œuvre sans ponctuation, inspirée par Marie
Laurencin qu'il commence à fréquenter en 1907, se trouve dans le
recueil Alcools (1913). L'écoulement de la Seine à Paris y est une
métaphore de l'amour qui disparaît avec le temps.

Sous le pont Mirabeau coule la Seine


Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

La courbe de tes yeux - Paul Éluard


La Courbe de tes Yeux un des plus beaux poèmes de Paul Éluard.
C’est un poème d'amour en trois quintils, publié en 1924 dans le
recueil Capitale de la Douleur. Il est écrit après sa séparation avec
sa femme avec Gala, d’origine Russe, qu’il aime encore. Ils se
rencontrent en 1912 se marient en 1917.

La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,


Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.
Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,
Parfums éclos d'une couvée d'aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.

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